30 janvier 2019

Val-de-Grâce : visite Historim - épisode 1

Cette visite du 17 janvier 2019, qui a passionné le groupe, est une judicieuse initiative de Denis, le trésorier d’Historim. Elle clôt la rubrique du mois de novembre que nous avons, depuis cinq ans, consacrée à la Grande Guerre.

Dr Farret. © A. Bétry
Le docteur Olivier Farret, médecin général inspecteur (ci-contre), fut notre érudit et passionné guide-conférencier, également président de l’Association des amis du musée du Service de santé des Armées (AAMSSA ).

Le Val de Grâce, dans le 5e arrondissement, ce sont un ancien hôpital militaire, une église, un musée, une bibliothèque et une école qui forme médecins militaires et urgentistes.
Notre visite commence par le Musée. Une maquette (ci-dessous), à l'entrée, présente les bâtiments originels de l’abbaye royale, « un écrin extraordinaire »… une bonne raison d'en apprendre plus sur l'histoire de ce lieu emblématique, avant de continuer notre parcours.

Le Val-de-Grâce. © A. Bétry

Des origines à la Révolution française
À cet endroit se trouvait au XIIIe siècle un fief appartenant à la famille des Valois puis, au XIVe, au connétable de Bourbon. Au XVIe siècle, la propriété est appelée le Petit-Bourbon ; il en reste des vestiges dans la cour Broussais (ou Basse-cour), que l'on visitera un peu plus tard. Au début du siècle suivant, elle est occupée par Bérulle et les Oratoriens.
En 1621, la reine Anne d’Autriche en fait l’acquisition. Elle vient de rencontrer l’abbesse bénédictine du Val-de-Grâce-de-la-Crèche à Bièvres (Essonne) et l’installe avec ses religieuses au Petit-Bourbon. L’abbaye se situe dans ce faubourg Saint-Jacques, là où « l’air est le plus pur de Paris » selon Bossuet, non loin d’autres couvents tels Port-Royal ou les Visitandines. La propriété prend alors son nom définitif de Val-de-Grâce.

Maquette représentant les bâtiments originels de l'abbaye du Val-de-Grâce.
 A. Bétry

Anne d’Autriche y dispose d’un petit logement composé d’un salon et d’une chambre et situé près du cloître. Elle s’y réfugie car elle n’est guère heureuse avec son époux le roi Louis XIII, le couple n’ayant pas (encore) d’héritier. Tout change pour elle avec la naissance inespérée en 1638 de Louis Dieudonné, futur Roi-Soleil, puis les décès de Richelieu et de Louis XIII en 1643. D’après notre guide médecin, il serait mort d’une entérite inflammatoire (tuberculose intestinale ou maladie de Crohn), à en juger par le Journal d’Héroard, son médecin. Anne d’Autriche, devenue Régente, décide de faire bâtir une église dédiée à la Nativité en remerciement de la naissance de son fils, devenu roi à 5 ans. Celui-ci en pose la première pierre en 1645 tandis que son frère Monsieur pose celle de l’abbaye royale.

François Mansart (1598-1666).
© XDR

L’architecte choisi est François Mansart (ci-contre) qui conçoit le plan d’ensemble : vaste cour d’entrée avec un obélisque au centre comme une place romaine, une église au centre avec, à gauche, un palais royal (jamais construit ) et, à droite, l’abbaye. Trois autres architectes lui succèdent : Lemercier, Le Muet et Le Duc qui élèvent le maître-autel avec son baldaquin et achèvent le dôme de l’église. Le Bernin, évincé du projet, évoque « une petite calotte sur une grosse tête ».

L’église est terminée en 1665, dix ans après l’abbaye. L’abbaye n’accueille que 120 à 150 religieuses, soit la moitié de l’effectif envisagé. En 1666, Anne d’Autriche réside au Val-de-Grâce lorsqu’elle se meurt d’un douloureux cancer du sein. Elle est transportée au palais du Louvre pour y mourir, étiquette oblige. Son cœur est déposé dans l’église et son corps à Saint-Denis.


Depuis la Révolution française
L’abbaye qui n’a plus que 23 religieuses, est confisquée en tant que bien du clergé dès 1790 et mise à la disposition du Service de santé des Armées en 1793. Trois ans après, la propriété devient un hôpital militaire d’instruction. L’École d’application du Service de santé des Armées, créée par Napoléon III, est toujours dans ces murs avec l’appellation de l’École du Val-de-Grâce.

