30 mars 2022

Hébergement des aînés au fil des années, à Issy

À Issy-les-Moulineaux, l'accueil des personnes âgées a toujours été, comme dans beaucoup de communes, d'une grande importance. Aujourd'hui, alors que les dernières statistiques du 1er janvier 2020 montrent que plus de 20 % de la population française ont plus de 65 ans, il est urgent d'agir.  

En 1863, sous le Second Empire, deux structures parisiennes d’accueil de personnes âgées qui ne peuvent plus vivre chez elles, sont déplacées dans la commune d'Issy

L'entrée des Petits-Ménages. Coll. privée
Il s’agit d'abord de la maison de retraite des Petits-Ménages (ci-contre). Celle-ci, implantée depuis 1554 dans l’actuel VIIe arrondissement de Paris, va disposer ainsi de locaux plus vastes construits autour d’une chapelle, de cours et, surtout, de jardins dans un but hygiéniste. 


L’entrée se fait par la rue Jean-Jacques Rousseau (rue Guynemer de nos  jours).
La même année, en 1863, la 
L'ancienne résidence Lasserre.
© P. Maestracci
fondation parisienne Devillas
, que le négociant Devillas a financée en 1835, est aussi installée avec un accès rue Renan. Les bâtiments anciens des Petits-Ménages et ceux de la Fondation Devillas, intégrés à l’hôpital Corentin-Celton depuis 1945, ont été remplacés par des nouveaux locaux lors de la restructuration totale de l’établissement hospitalier. 

De plus en 1871, le legs de Monsieur Lasserre permet la création d’un hospice communal qui est agrandi en 1900. Émile Loubet, président de la République, se déplaça même pour l’inauguration de cette résidence Lasserre (ci-contre), dont il reste des bâtiments d’origine avenue Jean-Jaurès, transformés en immeubles d'habitation. La résidence pour personnes âgées et la sculpture le Repos du soir (ci-dessous) qui s'y trouvait, ont, elles, déménagé et sont installées depuis plusieurs années, rue Séverine.

Le Repos du soir, devant la nouvelle résidence Lasserre. © A. Bétry

D’autres résidences sont apparues pour répondre à des besoins différents qu’il s’agisse de l’accueil de personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer (Neuf Muses-Arpavie, 31-33, boulevard Gallieni) ou, au contraire, de personnes jouissant heureusement de toute leur autonomie. C’est le cas de trois résidences HLM avec des appartements adaptés et de la Résidence du Parc, dont certains logements donnent sur de beaux jardins (ci-dessous(Arpavie, 20, rue de l’Abbé-Derry). Celle-ci a d’ailleurs accueilli plusieurs conférences d’Historim ouvertes à tous avant la pandémie actuelle…

La Résidence du Parc. © PCB

Arpavie, groupe associatif implanté dans la commune, est cité dans le livre du journaliste Victor Castanet, Les Fossoyeurs (Fayard, 2022) qui vient de paraître, non sans susciter de multiples remous, y compris des enquêtes parlementaires et même une saisie de la justice par l'État… Victor Castanet a mené une enquête approfondie pendant trois ans et demi sur les maisons de retraite gérées par des groupes privés. 

L’auteur, dans le chapitre 31, narre sa rencontre avec Jean-François Vitoux « à la tête du groupe associatif Arpavie » que « j’ai eu l’occasion de rencontrer dans ses bureaux d’Issy-les-Moulineaux » sans plus de précision. Cela peut être dans l’une des deux résidences déjà citées ou dans les locaux du 8, rue Rouget-de-Lisle. Monsieur Vitoux, dans une tribune publiée en 2018, suggérait que les organismes privés, propriétaires de résidences pour personnes âgées, paient une redevance en échange de l’autorisation d’exploitation par l’État. Il regrette qu’il n’y ait eu « aucune réaction de la part de la ministre de la Santé de l’époque… » P. Maestracci
 

27 mars 2022

Gustave Eiffel - une conférence… tout en hauteur

C'est par un beau samedi après-midi, ce 26 mars 2022, que nous étions réunis dans la salle Matisse du Musée français de la carte à jouer pour écouter, notre Historimienne Pascale évoquer Gustave Eiffel, l'homme de la Tour, la grande, bien sûr… mais aussi la petite celle d'Issy-les-Moulineaux.

