19 juillet 2024

1er Parcours olympique 2024, à Issy

Pour la troisième fois de son histoire, la ville accueille des épreuves des Jeux Olympiques. Les deux premières étaient celles du tir aux pigeons en 1900 et 1924. Elles se déroulèrent au stand de tir (aujourd’hui disparu) en haut de la rue d’Erevan, dans le quartier des Épinettes. Pour cette troisième participation, heureux hasard, trois parcours sont prévus entre le 24 juillet et le 11 août, l'occasion de s'y rendre et saluer les participants. 

Le premier, celui de la flamme olympique, traverse dix-neuf communes des Hauts-de-Seine le 24 juillet. Venant de Meudon, le parcours isséen commence sur le quai de la Bataille de Stalingrad, entre la ligne du Tram T2 et le petit bras de la Seine. Il longe l’ancienne île de Billancourt (rattachée de nos jours à l’autre plus au nord) avec la promenade Constant Pape et le Vaisseau. Cet immeuble de bureaux de 1992 conçu par l’architecte Jean Nouvel est en cours de transformation pour recevoir la Faculté Catholique de Lille.
 

L’île Saint-Germain est à gauche. Les usines sur la droite sur le quai d’Issy (quai de la Bataille de Stalingrad) ont été démolies sauf le bâtiment des AMX (carte postale, début du XXe siècle).
 

Ensuite, le porteur de flamme tournera à gauche de la place de la Résistance pour traverser le petit pont  et le boulevard des Deux Îles. Celui-ci réunit l’île de Billancourt déjà citée et l’île Saint-Germain. Ce nom vient de l’abbaye de Saint-Germain des Prés qui reçut le fief en 558 du roi Childebert. La flamme passe ensuite par Boulogne-Billancourt et par La tour aux Figures de Dubuffet (1988) avant de finir son parcours à Paris.

Pascale Maestracci


11 juillet 2024

Gros plan sur les écoles d'Issy

Alors que ce sont les grandes vacances, consacrons un article aux écoles isséennes.

Sous la troisième République, les lois scolaires de Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique rendent l’enseignement primaire gratuit (loi du 16 juin 1881), laïque et obligatoire (loi du 28 mars 1882) pour tous les garçons et les filles de 6 à 13 ans. Dès 1880, le ministre Camille See avait créé les premiers lycées pour jeunes filles.



École Paul Bert, carte postale, 

bâtiment de 1904, à l’angle des rues Aristide Briand et Paul Bert, avec son entrée monumentale maintenant fermée, annexée à l’actuel collège Victor Hugo.

 




École Voltaire, rue Maurice Champeau. 

Elle a la forme sans doute la plus originale. 
Son toit recourbé et couvert de plaques métalliques vertes protège le gymnase et un espace clos  à ciel ouvert au-dessus des classes 
le long de la rue Séverine. 
Ce bâtiment est doublé par un majestueux escalier de plein air desservant les trois étages. La cour toute en longueur s’étend jusqu’à l’allée Saint-Sauveur.



Écoles Jean de La Fontaine rue de l’Abbé Derry. Les briques recouvrent la façade et la disposition des fenêtres évoquent le style de Le Corbusier. Outre les écoles maternelle et élémentaire, il y a aussi une crèche.


Écoles Louise Michel à l’extérieur du Fort, 
rue du Docteur Zamenhoff. 
Façade en bois disposé en lattes horizontales. 






Les communes, dont c’est la responsabilité, doivent prévoir alors des écoles séparées pour filles et garçons. Si les établissements sont mixtes de nos jours, les écoles dépendent encore des communes, les collèges des départements et les lycées des régions.



Écoles des Épinettes dans un emplacement provisoire avenue de la Paix en attendant la construction de bâtiments neufs sur l’emplacement originel. Elles occupent les locaux de l’ancien collège de la Paix, lui-même déplacé à l’entrée du Fort. 
Des  bâtiments métalliques en forme de containers ont été rajoutés...

Certaines des premières écoles existent toujours. Elles étaient construites en meulière comme les écoles Jules Ferry (rue du même nom) ou Paul Bert dont le bâtiment de 1904 fait partie de l’actuel collège Victor Hugo
Au cours des décennies, leur architecture s’est grandement diversifiée avec des façades en briques (écoles Jean de La Fontaine), en béton, en bois (écoles Justin Oudin ou Louise Michel au Fort, entrée de Marie Marvingt restaurée en 2023), voire en métal comme l’école Françoise Giroud au Cœur de Ville. Certaines écoles ont été déplacées comme l’école Voltaire ou les écoles des Épinettes.
En 2024, Issy compte 18 écoles maternelles et 16 écoles élémentaires dont certaines sont dans un même ensemble.
Les noms qui leur ont été donnés furent longtemps ceux d’hommes connus : des politiques comme évidemment Jules Ferry, des écrivains passés dans la commune comme Ernest Renan ou Victor Hugo et plus récemment, des photographes comme Robert Doisneau. De nos jours, ce sont des femmes qui sont mises à l’honneur comme Louise Michel ou Françoise Giroud, école la plus récente. Il y a également le nom de lieux isséens comme les Épinettes ou les Varennes. Le nom le plus original est celui d’une école maternelle Le Petit train vert (rue Eugène Atget), avec un dessin illustré sur la façade vitrée de l’entrée.  

