2 décembre 2024

Issy sous la Troisième République

L’auteur, E. Cortambert,  est « Bibliothécaire de la Section géographique de la Bibliothèque nationale. » Son livre correspond au programme officiel paru le 2 août 1880.
La carte figure dans le chapitre 2 consacré aux termes géographiques généraux tels que île, mer, océan, terre, etc.



Cette carte illustre le Cours complet de géographie pour lycées et collèges rédigé par E. Cortambert (Hachette, Paris, 1880).



Issy, au sud-ouest de la capitale, fait encore partie du département de la Seine créé à la Révolution française. Ce département dont les limites sur la carte sont un peu simplifiées comprend Paris et la proche banlieue, de Saint-Denis au nord à Sceaux au sud. Ces deux villes ont leur nom écrit en majuscules pour mettre en valeur les deux arrondissements hors Paris. Issy est l’une des 81 communes du département. Son terroitoire est limité au nord par une zone inconstructible devant les fortifications érigées dès 1840 sous Louis-Philippe. Il s’agit des bastions 58 à 72 encadrés par quatre portes dont le nom subsiste encore, telle la Porte d’Issy. La destruction des fortifications commence en 1919.
En 1880, Issy et les Moulineaux dont le nom n’est pas indiqué sur la carte ne sont pas encore réunis ; il faut attendre 1893.
Issy-les-Moulineaux change de département avec la loi de 1964 quand sont créés les départements de la Petite Couronne avec des indicatifs au-delà de 90 (après le Territoire de Belfort). La capitale seule correspond désormais au département de la Seine. Issy-les-Moulineaux devient l’une des 36 communes des Hauts-de-Seine, limitrophe des communes autrefois en Seine-et-Oise comme Meudon et Sèvres.
Pascale Maestracci

 

27 novembre 2024

Le comte Charles-Pierre de l'Espine, propriétaire du domaine des Conti - 2

Soulignons d’ores et déjà, pour l’intérêt que cela présente pour l’histoire d’Issy, qu’après la mort du comte, sa veuve continuera ses campagnes d’acquisition, les amplifiant même au point de devenir, ensemble avec son fils cadet Émile, le plus gros propriétaire terrien de la commune lorsqu’elle meurt le 9 janvier 1849. La majeure partie – et non la totalité loin s’en faut - de leurs propriétés sera vendue en 1856-57 à une banque se lançant dans la promotion immobilière, le Comptoir central de Crédit, appartenant à la famille Naud.

Terrains appartenant à la famille Naud. © XDR

Fort riche depuis le début du siècle, Charles-Pierre, se voit, la Restauration venue, décerner quelques marques de distinction qui l’honorent tout spécialement. Il est en tout premier lieu anobli dès 1815 (par lettres patentes du 3 mars) ; à cette occasion ses armes familiales sont reprises pour y ajouter deux quartiers figurant en premier quartier les armes de la famille de l'Espine du Comtat Venaissin dont il pensait être une branche détachée (avec l’assentiment probable de cette famille qui s’éteindra un siècle plus tard en 1913), ainsi qu’en dernier quartier celles de la famille de Lovat à laquelle il appartenait par sa mère. L’année suivante, en 1816, il reçoit la Légion d’Honneur, avec le grade de chevalier. Et en décembre 1817, il est nommé Secrétaire du roi à la conduite des ambassadeurs. C’est sans doute dans le cadre de ces dernières fonctions qu’il est décoré de l’ordre royal de l’Etoile polaire de Suède et même de l’ordre de Sa Majesté le Roi de Suède, ce roi étant alors l’ancien maréchal français Bernadotte, devenu Charles XIV Jean de Suède. 

En contractant de belles alliances matrimoniales, ses enfants (et surtout ses petits-enfants) viendront  avec bonheur accompagner et consacrer cette ascension sociale. Le 1er août 1803, sa fille ainée, née de son premier mariage, se marie ainsi avec Bernard-Louis-Théodore Berthier baron de Viviers - qui à son tour deviendra Secrétaire du roi à la conduite des ambassadeurs à la suite de son beau-père. Plus tard, son fils Charles, né de sa seconde union et nommé gentilhomme de la chambre du roi Charles X, épouse en 1827 doña Maria-Eulalia de Carjaval ; leur fille, Eulalie, épousera elle-même Charles-Ferdinand de Bourbon, comte de Busset (fils d’un Pair de France, Lieutenant Général des armées du Roi !). 

