29 mai 2023

Histoire des rues d'Issy - le boulevard Voltaire

Boulevard Voltaire, côté impair.
Le boulevard Voltaire, dans le quartier de 
Corentin-Celton / Les Varennes, correspond à un petit segment de l’ancien Chemin de Grande Circulation n° 50 ouvert en 1867 entre Boulogne et Vincennes. Il double un ancien axe, la rue de Vanves située plus au sud, comme le montre cette plaque… d'un autre âge !

C’est l’un des boulevards les plus courts de la commune avec moins de 200 mètres de long, entre la place Paul-Vaillant-Couturier et le boulevard du Lycée (Michelet), qui le prolonge à Vanves. Il finit non loin de la rue Voltaire encore plus courte.

© XDR
Le nom du boulevard est celui de François-Marie Arouet (21 novembre 1694-30 mai 1778) plus connu sous le nom de Voltaire (ci-contre). Il est l’un des plus brillants et controversés philosophes des Lumières. Embastillé deux fois, il a écrit de nombreuses tragédies, des ouvrages historiques, des romans mais il fut aussi le défenseur de la tolérance, comme lors de l’affaire Calas et celle du supplice du chevalier de La Barre. 
Réputé pour son esprit acéré, plusieurs de ses phrases sont toujours célèbres. Difficile de résister au plaisir d’en citer trois : « Les bavards sont les plus discrets des hommes. Ils parlent pour ne rien dire. » Ou « J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé. » Et enfin « La vie n’est que de l’ennui ou de la crème fouettée [chantilly] ».

Le boulevard Voltaire est un lieu de passage habituellement très fréquenté par les automobiles mais aussi par les bus bondés matin et soir. Ce qui n'était pas le cas à la Belle Époque, comme le montre cette carte postale (ci-dessous). Les piétons traversent le boulevard dans tous les sens car la circulation est fort réduite. Les véhicules à un étage de la Compagnie Parisienne des Tramways assurent le trajet entre Paris et Clamart en passant par la rue Renan et le boulevard Voltaire (http://www.historim.fr/2013/09/1877-histoires-de-tramways.html).

Carte postale Belle Époque, collection particulière.

Tous les immeubles visibles sur l’image (ci-dessus) existent encore de nos jours à l’exception de celui à gauche, du côté impair, formant l’angle. C’était alors un petit bâtiment d’un seul étage avec café-restaurant au rez-de-chaussée dont des tables sont disposées sur le trottoir. Juste derrière, le store de protection correspond à l’épicerie Félix Potin qui perdura longtemps. Un magasin d’opticien a remplacé l‘ancienne supérette. Et, comme on peut le voir sur la photo du haut
Le boulevard, côté pair. 
un immeuble de belle apparence 
avec balcon filant au 6e étage, hommage discret à l’architecture haussmannienne du Second Empire, a remplacé le modeste estaminet. Une banque occupe le rez-de-chaussée et le premier étage.


De chaque côté, de nombreuses boutiques sont installées, pratiquement sans discontinuer. Il y a, par exemple, des commerces d’alimentation, un fleuriste, un garage, un restaurant, un salon de beauté, des banques mais aussi la libraire Gutenberg. 

Les immeubles anciens ont été ravalés, comme on peut le voir du côté des numéros pairs (ci-contre), dont l’un récemment avec surélévation de couleur sombre, repérable à quelque distance. 


Au numéro 21, une maison bourgeoise montre un toit très particulier (ci-dessous). Deux angelots ou putti encadrent la fenêtre du toit, elle-même surmontée d’un arc en pierre mettant en valeur l’initiale B du premier propriétaire. 


Les angelots du numéro 21.

Texte : P. Maestracci, photographies : JM et P. Maestracci

 

24 mai 2023

Le salon Élysée de l'Hôtel de Ville d'Issy-les-Moulineaux

On parle beaucoup ces jours-ci du palais de l'Élysée et de notre président. Mais, à Issy-les-Moulineaux, nous avons aussi notre Élysée… et ce n'est pas un hasard, loin de là. On va tout vous raconter.

