29 décembre 2019

Réponse - De biens étranges reflets

Alors vous avez trouvé ?

Il s'agit de la façade tout en verre est celle du nouvel hôtel Courtyard (traduction anglaise du mot cour !) du groupe Marriott en voie d’achèvement, aux numéros 3-7 de la rue Renan, à l’entrée d’Issy-les-Moulineaux. À cet emplacement se trouvaient les bureaux de l’entreprise Javel La Croix



Les trois immeubles de la rue Renan, n°1-7bis, (ci-contre) sont situés dans et à l’extérieur de la zone longtemps interdite à la construction. Le plus ancien en pierre est à droite (n° 7 bis ) ; son architecte Prigneau l’a fini en 1891. Le premier étage dessiné en pierre avec des lignes de refend possède quelques balcons individuels tandis que le dernier étage a gardé le balcon filant des immeubles typiques du Second Empire haussmannien.
A gauche au n°1, s'élève un immeuble de style Art déco de 1935 (architecte M. Potier).
Et au centre de la photographie, la façade vitrée de 2019 du Courtyard (n°3-7), qu'il vous fallait trouver ! 


La façade de l’hôtel (ci-dessus) est composée de rectangles alignés et superposés sur plusieurs étages. Seuls quelques-uns sont en relief pour casser l’uniformité. Le parti pris chromatique est celui du noir pour les vitres teintées et l’armature métallique.
Les reflets sont ceux des numéros pairs de la rue, à savoir :
- un immeuble des années Trente sur la gauche, construit après la suppression de la zone non aedificandi après la Première Guerre mondiale. 
-  la rue de la Villa Marguerite (nom d’un propriétaire local), au centre ;
-  un immeuble plus ancien juste à l’extérieur  (à droite de la photographie).

Trois styles, trois époques sur quelques dizaines de mètres à l’entrée de la ville !
Photos et texte P. Maestracci
Prochain nez en l'air 1er janvier, 18 h

25 décembre 2019

Jeu - De biens étranges reflets


Joyeux Noël !!

Une petite promenade… pour digérer ?



Quels sont donc ces étranges reflets ? Gardez l'œil ouvert… Vous allez trouver.

© P. Maestracci
Réponse le 29 décembre, 18h.

20 décembre 2019

Le commissaire Maigret face à un témoin isséen !

Un peu de lecture pendant ces vacances de Noël 
et un ou deux nez en l'air à venir… 


Dans son bureau mythique du 36 quai des Orfèvres, le célèbre commissaire Jules Maigret rencontre Armand Lecoq d’Arneville. Il se présente suite à la diffusion dans la presse d’un portrait d’un homme qui s’est suicidé à Brême en Allemagne ; il affirme qu’il s’agit de son frère. Le témoin, interrogé sur sa profession, répond : « Pour le moment, je suis garçon de bureau dans une usine d’Issy-les-Moulineaux… Nous habitons Grenelle, ma femme et moi… ». 

Cet épisode se trouve dans le roman policier de Georges Simenon, Le pendu de Saint-Pholien, (à gauche) écrit en 1933 et publié en 1956 (Bibliothèque Simenon, Librairie Arthème Fayard).

Il n’est guère surprenant que Simenon ait pensé à la commune pour le métier du témoin tant le choix était large ! Dans les années Trente, Issy-les-Moulineaux est une ville essentiellement consacrée à l’industrie. La première de toutes date de 1820, c’est l’entreprise de munitions Gévelot aux Moulineaux. Le développement se fait ensuite autour du champ de manœuvre le long de la Seine et de la capitale au XIXe et au XXe siècles. Il y eut la Manufacture de Tabacs, la construction aéronautique (Caudron, Frères Voisin etc.), une centrale thermique fournissant l’électricité d’une partie de Paris, l’imprimerie du Petit Moniteur, l’usine Ripolin pour les vernis et peintures etc. Toutes ces usines ont disparu progressivement après-guerre ; il n’en reste que quelques témoignages comme la Manufacture de Tabacs transformée en logements. Tous ces quartiers industriels polluants ont été métamorphosés depuis dont certains en éco-quartiers le long de la Seine.

Quant au quartier de Grenelle où réside le témoin, il s’agit d’un ancien territoire isséen annexé en 1860 lors de l’agrandissement de Paris sous le Second Empire. C’est l’actuel quinzième arrondissement.

L'imposante  silhouette du Palais de Justice où se trouvaient les locaux de la Police, au n°36, se distingue avec sa haute tour, à l’aplomb d’une arche du Pont-Neuf.  Une grande partie des institutions judiciaires et policières du Palais de Justice a été déplacée depuis peu dans le 17e arrondissement.

Les locaux de la police judiciaire, 36 Quai des Orfèvres, 1935.
P. Maestracci

17 décembre 2019

Maurice Berteaux - Conférence jeudi 16 janvier 2020

Notez d'ores et déjà dans vos agendas la conférence-dédicace 
de Fabrice Moullé-Berteaux, le jeudi 16 janvier 2020.




Venez nombreux. Après la conférence, vous pourrez acheter et faire dédicacer l'ouvrage de Fabrice Moullé-Berteaux  :
"Maurice Berteaux, un financier en robe de Chambre" (éditions Temporis).

16 décembre 2019

Abstract Motions à l'Espace Manufacture - Photos d'Issy

Alors vous avez trouvé ce que René Barrière a pris en photos au cours de ses pérégrinations isséennes. Ces trois lieux d'Issy-les-Moulineaux sont :


Photo 1 : l'immeuble de la BNP Paribas
© René Barrière

Photo 2 : la Médiathèque du Centre Ville
© René Barrière

Photo 3 : la rue Jean-Jacques Rousseau
© René Barrière


14 décembre 2019

Abstract Motions - visite privée à l'Espace Manufacture d'Issy


Espace Manufacture, exposition Abstract Motions. © PCB
Une bonne quinzaine d'Historimiens étaient présents à cette visite privée, à l'Espace Manufacture, commentée par l'artiste-photographe lui-même, René Barrière.

