29 octobre 2015

Ripolin - 11 novembre 1904 - l'incendie de l'usine de peintures

L'usine Ripolin
En 1897, dix ans après sa création aux Pays-Bas, la société de peinture "Riepolin" négocie un partenariat avec la société parisienne Lefranc et Cie, qui franchise le nom en Ripolin. Une unité de production s'installe à Issy-les-Moulineaux, au 21-31 Quai d'Issy : un bâtiment de trois étages, aménagé spécialement pour la fabrique d'encre d'imprimerie et de couleurs qui donne d'une part sur le quai (l'entrée ci-dessous), d'autre part sur une vaste cour d'intérieur. Près de 350 ouvriers et ouvrières y travaillent.

L'usine du Ripolin, quai d'Issy. © XDR
L'explosion
Le vendredi 11 novembre 1904, une terrible explosion touche l'usine, suivie par un incendie meurtrier. Dès le lendemain, les journaux racontent.

Le Figaro du 12 novembre : " Un incendie d'une violence extrême a dévoré hier en quelques heures l'usine du « Ripolin » à Issy-les-Moulineaux. Et, malheureusement, il a fait en même temps des victimes dont le nombre, à l'heure actuelle, est encore inconnu.C'est au premier étage de ce bâtiment, à gauche, dans l'atelier dit « du mélange des essences » que hier, à quatre heures vingt, une explosion s'est pro- duite. Comment ? On l'ignore. Selon les uns ce serait un alambic qui aurait éclaté, selon d'autres il y aurait eu un court-circuit qui aurait enflammé les essences. Toujours est-il qu'en moins d'une minute tout l'atelier fut en flammes. Or, bien qu'il ne fût pas au complet - il comporte cent ouvrières - le nombre des malheureuses qui se trouvaient là exposées à être brûlées vives n'en était pas moins considérable. Et, précaution fatale, les fenêtres étaient fermées par un épais grillage, scellé dans la muraille… "

Le Petit Parisien en fait sa "une" (ci-dessous).


L'Humanité du 12 novembre apporte d'autres détails sur la catastrophe : " Il était exactement quatre heures vingt. Dans un vaste alambic, des préparateurs traitaient de l’éther et de l'essence de térébenthine. Une énorme colonne de feu envahit toute la pièce, puis une formidable explosion se "fit entendre. Sous la poussée formidable des gaz enflammés, une grande partie de la façade s'écroula avec un bruit terrifiant. Affolés, les ouvriers et ouvrières, au nombre de quarante-huit, occupés dans le bâtiment, tentèrent de fuir. Mais déjà les flammes barraient la route. Tous se ruèrent vers les locaux prenant jour sur le quai. De fortes barres de fer, scellées dans le mur, empêchaient toute fuite de ce côté. Ce fut alors une explosion de cris de rage et d'impuissance, immédiatement suivis de hurlements de douleur. "

Les ruines de l'usine, encore fumantes. © XDR
Le journaliste, présent sur les lieux, continue son reportage :  "Les hommes en tête, toutes les victimes que les flammes avaient chassées s'étaient élancées dans le brasier, dans le dessein de gagner la cour. Atrocement brûlés par les flammes, aveuglés par la fumée, butant à chaque pas, les malheureux atteignirent enfin le quai. Dans un galop furieux, bousculant tout sur leur passage, ils fuirent éperdument, dans toutes les directions. Derrière ce groupe apparut une femme, dont les vêtements flambaient. Un pompier la saisit au passage, l'enveloppa dans une couverture et la porta aux ambulances qui arrivaient au même instant.
"Puis, de la grille d'entrée, cachée par instant par la fumée, deux hommes surgirent. Leurs vêtements étaient également en feu. Ils traversèrent la chaussée en poussant des cris affreux, dévalèrent le contre-quai et allèrent se précipiter dans la Seine. MM. Gaudey, charbonnier, et Arthur, journalier, se jetèrent à leur suite dans le fleuve et les ramenèrent sur la berge. Une deuxième voiture d'ambulance les recueillit et les transporta à l'hôpital."
Les pompiers affluent de toute la banlieue parisienne, de Grenelle, d'Auteuil, de la Sainte-Chapelle. La foule des badauds aussi raconte le reporter :  "Par les gares de Mirabeau-Ceinture d'Issy et par les portes du Viaduc et de Versailles arrivaient continuellement de nouveaux curieux. Bientôt les quais, les contre-quais, les berges de la Seine et les rues avoisinantes regorgèrent de monde. Dans cette masse compacte de spectateurs, s'élevaient continuellement de nouveaux cris d'horreur et de pitié".
  

