31 décembre 2014

Bonne année 2015



2015… l'année où notre projet de "résurrection" de la Pastorale d'Issy va se concrétiser. Nous allons vous en reparler tout au long des quelques mois qui nous séparent de la représentation du 9 avril.

2015… les actions marquant le centenaire du massacre des Arméniens seront nombreuses dans notre commune. Nous serons présents pour vous en rappeler les faits marquants et donner la parole à ceux dont les familles sont arrivées à Issy et s'y sont implantées durablement.

2015… il y a 400 ans, Marguerite de France, celle que l'on surnomma la reine Margot, mourait. Nous avons déjà évoqué sur notre site les années isséennes de cette personnalité hors du commun. Une conférence aura lieu le lundi 12 janvier, comme d'habitude, à la Résidence du Parc, 18h30. Notez-le bien dans votre nouvel agenda.

Et en attendant de vous y voir, belle et heures année. Que tous nos vœux vous accompagnent. PCB

24 décembre 2014

Jean-Baptiste Arnout peint Issy

Peintre de paysages à l'aquarelle et à la sépia,  lithographe, déclaré comme "imprimeur fabricant",  Jean-Baptiste Arnout est né à Dijon, le 24 juin 1788. Il est mort en 1865. On lui doit de nombreuses vues des environs de Paris qu'il expose au Salon de 1824. Il a illustré également plusieurs ouvrages dont Galerie de la duchesse de Berry, les Cathédrales françaises ou les Antiquités d'Alsace.

Deux splendides dessins représentent le château d'Issy. 
Le Départ pour la chasse (ci-dessous) date de 1835. Nous sommes en pleine période de chasse (ouverture en septembre, fermeture en février) et le domaine des Conti regorgeait de gibier. Crayon noir, plume et lavis brun, rehauts de gouache ont été utilisés par l'artiste.

Vue du château d'Issy (le départ pour la chasse). © Benoit Chain/Musée de Sceaux.

Toujours de 1835, une scène plus estivale, encore au château d'Issy : la collation (ci-dessous). L'artiste a utilisé les mêmes techniques que précédemment. Le point de vue est différent, la perspective aussi.

Vue du château d'Issy (la collation). © Benoit Chain/Musée de Sceaux.

Rappelons que le château des Conti, détruit pendant les combats de la Commune (1871), se trouvait à l'emplacement du Musée français de la carte à jouer - une partie du domaine a été restaurée pour abriter la Galerie d'Histoire de la Ville.
Pendant ces fêtes de Noël, l'exposition Cartes à jouer et autres trésors de la collection Jean Verame mérite le détour. Dans cette étonnante exposition inaugurée le 10 décembre, l’art de collectionner et le plaisir du jeu sont intimement liés. On y découvre près de cent cinquante ensembles ludiques couvrant quatre siècles d’histoire et témoins de la passion de Jean Verame, collectionneur contemporain. 
Jusqu'au 26 avril 2015. 

Bonnes fêtes à vous tous.  PCB





18 décembre 2014

Saint-Simon, le cardinal de Fleury et Louis XV

Saint-Simon, château de Versailles. ©XDR
Le duc de Saint-Simon (1675-1755), le mémorialiste à la plume aiguisée, nous a laissé des Mémoires pétillantes. Son style est clair et il sait raconter des histoires un peu embrouillées comme cette sombre histoire qui se passe en 1718 entre le tout jeune Louis XV et son précepteur, le cardinal de Fleury (dont Historim a raconté la mort à Issy http://www.historim.fr/2011/10/le-cardinal-de-fleury-meurt-issy.html).
Voici le texte en question.

"M. le Duc [il s'agit de Louis IV Henri de Bourbon-Condé, chef du Conseil de Régence du jeune Louis XV de 1715 à 1723], peut-être mieux Mme de Prie [la maîtresse du duc de Bourbon], qui le gouvernait et qui était elle-même conduite par les Pâris, s'ennuya de ce témoin unique de ce travail, et pour s'en défaire pratiqua un jour, qu'au moment que M. le Duc allait arriver pour le travail, et que le cardinal [de Fleury] était déjà entré, le roi [le jeune Louis XV] prit son chapeau, et sans rien dire au cardinal s'en alla chez la reine qu'il trouva dans son cabinet, qui l'attendait avec M. le Duc.