Aux murs, 25 photos, prises en mouvement… à la manière du peintre Georges Mathieu ou de la plasticienne-chorégraphe Carolyn Carlson. Des teintes magnifiques, une abstraction totale.

Pour bien vivre cette exposition, il faut se laisser aller, faire de sa vie un rêve, "trouver un sens à l'image". Et les visiteurs ont joué le jeu, comme vous allez le découvrir !

Regardez cette photo

© René Barrière
Que vous évoque-t-elle ? Que voyez-vous ? Voici quelques unes des réponses données au cours de la visite :
un paon, un papillon, un poisson dans les abysses, le cosmos, l'éruption d'un volcan, un désert avec des étoiles filantes, une averse, un œuf voilé, un rapace, un bonnet à l'envers, un col autour du cou.
A votre tour, n'hésitez pas à nous laisser vos commentaires.

Quelques photos ont été prises à Issy-les-Moulineaux (ci-dessus et ci-dessous). Reconnaissez-vous l'endroit exact ? Même chose que pour la photo précédente, donnez-nous votre avis dans le commentaire. Nous publierons les réponses d'ici quelques jours.


Issy-les-Moulineaux, photo 1. © René Barrière
Issy-les-Moulineaux, photo 2. © René Barrière.
Issy-les-Moulineaux, photo 3. © René Barrière

Un grand merci à René de nous avoir fait découvrir une toute petite partie de son univers… Les photos sont à retrouver sur son site https://abstractmotions.blogspot.com  ; elles sont en vente aussi.
René, quant à lui, vous remercie d'être venus si nombreux et de vous être montrés si intéressés.
L'exposition est visible jusqu'au 17 janvier 2020.   PCB

11 décembre 2019

Aéromodélisme 1945… la Coupe d'Hiver à Issy-les-Moulineaux

Alors que Noël approche, que certains font les magasins à la recherche de modèles réduits de train, de bateau ou d'avion à offrir… savez-vous qu'Issy-les-Moulineaux fut dès 1945 et pour quelques années le grand rendez-vous des aéromodélistes. Un sport, un loisir… une passion qui existait déjà avant guerre.

Le Magazine Modèle Réduit d'Avion (MRA)


MRA du mois d'août 1949.
Un certain Maurice Bayet (1903-1985), passionné de modélisme, participe dès les années 1930 à de nombreux concours d'aéro-modélisme. D'ailleurs, il remporte en 1935 le premier prix du concours de la Ligue Aéronautique de France. C'est alors qu'il se rend compte qu'il n'existe pas de revue spécialisée en France. Dès l'année suivante, il crée la première revue d'aéromodélisme en France : le MRA, dont le premier numéro paraît en octobre 1936. Il restera aux commandes du magazine jusqu'en janvier 1976.

La Coupe d'Hiver
Maurice Bayet décide également d'organiser un grand concours annuel, sous le label MRA : ce sera la Coupe d'Hiver, créée en 1939… mais lancée le 25 février 1945.
On peut lire dans le journal : "Le concours eut lieu dans une ambiance très sympathique et très "Aviation".… Si la Coupe d'Hiver a pu avoir lieu, c'est grâce au ministère de l'Air qui a bien voulu nous accorder le terrain d'Issy-les-Moulineaux, allant même jusqu'à donner des consignes aux pilotes pour ne pas utiliser le champ pendant la Coupe". Et oui, tous les ans, la Coupe d'Hiver se tiendra à Issy, jusque dans les années 1950. Aujourd'hui, elle a lieu en province.

Les participants de la Coupe d'Hiver, 1946. 
Mais il existe aussi d'autres rencontres : 
- la coupe des maquettes (caoutchouc)
- la coupe des maquettes volantes (motorisées)
- la coupe des planeurs
Les concours comprennent alors plusieurs épreuves : 3 vols de deux minutes ; 5 vols de trois minutes…toujours avec un virage, et à une altitude moyenne de 80 mètres.

Et il y a même des coupes inter-clubs, comme, celle de  1946, à Issy-les-Moulineaux, dans laquelle 121 appareils sont engagés (ci-contre).

Les modèles réduits sont une petite taille : 90 cm à 3 m maximum pour les plus grands planeurs car ils doivent être transportables en pièces détachées, dans le métro ou en moto. Elles sont alors bien rangées dans des boites en bois, surnommées par les aéromodélistes "cercueils" !

La tribu des "pieds-noirs" d'Issy.
Dans un numéro daté de 1949, on apprend que les membres de "la Tribu des Pieds Noirs " (ci-dessous) viennent sur le terrain d'Issy-les-Moulineaux chaque fin de semaine faire voler leurs modèles. Mais pourquoi se sont-ils donné ce drôle de nom ? Une centrale thermique, au charbon, est construite le long du terrain d'aviation. Et elle envoie beaucoup de fumée. A la fin de la journée, le public comme les concurrents ont les chaussures noires de suie… d'où leur surnom de "pieds noirs" !

La "tribu des pieds noirs", 1949.

L'aéromodélisme à Issy s'est terminé dans les années 1950… mais la Coupe d'Hiver continue et les anciens ont créé en 1985 l'Association des Amateurs d'Aéromodèles Anciens (les 4A). Elle regroupe les fans, toujours aussi motivés, qui construisent et font voler des modèles conçus avant 1953… qualifiés d'antiques ou de vintage. 

