27 février 2011

Notre-Dame des Pauvres et Léon Zack


L'extérieur de l'église et son campanile. Les murs de verre de Léon Zack. © A. Bétry

Située au carrefour de l'Abreuvoir, devenu place du Président Robert-Schuman, la première pierre de l’église Notre-Dame des pauvres a été posée le 25 novembre 1954 sur un terrain ayant appartenu à l’entreprise Gévelot. Sa construction est une histoire complètement isséenne puisque l’architecte Jean-Blaise Lombard, jeune chef scout de 26 ans, est choisi par l’abbé Pailloncy, aumônier de la troupe d’Issy-les-Moulineaux. Jean-Blaise Lombard et Henri Duverdier en dessinent les plans. Le père de Jean-Blaise est un ami du peintre Léon Zack dont l’atelier se trouve à Vanves.L’artiste trouve la pleine maîtrise de son art dans sa récente forme d’expression, le travail du verre.
Léon Zack est né en 1892 en Russie, qu’il fuit en 1920 avec sa femme et leur bébé Irène. Après Constantinople, Rome et Florence, la famille se fixe à Paris en 1923 où Léon expose, et rencontre Picasso. Zack prend la nationalité française en 1938 ; juif, il devient catholique en 1941 ; figuratif, il passe à l'abstrait après 1945. Les plaques de verre de l’église Notre-Dame des Pauvres proviennent de la verrerie de Saint-Just, dans la Loire. Et pour l’exécution de ses maquettes, l'artiste utilise, dans son atelier de Vanves, le talent de trois artisans verriers, Henri Déchanet, Virilho et Bernard Allain.
Irène Zack, sa fille, crée le mobilier en fer forgé ainsi que le chemin de croix et une dalle dédiée à la Vierge de Banneux en Belgique.
« Ma technique, dit Léon Zack, est dictée par le désir de luminosité ». Il poursuit sa carrière dans l’art religieux et la réalisation de vitraux en France et dans de nombreux pays jusqu’à sa disparition en 1980 à Vanves.

On peut admirer également dans l'église le baptistère de Notre-Dame des Pauvres et ses vitraux de Jean Lesquibe en dalle de verre ; l’autel dû à Maxime Adam-Tessier ainsi que la croix en bois scellée dans le mur lui faisant dos.          A.B.


Pour en savoir plus sur Léon Zack
www.insitu.culture.fr/article.xsp?numero=12&id_article=vignesdumas-870

24 février 2011

Ne pas subir



Cette stèle se trouve en Centre ville, au tout début de l'avenue Victor Cresson.
"Ne pas subir" est la devise du général Jean de Lattre de Tassigny (1889-1952), fait maréchal de France à titre posthume au cours de ses funérailles le 15 janvier 1952. A la tête de la 1re Armée, il débarque en Provence le 16 août 1944, s'empare de Toulon, puis remonte avec ses hommes la vallée du Rhône. Il libère Lyon, pénètre en Alsace et prend Colmar. Puis gagne l'Allemagne, fait tomber Karlsruhe et  Stuttgart. De Lattre de Tassigny représente la France à Berlin pour la capitulation du Reich.
Sur les autres faces de la stèle, le profil du maréchal et les mots "Rhin et Danube", allusion à ses succès militaires.

23 février 2011

Le Repos du soir


Le Repos du Soir, devant la nouvelle maison Lasserre. Photos A. Bétry.
 Le titre de cette sculpture est gravé sur le socle de face ; la date et le nom du sculpteur, Henri Coutheillas (1862-1928), le sont sur le côté droit.
Le groupe représente une famille : un couple de paysans en  sabots avec un enfant reposant sur les genoux de ses parents. Un chien de garde pose la tête sur le pied de son maître. L’ensemble dégage une impression de sérénité quelque peu mélancolique pour autant. La France des années 1920-1930 a encore une population à moitié rurale malgré les transformations industrielles et urbanistiques qui bouleversent la banlieue parisienne. L'artiste est né et mort à Limoges et ces personnages, notamment dans les quelques Monuments aux morts qu'il a conçus - sont toujours des paysans de sa province. Le choix retenu d’une famille traditionnelle révèle à la fois une nostalgie de la campagne mais également une fidélité aux tableaux parmi les plus connus des frères Le Nain au XVIIe siècle et de Jean-François Millet au XIXe siècle, dont L’Angélus se trouve désormais au Musée d’Orsay. Le modèle de l’enfant unique est prégnant à cette époque avant le baby boom de l’après-guerre. La sculpture est antérieure d’un an seulement à la crise économique de 1929 ; est-ce pour cela que les adultes ne semblent pas euphoriques ?

