31 mars 2011

La guerre de 1870 et la Commune de Paris - chronique n°3

Très rapidement, les armées ennemies approchent de Paris et prennent position autour de la capitale. 

Cette carte du 1er janvier 1871 "permet de se rendre compte d'un seul coup d'oeil du cercle de fer"
qui entoure Paris. Les forts d'Issy et de Vanves sont sous le feu des canons prussiens,
représentés par des étoiles. © XDR
A la mi-septembre, des combats se déroulent autour d’Issy. La redoute de Châtillon est bombardée le 19, et les soldats français doivent se replier vers les forts de Vanves et de Montrouge.
Le même jour, Léon Gambetta, ministre de l’Intérieur du gouvernement de la Défense nationale, s’adresse solennellement à ses compatriotes : « Citoyens, le canon tonne. Le moment suprême est arrivé. Depuis le jour de la Révolution [4 septembre], Paris est debout et en haleine…Tous, sans distinction de classes ni de partis, vous avez saisi vos armes pour sauver à la fois la Ville, la France et la République… Restons donc unis, serrés les uns contre les autres, prêts à marcher au feu et montrons-nous les dignes fils de ceux qui, au milieu des plus effroyables périls, n’ont jamais désespéré de la Patrie ! »
On recrute des volontaires place du Panthéon sous la banderole « Citoyens, la Patrie est en danger », comme en juillet 1792, déjà face aux Prussiens. Les Français prennent position à Issy où le maire, Georges-Christ Minard (dont une rue porte le nom), continue tant bien que mal à gérer sa commune. D’autres défenseurs tentent de nombreuses sorties hors des forts, début octobre. La redoute du Moulin de Pierre, à Clamart, est l’enjeu d’un âpre combat le 13 octobre lorsque le général Trochu  reprend le plateau de Châtillon ainsi que les villages proches. Mais les Prussiens en redeviennent maîtres quelques semaines plus tard. Toujours en octobre, le château de Saint-Cloud tenu par l’ennemi est bombardé par des projectiles tirés du Mont-Valérien ; il brûle et sa toiture s’effondre. Gambetta quitte Paris en ballon pour gagner Tours et poursuivre la guerre. Le siège de Paris commence. Début novembre, les premiers pourparlers franco-allemands échouent. Le gouvernement français se replie à Bordeaux.                                                   P. Maestracci

Le Moulin de pierre à Clamart. Il occupe une position stratégique au sud-ouest de Meudon.
Le 13 octobre, tout comme les villages de Bagneux et de Châtillon, il est pris aux Prussiens,
qui le réinvestissent quelque temps plus tard. ©XDR

29 mars 2011

Augustin Avrial au fort d'Issy

Augustin Avrial. ©xdr
Ce natif de Revel, en Haute-Garonne, ouvrier-mécanicien, devenu membre de l'Association internationale des Travailleurs en 1869, signe un manifeste contre la guerre de 1870 et, dès le siège de Paris par les Prussiens, s'organise pour résister. Augustin Avrial se fait élire commandant d'un bataillon de la Garde nationale, le 66e. Début mars 1871, il se radicalise et, le 18 mars, début de l'insurrection, il fait marcher ses hommes, le 66e, vers la place de la Bastille. Le 26 mars, il est élu au Conseil de la Commune dans le XIe arrondissement.
On le retrouve le 30 mars au fort d'Issy (voir Patrimoine), d'où il écrit une lettre destinée à l'État-major, montrant toute la difficulté de la situation : "Citoyen, Excusez mon absence je suis encore au fort, et pourtant l'ordre a dû être donné de faire relevé le bataillon [le 66e] qui y est depuis 12 jours. Je ne peux concevoir cette lenteur dans les mouvements de troupe. Comptant d'après les ordres être relevé aujourd'hui, je n'ai pas fait de bons de vivre.… Sur 950 hommes que j'ai emmenés, il m'en reste 300 à peine. Depuis que je suis au fort malgré les rapports que j'ai envoyés au Comité, je n'ai jamais reçu aucune communication.  Ce matin, j'ai mis le drapeau rouge au fort…". Et le 31 mars, dans la Sociale un des journaux de la Commune dont le siège se trouvait au 13 rue du Croissant dans le 2e arrondissement, il répond à une information parue la veille dans le Petit moniteur universel ayant déclaré que des communards avaient fui devant des troupes versaillaises : "Les fuyards sont à Versailles et non au fort d'Issy".
Le 2 avril, Avrial et ses hommes ont quitté le fort pour se diriger vers Versailles. Ils sont aux Moulineaux et dans le Bas-Meudon  mais doivent battre en retraite devant les Versaillais, non sans avoir salué la bravoure du bataillon : "les hommes ont fait preuve de courage et nous dirons plus, de témérité, dans la journée du lundi 3 avril", dit un rapport. Le fort d'Issy tombe le 8 mai. Et l'assaut contre Paris débute le 21 mai dans le quartier du Point du Jour, à Boulogne, de l'autre côté de la Seine, face à Issy.
Avrial réussira à se réfugier à Londres puis en Suisse, avant de revenir en France avec l'amnistie votée en 1880. Il est à l'origine de plusieurs inventions, dont un modèle de machine à coudre. Il meurt en 1904 et est enterré au cimetière du Père Lachaise le 13 décembre 1904. P.C.B.

