30 janvier 2019

Val-de-Grâce : visite Historim - épisode 1

Cette visite du 17 janvier 2019, qui a passionné le groupe, est une judicieuse initiative de Denis, le trésorier d’Historim. Elle clôt la rubrique du mois de novembre que nous avons, depuis cinq ans, consacrée à la Grande Guerre.

Dr Farret. © A. Bétry
Le docteur Olivier Farret, médecin général inspecteur (ci-contre), fut notre érudit et passionné guide-conférencier, également président de l’Association des amis du musée du Service de santé des Armées (AAMSSA ).

Le Val de Grâce, dans le 5e arrondissement, ce sont un ancien hôpital militaire, une église, un musée, une bibliothèque et une école qui forme médecins militaires et urgentistes.
Notre visite commence par le Musée. Une maquette (ci-dessous), à l'entrée, présente les bâtiments originels de l’abbaye royale, « un écrin extraordinaire »… une bonne raison d'en apprendre plus sur l'histoire de ce lieu emblématique, avant de continuer notre parcours.

Le Val-de-Grâce. © A. Bétry

Des origines à la Révolution française
À cet endroit se trouvait au XIIIe siècle un fief appartenant à la famille des Valois puis, au XIVe, au connétable de Bourbon. Au XVIe siècle, la propriété est appelée le Petit-Bourbon ; il en reste des vestiges dans la cour Broussais (ou Basse-cour), que l'on visitera un peu plus tard. Au début du siècle suivant, elle est occupée par Bérulle et les Oratoriens.
En 1621, la reine Anne d’Autriche en fait l’acquisition. Elle vient de rencontrer l’abbesse bénédictine du Val-de-Grâce-de-la-Crèche à Bièvres (Essonne) et l’installe avec ses religieuses au Petit-Bourbon. L’abbaye se situe dans ce faubourg Saint-Jacques, là où « l’air est le plus pur de Paris » selon Bossuet, non loin d’autres couvents tels Port-Royal ou les Visitandines. La propriété prend alors son nom définitif de Val-de-Grâce.

Maquette représentant les bâtiments originels de l'abbaye du Val-de-Grâce.
 A. Bétry

Anne d’Autriche y dispose d’un petit logement composé d’un salon et d’une chambre et situé près du cloître. Elle s’y réfugie car elle n’est guère heureuse avec son époux le roi Louis XIII, le couple n’ayant pas (encore) d’héritier. Tout change pour elle avec la naissance inespérée en 1638 de Louis Dieudonné, futur Roi-Soleil, puis les décès de Richelieu et de Louis XIII en 1643. D’après notre guide médecin, il serait mort d’une entérite inflammatoire (tuberculose intestinale ou maladie de Crohn), à en juger par le Journal d’Héroard, son médecin. Anne d’Autriche, devenue Régente, décide de faire bâtir une église dédiée à la Nativité en remerciement de la naissance de son fils, devenu roi à 5 ans. Celui-ci en pose la première pierre en 1645 tandis que son frère Monsieur pose celle de l’abbaye royale.

François Mansart (1598-1666).
© XDR

L’architecte choisi est François Mansart (ci-contre) qui conçoit le plan d’ensemble : vaste cour d’entrée avec un obélisque au centre comme une place romaine, une église au centre avec, à gauche, un palais royal (jamais construit ) et, à droite, l’abbaye. Trois autres architectes lui succèdent : Lemercier, Le Muet et Le Duc qui élèvent le maître-autel avec son baldaquin et achèvent le dôme de l’église. Le Bernin, évincé du projet, évoque « une petite calotte sur une grosse tête ».

L’église est terminée en 1665, dix ans après l’abbaye. L’abbaye n’accueille que 120 à 150 religieuses, soit la moitié de l’effectif envisagé. En 1666, Anne d’Autriche réside au Val-de-Grâce lorsqu’elle se meurt d’un douloureux cancer du sein. Elle est transportée au palais du Louvre pour y mourir, étiquette oblige. Son cœur est déposé dans l’église et son corps à Saint-Denis.


Depuis la Révolution française
L’abbaye qui n’a plus que 23 religieuses, est confisquée en tant que bien du clergé dès 1790 et mise à la disposition du Service de santé des Armées en 1793. Trois ans après, la propriété devient un hôpital militaire d’instruction. L’École d’application du Service de santé des Armées, créée par Napoléon III, est toujours dans ces murs avec l’appellation de l’École du Val-de-Grâce.

Statue de Larrey. © A.Bétry
L’église est désacralisée de 1793 à 1827. Elle sert de magasin de fourrage puis de pharmacie centrale de l’hôpital. Le chœur devient un amphithéâtre d’anatomie et la chapelle du Saint-Sacrement de morgue et salle de dissection. Si les révolutionnaires ont fait disparaître les symboles de la royauté, le pavement en marbre est resté caché sous une couche de chaux et de paille, ce qui l’a heureusement conservé.


Sur le parvis, une statue (ci-contre) rend hommage au baron Dominique-Jean Larrey (1766-1842) chirurgien en chef de la Grande Armée, précurseur en matière de secours aux blessés sur les champs de bataille.
Le socle est décoré des batailles napoléoniennes (le passage de la Bérézina ci-dessous). Sur un mur latéral, une plaque est apposée à la mémoire des médecins militaires morts en 1914/1918.


Passage de la Bérézina, socle de la statue de Larrey. © A. Bétry
La visite du Musée se poursuit. A suivre le 3 février, 18 h…
P. Maestracci.

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