28 août 2013

Guy Ducoloné : un homme de convictions

Notre célèbre Isséen Guy Ducoloné, alors vice-président de l’Assemblée nationale, avait demandé en 1982 qu’une mission d’information soit conduite à propos d’Interpol.

Photo Alain Bétry
Guy Ducoloné, Journée de la déportation,
 27 avril 2008,  Issy-les-Moulineaux. © A. Bétry
Lors de son intervention du 28 novembre 1983, à l’Assemblée nationale, il  déclare :  "(…)  Je ne m’attarderai pas sur le passé 
d’Interpol, encore que ses origines ne puissent nous être indifférentes et n’aient pas été sans conséquence sur ses activités. Je rappellerai simplement, M. le Rapporteur, qu’Interpol, organisation créée en 1923 – même si elle ne portait pas encore ce nom – par des policiers non mandatés par leur gouvernement, tomba entre les mains des nazis lorsque l’Autriche fut annexée. Transférée alors près de Berlin, elle fut présidée par Reinhard Heydrich, puis par un général SS, condamné à mort par le tribunal de Nuremberg. L’époque exigeait sans doute de telles nominations. Malheureusement, et plus près de nous, cette organisation fut présidée, de 1968 à 1972, par un ancien sous-lieutenant de SS, jadis officier des services de sécurité nazis.
"Cela est certes le passé. Mais ces présidences successives ne sont en rien garantes de la pureté des intentions démocratiques d’Interpol, au moins jusqu’en 1972. Le fait que le président actuel soit chef de la police des Philippines n’est pas non plus de nature à nous rassurer. "

Guy Ducoloné, né le 14 mars 1920, est décédé le 25 août 2008. Membre du Parti communiste durant près de soixante-cinq ans, il reçoit en avril 2002 la croix d’officier de la Légion d’honneur. Résistant, déporté, ancien député et élu local d’Issy, il souleva le sujet d’Interpol avec quelques exemples à l’appui.

Interpol aujourd’hui 

Photo Alain Bétry
La presse internationale au lendemain
 du 11 septembre 2001. © A. Bétry
Avec 190 pays, Interpol est l’organisation internationale de police la plus importante au monde. Son secrétariat général,  après Saint-Cloud, se trouve à Lyon depuis 1989 ; il compte des représentations dans chaque pays membre ainsi qu’aux Nations Unies à New York, depuis 2004, et à Bruxelles, siège de l’Union européenne depuis 2009. 

« Au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre 2001, j’ai pris l’engagement que pas un jour, pas une heure, pas une minute ne passeraient sans qu’Interpol soit là pour nos pays membres. Depuis lors, les lumières ne se sont jamais éteintes à Interpol. »  Ronald K. Noble, secrétaire général d’Interpol.
AB

24 août 2013

Bientôt la rentrée !

Et oui, petit à petit, Isséens et Isséennes rentrent au bercail après quelques semaines passées au grand air.
Et l'agenda se remplit.

Quelques rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte, à commencer par le Forum des associations, suivi par les Journées du Patrimoine. Nous serons présents aux deux.


- Forum des associations, les 6 et 7 septembre, au Palais des Sports Robert Charpentier, le vendredi à partir de 14 heures.


- Journées du Patrimoine, le dimanche 15 septembre. Nous vous emmènerons sur " le GR nez en l'air "passer tout un après-midi à la découverte historique de nos rues et monuments.

En votre absence, cet été, une délégation de Dongcheng (Pékin) - jumelée avec Issy depuis 1998 - a été reçue par M. le maire André Santini - une bonne occasion de vous faire découvrir très vite cette ville jumelle ; après l'École du Barreau et l'Institut Catholique de Paris, c'est au tour de l'Institut catholique de Lille de venir installer ses classes chez nous (dans les Hauts d'Issy) ; enfin, étant donné le beau temps qui a régné sur toute l'Ile de France, parcs et jardins n'ont pas désempli : nous vous ferons découvrir le parc Henri Barbusse, à l'automne.

Au programme aussi, la mise en ligne de témoignages plus intéressants les uns que les autres, quelques dates clés qui ont marqué le cours de notre histoire et de nombreux petits articles sur notre commune.

Bon retour à vous. Reprenez vos habitudes, rejoignez-nous tous les trois-quatre jours, à partir de 18 heures, sur notre site.                                                                                               PCB.

17 août 2013

La Révolution française - épisode 6

La Terreur bat son plein. La guillotine fonctionne à plein régime. En ce mois de juin 1794, les jours de Robespierre sont comptés, l'opposition se mobilisant pour faire tomber l'Incorruptible.