Auparavant son frère cadet, Émile, également gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, s’était marié le 17 janvier 1825 avec Suzanna-Maria Wils, fille d’un armateur hollandais, et la même année avait reçu le titre héréditaire de vicomte par lettres patentes du 24 décembre1825. 
Au début de 1827 le jeune vicomte est nommé maire d’Issy ; il le restera jusqu’en 1830, année qui voit la révolution de Juillet et les Trois Glorieuses chasser du trône le roi Charles X. Comme à l’époque il n’existe pas encore de bâtiment-mairie à proprement parler, les réunions du Conseil municipal se déroulent au domicile du maire, c’est-à-dire en l’occurrence à l’ancien château des Conti, jusqu’à la dernière année de son mandat où est enfin louée une « maison commune ». Son frère, le comte Charles, au même titre que les neuf autres plus gros contribuables de la commune, est convié aux délibérations portant sur les questions financières. Le budget, en excédent en 1827, apparaît difficile à équilibrer. Aux dépenses ordinaires ou déjà engagées comme l’achat et la réfection du presbytère et la gestion de l’instruction primaire, se sont en effet ajoutées de lourdes opérations de voirie. Sujets très discutés, le pavage et le réaménagement des rues engendrent des coûts sans précédent qui ne peuvent être compensés par les faibles mesures imaginées par la municipalité pour augmenter les recettes, à l’exemple de l’instauration d’un régime de location du lavoir, qui suscite évidemment parmi les Isséens.nes des réactions risquant de « compromettre la tranquillité publique » (délibération du 15 mai 1828) et pour ce motif ne sera finalement appliqué qu’aux blanchisseurs professionnels.

Paysage signé Michallon © XDR

Le fils du vicomte, devenu comte de l’Espine après la mort de son oncle, s’alliera à son tour à un grand nom de la noblesse française en épousant Hortense Tascher de la Pagerie. Leur fille, Hortense-Eugénie, fera de même en se mariant le 24 novembre 1887 au prince Louis de Croÿ. En 1930, elle fera donation au musée du Louvre de la collection de tableaux et dessins de son aïeul, dont l’intérêt et l’importance seront jugés suffisants pour justifier l’organisation d’une exposition présentée dans la foulée. 
Car l’homme d’affaires « redoutable » qu’est cet aïeul, Charles-Pierre de L’Espine, est aussi un amateur d’art avisé. La très belle collection qu’il a réunie comprend notamment des centaines de dessins et de tableaux de paysage dus à des élèves de Pierre-Henri de Valenciennes. 

Parmi ceux-ci, le réputé Achille-Etna Michallon (22 octobre 1796 – 24 septembre 1822), premier lauréat en 1817 du Prix de Rome de Paysage historique tout juste institué, occupe une place particulière du fait des rapports amicaux qu’il entretient avec ses fils, comme la correspondance qu’ils échangent en témoigne. Dans l’une de ses premières lettres, signée du 9 juillet 1817, le peintre les remercie de leur amitié et de leurs encouragements, particulièrement appréciés à un moment où le Prix de Rome ne lui a pas encore été attribué.

Œuvre de Michallon © XDR
Dans une autre, un an plus tard, il partage l’enchantement ressenti devant les montagnes italiennes et leurs paysages avec Charles qui, désirant peut-être s’essayer lui-même à la peinture, a fait le voyage d’Italie. Dans un troisième courrier, il lui confie ses projets de voyage en Italie du Sud … 

La chapelle © XDR
Laissant à ses descendants une belle fortune, évaluée à plus de 4 millions de francs de l’époque, 
Charles-Pierre de l’Espine meurt le 10 décembre 1821 à Paris, sans doute dans ses appartements du magnifique Hôtel de la Monnaie quai Conti où il logeait depuis sa prise de fonctions de Directeur de la Monnaie de Paris. Il est inhumé dans la concession qu’il avait acquise au cimetière du Père Lachaise, en train de devenir le cimetière prestigieux qu’il est encore aujourd’hui, et où il s’était fait construire une chapelle funéraire pour lui-même, ses parents et ses enfants (à gauche). 