Statue de Larrey. © A.Bétry
L’église est désacralisée de 1793 à 1827. Elle sert de magasin de fourrage puis de pharmacie centrale de l’hôpital. Le chœur devient un amphithéâtre d’anatomie et la chapelle du Saint-Sacrement de morgue et salle de dissection. Si les révolutionnaires ont fait disparaître les symboles de la royauté, le pavement en marbre est resté caché sous une couche de chaux et de paille, ce qui l’a heureusement conservé.


Sur le parvis, une statue (ci-contre) rend hommage au baron Dominique-Jean Larrey (1766-1842) chirurgien en chef de la Grande Armée, précurseur en matière de secours aux blessés sur les champs de bataille.
Le socle est décoré des batailles napoléoniennes (le passage de la Bérézina ci-dessous). Sur un mur latéral, une plaque est apposée à la mémoire des médecins militaires morts en 1914/1918.


Passage de la Bérézina, socle de la statue de Larrey. © A. Bétry
La visite du Musée se poursuit. A suivre le 3 février, 18 h…
P. Maestracci.

25 janvier 2019

Saint-Bruno d'Issy… une église originale

Dans les hauts d’Issy (quartier des Épinettes), 14 rue de l’Égalité, se dresse depuis 1936 une petite église de quartier. Elle fut construite par les Chantiers du Cardinal, un organisme créé en 1931, par le cardinal Jean Verdier, alors archevêque de Paris. Son but : « développer, rénover et embellir le patrimoine religieux des diocèses d’Ile-de-France ». L'église dessert tout le quartier du Plateau. Des travaux ont été réalisés pour l’agrandir et la rénover à l’occasion de ses 80 ans d’existence, un anniversaire fêté le 12 juin 2016 dans la liesse.

Entrée de l'église Saint-Bruno, dans le quartier des Épinettes. © XDR


Pourquoi saint Bruno ?
Saint Bruno. © XDR
La petite église est dédiée à saint Bruno (vers 1030-1101), fondateur de l’ordre des Chartreux, une communauté installée un temps à Issy-les-Moulineaux : une médiathèque, une école primaire, une promenade portent leur nom. En 1084, avec six compagnons, Bruno (ci-contre) part dans le massif de la Chartreuse (dans les Préalpes), y construit un monastère et y fonde une communauté. Il sera béatifié par le pape Léon X en 1514.


Son architecture
L’église possède une toiture tout à fait originale : un toit en pavillon et des petits toits à deux pans, tout à fait visibles à l’intérieur aussi, comme on peut s'en rendre compte (ci-dessous). 

L'intérieur de Saint-Bruno, vers l'autel. © XDR

La croix en verre.
© XDR


La croix (ci-contre) qui surmonte l’église est l’œuvre d’un artiste spécialisé dans le verre. Sa transparence permet, en fonction des heures du jour, de jouer sur les ombres. 

Une plaque du chemin de croix
en cuivre. © XDR

Quant au chemin de croix (ci-contre), évoquant quatorze moments de la Passion du Christ, il est constitué de plaques de cuivre froissées et pliées



Les fenêtres, agrémentées de jolies verrières, évoquent un style gothique épuré. Ces verrières datent de 2008 (merci au généreux donateur !). Elles sont l’œuvre du maître-verrier italien Carlo Rocella, installé aujourd'hui dans le sud de la France. Le thème en est la Trinité : 3 verrières triangulaires ; 3 étant, dans la Bible, le symbole de la perfection. 


Verrière  "le Père" - dans les teintes bleues. © XDR

Verrière "le Fils" - dans les teintes rose-mauve. © XDR

Verrière "le Saint-Esprit" - dans les teintes oranges. © XDR

Sur chaque verrière (ci-dessus), la couleur évoque tour à tour le Père (turquoise, émeraude, outremer) ; le Fils (amarante, incarnat, mauve, rose) ; et l’Esprit saint (orange, vert-jaune). Autre symbole, l’orientation des vitraux : le Père est au Sud, au zénith, source de toute lumière ; le Fils est à l’Est, au soleil levant, symbole du Christ ressuscité ; l’Esprit Saint, à l’Ouest, symbolise la diffusion dans le monde.

