14 juillet 2025

Cathy Martin-Nezondet, créatrice isséenne, autoentrepreneur

Cathy dans son stand du Marché des Créateurs
qui s’est tenu les 24 et 25 mai 2025 avenue de la République.
 

Cathy Martin-Nezondet, a créé son autoentreprise car elle est passionnée par « la couture utile et pratique pour toute la famille. »


Après une carrière d’ingénieur à l’étranger au Canada et en Belgique, elle s’installe avec sa famille dans le quartier des Épinettes. Elle est pendant cinq ans la présidente de la halte-garderie du même nom et est à l’initiative d’Aquabulle qui l’a remplacée.


Ce qui a déclenché son activité créatrice, est le fait qu’elle n’a pas trouvé dans le commerce un protège-parapluie pour sa fille qui va au collège de la Paix. Ainsi, elle s’est lancée dans son entreprise car pour elle c'est une évidence. Elle affirme : « j’ai toujours créé pour moi et mes proches. » Peu de temps après, elle invente pour son père une bouillotte cervicale en tissu contenant des grains de riz et que l’on réchauffe au micro-ondes. Cela peut soulager le cou mais également une épaule qui fait souffrir.

Son entreprise dont le nom est Paris-Bisca offre toute une série de produits originaux ; certains sont réalisés à la demande de sa clientèle comme un étui à lunettes en tissu que l’on peut fermer grâce à un bouton-pression.

Les produits sont écoulés lors des marchés des Créateurs comme ceux d’Issy-les-Moulineaux, des ventes caritatives ou privées.

Quelques exemples parmi d’autres : une trousse de toilette en tissu léger aux dimensions adaptées à une valise-cabine ou la serviette de bain 2 en 1 pour les enfants de 0 à 4 ans. Hors du commun, le jeu Memory avec des petits carrés de tissus recyclés avec un tissu uni d’un côté et un tissu avec des dessins de l’autre. Il faut retourner brièvement quelques carrés afin de mémoriser leur emplacement.

Outre cette activité et ses actions bénévoles, Cathy anime des ateliers créatifs pour des enfants de l’École alsacienne.  
Pour entrer en contact avec elle : Compte Instagram@parisbisca.
ACIA  (Association des Créateurs d’Issy et d’Ailleurs), ACIA@marchédescréateurs.issy.com
Le cadre derrière elle propose des protège-parapluie à l’origine de son activité marchande. 
Texte et photographie :
P. Maestracci

 

7 juillet 2025

Café de la Poste d'Issy-les-Moulineaux

 L’histoire du café de la Poste d'Issy-les-Moulineaux, à partir de documents que nous avons collectés, remonte à trois générations et, à partir de documents d’époque, nous allons essayer de vous conter les moments majeurs de cet établissement aujourd’hui disparu.



" Le six mai 1949, a comparu Monsieur André Marcel Fontanié (né le 12 juin 1902) débitant, demeurant à Issy-les-Moulineaux 116 boulevard Gallieni, époux de Madame Louise Madeleine Pelletier…

Madame Marguerite Vergnol…, veuve de Monsieur Marin vend à Monsieur et Madame Fontanié-Pelletier un immeuble sis à Issy-les-Moulineaux 116 boulevard Gallieni comprenant : une salle de bar avec comptoir, une salle de café, une cuisine ; au sous-sol, une salle de billard, water-closet et cabine téléphonique, cave.

Au premier étage : deux chambres personnelles, deux chambres d’hôtel, cabinets séparés par un couloir. La dite vente consentie aux conditions ordinaires et d’usage, et moyennant le prix principal de un million de francs, payables comptant le jour de la signature de l’acte authentique, en l’étude du notaire soussigné, sur lequel Monsieur Fontanié comparant a versé à la venderesse dès le sept avril mil neuf cent quarante neuf une somme de cinquante mille francs."


Le commerce était déjà tenu précédemment par les grands parents Fontanié : le grand père François Joseph Charles Fontanié, né le 19 janvier 1853 et marié à Marie Rocagel.

