31 décembre 2014

Bonne année 2015



2015… l'année où notre projet de "résurrection" de la Pastorale d'Issy va se concrétiser. Nous allons vous en reparler tout au long des quelques mois qui nous séparent de la représentation du 9 avril.

2015… les actions marquant le centenaire du massacre des Arméniens seront nombreuses dans notre commune. Nous serons présents pour vous en rappeler les faits marquants et donner la parole à ceux dont les familles sont arrivées à Issy et s'y sont implantées durablement.

2015… il y a 400 ans, Marguerite de France, celle que l'on surnomma la reine Margot, mourait. Nous avons déjà évoqué sur notre site les années isséennes de cette personnalité hors du commun. Une conférence aura lieu le lundi 12 janvier, comme d'habitude, à la Résidence du Parc, 18h30. Notez-le bien dans votre nouvel agenda.

Et en attendant de vous y voir, belle et heures année. Que tous nos vœux vous accompagnent. PCB

24 décembre 2014

Jean-Baptiste Arnout peint Issy

Peintre de paysages à l'aquarelle et à la sépia,  lithographe, déclaré comme "imprimeur fabricant",  Jean-Baptiste Arnout est né à Dijon, le 24 juin 1788. Il est mort en 1865. On lui doit de nombreuses vues des environs de Paris qu'il expose au Salon de 1824. Il a illustré également plusieurs ouvrages dont Galerie de la duchesse de Berry, les Cathédrales françaises ou les Antiquités d'Alsace.

Deux splendides dessins représentent le château d'Issy. 
Le Départ pour la chasse (ci-dessous) date de 1835. Nous sommes en pleine période de chasse (ouverture en septembre, fermeture en février) et le domaine des Conti regorgeait de gibier. Crayon noir, plume et lavis brun, rehauts de gouache ont été utilisés par l'artiste.

Vue du château d'Issy (le départ pour la chasse). © Benoit Chain/Musée de Sceaux.

Toujours de 1835, une scène plus estivale, encore au château d'Issy : la collation (ci-dessous). L'artiste a utilisé les mêmes techniques que précédemment. Le point de vue est différent, la perspective aussi.

Vue du château d'Issy (la collation). © Benoit Chain/Musée de Sceaux.

Rappelons que le château des Conti, détruit pendant les combats de la Commune (1871), se trouvait à l'emplacement du Musée français de la carte à jouer - une partie du domaine a été restaurée pour abriter la Galerie d'Histoire de la Ville.
Pendant ces fêtes de Noël, l'exposition Cartes à jouer et autres trésors de la collection Jean Verame mérite le détour. Dans cette étonnante exposition inaugurée le 10 décembre, l’art de collectionner et le plaisir du jeu sont intimement liés. On y découvre près de cent cinquante ensembles ludiques couvrant quatre siècles d’histoire et témoins de la passion de Jean Verame, collectionneur contemporain. 
Jusqu'au 26 avril 2015. 

Bonnes fêtes à vous tous.  PCB





18 décembre 2014

Saint-Simon, le cardinal de Fleury et Louis XV

Saint-Simon, château de Versailles. ©XDR
Le duc de Saint-Simon (1675-1755), le mémorialiste à la plume aiguisée, nous a laissé des Mémoires pétillantes. Son style est clair et il sait raconter des histoires un peu embrouillées comme cette sombre histoire qui se passe en 1718 entre le tout jeune Louis XV et son précepteur, le cardinal de Fleury (dont Historim a raconté la mort à Issy http://www.historim.fr/2011/10/le-cardinal-de-fleury-meurt-issy.html).
Voici le texte en question.

"M. le Duc [il s'agit de Louis IV Henri de Bourbon-Condé, chef du Conseil de Régence du jeune Louis XV de 1715 à 1723], peut-être mieux Mme de Prie [la maîtresse du duc de Bourbon], qui le gouvernait et qui était elle-même conduite par les Pâris, s'ennuya de ce témoin unique de ce travail, et pour s'en défaire pratiqua un jour, qu'au moment que M. le Duc allait arriver pour le travail, et que le cardinal [de Fleury] était déjà entré, le roi [le jeune Louis XV] prit son chapeau, et sans rien dire au cardinal s'en alla chez la reine qu'il trouva dans son cabinet, qui l'attendait avec M. le Duc.

"Le cardinal demeura seul plus d'une heure dans le cabinet du roi à se morfondre. Voyant le temps du travail bien dépassé il s'en alla chez lui, envoya chercher son carrosse et s'en alla coucher à Issy au séminaire de Saint-Sulpice, où il s'était fait une retraite pour s'y reposer quelquefois. En attendant son carrosse il écrivit au roi en homme piqué, et très résolu de partir sans le voir pour s'en aller pour toujours dans ses abbayes. Il l'envoya à Nyert, premier valet de chambre en quartier. 

Le jeune Louis XV. © XDR
"Quelque temps après le roi revint chez lui et Nyert lui donna la lettre. Les larmes, car, il était bien jeune [il a alors 8 ans, à gauche)], le gagnèrent en la lisant, il se crut perdu n'ayant plus son précepteur, et s'alla cacher sur sa chaise percée. Le duc de Mortemart, premier gentilhomme de la chambre en année, arriva là-dessus. Nyert lui conta ce qui était arrivé du travail, de la lettre, des larmes, et de la fuite sur la chaise percée. Le duc de Mortemart y entra et le trouva dans la plus grande désolation. Il eut peine à tirer de lui ce qui l'affligeait de la sorte. Dès qu'il le sut, il représenta au roi qu'il était bien bon de pleurer pour cela, puisqu'il était le maître d'ordonner à M. le Duc d'envoyer de la part de Sa Majesté chercher Fleury, qui sûrement ne demanderait pas mieux, et dans l'extrême embarras où il vit le roi là-dessus, il s'offrit d'en aller porter sur-le-champ l'ordre à M. le Duc. Le roi délivré sur l'exécution l'accepta, et le duc de Mortemart alla tout aussitôt chez M. le Duc qui se trouva fort étourdi, et qui après une courte dispute obéit à l'ordre du roi. 

