26 avril 2024

J’ai grandi avec Notre-Dame-des-Pauvres

Pascale est née et a grandi au cœur de la communauté de Notre-Dame-des-Pauvres jusqu’en 1979. Elle y fait la connaissance de son futur mari, Isséen, résidant aux Epinettes. Ensuite, ils sont partis pour le Perche où ses parents sont venus la rejoindre en 1980. Au décès de son mari, en 2014, elle s’installe dans le Languedoc auprès de ses enfants. Ses attaches isséennes sont encore très fortes avec sa belle-sœur qui y réside depuis très longtemps. 

Pascale
C’est en 1955, à l’arrivée de François du Plessis que tout a changé. Il fut nommé responsable de la chapelle Notre-Dame-des-Pauvres à Issy-les-Moulineaux dans le quartier de la Plaine. Il quittait celui de la Belle de Mai à Marseille. Cette chapelle n’était pas tout à fait finie mais il va y officier durant dix-huit ans. Quand celle-ci fut terminée, s’enchaîna la construction d’un foyer de jeunes travailleurs suivi de celle d’une HLM tant le manque de logements était crucial. C’est à ce moment que ma famille intervient. Mes grands-parents maternels René et Madeleine Richard, personnes modestes et pieuses, vont tenir la « loge » de concierge. Ils s’occupent de l’entretien de la chapelle. Ma grand-mère accueille, nourrit les prêtres, séminaristes, clochards, déshérités de passage. Elle entretient les vêtements sacerdotaux et le linge servant aux offices religieux. Mon grand-père, quant à lui, va cultiver un grand jardin afin de pallier aux besoins de cette communauté naissante (jardin devenu, par la suite, le terrain de football).      

François du Plessis
Mes parents, Pierre et Madeleine Calderara, vont alors pouvoir bénéficier d’un logement tout neuf et confortable. Six étages ; quatre familles par palier, toutes origines confondues. Des souvenirs à foison, du bonheur, du partage de la solidarité (60 enfants à occuper). Très peu ont déménagé et sont restés toute une vie tant cette communauté nous a enrichis. Je devais avoir 5 ou 6 ans quand nous sommes arrivés, avec mes parents et mon frère, dans ce logement et avons grandi dans cette mixité.

C’est à cette période qu’une amitié sincère et profonde va réunir mon père et François jusqu’à la mort de l’un deux. Les premières actions menées seront les « squats ». Reloger, dans des habitations inoccupées, des familles avec enfants et sans hébergement. Ces interventions se passaient la nuit, sans bruit, afin de ne pas éveiller l’entourage et, souvent, avec les gendarmes « aux fesses ». Mais quelle joie ils ressentaient quand l’opération était terminée sans que cela finisse au poste de police…
S’en est suivi d’autres grandes aventures. Le désir d’amener tous ces gosses de la Plaine en vacances (certains n’avaient jamais vu la mer). François s’occupe de trouver un terrain en Gironde, un car pour transporter ce petit monde. Il fait appel à l’Armée pour récupérer des tentes et lits de camps recyclés. Et nous voilà le jour « J » prêt à partir. Des familles sont venues se joindre au groupe avec leur matériel de camping. J’ai ce souvenir, présent, de tout ce monde installé sur ce grand terrain (plutôt une forêt de pins) avec les mamans qui préparaient les repas, soignaient les bobos et consolaient les plus petits. François et les pères de famille géraient, plus ou moins, les grands qui leur en faisaient voir « des vertes et des pas mûres».
François faisait l’office dominical, les pieds nus dans le sable, en y conviant ses ouailles pas toujours disciplinées et convaincues.
Le camp de l’Arbousier a duré des années, il y avait les fidèles qui revenaient chaque année. Il a fallu, au fil du temps, mieux organiser l’endroit. Création d’une cuisine et salle de douches commune, d’une infirmerie (ordonnée par les Services sanitaires). Les pères de famille et les bénévoles, à coups de pelle et de pioche, ont fait naître et sortir de terre ce qui avait été ordonné. Le fonctionnement était simple et clair, se soutenir, s’occuper de son prochain avec (si possible) respect et amour. Les plus grands s’occupaient des plus petits. Activités, jeux, lecture, baignade et, le soir, feu de camp, chansons et Jean-Luc Lahaye grattait sa guitare. La journée, François faisait le tour des maraîchers et, avec sa tête de bon Samaritain et sa grandeur de persuasion, nous rapportait des cageots de fruits et légumes pour les repas.
Mes grands-parents, ma mère,
mon frère et moi devant la porte




De vivre auprès de ce « Saint Père », nous avons appris à nous contenter du principal et de l’essentiel. Le partage et le respect toujours à l’ordre du jour. Je remercie du fond du cœur tous les acteurs de cette communauté. Je ne peux malheureusement les citer tant ils sont nombreux dans mes souvenirs. Je ne suis pas de celles qui pensent que tout était mieux avant ; mais nous vivons à cette époque grâce aux valeurs transmises par ces expériences de vie, des moments de bonheur intenses, dans cette mixité, d’origine et de point de vue divergents, beaucoup de valeurs 
perdues à ce jour.