 

Entre les deux générations une fille, Huguette Fontanié épouse un Monsieur Grolleau Marcelin Daniel, limonadier né le  19 mai 1928. Ils ont un fils, Daniel Groleau né le 23 novembre 1960 et la famille réside à son tour 116 boulevard Gallieni au café de la Poste.


















Café de la Poste en 1957


Extrait du registre des arrêtés du maire
Arrêté portant concession sur la voie publique pour l’installation d’une terrasse, d’un étalage.
 
Article Ier
Monsieur Fontanié domicilié à Issy-les-Moulineaux 116 bd Gallieni, est autorisé à aménager une terrasse – un étalage sur le trottoir devant la devanture de sa boutique de café sise à Issy-les-Moulineaux, boulevard Gallieni, angle avenue Victor Cresson.
Article II
En conséquence, il est concédé à Monsieur Fontanié un emplacement dépendant du domaine public et défini comme suit, pour lui permettre de mettre en place des installations volantes qui devront répondre aux impératifs de l’arrêté municipal du 19 décembre 1959 susvisé.


116 avenue Gallieni ; café tabac de la Poste sous la gérance de la famille Fontanié
Tabac de la poste devenu une pharmacie après la famille Fontanié - juin 2025

A.Bétry



1 juillet 2025

Fluide Glacial, naissance de l’humour débridé

Marcel Gotlib, de son vrai nom Marcel Mordekhaï Gottlieb, est une figure majeure de la bande dessinée française. Né le 14 juillet 1934 à Paris et décédé le 4 décembre 2016, il a profondément marqué l’histoire du 9e art par son humour décapant, son style inimitable et sa capacité à briser les codes traditionnels de la BD franco-belge.
En 1972, un ami de Gotlib, Mandryka lui propose de fonder leur propre journal après un refus de Goscinny, directeur de Pilote. Avec Claire Bretécher, L’Echo des Savanes paraît trimestriellement jusqu’au numéro 11, quand Gotlib pour des problèmes de gestion décide de montrer son propre journal.






Avril 1975, rue Claude-Matrat, dans un petit appartement naît Fluide Glacial, un magazine de bande dessinée humoristique qui deviendra culte. Gotlib, accompagné d’Alexis, Claudie Mérovée et de Jacques Diament lance leur premier mensuel en  noir et blanc. Leur ambition ? Créer un espace de totale liberté pour les auteurs, loin des contraintes éditoriales traditionnelles. 



Cinq numéros seront créés à cette adresse.
Le choix du nom, Fluide Glacial sonne comme une provocation. Il se distingue dès son premier numéro par son ton décalé, absurde, souvent irrévérencieux. Le magazine accueille rapidement des plumes et des crayons de renom comme GoossensEdikaFranquin ou Claire Bretécher. Gotlib y signe ses fameuses séries délirantes, comme le "Professeur Burp" ou les parodies des récits classiques..
Cinquante ans plus tard, le magazine continue de paraître chaque mois, fidèle à son esprit satirique et anticonformiste. Et tout a commencé ici, à Issy-les-Moulineaux, avec une poignée de passionnés bien décidés à faire rire… différemment.
Michel Julien
















26 juin 2025

Issy-les-Moulineaux, quartier Corentin Celton - Les Varennes

Ce quartier tient son nom de Corentin Celton, fusillé pour fait de résistance et d’un lieu-dit. Il est limitrophe de Paris XVe, de Vanves et du quatier Centre Ville.
La visite commence rue Claude Matrat, ensemble résidentiel des années 30 où vécut le général Glavany jusqu’en 2017.
La rue Renan suit le tracé de l’ancienne voie romaine Paris-Dreux, dans le prolongement de la rue de Vaugirard. Plusieurs immeubles au début de la rue datent de la Belle Époque ou des années 1920/30 lors de la démolition des fortifications de Paris. Plus loin, un passage couvert donne accès au parc et à l’école des Varennes qui ont remplacé une imprimerie qui datait du XIXe siècle, et qui fonctionna jusque dans les années 1960/70. Autre usine, la Manufacture des Tabacs a cessé son activité en 1978 mais ses bâtiments ont été conservés et réhabilités.