Issu de la bonne bourgeoisie parisienne et francilienne, Charles-Pierre de l’Espine avait su saisir l’opportunité née de la Révolution de briser un « plafond de verre » en se faisant admettre au sein de la noblesse française, ce qui n’aurait pas été possible sous l’Ancien Régime. C’était aussi un homme de goût, qui sut entre autres conduire avec maestria la restauration d’un élément patrimonial de valeur comme la propriété des Conti à Issy et protéger de son mécénat les premiers pas d’un genre pictural, la peinture de paysage, qui allait devenir emblématique de l’art du XIXe siècle. Assurément une autre piste à étudier, à découvrir ! 
Florian Goutagneux

 Sources 

Pierre Miquel, Hugo touriste, éd. La Palatine, 1958

Musée du Louvre, Département des Arts graphiques / Cabinet des dessins / fonds des autographes, Don en 1930 de la Princesse Louis de Croÿ-Dulmen, née Eugénie Marie Caroline Amélie Henriette Hortense de L’Espine

Chiara Stefani, in Achille-Etna Michallon, catalogue d’exposition sous la dir. de Vincent Pomarède, exposition Pavillon de Flore, Musée du Louvre, 10 mars - 10 juin 1994, R.M.N., 1994 (ill.n° 6, p. 95)

A. Sérullaz, V. de Chillaz, Souvenirs de voyagesautographes et dessins français du XIXe siècle, catalogue de la 99e exposition du Cabinet des dessins, Musée du Louvre, 27 février-18 mai 1992, Paris, R.M.N, 1992

23 novembre 2024

Le comte Charles-Pierre de l'Espine, propriétaire du domaine des Conti - 1

 A la fin de la Révolution, le château et surtout le parc des Conti sont dans un triste état. Le dernier propriétaire, après avoir fait de mauvaises affaires, a notamment fait abattre tous les arbres pour pouvoir les vendre. Finalement, ses affaires ne s’arrangeant définitivement pas, il a dû se résoudre à se séparer de l’ensemble du domaine qui est acheté par Charles-Pierre (ou Pierre-Charles) de Lespine le 18 mars 1809.
L’acquéreur est le descendant d’une famille qui, sous Louis XIV, appartenait à la haute bourgeoisie parisienne. Un de ses aïeux, Nicolas Delépine (1642 – 1729) est un architecte, bourgeois de Paris, qui, possède des armoiries enregistrées à l'Armorial général de 1696 : de gueules à un chevron d'or accompagné de trois roses d'argent tigées et feuillées de sinople (ci-contre