Vitraux actuels de Léon ZACK © A. Bétry

Ma grand-mère est décédée en 1962, je l’ai très peu connue, je n’avais que 4 ans. D’autres personnes ont pris sa relève.


Le père du Plessis nous faisait le catéchisme dans les locaux de la communauté. Nous organisions, les grands et ados, dans cette salle du « peuple », des fêtes, des repas où les parents, bien sûr, étaient conviés autour du spectacle de leur progéniture et d’un bon repas que toutes les mamans nous concoctaient.     


Le mercredi, les jeunes filles allions faire le ménage et la lessive chez le Père François qui était toujours débordé et tellement sollicité. Ce lieu de la « Plaine » restera pour moi, et je peux y associer mon défunt frère Bruno, les moments d’insouciance, de bonheur intense où tout était possible et réalisable dans nos têtes de gamins. Certes, un quartier populaire, et j’en suis fière, où les valeurs avaient un sens profond. Ce fut la base de notre construction, une richesse inestimable.

La femme que je suis devenue le doit, en grande partie, à cette enfance heureuse, à nos parents et à François du Plessis ainsi qu’aux habitants et camarades fidèles de la « Plaine ».
Un grand merci à Pascale pour son témoignage qui lui a fait revivre son enfance et, en même temps, rendre hommage au père François du Plessis qui a tant fait pour cette communauté.
Michel Julien





22 avril 2024

Vitesse limitée sur Issy

Le thème de la vitesse à ne pas dépasser par les véhicules motorisés revient régulièrement dans l’actualité pour limiter la pollution atmosphérique, le bruit et les accidents.

Panneau de limitation à 30 kilomètres/heure, 
au début de la rue Guynemer. 

C’est le cas pour le boulevard périphérique qui longe la commune au nord sur environ deux kilomètres. Depuis plusieurs années, sa vitesse maximum est passée de 80 à 70 kilomètres/heure, version optimiste tant les embouteillages sont récurrents… La vitesse de 50 kilomètres/heure a été annoncée et espérée par la ville de Paris.
Dans la commune, la vitesse qui était de 50 kilomètres/heure a été abaissée à 30 kilomètres/heure sur la quasi-totalité du territoire communal, ce qui rend d’ailleurs obsolètes les panneaux qui indiquent la fin de la zone 30 dans certaines rues. 
Ce changement fut annoncé dans les premiers mois sur les panneaux lumineux d’information municipale. 


     Quartier du Fort Numérique - vitesse limitée à 20 km/heure © A. Bétry

Il y a toutefois quelques exceptions avec les zones 20. Contrairement à ce que pensent de nombreuses personnes, cette limitation à 20 kilomètres/heure ne concerne pas que la vitesse. Le panneau indique la priorité absolue du piéton dans toute cette zone par rapport à tous les véhicules motorisés comme d’ailleurs aussi aux vélos et aux trottinettes ! Cela explique qu’il n’y a ni passage protégé (toute la zone en est un) ni feux tricolores. Tout piéton peut, en théorie, traverser sans regarder, traverser le carrefour en biais etc... Ces zones concernent le Fort et des petites rues comme l’allée des Maraîchers ou l’allée des Coutures.

                                                                                 Texte et photographies : P. Maestracci


Tragique accident, jeudi après-midi 4 avril 2024, à Issy-les-Moulineaux où, peu avant 15 heures, une femme de 53 ans est morte après un accident de la route.
Selon les premiers éléments recueillis sur place, la victime traversait la chaussée de la rue Séverine, artère en sens unique qui borde l’église Saint-Benoît et le collège Henri Matisse quand elle a été percutée par un camion. (Le Parisien)

Même si cet accident n'est pas dû à la vitesse, il doit inciter chacune, chacun à la plus grande vigilance en traversant les rues de notre cité. A.Bétry





18 avril 2024

La campagne en ville… quand Issy conserve son passé agricole

Pendant des siècles, Issy à flanc de colline et la Ferme dans le quartier des Moulineaux furent des villages assez éloignés l’un de l’autre. Les vignes étaient sur les coteaux et Les champs se trouvaient dans la plaine.