Pour l’artiste Carlo Rocella : « un vitrail est destiné à accompagner sans être regardé, à être ressenti… il est réussi s’il accompagne, s’il porte à la prière les personnes qui viennent dans l’église ». Alors, entrez et laissez vous bercer par la sérénité de ce lieu. PCB

20 janvier 2019

Accidents d'avions à Issy

Issy-les-Moulineaux, berceau de l'aviation, certes… mais non sans casse, en particulier pendant les mois d'hiver. La preuve !

28 décembre 1910
Alexandre Laffont, le chef pilote des "Antoinette" et son collègue Mariano de Pola, sur un monoplan "Antoinette", décollent du champ de manœuvre d'Issy pour une course Paris-Bruxelles, aller et retour. Le temps est mauvais… L'avion, pris dans une bourrasque, s'écrase. Cet accident est le premier au monde à avoir été filmé.

Laffont et Pola quelques instant avant leur accident mortel.
© XDR

14 janvier 1912
Élie Hanouille. © XDR
Paul Rugère, coureur cycliste de renom, passant une épreuve pour l'obtention de son brevet de pilote, à bord d'un biplan, heurte le monoplan de Élie Hanouille en train d'atterrir. Le choc est brutal… mais pas de mort, une chance ! Rugère s'en sort avec quelques ecchymoses, Hanouille, lui, finit à l'hôpital. Deux ans plus tard, au cours d'une exhibition aérienne en Espagne, il aura moins de chance et trouvera la mort.

Paul Rugère. © XDR





18 janvier 1909
Ni blessé, ni mort… juste de la casse à déplorer ; trois avions sont mis hors jeu. Le monoplan de Émile Obre qui capote.

Obre sur son monoplan. © XDR

Quant à  Louis Blériot, qui réussira la première traversée de la Manche quelques mois plus tard le 25 juillet, il en endommage deux : son monoplan n°XI touché aux roues, et son monoplan n°IX au niveau du châssis.

Blériot XI. © XDR
Blériot IX. carte postale.











Mais il n'y a pas eu que des accidents… à Issy-les-Moulineaux. Retrouvez tous nos articles (près d'une quarantaine) sur le site, dans notre rubrique "Aviation".  PCB 



Pour les fans d'histoire de l'aviation, rendez-vous sur Air Journal :
https://www.air-journal.fr/category/fiche-historique

16 janvier 2019

Les logements ouvriers à Issy-les-Moulineaux - 1850-1914

Retour sur un passé pas si lointain, mais que l'on a tendance à oublier aujourd'hui, tant notre commune est devenue un haut lieu de l'architecture contemporaine.

L’industrialisation du territoire de la ville à partir de la seconde moitié du XIXe siècle a entraîné la construction de logements à proximité des usines, constructions à bas prix mais de rendement pour les investisseurs.
De grandes entreprises telles que la manufacture Gévelot, la blanchisserie de Grenelle, les peintures Lefranc, la brasserie des Moulineaux, la manufacture des tabacs, la biscuiterie Guillout puis, au tournant du siècle, l’usine Renault à Boulogne mais aussi les usines d’aviation Voisin, Caudron et Hanriot à Issy, sans compter leurs sous-traitants, ont vu ainsi leurs ouvriers s’établir tant bien que mal à proximité de leurs ateliers.

Rue du Docteur Lombard, logements des ouvriers de l'usine Gévelot.
Un grand nombre de ces constructions présentaient un profil assez similaire : un bâtiment peu élevé, sur 2 niveaux, avec soit une rangée de balcons soit une coursive extérieure permettant l’accès aux appartements.

Bâtiments aujourd'hui détruits rue du Docteur Lombard.
© M. Julien
Peu de ces logements destinés aux ouvriers subsistent aujourd’hui, ceux situés dans la plaine d’Issy ayant été détruits dans le grand mouvement de restructuration et de modernisation mené par la municipalité à partir des années 1980. Ceux de l’île Saint-Germain disparaissent peu à peu également ou sont requalifiés. Un tel bâtiment de logements (ci-contre) a longtemps résisté au temps, rue du Docteur Lombard, près de l’ancienne usine Gévelot, avant de disparaître en 2018.