Texte et photographies : P. Maestracci 

  

6 juillet 2024

Gustave Eiffel, parcours isséen

Le 20 juin 2024, le point de départ démarre au 42 rue Ernest Renan, sous la petite tour Eiffel de la commune. La visite commence par un rappel de la biographie de Gustave Eiffel et des liens entre celui-ci et notre cité d'Issy-les-Moulineaux.


Petite tour, 42 rue Renan


La petite tour Eiffel est installée en surplomb au 1er étage du bâtiment date de 1892, trois ans après son modèle qui est environ à quatre kilomètres à vol d’oiseau. Elle est d’ailleurs classée Monument historique depuis 1988. C’est l’enseigne d’un magasin de vêtements appartenant à Henri Mayer, maire à deux reprises.
Le parcours emprunte le boulevard Gambetta qui croise la petite rue Henri Mayer. Le boulevard finit sur la place Victor Hugo où se trouve une table d’orientation émaillée dont images et textes bilingues ont été conçus par la présidente d’Historim. 



Le thème en est le premier kilomètre en circuit fermé de Henri Farman en 1908 sur le champ de manœuvres.

Table d’orientation
consacrée à Henri Farman

Ce terrain isséen de plusieurs dizaines d’hectares en zone inondable était une zone maraîchère. Il fut réclamé par l’Armée qui avait perdu le Champ de Mars dès 1887 pour laisser place à la tour Eiffel et le Palais de l’Industrie pour l’Exposition universelle de 1889. Le terrain est acheté en 1891 et les maraîchers expropriés. Alors que la tour Eiffel devait être démontée au bout de 20 ans, le sujet fut rapidement oublié. Le terrain est donc définitivement rattaché à la ville de Paris et devient une extension du XVe arrondissement. Au début du XXe siècle, l’Armée permit d’y faire les débuts de l’aviation comme Farman en 1908. Devenu l'héliport de Paris, on lui adjoint en 2021 le nom du général Valérie André, résidente isséenne.
Le boulevard des Frères Voisin (ex-partie du boulevard Gambetta) porte le nom d’avionneurs dont l’usine se trouvait à l’emplacement de l’actuel Palais des Sports.  
Enfin, le parcours s’achève dans une ancienne zone industrielle qui est maintenant celle d’immeubles d’habitation et surtout de bureaux. A la station Val-de-Seine du tram T2 et du RER une ancienne halle de style Eiffel a été remontée près du siège social d’Orange où elle se trouvait à l’origine à la fin du XIXe siècle. Elle abrite désormais les halles Biltoki. A noter qu’en regardant Paris de la station du tram, on aperçoit au loin la tour Eiffel. Fin du parcours !


Halles Biltoki, ex-Halle Eiffel

 Texte et photographies : P. Maestracci

28 juin 2024

La Dame qui lisait dans le cimetière


Voici venues les vacances d'été et le temps d'aller se promener... vous rencontrerez peut être Viviane... 

Non, il ne s’agit pas d’un roman d’Arto Paasilinna. C’est l’histoire de Viviane, habitante du quartier des Épinettes depuis 1978, grande lectrice, davantage encore depuis qu’elle est retraitée. C’est aussi une sportive, profitant de ses moments de liberté pour « prendre l’air », à pied ou à vélo, été comme hiver. Enfin, et surtout, elle aime lire dans les parcs de la ville, sur l’île Saint Germain ou au parc Barbusse (avant les travaux) mais aussi… dans le cimetière, en face de chez elle. 
Le cimetière d’Issy-les-Moulineaux fait partie intégrante du patrimoine culturel de la ville*. C’est bien sûr un lieu de mémoire, où les familles rendent hommage aux défunts et où se perpétue les souvenirs familiaux à travers les générations, mais ce peut être aussi un lieu de promenade, de repos, pour tous, arboré, paisible et loin de l’agitation urbaine.