Vendange chez Yves Legrand ©A.Bétry

De ce passé rural, il n’en reste que peu d’éléments. Aux Moulineaux, des vignes en contrebas de la ligne du RER et Le Chemin des Vignes sont gérés par la famille Legrand. Les vendanges se font toujours à l’automne avec la participation d’écoliers. Entre le boulevard Garibaldi et le RER, les talus sont entretenus par des moutons à la belle saison. Enfin depuis quelques années, la Fédération Nationale des Chasseurs occupe l’ancien bâtiment de la Banque de France, à l’angle des rues de Vanves et du Général Leclerc.
En revanche, le nombre des noms de rues évoquant la campagne est nettement plus important.
Certains noms sont caractéristiques en ce qui concerne les terres agricoles. Un clos est un terrain cultivé limité par un mur ou une barrière. Il y a l’allée du Clos, le clos Girard et le clos Munier. Sur un lieu-dit du XVIIe siècle, l’allée des Coutures évoque le nom de champs cultivés, le Champ Chardon celui d’une plante piquante et la rue du Ponceau, l’autre nom du coquelicot. La promenade du Verger, le chemin des Vignes et le sentier (et le quartier) des Épinettes (soit du vin blanc, soit une cage pour volailles) indiquent quelles étaient les productions locales. L’école des Varennes (mot d’origine allemande) évoque la version ancienne de garenne, terrain inculte réservé à la chasse, privilège de la noblesse.
Il existe aussi une évocation des bâtiments. L’allée et le quartier de la Ferme se trouvent dans l’ancienne propriété des Chartreux qui avaient reçu cette propriété au Moyen Âge du chanoine Jean de Meudon. C’est le nom donné à un gymnase, des écoles et une médiathèque. Il y a la rue du Bateau-Lavoir et l’allée du Hameau Normand. Le chemin du Moulin fait écho au terme des Moulineaux et aux armoiries de la ville. Les anciens chemins étroits subsistent dans les noms d’une dizaine de sentiers. Celui de la Bertelotte entre les rues Renan et Michelet fait exception car tous les autres sont autour du Fort comme le Buvier, les Loges, les Marcettes, la Montézy ou les Tricots.


Allée des Maraîchers

Enfin, la promenade des Jardiniers de l’Île et l’allée des Maraîchers mettent en valeur le  travail des professionnels.
Depuis plusieurs années, sont créés des Jardins partagés dans chaque quartier, tels ceux de la résidence Séverine ou celui rue de la Galiote. C’est un retour au passé rural de la ville mais sous une forme contemporaine ! 

Texte et photographie : P. Maestracci

 


                               

13 avril 2024

Déambulation dans des rues aux noms d'arbres

Profitez des vacances pour redécouvrir votre ville.
Issy-les-Moulineaux, territoire longtemps agricole, est devenue une ville industrielle puis tertiaire, densément peuplée. Il existe toujours des parcs disséminés dans la commune ainsi que des arbres remarquables, en particulier sur l’île Saint-Germain.

Plusieurs noms restent associés aux arbres. 

Dans le quartier Centre-Ville, la rue des Acacias croise la rue des Peupliers. Toutes deux sont bordées d’immeubles. Le fief du Bois-Vert  était entre l’église Saint-Étienne et la grand-rue (rue du Général-Leclerc) ; le sous-fief de l’autre côté de la rue correspond au tout récent Cœur de Ville.



Cet immeuble de l’entre deux-guerres (ci-contre) se situe au croisement de la rue des Acacias et des Peupliers. 


Dans le quartier des Hauts d’Issy où subsistent encore d’étroits sentiers, la villa des Cerisiers est une impasse. Tout près, se trouve la place des Tilleuls et la villa du même nom.


Place des Tilleuls (Hauts d'Issy), carte postale

Texte et photographie : P. Maestracci

8 avril 2024

Amin Maalouf et les deux académiciens d'Issy

Les vacances scolaires sont là avec quelques ouvrages à lire.
Amin Maalouf, tout nouveau secrétaire perpétuel de l’Académie française, a rendu hommage à ses prédécesseurs au 29e fauteuil de l’illustre assemblée. Il l’a fait dans un livre remarquablement documenté : Un fauteuil sur la Seine. Quatre siècles d’histoire de France. (Grasset, 2016).