Pascale dans la salle Matisse, le 26 mars 2022. © PCB

C'est en 1832 que naît, à Dijon, Alexandre Gustave Bönickausen, dit Eiffel, un nom confirmé par décret en 1879 alors que le jeune ingénieur a déjà créé à Levallois, en 1863, son entreprise : "Gustave Eiffel et Compagnie". 

Eiffel. © Nadar

Dans ces ateliers, il construit les structures métalliques de ces ouvrages qu'il peut ainsi transporter par la Seine, comme par exemple les pavillons de l'Exposition universelle sur le Champ-de-Mars en 1878, la structure du magasin du Bon Marché en 1879, celle de la statue de la Liberté en 1884 qui veille toujours sur New York, et, bien entendu, les éléments de la célèbre Tour Eiffel en 1889.

La Tour rouge. ©XDR


Pascale nous apprend qu'à l'origine la Tour était peinte en rouge (ci-contre) et comptait pour accéder tout en haut 1 792 marches… pourquoi ce chiffre ? Pour célébrer la proclamation de la Première République, en septembre 1792 ! À noter qu'il n'y avait pas encore d'ascenseur. Elle mesure alors 312 mètres de hauteur, un record du monde. Aujourd'hui, avec la toute nouvelle antenne qui vient d'y être installée, elle atteint les 330 mètres ! On découvre aussi que Le Figaro y avait des bureaux, au 2e étage, que Buffalo Bill, Edison, Hiro Hito y rendirent visite à Gustave Eiffel qui y avait un appartement. 
Excellent ingénieur, Eiffel est aussi un chef de chantier exemplaire : pas d'accident à déplorer lors des travaux  ;  et un bon chef d'entreprise :  les délais et les coûts de construction sont toujours tenus… jusqu'au scandale du canal de Panama qui l'oblige à démissionner de son entreprise en 1892.

Avec la construction de cette tour sur le Champ de Mars, les militaires qui s'y entraînaient doivent déménager, en 1887, et obtiennent un grand espace à Issy, au-delà des fortifications, qui deviendra le champ de manœuvres, "berceau de l'aviation".
Toujours à Issy, Pascale nous rappelle que la petite tour Eiffel, au 42, rue Ernest-Renan est classée au titre des Monuments historiques; qu'une maison Eiffel se trouve sur l'île Saint-Germain ; que la halle Eiffel (ci-dessous),  à l'entrée du siège d'Orange, rue Rouget-de-Lisle, ouvrira bientôt ses portes à un marché gourmand…

La Halle Eiffel en travaux. © A. Bétry

La Halle Eiffel aujourd'hui. © XDR

Les questions fusent à la fin de la conférence. Ce fut un bel après-midi dont la quarantaine de spectateurs se souviendra. Un grand merci à Pascale et à toute l'équipe du Musée français de la carte à jouer d'Issy pour son accueil. 
Notez bien la prochaine conférence d'Historim : le samedi 11 juin à 15 h, toujours salle Matisse. Le sujet : l'aviateur Jules Védrines. Le conférencier : Thierry Matra, qui dédicacera sa biographie de Jules Védrines parue aux éditions Les Établissements. PCB


24 mars 2022

La Cité des Sports ouvre ses portes

Exit le Parc municipal des sports, dont la salle de restaurant du premier étage était bien connue d'Historim… bienvenue à la Cité des Sports qui vient d'ouvrir !  

Le Parc municipal des sports
En 2017, après quarante ans de bons et loyaux services, selon la formule consacrée, le Parc municipal des sports « a tiré sa révérence ». Après des travaux débutés en 1975, le stade, établi sur un ancien dépôt de bois des établissements automobiles Citroën (http://www.historim.fr/2022/02/citroen-issy-1924-1987.html), fut inauguré le 7 octobre 1977 (ci-dessous) par diverses rencontres sportives dont le match de football entre Bastia et l’Avia-Club qui se termina par un score sans appel (9-1) ; tout ceci devant 5 000 personnes.