Au cimetière, Viviane s’installe sur un banc (parmi les derniers encore en bon état), celui-ci s’il fait doux, celui-là sous les frondaisons quand le soleil tape trop fort. Elle se plonge alors dans sa lecture, saluant de temps en temps d’autres habitués comme elle, répondant  aux visiteurs curieux de sa présence ou cherchant une tombe.
Lisant beaucoup, elle se constitue en permanence un fonds de livres, dont la provenance est variée : ceux que ses filles ont laissés chez elle, ceux achetés à Chantelivre près de la mairie - « sa » librairie à laquelle elle est très attachée - mais aussi des livres récupérés dans certaines boîtes à livres de la ville,  dans son quartier ainsi qu’à la Fabrique ou au fort, au Temps des Cerises
Bien sûr, elle a ses préférences de lecture, centrées sur le livre policier avec des auteurs plutôt anglo-saxons (Douglas  Kennedy, Harlan Coben, Denny Lehane, R.J.Ellory,…) et nordiques (vous savez ceux avec des noms en …sson ou en …nen !) et bien sûr les français Bussi, Norek, Minier et Thilliez.

Si vous allez au cimetière, vous verrez au loin, cette dame plongée dans sa lecture et aussi, peut-être, ce renard qui, parait-il, vit paisiblement près de la clôture au fond. Mais ça, c’est peut-être une légende !

Texte et photos Jacques Primault 


*Voir nos articles : http://www.historim.fr/2012/04/visite-privee-dissy-le-cimetiere.html ; http://www.historim.fr/2012/11 - 11-novembre-des-enfants-au-cimetiere.htm ; http://www.historim.fr/2021/05/la-bataille-dissy-parcours-n2-du.html ;

21 juin 2024

Gros plan sur la Seine et les noms isséens


Issy-les-Moulineaux est l’une des communes des Hauts-de-Seine. De 1789, année de création des départements aux années soixante, elle faisait partie du département de la Seine regroupant Paris et la proche banlieue.


Le port et le quai d’Issy (carte postale, début du XXe siècle). 
Les berges sont peu aménagées avec divers petits bateaux, des matériaux stockés sur la berge. Le quai lui-même est peu visible et est bordé de maisons modestes et d’usines. Le seul pont visible à l'horizon est celui du viaduc d’Auteuil. Il correspond au pont du Garigliano ainsi qu’à la ligne 6 du métro.

La ville est située au sud de la capitale et sur la rive gauche du fleuve qui la sépare de Boulogne-Billancourt sur près de trois kilomètres. L’île Saint-Germain autrefois formée de deux îles n’en forme plus qu’une.
Dès l’Antiquité, les Romains avaient placé la voie romaine hors de la zone de crues longtemps menaçantes. La dernière crue majeure date heureusement de 1910. L’axe isséen de la Porte de Versailles à Meudon respecte encore ce tracé.



 Crue de 1910Magasin de subsistances militairesL’île est à droite. L’eau a envahi le quai d’Issy (nom d’époque). Le bâtiment existe toujours, rénové pour le Poney Club. 

Outre le nom du département, plusieurs noms sont en lien direct avec le cours d’eau. Long de 300 mètres, le pont d’Issy en amont effleure l’extrémité nord de l’île. Au milieu de celle-ci, le boulevard des Îles rappelle également le nom de l’île de Billancourt au sud. Tout près de celui-ci, l’allée des Ponts relie la rue Pierre-Poli et l’avenue du Bas-Meudon.
Le quai longtemps appelé quai d’Issy a maintenant deux noms liés à la Seconde Guerre mondiale. Au nord, c’est le quai du Président-Roosevelt. Ce président des Etats-Unis d’Amérique de 1933 à 1945 a joué un rôle majeur dans la victoire des Alliés, même s’il mourut avant le 8 mai. Au sud, se trouve le quai de la Bataille-de-Stalingrad, échec de l’offensive allemande contre l’URSS, tournant de la guerre en Europe.
Dans le quartier Val de Seine, trois noms sont liés à la navigation fluviale. L’esplanade du Foncet rappelle le nom d’un bateau long d’au moins 50 mètres et la rue de la Galiote, celui d’un bateau à fond plat ; elle longe la ligne du tram T2 sur près de 450 mètres. Enfin la rue du Passeur de Boulogne, pourtant parallèle au fleuve évoque le trajet transversal d’un bac entre les deux rives avant les ponts actuels.
Pascale Maestracci

16 juin 2024

Des tours vues depuis Issy

Le relief isséen est caractéristique du nom du département des Hauts-de-Seine avec une partie de son territoire dans la vallée, ancien lit du fleuve et les coteaux qui vont jusqu’à Meudon. Une position dominante permet d’apercevoir souvent les tours lointaines du paysage urbain. L’axe de certaines rues dessine un cadre pour une vision des tours avec la capitale et sa proche banlieue en arrière-plan.