Le cardinal de Fleury, par H. Rigaud. ©XDR
"Comme la chose était arrivée avant le soir sur la fin de l'après-dînée elle fit grand bruit et force dupes, car on ne douta pas que Fleury (à droite) ne fût perdu et chassé sans retour, qui n'eût été cardinal ni premier ministre de sa vie, si M. le Duc l'eût fait paqueter sur le chemin d'Issy et fait gagner pays toute la nuit. Le roi aurait bien pleuré, mais la chose serait demeurée faite; M. de Mortemart n'aurait pas porté l'ordre à temps. Après cet éclat il fallait que l'un chassât l'autre. L'un était prince du sang, premier ministre et sur les lieux, tandis que l'autre, sans nul appui courait la poste, ou pour le moins les champs vers un exil. Qui que ce soit n'eût osé faire tête à M. le Duc, ni peut-être voulu quand on l'aurait pu, et l'un demeurait perdu et l'autre pour toujours le maître. 

"Voici pourquoi je raconte ici cette anecdote, qui outrepasse le temps que ces Mémoires doivent embrasser." Saint-Simon.
PCB






14 décembre 2014

Succès pour la visite de la Manufacture


Pascale et le groupe d'Historimiens à l'entrée de la Manufacture.
Beau succès pour cette visite privée malgré un après-midi pluvieux et venteux. Plus de vingt Historimiens et Historimiennes se pressaient bien abrités sous leurs parapluies autour de notre conférencière Pascale pour revivre l'histoire les temps forts de cette Manufacture de tabac qui comptait au début du XXe siècle près de 1500 ouvriers.

L'une des entrées.
Le travail était long et minutieux pour transformer les feuilles de tabac en cigarettes : hongroises, gauloises, cigares, scaferlatis, etc. Les livraisons se faisaient par voitures à cheval. Une crèche, appartenant à la Manufacture, s'élevait juste à côté de l'usine, permettant ainsi aux ouvrières de confier leurs enfants pendant la journée.

La cheminée et le Père Noël à droite.
Inscrite au titre des Monuments historiques en 1984, les ateliers organisés autour de deux grandes cours étagées sur la colline, ponctuées par la grande cheminée - tronquée mais conservée - abritent aujourd'hui des appartements. Un des bâtiments, tout en haut, bombardé pendant le Deuxième Guerre mondiale a été reconstruit en tant qu'immeuble de bureaux.

Parcours extérieur, suivi pour certains par une découverte intérieure de la Manufacture : difficile de s'imaginer dans ces carrés verdoyants, l'activité quotidienne des centaines d'ouvriers, les odeurs de tabac entêtantes, la fumée que crachait la haute cheminée tout en briques… au pied de laquelle s'agrippe un joyeux Père Noël, nous rappelant que les fêtes de fin d'année approchent à grands pas.
Un grand merci à tous et un coup de chapeau à Pascale ! PCB

10 décembre 2014

Nestor Burma à Issy-les-Moulineaux

A l'occasion de la visite privée du samedi 13 décembre à la Manufacture des tabacs, partons sur les pas du"privé" Nestor Burma dans les rues de notre commune, à la recherche de tabac.

Léo Malet. ©XDR
Léo Malet (à droite) qui a inventé le personnage de Nestor Burma, le détective privé qui met « le mystère knock-out », le fait promener dans Paris et sa banlieue. C’est ainsi qu’il le met en scène dans Nestor Burma contre CQFD (éditions SEPE, 1945 puis réédition Robert Laffont, collection Bouquins, 1985).

Au début du premier chapitre, le détective se plaint car « Le 17 mars 1942 au matin, il y avait très exactement vingt-quatre heures que j’étais sans tabac ». Son ami Marc Covet « le journaliste–éponge » lui fournit une adresse pour s’en procurer « Café du Pingouin, boulevard du lycée à Vanves, Métro Petits-Ménages ». Burma, une fois ravitaillé et rassuré, admire « les passages cloutés, polis comme des sous neufs, étincelants sous le soleil », avant de rejoindre la Porte de Versailles, forcément en empruntant le boulevard Voltaire et la rue Renan.

Place Voltaire (devenue Place Vaillant-Couturier en 1937).  L'immeuble
(à g.) existe toujours, celui de droite a été remplacé. Coll. privée.
Léo Malet qui a habité le 14e arrondissement de Paris et Châtillon connaît les villes de banlieue au sud de Paris. La référence à Issy-les-Moulineaux est pourtant plus que limitée. À Vanves, un café existe encore boulevard du Lycée mais sous un autre nom. La station de métro des Petits-Ménages existe depuis 1934 lors du prolongement de la ligne 12 ; elle est rebaptisée Corentin Celton en 1945 du nom d’un martyr de la Résistance. Le roman fut écrit quelques mois avant le changement de dénomination.


Le plus amusant chez Léo Malet est qu’il fait passer son héros devant la Manufacture des Tabacs, rue Renan mais sans le préciser pour autant. Celle-ci fabrique entre autres du tabac gris que Burma consomme pour sa célèbre pipe à tête de taureau. Est-ce un hasard, une fantaisie de l’auteur, une simple coïncidence ? P. Maestracci

6 décembre 2014

Visite privée de la Manufacture des Tabacs

A l'occasion de la visite privée de la Manufactures des tabacs, (réservée aux membres de l'association), le samedi 13 décembre, revenons sur l'histoire de ce "monument industriel" de notre commune.