Un grand, grand merci à l'aéromodéliste André Meritte (à gauche sur la photo ci-contre, classé 10e de la Coupe d'Hiver 1953) qui nous a fourni témoignages et documents sur cette Coupe d'Hiver qui s'est tenue plusieurs années à Issy-les-Moulineaux. PCB

9 décembre 2019

Abstract Motions - exposition photos à l'Espace Manufacture d'Issy


© René Barrière

"Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve une réalité", 
écrivait Antoine de Saint-Exupéy. 

Alors, venez nombreux à l'exposition Abstract motions de René Barrière, à l'Espace Manufacture, du 9 décembre 2019 au 17 janvier 2020. 28, Esplanade de la Manufacture, Issy-les-Moulineaux, découvrir ces 24 photos abstraites, colorées, dont certaines ont été prises à Issy. A vous de deviner lesquelles.

Laissez-vous emporter par ces images, lâchez prise… et vivez vos rêves !
PCB


6 décembre 2019

Talleyrand à Issy, 1789 - conférence

Lundi 2 décembre 2019, nouvelle conférence Historim à la Résidence du Parc… et nouveau succès !  Vous étiez une fois encore bien présents pour écouter notre conférencière historimienne Pascale, toujours aussi passionnante. "Je veux que pendant des siècles on continue à discuter sur ce que j'ai été, ce que j'ai pensé, ce que j'ai voulu", écrivait Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord en 1812. Ce qui fut fait ce soir-là.

 Talleyrand ©XDR

Talleyrand à Issy
Mais que faisait donc Talleyrand à Issy ? Pascale nous dit tout.
Le petit Charles-Maurice (1754-1838) naît avec un pied-bot qui le fera boiter toute sa vie. Ses parents lui refusent, à cause de cette malformation, le droit d'aînesse et, selon la tradition, le voilà destiné à la carrière ecclésiastique. Ce que le jeune homme n'acceptera jamais ! Après une thèse de théologie à la Sorbonne, des études de prêtrise à Reims, on le retrouve le 4 janvier 1789 à Issy où il est nommé évêque d'Autun, une cérémonie qui se déroule dans la chapelle de la Solitude. Ce fut un passage très court dans notre commune pour cet homme à la personnalité très difficile à cerner.

"Devin, complexe, successif"
Tel le voyait la nièce de Talleyrand, Dorothée de Périgord, Tel va nous le décrire Pascale.
Devin… Charles-Maurice anticipe les régimes politiques à venir ; la puissance d'un pays tel que les États-Unis ; la défaite de Napoléon…
Complexe… il travaille pour des puissances étrangères, mais reste fidèle à la France ; il est à la fois proche de Danton et de Mirabeau ; il est évêque mais se marie…
Successif… il prête serment 13 fois ; il assiste à 4 sacres, le dernier étant celui de Charles X …

Vie quotidienne
Ce "Diable boiteux", comme on le surnomma, est grand, pour son époque : 1,76 m. Il a de beaux yeux bleus, est élégant et dort très peu : trois heures par nuit ; il mange peu aussi mais adore le fromage de Brie. Très cultivé, il a le sens des affaires, est un excellent diplomate, aime la politique… et les femmes : on dit qu'il pourrait être le père du peintre Eugène Delacroix ; il défend même l'instruction des filles !

Grâce à Pascale, nous avons découvert ce personnage haut en couleurs que beaucoup d'entre nous connaissaient mal. Un grand merci à notre conférencière sans oublier la directrice de la Résidence qui nous accueille si bien. PCB




3 décembre 2019

Louis Albert Bacler d'Albe, peintre, cartographe et militaire, à Issy

Louis Albert Bacler d'Albe (1761-1824) ? Souvenez-vous… lors de la Journée du patrimoine consacrée à Adèle Foucher et Victor Hugo, le 22 septembre 2019, il a été plusieurs fois évoqué. C'est sa lithographie Bal champêtre à Issy, 1822 (ci-dessous) qui a permis de situer la maison louée par les Foucher à Issy, en cet été 1819… Une plaque apposée en bas de la maison rappelle cet événement.

Bal à Issy, 1822. Louis-Albert Bacler d'Albe. Coll. Château de Sceaux

Mais qui est donc cet artiste, cartographe, proche militaire de Napoléon 1er ? Son arrière-arrière-arrière-petit fils, le général Jean-Claude Ichac, Isséen, lui a consacré un article pour le Souvenir français dont voici quelques extraits.

© XDR
" Le 28 octobre 1805, le préposé à la mairie d'Issy (qui n'était pas encore « Les Moulineaux »!) enregistrait la naissance du quatrième enfant de la famille Bacler Dalbe (devenue d'Albe), Louis Marc. Mais ce n'était pas son père qui venait le déclarer car, chef du service cartographique de l'empereur Napoléon 1er, il l'avait suivi quelques jours auparavant en Alsace où se préparait l'offensive contre les Autrichiens qui, par Ulm, allait aboutir au « Soleil d'Austerlitz » le 2 décembre de la même année.

C'était au siège de Toulon, huit ans plus tôt, que Bonaparte avait croisé une première fois le capitaine Louis Albert Bacler Dalbe (ci-contre), artilleur comme lui, chef de la batterie « des Invincibles », et artiste-dessinateur dans le civil avant la Révolution. Promu général et commandant de l'artillerie de l'armée d'Italie, Bonaparte le fera affecter à son état-major et, quand il prendra le commandement de cette même armée, il le chargera de l'élaboration des cartes nécessaires à son action. Et Dalbe le suivra, sillonnant l'Europe, de l'Italie, reprise aux Autrichiens au cours de deux campagnes, au camp de Boulogne, pour préparer une éventuelle expédition en Angleterre, de Saxe en Prusse et en Pologne, de la guerre d'Espagne à la campagne de Russie.