Tour Eiffel depuis la rue Minard
En descendant la rue Minard, il est possible d’identifier à coup sûr la tour la plus célèbre du monde, la tour Eiffel, érigée en 1889 sur le Champ-de-Mars. Une réplique, miniature et un peu plus récente, se trouve 42 rue Renan. 

Toujours rue Minard, en regardant un peu plus vers la droite, la tour Montparnasse détache sa silhouette compacte sur le ciel. Ce fut une décision prise en 1958 lors du retour au pouvoir du Général de Gaulle avec la destruction de l’ancienne gare, la construction d’un centre commercial et d’une tour haute de 210 mètres (2e hauteur après la tour Eiffel à Paris) devant la gare placée en arrière. Une rénovation de la tour est d’ailleurs prévue. 

Vue sur la Tour Montparnasse



Les nombreuses tours du quartier d’affaires de la Défense sont repérables de loin.

Ce quartier a été décidé aussi en 1958 en empiétant sur plusieurs communes : Courbevoie, Nanterre et Levallois-Perret. L’adresse postale est pourtant Paris-La Défense. 

L’origine de ce nom vient d’une statue de Barrias érigée en 1883 sur le rond-point de Courbevoie pour commémorer la défense courageuse de Paris lors de la guerre de 1870 contre les Prussiens. 

Depuis 1958, les tours visibles de la place de l’Étoile se sont multipliées.



Une tour plus proche est celle du Groupe Accor à la limite entre deux départements et deux villes : Paris et Issy-les-Moulineaux. C’était à l’origine une tour Bouygues. On peut la voir de plusieurs lieux dont la rue du Moulin de pierre.


Depuis la rue du Moulin de pierre
Enfin, de hautes grues Porte de Versailles soulignent la construction de la tour Triangle qui a déjà plusieurs étages. Son projet décidé sous la mandature de Bertrand Delanoé fut longtemps remis en cause mais la décision finale a créé un chantier spectaculaire. Les grues sont visibles de la rue Renan et de la rue Parmentier. 

La tour Accord












Texte et photographies : P. Maestracci






 





10 juin 2024

Bernard Pivot et les vins d'Issy

Bernard Pivot, de l’Académie Goncourt, célèbre amoureux des livres, des vins et des dictées, vient de disparaître.
Dans son Dictionnaire amoureux du vin, il fait référence à Issy-les-Moulineaux dans plusieurs paragraphes.

Le premier est consacré à Paris et Île-de-France (vins de), page 311 « Dans la banlieue, la vigne bouge aussi…[comme] à Issy-les-Moulineaux où le blanc de chardonnay est agréable. » Les vignes étaient autrefois sur les hauteurs mais il en reste quelques témoignages contemporains comme l’écrit l’auteur. 

Boutique de la maison Legrand archive familiale

Le Chemin des vignes appartient à la famille Legrand depuis plusieurs générations. Des vignes ont été plantées dans le quartier des Moulineaux en contrebas de la ligne du RER ; elles sont traditionnellement vendangées par des écoliers isséens en automne. Il existe aussi une boutique Yves Legrand, 113 bis avenue de Verdun. Par ailleurs, des pieds de vigne se trouvent dans les jardins de certains pavillons et leurs rameaux sont parfois visibles de la rue.


Une confrérie haute en couleur et en harmonie


Une autre référence est celle de Saint Vincent (pages 381 et 382) « Le proconsul Dacien, homme de confiance de l’empereur Dioclétien le condamne, entre autres douceurs à avoir le corps broyé, écrasé, ce qui fit jaillir son sang comme le jus de raisin ruisselle sous la violence du pressoir. » En 558, le roi Childebert 1er attribue le 

« fief d’Issy » à l’abbaye qu’il a créée en 543 à l’instigation de Germain, évêque de Paris. L’abbaye parisienne « possédait de nombreuses vignes en Ile-de-France, les moines-viticulteurs firent de saint Vincent leur rempart contre les gelées et la grêle. » Le nom originel de l’abbaye est Sainte-Croix-Saint-Vincent avant de devenir Saint-Germain-des-Prés quand saint Germain y est enterré comme les premiers rois mérovingiens. L’île Saint-Germain perpétue le souvenir de ce fief ecclésiastique. Les initiales SV gravées dans le bois de la porte centrale de l’église Saint-Étienne sont celles de saint Vincent, patron des vignerons, célébré le 22 janvier. Autre référence, après la disparition de l’entreprise Gévelot aux Moulineaux, le quartier fut restructuré avec la création du cours Saint-Vincent reliant la place Gévelot à l’avenue de Verdun.