L'entrée de la Manufacture dans les années 1900. © Musée de la carte à jouer.
C'est au 17 rue Ernest-Renan, dans le quartier Corentin-Centre Ville, que sont construits de 1900 à 1904 les bâtiments qui vont abriter la Manufacture, dite du Gros-Caillou, transférée depuis Paris. Dix heures par jour, du lundi au samedi, les ouvriers travaillent à l'édification de cette usine. Son architecture est typique d'une usine à vapeur du XIXe siècle, avec sa haute cheminée de 45 mètres de haut. Elle est conçue sur les plans types élaborés par l'ingénieur des tabacs Eugène Rolland : une disposition orthogonale des bâtiments, facilitant la circulation par des passages couverts, de vastes ateliers autour de la cheminée, une cour d'honneur fermée par un majestueux bâtiment - aujourd'hui conservé.

La façade aujourd'hui. 
"L'architecture est austère, fonctionnelle, comparable à celle d'une prison", raconte Paul Smith, chargé par la Seita, propriétaire des lieux, d'une mission de sauvegarde des archives  - des dossiers qui remontent à 1811 ! Quatre ans plus tard, juste avant le désastre de Waterloo, l'empereur Napoléon autorise la fabrication des cigares.

L'un des passages couverts.
A l'origine, la Manufacture fabrique toutes sortes de produits : cigares, cigarettes, scaferlati. Ses employés sont essentiellement des femmes. Leurs petites mains leur permettent de rouler les cigares plus facilement. Il faut au moins deux ans d'apprentissage pour avoir le coup de main. Mais dans l'entre-deux guerres, la fabrique se spécialise dans la cigarette de luxe et la mécanisation croissante permet de produire jusqu'à 1600 cigarettes à la minute ! Le travail est éprouvant, la discipline stricte mais les avantages sont considérables : sécurité de l'emploi, retraite à 60 ans et salaires plus élevés que dans le privé. Et l'on est ouvrière à la Manufacture de mère en fille.

Nous avons retrouvé sur le net le témoignage d'une ancienne ouvrière, Hélène. Voici ce qu'elle raconte : "Il fallait être à l'heure, 7 h 30 du matin, on avait une heure à midi et on sortait à six heures pile. On avait une pause d'un quart d'heure le matin et une l'après-midi. On la passait à ... fumer! On nous donnait chaque semaine quelques paquets de tabac. C'était un travail si dur pour celles qui étaient à la chaîne, je n'ai pas fait ça), qu'elles pouvaient partir après quinze ans de maison. C'était une retraite bine méritée : Naturellement on s'en doute, tous les ouvriers étaient blêmes et atteints d'emphysème ou de cancer du poumon à ce moment-là... 
Je n'ai pas tenu très longtemps, mais je n'oublie pas cette odeur de tabac permanente, quelquefois ça sentait très bon, quand on allait dans l'atelier où étaient réceptionnées les grandes feuilles de tabac venue des îles lointaines... "

En 1937, peu après sa création, la Seita (Société   d'exploitation   industrielle des tabacs et des   allumettes) compte en France 22 établissements manufacturiers, gérés directement par le ministère des Finances.



Les initiales M et T entrelacées.








En 1978, l'usine ferme ses portes. En 1984, elle est inscrite au titre des Monuments historiques et les architectes François Ceria et Alain Coupel réussissent sa réhabilitation. Les grilles et le portail d'entrée, avec les initiales entrelacée M et T (pour Manufacture des Tabacs), rappellent l'âge d'or de cette industrie. A partir de 1987, logements et bureaux sont installés dans une partie des bâtiments industriels sauvegardés. Et depuis 1989, un restaurant, sous la férule du chef Jean-Christophe Lebascle, régale Isséens et Parisiens. Enfin, un nouveau lieu dédié à la photographie y a ouvert ses portes : l'Espace Manufacture. PCB. Photos A. Bétry.

Prenez votre petite laine, il va faire froid !

3 décembre 2014

Encore un artiste à l'honneur : Jean-Pierre Fagu !

Jean-Pierre Fagu, né en 1946 à Issy-les-Moulineaux,
ville qu’il apprécie beaucoup où il a passé toute sa vie, devant ses œuvres.
Jeunesse
A 14 ans, Jean-Pierre souhaite s’orienter vers une profession artistique, malheureusement un incident l’en empêche et il se dirige vers la profession de tailleur qu’il exercera jusqu’à sa retraite - mais il n’abandonnera jamais le dessin et la peinture, ses passions. Il prend quelques cours de dessin à Boulogne avec Monsieur Binoche et continue seul à se perfectionner dans ces domaines. Il a commencé avec l’huile, puis est passé à l’acrylique, avant de revenir à l’huile. 

Technique
Depuis une dizaine d’années, il utilise un moyen très particulier : la peinture laque des voitures, qu’il applique sur des supports très variés : toiles, bois, panneaux métalliques ou coquillages. Cette technique spéciale, il la maîtrise et obtient des réalisations qui lui sont propres.
Monsieur Fagu a exécuté des paysages, puis des copies de grands maîtres, ensuite des portraits puis il s’est reconcentré sur des paysages. Enfin, il arrive à l’abstraction avant d’aboutir à son style actuel qui est un mélange de réalité et d’abstraction ; tout ceci avec des couleurs éclatantes : une teinte en camaïeu par tableau pour les paysages et un amoncellement de teintes vives pour l’abstraction totale.

Expositions
En 2006, il prend sa retraite et décide de se consacrer à ses passions.
Il a participé à nombreuses expositions :
- École des Ajoncs,
- Maison de retraite Sainte Émilie,
- Marché de l’Art d’Issy-les-Moulineaux,
- Journées Portes ouvertes .

Visite possible
Son atelier est toujours ouvert ; il est possible de le contacter au 01 46 42 68 43 ou au 06 51 54 97 26 ou par mail : fagujp@yahoo.fr. Vous pouvez voir quelques-unes de ses réalisations sur http://fagu.e-monsite.com
Photo et texte P. Maestracci.