Bâtiment toujours habité, rue Gabriel Péri. © J Primault

Un dernier exemple (ci-dessus)… et ce bâtiment existe encore, cette fois dans les hauts d’Issy, rue Gabriel Péri,  dont l’histoire n’est pas connue. J. Primault

PS. Si vous découvrez de tels logements dans votre quartier, n'hésitez pas à laisser un commentaire ou nous contacter.

11 janvier 2019

Jean-Baptiste Louis, le procureur-fermier des Moulineaux

Un procureur parisien, Jean-Baptiste Louis, devenu fermier aux Moulineaux, sous les Thermidoriens… cette vie surprenante est racontée dans un livre de souvenirs. L’édition est réalisée et savamment commentée par M. Geoffroy Caillet dans le livre : Jean-Baptiste Louis. Mémoires d’un avocat au cœur des révolutions 1789-1830 (Éditions La Mémoire du Droit, Paris, 2016)

Du parlement à la ferme
Jean-Baptiste Louis est né en 1760 dans une famille de modestes laboureurs. Il commence à travailler à l’âge de 13 ans pour un avocat-procureur de Rethel (Ardennes). Il devient clerc puis maître clerc à Paris en 1780 chez maître Corvisart (dont le fils devint un célèbre médecin ). Il en reprend la charge et devient procureur au Parlement de Paris (à l’époque, cour de justice du roi Louis XVI ).

Jean-Baptiste Louis, catholique fervent et royaliste, est d’abord sensible aux idées révolutionnaires mais est révulsé par les épisodes violents dès juillet 1789 lors de la Grande Peur et jusqu’à la Terreur de l’an II. Ensuite, il travaille à la Trésorerie nationale lorsqu’en 1796 M. Timbergue, ancien avocat, lui fait obtenir le bail pour l’exploitation d’une moitié de la Ferme du domaine des Moulineaux. « De vastes bâtiments, une cour appropriée à tous les besoins ». Cette propriété de 150 arpents (51 hectares environ) qui avait appartenu à l’ordre des Chartreux de 1343 à 1790, fut confisquée comme bien national puis vendue au marquis de Soyecourt avant d’être louée par les enfants de celui-ci à deux exploitants. Les lots sont tirés au sort entre Louis et « un ancien « procureur au Châtelet, Cliquer de Fontenay » qui a loué l’autre moitié du domaine.

Carte des chasses du roi (1764-1773)

Sur le plan (ci-dessus), les 150 arpents sont nettement identifiables sur le plan. Cela correspond approximativement à l’espace compris entre l’avenue de Verdun, la Seine et les rues de Vaugirard et du docteur Lombard. Les bâtiments de la ferme sont disposés en U autour d’une cour et les 150 arpents se distinguent nettement sur le plan. Au nord, au-delà du petit bras de la Seine, l’île de Billancourt (Saint-Germain de nos jours), faisait partie du domaine des Chartreux et était louée à ceux qui l’exploitaient.


Carte des Moulineaux, avec les terres cultivables.
Jean-Baptiste Louis y pratique la polyculure, vend des fruits, du foin. « Au besoin, je conduisais la charrue. J’endossais le semoir » . Grâce à son troupeau de dix vaches, il envoie son commis vendre le lait à Paris. Malheureusement pour lui, la propriété est vendue aux enchères dix-huit mois après et est achetée pour moins de 100 000 francs par Huvelin, « un ancien maître de forges ». Il quitte les Moulineaux en juillet 1798 et négocie difficilement les indemnités de départ qui lui sont dues avec ledit Huvelin.

Le village d’Issy est encore un peu éloigné des Moulineaux qui forme alors un hameau indépendant. Ce n’est qu’en 1893 que les deux sont réunis. Quant à Huvelin, il revend en 1803 la Ferme des Moulineaux à Alexandre Berthier, futur maréchal d’Empire et prince de Wagram.

Retour au Droit parisien
Jean-Baptiste Louis revient au Droit à Paris après cette période aux champs. « Ami docteur Corvisart », fils de son ancien maître et médecin de Napoléon 1er, il en est l’exécuteur testamentaire en 1821. Il finit sa carrière en tant que bâtonnier de l’ordre des avocats de 1829 à la Révolution de 1830. Il se retire sous Louis-Philippe 1er et vit de ses rentes jusqu’à sa mort en 1834.
Clin d’œil de l’Histoire, l’École de Formation du Barreau est installée dans la commune depuis 2011, mais rue Berryer à l’opposé de la Ferme des Moulineaux.

