30 août 2011

Robespierre au ban de la République

Le magazine Historia vient de sortir un numéro… qui ne laissera pas indifférent : Robespierre, le psychopathe légaliste. Un dossier à charge contre l'Incorruptible qui dirigea la France d'une main de fer, entre 1793 et le 28 juillet 1794, date à laquelle il finit comme bon nombre de ses concitoyens sur l'échafaud… Trop, c'était trop ! On sait aujourd'hui, à la lumière des archives, que celui qui militait contre la peine de mort commandita un véritable génocide contre les Vendéens. Les chiffres sont éloquents (entre 117 000 et 300 000 victimes) et son discours aussi puisqu'il demandait à ses troupes, non seulement de lutter contre les hommes armés, mais d'exterminer les femmes ("sillons reproducteurs") et les enfants ("brigands en devenir").

Alors qu'aujourd'hui il serait, sans aucun doute, jugé par le tribunal international de La Haye, des rues continuent à porter son nom. Comme à Issy-les-Moulineaux. Le 26 juillet 1935, après délibération du conseil municipal, le maire communiste tout juste élu, Victor Cresson, donna son nom à une voie des Hauts d'Issy, entre les rues Pierre Brossolette et Lasserre.

Devrait-on la débaptiser ? Comme cela fut fait à Paris en 1950 ? Tous vos commentaires seront les bienvenus. N'hésitez pas. PCB

23 août 2011

25 août 1944, un égaré de la 2eDB à Issy

On sait peu de choses sur le lieutenant colonel Pierre Minjonnet, surnommé le Père Mégot en raison de la sempiternelle cigarette qu'il avait toujours aux lèvres.
Le 12e RCA.
Sauf que le 17 mai 1944, un mois après avoir rencontré le général de Gaulle à Londres, il reçoit de Paul de Langlade le commandement du 12e RCA (Régiment de Chasseurs d'Afrique) : "Par ordre du général Leclerc, commandant la 2e Division Blindée [2e DB], je quitte le commandement du 12e Chasseurs d'Afrique à la date du 16 mai 1944… En remettant le commandement entre les mains du chef d'escadrons Minjonnet, j'adresse à lui, aux officiers, sous-officiers, brigadiers-chefs, brigadiers et cavaliers, à tous mes vieux compagnons, l'expression de ma gratitude émue. Le régiment détient deux vertus essentielles : l'esprit de sacrifice, l'esprit d'obéissance. C'est pourquoi je lui dis ma foi dans la victoire et ma certitude de ses exploits dans la bataille imminente qu'il va livrer pour la libération de la Terre de France".

Magazines édités en 1945 par le ministère de la Guerre. Ph. A. Bétry 
Débarqués en Normandie, les hommes du 12e RCA mènent des combats acharnés pour libérer la région. C'est chose faite le 20 août. Pour Leclerc, Paris devient dès lors son but immédiat.
Le 24 août, le groupement de Langlade se trouve en position, dans le sud-ouest de Paris, vers Toussus-le-Noble : sous-groupement Massu, PC Langlade, sous-groupement Minjonnet. Leur ordre de marche est clairement indiqué (voir carte).

L'ordre de marche de la 2e DB vers Paris. © XDR
Mais c'était sans compter sans les aléas de l'Histoire. Pas de GPS à l'époque ! Le 24 au soir, Massu est bien arrivé au pont de Sèvres comme prévu, par la colline de Meudon. Mais le convoi logistique et son essence se sont perdus. Il ne peut continuer et ne rentrera pas le premier dans Paris.
Quant à Minjonnet, au petit matin du 25, guidé par un résistant qui ne connaît pas son chemin, il se retrouve porte de Versailles et doit repartir sur ses pas vers Sèvres, en traversant Issy-les-Moulineaux par les quais, puis Meudon, sous le feu des Allemands retranchés dans l'île Seguin !
C'est finalement le détachement Dronne, avec ses recrues espagnoles la Nueve, qui, par la porte d'Italie, entre le premier dans la capitale. A 21h30, l'Hôtel de ville est atteint.
Le gros des troupes, avec le général Leclerc à sa tête, rentre dans Paris le 25 août, au son des cloches et des vivats de la foule.
Pierre Minjonnet est né en 1895, mort en 1988. Massu dira de lui : "C'était un brave type des Pyrénées" ; Langlade : "Un des officiers les plus sûrs et des plus complets de la cavalerie motorisée". PCB

19 août 2011

En marge de l'Ile St-Germain

Nous terminons notre promenade champêtre estivale hors du parc de l'Ile Saint-Germain, dans la ville d'Issy bien sûr.