28 novembre 2014

L'artiste Kaoru Tsuzawa, à Issy-les-Moulineaux

Ph. P. Maestracci
Kaoru Tsuzawa et quelques-uns de ses tableaux. Ph. P. Maestracci
A l'occasion de l'exposition qu'il tiendra les 29 et 30 novembre, 49, avenue Victor Cresson, à Issy-les-Moulineaux, découvrons cet artiste talentueux qui nous vient de l'empire du Soleil Levant.

Ses débuts
Kaoru Tsuzawa est né en 1952 à Tokyo. A 9 ans, ses parents lui offre un coffret de peinture et un chevalet ; ils l’emmènent au zoo où un concours est organisé ; le jeune garçon remporte le premier prix. Un voisin lui prête quelques ouvrages sur Rodin et Van Gogh. Ceci déclenche chez lui une passion pour l’art pictural qui ne le quittera plus et l’envie de venir en France.
En 1978, il est diplômé de l’Université des Beaux Arts de Tama (banlieue de Tokyo). Sa vie d’artiste peintre commence avec les difficultés qui y sont liées ; il est obligé d’effectuer de petits travaux alimentaires pour continuer à exercer sa passion ; et il effectue sa première exposition en 1981 à la galerie Kouendori de Tokyo.

Son arrivée à Paris
En 1984, il décide de s’installer à Paris et commence à travailler la technique de la taille-douce chez Hayter à l’atelier 17 et ce jusqu’en 1988. Grâce à un ami, en 1985, il a l’occasion de travailler avec Joan Aritgas  dans son atelier de céramique à Gallifa (Barcelone). C’est dans cet atelier que Miro a travaillé. Là, Kaoru Tsuzawa découvre la culture catalane.
En 1996, il s’installe dans son atelier du Cache Tampon à Paris. 

L'atelier isséen
Kaoru dans son atelier isséen. Ph. P. Maestracci
En 2009, il intègre son atelier d’Issy-les-Moulineaux (à droite) ce qui lui permet de se rapprocher de son lieu d’habitation (il vit à Issy-les-Moulineaux depuis 1988) et de dégager du temps pour retrouver les loisirs de son enfance ; la ville d’Issy-les-Moulineaux grâce à ses nombreuses associations permet à ses habitants de pratiquer de nombreuses activités. Kaoru Tsuzawa a ainsi pu se remettre au Kendo (son maître est le président de la fédération Kendo France) et le shakuhachi (flûte japonaise en bambou).

Son art
Kaoru se définit comme « abstrait puis figuratif » ; « depuis 25 ans , après mon arrivée en France, j’ai exclu consciemment toute image figurative. Mais, depuis plusieurs années, je passe mes vacances en Dordogne et je fais de plus en plus attention à la beauté abstraite de la nature. En effet, j’ai compris qu’il y a à la fois du figuratif et de l’abstraction dans la création du domaine naturel. Je suis particulièrement attiré par la beauté et la force des arbres gelés, dépourvus de leurs feuilles en hiver. La nature m’émeut ainsi que la lumière qui l’enveloppe. C’est ainsi que j’ai pris conscience de la dualité abstraction et figuratif ».
Actuellement, Kaoru Tsuzawa se consacre à des peintures de grand format (10 mètres x 2 mètres) représentant le déroulement de la vie. Ces œuvres n’ont pas de sens de lecture, elles se positionnent horizontalement ou verticalement. Lorsqu’il travaille, il ne peut pas peindre en observant toute l’œuvre en entier. Il ne travaille qu’une partie sans avoir à trop organiser part rapport à l’autre partie, comme l’homme qui ne peut observer que chaque instant des fragments de la vie. Une de celle-ci vient d’être exposée à la galerie Charitains organisé par la Mairie d’Ebreuil dans l’Allier grâce à l’association isséenne « D’un art à l’autre ».

Prochaine exposition à Issy-les-Moulineaux
Kaoru Tsuzawa a réalisé de nombreuses expositions individuelles et collectives à travers le monde : Japon, France, Canada, Italie, Autriche, Serbie-Monténégro, Espagne, Belgique, Suisse… la liste en est donnée sur son site : www.kaorutsuzawa.com.
La prochaine exposition de Kaoru Tsuzawa se déroulera du samedi 29 au dimanche 30 novembre à l’adresse suivante : 49, avenue Victor Cresson 92130 Issy-les-Moulineaux (passer la deuxième porte en face, puis dans la cour à droite). Vous y trouverez des tableaux, des gravures, des cartes de vœux ,… Kaoru Tsusawa vous y accueillera avec plaisir. Micheline Meyniel et Nicole Rousset

Vous pouvez le contacter au 06 48 75 48 03/01 46 44 25 01 ou tsuzawa@wanadoo.fr.

25 novembre 2014

Timbres sur 14-18 à Chaville

Coup de chapeau à nos voisins de l'Association "Les Amis des Arts de Chaville" qui commémore à leur manière le centenaire de la Grande Guerre : une exposition de timbres et d'aquarelles. 
C'est ainsi que se termine la saison 1 qu'Historim vous a offerte sur 
la guerre 14-18. Rendez-vous pour la saison 2 en novembre 2015.




























Rendez-vous du 26 novembre au 7 décembre,
à l'Atrium de Chaville - Espace Louvois, 3 parvis Robert Schuman.
et sur le site  de l'association :


23 novembre 2014

La Grande Guerre - coffret pour les enfants (éditions Quelle Histoire)

Quelle riche idée a eu cette petite entreprise dynamique, Quelle Histoire, de sortir pour la commémoration du centenaire de la Grande Guerre, un coffret de quatre livres, racontant l'histoire de quatre soldats dans la guerre. Ces livres s'adressent aux enfants de 6 à 10 ans. Et ont déjà été reconnus  par la presse (Télérama, le 20 Heures de TF1, Canal +, Europe 1) et par la Mission du centenaire (l'équipe a été reçue le 11 novembre, à l'Elysée, par François Hollande)…
 https://www.facebook.com/QuelleHistoire?hc_location=timeline)

Matthew, l'Anglais, en plein entraînement. © Quelle Histoire
Chacun des personnages écrit des lettres : l'un à sa femme, l'autre à sa mère, à son frère, ou à son cousin, leur faisant vivre les combats au quotidien, le découragement ou l'enthousiasme, les rencontres improbables.