Bataille du Pont d'Arcole, Louis Albert Bacler d'Albe,
tableau présenté en 1804. © XDR

Et partout où l'empereur installera sa tente de commandement, Dalbe sera là, dans une tente annexe, avec son lit de camp et ses cartes, et les épingles de couleurs qui lui permettront d'y situer les forces en présence. Mais il n'oubliera pas que s'il est officier, et il le montrera valeureusement à Arcole (ci-dessus), il est aussi dessinateur : ses tableaux des batailles de Lodi, de Rivoli ou d'Austerlitz font partie des collections du château de Versailles et ses lithographies du passage des Alpes ou de l'Espagne en guerre sont autant de témoignages de l'actualité militaire de son temps.

Chevalier de la Légion d'Honneur depuis 1806, il sera promu officier dans l'ordre le 10 avril 1812 et nommé général de brigade le 24 octobre 1813. Le 2 mars 1814 il quittera son service au Cabinet topographique de l'empereur et prendra la direction du Dépôt de la Guerre. Il aura passé plus de dix ans dans l'entourage immédiat de Napoléon qui, selon un témoin, s'écriait quand on le réveillait à l'arrivée d'une estafette porteuse d'un pli important : « Qu'on aille chercher d'Albe ! Que tout le monde s'éveille ! »

Acte de naissance à Issy de Louis-Marc, quatrième enfant de Louis-Albert.

Général Ichac.
© A. Bétry
Le couple Bacler d'Albe eut quatre enfants. L'aîné Joseph-Albert fut officier comme son père ; leur deuxième fils, Maurice-Louis, mourut en 1810 des suites d'une chute de cheval, à 18 ans ; Leur seule fille, Alexandrine, épousa un ami de la famille, Marc-Antoine de Barbotan-Maurepas. Enfin le dernier enfant, Louis-Marc, né à Issy en 1805 (ci-dessus), dessinateur et lithographe comme son père, fût le seul à avoir laissé une postérité. Il eut deux enfants, un garçon et, en 1837, une fille, Blanche. C'était mon arrière-grand-mère."
Général de brigade aérienne (2s) Jean-Claude Ichac (ci-contre)

Un grand merci au Souvenir français de nous avoir autorisé à publier un extrait de ce texte. PCB

P.S. Si vous savez où habitait la famille Bacler d'Albe à Issy, laissez un commentaire…


29 novembre 2019

L'après Grande Guerre à Issy - épisode 5 - Justin Oudin

Que doit notre commune à Justin Oudin, ce maire au caractère bien trempé ? 
Beaucoup de choses dont on garde aujourd'hui la trace. 

Dans la longue liste des réalisations du maire Justin Oudin, figurent, parmi les plus marquantes, la création du square de la future Place Paul Vaillant-Couturier, la construction de la crèche de la rue André Chénier, la construction des écoles de garçons Paul Bert et Voltaire, ainsi que du groupe scolaire du Fort.





Mais aussi la viabilisation de nombreuses rues : pavage et goudronnage des voies (ci-contre), canalisations d’eau, d’électricité et de gaz, l’aménagement de la zone du Fort, le projet de parc municipal (plus tard dénommé Henri Barbusse), aussi, le prolongement de la ligne de métro jusqu’à la Mairie d’Issy, inauguré le 24 mars 1934.


Station de pompage Billancourt.









Sans oublier la station de pompage du pont de Billancourt, des installations sanitaires dont Justin était très fier. Il est présent lors de son inauguration (à gauche sur la photo ci-contre).






La construction du théâtre (actuel PACI Charles Aznavour) est certainement son œuvre la plus connue aujourd’hui (ci-dessous). Certains paragraphes du discours qu’il prononce lors de l’inauguration le 4 décembre 1932 résument parfaitement sa pensée et ses idéaux : il voit dans l’édifice une « Maison pour tous, où tous aimeront fraternellement s’assembler certains jours pour oublier ensemble les soucis de la vie matérielle, se reposer des durs labeurs, procurer à l’âme, avec la joie des plaisirs sains, l’agrément, le réconfort moral et intellectuel et nécessaire aux masses déshéritées.
[…] Ce monument est, en quelque sorte, l’expression symbolique du progrès moral que l’on est heureux de constater chaque jour dans nos populations de banlieue. Ceci correspond aux besoins artistiques et littéraires de nos concitoyens qui se trouvent géographiquement éloignés des grands mouvements de la civilisation moderne et qui ne veulent pas, parisiens extra-muros, faire figure de parias intellectuels. »

Façade du Théâtre, l'actuel PACI-Charles Aznavour. © XDR
Mais à ce moment Justin Oudin apparaît déjà bien isolé par ses revirements politiques et ses tendances autoritaires. Aux élections municipales du 5 mai 1935, il conduit une « liste d’unité ouvrière, employés, petits commerçants et de défense des intérêts locaux », soutenue par le Parti d’Unité Prolétarienne (P.U.P.), fruit d’une fusion en 1930 entre le Parti Socialiste Communiste (P.S.C) et le Parti Ouvrier et Paysan. Vainqueur au 1er tour, il est battu au second tour par la liste de Front populaire regroupant le Parti communiste, la S.F.I.O. et des radicaux. Aux élections cantonales de juin suivant, il ne peut pas non plus conserver son fauteuil de Conseiller général de la Seine.