Robespierre, Musée Carnavalet.
Traité de "dictateur" à la réunion du Comité de Salut public du 28 juin, Robespierre (à droite) n'y paraît plus mais continue de fréquenter la Convention. « On assure que le tyran s'était emparé, à Issy, de la charmante maison de la ci-devant princesse de Chimay. C'est là qu'avec Hanriot, Saint Just et plusieurs autres complices se préparait la ruine du peuple. C'était là le Trianon du continuateur des Capet. C'est là qu'après des repas pour lesquels tout ce qu'il y avait dans le voisinage était en réquisition, le tyran se roulait dans l'herbe, feignait d'être agité de mouvements convulsifs, et, en présence de la cour qui l'entourait, il faisait l'illuminé pour en imposer aux imbéciles, » peut-on lire dans un journal - d'opposition - il va s'en dire.

La princesse de Chimay, née en 1740, habite Issy depuis qu'elle a racheté le château des Conti. Le marquis Marc-Marie de Bombelle (1744-1822), diplomate et ecclésiastique, lui rend visite en 1791. Il note dans son journal le 10 novembre : " Je suis allé un peu plus loin dans le beau village d’Issy faire une visite à M. et Mme de L’Épine qui habitent le superbe établissement formé autrefois par Mme la princesse de Conti qui appartient depuis à la princesse de Chimay et qui a été singulièrement embelli quant aux jardins par M. de L’Épine, directeur de la Monnaie de Paris.… C’est dans un des jolis logements des corps de logis séparés du château qu’il m’a été accordé de la meilleure manière le choix de l’appartement que je voudrais habiter. »

Le château des Conti, Issy. Huile sur toile de Joseph Visone (19e s.).
© Benoit Chain/ coll. Musée de Sceaux.

La princesse de Chimay, première des seize dames du palais de Madame Victoire, l'une des huit filles de Louis XV, est une mélomane avertie. Alors que Madame Victoire et sa soeur Madame Adélaïde se réfugient à l'étranger en 1791, la princesse de Chimay se cache.
En cette année 1794, Fouquier-Tinville, l'accusateur public, la recherche depuis longtemps. Un jour, le commis-greffier Ducret, évoquant le beau domaine de la princesse à Issy révèle que sa propriétaire est "encagée" aux Oiseaux, une prison de la rue de Sèvres. Fouquier, alors, présent, dépêche une charrette le jour-même et  c'est là, le 7 Thermidor (25 juillet), à 17 heures qu'elle est arrêtée, condamnée pour "conspiration contre le peuple". Elle passe sa dernière nuit à la Conciergerie, est conduite à l'échafaud,  le lendemain 26 juillet (8 Thermidor). Ce sera la dernière charrette de guillotinés avant  l'exécution de Robespierre le 9 Thermidor. Elle avait 54 ans. Avec elle, une autre habitante d'Issy-l'Union : "Saneterre M.C.. veuve d'Armentiére, ex-noble et maréchal de France, âgée de 44 ans, née à Paris, domiciliée à Issy-l'Union, condamnée à mort, le 8 thermidor an 2, par le tribunal révolutionnaire de Paris, comme conspirateur, et ayant fait émigrer son fils ".

Appel des victimes de la Terreur à la prison Saint-Lazare à Paris, les 7-9 Thermidor, an II.
Le peintre Charles-Louis Muller (1815-1892), ancien élève de Gros, va consacrer une toile (ci-dessus) à cet événement. Il va prendre la liste des dernières victimes (dont nos deux Isséennes) publiées dans les numéros du journal le Moniteur des 7 et 9 thermidor an II, ainsi que le rappel nominal des victimes repris par Thiers dans son Histoire de la Révolution française (1823-1827) et produire cette œuvre de fiction (l'histoire étant un peu malmenée), où la vie côtoie la mort, la lumière l'ombre. La princesse de Chimay est la jeune femme au fond du tableau, dans la lumière, qui est traînée par son geôlier.

Ainsi se termine la Révolution française vue à Issy. PCB.








10 août 2013

La Révolution française à Issy - épisode 5

Continuons notre promenade dans le Répertoire de  M. Tuetey. Nous voici en pleine délibération du Comité de Salut public au sujet de la Société populaire d'Issy-l'Union. 


Ces clubs politiques, à l'image  du club des Jacobins de Paris, apparaissent en province comme à Paris dès avril 1789. On y discute des affaires locales. A partir de 1793, elles sont épurées de leurs membres les plus modérés et deviennent, avec la prise du pouvoir par les Montagnards en juin, obligatoires. Elles assurent avec les municipalités et les comités de surveillance la bonne application des lois et dénoncent les contre-révolutionnaires. Non sans discussion, comme on va le voir avec l'exemple suivant.