Franz, l'Allemand, jouant aux cartes dans les tranchées. © Quelle Histoire
On découvre ainsi Lucien, le Français ; Mikhaïl le Russe ; Matthew l'Anglais et Franz l'Allemand.

Lucien, le Français, vendeur de journaux, au moment
de la déclaration de guerre. © Quelle Histoire
Les illustrations sont magnifiques. Les textes, courts, sont accessibles aux plus jeunes.

Mikhaïl, le Russe, engagé sur le front de l'Est. © Quelle Histoire
Et à la fin de chacun des livres : les portraits de quelques grandes figures politiques ou militaires des pays concernés ; la description des grandes batailles ; un zoom sur l'armement et les uniformes de chacun des belligérants. Et en prime un poster géant. Le tout pour 20 €, disponible dans les bonnes librairies, sur Amazon (voir leur site : http://quellehistoire.org). PCB.

Amis Isséens, vous découvrirez bientôt une application sur l'histoire d'Issy, tout aussi bien illustrée, signée par la même équipe de jeunes créatifs. Une autre façon, ludique, d'apprendre l'histoire de votre commune. Un grand bravo !


21 novembre 2014

La conférence de Thierry Gandolfo


Comme d'habitude, la Résidence du Parc a fait le plein… pour cette conférence qui s'inscrit dans notre saison 1 de la Grande Guerre. Thierry Gandolfo, conservateur du cimetière d'Issy-les-Moulineaux et féru d'histoire, nous a fait découvrir tout un pan de cette guerre que l'on croyait connaître.En regardant de plus près les tombes du carré militaire, on constate la présence d'étrangers, morts à Issy-les-Moulineaux en1918 ou 1919. 


© Alain Bétry
Que faisait donc le Chinois Wang Sien Foo  dans notre commune ? Et le Russe Michael Savelieff ? Et le Belge Laurent Waes ? Et les Malgaches, Maliens et Nigérians enterrés là ? Sans oublier Ernest Lerdung, Alsacien-Lorrain (donc Allemand à l'époque). Le mystère est enfin levé…  Thierry nous fait revivre les derniers jours de ces hommes et de ces femmes - certaines sont infirmières - et nous explique leur présence ici.

 Alain Bétry

Le Russe servit en Champagne, dans la 1re Brigade d'infanterie… jusqu'à la révolution d'octobre 1917 et la chute du tsar. Les soldats sont désarmés par les Français, regroupés dans le camp de Courtine (Creuse), loin du front. C'est alors que les Russes "blancs" - restés fidèles au tsar - vont les bombarder - une guerre civile sur notre sol ! Michael, comme beaucoup d'autres soldats, fut victime de la grippe espagnole.
Le Chinois, comme bon nombre de ses concitoyens, était embauché comme ouvrier, manutentionnaire ou jardinier - certains travaillaient dans les serres de la ville de Paris et à Longchamp, produisant des légumes et des fruits destinés aux Poilus du front.
Et leur vie se termina dans l'un des trois hôpitaux militaires de notre commune.


© Alain Bétry

Quant à l'Alsacien-Lorrain, fait prisonnier par les Français, il fut envoyé dans les usines d'armement Gévelot à Issy-les-Moulineaux. Victime d'une explosion accidentelle, il meurt à l'hôpital Corentin Celton le 19 octobre 1918. Thierry rencontra son petit-fils, venu se recueillir sur la tombe de son aïeul. C'est d'ailleurs le seul étranger qui fut visité par sa famille.

© Alain Bétry

Il nous raconte aussi qu'un certain nombre de noms figurant sur le grand monument aux morts sont des coloniaux, bien souvent victimes de cette terrible épidémie de grippe espagnole qui s'abattit sur l'Europe, après quatre années de guerre.
Dans les archives municipales, Thierry a retrouvé les actes de décès d'un certain nombre d'entre eux. Comme celui du Russe Michael Savelieff (ci-dessous)

© Alain Bétry

ou celui du Chinois Wang Sien Foo (ci-dessous)

© Alain Bétry

La prochaine fois que vous allez au cimetière, faites un détour par le carré militaire et saluez ces hommes et ces femmes qui ne vous sont plus maintenant tout à fait des inconnus. PCB
Toutes les photos sont signées Alain Bétry.

© Alain Bétry
Carré militaire du cimetière d'Issy, le 11 novembre 2014. 

18 novembre 2014

Conférence - les étrangers dans la Grande Guerre


Dans le cadre de notre saison 1 sur la Grande Guerre, 


Thierry Gandolfo, 

conservateur du cimetière d'Issy, donnera une conférence sur 

les étrangers dans la guerre 14-18. 

Pourquoi dans le carré militaire d'Issy, un Chinois, une Belge ou un Russe sont-ils enterrés aux côtés de nos poilus français ? Que faisaient-ils dans notre commune ? 
Combien étaient-ils ? 


Vous saurez tout… 

le 20 novembre, à 18h30, à la Résidence du Parc
 20 rue de l'Abbé Derry (Hauts d'Issy).
Entrée libre. 
Venez nombreux.



16 novembre 2014

La Grande Guerre du Conseil Communal des Aînés

Et oui… nos aînés commémorent à leur façon le centenaire de la Grande Guerre. 
Venez nombreux découvrir l'exposition qu'ils organisent à l'Espace Sénior.
Du 19 novembre au 19 décembre.



L’exposition organisée par la commission Citoyenneté du Conseil Communal des Aînés se tient dans l’Espace Seniors. Elle a pu être réalisée grâce au travail attentif des bénévoles du CCA et au prêt d’objets et de documents familiaux par des Isséens.