A la découverte des oliviers qui décorent notre cité.
Un jeune dans le jardin des lavandes de l'ïle Saint-Germain.  Trois multiséculaires, comme sur la place Schumann ou dans le square de Macerata. Ces spécimens ont débarqué dans notre ville par convoi exceptionnel en avril 2007. Ils pèsent chacun 4 tonnes. 

Place Robert Schumann. © Alain Bétry


Square de Macerata. © A. Bétry
La culture de l'olivier, arbre typique de la Méditerranéen, est accréditée en Crète entre 5000 et 3500 av. J.-C. Mais il a des origines encore plus anciennes puisque des feuilles d'olivier fossilisées ont été retrouvées à Roquevaire (dans le Gard) et sont conservées à l'Institut de l'Olivier, à Nyons (Drôme). L'olivier apparaît dans la Bible avec la scène du Déluge. Noé, après 40 jours dans son arche, voit une colombe portant dans son bec un rameau d'olivier et comprend que l'eau s'est retirée. Symbole de force et de longévité, l'arbre peut vivre des milliers d'années, comme celui du célèbre philosophe grec Platon (423-348 av. J.-C.)  retrouvé à Athènes au cours de fouilles archéologiques en 1931 et qui, aujourd'hui, a repris racine ! Comme ceux que l'on peut admirer dans nos rues.

Les moutons tondeurs d'Issy. © A. Bétry
Dernier étape de cet été : le talus Garibaldi, le long de la voie ferrée,  boulevard Garibaldi, où paissent une douzaine de moutons d'Ouessant et de chèvres naines d'Afrique du Nord, les tondeuses de ce pâturage urbain. Ce petit troupeau a rejoint notre cité il y a un an à peu près et déjà un bébé est né  au printemps ! Le mouton d'Ouessant, originaire comme son nom l'indique de l'île d'Ouessant  a quasi disparu au cours du XXe siècle. Heureusement, il  a pu être sauvé ! C'est le plus petit mouton du monde : 46-49 cm au garrot ! Tout comme la chèvre naine d'Afrique de l'Ouest, originaire du Cameroun qui ne dépasse pas les 60 cm au garrot. Elle a été importée en Europe dans les années 1950. Rustiques, robustes, ils sont l'avenir écologique et biodiversité de nos villes. Alors prenez-soin d'eux. PCB

Et comme dit le dicton picard :
En août, quiconque dormira
Sur midi s'en repentira !

Nous avons passé un bel été avec vous. C'est la rentrée. Prochain rendez-vous - historique : Issy au cours de la Libération de Paris, les 24-25 août 1944. 

13 août 2011

Ile St-Germain - le jardin des découvertes

Tout au bout de l'île, du côté de la Tour aux Figures de Dubuffet, un petit chemin mène à ce jardin intimiste, un espace de pédagogie et d'observation, bien à l'abri derrière une petite palissade en bois.

Vue générale du jardin. © A. Bétry
On y découvre d'abord un potager biologique, où des tomates côtoient de gros choux, des salades poussent au milieu des géraniums, des dahlias et des roses trémières. La tomate nous vient du Pérou et fut ramenée par les conquistadores espagnols au XVIe siècle. Longtemps, les Français la considèrent comme une plante toxique, avant qu'au XVIIIe siècle, on commence à la cultiver dans le sud de la France.
Sur la droite, se font entendre le chant si caractéristique de grenouilles et de crapauds, annonçant la présence d'une mare, dont on peut admirer le fond grâce à un système de vitres. A découvrir en descendant quelques marches au fond à droite.
Sur le talus qui s'élève plein sud, poussent des arbres fruitiers : cognassier, cerisier, mirabellier, pommier et un poirier Conférence. Savez-vous que Louis XIV adorait les poires et dans son jardin potager, à Versailles, son jardinier Jean de La Quintinie en cultivait pas moins de 500 espèces !