Armoiries. © XDR
Selon les sources, Pierre-Jules (le père de Charles-Pierre), né à Paris le 2 mars 1707, aurait été « greffier du parquet à la 1chambre des requestes du Palais » ou / et contrôleur des Bâtiments du Roi – fonction prestigieuse, mais mal rétribuée en ces années où la dégringolade du budget, entraine des retards de paiement s’étendant sur plusieurs années. Son mariage, conforme aux usages endogamiques de son milieu, le voit épouser le 4 juillet 1746 une cousine, Geneviève-Jeanne de Lovat, fille d’un Conseiller correcteur en la Chambre des Comptes de Paris.
Leur fils, Charles-Pierre – qui nous intéresse ici -, naît le 1er février 1750 à Bougival. Parvenu à l’âge adulte, ses premières années apparaissent moins brillantes que n’aurait pu lui promettre son milieu familial. Pour autant c’est sans doute de celui-ci qu’il détient, et conservera longtemps, diverses créances - dont une sur le comte d’Artois qui témoigne de liens durables tissés avec la famille royale. Le 15 décembre 1783, il épouse Angélique-Geneviève Boscheron dont il a une fille également prénommée Angélique deux ans plus tard. Puis il s’éloigne de la capitale pour prendre la direction de l’atelier monétaire de Lille. C’est là un moment capital dans son existence, car la fabrication de la monnaie était sous l’Ancien Régime traditionnellement confiée à un nombre restreint de familles. Or Charles-Pierre n’en faisait pas partie (parmi ses ascendants ce sont principalement les architectes qui sont en plus grand nombre). C’est donc par suite d’une décision peu conventionnelle, ainsi qu’à la faveur d’opportunités particulièrement heureuses, qu’il a pu embrasser la profession. 
Il passe au travers de la tourmente de la Révolution. En 1792, alors que sa femme vient de mourir, il poursuit à Orléans une carrière de directeur d’atelier monétaire qui lui réussit. Il s’y installe pour un temps et, à la fin de l’année 1793, s’y remarie avec Félicité-Alexandrine Masson. Agée de 18 ans, celle-ci est la « fille encore mineure » d’un gros « marchand taillandier, intéressé dans les affaires du Roi [comme l’écrivent les chroniqueurs de l’époque] » au sein de la Ferme générale et de surcroît propriétaire depuis 1786 d’un vaste château dans les environs immédiats d’Orléans, le château du Rondon (qu’il revendra en 1804). C’est à Orléans encore que naissent les deux fils du couple : l’aîné, Charles, le 15 février 1797, et le cadet, Émile, le 22 mai 1799. 

Monnaie de Paris. © XDR

Pourtant dès 1796 (soit un an environ après l’instauration du Directoire) on retrouve Charles-Pierre directeur de la Monnaie de Paris (ci-dessus). Le poste est au cœur de diverses réformes de la Révolution qui affectent très concrètement la fabrication de la monnaie, non pas tant dans les processus techniques que dans les produits eux-mêmes : les pièces sont désormais déclinées selon le système décimal (conformément au décret du 24 août 1793) et la dénomination de « franc » est réintroduite par la loi du 28 thermidor an III (15 août 1795). Pour sa part, le nouveau directeur adopte comme marque de fabrique, pour signer toutes les pièces frappées sous son administration, un poinçon représentant un coq (avec la lettre « A » pour « atelier de Paris »). 
Ses nouvelles fonctions lui donnent-elles des entrées dans le monde de la finance et de la banque ? Force est de constater en effet que, comme le rapporte Joseph Naud, il « participa à l’établissement de la Caisse hypothécaire, à l’administration de la Caisse d’escompte, … [et] … avait des intérêts dans la Compagnie royale d’assurances, la Compagnie française du Phénix, etc.». Il est également très actif sur le marché de l’immobilier et du foncier où il multiplie avec succès les transactions, achetant et revendant des biens à Paris et dans ses environs, ainsi qu’en Normandie et dans le Berry. 
Il opère de même à Issy où, à partir de 1818, lui-même et sa famille se constituent progressivement un patrimoine considérable, par achats successifs sur toute l’étendue du territoire communal jusque sur l’Île Saint-Germain. Il peut, par ce biais, agrandir l’ancien domaine des princes de Bourbon-Conti (ci-dessous) de quelques parcelles attenantes et porter sa superficie de 16 à 18 hectares. 


Le domaine des princes de Conti. © XDR

Il lui rend en outre son plus bel aspect en replantant le parc, retraçant les allées etc. Le château lui-même est remis en état et agrémenté de quelques dépendances nouvelles : une orangerie qui, depuis la rue de plus en plus fréquentée, « masque[uant son] le vaste château » comme le remarque Pierre Miquel tandis qu’à l’arrière, un peu plus haut au sud, les communs sont allongés et élargis.
Florian Goutagneux. 
A suivre le 27 novembre, 18 h.