Pour en savoir plus :
http://www.lauragais-patrimoine.fr/LES-PERSONNALITES/AUGUSTIN%20AVRIAL/AVRIAL.htmlr

27 mars 2011

Simone et Robert Trellu : Issy dans les années cinquante

Simone et Robert Trellu
dans leur salon.
Simone est d’origine parisienne mais elle a encore en mémoire les souvenirs de sa mère qui venait voir un oncle qui habitait près du champ de manœuvres (à l'emplacement de l'actuel héliport, voir Val de Seine dans la rubrique les Quartiers) et regardait les avions qui y évoluaient. Ses parents travaillaient dans l’imprimerie.
Robert, d’origine bretonne, est le fils d’instituteurs bretonnants mais qui étaient des « Hussards noirs de la République ». Venu faire des études au lycée Henri-IV, il fait partie de la Résistance, Le Mouvement des Volontaires de la Liberté. Robert et Simone qui ont tous deux fait de brillantes études littéraires, se rencontrent lors d’un bal universitaire. Ils se marient, habitent Clamart avant de venir à Issy-les-Moulineaux. 



La rue de l'Egalité en 1951. Des terrains vagues, quelques arbres
(actuel square devant l'église Saint-Bruno). A l'arrière plan,
des maisons rue Erevan. Coll. Trellu
Ils peuvent y acheter un terrain pas trop cher, grâce à l'aide des parents de Robert qui veulent y séjourner une partie de l’année. Le terrain se trouve sur le plateau calcaire près du Fort ; il est à noter qu’un propriétaire précédent en avait vendu la terre arable ! La vue sur la plaine, l’environnement arboré, le calme d’une presque campagne, un petit marché hebdomadaire les attirent malgré la réputation d’une ville pauvre. Ils recréent non sans force brouettées, un jardin  et font construire une maison qu’ils occupent toujours avec bonheur.
Simone et Robert évoquent leurs souvenirs du quartier du Fort.
La rue de la Défense au milieu des années cinquante, a une ambiance méditerranéenne avec « ses bruits, ses senteurs, des chaises dans la rue, du linge aux fenêtres » . Elle est occupée par des Arméniens, des réfugiés républicains espagnols, des Portugais et des Italiens. Une épicerie italienne se trouve en bas de la rue ; une autre, orientale (Chez Papoun ), se trouve tout en haut. On entend de la rue le bruit des machines à tricoter.
Le Tir aux pigeons (qui n'existe plus) occupe un terrain entre les rues du Plateau (rue d’Erévan), la rue de l’Egalité et le boulevard Rodin. Il appartient au célèbre armurier parisien Gastine-Renette qui y accueille ses élégants clients venus en voiture de luxe. Malgré la clôture du terrain, le voisinage se plaint car les plombs de chasse retombent « comme grêle sur les pavillons alentour ». La clôture est alors surélevée par des pare-balles de lames horizontales hauts de vingt mètres.
L’effondrement du terrain sur les carrières en face du cimetière se produit dans les années soixante. Les grands immeubles qui y sont maintenant s’appuient sur des piliers de béton dont la hauteur est supérieure à celle des tours car ils reposent sur une couche solide sous le niveau de la Seine !

Simone et Robert ont pris leur retraite de professeur de lettres et de directeur des ressources humaines. Ils aiment toujours autant leur quartier et apprécient les changements qui ont nettement amélioré leur commune. Ils profitent des services de proximité ou du centre-ville. Simone, grande voyageuse érudite, est une fidèle de la Médiathèque et de l’Office de Tourisme par exemple. Les bus sont leur moyen de transport favori. Ils accueillent avec joie leur famille qui habite le sud-ouest mais aussi leurs amis et les membres d’Historim. 