Au petit matin, treize victimes ont été recensées. Les pompiers continuent de fouiller les décombres, redoutant de retrouver des corps.
Après cette tragédie, l'usine Ripolin quitta Issy-les-Moulineaux. Et ,depuis 2011, après des rachats, des fusions, etc la marque Ripolin est devenue la propriété du groupe américain PPG Industries. PCB

25 octobre 2015

La biscuiterie Guillout


Affiche publicitaire, 1890. © XDR
En 1841, un certain Edmé Guillout (1811-1893) fonde une entreprise spécialisée dans les biscuits et le pain d'épice, à Paris, rue Rambuteau. Très vite, trois usines fonctionnent à plein régime. Ce sont  : 12 millions d'oeufs, 750 000 kilos de sucre, 820 000 kilos de farine, 200 000 kilos de miel, 60 000 kilos d'amandes, 12 000 kilos de beurre, 25 000 kilos de vanille… qui sont utilisés par an par l'entreprise Guillout.

Sortie de l'usine Guillout. © XDR
Vers 1908, il transfère l'ensemble de ses usines à Issy-les-Moulineaux sur un terrain appartenant à la Congrégation de Notre-Dame, à l'emplacement du CNET. L'entrée donnait sur l'avenue de la République (ci-dessus).

Boite de biscuits.

Petit à petit l'activité de l'usine s'étend à la confiserie et au chocolat, des produits décorés plusieurs fois lors des Expositions universelles de 1878 et 1889 à Paris, 1894 à Anvers.
A la mort d'Edmé, son fils Edmond (1839-1903) reprend les rênes de l'entreprise familiale. Et pendant la Première guerre mondiale, on retrouve les biscuits et les chocolats Guillout dans le barda du poilu.
En 1933, la Société des Biscuits Guillout est absorbée par la Société des Biscuits Olibet. PCB


Vue aérienne de la biscuiterie Guillout, en plein centre ville d'Issy-les-Moulineaux. © XDR

Pour en savoir plus :
http://kapricorn8.blogspot.fr/2015/03/la-maison-des-biscuits-guillout.html

21 octobre 2015

Un polar à Issy : "Poulets Grillés" de Sophie Hénaff

Ce sont les vacances… peut-être le temps de lire un bon polar… Un meurtre à Issy, des policiers enquêtent et Pascale accompagne la commissaire Capestan.


Un roman policier de qualité et à l’humour ravageur évoque la commune à plusieurs reprises. Ce livre intitulé Poulets grillés écrit par Sophie Hénaff est publié chez Albin Michel en 2015. Le titre irrévérencieux évoque des policiers. Si à l’origine, un poulet était un billet galant puis une lettre, il semblerait que le sens ait glissé pour désigner un fonctionnaire de police lorsque, selon la légende, le 36 quai des Orfèvres a été construit à l’emplacement d’un ancien poulailler sur l’Île de la Cité.
Il n’est pas question de raconter l’intrigue et encore moins la fin de Poulets grillés. Sachez que, page 41, la commissaire Capestan étudie « le meurtre de Marie Sauzelle soixante-seize ans, tuée en juin 2005 dans son pavillon au 30 rue Marceau à Issy-les-Moulineaux ». Ce pavillon avec jardin est décrit page 67 comme « vétuste, étroit, tout en longueur…En façade, le jaune des volets s’écaillait, le crépi s’effritait et une rigole verdâtre suintait depuis la gouttière… ». En vérité, il n’y a pas de pavillon mal entretenu ni de numéro 30 rue Marceau. L’immeuble jouxtant le n°28 fait l’angle avec la rue Hoche où il a son entrée (ci-dessous). Il a trois étages comme l’immeuble du 28 rue Marceau remplacé dans le roman par un pavillon. Rappelons que ces rues Marceau et Hoche portent le nom de généraux de la Révolution et que d’autres personnages des Lumières et de la Révolution sont honorés dans les noms des rues du quartier autour de l’Hôtel de Ville.

