29 novembre 2023

Le CNET, une conférence à succès… "télécommunicative"

Jean-Michel au micro. © M. Julien
Vous étiez nombreux, très nombreux, en ce samedi 25 novembre, à suivre dans la salle Matisse du Musée français de la carte à jouer (ci-contre), la conférence de notre Historimien Jean-Michel Maestracci (ci-dessous) sur cette entreprise, le CNET, qui occupa de 1945 à 2015 l'emplacement de l'actuel quartier Cœur de Ville.


Quelques dates-clés
J.M. Maestracci.
© Alain Bétry
Jusqu’en 1945, nous rappelle Jean-Michel, le réseau téléphonique français était en grande partie manuel grâce à des opératrices. 
Après la guerre, ce centre de recherche isséen a été consacré aux télécommunications dans tous les domaines des télécoms terrestres et spatiales : recherche fondamentale, tests, règles d’exploitation et de maintenance etc. Deux techniques sont retenues pour moderniser le réseau : commutation électronique spatiale et commutation temporelle. Sur une seule liaison téléphonique, il est possible de faire passer 30 communications simultanées en commutation temporelle.
En 1960 dans le cadre de la décentralisation, monsieur Pierre Marzin, directeur du CNET et natif de Lannion (Côtes-d’Armor) décide de créer un établissement dans sa ville natale. Ce centre breton joue un rôle majeur dans la commutation temporelle ;  une industrie des télécoms se développe ensuite dans le Trégor.

Minitel. © Alain Bétry
Quant au CNET isséen, qui nous intéresse tout particulièrement, il est à l’origine de trois projets majeurs. Tout d’abord, le réseau du Minitel (Médium Interactif par Numérisation) est déployé dès 1982 (ci-contre) ; certains services sont gratuits comme le 3615 et d’autres payants. Il est clos en 2014. 
Ensuite le Be-Bop A Lula, commercialisé en 1993, était un téléphone portable fonctionnant dans un rayon de 300 mètres autour de bornes uniquement pour des appels. Il fut déployé dans le centre de Paris et quelques villes en province quelques années seulement. 
Enfin à partir de 1982, le projet Marathon se consacre au réseau mobile GSM déployé par la suite sous le nom d’Itinéris (c’est la 2G) en 1992. Cela devient possible grâce à l’invention de la carte SIM (Subscriber Interface Module), le passage d’une borne à l’autre et le repérage de l’« appelé ». Cela permet le passage à la 3 G puis à la 4 G et maintenant à la 5 G ! 

L'entrée du site et le jardin de l'Innovation, rue du Général-Leclerc.
Aquarelle de Michel Lazillière, artiste isséen. Merci à lui.

Le site ferme en 2015 et est transféré à Orange Labs à Châtillon (voir l'article paru sur le site d'Historim http://www.historim.fr/2017/01/orange-quitte-issy-les-moulineaux-en.html). Il est à noter que depuis peu, le siège social d’Orange s’est installé dans le quartier Val-de-Seine et, après des travaux monumentaux (ci-dessous), le quartier Cœur de Ville, a été inauguré en 2022.

Vue du chantier le 27 mai 2020. © M. Julien 

L'après-conférence
A la fin de la conférence, les participants échangent entre eux, posent des questions, se souviennent.
Un intervenant rappelle « le rôle majeur joué par le CNET dans le début de l’exploration spatiale en France. Dès la fin des années 1950, le CNET se lance dans l’étude de la haute atmosphère à partir de fusées sonde dont il réalise la charge utile. Très logiquement, ce sont les équipes du CNET qui définiront les objectifs scientifiques et assureront la réalisation technique de la charge utile du premier satellite scientifique Français, FR1, dédié à l’étude de la propagation des ondes de très basse fréquence dans l’ionosphère, qui sera lancé le 6 décembre 1965. »

Philippe Binet, ancien cadre de France Télécom/Orange, a évoqué « la contribution importante d’ingénieurs du CNET dans le développement des télécommunications, par satellite (OTS, ECS, MAROTS, Télécom 1 et 2, etc.) »

Les participants à l'écoute. © M. Julien.
Il est rappelé qu’un petit groupe d’ingénieurs européens avaient été hébergés dans des préfabriqués sur le toit du CNET – faute de bureaux disponibles. Ils ont été, côté technique, à l’origine de la création en 1977 de l’organisation intergouvernementale européenne, 
EUTELSAT (EUropean TELecommuications SATellite organization) dont les premiers bureaux furent ouverts dans la tour Montparnasse en août 1978. Devenue société anonyme française à vocation mondiale en 2001, Eutelsat a déménagé rue Balard, avant de revenir à Issy, 32, boulevard Gallieni. Eutelsat dispose actuellement de près de 36 satellites géostationnaires et de 234 satellites à orbite basse, suite à son acquisition du géant anglais One Web en septembre dernier. »  