Si les cinq premiers titulaires, par ailleurs peu connus, ne sont pas venus à Issy, il n’en est pas de même pour le 6e, élu en 1717. Celui que l’écrivain surnomme « Celui qui murmurait à l’oreille du roi » (ci-dessous), n’est autre qu’André-Hercule de Fleury (1653-1743). Évêque de Fréjus en 1698, il fut choisi par le Roi-Soleil comme précepteur pour son héritier, le futur Louis XV, devenu roi en 1715. 


Cardinal de Fleury
En décembre 1725, soit deux ans après la mort du Régent Philippe d’Orléans, le duc de Bourbon espère que le roi se sépare de Fleury. Celui-ci se réfugie alors au Séminaire d’Issy. Mais Louis XV renvoie le duc de Bourbon et rappelle Fleury. « Dès le retour de Fleury du séminaire d’Issy, le roi lui proposa de devenir son principal ministre en remplacement de Bourbon. Il accepta la responsabilité mais pas le titre » (Amin Maalouf, chapitre 6, op. cit.)

En 1726, Fleury, évêque de Fréjus, devient cardinal ; il est âgé de 73 ans et reste au pouvoir jusqu’à sa 90e année. « En public on l’appelait, bien entendu Son Éminence mais en son absence on murmurait Son Éternité. » 
Fleury finit ses jours dans une aile du séminaire d’Issy où il meurt le 14 janvier 1743. La  messe d’enterrement est célébrée dans l’église Saint-Étienne et le cercueil déposé dans la crypte avant son transfert dans une église parisienne (cf Issy-les-Moulineaux, histoire d’une ville en 60 dates. Atlante éditions, 2013).


Ernest Renan

Le chapitre 13 est consacré à « Celui qui a osé appeler Jésus un homme » (ci-contre) : Ernest Renan (1823-1892). Celui-ci a commencé ses études au séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet (à l’emplacement actuel de la Mutualité française, Paris Ve). Regrettons qu’Amin Maalouf n’ait pas évoqué la poursuite des études du jeune Renan au séminaire d’Issy.

Texte : P. Maestracci


Pour an savoir plus sur le site :

3 avril 2024

Cœur de Ville d'Issy - une visite privée dans l'écoquartier

La visite historimienne de ce samedi débute à l’angle de la rue Victor-Hugo et de l’avenue de la République avec l’évocation des transformations du terrain au cours des siècles. Longtemps, ce furent des champs puis, avec le château de la reine Margot au début du XVIe siècle (actuel Séminaire), de belles propriétés. Leur entrée se faisait sur la grand-route (rue du Général-Leclerc) avec des jardins à la française allant jusqu’à l’actuelle rue du Gouverneur-Général- Éboué. Cet ensemble fut coupé en diagonale au XIXe siècle, c’est l’actuelle avenue de la République. L’écoquartier Cœur de Ville d’une superficie de presque trois hectares est aussi limité par la rue Horace-Vernet.
Au XXe siècle, il y eut des usines dont la première en 1908 fut la biscuiterie Guillout. Après la Seconde Guerre mondiale, est créé le CNET de renommée mondiale pour ses inventions dans le domaine des télécommunications et ce, jusqu’en 2017. Une plaque commémorative devrait en rappeler le souvenir. 
Après la destruction des bureaux, un écoquartier est créé avec plusieurs objectifs : en faire un lieu de rencontre, respecter les règles environnementales et satisfaire les besoins des habitants : logements, bureaux, services municipaux, commerces variés  etc...

Une allée dans l'écoquartier


La déambulation dans Cœur de Ville permet de mieux appréhender comment ces objectifs ont été atteints.
La rue Victor-Hugo, longue de 300 mètres, est longée par des immeubles de bureaux et des immeubles résidentiels. Il y a également une crèche près d’une résidence pour Seniors et le groupe scolaire Françoise Giroud.
Des immeubles résidentiels se trouvent le long de la rue Horace-Vernet, parallèle à la rue Victor-Hugo. Des bureaux leur succèdent à l’angle de la rue avec celle du Général-Leclerc.
Cœur de Ville est aussi un nouvel écoquartier avec des immeubles bien isolés, la géothermie etc...
Entreprise financière

La promenade, au centre en forme de Y, est piétonnière avec des plates-bandes avec des arbres de bonne taille en pleine terre, des bancs en bois. Flâner le long des devantures de magasins peut se faire à l’abri de la pluie grâce à des marquises, des auvents vitrés comme ce fut le cas le jour de la visite ! Les étages des immeubles résidentiels sont construits en retrait pour mettre plus en valeur les allées centrales.
La visite se termine devant le NIDA (Nid des Idées d’Avenir) lieu innovant de rencontre : café, restaurant, salles de conférences et d’expositions etc. Programme à consulter dans Point d’Appui.