Immeuble du 28 rue Marceau, emplacement supposé du pavillon du roman.

Toujours page 67, la commissaire Capestan et le lieutenant Torrez « se garaient en haut de la rue Hoche à deux pas de la mairie d’Issy-les-Moulineaux. Sur le square, un monument de pierre était pompeusement dédié : À la mémoire des combattants et de toutes les victimes des guerres …Capestan et Torrez laissèrent un bus manœuvrer pour regagner son terminus et s’engagèrent rue Marceau. ». 

Monument aux morts, vu de la rue Hoche. De g. à dr. : allégories sur les héros,
les familles et les armoiries de la commune.

C’est la description précise du Monument aux Morts (ci-dessus) sculpté par Jean Joachim en 1959 placé à l’extrémité du square Bonaventure Leca, ancien square de la République. Il y a effectivement une zone de stationnement pour que les passagers puissent descendre avant que les bus redémarrent pour rejoindre un peu plus loin leur tête de ligne. En revanche, les deux policiers brillamment campés par Sophie Hénaff n’auraient pu voir que l’arrière du monument côté rue Hoche avec deux bas-reliefs allégoriques consacrés aux Héros et aux familles ainsi qu’aux armoiries de la ville au-dessus de son nom complété par la phrase « Berceau de l’aviation ». Référence bien sûr au terrain d’aviation (actuel Héliport) du début du XXe siècle.

Monument aux morts, face tournée vers le Square Bonaventure Leca. Haut-relief de l'homme luttant
contre le serpent (à g.) ; citation gravée en lettres d'or reprise dans le roman.

La dédicace se trouve de l’autre côté du Monument aux morts, celui qui fait face à l’Hôtel de Ville (ci-dessus). À gauche, un haut-relief représente la lutte d’un homme contre un serpent à trois têtes. Cela évoque irrésistiblement la lutte du Bien contre le Mal ou Hercule luttant contre l’hydre de Lerne. 
A lire absolument ! Texte et photographies P. Maestracci

18 octobre 2015

Dominique Van der Waren -- cinq générations d'Isséens !

Dominique Van der Waren (décorée par André Santini de la médaille de la Jeunesse, des Sports et de l’Engagement associatif, en janvier 2015, ci-dessous) nous - vous - raconte l’histoire de sa famille, qui compte cinq générations. 

Les grands-parents
André Santini décore Dominique.
le 24 janvier 2015. Coll. privée 

En 1918, les grands-parents de Dominique, Marthe et Hippolyte Leclercq-Moniez quittent le Nord pour s’installer dans notre commune. Ingénieur, Hippolyte vient travailler aux usines Renault à Billancourt. Ils louent un appartement 5 place des Marronniers (de nos jours 15 bis rue Auguste Gervais). Leur fils, né en 1913, se souvient qu’un officier allemand habitait chez eux et dans les bottes duquel il versait de l’eau ! Hippolyte est gravement blessé par un éclat d’obus en 1944 lors d’un bombardement allié sur l’Île Seguin et les usines réquisitionnées par l’occupant. Il est hospitalisé aux Petits-Ménages dans un dortoir où les lits ne sont isolés que par un rideau. Tandis que les Petits-Ménages deviennent l’hôpital Corentin Celton, il y meurt d’une méningite car ses blessures l’ont terriblement affaibli. Sa veuve, Marthe, jusqu’alors femme au foyer doit travailler. Très habile couturière, elle assure les finitions des dentelles mécaniques envoyées par ses cousines de Caudry (Nord). En outre, elle confectionne des robes et des dessus de lit et offre à sa petite-fille un superbe trousseau pour sa poupée. Sa tarte à la crème dite lilibouli (en patois) est un régal offert aux voisins, au curé de Saint-Étienne et au père Legras, curé de Vanves, dont la sœur réside toujours rue de l’Abbé Grégoire.