L’ article Vendanges (page 427) évoque le siège de Paris par Henri, roi de Navarre et de France en 1589 (sur site, 3 juin 2016). Ses troupes campent sur les hauteurs d’Issy. « Pendant le siège de Paris, Henri IV accorda une trêve et une escorte aux propriétaires qui craignaient de perdre la récolte de leurs vignes de Suresnes ou d’Argenteuil. Henri IV était décidément un bon roi. » 

Il est probable que ce répit fut aussi accordé aux vignerons isséens qui pouvaient directement faire goûter leur vin aux soldats sur place.



A droite, porte centrale de l’église Saint-Étienne reconstruite au XVIIe siècle. Les deux vantaux en bois ont été offerts par Louis XIV, petit-fils de Henri IV et par sa mère Anne d’Autriche, ce qui explique les armoiries avec une moitié aux fleurs de lys et l’autre avec les chaînes du Béarn. Les initiales S et V pour Saint-Vincent sont gravées en-dessous des angelots sur le vantail de droite.


Repose (ci-contre) du portail de l'église Saint-Etienne le 20 mars 2018, après la dernière restauration.

 

Texte : P. Maestracci
Photos : A.Bétry

5 juin 2024

Un plan d'Issy-les-Moulineaux, datant de l'entre-deux guerres

Ce plan est extrait d’un Plan de Paris gravé par A. Demesseman (Paris) d’après le dessin de L. Guilmin pour l’imprimerie J. Herbert et Cie, Paris Levallois. Il est à l’échelle 1/20 000 e. 

C’est un document publicitaire pour une marque de pneumatiques 
dont un point de vente est sur le boulevard Gallieni. 
Un fanion à l’emblème Dunlop en précise la localisation.

La date n’est pas précisée mais le plan correspond à une période déterminée par certains repères : le nom de l’avenue de Verdun après la Première Guerre mondiale et l’absence de la ligne 12 du métro. Un tracé au stylo annonce visiblement le prolongement de la ligne en 1934 avec deux nouvelles stations (Petits-Ménages et Mairie d’Issy).
Autour du Champ de manœuvres et d’aviation, beaucoup plus étendu que l’actuel héliport, il n’y a aucune rue, ni la rue Farman ni la rue du Colonel-Pierre-Avia par exemple. Les rues n’existaient pas non plus dans l’îlot circonscrit par les rues Desmoulins, Rouget-de-Lisle et le boulevard Gallieni. La partie du boulevard Gambetta au sud-est l’actuel boulevard des Frères-Voisin. L’Hospice des Petits-Ménages change de nom en 1945 et devient l’hôpital Corentin Celton près de la place Paul Vaillant-Couturier, ex-place Voltaire jusqu’en 1937.
Sur l’île Saint Germain, il n’y a plus de bâtiments militaires mais un parc départemental et la Tour aux Figures de Dubuffet (1988). Le quai d’Issy-les-Moulineaux est maintenant renommé quai du Président-Roosevelt.
Autour de l’église Saint-Étienne, la rue de Chevreuse est devenue la rue Jules-Guesde, la rue de l’Hôtel-de-Ville, l’avenue Jean-Jaurès et la rue de la Fontaine transformée en passage Jassedé.
L’Hôtel de ville n’est plus rue Renan mais rue du Général-Leclerc et l’avenue de Verdun dans son prolongement est l’avenue Victor-Cresson. La rue des Citeaux qui est proche s’appelle rue d’Estienne-d’Orves.
Merci à Muriel qui m’a fait découvrir un plan isséen ancien, une fois de plus.
 Texte : P. Maestracci

31 mai 2024

Place Paul-Vaillant-Couturier à Issy-les-Moulineaux

Cette place, bien que très fréquentée, est peu connue car son nom est souvent supplanté par celui de Corentin Celton. Elle fut créée en 1852 sous le nom de place Voltaire sur laquelle fut construite la première mairie isséenne connue et qui fut utilisée de 1857 à 1895. 
Dans les années trente, l’école de garçons sur la place fut reconstruite et la station de métro des Petits-Ménages apparut en 1934 lors du prolongement de la ligne 12 au-delà de la porte de Versailles. En 1937, la place prend son nom actuel de Paul-Vaillant-Couturier. Ce membre du Parti Communiste Français et rédacteur du journal L’Humanité vient de mourir ; la municipalité communiste de Victor Cresson décide alors de perpétuer sa mémoire.
En 1945, l’hospice des Petits-Ménages et la station de métro prennent le nom de Corentin Celton, résistant qui travaillait aux Petits-Ménages et fut fusillé en 1943 au Mont-Valérien. 