Le 2 février 2009, dans le parc de l'ancienne maison Lasserre.
Il est amusant de noter que cette sculpture a été déplacée à plusieurs reprises dans la commune. Elle se trouvait devant la première mairie, place Paul Vaillant-Couturier près de la station de métro des Petits-Ménages renommée Corentin Celton en 1945. (Merci à M. Rémy Guelton qui me l’a indiqué). Ensuite, elle fut placée dans l’ancienne maison de retraite Lasserre, avenue Jean Jaurès. Depuis quelques mois, elle se trouve devant la nouvelle résidence des retraités, à l’angle de la rue Séverine et de l’Allée de la  chapelle Saint-Sauveur.  
Pascale Maestracci

20 février 2011

Jean Dubuffet et la Tour aux figures de l'île Saint-Germain

La Tour aux Figures. © Photos Alain Bétry

L’artiste français Jean Dubuffet (1901-1985) est le théoricien de l’Art brut. A la fin de sa vie et malgré une renommée internationale, il subit un revers mémorable à Boulogne-Billancourt. La Régie Renault lui commande Le Salon d’été destiné à orner son siège social. Cet imposant projet est lancé en 1974 et achevé au bout de trois ans. L’œuvre fait polémique… Renault veut la faire disparaître et l’enfouit sous du gazon. Un procès s'en suit et Dubuffet gagne en Cour d’appel puis en Cassation en 1983, mais renonce à faire exhumer l'œuvre.
La même année, l'artiste reçoit une commande de l’Etat pour La Tour aux Figures. Mais un désaccord oppose l’artiste et la Mairie de Paris quant au futur emplacement. Dubuffet visite en janvier 1985 l’île Saint-Germain à Issy-les-Moulineaux, un lieu qui l’agrée. Il meurt quelques mois plus tard, au début des travaux. Bien avant que son œuvre soit achevée.
Le chantier dure de 1986 à 1988 jusqu’à l’inauguration officielle le 24 octobre 1988 par le président de la République François Mitterrand.

Haute de 24 mètres, la Tour, figure de proue du département et de la commune, domine aujourd'hui le paysage, séparée par un bras de la Seine du Salon d’été toujours enterré : une revanche posthume. P. Maestracci

On doit à l'architecte Antoine Butor la conception de la Tour. Il a élaboré les plans d'une ossature en béton armé, recouverte d'une "peau" en stratifié de verre époxy revêtue de peinture polyuréthane, réalisée d'après les dessins de Jean Dubuffet. C'est une "peinture monumentée", une architecture vivante que l'on peut visiter sous certaines conditions. 
Se renseigner auprès de l'office du tourisme : http://www.issytourisme.com

L'affiche de l'exposition "A propos de la Tour aux Figures", qui s'est tenue du 23 octobre au 31 décembre 1988, au Musée de la carte à jouer est disponible à la boutique du musée :

17 février 2011

Un barbu à la fenêtre

Ce barbu à sa fenêtre n'est autre que Victor Hugo (voir rubrique personnages-clés). Il se situe sur la façade à l'entrée du Collège du même nom, au 22 rue Aristide Briand, dans le bas d'Issy. Un bâtiment de 1904.

Photos © Alain Bétry.