La maison familiale

Elle est ancienne (ci-dessous). Sous la Restauration, elle fut louée l’été par les parents d’Adèle Foucher dont le soupirant venait à pied de Paris. Il s’appelait Victor Hugo et l’épousa peu après. La maison fut surélevée au cours du XIXe siècle et partagée en plusieurs appartements. De par sa position à mi-pente, elle dominait la place des Marronniers, qui servait de cadre à des bals populaires, aujourd'hui disparue et remplacée par des HLM en 1965. Dominique se rappelle avoir contemplé la Seine au loin au travers de l’oeil-de-bœuf du grenier. Ses grands-parents occupaient le deuxième étage, son grand-oncle le premier et sa grand-tante le rez-de-chaussée. Sa grand-mère, grâce à son travail, arrive à acheter l’appartement en 1955.

Maison familiale, après surélévation de deux étages, en 2001. Coll. privée.

Les parents

Roger, le père de Dominique, est écolier à l’école Anatole-France et fréquente le patronage de l’abbé Legras. Il fut reçu premier du département au Certificat d’Etudes, à la légitime fierté de ses parents. Sa santé l’empêche toutefois de suivre une carrière militaire mais il arrive néanmoins à faire l’Ecole des Officiers de Réserve. Engagé volontaire en 1940, il s’occupe de l’intendance et entre dans la Résistance. Sous couvert d’aller voir des cousins fermiers à Cambrai, il faisait l’aller-retour en vélo. Ce cycliste à l’aspect paisible ne suscitait pas la méfiance. En août 1944, il participe à la libération du ministère de l’Éducation Nationale rue de Grenelle en compagnie des FFI. Par la suite, il écrivit de nombreux rapports pour Michel Debré au ministère de la Défense. Bien que titulaire de nombreuses décorations, il répétait à sa fille : « Je n’ai fait que mon devoir, j’ai rempli ma mission au service de la France ». Pendant quarante ans, il fit partie du bureau isséen de la Légion d’Honneur et se voua à l’enseignement. Après avoir été à l’École normale d’Auteuil, il devint instituteur à son ancienne école Anatole France. Il réussit ensuite l’agrégation de mathématiques et enseigna dans les lycées parisiens Buffon, Condorcet et J.-B. Say. Parmi ses loisirs, il donnait des cours de violon et était peintre amateur. C’est ainsi qu’il exposa en compagnie d’artistes professionnels tels Jac Adam, Jansen et Mme Saphir au théâtre municipal (futur PACI) avenue Victor Cresson.

La mère de Dominique, Rolande-Anaïs Antommarchi-Robin était la fille d’un architecte. Sa mère avait quitté la Corse pour se marier à Rueil-Malmaison et s’y installer. Elle rencontre Roger sur un quai de gare et tous deux se marient dans la commune de la mariée. Ils habitent avec leur fille Dominique 5 rue Barbès, près du Fort d’Issy. Femme au foyer, elle a en réalité de nombreuses activités bénévoles auprès des malades et personnes âgées en accord avec le père Legras. En avril 1989 à Issy-les-Moulineaux, ils ont fêté leurs noces d’or célébrées par M. Maurice Karagossian qui avait été élève de Roger Leclercq-Moniez.