Arrêt devant le périphérique et la tour parisienne Triangle
de 180 mètres de hauteur en construction.


Rue Séverine, l’actuelle église Saint-Benoît se trouve sur un cimetière mérovingien sur lequel se sont succédés des établissements religieux au cours des siècles. De l’autre côté de la rue, des logements ont remplacé une ancienne partie de l’hôpital.
L’ancien jardin de celui-ci a été ouvert au public et se trouve entre la chapelle Saint-Sauveur et l’ancienne entrée de l’hôpital rue Guynemer.
Dans la rue Guynemer, ont été construites des usines d’aviation puis les bureaux de SEV Marchal et Thomson CSF ; il s’agit depuis quelques années de ceux de la Poste et de Nestlé.
La visite continue vers l’hôpital Corentin Celton (ex-Petits-Ménages) complètement rénové avec son parvis éponyme et la place Paul Vaillant-Couturier.
Rue Renan, la tour Eiffel de 1892 est au numéro 42.
Rue du Général Leclerc, le bâtiment municipal Savary, ex-école communale, abrite des bureaux et des salles.
La visite s’achève place de la Fontaine où passait le ru (ruisseau) de Vanves.
 
Merci aux Historimiens qui ont enrichi la visite de leurs judicieuses remarques : Brigitte, Françoise, Rania, Michel et Pierre etc. ainsi que Norbert pour son texte sur Thomson CSF. 
P. Maestracci - photo M. Julien

20 juin 2025

Atterrissage sur 55 mètres à 55 km/h

Les avions qui se sont posés sur le terrain sont extrêmement rares. Nous savons que le dernier qui a atterri et redécollé du terrain d’Issy est le Breguet 941 qui avait fait l’objet d’un article (http://www.historim.fr/search?q=941). Or, il s’avère que s’il fut bien le dernier, un prédécesseur fit parler de lui en 1956.

Le Prestwick-Pionneer atterrissant en 55 m sur terrain balisé. © DR

Le 6 février 1956, dans l’après-midi, par un temps bien britannique, à savoir pluie et brume mais sans vent, devant une centaine de personnes et parmi elles beaucoup de personnalités, le pilote anglais fit plusieurs vols afin de démontrer la maniabilité et l’aisance de son appareil. Il s’agissait d’un monomoteur pour quatre personnes de 560 ch, le Prestwick-Pioneer qui atterrit en 55 mètres à 55 km/h et décolle en 73 mètres. Le terrain d’Issy était favorable à cet exploit.

 Terrain en 1957. En jaune, les bâtiments de Fenwick Aviation. © DR




En quel honneur cet appareil venait-il faire sa démonstration ? Celle-ci était due à l’initiative du directeur du département Aviation de la société Fenwick qui gérait, pour ledit terrain, une flotte d’hélicoptères Bell. Mais pourquoi un avion alors qu’elle était spécialisée en voilures tournantes. Venant de prendre la représentation de Scottish Aviation qui fabrique le Prestwick, elle avait trouvé, avec cet appareil, des similitudes aux hélicoptères, à savoir nul besoin d’une grosse infrastructure pour faire évoluer ceux-ci. Idéal pour des terrains sommaires ou bien des aérodromes mal équipés. Il était conçu pour les contrées lointaines et on le retrouvait en Malaisie. Il entrait dans la catégorie des STOL, en français, ADAC (avion à décollage et atterrissage court).