 Sources

CE.-A., Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, Evreux, imprimerie Ch. Herissey, 1918, tome 16e, p. 215 et 216

Joseph Naud, Le château d’Issy et ses hôtes, Paris, librairie ancienne Honoré Champion, 1926, pp. 406 – 411

 Issy-les-Moulineaux, cadastre numérisé, 1807-1808, Archives départementales des Hauts-de-Seine

Nicolas Chabrol, Une esquisse de Michallon […] au Louvre, in La revue du Louvre et des musées de France, 1989, 5/6, pp. 350 à 352

17 novembre 2024

Sur les pas de la reine Margot


Ce samedi 16 novembre, jour de la sainte Marguerite, nos Historimiens avaient rendez-vous aves
Florian sur les pas de la reine Margot. Ce circuit avait pour objet de signaler l’importance qu’a pu avoir la Reine Marguerite de Valois dans la vie d’Issy à son époque, le début du XVIIe siècle - comme elle l’a encore de nos jours ainsi qu’en témoigne la fameuse « Servitude de la Reine Margot » stipulant « qu’il ne soit rien élevé arbres et bâtiments au-dessus de dix pieds » sur la propriété qui s’étend de l’autre côté de l’ancienne Grand’rue (actuelle rue du Général-Leclerc). Il y a quelques années, à l’occasion de la construction de la résidence Les Hespérides en 1998, cette servitude a en effet été rappelée fort à propos par la Compagnie de Saint-Sulpice qui en était devenue titulaire... 

Dans le parc du Domaine de la Reine Margot (hôtel 5 étoiles) © M. Julien. 


En route vers le Musée. © M. Julien
Le parcours nous a permis de littéralement mettre nos pas dans ceux de la Reine puisqu’il a emprunté une des plus anciennes rues d’Issy : la rue Minard (autrefois rue de la Glaisière) qui conduisait de l’antique « voie des hautes eaux » à la place de l’église Saint-Etienne, au cœur du vieil Issy.

Au cours des trois étapes principales qui jalonnaient la visite : le Séminaire de Saint-Sulpice ; le Domaine Reine Margot et le Musée Français de la Carte à Jouer. Sont ainsi soulignés les liens étroits qu’avait entretenus avec notre commune ce personnage hors du commun dont la conférence donnée par Didier Le Fur lors des dernières Journées du Patrimoine nous a appris à mieux connaitre la personnalité, plus riche et complexe qu’on ne le croit habituellement.

Florian à l'intérieur du Séminaire. © M. Julien

Samedi le propos, centré sur notre ville, s’est tout d’abord arrêté sur les circonstances de la venue à Issy de cette grande princesse de la Renaissance, en s’étendant sur l’acquisition qu’elle avait faite auprès de la famille Vaudétard de deux vastes propriétés appartenant l’une, l’actuel Séminaire, à Jean, « Orfèvre du Roi, Bourgeois de Paris », et l’autre, la future propriété des Conti, à son père, François.

Sur chaque site, pour satisfaire la curiosité de chacun, les bâtiments et leurs extensions, les jardins et leurs aménagements ont été décrits jusque dans leurs détails les plus significatifs, en se prêtant parfois au jeu de la lecture des documents d’époque, toujours pittoresques.
Ainsi a été rendu plus concret le cadre dans lequel s’est déroulée la vie isséenne de la Reine Margot. Les épisodes les plus connus en ont tout particulièrement été rappelés, notamment les visites que lui rendaient les membres de la famille royale : Henri IV 
et le futur Louis XIII, pour ne citer que les plus illustres.

Il convient pour conclure de remercier les responsables des trois établissements qui nous ont accueillis, sans lesquels évidemment ce parcours n’aurait revêtu qu’un intérêt incontestablement bien moindre. Florian Goutagneux.


Mosaïques de Patrick Laforge. © D. Hussenot


Et pour terminer cet après-midi, un arrêt au marché de l'Art isséen, qui se tient au Musée, pour découvrir les mosaïques de notre Historimien Patrick Laforge.

8 novembre 2024

Issy l'industrielle… à partir de 1825

La ville d’Issy-les-Moulineaux a connu de spectaculaires mutations économiques. Pendant des siècles, l’agriculture s’est développée dans la plaine ainsi que sur les hauteurs avec deux villages, le premier autour de l’église Saint-Étienne et le second près de la Ferme des Chartreux. La ville commence à s’industrialiser dès 1825 avec l’entreprise Gévelot

Haut de la porte d'entrée de l'usine Gévelot


D’autres industries se sont progressivement développées grâce à la proximité de Paris et de la Seine, aux lignes ferroviaires, aux carrières etc. Les bâtiments ont été construits sur des terrains agricoles disponibles. Depuis plusieurs décennies, l’activité économique s’est tertiarisée avec des grandes entreprises dont plusieurs d’envergure mondiale. Certains bâtiments industriels ont été démolis ou reconvertis pour accroître le nombre de bureaux.