                                                                            Texte et photographies : P. Maestracci

31 mars 2024

Issy – Les archéologues s’invitent sur le chantier Centre Ville – (suite et fin).

En mars 2018, les fouilles préventives initiées par l’INRAP se terminaient par la découverte de superstructures et d’un squelette (ci-dessous) donné comme étant celui d’un homme du Moyen Âge. (http://www.historim.fr/2018/03/issy-les-archeologues-sinvitent-sur-le_30.html)

Fouilles de mars 2018. 

Quatre ans après, le premier semestre 2022, le rapport des archéologues était rendu « public ». Il en ressort, premièrement, que le squelette n’est pas, comme il a été dit, un homme mais une femme. Celle ci, âgée d’une soixantaine d’années, date bien du Moyen Âge comme annoncé (XIIIe siècle), sans plus de précision.
Dans le précédent article, les structures découvertes avaient un début de réponse mais il fallait des études plus poussées pour en découvrir la finalité.
Pour faire simple, les fouilles seront divisées en trois catégories. 1. Moyen Âge, 2. XVIIe siècle, 3. XIXe et XXe siècles.
Les traces les plus anciennes remontent au haut Moyen Âge, période mérovingienne, pourquoi pas à Childebert (http://www.historim.fr/2018/02/conference-childebert-et-le-fief-dissy.html). Elles se t
rouvent le long de la voie principale (rue du Général-Leclerc).


Vestiges du logis principal du XVIIe siècle.

Pour le XVIIe siècle, les vestiges sont plus flagrants (ci-dessus). Il reste le mur est du logis principal ainsi que la base d’un escalier menant à la cave. Ils peuvent être attribués à la propriété de M. Nicolas Potier de Novion. Il a été trouvé quelques petits tessons de poterie ainsi qu’une pièce de monnaie à l’effigie de Louis XIV. Et, ce que l’on prenait pour un puits, n’est autre que la base d’un bassin d’agrément et sa conduite d’évacuation (ci-dessous). 


Base du bassin d'agrément.
Pour le XIXsiècle, un puisard comme l’on peut trouver dans les campagnes affleure le sol. Il résulterait d’un bâtiment attesté par le cadastre.
Pour le XXe siècle, une tranchée parallèle à la rue Victor-Hugo, a mis à jour les vestiges de la galerie de chauffe de la biscuiterie Guillout (ci-dessous). Quant aux occupations ultérieures, Peugeot, Le Raphia et le CNET, il ne reste plus aucune trace.


Vestiges de la galerie de chauffe de la biscuiterie Guillout © INRAP
                                                               
Petit clin d’œil à l’histoire, le Nidā, pôle culturel du Cœur de ville, se trouve à l’aplomb du lieu où a été exhumé le squelette.

 

Je tiens à remercier les archéologues pour leur bienveillance et particulièrement M. G. Drwila, responsable des fouilles, ainsi que M. Garcia, président de l’INRAP qui m’a fourni une synthèse des fouilles que vous pouvez retrouver ici https://journals.openedition.org/adlfi/111097.


Textes et photos Michel Julien

Pour mémoire, le 1er avril 2018, notre association Historim a rendu compte de l’avancement des travaux de fouilles du quartier Cœur de ville à venir. Ce sont les images de notre adhérent Michel Julien qui ont alerté notre maire André Santini de la découverte d’un squelette sur le chantier. Certaines personnes de la mairie nous ont contactés pour savoir s’il ne s’agissait pas d’un canular de 1er avril. L’information tardive provoqua au niveau de la municipalité quelques turbulences. Le présent article récapitule et met un terme à l’événement. A. Bétry

 


26 mars 2024

JO 2024 à Issy - Sodexo

 Le jeudi 29 février, le village des athlètes des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 a été inauguré (ci-dessous) : 52 hectares labellisés EcoQuartier sur 3 communes : Saint-Denis, Saint-Ouen-sur-Seine et l'île Saint-Denis… Bien loin d’Issy-les-Moulineaux, me direz-vous. 