Quelques caractéristiques. 
Longueur : 10,5 m – hauteur : 3,5 m – envergure : 15,17 m – surface alaire : 36,2 m2 – réservoir : 291 l – vitesse maxi : 261 km/h – poids à vide : 1 900 kg – poids maxi au décollage : 2 630 kg – rayon d’action maxi : 676 km.
Nous n’en serons pas en reste, car la même année la France mettra en service, pour l’armée de Terre, le MH-1521 Broussard mais avec un moteur un peu moins puissant.

 

Sources : Tintin n° 385 du 8 mars 1956
                 Les Ailes
 n° 1567 du 11 février 1956

 Michel Julien

  

13 juin 2025

Léon Blum 1872-1950

Le quartier Léon Blum de notre ville est destiné à une exceptionnelle transformation, mais au fait qui était ce personnage ?

Léon Blum, homme d’état avait un frère cadet, René mort en septembre 1942 à Auschwitz. Journaliste il eut une carrière littéraire et théâtrale. En 1940, il se replie à Hendaye ; pour lui comme pour son frère, quitter la France paraît une désertion. 

Au lieu de rejoindre New York où se produit sa troupe, il rejoint Paris, est arrêté le 12 décembre 1941 lors des premières rafles antijuivesS’ensuit une liste d’étapes en France : Compiègne, Pithiviers et Drancy pour s’achever à Birkenau où sa vie prend fin.

La même année 1940, son frère Léon, homme politique, est arrêté et emprisonné sur ordre de Vichy, livré aux nazis par Pierre Laval puis déporté à Buchenwald en avril 1943. Ayant survécu aux camps, Léon Blum revient en France à la libération en 1945.
 





Pour l’Histoire, Léon Blum semble avoir laissé une trace indélébile.

René Coty qui deviendra plus tard président de la République, déclara : « Moi qui fus le plus souvent du camp opposé, je l’ai profondément admiré, lui qui fut toute confiance, toute conscience, toute noblesse… »
« Dès qu’il est apparu à la tribune, nous avons tout de suite reconnu en lui le successeur de Jaurès… »

Mais cet homme soit-disant successeur de Jaurès, qui est-il
 ? 
En 1895, il commence une carrière de 25 ans au Conseil d’Etat. En 1902, il adhère au Parti socialiste français de Jean Jaurès et participe à partir de 1904 à la création de 
« l’Humanité ». Auprès de Marcel Sembat, ministre socialiste des travaux publics, il est son chef de cabinet de 1914 à 1917.
Léon Blum, devient un dirigeant de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) lors du congrès d’Issy-les-Moulineaux en 1969. A partir de cette date, il devient le Parti socialiste avec l’Union des clubs pour le renouveau de la gauche.
Des accords électoraux avec les communistes et la SFIO permettent le succès du Front Populaire en 1936. Grèves puis négociations et grève générale s’amorcent. Léon Blum est en première ligne. Cette situation alarmante amène à de grandes avancées sociales, telles que : les congés payés, la semaine de 40 heures, les conventions collectives. Léon Blum est alors victime de violents attaques antisémites.

De violentes procédures judiciaires se mettent en place et en 1942 se déroule un procès (mise en accusation du régime de Vichy). Ce célèbre procès de Riom permet au régime de vichy d’organiser des arrestations comme des assassinats. C’est ainsi que notre Léon Blum est arrêté et livré à l’occupant nazi. Pour Georges Mandel, la vie s’arrête assassiné en forêt de Fontainebleau. 
A sa libération, Léon Blum en 1946-1947, reste le directeur politique du « Populaire » jusqu’à l’arrivée de la IVe République.
 
Citations de Léon Blum : 
« Toute société qui prétend assurer aux hommes la liberté, doit commencer par leur garantir l’existence. »
« Toute classe dirigeante qui ne peut maintenir sa cohésion qu’à condition de ne pas agir, qui ne peut durer qu’à condition de ne pas changer, est condamnée à disparaître. » 
« J’ai souvent pensé que la moralité consiste essentiellement en le courage de faire un choix »
« L’homme libre est celui qui n’a pas peur d’aller jusqu’au bout de sa pensée. »
A. Bétry

10 juin 2025

Macerata, Issy-les-Moulineaux, destins croisés

Distantes de 1300 km et jumelées depuis 1982, les deux villes d’Issy et de Macerata semblent s’être accomplies en résonnance l’une de l’autre. Elles ont été exposées aux mêmes soubresauts de l’Histoire, bien qu’à des époques ou de façon parfois un peu différentes … ce qui ne fait qu’accroître l’attrait de la comparaison.