Nicolas Beaujon. © XDR

L'Élysée, là où vit le Président de la République à Paris, est l'ancien hôtel d'Évreux acheté en 1773 par le richissime financier Nicolas Beaujon (1718-1786). Il travaille pour la Cour de Louis XV, collectionne les œuvres d'art (peintures, sculptures, porcelaines) et fait aménager cet hôtel par l'architecte Étienne-Louis Boullée (1728-1799), qui vient tout juste de terminer la décoration de sa résidence de campagne située… à Issy. Cette dernière deviendra l'Hôtel de Ville en 1895.


Le Palais de l'Élysée à Paris. © XDR

L'Hôtel de Ville d'Issy-les-Moulineaux. © A. Bétry 

Le décor du Grand Salon de l'Hôtel de Ville, que certains connaissent peut-être pour y avoir été reçus, portent ainsi le nom de Salon Élysée. On peut y admirer quatre dessus-de-porte en stuc (ci-dessous). Ils ne sont pas d'époque. Détruits en 1894, ils furent reconstruits à l'identique en 1994. Ils évoquent les quatre saisons, sont magnifiques… et ont servi de modèle à ceux qui décorent l'un des salons du Palais de l'Élysée à Paris !  PCB

À chaque saison, un instrument de musique. © PCB

© PCB

© PCB

© PCB

20 mai 2023

La femme préhistorique - conférence samedi 3 juin, 15 h, au Musée d'Issy


Une conférence gratuite, ouverte à tous, à ne manquer sous aucun prétexte.
Tous à vos agendas… c'est dans 15 jours !


15 mai 2023

Des chars AMX pour l'Ukraine

Suite à la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky au président Emmanuel Macron ce dimanche 14 mai 2023 à Paris, l'Élysée a publié une Déclaration commune, dans laquelle il est fait la mention suivante : "Dans les semaines à venir, la France formera et équipera plusieurs bataillons avec des dizaines de véhicules blindés et de chars légers, dont des AMX-10RC."

L'AMX-10RC. © XDR

Des AMX-10RC ? Ce sont des véhicules blindés puissamment armés, équipés de Roues R (il en possède 6) et de Canon C (1 de 105 mm, pouvant tirer jusqu'à deux kilomètres).

Mais à quoi correspondent les lettres AMX ? Si vous êtes un fidèle d'Historim, vous connaissez la réponse : A pour Ateliers, M et X pour Moulineaux. En effet, c'est dans notre commune, dans des ateliers situés Quai de Stalingrad que sort en 1949 le premier prototype de char AMX, dont la production débute en 1952 à Roanne… C'est toujours à Roanne que fut produit à partir des années 1970 - et jusqu'en 1994 - le char AMX-10RC que la France va fournir à l'Ukraine. PCB

Pour en savoir plus sur les ateliers d'Issy-les-Moulineaux :  http://www.historim.fr/2011/02/1949-conception-du-char-amx.html

12 mai 2023

Magic, Pokémon & Co… une visite dans le monde des cartes

Gwenael lors de la visite. 
Gwenaël (ci-contre), commissaire de l'exposition au Musée français de la carte à jouer d'Issy, nous attend dans le hall pour cette visite tout à fait étrange. Une quinzaine d'Historimiens sont présents en ce vendredi matin pour cette plongée dans un monde très particulier, celui des cartes à collectionner dont on fête les 30 ans cette année.

Quels sont donc ces petits bouts de cartons que l'on s'échange, que l'on collectionne, avec lesquelles on joue aussi… et parfois lors de championnats du monde ?
L'exposition présente des dragons, des guerriers, des monstres, appartenant à trois mondes différents.

Le Lotus noir.
Nous découvrons tout d'abord le Magic, créé en 1993 par l'Américain Richard Garfield, avec ses neuf premières cartes emblématiques dont le célèbre Lotus noir (ci-contre), 
dont l'une des cartes originales fut vendues près de 500 000 euros ! 
Pourquoi ? Parce que, loin d'être de simples cartes à collectionner, ce sont les œuvres originales d'artistes comme par exemple, Magali Villeneuve (ci-contre) et son Mystique Elfe (ci-dessous). 

Le Mystique Elfe, de Magali Villeneuve.