Inauguration du Parc municipal des sports, 1977. © M. Julien

Michel Platini. © M. Julien

Il a accueilli, entre autres, Michel Platini (ci-contre) lui-même, qui était venu s’entraîner avec son équipe d’alors, la Juve, en vue d’un match (8e de finale de la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe) contre le PSG, le 19 octobre 1983. Match qui s’est soldé par un match nul (2-2).


La Cité des sports
Depuis quelques semaines, la Cité des Sports (ci-dessous), flambant neuve, accueille des élèves et des licenciés de différentes disciplines sportives. 

La Cité des sports avec sa toute nouvelle pelouse synthétique. © M. Julien

Grande nouveauté, à l'extérieur, la pelouse a été remplacée par un terrain synthétique de dernière génération. La tribune qui, sous l’ancien stade était en face, est incorporée au bâtiment et peut accueillir 560 places.  

Le mur d'escalade. © M. Julien
A l’intérieur, on ne peut être que subjugué par la clarté du lieu et l’immensité de ces salles. Le plus impressionnant, le mur d’escalade (ci-contre). On trouve aussi des salles de volley, hand, basket et, nouveautés, deux salles de foot indoor et six courts de squash… sans oublier les gymnases. Au dernier étage, est implanté le nouveau restaurant qui remplace l’ancien.
Des arbres en cours de transplantation vont venir remplacer ceux qui ont été coupés pour la construction de l’ensemble. Mais il faudra attendre quelques années avant qu’ils puissent embellir la rue.


Alors que les Jeux Olympiques et para-olympiques d'hiver se terminent à Pékin, n'oublions que, dans deux ans, cent ans après les JO de 1924, Paris accueille les Jeux Olympiques de 2024. Gageons que cette structure, innovante, puisse accueillir des équipes étrangères en vue d’entraînement. Michel Julien

Pour se souvenir de l'ancien Parc municipal des sports  :

20 mars 2022

Gustave Eiffel à l'honneur : conférence au Musée d'Issy-les-Moulineaux

Notez bien dans vos agendas, samedi 26 mars, à 15 h, Musée français de la carte à jouer, 16 rue Auguste Gervais, à Issy : notre Historimienne Pascale donne une conférence sur Gustave Eiffel (ci-dessous), ce personnage que tout le monde connaît grâce à sa Tour qui domine Paris. Il est né en 1832, il y a tout juste cent quatre-vingt-dix ans ! 

Gustave Eiffel (1832-1923). © Nadar

Issy-les-Moulineaux a la chance d'avoir aussi une tour Eiffel, modèle réduit, au 42, rue Ernest-Renan classée au titre des Monuments historiques ; une halle Eiffel à l'entrée des nouveaux bâtiments d'Orange, dédiée aux produits du terroir, en bordure de Seine… et une allée Gustave-Eiffel, dans le quartier Val de Seine.

Cette allée relie la rue Rouget-de-Lisle au boulevard Garibaldi en passant sous le pont du RER. Elle est bordée de nombreux immeubles de bureaux, comme par exemple du côté impair 
(ci-dessous), cette ancienne banque au premier plan, et quelques ensembles résidentiels alignés sur 350 mètres de long.

Allée Gustave-Eiffel, côté impair. © P. Maestracci
Tout comme du côté des numéros pairs, où l'on distingue (ci-dessous) l’arrière des bureaux des entreprises Canal + (médias), Transdev (transports) et enfin Caceis (finances).

Allée Gustave Eiffel, côté pair. © P. Maestracci
Non loin de là, à l'intersection entre la rue du Bateau-Lavoir et le boulevard Garibaldi, on aperçoit les terrains de la Cité des Sports inaugurée fin 2021 qui, en 2024, pour les Jeux olympiques de Paris accueilleront de nombreuses équipes internationales pour leurs entraînements. P. Maestracci

Alors, n'oubliez pas de venir au Musée, le samedi 26 mars à 15 h, découvrir ce célèbre personnage. La conférence est ouverte à tous.

17 mars 2022

18 mars 1962 - fin de la guerre d'Algérie

C'était il y a soixante ans… le 18 mars 1962, les accords d'Evian mettent fin à la guerre d'Algérie. Dès le lendemain, le 19 mars, tous les journaux français annoncent le cessez-le-feu, à commencer par France-soir, le quotidien de Pierre Lazareff (ci-dessous). 