15 février 2011

Le Père Grzywaczewski et le Séminaire polonais

Le Séminaire polonais, rue Jules Guesde. ©Photos A. Bétry

Le séminaire polonais de Paris se trouve au 11 rue Jules Guesde, dans les Hauts d'Issy. L'histoire que nous raconte son Supérieur, entouré de ses étudiants, est fort intéressante.
Le Père Grzywaczewski

La Congrégation Notre-Dame de Sion, fondée en 1843 par le père Ratisbonne, juif converti au catholicisme, fit construire en 1894 sous l'impulsion de la sœur Marie-Laure cette maison située au 11 rue Jules Guesde. Pendant un siècle, ce lieu fut un point de rencontre judéo-chrétien essentiel, la congrégation voulant être le témoin du dialogue entre juifs et chrétiens.
Parallèlement, était installée depuis 1945, à Paris (5 rue des Irlandais dans le 5e arrondissement), dans un magnifique hôtel particulier du XVIIIe siècle appartenant au gouvernement irlandais, le Séminaire polonais de Paris. Une plaque commémorative apposée sur la façade du bâtiment rappelle : "Dans les locaux de ce Collège des Irlandais, fut accueilli de 1947 à 1997, le Séminaire polonais de Paris, fondé par des rescapés de Dachau, qui refusaient le totalitarisme communiste installé dans leur patrie".                    
Dans les années 1990, le déclin des vocations religieuses conduisit d'une part le Séminaire polonais de Paris à mettre  un terme à son activité principale de formation des prêtres et, d'autre part, la congrégation Notre-Dame de Sion a quitté sa maison d'Issy. C'est en 1996 que la conférence épiscopale polonaise, présidée par le cardinal Josef Glemp, décida d'acquérir la maison des Sœurs de Sion. L'acte d'achat fut signé par Mgr Glemp à la mairie d'Issy, en présence de M. André Santini. Ainsi fut conservée et rénovée la bâtisse datant d'un siècle et maintenue une activité ecclésiastique. En effet, bien qu'ayant gardé pour des raisons juridiques et médiatiques le nom de Séminaire polonais de Paris, ce bien devint un foyer international sacerdotal accueillant des prêtres et des laïcs, non seulement polonais mais de toutes nationalités (50 pays y seront représentés), venus faire des études (philosophie, théologie, liturgie) à l'Institut catholique de Paris.
Comme le dit le père Grzywaczewski : "Le Séminaire polonais de Paris n'est ni un séminaire (mais un foyer d'accueil), ni polonais (puisque international), ni de Paris (puisqu'à Issy)… et d'ajouter : "Tout ce qui se fait ici se résume à deux points : activité académique et activité ecclésiastique."

Denis Hussenot

13 février 2011

La confrérie Saint-Vincent d'Issy


Voici une association très ancienne implantée à Issy. Dès 1534, en effet,  il est fait mention d'une donation à la "Confrérie de Messire Saint-Vincent", patron des vignerons. Une longue tradition veut que les vignerons d'Issy, officiant sur le territoire dès l'époque gallo-romaine, se regroupent en corporations. Disparue à la Révolution, la confrérie renaît le 6 août 1826, est dissoute en 1906, pour revivre une troisième fois en 1988, autour de quatre personnes motivées, dont Yves Legrand, membre d'une famille isséenne centenaire.
 Son objectif : "la renaissance, le développement et l'exploitation de la Vigne d'Issy-les-Moulineaux et toutes activités annexes en découlant". Premier membre d'honneur : le maire André Santini, intronisé commandeur de la Confrérie de Saint-Vincent.




Les grands rendez-vous : le 22 janvier,  jour de la Saint-Vincent, date de reprise du travail dans la vigne après le repos hivernal ; le 14 février, date anniversaire de la plantation des premiers pieds de vigne sur un terrain, appartenant à Yves Legrand,  situé sur le coteau du Chemin des Vignes (quartier de la Ferme) et loué à la Confrérie pour 99 ans ; en octobre pour les vendanges effectuées avec l'aide des enfants des écoles. La première vendange se déroule à l'automne 1992 : un cépage de vin blanc Chardonnay et Pinot beurot, autrefois dénommé Fromentin.
En 1995, le maire d'Issy-les-Moulineaux propose à Jean-Claude Mitéran, Inspecteur de l'Education nationale, de réveiller la Confrérie un peu en sommeil. C'est chose faite dès l'année suivante : il en sera d'ailleurs le grand maître, de 1996 à 2008, remplacé aujourd'hui par Patrick Chin.                                                                     P.C.B.