"Le cardinal demeura seul plus d'une heure dans le cabinet du roi à se morfondre. Voyant le temps du travail bien dépassé il s'en alla chez lui, envoya chercher son carrosse et s'en alla coucher à Issy au séminaire de Saint-Sulpice, où il s'était fait une retraite pour s'y reposer quelquefois. En attendant son carrosse il écrivit au roi en homme piqué, et très résolu de partir sans le voir pour s'en aller pour toujours dans ses abbayes. Il l'envoya à Nyert, premier valet de chambre en quartier. 

Le jeune Louis XV. © XDR
"Quelque temps après le roi revint chez lui et Nyert lui donna la lettre. Les larmes, car, il était bien jeune [il a alors 8 ans, à gauche)], le gagnèrent en la lisant, il se crut perdu n'ayant plus son précepteur, et s'alla cacher sur sa chaise percée. Le duc de Mortemart, premier gentilhomme de la chambre en année, arriva là-dessus. Nyert lui conta ce qui était arrivé du travail, de la lettre, des larmes, et de la fuite sur la chaise percée. Le duc de Mortemart y entra et le trouva dans la plus grande désolation. Il eut peine à tirer de lui ce qui l'affligeait de la sorte. Dès qu'il le sut, il représenta au roi qu'il était bien bon de pleurer pour cela, puisqu'il était le maître d'ordonner à M. le Duc d'envoyer de la part de Sa Majesté chercher Fleury, qui sûrement ne demanderait pas mieux, et dans l'extrême embarras où il vit le roi là-dessus, il s'offrit d'en aller porter sur-le-champ l'ordre à M. le Duc. Le roi délivré sur l'exécution l'accepta, et le duc de Mortemart alla tout aussitôt chez M. le Duc qui se trouva fort étourdi, et qui après une courte dispute obéit à l'ordre du roi. 

Le cardinal de Fleury, par H. Rigaud. ©XDR
"Comme la chose était arrivée avant le soir sur la fin de l'après-dînée elle fit grand bruit et force dupes, car on ne douta pas que Fleury (à droite) ne fût perdu et chassé sans retour, qui n'eût été cardinal ni premier ministre de sa vie, si M. le Duc l'eût fait paqueter sur le chemin d'Issy et fait gagner pays toute la nuit. Le roi aurait bien pleuré, mais la chose serait demeurée faite; M. de Mortemart n'aurait pas porté l'ordre à temps. Après cet éclat il fallait que l'un chassât l'autre. L'un était prince du sang, premier ministre et sur les lieux, tandis que l'autre, sans nul appui courait la poste, ou pour le moins les champs vers un exil. Qui que ce soit n'eût osé faire tête à M. le Duc, ni peut-être voulu quand on l'aurait pu, et l'un demeurait perdu et l'autre pour toujours le maître. 

"Voici pourquoi je raconte ici cette anecdote, qui outrepasse le temps que ces Mémoires doivent embrasser." Saint-Simon.
PCB






14 décembre 2014

Succès pour la visite de la Manufacture


Pascale et le groupe d'Historimiens à l'entrée de la Manufacture.
Beau succès pour cette visite privée malgré un après-midi pluvieux et venteux. Plus de vingt Historimiens et Historimiennes se pressaient bien abrités sous leurs parapluies autour de notre conférencière Pascale pour revivre l'histoire les temps forts de cette Manufacture de tabac qui comptait au début du XXe siècle près de 1500 ouvriers.

L'une des entrées.
Le travail était long et minutieux pour transformer les feuilles de tabac en cigarettes : hongroises, gauloises, cigares, scaferlatis, etc. Les livraisons se faisaient par voitures à cheval. Une crèche, appartenant à la Manufacture, s'élevait juste à côté de l'usine, permettant ainsi aux ouvrières de confier leurs enfants pendant la journée.

La cheminée et le Père Noël à droite.
Inscrite au titre des Monuments historiques en 1984, les ateliers organisés autour de deux grandes cours étagées sur la colline, ponctuées par la grande cheminée - tronquée mais conservée - abritent aujourd'hui des appartements. Un des bâtiments, tout en haut, bombardé pendant le Deuxième Guerre mondiale a été reconstruit en tant qu'immeuble de bureaux.