Le long de la voie ferrée
© A. Bétry
La Ferme fut exploitée jusque dans les années 1960, selon les souvenirs des Isséens. Il ne reste rien des bâtiments et encore moins des terres. Seule subsiste l’évocation du passé dans le nom du quartier La Ferme/Les Îles/Les Chartreux. Et pourtant… il n'est pas si rare de voir déambuler à Issy-les-Moulineaux des moutons d'Ouessant et chèvres naines (boulevard Garibaldi ci-contre)… des oies (en bas), et découvrir au détour d'un chemin de l'île Saint-Germain, des ruches (ci-dessous) ! P. Maestracci.


Dans l'île Saint-Germain.© A. Bétry




Pour en savoir plus sur le quartier :
http://www.historim.fr/2011/01/la-ferme.html

Un grand merci à M. Claude Renault, descendant de Jean-Baptiste Louis, qui m’a confié cet ouvrage érudit de M. Geoffroy Caillet et a évoqué le souvenir de leur ancêtre commun, fermier isséen de 1796 à 1798.



Marché des producteurs de pays sur la grand place. © A. Bétry

7 janvier 2019

Les archers d'Issy-les-Moulineaux

Le samedi 24 novembre 2018, un groupe d'Historimiens est accueilli dans les locaux de l'Arc Club Sportif d'Issy les Moulineaux (ACSIM), par Alexandra - pour laquelle il faudrait créer le néologisme d’« arcophilissime » (amateur de tir à l’arc = toxophile) tant elle présente avec fougue sa passion pour le tir à l’arc - , et par le tout autant passionné Arnaud, président de l'ACSIM  depuis un an. Tous deux présentent leur association, son histoire et celle du tir à l’arc lors de cette visite hors du commun. Un grand merci à eux deux pour leur chaleureux accueil.

Alexandra et Arnaud portant le fanion
de l'association. © A. Bétry

Histoire de l’association

L'association est créée en 1936 par M. Raymond Jobert qui en fut le premier président (source le journal Tir à l’Arc, n°290, 20 avril 1936) même s’il est probable qu’il y eut déjà une structure vers 1910. Une dissolution fut imposée en 1942 sous le Régime de Vichy mais l’association renaquit en 1951. Elle compte aujourd’hui 220 membres parmi lesquels certains champions : Florian Bossard, Jérôme Bidault, Mylène Bouteleux, Laurena Villard … Le président Arnaud cite également parmi les archers français M. Valladont, médaille d’argent aux JO de Rio (2016).

L’origine des Compagnies d’Arc remonte en France au Moyen Âge. En effet, l’armée royale française subit, entre autres, une défaite sanglante en 1415 à Azincourt (Pas-de-Calais) face aux redoutables archers britanniques. Les Français durent en conséquence, eux aussi, former des compagnies d’archers dans les villes qui se lançaient des défis dont la tradition du "Bouquet provincial" perpétue le souvenir.

Affiche, 2017. © A. Bétry
Ces compagnies se placent sous la protection de Saint Sébastien (ci-contre). Celui-ci, officier romain devenu chrétien, est martyrisé vers 288 à Rome sur ordre de l’empereur Dioclétien : il est d’abord percé de flèches, sauvé par Sainte Irène avant de mourir lapidé. Son cadavre est jeté à l’égout. Il est comme Saint Roch, protecteur contre la peste. Un superbe tableau de Mantegna le représentant se trouve dans la grande galerie du Louvre.

La Révolution française met fin aux compagnies d’arc. Mais Napoléon qui a été archer dans sa jeunesse, les rétablit, bannissant toute notion religieuse. Il faut attendre 1899 pour la création de la Fédération des Compagnies d’Arc d’Île de France, en vue des JO de 1900 à Paris. Cette structure prendra le nom de Fédération Française de Tir à l’Arc en 1928.

Locaux de l’ACSIM

L’association dispose de locaux le long du Palais des Sports Robert Charpentier. Le pas de tir se tenait dans les années 1950 à l'angle des rues Charlot et du Général Éboué, puis au 6 boulevard des Frères Voisin, depuis 2006.