Le village des athlètes. 
Mais, en regardant le reportage, en découvrant les chambres à coucher, les salles de bains, le restaurant et ses cuisines, on aperçoit sur la tenue du cuisinier… le logo de Sodexo, installé depuis 2008 dans le nouveau siège du Groupe, à Issy, au 255, quai de la Bataille-de-Stalingrad (ci-dessous).
Sodexo Live



Pierre Bellon © XDR

Son fondateur (ci-contre) Pierre Bellon (1930-2022) avait fondé à Marseille en 1966 une petite entreprise de restauration collective. Aujourd’hui, dirigé par sa fille Sophie, Sodexo est présent dans 80 pays, fait du multiservice (restauration des stades, gestion des prisons, etc).

Sodexo, 255 Quai de la Bataille-de-Stalingrad, Issy. © XDR

La filiale Sodexo Live sera aux commandes du restaurant des athlètes qui serviront environ 40 000 repas par jour pendant deux mois, dans le village des athlètes mais aussi sur 14 sites de compétition. PCB
 

21 mars 2024

SITI, un bâtiment très discret et méconnu…

En 1958, est créé l’Atelier de Montrouge par un groupe de jeunes architectes. Celui-ci œuvre pour l'EDF de 1962 à 1977.

Au début des années soixante, EDF demande à l’Atelier de Montrouge de transformer l’ancienne centrale thermique d'Issy-les-Moulineaux par un bâtiment moderne. En 1963, après démolition, débute la construction d’une petite tour qui va abriter les ordinateurs de la première génération. Celle-ci sera nommée SITI (Service de Traitement de l'Information).


2007 vue sur la tour avant démolition.

Ce bâtiment qui va perdurer, accueillera la gestion des clients de l’Ile-de-France (5 à 6 millions d’usagers). En 1969, le travail s’amplifiant, des préfabriqués sont installés pour accueillir du personnel supplémentaire.
En 1972-73, pour compléter le site et en faire un ensemble administratif et technique, commence la construction d’une tour plus haute et adaptée aux nouvelles technologies. Elle abritera tout le personnel qui était réparti sur plusieurs sites (1 200 à 1 300 personnes). Celle-ci est opérationnelle en 76-77. Elle est ultramoderne. 
Des délégations étrangères venaient la visiter. IBM y avait installé un des plus gros ordinateurs d’Europe. C’est l’informatique qui démarrait. Prenaient place le service d’exploitation qui avait en charge les ordinateurs, le service de programmation, le fichier clientèle avec la facturation des clients ; c’était l'époque des cartes perforées. 

Vue plongeante sur les nouveaux immeuble d'affaires.
C’était la tour la plus haute du paysage urbain isséen. Bien située, vue chaque jour par des milliers d’automobilistes empruntant le périphérique. C’était une très bonne image de l’entreprise. Cette tour sera reliée au SITI par une passerelle.

Elle a même servi aux pompiers de Paris pour leur exercice de sauvetage en milieu périlleux (GRIMP) quand il était basé à Issy.

Vue aérienne montrant la proche situation du boulevard périphérique
© XDR.
Trente ans plus tard (1977-2007), EDF vend le terrain. La tour sera détruite mais le petit bâtiment, lui, sera réhabilité. Mais il a perdu de sa superbe car il se trouve complètement enchâssé par les immeubles Systra dont il dépend et qui le desservent.

Lors de la démolition, 95 % des matériaux seront recyclés. Aujourd'hui, EDF n'occupe plus les lieux.


Actuelle configuration de l'ancien site EDF, devenu très discret.
Il existe à la médiathèque centre-ville, un DVD (Un jour, mon bureau) qui retrace la genèse de la tour EDF et sa démolition.    Texte et photos Michel Julien

Mise au point. La centrale thermique d’Issy-les-Moulineaux fut construite en 1911 sur l’ancien champ de manœuvres (héliport) annexé par la ville de Paris. Le SITI, s’y trouve aussi à moins de 10 m de la limite communale. Quant à la tour, elle se trouvait bien sur la commune.

15 mars 2024

Issy-les-Moulineaux en 1937

 Ce plan de la partie occidentale de la ville se trouve dans une carte La forêt de Meudon (ci-contredans une édition de 1937. Les auteurs sont « les géographes-éditeurs » Girard et Barrère, Maison Forest (Paris VIe).
Après la Seconde Guerre mondiale, des rues ont été renommées pour la plupart en hommage à des résistants. Par ailleurs, des bâtiments ont disparu au cours des années. Les changements sont indiqués en partant de la Seine vers le sud.