Descriptif des fabrications Gévelot

Des noms de rues évoquent l’agro-alimentaire comme le chemin du Moulin, l’allée de la Brasserie ou la rue de la Biscuiterie (Guilloux qui se trouvait dans l’actuel Cœur de Ville).

L’industrie a son passage de l’Industrie, la place Gévelot (près de l’usine disparue). L’esplanade de la Manufacture occupe la cour de l’ancienne Manufacture des Tabacs de 1904 au 17 rue Renan. Après la fermeture de l’entreprise, les bâtiments ont été réhabilités en logements, bureaux et commerces. 
Il y a de nombreuses références aux avionneurs dont les usines entouraient le champ de manœuvres comme le boulevard des Frères Voisin (partagé avec Paris), la rue Gaston et René Caudron ou la rue Édouard Nieuport.

Pour le moment, aucun nom ne concerne les entreprises du secteur tertiaire implantées dans la commune mais à l’avenir, rien d’impossible…


Vue extérieure et entrée de l'usine Gévelot
Texte : P. Maestracci
photos: A.Bétry - archives Atlante


3 novembre 2024

Campus Tony Parker

Appelée au début Académie du basket, avec la bénédiction d’André Santini notre maire, le quadruple champion NBA de San Antonio annonce l’ouverture en janvier 2025 d’un campus sportif, dénommé : « CampusTony Parker ».

 © XDR
Ce centre de formation qualifiante dédiée au management par le sport trouvera racine à la Cité des Sports de notre cité.

Ouvert aux formations en management basées sur les valeurs du sport et destiné aux salariés des entreprises du Grand Paris, des cursus pour des élèves post-bac pourront par la suite être envisagés, la création d’une école pouvant même entrer dans le cadre. Les acteurs du projet visent l’objectif de former entre 1 500 et 4 000 collaborateurs puis 350 à 500 étudiants d'ici 2027.

Le président des Intermarchés de notre ville, Thierry Cotillard adhérent à cette idée, se projette dans cette nouvelle aventure. 

Bon vent au nouveau parachuté Tony Parker !

A. Bétry

31 octobre 2024

Deux rues isséennes dédiées à des personnalités du XIXe siècle

Et si le temps le permet, pourquoi ne pas partir à la découverte de ces deux rues isséennes.

Venant de découvrir notre site, un ancien habitant d'Issy, Georges Camus, nous a contacté pour nous raconter quelques moments de sa vie passée dans notre cité ainsi que l'histoire de deux noms de rues.

" J'ai travaillé aux Ateliers Mécanographiques d'Issy (A.M.I.) à l'angle de la rue Henri Mayer et du boulevard Gambetta. Je vis aujourd'hui en Lorraine. Je souhaite évoquer deux personnages qui ont une rue à Issy-les-Moulineaux."

Tout d'abord  la rue du sergent Blandan, dans le quartier des Varennes. Elle donne sur la rue Henri Mayer ! A Nancy nous avons également une rue Sergent Blandan. Nous avons même une statue (ci-dessous). Jean Pierre Hippolyte Blandan, connu à la postérité sous le nom de Sergent Blandan, est un militaire français né à Lyon le 9 février 1819 et mort au champ d'honneur le 12 avril 1842 à Boufarik (Algérie). Affecté dans l'Armée d'Afrique, à l'époque des opérations militaires de la conquête de l'Algérie. Il est nommé caporal le 6 août 1839, puis sergent le 1er février 1842. 