Photos prises lors du chapitre de la Saint-Valentin, le 10 février 2011. © A. Bétry

Pour en savoir plus :
http://www.confrerieissy.fr/

10 février 2011

Solidarnosc

© Photos A. Bétry



Cette plaque, située au pied de la statue du prêtre martyr polonais, Jerzy Popieluszko, se trouve à l'entrée du parc Jean-Paul II, dans le square qui s'ouvre rue de l'abbé Derry, dans les Hauts d'Issy. Solidarnosc est le nom de la fédération de syndicats polonais fondée le 31 août 1980 par Lech Walesa. Il rassembla un large mouvement social contre le régime communiste. 14 jours de grève aboutirent à l'autorisation de syndicats indépendants du pouvoir. Ordonné en 1972, le père Popieluszko devient en août 1980 l'aumônier des ouvriers. En octobre 1984, sa voiture est attaquée, il est arrêté, torturé, et son corps est jeté dans la Vistule. Dès le 28 février 1985, une allée du square d'Issy, rue de l'abbé Derry est baptisée en son honneur. Et le 17 octobre 1992, une statue signée Jacques Chauvenet rend hommage à son action. Issy est la première commune de France à avoir célébré la mémoire de ce héros polonais.

9 février 2011

Jean Moulin à Issy

© Alain Bétry
Sur l'île Saint-Germain. © A. Bétry
Février 1938, Jean Moulin qui est devenu l'année précédente préfet dans l'Aveyron (le plus jeune préfet de France), fait un court séjour à Issy-les-Moulineaux. En tant que caporal-chef, il intègre le Bataillon de l'Air n°117 (devenu en 1964 la Base aérienne 117). Il est nommé sergent de réserve le 10 décembre 1938. En 1939, le voilà préfet d'Eure-et-Loir. Pas pour longtemps. La guerre éclate. Il retourne à Issy pour passer une visite médicale d'incorporation à l'école des mitrailleurs -  un problème de vue l'en empêche. Il ne reverra plus notre commune. Mais le personnage passera à la postérité. Chargé par Charles de Gaulle d'unifier les mouvements de résistance intérieure, il partage son temps entre Londres et la France. Arrêté à Caluire le 21 juin 1943 par la Gestapo, il meurt en juillet dans le train qui le conduit à Berlin après avoir été torturé.  Enterré en 1944 au Père-Lachaise,  il est inhumé au Panthéon le 19 décembre 1964. Le discours d'André Malraux est resté célèbre. Il se termine par ces paroles :
"Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France."

8 février 2011

1949, conception du char AMX

Pilote du RMT, Régiment de Marche du Tchad
jumelé avec la Ville d'Issy-les-Moulineaux. © Alain Bétry
Un succès sans précédent pour ce char mis au point dans les Ateliers de construction d' Issy-les-Moulineaux, d'où son nom AMX : A pour Ateliers, M et X pour MoulineauX ! Ces ateliers, situés sur le quai Stalingrad, sont nés de la nationalisation des usines Renault d'Issy en 1936, spécialisées dans les véhicules blindés destinés à l'armée française. L'usine a vu passer les chars Renault de 1914 et ceux de 1940. En 1949, le prototype de l'AMX-13 voit le jour et la production débute à Roanne en 1952. En 1967, c'est au tour de l'AMX-30.
En 1992, l'usine désaffectée depuis plusieurs années revit grâce à une association d'artistes, qui s'installe sur cet espace en friche : 5000 mètres carrés, dans un immense hangar, dessiné par Gustave Eiffel, en bordure de Seine. Ils signent une convention d'occupation précaire avec le ministère de la Défense. Une cinquantaine d'artistes, dont de nombreux Sud-Coréens,  vont s'y exprimer pendant une dizaine d'années, sous le label ArTsenal.