Place contemporaine.
Ci-dessus, la place est au carrefour du boulevard Gambetta (percé en 1880) à gauche et la rue Renan.
Au premier plan sur la place, l’arrêt du Tuvim est proche de la « colonne Morris » contemporaine devant un kiosque à journaux, le seul du quartier.
Tout à droite, le bar-brasserie Le Café Français déploie ses stores rayés au rez-de-chaussée de l’immeuble Belle Époque. C’est un lieu de rencontre incontournable du quartier. L’immeuble contemporain qui le jouxte a remplacé l’école Voltaire déplacée rue Maurice-Champeau. Au fond, le parvis Corentin-Celton se trouve devant les bâtiments de l’hôpital.

Au début du XXIe siècle, la place fut transformée avec la suppression de l’école et la petite rue pour en faire un espace piétonnier. L’hôpital Corentin-Celton a été complètement reconstruit avec deux ailes parallèles de part et d’autre du jardin et un passage sous le parvis Corentin Celton. L’entrée de l’hôpital est décalée vers le passage Sténon. La place et le parvis sont utilisés trois fois par semaine pour un marché en plein air, des manifestations comme des cérémonies militaires ou les structures d’un jour d’Éducap City par exemple.
 
Ci-contre, la place avec vue vers la rue Renan et le boulevard Voltaire (percé en 1867).
Au premier plan, la sortie de la station Corentin Celton de la ligne 12. Sur la droite, un arrêt de bus très fréquenté avec plusieurs lignes (126, 189, 394 et N62). L’immeuble à l’angle de la rue Renan et du boulevard Voltaire date aussi de la Belle Époque.
Texte et photographies : P. Maestracci 

26 mai 2024

JO 2024 à Issy - la flamme olympique

La flamme est partie d'Olympie, en Grèce, une tradition qui apparaît pour la première fois en 1928 pour les JO d'Amsterdam. La cérémonie, organisée par des femmes, jouant le rôle des prêtresse, se déroule dans le temple d'Héra (ci-dessous).

Cérémonie de la flamme dans le temple d'Héra, à Olympie. 

En ce 16 avril 2024, la flamme est allumée à l'aide des rayons du soleil. C'est la nageuse française Laure Manaudou (ci-contre), triple médaillée olympique, qui est la première Française à porter cette torche, l'œuvre du designer français Mathieu Lehanneur.

Laure Manaudou.
Après un passage en Grèce, la flamme monte à bord du trois-mâts historique, le Belem, mis à l'eau le 10 juin 1896 à Nantes. Direction Marseille. Escortée par plus d'une centaine de bateaux, c'est le 8 mai, devant plus de 200 000 spectateurs et 1 milliard de téléspectateurs, que 
le Belem accoste sur le port de Marseille (ci-dessous), salué par la patrouille de France.

Le Belem à l'entrée du port de Marseille.

La patrouille de France dans le ciel de Marseille.

Et qui descend du Belem, la torche à la main ? Qui est le porteur de la flamme sur le sol français ? Florent Manaudou (ci-dessous), le frère de Laure, lui aussi nageur et quadruple médaillé olympique. 

Florent Manaudou.

La flamme est en France maintenant… et passera par Issy-les-Moulineaux le 24 juillet. Alors, ne ratez pas ce rendez-vous historique ! On vous en reparlera.   PCB


21 mai 2024

L'atelier rouge isséen de Matisse à la Fondation Louis Vuitton

Depuis qu'elles ont quitté l'atelier de Matisse (ci-dessous) dans sa villa du 92 avenue Charles-de-Gaulle,  à Issy-les-Moulineaux, les œuvres contenues dans celui-ci, sont pour la première fois présentées à la Fondation Louis Vuitton.

La maison de Matisse, avenue Charles-de-Gaulle, à Issy. © PCB

L'atelier de Matisse peint par C.M. Burgun

Peintures, sculptures et objets y sont représentés dont le célèbre "Atelier rouge" célèbre chef-d'œuvre de 1911 (ci-dessous). 

L'Atelier rouge de Matisse

L’exposition « Matisse, L'Atelier rouge » est issue d’une exposition conçue par le Museum of Modern Art, New York, et le SMK– Statens Museum for Kunst, Copenhague.

L'exposition se tient à la Fondation Louis Vuitton (ci-dessous), 8 avenue du Mahatma-Gandhi, Paris 16e arrondissement, du 4 mai au 9 septembre 2024.     PCB

Une vue depuis l'intérieur de la Fondation Vuitton © PCB


17 mai 2024

Constant Pape

Visite privée historimienne

Le groupe est d’abord courtoisement accueilli par M. Denis Butaye, directeur du Musée qui fournit de précieuses informations sur l’exposition et les autres animations prévues jusqu’à l’été.