Médailles. © A. Bétry
L’accueil se fait dans la salle d’armes qui porte le nom d’Alain Bouant, président de 1990 à 2004 et, depuis, président d’honneur de l’association. Une salle d’armes est utilisée pour monter son matériel et un atelier (avec métier à cordes, coupe-tubes etc) pour le réparer. Y sont exposées de nombreuses coupes sur des étagères mais aussi des médailles (ci-contre) et des assiettes commémoratives, des affiches. Le long d’un mur sont suspendus des arcs de toutes tailles pour gauchers et droitiers. Ce matériel sert aux débutants (à partir de 12 ans) car, ensuite, les archers disposent de leur propre matériel. Dans la salle d’armes, l’ancien bar de la salle Jobert (du nom du fondateur en 1936) a été conservé avec le logo originel de l'Avia-Club pour y garder les archives et les revues. Un bar contemporain lui face à l’opposé de la salle.

Le matériel

Il est présenté par Arnaud et Alexandra qui répondent avec patience aux nombreuses questions des Historimiens (ci-dessous).
Tout d’abord les flèches. Les premières furent en bois, puis au début du XXe siècle en métal provenant des rebuts des usines proches. Elles ont des plumes permettant de stabiliser la flèche lors de sa trajectoire en parabole. Les flèches actuelles sont en aluminium et/ou en carbone. Elles peuvent dépasser les 200 km/h, voire atteindre les 300 km/h ! Elles percent des gilets pare-balles…

Alexandra et Arnaud en pleine explication. © A. Bétry

Les arcs ont plusieurs formes. Quand un arc est droit, c’est un long-bow en bois, dont le modèle fut anglais, (bouleau de Finlande ou bois plus onéreux). Certains arcs sont recourbés aux deux extrémités. Les plus récents en métal-carbone disposent d’une poignée, le grip, d’un stabilisateur pour déplacer le centre de gravité et faire moins vibrer le poignet. Arnaud présente enfin l’arc à poulie, encore plus sophistiqué, d’origine étatsunienne apparu lors de la guerre du Viêt-nam (1964-1973) et toujours utilisé pour la chasse. Cet arc à poulie dispose en plus d’un système de visée avec loupe. Pour autant, seul l’arc classique est homologué pour les Jeux Olympiques.
Le matériel est vendu dans plusieurs archeries en Région parisienne comme à la Porte de Vincennes ou à Antony (Hauts-de-Seine). Il y a aussi un fabricant français comme "Arc Système" et "Uukha". Le matériel pour les archers confirmés peut être réalisé sur mesure.

D’autres civilisations ont des traditions spécifiques. Au Japon, l’arc traditionnel est asymétrique. Les Mongols tirant à l’arc à cheval, leur arc est petit pour ne pas gêner la monture. Les Sud-Coréens sont initiés dès l’école et les Sud-Coréennes sont les meilleures du monde, Alexandra dixit. En Amérique du sud, les flèches peuvent atteindre les 2 mètres de long, « des sagaies pour abattre les oiseaux ».

L'ACSIM et les compétitions

D’après les résultats publiés dans les journaux de tir à l’arc, ainsi que les mémoires des anciens, l’association a compté depuis les années 1960 des archers compétiteurs de haut niveau. Plusieurs noms d’archers isséens étaient ainsi régulièrement retrouvés dans les classements de Championnats de France ainsi qu’à l’international – citons Claude Sauvard, membre de l’équipe de France de tir en campagne. Depuis cette période, et le retour du tir à l’arc aux Jeux Olympiques de 1972 aidant, l’association s’est fortement orientée vers les compétitions … tout en conservant une petite partie traditionnelle. Ainsi en 2018, les archers d’Issy-les-Moulineaux ont répondu présents sur les Championnats de France de quasiment toutes les disciplines, par équipe comme en épreuve individuelle.


Animaux en mousse utilisés
pour le Tir 3D. © PCB
Les épreuves

Elles sont multiples, du tir à 18 mètres en salle aux 50 à 70 mètres en extérieur.