Puis nous plongeons dans le monde du Yu Gi Oh ! (qui signifie le Roi des Jeux), créé à partir d'un manga avec le puzzle du Millennium. 60 cartes sont répertoriées, faisant référence à la mythologie égyptienne. 

Une plongée dans l'Égypte antique avec le Yu Gi Oh!

Enfin nous voici dans la partie Pokemon que beaucoup connaissent. Son nom vient de la contraction de Pocket Monster. On y découvre des monstres, des fantômes, des personnages extraordinaires comme le célèbre Pikatchou, dont nous parle Gwenael (ci-dessus). Venu du Japon, il naît à partir d'un jeu video. Nous pouvons admirer les 102 cartes originales du premier Pokemon français.

Les Historimiens face à un monumental Pikatchou.

Un monde féérique.

Petits Pokemons.
Et, là, ce ne sont pas que des cartes que l'on peut admirer. Ce sont aussi des petits personnages animés (ci-dessus), des jeux vidéos, des livres, des bd et un grand panneau à faire rêver (ci-contre).

Un plaisir de l'œil, une plongée dans un monde imaginaire réjouissant jusqu'au 13 août…  Un grand merci à Gwenaël et au Musée pour cette visite unique. Texte et photos PCB 

9 mai 2023

Issy-les-Moulineaux Architecture - Épisode 2 : la Meulière

Finies les vacances, les "nez en l'air" et les livres… place à des articles de fond, à commencer par l'épisode 2 de la série que l'on doit à notre Historimienne Pascale, férue d'architecture. Gros plan sur la Meulière (ci-dessous).

Mur en meulière. © XDR.

Après les nombreuses destructions dans la commune en 1870/1871 lors de la guerre franco-prussienne et, surtout lors des combats sanglants entre Fédérés et Versaillais qu'Historim a longuement évoqué en 2021, il fallut reconstruire la plupart des bâtiments d'Issy-les-Moulineaux.

L’un des matériaux privilégiés pour les maisons est la pierre meulière. Celle-ci tire son nom des meules utilisées pour moudre dans les moulins. Certains pensent même que Molière s’en serait inspiré pour son nom de scène… La meulière est une variété de silex caverneux dont les trous sont remplis par le mortier ou le ciment, ce qui rend l’ensemble très résistant. 

Maison Jassedé, 63 avenue du Général-de-Gaulle, Issy-les-Moulineaux.

En architecture, la meulière est d’abord utilisée pour les fondations d’usines ou de bâtiments. Le premier à en faire usage pour une maison est Hector Guimard : c'est pour la famille Jassedé, au 41 rue Chardon-Lagache (Paris XVIe). Il en crée une autre à Issy-les-Moulineaux pour la même famille, au 63, avenue du Général-de-Gaulle (ci-dessus).

Maison Tariel, 19, rue Kléber, Issy.

Cet exemple inspire d’autres architectes dans la ville, essentiellement au début du XXe siècle. Deux maisons familiales datent ainsi de la Belle Epoque. Il s’agit de la maison Tariel au 19, rue Kléber 
(ci-contreet la maison Puijalon (24 avenue Victor Cresson). Eugène Puijalon est l’un des principaux architectes dans la ville ; ses fils Jean et Maurice lui succèderont. 


D’autres maisons en meulière sont dispersées dans la ville tel ce pavillon au, 12 rue de la Galerie, original en raison d’une tourelle d’angle pour un escalier

Collège Victor Hugo à Issy.
Quelques bâtiments sont construits en meulière : les écoles Jules Ferry dans la rue du même nom, la résidence Lasserre de 1900, la crèche de la Manufacture des Tabacs 4, rue Michelet et, plus rare, un immeuble résidentiel de quatre étages à l’angle des rues Renan et Georges-Marie. 
Quant au collège Victor Hugo (ci-contre), qui a remplacé en 1904 une école de garçons, situé au 22, rue Aristide-Briand, il est en meulière dans sa partie ancienne.