Sergent Blandan à Nancy
Le 11 avril 1842, alors qu'il conduit un détachement d'une vingtaine d'hommes, 
sa troupe est attaquée par un groupe de trois cents cavaliers arabes. Refusant de déposer les armes devant cet ennemi supérieur en nombre et bien 
que grièvement blessé,  il exhorte ses soldats à résister, s'écriant : 
« Courage, mes amis ! Défendez-vous jusqu'à la mort ! »
Seuls cinq fusiliers survivent. Le sergent Blandan meurt de ses blessures à l'hôpital de Boufarik le 12 avril 1842, à l'âge de 23 ans

Une autre rue dans le quartier des Hauts d'Issy, 
la rue Alphonse Baudin, me tient à cœur
Je suis né dans cette rue, au n° 4. A l'époque, une sage-femme officiait à domicile, 

Alphonse Baudin, célèbre médecin et homme politique, est né à Nantua en 1811. Représentant du peuple à l'assemblée de 1849, il fut tué à Paris sur une barricade le 3 décembre 1851. 
Des ouvriers se moquèrent de lui et de ces représentants du peuple en disant : « Croyez-vous que nous allons nous faire tuer pour vous conserver vos vingt-cinq francs par jour ! » Baudin, un drapeau à la main, monté sur la barricade les regarda fixement et leur dit : « Vous allez voir comment on meurt pour vingt-cinq francs ! »


19 octobre 2024

Ehpad 5 : Gérard (74 ans) et Georges (99 ans), maraîchers


Voici les vacances de la Toussaint et nous terminons notre série de témoignages de l'Ehpad Lasserre par ceux de Gérard (74 ans) et de Georges (99 ans).

Gérard parle de ses grands-parents qui « habitaient au 21 rue Hoche dans un pavillon... Mes grands-parents et mes arrière-grands-parents exerçaient comme profession, maraîchers. Derrière le pavillon qui existe toujours, il y avait un grand jardin qui permettait de cultiver des légumes, des fruits. Alors, toute cette production était, soit vendue au détail à des marchands de proximité, du genre petits épiciers qui vendaient quelques salades, quelques tomates, quelques fraises, un peu de cerises. Sinon, les grosses quantités étaient transportées dès le matin de bonne heure aux Halles à Paris, en calèche tirée par un cheval. L’entrée était gratuite, ils pouvaient y aller autant de fois qu’ils le voulaient. C’était vendu à des grossistes qui, après, revendaient à de petits commerçants...

Les jardins maraîchers sous l'eau en 1910. 

Les jardins maraîchers commençaient au terrain d’aviation où atterrissaient les hélicoptères. L’Héliport, c’était aussi des maraîchers. Une partie des terrains appartenait à mes grands-parents et mes arrière-grands-parents. Ça remontait vers l’église Saint-Etienne jusqu’à l’Hôpital Suisse. Il y avait une telle rotation qu’il y avait un petit funiculaire avec un rail qui remontait pratiquement de la Mairie à l’Hôpital Suisse. Tout ça remontait le matériel dont ils avaient besoin pour travailler (terreau, terre). C’étaient des maraîchers qui cultivaient comme les grands-parents… et qui s’entraidaient mutuellement. Un jour, ils allaient travailler chez l’un, un jour chez l’autre, les jours où il y avait un coup de bourre. Il y avait la Ferme aux Moulineaux avec ses élevages de veaux, moutons et vaches. Je me souviens que mes grands-parents allaient souvent chercher du lait pour avoir du lait frais. Il y avait des quantités de vignes, à cheval un petit peu sur une butte en plein soleil. Ça s’appelait Le Chemin des Vignes qui existe toujours.»


Georges évoque également ce quartier. 

« Il y avait encore des maraîchers vers le Bas-Meudon. Ça a disparu entre 1930 et la déclaration de la guerre en 1939. Hitler a pris le pouvoir en 1933. »
La maison des grands-parents de Gérard existe encore au 21 rue Hoche. Sa façade en briques claires donne directement sur la rue et l’on peut imaginer le jardin derrière.
 
Ces souvenirs d’Isséens que vous avez découverts au fil de ces semaines, ont été recueillis grâce à l’initiative de David Jacob, responsable de l’animation de l’EHPAD Lasserre et à l’historimienne Françoise qui les a retranscrits. Un grand merci à tous deux ainsi qu’aux deux témoins, Gérard et Georges qui nous font mieux connaître le passé de leur ville.

Texte : P. Maestracci