Parcours extérieur, suivi pour certains par une découverte intérieure de la Manufacture : difficile de s'imaginer dans ces carrés verdoyants, l'activité quotidienne des centaines d'ouvriers, les odeurs de tabac entêtantes, la fumée que crachait la haute cheminée tout en briques… au pied de laquelle s'agrippe un joyeux Père Noël, nous rappelant que les fêtes de fin d'année approchent à grands pas.
Un grand merci à tous et un coup de chapeau à Pascale ! PCB

10 décembre 2014

Nestor Burma à Issy-les-Moulineaux

A l'occasion de la visite privée du samedi 13 décembre à la Manufacture des tabacs, partons sur les pas du"privé" Nestor Burma dans les rues de notre commune, à la recherche de tabac.

Léo Malet. ©XDR
Léo Malet (à droite) qui a inventé le personnage de Nestor Burma, le détective privé qui met « le mystère knock-out », le fait promener dans Paris et sa banlieue. C’est ainsi qu’il le met en scène dans Nestor Burma contre CQFD (éditions SEPE, 1945 puis réédition Robert Laffont, collection Bouquins, 1985).

Au début du premier chapitre, le détective se plaint car « Le 17 mars 1942 au matin, il y avait très exactement vingt-quatre heures que j’étais sans tabac ». Son ami Marc Covet « le journaliste–éponge » lui fournit une adresse pour s’en procurer « Café du Pingouin, boulevard du lycée à Vanves, Métro Petits-Ménages ». Burma, une fois ravitaillé et rassuré, admire « les passages cloutés, polis comme des sous neufs, étincelants sous le soleil », avant de rejoindre la Porte de Versailles, forcément en empruntant le boulevard Voltaire et la rue Renan.

Place Voltaire (devenue Place Vaillant-Couturier en 1937).  L'immeuble
(à g.) existe toujours, celui de droite a été remplacé. Coll. privée.
Léo Malet qui a habité le 14e arrondissement de Paris et Châtillon connaît les villes de banlieue au sud de Paris. La référence à Issy-les-Moulineaux est pourtant plus que limitée. À Vanves, un café existe encore boulevard du Lycée mais sous un autre nom. La station de métro des Petits-Ménages existe depuis 1934 lors du prolongement de la ligne 12 ; elle est rebaptisée Corentin Celton en 1945 du nom d’un martyr de la Résistance. Le roman fut écrit quelques mois avant le changement de dénomination.


Le plus amusant chez Léo Malet est qu’il fait passer son héros devant la Manufacture des Tabacs, rue Renan mais sans le préciser pour autant. Celle-ci fabrique entre autres du tabac gris que Burma consomme pour sa célèbre pipe à tête de taureau. Est-ce un hasard, une fantaisie de l’auteur, une simple coïncidence ? P. Maestracci

6 décembre 2014

Visite privée de la Manufacture des Tabacs

A l'occasion de la visite privée de la Manufactures des tabacs, (réservée aux membres de l'association), le samedi 13 décembre, revenons sur l'histoire de ce "monument industriel" de notre commune.

L'entrée de la Manufacture dans les années 1900. © Musée de la carte à jouer.
C'est au 17 rue Ernest-Renan, dans le quartier Corentin-Centre Ville, que sont construits de 1900 à 1904 les bâtiments qui vont abriter la Manufacture, dite du Gros-Caillou, transférée depuis Paris. Dix heures par jour, du lundi au samedi, les ouvriers travaillent à l'édification de cette usine. Son architecture est typique d'une usine à vapeur du XIXe siècle, avec sa haute cheminée de 45 mètres de haut. Elle est conçue sur les plans types élaborés par l'ingénieur des tabacs Eugène Rolland : une disposition orthogonale des bâtiments, facilitant la circulation par des passages couverts, de vastes ateliers autour de la cheminée, une cour d'honneur fermée par un majestueux bâtiment - aujourd'hui conservé.

La façade aujourd'hui. 
"L'architecture est austère, fonctionnelle, comparable à celle d'une prison", raconte Paul Smith, chargé par la Seita, propriétaire des lieux, d'une mission de sauvegarde des archives  - des dossiers qui remontent à 1811 ! Quatre ans plus tard, juste avant le désastre de Waterloo, l'empereur Napoléon autorise la fabrication des cigares.

L'un des passages couverts.
A l'origine, la Manufacture fabrique toutes sortes de produits : cigares, cigarettes, scaferlati. Ses employés sont essentiellement des femmes. Leurs petites mains leur permettent de rouler les cigares plus facilement. Il faut au moins deux ans d'apprentissage pour avoir le coup de main. Mais dans l'entre-deux guerres, la fabrique se spécialise dans la cigarette de luxe et la mécanisation croissante permet de produire jusqu'à 1600 cigarettes à la minute ! Le travail est éprouvant, la discipline stricte mais les avantages sont considérables : sécurité de l'emploi, retraite à 60 ans et salaires plus élevés que dans le privé. Et l'on est ouvrière à la Manufacture de mère en fille.