Dominique, la fille

Leur fille Dominique garde de très beaux souvenirs d’enfance. Elle jouait dans l’impasse Saint-Jean derrière la maison des grands-parents et dans le jardin (ci-dessous) ; elle faisait du patin à roulettes et de la trottinette autour de l’église Saint-Étienne et dévalait le grand escalier du parc Henri Barbusse en patins quand elle n’assistait pas aux séances de guignol le jeudi, jour sans école à l’époque. En compagnie de son père, elle est allée, avenue du général de Gaulle, dans la maison de Matisse et se souvient des fresques de l’artiste. 

Le jardin, vu de la maison. Coll. privée.
Toute petite, elle va à l’école maternelle Justin Oudin et évoque la fête de fin d’année avec les déguisements des élèves en marquis et marquises pour évoquer le château des Conti (actuel Musée). Sa scolarité se poursuit une année à Sainte-Clotilde et dans la chapelle rose. Elle allait au Conservatoire (théâtre municipal) faire de la danse au dernier étage et jouer avec les copines dans les caves. De 8 à 12 ans, elle fait partie des « jeannettes » au patronage. Ensuite, ce furent des études secondaires à Notre-Dame des Oiseaux à Meudon, des études à l’Institut Supérieur de Pédagogie (Paris 6e). 

Elle enseigne dans un établissement privé à Boulogne-Billancourt où les cours sont assurés de la maternelle à la troisième. Outre la pratique du modern jazz à l’association ALDEAJ, elle est membre du premier Conseil Économique et Social, suppléante puis titulaire du Conseil municipal de 2008 à 2014. À ce titre, elle fait partie d’un conseil de quartier, des conseils école-collège-lycée responsable de la Culture et de l’OMS (Office Municipal des Sports), ce qui lui permet de participer à la Corrida de Noël en décembre de chaque année. En outre elle participe à la Banque Alimentaire avec des parents d’élèves du lycée Ionesco et préside depuis huit ans l’association "Juste pour son sourire" qui s’occupe des enfants handicapés moteur (http://www.justepoursonsourire.fr). En janvier 2015, elle a reçu des mains d’André Santini, député-maire la médaille de la Jeunesse et des Sports (photo en haut). Il faut rajouter son bénévolat depuis un quart de siècle au festival Jazz in Marciac dans le Gers. 

Les enfants

Mariée à Issy-les-Moulineaux par M. Jean Laronde, elle a deux enfants : Astrid et Wilhelm qui ont étudié et ont pratiqué des loisirs dans la commune. Sa fille Astrid a été élève de la première classe préparatoire au concours d‘entrée des écoles supérieures d’Art aux Arcades (52/54 boulevard Gallieni, les arcades@ville-issy.fr).
Dominique Van der Waren est très attachée à l’église Saint-Étienne où se sont déroulées les cérémonies familiales tristes ou joyeuses comme le baptême de sa petite-fille Hannah. Elle garde un excellent souvenir de son quartier dont « l’esprit village n’a pas beaucoup changé car tout le monde se connaissait ». « C’est pourquoi je suis attachée à cette maison de mon enfance (ci-dessous), aux heureux souvenirs à Issy ! »

La maison de nos jours, 15 bis rue Auguste Gervais - ancienne place des Marronniers, ancienne rue du Château.
© P. Maestracci

En conclusion de son entretien, elle s’émerveille de l’évolution de la commune passée en trente ans d’« Issy les Moul à Issy l’audacieuse » !   P. Maestracci

13 octobre 2015

Issy - Les 120 ans de l'Hôtel de Ville

La façade de l'Hôtel de ville, un certain 8 mai 2013. © A. Bétry
Il y 120 ans, jour pour jour, le 13 octobre 1895, l'Hôtel de Ville d'Issy-les-Moulineaux était inauguré par le ministre Dupuy-Dutemps et par le maire Henri Mayer. Aujourd'hui, Historim emmenait ses membres le visiter avec, comme conférencière, notre Historimienne Pascale, toujours aussi brillante !