Le petit escalier. © A. Bétry
Grappe de juillet.

Un petit chemin s'élève au milieu des plantes aromatiques : thym, ciboulette, menthe, et de la lavande, où se cachent des grillons qui chantent. Et des pieds de vigne, l'une des plantes les plus anciennes du monde, puisqu'elle poussait à l'état sauvage il y a plus d'un million d'années. Elle fait son apparition dans le sud de la France entre 1000 et 500 av. J.-C., et gagne, sous l'influence des Romains, le nord de l'Europe à partir de 400 av. J.-C.

L'hôtel à insectes. © A. Bétry
En arrivant tout en haut, on découvre, sur la droite, une serre aux plantes grimpantes et, sur la gauche, "l'hôtel à insectes" : des bûches entassées qui donnent un abri et de la nourriture aux coccinelles (dont il existe 90 espèces en France), araignées, perce-oreille, guêpes, abeilles et autres scarabées. Pour les Égyptiens, cet insecte symbolisait le Soleil levant et favorisait la vie et la fertilité. Des cultes lui étaient rendus.

Des cours de jardinage écologique sont donnés dans ce havre de paix. Se renseigner sur le site www.promenades92.fr       PCB 
A LA SEMAINE PROCHAINE

Et comme le dit le dicton de Touraine :
Pluie d'août donne miel et bon moût !

6 août 2011

Ile St-Germain - les jardins imprévus

Nous voici en pleine nature sauvage. De chaque côté du chemin, s'ouvrent des espaces - imprévus. La flore et la faune y sont libres. On y trouve des plantes qui couvrent le sol, d'autres qui pointent au-delà des broussailles.

Des îlots sauvages  de chaque côté du chemin. © A. Bétry

Là poussent les chardons, les bardanes et les orties. Bien sûr, elles piquent mais elles présentent aussi beaucoup de qualités : culinaire (on les mangeait comme des épinards et on les fait toujours en soupe) ; médicinale (elles sont notamment utilisées contre la chute des cheveux) ; pour la faune (elles servent de garde-manger aux insectes butineurs et aux coccinelles). Et aux papillons, nombreux dans ce coin du parc.

Un arbre mort le long du chemin.
Ailleurs, l'on découvre un îlot fruitier sauvage.  Il y a des  tas de bois morts, qui enrichissent le sol et où peuvent vivre en toute tranquillité les hérissons. Là-bas, ce sont des mares où l'on découvre des tritons, des grenouilles et des crapauds… et même des tortues. Au loin,  on peut apercevoir un vol de canards sauvages.


Les ruches. © A. Bétry

Et dans un coin, un peu à l'écart, des ruches ont été installées. Elles sont gérées par un apiculteur, fier de ses premières récoltes, Roland Rondelet. Il expliquait dans une interview donnée en 2007 qu'il pouvait faire deux récoltes par an : l'une de miel de printemps, à base principalement de prunus et de chèvrefeuille, et un miel d'été à base de sauge et de romarin.
On a trace de miel dans le delta du Nil dès 4500 avant Jésus-Christ. Il sert à sucrer les aliments.  On l'utilise aussi pour soigner les blessures. En Grèce, pendant les Jeux olympiques, les athlètes ont coutume de prendre une boisson miellée après la compétition afin de recouvrer plus vite leurs forces. Les premiers apiculteurs apparaissent dans la Rome antique avec la fabrication d'un miel extrait de ruches. Et le miel de la Narbonnaise est le plus réputé de l'Empire romain.
Pendant tout le Moyen Âge, on l'utilise à des fins médicinales. Et pendant les deux guerres mondiales ses propriétés aseptisantes sont redécouvertes pour guérir les blessés du front. A LA SEMAINE PROCHAINE… PCB

 Et comme dit un dicton en Champagne :  Brouillard qui remonte en été annonce la pluie.