Robert dans son atelier. Photos P. Maestracci

Quelques mots sur Robert : depuis sa retraite, il est devenu un artiste qui a déjà exposé à plusieurs reprises. Sa générosité le pousse à faire essentiellement cadeau de ses œuvres à ses proches ou à ses admirateurs. Grâce à sa profonde érudition, il s’inspire de peintres qu’il admire mais sans jamais les copier. Son travail montre une véritable originalité. Il crée, cherche sans relâche pour encore progresser tout en  se renouvelant. Il peint sur bois après avoir déposé un enduit, utilise de l’acrylique mais aussi découpe, ponce, dessine. Le résultat est impressionnant.  
P. Maestracci et J. Brouillou

24 mars 2011

La guerre de 1870 et la Commune de Paris - chronique n°2

L'émotion est vive à Paris lorsque sont connues la capitulation de l'armée française à Sedan et la capture de Napoléon III. C'est la chute brutale du Second Empire.
Les députés républicains de Paris proclament la République le 4 septembre 1870 à l'Hôtel de Ville :
"Le peuple a devancé la chambre qui hésitait pour sauver la patrie en danger, il a demandé la République…
La République a vaincu l'invasion de 1792, la République est proclamée.
La révolution est faite au nom du doit, du salut public."
Ce texte du brouillon de la proclamation fait référence à la période révolutionnaire de l'An I, sous la Convention, qui dut faire face à de multiples guerres. Le Comité de Salut public fut l'un des principaux organes de la Convention. Robespierre et Carnot, qui réorganisa les armées de l'An II en firent partie. En 1870, ce passé, difficile mais victorieux, est opportunément rappelé alors que la situation n'est guère brillante.


Le conseil des ministres, 4 septembre 1870, Hôtel de Ville de Paris. ©xdr.
Un gouvernement provisoire est constitué représenté ici. Au centre, l'allégorie de la République évoque le tableau d'Eugène Delacroix, la Liberté guidant le peuple, symbole de la Révolution de 1830. Elle tient un drapeau, porte le bonnet phrygien et a le sein droit dénudé. La statue est encadré par Favre, à gauche, aux Affaires étrangères, et le gouverneur militaire et président du Conseil, le général Trochu. A ses côtés, Léon Gambetta, ministre de l'Intérieur.


Il faut préparer la défense de la capitale car l'ennemi se rapproche. Les soldats occupent les fortifications construites autour de Paris, à partir de 1840, dont le Fort d'Issy (voir Monuments-clés).  Voici un exemple de laissez-passer demandé par le général Leflo, ministre de la Guerre (deuxième en partant de la gauche sur l'illustration). "Donnez-moi donc, je vous prie une carte laissez-passer que je destine à M. Carpeaux, lequel a le plus vif désir d'aller prendre sur les remparts, au-dedans et au-dehors, une série de sujets d'eaux-fortes destinées à conserver la physionomie d'un Paris guerrier…" L'artiste, alors âgé de 43 ans, est célèbre pour sa sculpture de Flore, conservée au Louvre, et plus encore pour la Danse, à l'origine à l'Opéra Garnier et aujourd'hui au Musée d'Orsay.   P. Maestracci

23 mars 2011

Le Val de Seine

Le quartier d'Issy Plaine prend le nom, en 1990, de Val de Seine. Qualifié de "berceau de l'aviation", il doit sa notoriété aux exploits des tout premiers avionneurs sur le champ de manœuvre, délimité par les actuelles rue Henri Farman (sur le 15e arrondissement), Colonel Avia, Louis Armand, les boulevards Gallieni et frères Voisin.




Militaires sur le champ de manœuvre.
 L'histoire de ce terrain remonte à l'Exposition universelle de 1889, celle qui voit l'érection de la Tour Eiffel, sur le Champ de Mars. Obligés d'abandonner leur centre d'entraînement, les militaires se retrouvent, le 31 décembre 1891, en pleine campagne, dans la plaine d'Issy, sur un terrain de soixante-trois hectares.
En 1905, un avocat d'origine irlandaise, Ernest Archdeacon, passionné par tout ce qui est plus léger que l'air, obtient l'autorisation de l'armée d'utiliser le terrain de manœuvre pour faire voler les tout premiers avions. A condition que les essais se déroulent entre 4 heures et 6 heures du matin. Malgré ces contraintes, Issy devient très vite le haut-lieu de l'aviation, cumulant les records en tout genre : distance avec Henri Farman (1907 et 1908), Blériot (1907), Louis Delagrange (en 1908) ; vitesse avec Henri Farman (en 1907), Chavez (en 1910), les frères Morane (en 1910) ou Georges Legagneux (en 1912). Et les inventions : aéroglisseur, siège éjectable, etc.
 
Louis Delagrange en vol à Issy.