Un témoignage complémentaire est intéressant, celui de Jeannine Roca sur du matériel conçu pour des personnes ayant des problèmes d’audition. « Il y a une quinzaine d’années, [elle] se souvient d’avoir participé à une étude. Il s’agissait de tester différents modèles et de répondre à un questionnaire sur leur usage. J’avais été impressionnée par l’entrée puis par les bureaux. Pas de rémunération pour le temps passé mais des bons d’achat. »
Un grand merci à tous. J.-M. Maestracci

PS. Un petit clin d'œil pour terminer à l'heure où le "chat", c'est-à-dire la discussion instantanée en ligne a envahi les moyens de communication virtuels et autres smartphones ! PCB 

Quand Ginger le chat "chat" ! © Alain Bétry.

27 novembre 2023

Bulletin d'adhésion Historim

Vous voulez rejoindre l'association Historim, vous voulez participer à ses visites privées, ses conférences, n'hésitez pas à vous faire connaître en renvoyant ce bulletin ou en laissant vos commentaires. Venez nombreux. 

20 novembre 2023

Histoire de rues - la rue Pierre-Antoine-Berryer, à Issy

La rue Pierre-Antoine-Berryer. A droite, les locaux de l'EFB. 

C’est une petite rue calme (ci-dessus), longue d’une centaine de mètres entre le boulevard Gallieni et l’allée en contrebas de la ligne du T2, dans le quartier Val-de- Seine. Son nom est lié à l’existence, depuis 2013, de l’EFB (École de Formation professionnelle des Barreaux), installée au numéro 1. Ses bâtiments, inaugurés en 2013 et découverts par nos Historimiens au cours d'une visite privée (http://www.historim.fr/2013/03/lecole-des-barreaux-issy-les-moulineaux.html), ont été conçus par l’agence d’architecture Wilmotte et Associés. Ils se trouvent dans une rue rendant hommage à un illustre avocat du XIXe siècle.
 
Pierre Antoine Berryer (1790-1868) est le fils de l’avocat du maréchal Ney qui, 
en 1815, ne put toutefois sauver son client. Il suit la tradition paternelle en devenant lui-même avocat. Il fait acquitter Cambronne. En 1854, il devient bâtonnier de l’ordre des avocats. 

Pierre Antoine Berryer. © XDR
Libéral, il prône la liberté de la presse : en 1860, il défend les typographes de Marseille qui lui offrent en remerciement un exemplaire unique des Oraisons funèbres de Bossuet. En 1876, il fait éditer ses plaidoyers. Il fait aussi carrière dans la politique : élu député en 1830 et 1848, il fait partie du Corps législatif en 1863 sous le Second Empire.
L'EFB, 1 rue Pierre-Antoine-Berryer.






Berryer (ci-dessus) est membre de l’Académie française en 1857. Cette même année, son cousin Eugène Delacroix lui écrit en 1857 : « Cher cousin, la chose s’est passée le mieux du monde, seize voix au premier tour et vingt-deux au second … ». Delacroix vient d’être reçu à l’Académie des Beaux-Arts après plusieurs tentatives !
Sa statue orne la Salle des Pas-Perdus au Palais de Justice dans l’île de la Cité.

À noter que l'EFB (ci-contre) expose, au rez-de-chaussée, les costumes officiels de la Justice. À propos, pourquoi parle-t-on de
barreau ? Il s'agissait, à l'origine, de la barre de fer - ou d'une barrière en bois - qui séparait l'endroit où se trouvaient les plaideurs de celui des juges. 
Texte et illustrations : P. Maestracci


16 novembre 2023

Le CNET, conférence le samedi 25 novembre, 15 h, au Musée d'Issy

 

Conférence 
de Jean-Michel Maestracci


L’histoire du Centre National d’Études et des Télécommunications

Le CNET

Samedi 25 novembre, 15 h

Musée français de la carte à jouer, 

16 rue Auguste Gervais, Issy-les-Moulineaux

 
Le conférencier va nous faire revivre les grands moments de ce laboratoire de renommée mondiale, installé à l’emplacement du nouveau quartier Cœur de Ville, de 1945 à 2015.  

Le CNET a donné naissance au téléphone numérique, au Minitel, à Internet, au téléphone portable et bien d’autres choses encore que vous pourrez découvrir. 

 

Conférence ouverte à tous. Venez nombreux… on vous attend !

 

12 novembre 2023

Denyse Collin saute en parachute sur Issy - 13 novembre 1923

Le terrain d’aviation d’Issy-les-Moulineaux a été le lieu de nombreuses « premières » dans le domaine aérien, avec des pilotes intrépides et des machines aussi variées que des dirigeables, des avions, des planeurs, des hélicoptères ou des parachutes. 