Il y a aussi le Tir en campagne organisé chaque année, dans le cas des championnats de France par équipes, par la compagnie victorieuse l’année précédente. Il s’agit d’un parcours de 24 cibles dont les distances sont variables et en partie inconnues. L’ACSIM fut l’organisateur du Championnat de France Campagne par équipes de club de 2013, dans le parc du lycée Michelet à Vanves.
Les cibles rondes sont en papier. Les flèches doivent se planter à l’intérieur du cercle et si possible à l’intersection de 2 diamètres. Il y a aussi des animaux dessinés sur papier ou des reproductions en 3D.

Chaque année, est décerné le titre de roi de l’association à celui qui « abat » un oiseau factice à la distance de 50 mètres. Un empereur obtient ce titre à vie s’il est roi 3 années de suite. Les rois (ou reines) de chaque club ou compagnie se confrontent ensuite pour le titre de roi de France par une variante : le tir à la perche (surtout pratiqué dans le Nord et en Belgique). Il s’agit de faire tomber des oiseaux factices grâce à des flèches au bout aplati.

Chaque année, est organisé le Bouquet provincial dans un lieu différent avec une affiche personnalisée mais avec une cible bien visible. C’est ainsi que 1 600 archers ont participé en 2018 aussi tirs du Bouquet organisés par Angy (Oise). Les épreuves permettent d’établir un classement. P. Maestracci

Rendez-vous à ne pas manquer:
La Coupe des Miss, 10e édition : tournoi féminin organisé au Palais des Sports Robert Charpentier, les 9 et 10 mars 2019.
Entrée gratuite.


Pour en savoir plus 
Arc Club Sportif d’Issy-les-Moulineaux,
6 boulevard des Frères Voisin, 92130 Issy-les-Moulineaux.
Site : www.arcclubissy.fr ; contact : arcclub.issy@gmail.com

Dans la salle d'armes, des arcs attendent les archers. © A. Bétry



6 janvier 2019

Réponse - quelle bien étrange borne


Vous avez trouvé… Cette borne portant la mention : PARIS -  2,4, se trouve devant le 38 avenue Aristide Briand, dans le quartier Val de Seine/Les Arches. Ces chiffres indiquent le matricule de la borne.

© M. Julien
On peut bien voir sur cette borne le repère de nivellement Bourdalouë, du nom de Paul-Adrien Bourdalouë (1798-1868) cet ingénieur et topographe français qui mit en place ce premier système de nivellement. En 1857, 15 000 repères en fonte scellées dans des bornes, comme celle de l'avenue Aristide Briand, furent installées sur le territoire français.
Ce repère indique l'altitude avec une grande précision (ci-dessous). On peut lire les chiffres 35.01 qui doit correspondre à l'altitude depuis la Seine.

© M. Julien
Il existe une autre borne au 82 bld Rodin, mais beaucoup plus abîmée. Elle porte le matricule 2,6, mais le repère de nivellement est totalement illisible.

C'est ainsi que se termine notre périple "nez en l'air". Encore tout plein de bonnes choses pour cette nouvelle année. PCB.


3 janvier 2019

Jeu - quelle bien étrange borne !

Dernier nez en l'air - ou plutôt nez à terre - des vacances.… et premier de cette nouvelle année, qu'Historim vous souhaite pleine de belles choses.

© M. Julien
Notre Historimien Michel, a découvert, en se promenant dans la ville, cette étrange borne. Mais où l'a-t-il vue et photographiée ? Et que représente-t-elle ?

Réponse le 6 janvier, 18 h.





2 janvier 2019

Réponse - un personnage bien mélancolique


Alors ? Il s'agit d'Anatole France (1844-1924), de son vrai nom François Anatole Thibault. C'est l'un des écrivains les plus célèbres de la Troisième République. Il a été critique littéraire ; a écrit des romans, des nouvelles, des pièces de théâtre, un livre d'histoire… et des poèmes dont les Sapins - que vous avez découvert il y a quelques jours.

Prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son œuvre, en 1921, « La langue française est  [pour lui] une femme. Et cette femme est si belle, si fière, si modeste, si hardie, touchante, voluptueuse, chaste, noble, familière, folle, sage, qu'on l'aime de toute son âme, et qu'on n'est jamais tenté de lui être infidèle. » (Les Matinées de la Villa Saïd, 1921).

Mais où se trouve donc cette fresque murale ? A l'entrée du groupe scolaire, qui porte son nom, au n°1 du boulevard Rodin.


© PCB
Prochain nez en l'air le 3 janvier, 18h.