Les grands noms de l'aviation installent leurs ateliers près du champ manœuvre : les frères Voisin, les frères Caudron. Ces derniers, non seulement montent une école de pilotage mais construisent en 1915 une usine, au 52 rue Guynemer, d'où sortent biplans et monoplaces.
Dès 1910, les premières courses aériennes se déroulent à partir d'Issy : Paris-Bruxelles, Paris-Madrid, etc. Les accidents sont nombreux mais les pilotes continuent à progresser. En 1922, le terrain d'Issy reçoit ses premiers hélicoptères. Mais il faut attendre 1949 pour que l'héliport s'installe définitivement, au détriment des avions qui ne décollent plus à partir de 1953.


Dans les années 1990, le quartier devient un grand centre d'affaires avec l'implantation de multinationales : Coca Cola, Hewlett Packard, Eurosport, Microsoft, Mondadori…

21 mars 2011

Matisse : huit ans de créations à Issy

 Henri Matisse (1869-1954), devenu au Salon d'automne de 1905, chef du mouvement fauve, auquel se joignent Derain, Van Dongen et Vlaminck, s'installe à Issy en 1909, dans une belle maison bourgeoise située à l'angle actuel des rues Baudin et avenue du Général de Gaulle (dans les Hauts d'Issy). Il veut être près de la capitale tout en étant proche de la nature. Il va y rester jusqu'en 1917.
Dans le parc, il se fait construire un vaste atelier, dont il ne reste rien aujourd'hui. Sauf des tableaux : l'Atelier rose et l'Atelier rouge (en 1911). Et une description très détaillée : "Cette bâtisse rectangulaire de bonne dimension était peinte en blanc à l'intérieur et à l'extérieur, avec de grandes fenêtres (dans la toiture et sur le côté), d'où la chaleur et la sensation de plein air. C'était un local de travail vaste et simple, où murs et chevalets étaient occupés par de grandes toiles extraordinaires aux couleurs vives", raconte la journaliste américaine, Clara MacChesney, du New York Times le 9 mars 1913. La jeune femme rend visite au peintre au cours de l'été 1912. L'artiste lui confie : "Dites aux Américains que je suis un homme normal, que j'ai trois enfants, que je vais au théâtre et fais de l'équitation, que j'ai une maison confortable, un beau jardin que j'aime avec des fleurs…"


La maison de Matisse, 92 avenue du Général de Gaulle. © A. Bétry

Dans cette propriété, Matisse réalise une soixantaine de tableaux, des dessins et des sculptures, parmi les plus réussis. C'est l'époque où le maître peint une partie des 37 tableaux que lui achète l'un des plus grands collectionneurs russes de l'époque, Serguei Chtchoukine, dont la Danse et la Musique, aujourd'hui conservés au musée de l'Ermitage de Saint-Petersbourg. La correspondance entre les deux hommes a été conservée. De Moscou, le 31 mars 1909, Chtchoukine écrit à Matisse : "Cher Monsieur, Je trouve votre panneau la Danse d'une telle noblesse que j'ai pris la résolution de braver notre opinion bourgeoise et de mettre sur mon escalier un sujet avec le Nu. En même temps, il me faudra un deuxième panneau, dont le sujet serait très bien la Musique…"
En 1917, Matisse et ses proches quittent Issy pour le Midi où le peintre finira ses jours. La maison, inhabitée depuis plusieurs années, appartient toujours à la famille qui souhaite vendre. Mais à qui ? Une fondation… la Mairie… des entrepreneurs immobiliers… Que va devenir cette propriété où furent créés tant de grands chefs-d'œuvre tels les Demoiselles à la rivière, la Leçon de piano ou le Rideau jaune ? L'avenir nous le dira.                                                                                          P.C.B.

17 mars 2011

La guerre de 1870 et la Commune de Paris - chronique n°1

C'est avec la capitulation de la France le 1er septembre 1870 que débute cette chronique illustrée qui va nous conduire jusqu'aux débuts de la Commune de Paris le 18 mars 1871 et sa fin tragique le 28 mai, en passant par Issy et la défense héroïque de son fort, qui tombe le 8 mai.


La France, en réponse à l'astucieuse mise en scène par Bismarck de la Dépêche d'Ems, ne résiste pas à la provocation et déclare la guerre à la Prusse, le 19 juillet 1870. Les armées françaises cèdent du terrain face à l'offensive allemande à l'est du pays. Bazaine capitule à Metz en octobre, ce qui lui vaudra le Conseil de guerre en 1873. Le repli se fait à Sedan où les Français se retrouvent assiégés.
Le 1er septembre, c'est la capitulation. L'empereur Napoléon III est fait prisonnier avec des dizaines de milliers de soldats. Il s'en remet humblement au roi de Prusse Guillaume (qui deviendra en 1888, l'empereur Guillaume Ier d'Allemagne).