École Justin Oudin, au Fort. © M. Julien
Fin de carrière
Après la Deuxième Guerre mondiale, où il s’engage dans le mouvement de Résistance « Ceux de la Libération – Vengeance », il prend part aux élections municipales d’octobre 1947, à la tête d’une liste « Groupe de Défense des Intérêts Communaux » (dont le tract comporte une citation du Général de Gaulle). Mais il est une nouvelle fois battu par une liste d’ « Union Démocratique et Résistante » à prépondérance communiste.
Il meurt le 8 octobre 1950 et est enterré au cimetière d’Issy-les-Moulineaux, dans une tombe située en bordure de l’allée centrale. Le 26 mai 1954, le Conseil municipal élu l’année précédente décide - à l’instigation de son maire Bonaventure Leca, ancien secrétaire du P.U.P. - d’attribuer son nom au groupe scolaire du Fort (ci-dessous). Florian Goutagneux.


Ainsi se termine cette longue série d'articles consacrée, depuis 2014, à la Grande Guerre à Issy-les-Moulineaux ; à retrouver sur notre site.

26 novembre 2019

Talleyrand à Issy - Conférence


Aristocrate devenu homme d'Église, Talleyrand a passé quelques heures décisives à Issy en janvier 1789… Deux cent trente ans plus tard, notre Historimienne Pascale va tenter d'éclaircir le mystère qui entoure toujours celui que l'on surnomma "le Diable boiteux".



24 novembre 2019

L'après Grande Guerre à Issy - épisode 4 - De nouveaux hommes politiques

Avec la paix, on assiste, comme on l'a vu, à une modification de l'urbanisme, un nouvel élan industriel, la transformation de l'aviation, l'apparition des Monuments aux morts. Et vient aussi le renouvellement du personnel politique à Issy.

Le 16 novembre 1919, les élections législatives amènent une coalition conservatrice, le Bloc national, à la Chambre des Députés - qui y gagne le nom de « bleu horizon », de la couleur de l'uniforme militaire.
Or la même année 1919 marque une coupure dans l’histoire des banlieues qui voit, à l’occasion des élections municipales, des partis de gauche accéder aux responsabilités politiques dans plusieurs communes de la banlieue parisienne, plus spécialement celles qui sont les plus imprégnées de traditions industrielles et ouvrières. Ce changement de personnel politique, au détriment des personnalités d’avant-guerre pour la plupart membres de professions libérales, accompagne la montée en puissance de nouvelles couches sociales.

L'élection de Justin Oudin comme maire
A Issy-les-Moulineaux, le maire qui est élu, dans des conditions en tous points comparables au schéma ci-dessus, est Justin Oudin, qui occupera ce poste pendant dix-huit années. Il succède à Léon-Victor Clément, resté en fonctions pendant toute la durée de la guerre, de 1911 à 1919, sans laisser d’autres souvenirs marquants.

Justin Oudin (1881-1950).
Justin Oudin (ci-contre) est né le 28 juin 1881 à Damparis dans le Jura et devient très jeune orphelin de père. Il rejoint alors Paris où, en 1903, il entre aux magasins du Louvre comme employé d’abord, puis chef de rayon. Il habite déjà à Issy-les-Moulineaux (rue Émile Zola) où il se marie.
A l’occasion de l’Affaire Dreyfus qui s’achève, il entre en politique et adhère à la S.F.I.O. (Section Française de l’Internationale Ouvrière) en 1905. Il est également militant syndical et, à la fin de la Première Guerre mondiale, reconstitue un syndicat des employés aux magasins du Louvre. Il y organise même une grève importante, qui lui vaut d’être licencié.

Peu après, en décembre 1919, il remporte les élections municipales d’Issy-les-Moulineaux, à la tête d’une liste émanant de la S.F.I.O, « Concentration des comités républicains, radicaux et socialistes indépendants ». L’année suivante il rejoint la S.F.I.C. (Section Française de l’Internationale Communiste) qui vient d’être créée au Congrès de Tours - et prendra le nom de Parti Communiste Français le 1er janvier 1922. Toutefois, comme il ne craint pas de s’opposer à la ligne du Parti, il en est exclu dès janvier 1923. Il adhère alors à une nouvelle formation, l’Union Socialiste Communiste, devenu le Parti Socialiste Communiste la même année 1923, qui prône l’unité des différents groupes et partis de Gauche. 

Un parcours politique fluctuant
Ce parcours fluctuant n’est pas sans provoquer de vives tensions au sein de la municipalité, dont profite l’opposition pour engager une violente campagne contre la majorité. La situation se dégrade tellement que le Conseil de Préfecture doit révoquer Justin Oudin et dissoudre le Conseil municipal le 26 février 1923. De nouvelles élections sont organisées les 22 et 29 avril ; Justin Oudin les remporte très facilement, à la tête d’une liste « communiste unitaire » qui ne compte presque plus aucun de ses anciens colistiers. Il n’est pourtant pas tout de suite nommé à nouveau maire : il est pour l’heure, tant que le conflit n’est pas réglé avec la Préfecture, remplacé par son adjoint Eugène Demarne. Celui-ci dans l’allocution qu’il prononce à l’ouverture de la séance du Conseil municipal du 4 mai 1923 lui exprime le soutien de toute l’assemblée : « Je déplore que les mesures prises contre notre Camarade Oudin le soient au détriment de notre Commune et à l’encontre du suffrage universel. Nous le considérons toujours notre maire moralement, certains aussi que de son côté il continuera avec nous l’exécution des grands projets qu’il avait préparés. […] Malgré toutes les difficultés qui nous seront créées par nos adversaires sournois agissant dans l’ombre, nous voulons […] par un travail méthodique transformer notre ville qui a tant souffert de l’incapacité bourgeoise »

Justin Oudin à son bureau. 
Justin Oudin (ci-dessus) ne retrouve son fauteuil de maire que le 16 octobre 1923. Il l’occupera jusqu’en 1935, réélu à la tête de listes d’ « union socialiste et communiste » aux élections municipales de mai 1925 et mai 1929. On peut lire, derrière son bureau de l’Hôtel de Ville, un panneau indiquant :  « Soyez bref ! Vos minutes sont aussi précieuses que les nôtres » !
Se présentant aux élections cantonales de juin 1925 et juin 1929, il est élu dès le premier tour Conseiller général de la Seine (2e – puis 3e - circonscription du canton de Vanves).