Dans l’entrée, la vitrine (prêtée par le Musée français de la Carte à Jouer) présente des tasses commémoratives et des objets comme une baïonnette Berthier, des jumelles d’artilleur, des médailles etc. Un diaporama minutieusement conçu rappelle toutes les étapes de la guerre. Sur la table sont posés le dossier de Louis Eugène Plat du 411ème RI, celui de Marius Avisse blessé en septembre 1915 et le carnet de route d’Albert Bizet du 94ème RI. Une carte d’état-major allemande sur le mur accompagne ces documents.

De chaque côté du couloir s’alignent des encadrements thématiques sur la vie des soldats, les infirmières bénévoles, le travail des femmes, les activités économiques. Il y a des cartes de vœux, des cartes postales sur les ruines de Soissons et Vassincourt après la bataille de la Marne mais aussi des cartes de vœux. L’Ordre de Mobilisation Générale est en bonne place ainsi que la une du journal L’Excelsior du 16 octobre 1917 consacrée à la flotte dans la Baltique. Certains encadrements sont plus particulièrement consacré à un Poilu : la correspondance de Jacques Plat du 11ème RI, la médaille de Louis Eugène Plat « mort pour la France » le 17 octobre 1917 ou le mariage d’un soldat lors d’une trop brève permission.

Ces émouvants témoignages de soldats que leurs descendants ont souhaité faire connaître sont exposés à l’Espace Seniors jusqu’au 19 décembre aux heures d’ouverture (8h30 à 12h et 14 à 18h). 
P. Maestracci

Espace Seniors, 5 rue Marcelin Berthelot, 01 41 23 86 30 ou espace.seniors@ville-issy.fr

14 novembre 2014

Journal de Pierre Brengou - retour en France (Grande Guerre saison 1)


© A. Bétry

Dernier épisode de la campagne des Dardanelles menée par Pierre Brengou. Et fin de son journal qui se termine alors que le caporal se trouve en France, dans un camp près de Fréjus.

Du 1er au 10 avril : « Rien à signaler ».

11 avril : « A 11h, on a la visite d’un taube, un cuirassé qui est dans la baie lui envoie quelques shrapnells et dans la journée on reçoit l’ordre de se tenir prêts à partir ».
Un shrapnell, du nom du général britannique qui l’a inventé, est un obus bourré de balles.

25 avril : « Depuis 3 ou 4 jours la ration de viande par homme et par jour a été diminuée de 500 grammes à 400 et aujourd’hui on supprime le quart de vin remboursable aux caporaux. On ne touchera qu’un quart de vin par jour et encore ce sera du vin grec ».

27 avril : « Ordre de départ pour le lendemain ».

28 avril : « On embarque sur le Doukkala ».

1er mai : « Jour mémorable. On passe le cap Matapan. à 2h. A 7 h on est torpillés au fond de l’Adriatique à 100 milles [185,2 km] de Malte. A ce moment je me trouvais à l’arrière, j’aperçois à tribord à 200 mètres à peu près le sillage d'une torpille venant droit vers nous… .Je me couche… je me relève et j’aperçois la torpille continuant sa route par bâbord. On a eu de la chance, elle est passée à un mètre ou deux grâce à la prudence du commandant du navire au lieu de marcher en ligne droite on navigue en zigzag… Une heure après on a aperçu le sillage d’un sous-marin à tribord marchant parallèlement à notre navire à environ 1000 mètres, on lui a envoyé 5 ou 6 obus de 37 et il a disparu ».
Le cap Matapan est à l’extrémité sud de la péninsule grecque ; le navire se dirige vers la mer Ionienne et la Sardaigne.

Pierre Brengou, 8 juin 1916,
près de Saint-Raphaël.
5 mai : « A 14h, on aperçoit les côtes de France et à 17h, on rentre dans le port de Toulon…Avec quelle joie je revois la France que j’ai quittée il y a 8 mois moins 8 jours ».

7 mai et jours suivants Pierre Brengou se trouve dans un camp à Fréjus où le ravitaillement est insuffisant les premiers jours.
Les derniers mots de son journal « On fait partie maintenant du 69ème Bataillon sénégalais 3ème Comp.[compagnei] Camp des Évêques près Fréjus (Var) ».


Épilogue.
Après cette campagne des Dardanelles et d’Orient, Pierre Brengou avec son bataillon participe à la campagne de France. Il est tué le 17 ou le 18 avril 1917 sur le Chemin des Dames, à la ferme du Poteau d’Ay. Cette route, autrefois empruntée par la reine pour assister au sacre du roi, relie Soissons et Laon dans l’Aisne. Commandant en chef pour la région depuis décembre 1916, Nivelle veut rompre le front dans cette zone. L’opération est retardée d’un mois par le repli allemand sur la ligne Hindenburg plus facile à tenir. L’attaque générale est lancée le 16 avril 1917. Pierre Brengou meurt le surlendemain selon le bulletin de décès. Ce caporal du 59ème bataillon de Tirailleurs Sénégalais est « Mort pour la France » à l’âge de 21 ans (Mairie de Pruines, Aveyron 26 septembre 1926).
L’opération au Chemin des Dames est un désastre sanglant : des mutineries éclatent. Elles sont réprimées et suivies d’exécutions. L’opération, suspendue le 21 avril, est abandonnée le 17 mai car Nivelle est remplacé par Pétain le 15 mai. Le général Mangin ne s’empare du Chemin des Dames que le 12 octobre 1918, un mois avant l’armistice.