Pour en savoir plus sur les chars 
www.chars-francais.net

6 février 2011

Le Père Bonnet et la Solitude

Père Bonnet © P. Maestracci
 Nantais d'origine, le Père Bonnet est ordonné prêtre en 1962 et rejoint la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice en 1966. Il a une longue carrière d'enseignant et de supérieur de séminaires. Professeur six ans au Dahomey (actuel Bénin) et sept ans en Côte d'Ivoire, il y noue de chaleureux contacts. En 1989, il est élu Provincial de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice pour la France, l'Afrique et le Vietnam et demeure à ce poste jusqu'en 2001. Il séjourne plusieurs fois à Issy-les-Moulineaux : de 1966 à 1973, comme étudiant au foyer de la Solitude, puis enseignant au Séminaire ; de 1983 à 1989 et de 1993 à 2001 en tant que Supérieur. Envoyé à Lyon comme Supérieur du Séminaire à la fin de son mandat de Provincial, il devient en 2006 Supérieur du foyer de la Solitude. Toujours très actif, on le voit souvent dans les médias. J. Brouillou, D. Hussenot, P. Maestracci

Les bâtiments d'habitation de la Solitude. © Photos A. Bétry
La Solitude - ce n'est pas le titre d'un essai philosophique, mais un lieu plein de charme, serein, derrière l'église Saint-Etienne (dans les Hauts d'Issy). Une porte en bois, discrète, ouvre sur la rue Minard. Un parc, des parterres de buis sur la gauche et un long bâtiment du XIXe siècle, en pierre banche : la maison de retraite des prêtres sulpiciens. Nous sommes accueillis chaleureusement par le Père Bonnet, Supérieur de ce lieu depuis 2006. Il nous entraîne par de longs couloirs jusqu'à la bibliothèque où trône le buste de Jean-Jacques Olier (1608-1657), le fondateur de la compagnie des prêtres de Saint-Sulpice. Il va nous raconter l'histoire de la Solitude.


La chapelle de la Solitude.
Il faut remonter au XVIIe siècle, nous dit-il. Peu de prêtres à l'époque sont bien formés. Jean-Jacques Olier décide donc de fonder un séminaire à Paris sur la place de l'église Saint-Sulpice, dont il est curé, pour que les futurs prêtres puissent y acquérir une formation sérieuse. Mais il lui faut aussi de bons formateurs. C'est pour se préparer à leur futur ministère que ces hommes se retireront dans la solitude, pendant quelques mois, et seront les premiers membres de ce qui deviendra la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice. En 1676, l'ancienne maison de la reine Margot (voir personnage-clé) à Issy que possédait un Sulpicien, est mise à la disposition de la Compagnie. Un lieu idéal pour accueillir ces jeunes solitaires. Le domaine sert aussi de lieu de vacances pour les séminaristes de Paris. Au XVIIIe, les Sulpiciens acquièrent un nouveau terrain derrière l'église Saint-Etienne le long de la rue Minard, ancienne rue de la Glaisière. Ce domaine est alors utilisé comme maison de campagne pour les philosophes du Séminaire de Paris. Pendant les heures sombres de la Révolution, des prêtres s'y réfugient mais sont arrêtés, emprisonnés au Carme et massacrés en septembre 1792. Puis la Maison est confisquée comme Bien national.

L'intérieur de la chapelle.
En 1819, la Maison est rachetée et affectée aux Solitaires (d'où son nom de Solitude), tandis que, plus bas, la maison de la reine Margot est dévolue au Grand Séminaire. Jusqu'en 1966, des générations de futurs sulpiciens se sont succédé, originaires de France mais aussi du Canada et des Etats-Unis pour y faire leur solitude et se former à leur tâche de directeur de séminaire. Il ne reste pratiquement rien des bâtiments d'origine : les édifices actuels et la chapelle ont été construits à partir de 1842. Dès 1966, la Solitude est utilisée comme foyer-logement pour les étudiants Sulpiciens et pour quelques retraités. En 1969,  les derniers étudiants laissent la place aux retraités de plus en nombreux. En 1985, la Maison est entièrement restaurée. Chaque pensionnaire dispose d'un deux-pièces (bureau et chambre), avec douche et toilette privées. Cinq Supérieurs se sont succédé à la tête de la maison de retraite de 1969 à 2006, date de l'arrivée du Père Bonnet.
Le soir tombe. Le Père Bonnet nous raccompagne par le parc Jean-Paul II, en empruntant le souterrain qui débouche dans les jardins du Grand Séminaire. Il est temps de se quitter. Rendez-vous est pris pour le mercredi 16 mars, à 18 heures, à la Résidence du Parc pour une conférence sur les Cinquante dernières années du Séminaire. Mais on en reparlera.
Jacqueline Brouillou