Même origine romaine par exemple, mais non simultanée. L’Helvia Recina latine, l’ancêtre de Macerata, aurait été créée un ou deux siècles avant Jésus-Christ. Ce qui allait devenir Issy l’a été après la conquête de César, donc un peu plus tard. Pour les deux, la date précise semble s’être perdue. Et l’une et l’autre gardent la trace de leur passé romain : dans la pierre pour Macerata où subsistent quelques ruines, dans son plan pour Issy dont l’axe principal suit le tracé d’une importante voie romaine.

         Les restes romains d’Helvia Recina, future Macerata. 
A partir du Ve siècle et de la chute de l’empire, les deux tombent aux mains de barbares migrants, Francs ici, Goths là-bas. La mémoire des siècles suivants s’est largement effacée, mais on peut supposer que l’une et l’autre cités se sont resserrées autour de quelque forteresse protectrice en leur centre, peut-être entourées d’enceintes à certaines époques. Une différence, toutefois : Issy n’était qu’à un jet de pierre de ce qui deviendra bientôt Paris et le siège du pouvoir royal, alors que Macerata ne se situe dans le voisinage d’aucune agglomération comparable qui puisse la prendre sous son aile. On sait ainsi qu’Issy dépendait en partie de la puissante et riche abbaye de Saint-Germain-des-Prés à laquelle elle restait liée par cette décidément inusable voie romaine. On ignore ce qu’il en était pour Macerata.

Les choses deviennent plus claires après l’an mil. Les écarts aussi. Le royaume des Francs s’affirme. Issy y gravite dans l’orbite de seigneurs laïques ou religieux vassaux d’un roi. L’Italie émiettée voit au contraire émerger les communes dites « libres » : chacune se taille son pré carré autonome. Une victoire remportée sur une cité rivale permet à Macerata de s’en octroyer le droit en 1134. Elle le conservera pratiquement jusqu’à l’unification italienne, en tout cas nominalement.

Le XIIIe siècle est celui des Universités. L’Eglise perd le monopole de l’enseignement qu’on dirait aujourd’hui « supérieur », ce qui révolutionne le monde de la pensée. L’Université de Paris, dont les statuts sont approuvés en 1213, est la première au monde à en porter le nom. Son rayonnement s’étend à l’Issy toute proche (et dont les écoles supérieures actuelles sont, somme toute, un lointain héritage). Isolée, la commune autonome de Macerata doit en revanche créer la sienne. C’est chose faite en 1290. Plus de sept siècles après, elle reste l’une des plus grandes d’Italie, voire la première rapportée à la population de la ville.

Quatre ans plus tard, en 1294, se produit l’un des plus grands prodiges de l’histoire de la chrétienté. Des anges apportent de Nazareth la maison de la Vierge Marie qui menaçait ruine et la déposent intacte au lieu-dit de Lorette. C’est à quelques heures de marche de Macerata. Immédiatement, les foules arrivent, de Macerata puis de toute l’Europe. Le pèlerinage à Notre-Dame-de-Lorette devient le plus important du monde occidental. Trois siècles plus tard, un certain Jean-Jacques Olier malade des yeux s’y rend à son tour. Il y est miraculeusement guéri. Revenu bouleversé et riche d’une nouvelle vision cette fois spirituelle, il décide de se consacrer à la formation des prêtres. C’est le point de départ du séminaire de Saint-Sulpice bientôt installé au cœur d’Issy. Une réplique de l’oratoire de Lorette y rappelle le double miracle. Et à Macerata, le premier samedi de juin, s’ébranle toujours chaque année l’antique pèlerinage : 80 000 participants à la dernière édition …