Chemin des Dames : zone de combat particulièrement meurtrière lors de l'offensive Nivelle en avril 1917.
Pierre Brengou y trouve la mort.
La tombe de Pierre Brengou à « 700 mètres NO du Poteau d’Ailles [est ] transférée à Cerny en Laonnais arr [arrondissement] de Laon (Aisne) où elle prote le n°2682 au Cimetière National le 27-5-1925 » (Extrait du service d’état civil des Sépultures Militaires)

Nous pouvons associer à la mémoire de Pierre Brengou, celle de son cadet Gabriel Brengou mort en août 1944 à Ablis (Yvelines) au sud de Rambouillet. Des soldats de la 2ème DB de Leclerc s’élancent le 23 août de la zone de Rambouillet pour aller libérer Paris. L’aîné et le cadet sont morts en combattant pour leur pays à vingt-sept ans de distance lors des deux guerres mondiales. P. Maestracci 


12 novembre 2014

Journal de Pierre Brengou - Dardanelles - suite (Grande Guerre - saison 1)

© A. Bétry
Continuons la lecture du journal de notre poilu. Il est toujours aux Dardanelles en cette fin d'année 1915.Le 8 décembre, il est passé dans le 7e compagnie sénégalaise, en tant que caporal.

10 décembre : « On reçoit 7 ou 8 gros obus de la côte d’Asie dont un fait un grand trou à 3 ou 4 mètres de nous qui étions en train de toucher des képis neufs, sans blesser personne ; un autre perce une demi-douzaine de muids de vin… ».
Un muids a une contenance de 274 litres à Paris et 270 en province. Plus de 1600 litres de vin !

14 décembre : « On voit très bien l’obus pesant 160K sortir du canon, on peut le suivre des yeux quelques secondes ».

24 décembre : « On peut fêter un peu la veille de Noël ; c’est rare. Une bouteille à 2F,20 de samos blanc chacun. J’ai assisté à la messe de Noël ».
Le vin de samos est un vin doux ; c’est un vin de fête. Il provient de l’île grecque de Samos proche du littoral turc, plus au sud par rapport aux Dardanelles.

25 décembre : Pierre Brengou décrit « un taube qui lance une bombe sur le camp des Hindous ».
Rappelons qu’un Taube est un avion de chasse allemand. Les Britanniques ont engagé des soldats de leur empire colonial venant des Indes, comme les Français les Sénégalais que côtoie Pierre dans sa compagnie.

31 décembre : « Matin : exercice. Soir : marche de quelques kilomètres. Je reçois un colis de ma sœur ».

1er janvier 1916 : « A minuit pendant une demi-heure on entend toutes les sirènes des navires en rade qui fonctionnent pour fêter le nouvel an. Triste premier de l’an. Matin : pluie. Repos tout le jour ».

6 janvier : changement d’affectation et traversée. « Vers les 7 h, on rentre dans la baie de Mytilène… à gauche, on a des grandes usines ».

7 janvier : « On est dans un pays excessivement montagneux mais toute l’île est recouverte d’oliviers, du pied à la tête des montagnes. C’est à peu près la seule production du pays avec les figuiers ».
Ce jour-là, les Alliés arrêtent les consuls d’Allemagne et d’Autriche.

11 janvier : vaccination anti-variolique.

Progression des Alliés vers Constantinople
(Le Miroir, 16 mai 1915).
L’optimisme manifesté au printemps n’est plus de mise quelques mois plus tard, 
lorsque Pierre écrit son Journal la résistance turque a été sous-estimée. Constantinople est l’ancien nom de Byzance pris par les turcs en 1453 et depuis rebaptisé Istanbul.

12 janvier : « On apprend que les Anglais ont évacué la presqu’île de Gallipoli en sacrifiant une quantité de chevaux, canons et des autos qu’on a envoyées à la mer du haut d’une falaise ».
Après l’échec de l’opération navale, c’est celui de l’opération terrestre commencée en avril 1915 et arrêtée le 8 janvier 1916. Le rembarquement des troupes a commencé dès le mois de décembre. Les détroits restent fermés aux Alliés qui ne réussissent pas leur jonction avec l’allié russe.

22 janvier : « Distribution de paillasses, une par homme et un sac de couchage pour deux (un par Européen) et du crin végétal pour les paillasses ».
Il y a donc une discrimination au sein d’une même unité entre Sénégalais et Français.

24 janvier : « Les tirailleurs trouvant qu’on les faisait trop travailler ont fait une sorte de révolte… L’effervescence a été calmée et il n’y a pas eu de suites ».

6 février : « On est bien nourris, pas trop de travail, pas de danger, on peut se laisser vivre ». Le soulagement est perceptible après les risques permanents.

29 février : « On va monter des tentes et nettoyer l’ancien camp du 56ème pour 500 rescapés de La Provence coulée le 26 par une torpille. Ce navire de 197 mètres de long portait la 5ème comp.[compagnie] du 3ème colonial, la comp. hors rang et la comp. des mitrailleurs ».

4 mars : « Il arrive 320 rescapés de La Provence ; ils font pitié à voir à moitié nus et des figures hâves … ».

9 mars : « On est passés en revue à Mytilène par deux amiraux anglais et français ; remise de décorations. Pendant ce temps, 4 biplans et 2 monoplans alliés survolent la ville à une faible altitude ».
Mytilène, antique Lesbos, est une île grecque de la mer Égée au sud des Dardanelles et près du littoral turc.

18 mars : « Arrivée de permissionnaires. Tous ceux de ma compagnie rentrent ». 
Il s’agit d’officiers, de sous-officiers, d’un caporal et d’un infirmier.

29 mars : « à 15 h, distribution de pain, sucre, café, sel riz, bois, huile…et légumes ».

31 mars : « Départ du Colonel D*** pour la France. Je pense pas que personne le regrette ».
P. Maestracci

10 novembre 2014

Journal de Pierre Brengou - Dardanelles suite (Grande Guerre- saison 1)

 A. Bétry
Vous avez déjà fait connaissance de ce poilu dont les petites-nièces sont Isséennes et conservent précieusement le journal et les cartes postales de leur aïeul. Continuons à le découvrir. Il est toujours aux Dardanelles.