Politiquement parlant, ce n’est pas un homme d’appareil et, à l’évidence, sa pensée ne se soucie pas d’orthodoxie ; elle peut même évoluer jusqu’à, aux dires de certains, le faire « tomber à droite » au cours des années 1930. C’est plutôt une forte personnalité animée par le besoin d’agir et un certain goût de l’autorité, qui ira grandissant. Dans l’exercice de ses fonctions, il se considère moins comme le président du Conseil municipal que comme le chef de la commune, responsable de son avenir. Il entend d’ailleurs y laisser une trace de son passage !

En janvier 1931, il est nommé (sous le « parrainage » du Docteur Tariel) Chevalier de la Légion d’honneur en récompense de son action en tant que « Magistrat municipal de haute valeur et très dévoué aux œuvres sociales. […] qui s’est efforcé d’apporter des innovations heureuses et de nombreuses améliorations au point de vue de la Voirie, de l’Hygiène, des Transports et de l’Éducation ». A la même époque, il est également Président de l’Union amicale des Maires du Département de la Seine.
Lui-même, dans le compte-rendu de mandat du Conseil municipal qu’il publie en 1935, détaille sa ligne de conduite : « Représentants des travailleurs, nous n’avons cessé d’apporter notre sollicitude aux œuvres d’éducation populaire, de travailler à l’amélioration des conditions d’existence des familles ouvrières, d’aider les déshérités de la vie, sans distinction d’opinion politique ou de classe sociale, […] luttant toujours pour le progrès et la justice ». Florian Goutagneux.

A suivre - Épisode 5, le 29 novembre, 18 h.

22 novembre 2019

Le temps du souvenir - conférence du 21 novembre 2019

Nous étions une bonne cinquantaine à la Résidence du Parc, toujours aussi accueillante. Un grand merci à Florian, notre conférencier, Jean-Michel notre lecteur, et Michel notre placier !

La première chose que nous explique Florian, c'est de différencier les Monuments au mort nominatif, comme la stèle en hommage au Polonais Jerzy Popiełuszko ;  les Monuments aux morts de groupe comme celui des Gardes nationaux de la Commune, érigé en 1872, dans le cimetière d'Issy ; et les Monuments aux morts aux Héros et (ou) Victimes de guerre.

Concernant la Première Guerre mondiale, Issy-les-Moulineaux compte cinq Monuments et stèles différents.

- Au cimetière, voici le Monument aux morts 1914-18 (ci-dessous)… Une femme agenouillée au pied d'un homme mort, son mari peut-être. Le Monument inauguré le 2 novembre 1924, ne porte pas de croix… depuis la loi de 1905 de séparation des Églises et de l'État. Les Monuments sont souvent entourés d'un espace libre permettant aux gens de venir s'y recueillir, comme ici les enfants d'une école isséenne.

Gros plan. © A. Bétry

Monument aux morts de 1914-18,
dans le cimetière d'Issy. © A. Bétry. 














- Le Mémorial Sainte-Lucie (ci-dessous). Première chose qui frappe : la croix, bien visible, puisqu'il s'agit d'un Monument paroissial. On distingue deux enfants, un jeune garçon et une petite fille.


Mémorial Sainte-Lucie. © A. Bétry

- Le Monument aux Séminaristes  (ci-dessous) se dresse dans le parc Saint Jean-Paul II qui, à l'origine, se rattachait au parc du Grand Séminaire. La colonne centrale est surmontée d'une croix ; on distingue le Christ et les deux larrons, puis en bas la Vierge, saint Jean et une femme. La liste des morts est bien visible, ainsi que des inscriptions latines.

Monuments aux Séminaristes, parc Saint-Jean-Paul II. © P. Maestracci

- Le vitrail de l'église Saint-Étienne (ci-dessous) est unique en son genre. Vous pouvez l'admirer dans l'église sur votre gauche. A l'arrière plan, on distingue la cathédrale de Reims totalement détruite, sur laquelle le reporter Albert Londres a laissé un témoignage extraordinaire, publié dans Le Matin, le 29 septembre 1914 : "Elle est debout, mais pantelante… Les chimères, les arcs-boutants, les gargouilles, les colonnades, tout est l'un sur l'autre, mêlé, haché, désespérant."

Vitrail, église Saint-Étienne. © A. Bétry

- Enfin, dernier hommage aux victimes de la Grande Guerre à Issy, la stèle érigée en 2008, donc récemment, place du 11 novembre : "Honneur aux poilus 1914-1918" (ci-dessous). Elle est très simple et présente un traitement végétal, généralisé à partir des années 1960, symbole de la renaissance.

Honneur aux poilus, place du 11 novembre.
© A. Bétry

Florian a évoqué beaucoup d'autres Monuments aux morts, présents dans notre commune : celui du Square de la Mairie, celui aux Arméniens, rue de la Défense, aux héros de la Libération, place de la Résistance. Mais ceux de la Première Guerre mondiale, que vous pouvez découvrir en images ici-même, clôturent notre cycle de conférences qui, depuis cinq ans, nous a permis de revivre la Grande Guerre à Issy. 

N'oubliez pas les deux derniers articles de Florian. 
Épisode 4, à suivre le 24 novembre, 18 h.





17 novembre 2019

L'après Grande Guerre à Issy - conférence

La paix revenue, après cette guerre terriblement meurtrière, les communes françaises pleurent leurs défunts et construisent des monuments aux morts pour les célébrer. Le temps du souvenir est venu !