Le pèlerinage à Notre-Dame-de-Lorette vers 1700 (dans « Les délices de l’Italie » d’Alexandre de Rogissart). Crédit Catawiki


En 1320 et signe de son importance croissante, le pape (français) Jean XXII fait de Macerata le siège d’un évêché. Elle l’est toujours, un honneur que ne recevra en revanche jamais Issy (dans une France qui, il est vrai, compte trois fois moins de diocèses que l’Italie).

La Renaissance apporte un âge d’or aux deux cités, mais à un siècle d’écart – comme dans les deux pays en général. 

Le XVIe siècle voit Macerata se couvrir de palais privés et publics, et ses institutions s’enrichir d’académies culturelles. Souvent attirés par la proximité de Lorette, les voyageurs étrangers la visitent, à commencer par Montaigne et Cervantès. Le siècle suivant, c’est au tour d’Issy de devenir lieu de villégiature ou d’habitation pour plusieurs grands personnages, de la reine Margot aux princes de Conti, et d’échanges savants à l’image des « entretiens d’Issy » qu’abrite le séminaire.

Le XVIIIe siècle s’achève sur le premier contact officiel de la France avec Macerata … sous la forme des invasions napoléoniennes. Elles n’y laisseront pas que des bons souvenirs. S’y illustre le général J.-Ch. Monnier qui, revenu dans nos terres, est aujourd’hui inhumé au cimetière Saint-Sulpice à Paris, sis rue de Vaugirard et donc sur cette même voie romaine déjà citée : comme le monde est petit ! Et en 1815, tandis que l’empereur voit à Waterloo ses derniers projets se consumer dans une bataille funeste qui s’achèvera dans les rues d’Issy, c’est à Tolentino près de Macerata que son beau-frère et roi de Naples Murat subit exactement le même sort.

 Mai 1815, la bataille de Tolentino près            
de Macerata (par Vincenzo Milizia). 

 


                


Quarante-cinq ans plus tard, une autre aventure bonapartiste et transalpine finira mieux. Napoléon III apporte en effet un soutien décisif à l’unification italienne. Et alors qu’il entre à Milan sous les vivats de la foule, Macerata se rallie avec enthousiasme à la nouvelle nation. L’empereur aura la main moins heureuse en France en 1870. Le désastre de Sedan y conduit droit aux deux sièges successifs et dévastateurs d’Issy, celui par les Prussiens, puis celui pire encore par les Versaillais cherchant à investir Paris.

Alors avantage Macerata ? Non, car la révolution industrielle va se charger de rétablir l’équilibre. Si la proximité d’Issy avec Paris lui permet d’en profiter pleinement, l’éloignement de Macerata de tout centre démographique ou ressource minière d’importance aboutit au résultat inverse. Notre ville apprend ainsi dès le début des années 1920 à gérer l’afflux de main-d’œuvre étrangère. Macerata y sera aussi confrontée, mais soixante-dix ans plus tard, à la chute du communisme (notamment celui des Balkans tout proches).

Occupées par l’Allemagne pendant la guerre, à partir de 1940 pour Issy et de 1943 pour Macerata, les deux villes sont libérées mi-1944 à dix semaines d’écart. Plus pacifiquement, le pape Jean-Paul II honore en juin 1980 le séminaire d’Issy de sa visite. Celui de Macerata connaîtra le même honneur treize ans plus tard, pratiquement jour pour jour.