Accueil du Musée à l'exposition Constant Pape
Ensuite, Mme Charlotte Guinois, commissaire scientifique de l’exposition, présente celle-ci comme «  une invitation à une découverte de petits maîtres » dont Constant Pape est l’un des plus brillants représentants. La commune possède trois peintures léguées par Georges-Marcel Burgun ainsi que trois grands formats achetés par le maire Auguste Gervais et conservés à l’Hôtel de Ville.

Constant Pape est né à Meudon en 1865. Il veut se consacrer à la peinture et est influencé par les artistes Guillemet et Louis Français. Il expose au Salon des Artistes français de 1886 à 1920. Il s’installe avec son atelier à Clamart ; peintre, il est aussi restaurateur de peintures et « d’arts graphiques »; voire encadreur pour ses tableaux de petit format.
Dès l’entrée de l’exposition, son buste en plâtre, son portrait et des photos de famille permettent de mieux le connaître. Sa première œuvre (collection particulière) « baignée de lumière » date de 1890 et a comme motif un arbre couché. La série des pochades, peintures sur bois de 14 x18 cm, permet de voir la banlieue, y compris la crue de la Seine en 1910.
 


Charlotte Guinois, commissaire et guide de l'exposition.

Constant Pape a participé à plusieurs concours de décors de mairie comme celles de Vanves, Fresnes ou Noisy-le-Sec. Il fut finaliste mais sans gagner. Les thèmes sont souvent ceux de paysages.

Il peint plusieurs grands formats comme Paris vu de la butte des Moulineaux en 1897. On voit la Seine et l’ancien Trocadéro mais pas la tour Eiffel cachée par un arbre.

 L’exposition présente les trois grands formats, appartenant aux collections isséennes. Constant Pape a peint  la Vieille carrière à Issy-les-Moulineaux de 1905 (198 x 130) près de la Porte de Versailles où l’on extrayait la terre pour les « briques de Vaugirard. » La Seine à Issy-les-Moulineaux (167 x 212) date de 1907. Les Brillants à Meudon (210 x 173) de 1913 ont « un premier plan extrêmement fougueux ». Cette œuvre valut à son auteur la Médaille d’or du Salon des artistes français. L’exposition se termine avec La Fête à Meudon (1900, 73 x 80. donation Burgun) qui met en valeur le tir de chasse sur volatiles aux Jeux Olympiques de 1900 (en lien avec un stand de tir isséen pour des pigeons vivants...)
Un grand merci à Madame Guinois qui nous a présenté avec un grand professionnalisme chaleureux cette superbe exposition. Celle-ci sera prolongée à l’automne à Meudon.
Un catalogue commun présentant l’ensemble de l’œuvre de Constant Pape est déjà disponible à la librairie du Musée.     
P. Maestracci - (photographies A. Bétry)

13 mai 2024

Grands propriétaires et noms isséens

 Dès le Moyen Âge, on connaît le nom de riches propriétaires, nobles ou ecclésiastiques à Issy et aux Moulineaux.

Si certains noms subsistent, il faut reconnaître que c’est une minorité.
Commençons par les noms qui n’ont pas été retenus.
Le roi mérovingien Childebert 1er n’apparaît pas directement mais le nom de la rue Clotilde est celui de sa mère, épouse de Clovis. 

Bâtiment de l’entrée de la propriété des Conti. 
Actuelle Galerie d’histoire du 
Musée Français de la Carte à Jouer, 
rue Auguste-Gervais. 




Le nom des princes de Conti, branche cadette des Condé et des Bourbons est juste cité sur la plaque de la rue de la Glacière. C’était une grotte conservant la glace toute l’année pour les menus princiers. Elle dépendait de  la vaste propriété des Conti de 1699 à 1776, entre l’actuelle rue Auguste-Gervais et le parc Henri-Barbusse. Le financier Nicolas Beaujon possédait deux fiefs isséens (la Gentillesse et le Bois-Vert, nom d’un actuel chemin). Il fit construire une magnifique demeure (à l’emplacement de l’Hôtel de ville) avant de la vendre en 1784 pour acheter l’Hôtel d’Évreux (Palais de l’Élysée) et créer un hôpital à son nom à Paris, rue du faubourg-Saint-Honoré. Deux maréchaux d’Empire ont possédé des propriétés ; la Ferme aux Moulineaux appartint à Berthier, prince de Neuchâtel et de Wagram, et l’ancienne propriété de Beaujon à Mortier, duc de Trévise. La famille de Menou, comte d’Empire, acheta l’ancienne propriété de La Haye.