Nous avons retrouvé sur le net le témoignage d'une ancienne ouvrière, Hélène. Voici ce qu'elle raconte : "Il fallait être à l'heure, 7 h 30 du matin, on avait une heure à midi et on sortait à six heures pile. On avait une pause d'un quart d'heure le matin et une l'après-midi. On la passait à ... fumer! On nous donnait chaque semaine quelques paquets de tabac. C'était un travail si dur pour celles qui étaient à la chaîne, je n'ai pas fait ça), qu'elles pouvaient partir après quinze ans de maison. C'était une retraite bine méritée : Naturellement on s'en doute, tous les ouvriers étaient blêmes et atteints d'emphysème ou de cancer du poumon à ce moment-là... 
Je n'ai pas tenu très longtemps, mais je n'oublie pas cette odeur de tabac permanente, quelquefois ça sentait très bon, quand on allait dans l'atelier où étaient réceptionnées les grandes feuilles de tabac venue des îles lointaines... "

En 1937, peu après sa création, la Seita (Société   d'exploitation   industrielle des tabacs et des   allumettes) compte en France 22 établissements manufacturiers, gérés directement par le ministère des Finances.



Les initiales M et T entrelacées.








En 1978, l'usine ferme ses portes. En 1984, elle est inscrite au titre des Monuments historiques et les architectes François Ceria et Alain Coupel réussissent sa réhabilitation. Les grilles et le portail d'entrée, avec les initiales entrelacée M et T (pour Manufacture des Tabacs), rappellent l'âge d'or de cette industrie. A partir de 1987, logements et bureaux sont installés dans une partie des bâtiments industriels sauvegardés. Et depuis 1989, un restaurant, sous la férule du chef Jean-Christophe Lebascle, régale Isséens et Parisiens. Enfin, un nouveau lieu dédié à la photographie y a ouvert ses portes : l'Espace Manufacture. PCB. Photos A. Bétry.

Prenez votre petite laine, il va faire froid !

3 décembre 2014

Encore un artiste à l'honneur : Jean-Pierre Fagu !

Jean-Pierre Fagu, né en 1946 à Issy-les-Moulineaux,
ville qu’il apprécie beaucoup où il a passé toute sa vie, devant ses œuvres.
Jeunesse
A 14 ans, Jean-Pierre souhaite s’orienter vers une profession artistique, malheureusement un incident l’en empêche et il se dirige vers la profession de tailleur qu’il exercera jusqu’à sa retraite - mais il n’abandonnera jamais le dessin et la peinture, ses passions. Il prend quelques cours de dessin à Boulogne avec Monsieur Binoche et continue seul à se perfectionner dans ces domaines. Il a commencé avec l’huile, puis est passé à l’acrylique, avant de revenir à l’huile. 

Technique
Depuis une dizaine d’années, il utilise un moyen très particulier : la peinture laque des voitures, qu’il applique sur des supports très variés : toiles, bois, panneaux métalliques ou coquillages. Cette technique spéciale, il la maîtrise et obtient des réalisations qui lui sont propres.
Monsieur Fagu a exécuté des paysages, puis des copies de grands maîtres, ensuite des portraits puis il s’est reconcentré sur des paysages. Enfin, il arrive à l’abstraction avant d’aboutir à son style actuel qui est un mélange de réalité et d’abstraction ; tout ceci avec des couleurs éclatantes : une teinte en camaïeu par tableau pour les paysages et un amoncellement de teintes vives pour l’abstraction totale.

Expositions
En 2006, il prend sa retraite et décide de se consacrer à ses passions.
Il a participé à nombreuses expositions :
- École des Ajoncs,
- Maison de retraite Sainte Émilie,
- Marché de l’Art d’Issy-les-Moulineaux,
- Journées Portes ouvertes .

Visite possible
Son atelier est toujours ouvert ; il est possible de le contacter au 01 46 42 68 43 ou au 06 51 54 97 26 ou par mail : fagujp@yahoo.fr. Vous pouvez voir quelques-unes de ses réalisations sur http://fagu.e-monsite.com
Photo et texte P. Maestracci.