Le Comité de Salut public est créé par la Convention nationale le 6 avril 1793 pour contrôler
"et prendre dans les circonstances urgentes des mesures de défense générale extérieure et intérieure". À partir de juillet, il est aux mains des Montagnards et de Robespierre. © XDR


Le 8 frimaire an II (28 novembre 1793), le Comité de Salut public reçoit des plaintes "apportées par par le Comité de surveillance d'Issy-l'Union contre le sieur Kolberger, qui avait troublé la Société populaire, réunie le 3, et contre le citoyen Lamy, épicier qui s’était répandu en invectives contre le sieur Boulanger, secrétaire-greffier de la municipalité d’Issy-l’Union, lesquels citoyens sont réclamés par la société populaire d’Issy, venue en masse, qui proteste de leur patriotisme et demande leur élargissement, démarche prise en considération par le Comité du département. "
Après délibération, le Comité de Salut public envoie deux de ses membres pour "électriser les habitants". Le 13 frimaire an II (3 décembre 1793), donc quelques jours après la plainte, les deux émissaires, les citoyens Franchet et Chéry présentent au Comité les conclusions de leur enquête. 

"D’après ce rapport, les commissaires en question s’étant présentés à la société populaire et ayant pris connaissance de la liste des membres du Comité de surveillance, ont déclaré que tous devaient passer au scrutin épuratoire et que devaient en être exclus tous prêtres, nobles ou même agents de nobles ; au sujet de la composition de la société populaire, les commissaires ont déclaré qu'il fallait rejeter tous ceux qui, par leurs discours et actions, avaient favorisé les contre-révolutionnaires, les royalistes et les fédéralistes, et avaient encouragé les patriotes à terrasser l’aristocratie ; les commissaires se louent beaucoup de l’accueil qui leur a été fait et disent qu’ils ont été accompagnés jusqu’à Paris avec des flambeaux et embrassés fraternellement. A la suite de ce rapport, le citoyen Boulanger, secrétaire greffier de la municipalité d'Issy-l'Union, ayant délivré des certificats à des contre-révolutionnaires, est mandé au Comité…"


La devise républicaine en 1793. © XDR
Au fil des mois, Issy-l'Union continue à se manifester auprès du Comité de Salut public, alors que la France plonge dans la Terreur et qu'en mars 1794 tous les pouvoirs se trouvent concentrés entre les seules mains du Comité. Les habitants, imitant en cela les Parisiens, prennent l'habitude de peindre sur leurs maisons la devise ci-dessus. Les dernières paroles "ou la mort" seront effacées après la chute de Robespierre, car trop liées à la Terreur. PCB. À suivre.


3 août 2013

La Révolution française à Issy - épisode 4

En 1912, un certain Alexandre Tuetey (1842-1918), archiviste-paléographe, conservateur des archives modernes aux Archives nationales, édite un Répertoire général des sources manuscrites de l'Histoire de Paris pendant la Révolution française, dans lequel Issy-l'Union apparaît à plusieurs reprises.

Le 26 brumaire an II (16 novembre 1793), dans le cadre des dons patriotiques demandés à chaque canton pour les frais de guerre consécutifs à la déclaration de la Patrie en danger, faite à l'Assemblée législative le 6 juillet 1792, les représentants d'Issy-l'Union se rendent à la Convention nationale

" en lui présentant la vaisselle servant au ci-devant culte catholique dans son église, exprimant le vœu qu’avec ces brimborions sacrés, ces puériles pagodes, disparaissent à jamais les arlequinades célestes qui ont stupéfié la plupart des hommes depuis le 18e siècle, et que la religion de la nature prenne la place de cet amas de dogmes absurdes, de pratiques extravagantes, de contes ridicules, qui dégradaient la raison, étouffaient le jugement et pervertissaient les esprits, et demandant la suppression de cette redoutable corporation de tartufes, de prêtres gangrenés, que l’Assemblée constituante voulut en vain organiser, que l’Assemblée législative ne put contenir, en un mot plus de ministres, plus d’apôtres, plus de culte privilégié, chacun restant libre d’adorer l’Etre suprême à sa manière. "


Tout un programme ! L'église est celle de Saint-
Étienne. Les représentants d'Issy-l'Union en manifestant ainsi leur désir de déchristianisation de la société en faveur de l'Être Suprême annoncent
le décret adopté l'année suivante par la Convention, sur un rapport de Robespierre, instituant le Culte de l'Être Suprême, avec des fêtes républicaines, civiques, remplaçant les fêtes catholiques. La fête de l'Être Suprême célébrée le 20 prairial an II (8 juin 1794) au Champ-de-Mars, à Paris, se voudra l'apogée de cette religion naturelle dont le but est "de développer le civisme et la morale républicaine", tout en conservant la croyance en un Dieu et en l'immortalité de l'âme.
A suivre. PCB