Les arches du RER, boulevard Garibaldi (ci-dessous), qui soutenaient à l’origine une ligne ferroviaire - la toute première électrifiée en France à l'occasion de l'Exposition universelle de Paris en 1900 - sont elles aussi dans ce matériau solide. Classées au patrimoine remarquable du PLU (plan local d’urbanisme), elles abritent des ateliers d'artistes et des salles de sport.

Les Arches du Boulevard Garibaldi, à Issy.

Par ailleurs, la pierre meulière sert souvent de soubassement pour permettre l’aération des caves que ce soit pour des pavillons ou des immeubles, tel la Résidence Séverine dans les années 1950. 


Texte et photographies : P. Maestracci

7 mai 2023

Réponse - Un nombre angélique

 

Alors vous avez trouvé ? 

Facile pour ceux qui ont visité Biltoki-la Halle d'Issy, il y a quelques semaines. Ce nombre 111, tout orange, se trouve au pied de l'immeuble d'Orange (ci-dessous), dont l'adresse officielle est le 111 Quai du Président-Roosevelt, en bord de Seine. PCB


Les locaux d'Orange, au 111 Quai du Président-Roosevelt à Issy. © M. Julien


4 mai 2023

Jeu - Un nombre angélique

 Dernier petit "nez en l'air" de ces vacances de printemps qui, nous l'espérons, furent agréables… un nombre, dit angélique, c'est-à-dire un nombre aux trois chiffres identiques : le 111, en l'occurence. 

Où peut-on le voir ?

© M. Julien

Réponse le 7 mai, 18 h.

1 mai 2023

Deux cousins pendant la Grande Guerre… témoignage sur Issy

Pascale McGarry vient de sortir aux éditions l’Harmattan Louis et Marguerite, deux cousins dans la Grande Guerre (ci-contre), dans lequel il est question bien souvent d’Issy. Le domaine de recherche de cette ancienne professeur de littérature française à l’université de Dublin est la relation entre texte et image… À lire cet échange de courrier entre les deux cousins, on se croirait revenu dans les années 1913-1919.
 
Louis est mécanicien à bord d’un cuirassé et envoie régulièrement des cartes postales depuis les ports de Méditerranée en donnant de ses nouvelles. Marguerite, elle, travaille à la Manufacture des Tabacs d’Issy. Si ses courriers n’ont pas été conservés, on peut refaire sa vie quotidienne à travers les cartes du cousin Louis.
 
Ainsi par exemple (p.51), le 3 septembre 1915, Louis écrit à sa cousine depuis Bizerte : « J’ai reçu tes dernières cartes lundi au courrier, mais j’ai beau chercher sur les photos je ne vois pas ta tête ». Et l’on apprend par l’auteur qu’à la demande de la direction de la Manufacture de Tabac un photographe était venu prendre de nombreux clichés des ouvriers. Est-elle sur cette photo-là (ci-dessous) ? 

Les ouvrières de la Manufacture des Tabacs d'Issy. © XDR

Toujours en septembre 1915, mais le 12, Louis évoque le métier de sa cousine (p.54) : « Tu dois trouver que le travail des cigarettes de luxe est plus intéressant que celui que tu faisais avant et si l’apprentissage en est un long, il doit en être que plus payé par la suite ».

Manufacture des Tabacs d'Issy. © XDR

Si en février 1918, Louis signe certains de ses courriers « Louis Fleury, mécanicien 5e dépôt de la Flotte », à partir de mai 1918, il signe « mécanicien, Centre d’Aviation maritime »… inspiré par les réflexions de son oncle, le père de Marguerite : « L’aviation, c’est l’avenir ». Au Centre d’Aviation Maritime, la mission des hydravions était comparable à celle des cuirassés (p.152) et cela convenait à Louis et à ses copains. 
Une nouvelle fois Issy est cité par Marguerite dont le frère d’une de ses camarades d’atelier travaille dans l'un des hangars Astra d'Issy, spécialisés dans les dirigeables (ci-dessous).

Les deux hangars à dirigeable et (en rouge) l'usine à gaz
nécessaire au gonflage des engins. © XDR

La paix de 1919 voit heureusement les deux cousins se retrouver en bonne santé pour une nouvelle vie. PCB
PS Bonne lecture… passionnante. Attention le livre ne comporte aucune illustration.