Un certain Nicolas Beaujon (1718-1786), spéculateur, l'un des plus riches financiers de l'époque (à gauche), achète deux fiefs à Issy, la Gentillesse et le Bois-Vert. Sur le premier, il se fait construire entre 1760 et 1773 une superbe demeure dessinée et aménagée par l'architecte Etienne-Louis Boullée (1728-1799), celui-là même qui un peu plus tard et toujours pour le même client aménagera l'hôtel d'Evreux, devenu l'actuel palais de l'Elysée.

Salon Elysée.


En 1837, la propriété isséenne est achetée par les Dames de Saint-Augustin qui y installent le couvent des Oiseaux, dont on retrouve des traces architecturales dans l'actuel Hôtel de Ville devenu propriété de la ville en 1892, pour la somme de 185000 francs or, et transformé par l'architecte Louis Bonnier. C'est ce bâtiment que nous avons eu la chance de visiter ce 13 octobre 2015 par une belle journée ensoleillée, avec une bonne quinzaine de nos membres.



Le hall d'entrée
avec son plafond tendu, ses fenêtres donnant sur le jardin et sa sculpture signée Christian Renonciat, celui-là même qui est l'auteur du Merle Moqueur au Fort, nous accueille chaleureusement. Premier arrêt au Salon Elysée, avec son lustre magnifique et son plafond en ciel nuageux (ci-dessus).





Un escalier aux murs en pierres d'époque (à gauche) conduisent à la magnifique salle multi-médias (ci-dessous), construite en dessous du cloître du couvent, dont on a conservé les arches. Une œuvre, toujours signée Christian Renonciat, la Marseillaise, illumine le mur du fond - une splendeur.




Salle multi-médias.

Pour nous rendre à la salle des mariages, il faut emprunter l'escalier d'honneur décoré d'une grande toile de Victor Prouvé (1858-1943), artiste de l'École de Nancy, les Âges de la Vie (ci-dessous).

Les Âges de la Vie, de Victor Prouvé.
Enfin nous atteignons la salle des mariages (ci-dessous), dont l'architecture est restée inchangée depuis le temps du Couvent des oiseaux. Au fond une magnifique sculpture de Camille Lefèvre (1853-1933), un artiste isséen. Il associe trois techniques : le bas-relief, le haut relief et le rond de bosse avec la Marianne. 

Salle des mariages.
Nous terminons notre visite par une petite promenade extérieure afin de découvrir la façade (en bas) et les deux frontons (ci-dessous) qui représentent les richesses d'Issy :  l'industrie (sous la forme d'un homme et d'une poulie, celle des moteurs de Dion Bouton), et l'agriculture (avec notamment les grappes de raisins).

L'industrie

L'agriculture.

L'Hôtel de ville, côté jardin, un certain 30 août 2015. © A. Bétry
P.S. Un grand merci à Pascale pour cette belle matinée. Et à Martine Vessière, maire-adjointe, responsable du protocole, qui nous a accompagnés. PCB.

7 octobre 2015

Impasse Nicolas Stenon

Qui sait où se trouve, à Issy-les-Moulineaux, le passage Nicolas Sténon, inventeur du canal du même nom ? Et qui était cette personne ?


Nioclas Stenon. Ph XDR
Nicolas Stenon (à droite) est né en 1638 à Copenhague et il est décédé en 1686 à Schwerin en Allemagne. C'est un médecin, un géologue et un ecclésiastique. Ses études l'ont conduit, dans un premier temps, aux Pays-Bas, en Belgique et en France où il s'est installé (à Paris). Il prononce, à Paris, un discours sur l'anatomie du cerveau qui corrige les erreurs commises par Descartes sur ce sujet.
Il séjourne ensuite à Montpellier, grande cité universitaire à l'époque, spécialisée en médecine. Il s'intéresse alors à la géologie et étudie à Florence et Pise où il posa les bases de la minéralogie et de la paléontologie en étudiant de près les fossiles qui étaient alors considérés comme des pierres. C'est en disséquant une tête de mouton que Sténon découvre le conduit d'évacuation de la salive produite par la glande parotide. Ce conduit, appelé canal, va du bord du muscle masticateur (situé près de la seconde molaire) et se termine dans la cavité buccale, c'est-à-dire la bouche. Il est dénommé « canal Sténon ».