Deux îles sont différenciées sur ce plan des Moulineaux en 1937 (ci-dessous) : en amont, l’île Saint-Germain et, en aval, l’île de Billancourt. Les îles ont été réunifiées sous le nom de l’île Saint-Germain mais le boulevard des Îles qui la traverse en garde le souvenir. Les « Subsistances militaires » de l’île Saint-Germain, ont disparu au profit d’un parc de 18 hectares, avec un bâtiment conservé pour le Poney Club et la tour Dubuffet inaugurée en 1988. La rue, appelée alors villa de la Seine sur l’île de Billancourt, porte le nom de Pierre Poli.

Le quai d’Issy-les-Moulineaux est devenu le quai de la Bataille-de-Stalingrad (Volgograd de nos jours). Ce fut le tournant décisif du front germano-soviétique en 1942-1943. La rue de Bellevue, où habitait le résistant Marcel Miquel, porte le nom de celui-ci ; la rue Gévelot s’appelle désormais rue Jean-Pierre-Timbaud et la rue du Val, rue du Docteur-Vuillième.

Vue panoramique du quartier. Carte postale ancienne.

Les bâtiments, discrètement dessinés sur la carte, de l’entreprise Gévelot (ci-dessus et ci-dessous) ont disparu pendant les Trente Glorieuses au profit d’immeubles résidentiels et d’un grand centre commercial. L’école indiquée à l’angle des rues Aristide-Briand et Paul-Bert fut intégrée au collège Victor Hugo.


Cartoucherie. Entreprise Gévelot. Carte postale ancienne.

Le tracé des deux lignes ferroviaires se croisant, le quartier n’a pas changé. Celle longeant la rive gauche de la Seine correspond au tram T2 et l’autre, qui la coupe, au RER. À leur intersection place Léon-Blum, des travaux sont en cours pour la station de la future ligne 15 du métro. 
 
Un grand merci à Muriel qui m’a gentiment proposé d’étudier cette carte ancienne. Texte P. Maestracci.

10 mars 2024

Notre-Dame des Pauvres - une visite historimienne

Après déjà plusieurs édifices religieux de la commune, Notre-Dame des Pauvres a, ce jeudi 7 mars 2024, ouvert ses portes à un groupe d’Historimiens. C’est très aimablement que Yves Lecorre, diacre de la paroisse depuis 26 ans, a accepté d’être le guide de cette visite.
Après les généralités sur l’ambiance religieuse et sociologique de l’après-guerre 1914-1918, marquée par un renouveau de l’architecture sacrée et de la liturgie, il va évoquer l’histoire de l’église puis ses richesses artistiques.



Histoire de l’église
La petite chapelle Notre-Dame de la Plaine édifiée en 1904, rue Camille-Desmoulins par l’abbé Ouvre, fut détruite en septembre 1942 par les bombardements, le quartier de la plaine, alors très populaire et industriel avec ses 105 entreprises et ses 9 000 travailleurs, resta pendant quelques années sans lieu de culte.
En novembre 1953, le curé de Saint-Étienne (le père Joulin) acheta le terrain vague du carrefour de l’Abreuvoir (site actuel) où étaient cultivés choux et tomates et qui servait de terrain de foot pour les enfants du quartier. Il y fut installé un baraquement qui servira de chapelle provisoire.
En 1953, le premier Noël du quartier, se déroula en ce lieu, sous une tente installée par le Secours Catholique, et fut suivie par 500 personnes. Devant l’accroissement de la population du quartier, la chapelle fut rapidement trop petite.



Alors, malgré l’ampleur du projet et de son financement, il fut décidé d’édifier là une véritable église.
On fit appel à un jeune architecte Jean Blaise Lombard aidé de Henri Duverdier. Après deux ans de travaux, l’église fut construite en béton et en pierres des Vosges apparentes. Elle fut consacrée le 27 novembre 1955 par Monseigneur Feltin, archevêque de Paris.
Il lui fut donné, dans ce quartier de modestes paroissiens, le nom de Notre-Dame des Pauvres, en référence au sanctuaire de Notre-Dame des Pauvres à Banneux en Belgique, où s’était rendu l’Abbé Pierre peu de temps auparavant.

 

Les richesses artistiques
Œuvre marquante de l’art sacré du XXe siècle, Notre-Dame des Pauvres, inscrite au titre des monuments historiques, présente quelques réalisations particulièrement remarquables.