Quand elles s’associent en 1982, les deux villes ont pratiquement la même population, autour de 45 000 âmes. Depuis, celle d’Issy a crû de 50 % quand Macerata s’est tassée de 10 % : les perspectives d’emploi y restent très inférieures. Macerata s’étend pourtant sur une superficie vingt fois plus vaste qu’Issy. Mais cela ne doit pas tromper : comme leurs ancêtres médiévales et au contraire de la France, les communes italiennes intègrent terrains et hameaux du voisinage. Quand on fait abstraction des terres agricoles, les surfaces urbaines sont comparables. Et si depuis le jumelage notre ville a gardé son même maire, pas moins de huit édiles différents de toutes les couleurs se sont succédés au municipiode Macerata – il est vrai, dans un pays longtemps cité pour son chaos politique.

Macerata, Issy-les-Moulineaux et Weiden in der Oberpfalz en Allemagne constituent enfin un rare cas de jumelage tripartite. Alors à quand une histoire comparée des trois villes ?

 


 
 Macerata et ses environs immédiats. Au nord-est : Loreto (Lorette). Au sud-ouest : Tolentino.

 






Quelques sources :

RICCI Ettore, SERRA Luigi et CASTELLANI Giuseppe, Macerata, Enciclopedia Italiana Treccani, 1934.

Association Centro Studi Maceratesi Storici.

Revue La rucola – notizie di Macerata

Pierre Baland  28 mai 2025

8 juin 2025

l'Île Saint-Germain d'Issy

Visite "historimienne" 

Charles, Isséen depuis sa naissance, fait fort gentiment visiter le quartier où il a vécu pendant son enfance après la guerre.
Le parcours démarre sur le boulevard des Îles qui a remplacé une voie plus étroite et dont la chaussée pour les voitures était séparée par un mur du trottoir pour les piétons. À noter d’ailleurs que ce boulevard a été surélevé par rapport à la rue précédente.
Au début de l’avenue du Bas-Meudon, face à un grand ensemble de bureaux Seine Saint-Germain, Charles évoque un hôtel-restaurant tenu par des Maghrébins. De l’autre côté, un autre bâtiment a remplacé plusieurs commerces dont un café à l’angle.





Cette avenue a connu pas mal de changements sauf au 14 où une enseigne en céramique indique encore « Caves Saint-Germain ». 


Mais au 21, l’annexe de la grande boulangerie a disparu.
Dans l’allée d’Issy, se trouvait un dépôt de charbon pour les usines Renault.
Une salle de bal était au numéro 20, elle fut remplacée par une salle de boxe fermée depuis. Aux numéros 28-30, il n’y a plus l’épicerie Le Comptoir Français ni le verger tout près dans l’allée Maximilien Luce. En revanche il existe toujours un stade aux numéros 44 à 48. Le premier appartenait aux Apprentis d’Auteuil. Il était entouré d’un haut mur mais les enfants du quartier récupéraient les ballons passés par-dessus dans la rue ou dans la Seine. Les peupliers au bord de la Seine ont pratiquement tous disparu. En face du stade, un foyer abritait 200 à 300 travailleurs venus d’Afrique du Nord. Ils logeaient à 6 par chambre. Au 8, la mûrisserie de bananes a disparu.
La visite se poursuit vers le petit bras de la Seine et le début de la promenade Constant Pape à l’emplacement de l’îlot Chabanne rattaché à l’île par un comblement en deux temps après-guerre.


En 1963 l'île s'appelait île de Billancourt 
La rue Pierre Poli (ex-allée de Seine) était en terre battue et servait de terrain de jeux comme la place Chabanne.

Au fond de l’allée de Billancourt, une passerelle menait à l’îlot. Un cheval s’est noyé en tombant à l’eau. Il y avait une grande maison un temps fréquentée par des chiffonniers puis par des Portugais.

Au 29 de la rue, un immeuble de bureaux est l’œuvre du grand architecte Jean Nouvel. Il remplace une vaste propriété mais aussi cinq maisons modestes dont celle de la maman de Charles. Au 8, l’hôtel du Bon Accueil a également disparu.

Un grand merci à Charles dont les commentaires ont enchanté le groupe et merci aussi à Eliane, Françoise et Tatiana pour l’évocation de quelques souvenirs. 

Texte : P. Maestracci
Photos : Michel Julien