Denyse Collin après son saut sur Issy
© XDR.
S’agissant de parachutes, nous avons déjà évoqué le fabricant Jean Ors, implanté à Issy. Mais on sait moins que ce fabricant a bénéficié d’une belle publicité avec le saut en parachute de Denyse Collin à Issy, avec un parachute Ors (ci-contre). C'était il y a tout juste 100 ans !

On sait peu de choses de Denyse Collin. Infirmière major pendant la Grande Guerre, décorée de la Croix de guerre avec palme, elle est, après la guerre, parmi les premières femmes à pratiquer le parachutisme en meeting, notamment à la fête de Vincennes-aviation, au début des années 20. 

Parachute dorsal Ors. © XDR
En 1923, elle accepte de tester, au-dessus du terrain d’aviation d’Issy, le dernier modèle de parachute mis au point par Jean Ors (ci-contre).

A Villacoublay, en ce début d’après-midi du 13 novembre 1923, elle monte dans un Morane-Saulnier Parasol, équipée de son parachute dorsal. L’avion décolle (ci-dessous), piloté par Alfred Fronval, chef-pilote chez Morane-Saulnier, atteint rapidement, à 180 km/h, l’altitude requise - 350 mètres - et prend la direction d’Issy-les-Moulineaux. Le terrain est rapidement en vue, le ciel est d’un beau bleu hivernal, avec un peu de vent d’ouest. L’avion fait deux tours de terrain, car il faut bien repérer à quel moment sauter pour atterrir dans la zone, qui n’est pas très grande vu d’en-haut.

Alfred Fronval et son avion. © XDR

Le journal Les Ailes nous raconte la suite : « Nous voyons "quelque chose" abandonner l’avion et très rapidement, presque instantanément, ce "quelque chose" se transformer en un parachute. Celui-ci, bien déployé, descend lentement Mlle Collin sans heurt ni secousse, tandis que Fronval regagne Villacoublay, après avoir exécuté quelques-unes de ses plus savantes évolutions. Le parachute se rapproche du terrain. Entraîné par le vent, ne va-t-il pas en dépasser les limites ? Non, Mlle Collin franchit le mur du Service technique de l’aéronautique et s’en vint doucement, tout doucement, toucher terre dans la cour même du STAé, aux pieds d’un sympathique officier. On s’empresse autour d’elle qui, toute souriante, nous restitue ses impressions : "Délicieux….comme toujours !" ».

Reconstitution du saut au-dessus d'Issy-les-Moulineaux. © XDR

Le Petit Journal Illustré (N° 1718) se fait l’écho de l’exploit, avec une illustration laissée à l’imagination du dessinateur (ci-dessous) peu au fait des conditions du saut. Mais, l’essentiel est d’en parler ! Jacques Primault


8 novembre 2023

Jean Ors - constructeur de parachutes à Issy-les-Moulineaux

Jean Ors vers 1920. 

Nous avons déjà évoqué ce parachutiste, inventeur-entrepreneur, installé avant-guerre à Issy (ci-contre). Nous complétons ce premier article (http://www.historim.fr/2013/12/jean-ors-un-parachutier-isseen.html), en présentant le volet de l'entrepreneur isséen, après réception de nouveaux documents transmis par un parent, le général de Launet, que nous remercions. 

Du pilote au parachutiste

En 1911, à l’âge de 35 ans, il obtient son brevet de pilote - n° 382 - à l’école Blériot de Pau. Après quelques exhibitions en province, il se consacre à la question du parachute, qui va devenir l’œuvre de sa vie, peut-être née de son souci de diminuer le grand nombre de décès accidentels d’aviateurs grâce à une « bouée aérienne ».

En 1913, il crée son premier parachute, d’un diamètre de 9 mètres, constitué de 32 faisceaux de soie japonaise naturelle. Par souci de sécurité, il positionne au centre de son système un empilement de cerceaux formant ainsi une sorte de cheminée où l’air s’engouffre et déploie rapidement la toile, évitant au surplus l’emmêlement des suspentes.
Il teste à plusieurs reprises son invention avec des mannequins, qu’il jette ainsi équipés d’une plate-forme de la Tour Eiffel (ci-dessous). Ses tests sont tous concluants mais il souhaite prouver la qualité du système en l’expérimentant lui-même.

Le système Ors, au pied de la Tour Eiffel.

Cet essai en « réel » se déroule à Juvisy le 12 février 1914 et s’avère très concluant. Il dépose un brevet en juin mais la guerre l’oblige à interrompre ses expériences. Son statut durant le conflit reste un mystère. Si la presse d’après-guerre le présente comme ayant été lieutenant aviateur, les archives de la Gironde indiquent un passé de hussard, sans mention d’aviateur, puis sa réforme le 30 août 1914, confirmée en juin 1915.