1er septembre 1870. Le général Reille remet la lettre de Napoléon III au roi. ©xdr
A gauche de l'image, on distingue le drapeau blanc de la petite délégation française, accompagnée d'un officier prussien. Au centre, le général Reille salue le roi Guillaume, qui porte le casque à pointe. En retrait, à droite, se tiennent le Kronprinz, le chancelier Bismarck, le général Moltke et de hauts dignitaires. La chaise paillée, à droite, est destinée au roi pour qu'il puisse lire plus commodément la lettre de l'empereur déchu. Voici ce qu'il est écrit  :
 "Monsieur, mon frère,
N'ayant pu mourir au milieu de mes troupes, il ne me reste
qu'à remettre mon épée

entre les mains de Votre Majesté.
Je suis de votre Majesté le bon frère,
Napoléon, Sedan le 1 (sic) sept. 1870"


"Congé définitif". © xdr
Cette caricature ressemble à un papier officiel pour renvoyer Napoléon III. L'empereur déchu n'a plus d'épée au fourreau, tient en laisse un aigle en équilibre fragile, symbole de l'empire, et un parapluie à tête d'aigle. A l'arrière-plan, trône impérial, couronne et sceptre s'envolent, emportés loin de leur propriétaire. La légende fait référence aux "père et mère" Louis et Hortense Bonaparte, le "grand oncle" est Napoléon 1er. Quant au "2 décembre 1851", il s'agit du coup d'État du prince-président, créant le Second Empire qui s'arrête en 1870. Napoléon III, prisonnier du roi de Prusse, est renversé par ses sujets révoltés.
P. Maestracci


L'association des Amis de la Commune de Paris (créée en 1882 par des communards de retour d'exil) organise toute une série de manifestations pour commémorer le 140e anniversaire, avec  le 18 mars, un grand spectacle place de l'Hôtel de ville. Pour en savoir plus : www.commune-paris.lu/

15 mars 2011

Ichikawa (Japon) partenaire d'Issy

Alors que le nord du Japon doit faire face aux tremblements de terre, aux tsunami et, maintenant, au risque nucléaire, découvrez la ville de Ichikawa, une commune située à 20 kilomètres seulement de Tokyo, partenaire depuis le 15 avril 2009 d'Issy-les-Moulineaux.

M. le maire en visite à Ichikawa. ©XDR
Cette grande banlieue de la capitale japonaise, fondée en 1934, abrite 470 000 habitants. Elle  est desservie par un réseau ferroviaire et routier très important. Elle bénéficie d'espaces verts, dans le nord, notamment des cultures de poires ; alors que le sud rassemble une zone industrielle. Mais surtout elle est à la pointe du TIC, c'est-à-dire des Technologies de l'information et de la communication, d'où le rapprochement avec notre commune. Comme Issy, Ichikawa multiplie les actions en ces domaines : e-sondages, bornes interactives, e-administration locale. Notre maire, André Santini, a été reçu à Ichikawa en mars 2009 : après la traditionnelle cérémonie du thé, il a visité la cité : une pagode, la bibliothèque centrale totalement informatisée, le club d'informatique d'un lycée…

Aujourd'hui, la ville a été touchée par la catastrophe de vendredi dernier, le 11 mars : un violent incendie a éclaté dans un complexe pétrochimique.

Pour mieux connaître cette cité japonaise :
www.city.ichikawa.lg.jp/english/index.html

14 mars 2011

Robert Doisneau, le photographe des ouvriers de Renault

 
Témoin du passage de Doisneau dans notre commune. © A. Bétry


Robert Doisneau (1912-1994) n'a passé que trois ans (de 1934 à 1937) à Issy-les-Moulineaux, au 9-11, rue Telles de la Poterie, avant de partir s'installer à Montrouge.
1934, c'est l'année où le jeune homme épouse Pierrette Chaumaison avec qui il aura deux filles Annette et Francine. C'est aussi l'année où il se fait embaucher par les usines Renault, de Boulogne Billancourt, comme photographe industriel. Mais Il sera renvoyé cinq ans plus tard pour des retards répétés. Et pourtant, il n'habitait pas très loin de son lieu de travail ! 1934, c'est aussi une photo superbe : l'Aéroplane de Papa, petit clin d'œil à Issy-les-Moulineaux, berceau de l'aviation du début du siècle. Mais, c'est aussi l'époque où Doisneau, témoin des dures conditions de travail des ouvriers, effectue des reportages pour le magazine de la CGT. Bien loin de son Baiser de l'hôtel de ville !
C'est ce Doisneau-là qui vécut à Issy et que l'on peut retrouver dans un livre de Jean-Yves Quierry : Robert Doisneau. Travailleurs, publié aux éditions du Chêne (2003). En mars 2005, les deux filles de l'artiste ont dévoilé cette plaque à la mémoire de leur père.                                                            P.C.B.