Florian Goutagneux, à qui l'on doit la série d'articles de ce mois de novembre 2019, nous fera découvrir, entre autres, ceux d’Issy-les-Moulineaux.


A suivre - Épisode 4, le 22 novembre, 18 h

14 novembre 2019

L'après Grande Guerre à Issy - épisode 3 - l'aviation

Et l'industrie aéronautique ? Quel impact a eu la guerre ? 
Le berceau de l'aviation résistera-t-il à la paix ?

Lorsqu’elle éclate, la guerre de 1914-1918 donne un véritable coup de fouet à l’industrie aéronautique, tout juste sortie de sa phase expérimentale. Pour faire face aux besoins des armées française et alliées - qui ne s’intéressent vraiment à l’aviation que depuis peu de temps -, les avionneurs doivent passer à la fabrication industrielle et adopter un rythme de production effréné : en 1918, ce sont 4000 appareils qui sortent de leurs ateliers et envahissent le Champ de Manœuvres, assez vite abandonné par l’Armée (ci-dessous).

Les hangars à dirigeables du Champ de Manœuvres.

Un terrain trop petit
Mais, simultanément, le Champ de Manœuvres perd le rôle privilégié qu’il a jusqu’alors partagé avec quelques autres terrains (Buc, Reims …). Le nombre grandissant des appareils, les progrès phénoménaux des performances (vitesses, poids, etc.) génèrent en effet un accroissement des besoins en espace et en infrastructure. Or le terrain d’Issy – qui n’est originellement qu’un champ de manœuvres militaires, et non un aéroport - ne peut satisfaire à ces nouvelles exigences, d’autant que sa situation géographique, en milieu urbain, et les conditions météorologiques – brumes fréquentes dans la plaine en bordure de Seine – gênent indubitablement les vols. Il connaît donc un déclin rapide au profit d’autres sites de la région parisienne, comme Villacoublay et Le Bourget. Dès 1919, il ne figure plus sur la liste des aérodromes autorisés.
De plus, comme pour toute l’industrie militaire, la fin des hostilités entraîne évidemment une chute vertigineuse des commandes de l’État et par voie de conséquence un net ralentissement des activités aéronautiques. La grande aventure est bien terminée !

Prouesses de pilotes
Certes tout ne disparaît pas et, sur le terrain devenu base d’essai et de livraison pour les avionneurs voisins, une certaine animation continue à régner autour des nécessaires entretien et révision des appareils, ainsi que des entraînements sur les prototypes. Les pilotes sont encore nombreux à fréquenter le lieu de leurs premières prouesses.

La baronne de La Roche.
Quelques records sont même battus par les plus intrépides, records d’altitude principalement : 9520 m. sur un biplan Nieuport le 14 juin 1919. Au début du même mois de juin, Élise Deroche, plus connue sous le nom de baronne Raymonde de Laroche (ci-contre), s’approprie à son tour le record féminin avec des hauteurs successives de 3900 m, puis 4800 m. (elle mourra un mois plus tard au cours d’un vol en baie de Somme).
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Le 13 janvier 1919 est par ailleurs resté célèbre pour une performance originale : c’est en partant d’Issy que Jules Védrines – qui s’est entraîné pendant quelques jours à atterrir dans un carré d’une vingtaine de mètres – se pose sur la terrasse des Galeries Lafayette.
Enfin, autre fait marquant et caractéristique, c’est à Issy que sont entreposés les principaux éléments des « Collections de l’Aéronautique » montrés lors de l’Exposition internationale de Locomotion aérienne (19 décembre 1919 – 4 janvier 1920), en attendant leur installation définitive dans le premier Musée de l’Air à Chalais-Meudon. 

Les grands avionneurs
Ils ne peuvent que suivre ces mutations. Ils vont s’y adapter en empruntant chacun sa propre voie.

La « Société des Aéroplanes Voisin » avait fabriqué l’appareil qui avait été remporté la première victoire aérienne de la guerre, exploit dont le retentissement avait assis la réputation de la firme. Pourtant à la fin des hostilités, Gabriel Voisin se résout assez facilement à abandonner l’aéronautique – qui, à ses yeux, a causé la mort de beaucoup trop d’hommes. Après un essai de reconversion dans la réalisation de maisons préfabriquées, il achète un prototype de voiture et se réoriente vers la construction automobile. C’est le début d’une des plus brillantes marques françaises dont le palmarès n’a rien à envier à celui obtenu dans l’aviation.

Les Établissements Nieuport, qui s’étaient installés à Issy-les-Moulineaux juste avant la guerre et avaient conçu un petit avion, le Bébé Nieuport, au succès considérable pendant toute la durée du conflit, parviennent quant à eux à se maintenir dans la construction aéronautique militaire : c’est en effet un de leurs appareils (le type 29 C 1) qui a été adopté par le gouvernement français et quelques gouvernements étrangers pour leurs régiments de chasse. 

Entrée des Établissements Nieuport, boulevard Galliéni, 1984.
Ils n’en réduisent pas moins considérablement leur activité, même si en 1919, ils agrandissent leur usine en acquérant un terrain de l’autre côté de la rue Camille Desmoulins. L’année suivante, en 1920, ils fusionneront avec le constructeur de dirigeables Astra pour former la Société Anonyme Nieuport-Astra Sur la photo ci-dessus, prise en 1984, de l'entrée des Établissements Nieuport, boulevard Gallieni, on remarque le « N » (de Nieuport) au centre de la grille de fenêtre à droite.