En 1665, Nicola Sténon prononça un discours sur le cerveau dans une belle propriété qui se trouvait à l'emplacement de l'actuelle maison de retraite Repotel (photo ci-dessous). Au cours du temps, elle fut transformée en noviciat des Pères du Sacré Cœur de Picpus puis devint une maison de convalescence tenue par les sœurs de Saint Thomas et, enfin, la Maison suisse de Retraite. Sa dénomination actuelle est Maison de retraite Repotel.

Maison de retraite Repotel, 23 avenue Jean Jaurès (vue partielle). Ph.XDR

En1669, Nicolas Stenon se tourne vers la religion et se convertit au catholicisme et quitte donc l'église luthérienne. Il est ordonné prêtre en 1675, puis vicaire apostolique en Allemagne. Il est enterré à Florence. En 1988, il est béatifié par un pape bien connu des Isséens : Jean Paul II.

Géographiquement, le passage Sténon relie le parvis Corentin Celton à la rue Ernest Renan, juste après la station de métro quand on se dirige, à pied, vers la porte de Versailles. Ce passage longe une nouvelle aile très colorée de l’hôpital qui remplace l’ancien hospice Devillas. Le nom d’un anatomiste est donc judicieux pour une voie d’accès à un établissement hospitalier du quartier Centre Ville.  Paul Drezet


3 octobre 2015

Fort d'Issy : les équipements sportifs à l'honneur

Ce 3 octobre 2015, sous un beau soleil automnal, il y avait foule devant "les Casemates", aux 60-64 Promenade du Verger (ci-dessous), autour de M. le Maire André Santini, Bernard de Carrère, conseiller municipal délégué à l'Éducation et aux Sports, sans oublier M. Paul Subrini, conseiller départemental qui représentait Patrick Devedjian, président du Conseil départemental des Hauts-de-Seine.

Les Casemates, Isy-les-Moulineaux. © XDR
Simulateur de golf, salles de danse et de dojo, sont installés dans les casemates du fort construit entre 1840 et 1845 pour la défense de Paris (voir http://www.historim.fr/2011/03/le-fort-dissy.html).

Christian Renonciat devant son Merle. XDR


Une visite, quelques discours et le groupe partait découvrir le Merle Moqueur, en compagnie de son créateur, Christian Renonciat, un artiste isséen des Arches (ci-contre). "Il y a dans cette sculpture les traces de la Commune (une pyramide de boulets, et de nombreux autres boulets épars sur le sol, comme sur un champ de bataille), et au milieu d’eux, comme renaissant, le “merle moqueur” de la chanson du Temps des Cerises, s’ébrouant et chantant.”



Et soudain retentit dans cet endroit si particulier la voix d'Yves Montant… "Quand nous chanterons le temps des cerises/Sifflera bien mieux le merle moqueur !”

Enfin dernière inauguration - et pas des moindres - LA piscine Feng Shui Aquazena (ci-dessous), toujours Promenade du Verger. Tout en bois, verre et béton, avec ses trois bassins, ses deux saunas et son hammam, ses estrades en bois plantées de palmiers, son superbe aquarium et son solarium… sans oublier la salle de musculation, la salle de fitness et le terrain de squash. PCB.

Façade de la piscine Feng Shui. XDR

Pour revivre les sanglants combats de la Commune au Fort d'Issy : 11 articles classés sur ce site dans la rubrique Commune.