Pour tout découvrir sur le photographe et son œuvre :
www.robert-doisneau.com/ 

13 mars 2011

Le Père Benetazzo et les Comboniens d'Issy

Le Père Benetazzo. ©A. Bétry
Les missionnaires Comboniens constituent une communauté se destinant à l'évangélisation des peuples. Elle doit son nom à un certain Daniel Comboni dont l'histoire m'est raconté par le père Luciano Benetazzo, qui dirige le seul foyer de Comboniens, en France, installé à Issy-les-Moulineaux. Originaire de Venise, ordonné prêtre en Italie, le père Benetazzo passa cinq mois (en 1970), au séminaire d'Issy avant de partir dix ans en Centre Afrique. Il revient à Issy de 1980 à 1987, avant de partir cinq ans au Tchad et de vivre douze ans au Vatican. Il s'est installé définitivement à Issy en 2005.

Daniel Comboni © Saints.SQPN.com
Daniel Comboni naquit le 14 mars 1831 à Limone sul Garda, sur les bords du lac de Garde en Italie, dans une famille de paysans. En 1843, il entre au collège de l'abbé Mazza, pour suivre le séminaire de Vérone ; il a 12 ans. Parmi ses professeurs, l'abbé Vinco, rescapé des missions en Afrique centrale organisées par la Congrégation pour la propagation de la Foi (actuelle Congrégation pour l'évangélisation des peuples). Ordonné prêtre en 1854, Combani est convaincu de sa vocation missionnaire en Afrique et, trois ans plus tard, il accompagne quatre autres missionnaires pour Alexandrie et Le Caire. Après quarante jours de felouques sur le Nil, et deux mois de chameau, ils atteignent Khartoum et Fachoda. Les difficiles conditions de vie provoquent l'échec de la mission et Combani est de retour à Rome, un an et demi plus tard.
Combani a alors une idée lumineuse : "sauver l'Afrique par l'Afrique" (qui devient sa devise), c'est-à-dire former sur place des religieux africains. En 1867, il fonde à Vérone l'Institut pour les missions en Afrique centrale et, en 1872, l'Institut des Pieuses de la Négritie, connu aujourd'hui sous le nom de Sœurs missionnaires comboniennes. Il se voit alors confier la responsabilité du vicariat apostolique d'Afrique centrale, à Khartoum, où il devient en 1877 le premier évêque d'Afrique centrale. Il meurt quatre ans plus tard, victime des maladies tropicales, le 10 octobre 1881. Il est enterré dans les jardins de la mission de Khartoum. Béatifié en 1996, il est canonisé en 2003 par le pape Jean-Paul II.
 Après une phase de déclin consécutive à la mort du Père Comboni, l'œuvre reprend son essor africain en 1898, avant de se développer en Europe (Italie, Allemage, Angleterre, Espagne) au lendemain de la Première guerre mondiale, puis de s'étendre à l'Amérique latine dans les années 1950. Expulsés du Soudan par le pouvoir islamiste en 1964, les missionnaires se replient vers les pays africains francophones. Et pour se former à cette nouvelle mission, ils viennent en France, aux Missions étrangères de Paris  et au Séminaire Saint-Sulpice, à Issy.
Le siège des Comboniens, 47 rue du Chevalier de la Barre. © A. Bétry

En 1970, les Comboniens achètent, sous  le contrôle juridique du diocèse de Nanterre, un ancien couvent de religieuses, du XVIIIe siècle, situé au 47 rue du Chevalier de la Barre, dans les Hauts d'Issy, pour en faire un internat de théologie. En 2000, le bâtiment est entièrement reconstruit - la chapelle originale est conservée - et devient un centre d'accueil pour religieux et laïcs comboniens, étudiants de théologie et de langue française.       Denis Hussenot.

11 mars 2011

CONFÉRENCE LE 16 MARS

Et oui ! La date de notre première conférence approche.

Le Père Bonnet.
Le Père Bonnet, ancien supérieur du Séminaire d'Issy, nous fait l'honneur de venir nous raconter l'histoire et les grands événements qui ont marqué cette institution pluricentenaire.
C'est à la résidence du Parc, dont la directrice nous offre l'hospitalité - ce dont nous la remercions vivement - que nous nous réunirons. Un certain nombre d'affichettes ont été distribuées dans la ville, pour que tous les Isséens soient prévenus. Pour préparer au mieux cette conférence, nous vous conseillons de prendre connaissance de deux articles publiés sur le site : le Séminaire Saint-Sulpice d'Issy (dans Patrimoine) et le Père Bonnet et la Solitude (dans Témoignages). Ce sera une bonne approche.