En 1915, les frères Caudron, répondant à la demande des autorités militaires, avaient construit une nouvelle et vaste usine à Issy-les-Moulineaux (9000 m2, 1300 ouvriers). La guerre terminée, et après une éphémère tentative de reconversion dans la production de véhicules utilitaires (tombereaux), elle prend la décision, audacieuse à l’époque, de se consacrer à l’aviation civile, plus particulièrement dans les secteurs du transport et de l’entrainement. Elle fait moderniser et agrandir ses ateliers et ses bureaux de la rue Guynemer (ci-dessous). Puis, en 1920, elle fusionne avec les Usines Renault (qui fabriquent des moteurs d’avion depuis 1907) et se tourne aussi vers la production des avions de course qui, par leurs performances, ne vont pas tarder à lui valoir un immense renom. Florian Goutagneux.


A suivre -  le 17 novembre, 18 h.

Les usines des frères Caudron.


8 novembre 2019

L'après Grande Guerre à Issy - épisode 2 - Un nouvel élan industriel

Transformations urbaines, comme on l'a vu, mais aussi accroissement et diversité du potentiel industriel touchent Issy-les-Moulineaux au lendemain de la guerre.


La blanchisserie de Grenelle.

La fin du paysage rural
Après la guerre, les mutations amorcées à Issy-les-Moulineaux depuis près d’un siècle se poursuivent sur un rythme plus soutenu et entament de plus en plus fortement le paysage rural : les derniers espaces agricoles cèdent progressivement devant les lotissements, l’extension du réseau routier et l’industrialisation galopante. Depuis des décennies déjà, les vignerons ont quasi disparu des coteaux. Les maraîchers, eux, continuent à cultiver la plaine, même si elle est fréquemment dévastée par des inondations. Chassés par les militaires du champ de manœuvres, ils se sont déplacés vers l’ouest, du côté du hameau des Moulineaux (où survivra jusqu’au mitan du siècle une étable, évocation tardive de l’ancienne Ferme des Chartreux).

L'industrialisation se généralise
Froide réalité ! La guerre a assuré un accroissement durable du potentiel industriel de la commune - plus encore peut-être que dans le reste de l’agglomération parisienne. Grands fournisseurs de l’Armée en effet, les secteurs de la fabrication de matériel militaire (munitions comprises) et de la construction aéronautique, voire de la métallurgie lourde sont largement représentés dans la plaine isséenne. Or ils ont connu entre 1914 et 1918 un vigoureux développement et leur vitalité a elle-même entraîné dans son sillage la création de quantités de sous-traitants.

Vue de l'usine S.E.V. à Issy.
Pour ces sociétés, les années suivantes 1918- 20 sont d’abord celles des tentatives de reconversion, plus ou moins pertinentes et réussies, celles aussi du regroupement et de la concentration des activités. La crise n’est pas loin … ; mais elle ne sera que passagère. Les entreprises continuent à se développer : elles s’agrandissent, acquièrent une ou plusieurs parcelles voisines et se dotent de bâtiments d’ateliers et de bureaux modernes. C’est le cas de la Compagnie des Lampes (à l’angle des rues Rouget de l’Isle et Camille Desmoulins), et de sa voisine, les Fabriques de Produits de Chimie organique de Laire, ainsi que de la Blanchisserie de Grenelle (photo en haut), cédée à la firme Fontex et transformée en société anonyme dès 1917, ou encore de la « S. A. pour l’équipement électrique des véhicules » (plus tard S.E.V. Marchal, ci-dessus), qui transfère son siège social rue Guynemer à Issy, où elle s’est implantée en 1913 et où elle ajoute un troisième bâtiment, haut de plusieurs étages, aux deux qui existent déjà. 

Plan du projet de la Brasserie des Moulineaux, 17 juillet1 1919.
Quant à la Brasserie des Moulineaux, la production en croissance constante amène la société à faire dresser en 1919 un projet (plan ci-contre) pour une nouvelle unité de fabrication complète sur un vaste terrain encore inoccupé ; mais le projet n’aboutira pas.  
Seule dans cet ensemble, la Manufacture de Tabacs fait exception. La production, en hausse constante depuis l’ouverture de l’établissement, continue à augmenter dans de fortes proportions entre 1914 et 1917. Mais curieusement après la guerre, le mouvement s’inverse et, entre 1921 et 1929, la production annuelle diminue considérablement (de moitié ?) ! (ci-dessous).

Façade principale de la Manufacture de Tabacs.
Gros plan sur la Société Française de Munitions (ex-Gévelot)
D’autres exemples, extraits de diverses branches, pourraient être cités. Mais une usine mérite évidemment d’être plus spécialement et longuement mentionnée : la Société Française de Munitions (ex-Gévelot). Elle atteint son apogée à la fin de la guerre et saura s’y maintenir jusque vers 1955. A l’approche des hostilités, les états-majors des différents pays s’étaient en effet porté acquéreurs de quantités de munitions toujours plus importantes. L’activité s’était parallèlement intensifiée : le chargement journalier des cartouches pour pistolets automatiques était ainsi passé de 60 000 unités en avril 1916 à 175 000 en septembre 1917. 


Atelier de chasse de l'usine Gévelot.

L’usine s’agrandit en conséquence et, continuant sur sa lancée, prend peu à peu sa physionomie définitive. Elle se modernise aussi : une partie de l’électricité lui est désormais fournie par la Compagnie de l’Ouest-Lumière via des « canalisations aériennes ». En 1919, les modifications qui s’imposaient, sont mises en œuvre, et en particulier un réaménagement et une réinstallation des poudrières, avec une diminution du stock de poudre noire particulièrement dangereuse pour les alentours. L’établissement ne quittera définitivement Issy-les-Moulineaux qu’en 1992 (ci-dessus).
Florian Goutagneux.

A suivre - Épisode 3, le 14 novembre, 18 h.