En premier lieu, les vitraux de Léon Zack (1892-1980), d’origine russe, né dans une famille juive, Léon Zack étudia à l’université de Moscou. Il quitta la Russie en 1920 et s’établit à Paris en 1923 – se convertit au catholicisme - son style évolua beaucoup pour se tourner en 1946 vers l’abstraction. Son œuvre majeure restera les vitraux réalisés en 1955 pour Notre-Dame des Pauvres.




Sur trois des quatre murs de l’église, ces vitraux s’étendent sur une longueur totale de 60 mètres. Zack a utilisé du verre soufflé permettant d’obtenir toutes les nuances d’une même couleur. Les joints sont en plomb délimitant des surfaces aux contours très variés. 
Les vitraux furent rénovés en 2008 et 2013.




Le baptistère est orné de vitraux à dominante bleu nuit de Jean Lesquibe.
L’autel est de pierre - le tabernacle présente une porte en cuivre repoussé.
Le « chemin de croix » est l’autre originalité de l’église. D’une grande sobriété – chacune des 14 stations est signalée par une petite croix de bois et d’un court texte gravé dans la pierre (œuvre de Irène Zack, fille de Léon) parfois extrait d’une œuvre de Paul Claudel. La visite se termine par un tour extérieur découvrant le campanile.



Texte : Denis Hussenot
Photos : Alain Bétry

5 mars 2024

Constant Pape - Exposition à Issy-les-Moulineaux

Le Musée Français de la Carte à Jouer organise avec le Musée dart et dhistoire de Meudon une exposition de l’artiste Constant Pape (1865-1920). Cet important paysagiste francilien, inspiré par l’École de Barbizon et les Impressionnistes, a consacré sa vie aux paysages des Hauts-de-Seine au tournant du siècle, livrant une image idéalisée de la banlieue entre sous-bois, paysages de carrières et fêtes champêtres. 

La Seine à Issy-les-Moulineaux 1907, Huile sur toile, 167,5 × 212 cm, Collections municipales d’Issy-les-Moulineaux, © Ville d’Issy-les-Moulineaux / François Doury

L’exposition a été rendue possible par une campagne de restauration d’envergure des œuvres de l’artiste conservées dans plusieurs musées et mairies dIle-de-France, menée par le Musée Français de la Carte à Jouer.

Vieille carrière, à Issy-les-Moulineaux 1905, Huile sur toile, 198 × 130 cm . Collections municipales d’Issy-les-Moulineaux © Ville d’Issy-les-Moulineaux / François Doury

Né à Meudon en 1865, Constant Pape côtoie dès son jeune âge les peintres de plein-air qui viennent poser leur chevalet dans les clairières et sous-bois de Meudon et Clamart. Son père tient en effet une auberge où convergent des paysagistes rattachés à l’École de Barbizon comme Louis Français, lami et protecteur des Impressionnistes, Antoine Guillemet, ou encore Paul Trouillebert. A leur contact, il développe un goût prononcé pour la peinture de paysage quil aiguise en suivant lenseignement de Français puis de Guillemet. Un séjour à Auvers-sur-Oise lamène à sintéresser aux motifs chers aux Impressionnistes et à éclaircir sa palette, dans des compositions au larges ciels ou de petites pochades prises sur le vif où il étudie les effets de la lumière sur leau, gardant toutefois une fidélité au style classique hérité de ses maîtres, nourrissant une profonde admiration pour Corot. 

Les Brillants, Meudon 1913, Huile sur toile, 216 × 173 cm Collections municipales d’Issy-les-Moulineaux  
© Ville d’Issy-les-Moulineaux / François Doury

Ses vues de louest francilien sont présentées chaque année au Salon des Artistes français de 1886 à 1914, puis en 1920 (et à titre posthume en 1921), et il obtient une médaille dOr pour un grand paysage intitulé Les Brillants à Meudon (ci-dessus) en 1913, conservé à Issy-les-Moulineaux. Il complète ses revenus en exerçant comme restaurateur d’œuvres d’art tout en étant actif sur les grands chantiers de décor de mairies de banlieue (Villemomble, Noisy-le-Sec, Clamart, Fresnes, Vanves). Il effectue un séjour dans le Cotentin où il peint sur le motif (Saint-Vaast-la-Hougue et Barfleur) puis à l’île dYeu et au Luxembourg après avoir reçu un prix de peinture.


Un catalogue coédité avec les éditions Lienart (ci-contre), richement illustré, et une programmation culturelle dédiée (conférences, actions de médiation) accompagnent l’exposition qui se tient au Musée français de la carte à jouer jusqu'au 13 juillet 2024. 



Charlotte Guingois, conservatrice en chef du patrimoine, Musée français de la carte à jouer.