La date : mercredi 16 mars. L'adresse : 20 rue de l'Abbé Derry (Hauts d'Issy). L'heure : 18 heures. Entrée libre.

10 mars 2011

Un drôle de logo


Ce drôle de logo est composé des deux lettres I (pour Issy) et M (pour Moulineaux). Il se situe sur la façade de l''Espace Savary, 4 avenue du Général Leclerc, à Corentin Celton. Cet immeuble abrite de nombreuses associations isséennes.

Notre jeu, le nez en l'air, s'arrête - provisoirement - la semaine prochaine,  pour laisser place à notre chronique illustrée sur la guerre de 1870 et la Commune de Paris. A bientôt donc.

7 mars 2011

Le Séminaire Saint-Sulpice d'Issy

Le mercredi 16 mars, à 18 heures, à la Résidence du Parc, 20 rue de l'Abbé Derry, le Père Bonnet donne une conférence sur l'histoire du Séminaire, notamment des cinquante dernières années. Découvrez avant de vous y rendre qui est le Père Bonnet (dans Témoignages), quelle fut la première propriétaire des lieux, la reine Margot (dans Histoire-Personnages) et quelle est cette institution dont il va vous parler.

L'entrée du Séminaire, 33 rue du Général-Leclerc. © Photos Alain Bétry.
C'est en 1542, au concile de Trente convoqué par le pape Paul III, qu'il est décidé que les prêtres seront dorénavant formés dans un séminaire diocésain. Jean-Jacques Olier (1608-1657), le fondateur de l'ordre des Sulpiciens, installe le premier séminaire de Paris, à Saint-Sulpice. Il effectue à partir de 1640 plusieurs séjours chez son ami Antoine de Sèves, aumônier du roi, qui a racheté, dans le village d'Issy, la propriété de Marguerite de Valois (voir Histoire-Personnages). Quelques temps plus tard, en 1655, l'un des membres du séminaire, Alexandre Le Ragois de Bretonvilliers, devient propriétaire de l'ancien logis de la reine Margot et en ouvre les portes aux Sulpiciens désireux venir s'y reposer. A sa mort, il lègue la propriété à la Compagnie de Saint-Sulpice sous deux conditions : que ce lieu serve à la fois aux vacances mais aussi aux études des futurs Sulpiciens. Tout au long des siècles, les personnages célèbres se succèdent : Bossuet, Fénelon, Talleyrand, le cardinal de Fleury, sans oublier Ernest Renan qui laissa quelques témoignages intéressants. De l'époque Renaissance, il ne subsiste que les jardins à la française et la célèbre Nymphée de la reine Margot - un petit édifice baroque dont les voûtes sont ornées de rocailles, de coquillages et de pierres.


La Grande Chapelle.
 Les bâtiments actuels ont été construits de 1873 à 1894. En 1898, une nouvelle chapelle sort de terre. La première pierre est bénie par le nonce apostolique Mgr Clari. L'architecte, Édouard Bérard, s'entoure d'un maître verrier réputé, Félix Gaudin. Elle peut accueillir de nombreux fidèles. C'est dans cette grande chapelle que le pape Jean-Paul II rencontra, le 1er juin 1980, les évêques de France.


La Grande Chapelle (détail).
Dans la crypte, on découvre avec émotion deux cachots et une partie du mur où, pendant la Commune, des ecclésiastiques dont l'archevêque de Paris furent fusillés. Le séminaire abrite encore deux autres chapelles et la Solitude, la maison de retraite des Sulpiciens (voir Témoignages).
Classé Monument historique en 1996, le Séminaire Saint-Sulpice s'ouvre à la visite pendant les Journées du patrimoine (uniquement le samedi).  P.C.B.

Pour en savoir plus :
http://www.sulpissy.info/

6 mars 2011

Vignobles et vin du Chemin des vignes



Au XIVe siècle, sous le règne de Philippe VI de Valois, la vigne occupe 76 % des terres cultivées de l’Ile de France. Pour les années 1332-1334, le censier de Saint-Germain des Prés, abbaye suzeraine d'Issy, note, sur le domaine, 28 vignobles ou parcelles de vigne sur une superficie de plus de 55 hectares. Monastères et abbayes font une grande consommation de vin : pour la liturgie, pour les repas quotidiens, pour les soins aux malades et aux vieillards.
Les coteaux d'Issy (dans l'actuel quartier de la Ferme) sont particulièrement fertiles à la culture de la vigne et bien ensoleillés, ce qui permet aux vins d'Issy d'avoir tout au long des siècles une excellente réputation.
L'abbaye possède jusqu'au XVIe siècle l'un des plus vastes domaines agricoles de France. L'industrialisation de la ville au XIXe siècle et le développement du chemin de fer stoppent la production isséenne qui tombe de 6 500 hectolitres en 1840 - on recensait alors 86 hectares de vignes - à seulement 40 hectolitres en 1884 !