On retrouve Jean Ors après l’armistice en partance pour les États-Unis afin de faire la propagande de son modèle. Sautant en parachute à plusieurs reprises près de New York, il obtient le grand Prix du concours international d’Atlantic City et le Prix L. Bennett. 
De retour en France, il reçoit également en 1920 et 1925 plusieurs Prix en Belgique. Avec déjà dix-sept sauts à son actif et axant délibérément sa propagande sur les sauts de meeting, il voit peu à peu son parachute adopté par beaucoup de parachutistes d’exhibition. Mais son objectif principal reste la sécurité des aviateurs eux-mêmes, qui progresse trop lentement à son goût.

L’entrepreneur

Plan cadastral du 9 rue Kléber, à Issy.
Demeurant 27 rue de Chambéry à  Paris, dans le 15e arrondissement, jusqu’au début des années 20, il recherche un atelier, qu’il trouve à Issy-les-Moulineaux au 9, rue Kléber (téléphone : 192), où il s’installe avec son épouse Marie Couvert, pour confectionner ses prototypes puis lancer la future production (ci-contre).

La surface totale est de moins de 1 000 m2, se répartissant entre l’habitation et les bureaux, donnant sur rue et aujourd’hui disparus, et, plus en arrière, un grand atelier sous hangar, dont il reste une façade intégrée dans une restructuration réalisée en 2003. Ces photos anciennes (ci-dessous) en sont un témoignage.

9 rue Kléber, Issy. A g. habitation, bureaux et à l'arrière l'atelier. A dr. les travaux de 2003.

En 1922, Jean Ors propose le parachute-siège avec système d’ouverture automatique et pliage dans un sac - d’abord rond (ci-dessous) puis rectangulaire - permettant aux pilotes et aux passagers d’un avion de s’asseoir sur l’équipement. Il est testé avec succès à Toulouse par le Tchécoslovaque Stanka et remporte plusieurs fois le premier prix des concours Nieuport-Astra.


À l’issue du concours officiel de 1924 du service technique de l’aéronautique (dont le laboratoire de test se situe à Issy-les-Moulineaux), trois parachutes Ors sont enfin homologués : sac dorsal rectangulaire, sac siège et sac rond (ci-dessous). 

Parachutes Ors, 1922-1924.

Concours de circonstance, en janvier 1925, le pilote Henri Pitot doit la vie sauve à son parachute Ors lors d’un vol d’essai d’un nouvel avion, comme on peut le lire dans Les Ailes du 8 janvier 1925.

Mais, en 1925, au moment où le ministère des Armées lance enfin ses premières commandes de parachutes pour les aviateurs, Jean Ors voit sa santé décliner. Il décède le 4 février 1926, à l’âge de 50 ans, à Issy-les-Moulineaux, faisant l’objet d’articles très élogieux dans la presse aéronautique (Les Ailes, L’aéronautique).

Après sa mort, sa veuve poursuit l’activité commerciale naissante, apparaissant dans les publicités sous la dénomination de « veuve Jean Ors, constructeur ». Désormais, il y a bien la mention tant espérée : « Fourni actuellement aux Forces aériennes » (ci-dessus et ci-dessous). 
Au début des années 30, sa veuve quitte Issy-les-Moulineaux pour Bordeaux, sans que l’on sache à quelle date l’atelier cesse ses activités.                  Jacques Primault.


Rendez-vous sur le site le 12 novembre, 18 h, pour découvrir les exploits d'une jeune parachutiste, Denyse Collin, équipée d'un Ors, sautant sur le terrain  d'Issy-les-Moulineaux.

6 novembre 2023

Réponse - une spirale bien énigmatique

Alors vous avez trouvé ? Certains d'entre vous, ceux qui ont participé à la visite du Fort d'Issy en octobre 2020, s'en seront certainement souvenus. 

© PCB

Il s'agit de la spirale de Fibonacci, œuvre de Mehdi Sibille, référence au nombre d'or utilisé en mathématique et en informatique, clin d'œil au Fort qui se veut un lieu ultraconnecté. Elle se situe rue du Général-Guichard, dans le Fort d'Issy, à deux pas du chemin du Colonel-Beltrame.

La spirale dans le Fort d'Issy. © PCB

Cette spirale porte le nom du mathématicien italien Leonardo Fibonacci, ou Léonard de Pise (vers 1170-vers 1250). Il est connu surtout pour l'introduction en Europe de la numérotation en chiffres arabes, en remplacement des chiffres romains. Ces travaux sur la spirale et le nombre d'or sont aujourd'hui utilisés dans la finance de marché. PCB

2 novembre 2023

Jeu - Une spirale bien énigmatique

Allez un petit nez en l'air pour profiter de quelques jours tranquilles avant la rentrée de novembre. 

© PCB

Où se trouve donc cette spirale bien étrange ? Réponse le 6 novembre, 18 h.