2 novembre 1915 : « Repos tout le jour. On a eu le temps de se nettoyer et de se livrer au sport de la chasse dans son linge car ce n’est pas ce qui les poux et les puces qui manquent aux Dardanelles ».
De l’humour pour évoquer la misère physiologique des soldats dans les tranchées.

Le Miroir, 15 novembre 1914.
3 novembre : Survol du camp par un avion allemand un Taube (pluriel Tauben) qui tire quelques coups et combat contre « un biplan allié ». Les 2 avions sont sous un tir croisé sans résultat pour l’artillerie des deux belligérants. Les Tauben  (photo ci-contre extraite du Miroir du 15 novembre 1914) sont des monoplans engagés au côté des Ottomans. Dès 1914, il fallait montrer au public, et surtout aux aviateurs, à quoi ressemblent les avions ennemis et ne pas abattre les avions alliés !



6 novembre : Pierre Brengou reçoit un colis de sa sœur contenant des vêtements, du chocolat, du saucisson et des noix. Le comité La Fayette lui envoie aussi des vêtements mais aussi un couteau et du papier hygiénique. Ce sont des cadeaux aussi pratiques que fort appréciés.

10 novembre : «… Après 2h de marche pénible à travers la terre mouillée et les boyaux en zig-zag on arrive en 1ère ligne, ma comp [compagnie] passant les 4 ers jours en 1ère ligne…On voit entre les 2 lignes une quantité de cadavres du 176ème tombés là en tirailleurs à une attaque, il y a plus de 2 mois. On a remplacé les créneaux en fer par des créneaux en bois très visibles des tranchées turques…Ma section divisée par équipes va planter des piquets pour fil de fer en avant de la 1ère tranchée. Je suis de l’équipe de 23h à minuit. On est 4 hommes de l’escouade et le caporal, on plante 8 piquets on y reste une petite demie heure à se promener au milieu des macchabées et sous les balles . Aucune équipe n’a rien eu ».

Voici  un extrait du journal, couvrant les journées du 5 au 10 novembre 1915. Coll. privée

12 novembre : « On bombarde violemment les tranchées turques avec des crapouillots ». 
Ce sont des mortiers de tranchée ; leur nom viendrait de crapaud. « En revanche, ils nous envoient quelques zim boum et manches à balai. On leur envoie des crapouillots et des grenades ».

15 novembre : « Fusillade du côté des Anglais…Les Anglais ont attaqué et pris 2 tranchées turques ». Il y eut ensuite une contre–attaque.

15 novembre : « Les Turcs ont attaqué les Anglais mais ils sont tous restés sur le carreau, fauchés par les tirailleurs et fusils anglais ».

29 novembre : « Quelle mauvaise nuit. Froid très vif avec vent du nord. L’eau est gelée dans les bidons. Les Sénégalais sont évacués par cinquantaines pour membres gelés ». Pierre Brengou est dans une unité coloniale avec des Sénégalais et des Français. Les premiers sont de faction dans la journée et les seconds les relèvent la nuit. P. Maestracci

8 novembre 2014

Journal de Pierre Brengou - les Dardanelles (Grande Guerre - saison 1)



Pierre Brengou tient son journal dans un petit carnet gardé sur lui et conservé soigneusement par ses petites-nièces que je tiens à remercier chaleureusement. Une partie des illustrations est tirée de l’hebdomadaire français Le Miroir, généreusement prêté à Historim par Mme Jeannine Poinot.


Le 11 février 1915, Pierre Brengou, stationné à Toulon, envoie cette carte postale (ci-dessous). Il va partir pour les Dardanelles. La légende : "Marine militaire française. Exercice de canons sur le pont d'un cuirassé".

Coll. privée

2 octobre : « Un dirigeable survole l’île »
S’agit-il du Zeppelin allemand ?
Ordre est donné de partir pour Sedd-al-Bahr à l’extrémité de la presqu’île de Gallipoli.

3 octobre : « On commence à entendre les premiers coups de canon à 18 h. On débarque à Sedd-al-Bahr. Arrivés aux tranchées de repos à 23 h ». 

4 octobre : « On reçoit les 1ers obus de la côte d’Asie ».
Le détroit est large de 4 kilomètres pour 70 kilomètres de long. Les Turcs ont un armement solide.

9 octobre : « En 1ère ligne. Mon poste au créneau est une sape B 13 à environ 30 mètres des Turcs. On prend la veille 1h sur 3. A 7h , on évacue la 1ère ligne pour permettre à nos crapouillots de bombarder les 1ères lignes turques… à la tombée de la nuit, de nombreux coups de fusils sur mon créneau qui est repéré ».

Le Miroir du 4 avril 1915 publie cette photo-montage qui
montre en haut une batterie turque, en bas des marins
français transportant des prisonniers turcs.

11 octobre : « A midi, nous avons subi un bombardement de 77 turcs qui nous prenaient d’enfilade… [Pierre est blessé]. La balle a glissé sur mon porte-monnaie, a traversé ensuite le pantalon et le caleçon et m’a fait seulement une plaie superficielle ».
Les 77 sont des obusiers.

17 octobre : « On voit beaucoup d’oliviers et quelques petits houx. Comme animaux, quelques alouettes, vautours, beaucoup de corbeaux et surtout des mouches ».
Il garde le camp en raison de sa blessure et prend le temps de regarder la faune volante locale. Vautours, corbeaux et mouches font penser à des champs de bataille avec des morts convoités par des charognards.

23 octobre : « On touche des masques et des lunettes ».
Il s’agit de se protéger contre des gaz asphyxiants.

27 octobre : il faut « creuser des boyaux conduisant aux chambres de repos ».

Ces tranchées couvertes de zinc pouvaient accueillir une vingtaine d’hommes.

28 octobre,  17 h. « assez violent combat d’artillerie des deux côtés pendant une heure ». 
P. Maestracci

Débarquement à Seddul Bahr et début de l'opération terrestre
sur la presqu'île de Gallipoli
(Le Miroir, 30 mai 1915).  Coll. Jeanine Poinot.