À l’inverse de ces noms oubliés, des rues et des bâtiments ont été choisis pour perpétuer le souvenir de grands propriétaires. La plus illustre des Isséennes, la Reine Margot a une rue à son nom depuis quelques années. Cette première épouse du roi Henri IV est venue à Issy en 1606 chez Jean de La Haye qui possédait le fief Vaudétard. Séduite par le terrain en face de la demeure de celui-ci, elle le lui acheta. Cette partie du fief correspond à l’actuel Séminaire Saint-Sulpice ainsi qu’au parc Saint Jean-Paul II. La rue Vaudétard se trouve à proximité. 


Cours de la Reine Margot. 

Les vantaux du porche (non visible) de l’église Saint-Étienne sur la gauche furent offerts par Louis XIV et sa mère, d’où les fleurs de lys gravées sur le bois. 

Au fond du cours, c’est l’entrée du Domaine de la Reine Margot, hôtel 5 étoiles et restaurant Marguerite 1606, références à la Reine et à l’année de sa venue à Issy.


Un peu plus loin sur les hauteurs, le cours de la Reine Margot (ancienne impasse Cloquet) fait ironiquement écho au Cours-la Reine créé en 1616 sur la rive droite de la Seine par Marie de Médicis, seconde épouse de Henri IV. 

Le nom de certaines familles existe encore dans les noms de la Villa Marguerite et de la rue Delahaye (famille qui a reçu la reine Margot).

Les noms de deux communautés ecclésiatiques sont mis en valeur. Childebert 1er donna à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés des terres du Quartier latin à Issy en 558, date de sa mort. L’île Saint-Germain en perpétue le souvenir. Les Chartreux, à qui le chanoine Jean de Meudon donna la Ferme au XIVe siècle, sont évoqués dans le nom d’écoles, d’un gymnase et d’une médiathèque entre le tram et le quai. La Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice hérita de l’ancien  domaine de la Reine en 1676 pour former de futurs prêtres, c’est l’actuel Séminaire Saint-Sulpice, rue du Général-Leclerc.

Texte et photographies : P. Maestracci

9 mai 2024

Drone de type Voisin : le premier vole en 1917.

Invention militaire dès le début et nommé UAV (Unmanned Aerial Vehicle), elle avait pour finalité de voler sans pilote. Le 2 juillet 1917, le Français Max Boucher, sur la base militaire d’Avord, fait décoller un avion de type Voisin 150 HP sans pilote. Altitude 50 mètres sur la distance de 500 mètres. Le 14 septembre 1918, avec un voisin BN3, Boucher effectue toujours sans pilote un vol de 100 kilomètres durant 51 minutes, la capacité carburant étant plus importante.

Avion sans pilote de type Voisin 150 HP © XDR
   
Voisin ? Mais oui, il s’agit bien des avions des frères Voisin, Gabriel et Charles, constructeurs d’avions installés à Issy dans les années 1910, en bordure du champ de manoeuvres.   
Les Britanniques tentent en 1916 un avion piloté par télégraphie sans fil : c’est l’Aerial Target. 
En 1917, les Américains imaginent un engin capable de lancer des torpilles aériennes : le Hewitt-Sperry Automatique Airplane. 
En 1918, en France, Georges Clemenceau, président de la Commission sénatoriale de l’Armée s’intéressa au projet d’« Aviation sans pilote ».
  
Les nombreux et divers conflits mondiaux mettront ensuite la recherche militaire en sommeil. 
Et très tardivement le drone civil trouve un nouvel intérêt vers les années 2010
A cause de la guerre actuelle Ukraine-Russie, le sujet est souvent mis en lumière.

Ci-dessous le drone Reaper MQ 9, de fabrication américaine est actuellement en activité. 
Manœuvrable à des milliers de kilomètres, il est l'outil idéal pour écouter, observer et surtout fournir en temps réel, le maximum d'informations. 
Ce "jouet" est aujourd'hui coté à 72 millions d'euros l'unité.
 
                                                                                        

Le même avion Reaper MQ 9 au sol  © XDR
Un constructeur français, Parrot, est un des premiers pionniers de la discipline. 
Combinant le châssis d’un drone avec une caméra embarquée trouve un débouché attrayant dans le domaine sportif. L’exploitation s’ouvre ensuite dans différents secteurs d’activités : cinéma, agriculture, surveillance de troupeaux, relevés topographiques, et plus récemment loisirs. 
Encore vaut-il mieux se former car l’usage d’un drone est soumis à certaines réglementations. Références auprès de la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile). 
Reste à retenir : c’est l’entreprise isséenne Voisin, constructrice française d’avion qui ouvrit le bal des aéronefs sans pilote, Max Boucher ingénieur en étant le pionnier. 
A. Bétry