4 février 2011

Au nouveau quartier



Cette plaque en mosaïque se situe au 21 rue André Chénier, dans le Centre-Ville.   La rue fut créée juste après la guerre de 1870 et la Commune de Paris qui ravagèrent cette partie d'Issy, dans les ruines du parc du château. Elle s'appela d'abord Naud, du nom du maire de la ville de 1871 à 1878, avant de prendre son nom actuel, en l'honneur de l'écrivain et poète guillotiné le 25 juillet 1794.

3 février 2011

La reine Margot en son logis

Marguerite de Valois est née au château de Saint-Germain-en-Laye le 14 mai 1553. Fille du roi de France Henri II, sœur des souverains François II, Charles IX et Henri III, elle épouse, le 18 août 1572, le roi de Navarre, le futur Henri IV, dix jours avant le terrible massacre de la Saint-Barthélemy. Cette union doit sceller la réconciliation entre catholiques et protestants, conclue le 13 avril 1598 par l'Edit de Nantes qui légalise la liberté de culte. Elle devient reine de France en 1589 mais se trouve "démariée" dix ans plus tard. Cette femme cultivée, mécène et écrivain (elle rédige notamment, à la fin de sa vie, le Discours sur l'excellence des femmes), est connue sous le nom de "reine Margot" depuis qu'Alexandre Dumas publia en 1845 son roman la mettant en scène.
Elle achète, en 1606, à l'orfèvre du roi Jean de la Haye, un manoir situé dans la plaine de Vaugirard, à Issy, baptisé le Petit-Olympe. Elle y mène grand train jusqu'à sa mort en 1615. De cette époque on conserve - faisant partie de l'actuel Séminaire Saint-Sulpice, les jardins et, surtout, le nymphée - un petit bâtiment carré dont la voûte est ornée de rocailles, de coquillages et de pierre, une architecture exceptionnelle pratiquement en son état d'origine. Sans oublier aussi un poème signé d'un proche de Marguerite,  Michel Bouteroue, conseiller à la Cour des Monnaies :  Le Petit Olympe d'Issy

… Qu'on ne vante plus la Touraine
Pour son air doux et gracieux, 
Ny Chenonceaus, qui d'une reyne
Fut le jardin délicieux,
Ny le Tivoly magnifique
Où, d'un artifice nouveau, 
Se faict une douce musique
Des accords du vent et de l'eau.

Issy de beauté les surpasse
En beaux jardins et prés herbus,
Dignes d'estre au lieu de Parnasse
Le séjour des sœurs de Phébus.
Mainte belle source ondoyante,
Découlant de cent lieux divers,
Maintient sa terre verdoyante
Et ses arbrisseaux toujours verts. …

P.C.B.

1 février 2011

Mes années Caudron (1944-1948) - livre

de Simonne Minguet, éditions Syllepses, 1997

 De mars 1944 à février 1948, l'usine d'aviation Caudron, l'un des fleurons de l'aéronautique installé à Issy les Moulineaux, fut le théâtre de mouvements importants contre les patrons et, simultanément, contre le stalinisme qui régnait dans le milieu ouvrier. Les salariés mirent au point la première expérience d'autogestion d'entreprise en France. Ce fut un véritable laboratoire des aspirations et des possibilités du mouvement ouvrier de la seconde moitié du XXe siècle. L'auteur qui rejoignit le mouvement trotskiste clandestin, première femme ajusteur en France, raconte ces années d'effervescence à l'usine Caudron.