La vigne réapparaît en 1990 grâce à la Confrérie Saint-Vincent (voir Histoire des associations) qui a planté 200 m2 de pieds, sur le Chemin des vignes, un vignoble qui fait revivre la tradition du chardonnay et du pinot beurot. Les enfants des écoles font les vendanges, pressent le raisin aux pieds, dessinent les étiquettes des bouteilles.
Ce vin blanc isséen a même été primé à deux reprises, en 1995 et en 1998. A déguster avec modération ! P.C.B

3 mars 2011

La croix dans les roses trémières

© Alain Bétry
Cette croix, symbole de l'Arménie, s'appelle un khatchkar. Elle se trouve à l'entrée de l'Eglise évangélique arménienne, au 28 avenue Bourgain.
Les khatchkars sont des croix sans Christ – sa nature humaine n'étant pas considérée comme essentielle par le christianisme arménien. Croix de résurrection et d'espérance, elles décorent des stèles votives, des dalles funéraires, les murs des sanctuaires. Elles sont toutes différentes, minuscules ou gigantesques, ornées de volutes, de rinceaux, de vanneries, gravées par les religieux où bon leur semble comme un acte de foi. Certaines sont de remarquables œuvres d'art.

1 mars 2011

Le Fort d'Issy

Entrée du fort en février 2011… © Alain Bétry
Situé sur les hauteurs de la commune, le fort d'Issy est un important pentagone bastionné, d'environ 170 mètres de côté. Il fait partie des 17 forts détachés, construits autour de Paris, entre 1840 et 1845, par le général du génie Dode de La Brunerie (1775-1851), nommé directeur  des fortifications de Paris  par Louis-Philippe. Un casernement de quatre bâtiments occupe la vaste cour intérieure. Il est en mesure de recevoir une soixantaine de pièces d'artillerie.

Lorsque les Prussiens assiègent Paris en 1870, le fort abrite en novembre,  76 officiers et 2771 hommes de troupe. Comme il protège la partie la plus faible de l'enceinte encerclant la capitale, l'ouvrage sera le plus bombardé de la guerre : on évoque le chiffre inimaginable de 20 000 à 34 000 projectiles. La paix revient après la signature du cessez-le-feu le 26 janvier 1871.

Le fort en 1871 avec ses canons. En ruines (ci-dessous)
 Pour peu de temps puisque Paris devient le théâtre d'une véritable insurrection populaire contre le gouvernement issu de l'Assemblée nationale. C'est la Commune de Paris dont vous pourrez suivre les grands moments dans la chronique que nous ferons paraître sur le site dès le 18 mars prochain.
C'est dans un retranchement déjà fort endommagés  que les Communards, qui ont soulevé Paris depuis le 18 mars 1871, s'installent à partir du 3 avril  pour parer toute contre-attaque des troupes gouvernementales, réfugiées à Versailles, d'où le nom de Versaillais qu'on leur donne. Si l'ennemi est français, la reconquête de la capitale sera menée comme celle d'une place étrangère. Le 2e corps du général de Cissey est chargé de la prise du fort d'Issy qui tombe finalement le 8 mai 1871.

Coll. Northwestern University Library, Evanston, Illinois (USA).
Le fort, complètement détruit, est réaménagé dans les années 1880 par le général Séré de Rivières, en vue de défendre à nouveau la capitale en cas de conflit. Les années passent et l'armée y installe  la Direction générale de l'Armement, des Services de transmission, le Centre d'électronique de l'armement, entre autres, jusqu'en 2007, date à laquelle le fort est évacué. Il aura fallu des années de tractations pour que le ministère de la Défense le cède à la ville d'Issy-les-Moulineaux, en décembre 2009, pour y créer un nouveau quartier d'habitations, de commerces et d'équipements publics : le Fort numérique.
Les murs du fort, les casemates et le stand de tirs, doivent être préservés, mémoires des combats meurtriers qui s'y déroulèrent.  P.C.B.


 Pour voir d'autres photos du fort en 1871 :
http://digital.library.northwestern.edu/siege/landscapes.html