Ces accords d'Evian, après huit années de guerre meurtrière, ne vont pas apporter la paix immédiatement, loin de là : attentats OAS (Organisation de l'Armée Secrète) en Algérie et en France, massacres en Algérie, exode massif en France des Pieds-Noirs et des harkis. Les combats et les violences ne cesseront que quelques mois plus tard.

A la une de France-soir, deux enfants : une petite fille algérienne et un garçonnet français avec ses mots "Pour nos enfants, la paix en Algérie", reproduit une affiche, éditée par le gouvernement français, qui sera placardée en métropole et en Algérie (ci-contre). 

Rappelant ainsi que les enfants ont subi cette guerre… comme la petite Delphine Renard, âgée de 4 ans, blessée le 7 février, un mois avant le cessez-le-feu, dans un attentat qui visait, à Boulogne Billancourt, le domicile d'André Malraux, ministre des Affaires culturelles. 1 kilo de plastic est déposé sur le rebord d'une fenêtre du rez-de-chaussée, où habitait la famille de Delphine. Et ce fut le drame. Blessée au visage, Delphine Renard, hospitalisée à l'hôpital Cochin, recevra quelque trois cents points de suture et perdra définitivement la vue quelques années plus tard. 
Ce même 7 février, huit autres attentats au plastic, organisés par l'OAS, font plusieurs blessés à Paris.
Quelques jours plus tard, le vendredi 26 février, la brigade criminelle du commissaire Bouvier arrête les six auteurs de cet attentat à… Issy-les-Moulineaux, où trois d'entre eux habitent. Etudiants, lycéens, employé, ils ont entre 19 et 22 ans. Leur chef, un Algérien de 22 ans, a réussi à s'enfuir.

Monument aux morts. © A. Bétry

Depuis 2012, le 19 mars est consacré "journée nationale du souvenir des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie". Un dépôt de gerbes aura lieu au Monument aux Morts, square Bonaventure, à Issy-les-Moulineaux (ci-contre). PCB.



13 mars 2022

Ernest Renan à la Sorbonne - le 11 mars 1882 - Qu'est-ce qu'une Nation ?

Ernest Renan. 
Ernest Renan (1823-1892), tout à la fois historien, théologien, archéologue, a passé deux années de sa vie au séminaire de Saint-Sulpice d'Issy, avant d'abandonner définitivement l'habit ecclésiastique en 1845, pour consacrer sa vie à l'écriture. Il est d'ailleurs élu à l'Académie française en 1878. 

Au moment où, à la porte de l’Europe, une nation, l’Ukraine, se bat pour préserver son identité et sa vie, il est peut-être bon de se remémorer la déclaration d’Ernest Renan faite il y a 140 ans, le 11 mars 1882, à la Sorbonne : Qu'est ce qu'une Nation ?, un texte publié par la suite dans les Discours et les conférences (1887). En voici un extrait :

« Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. [...] 
« Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment de sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé, elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours, comme l’existence de l’individu est une affirmation perpétuelle de vie. »

Drapeau de l'Ukraine. © XDR
Il faut savoir que dans cette conférence, Ernest Renan se positionne ouvertement contre la vision allemande de la Nation, au lendemain de la guerre de 1870 et de l'annexion de l'Alsace-Lorraine qui s'en suivit. Comme quoi les partis ne sont pas les mêmes, mais l'Histoire se répète… PCB 

Pour en savoir plus sur Ernest Renan à Issy :

10 mars 2022

Henri Matisse. D'Issy à Moscou, chez les Morozov - Fondation Louis Vuitton

Encore quelques jours - jusqu'au 3 avril 2022 - pour découvrir à la Fondation Louis Vuitton l'incroyable collection de tableaux des frères Morozov, Mikhail (1870-1903) et Ivan (1871-1921).

Vue de la terrasse supérieure de la Fondation Louis Vuitton. ©PCB

Dans cet endroit incroyable (ci-dessus), conçu par l'architecte américo-canadien Frank Gehry, en plein milieu du Bois de Boulogne, est exposée la fabuleuse collection d'art moderne, français et russe, de ces deux collectionneurs moscovites. On peut y admirer des Manet, des Corot, des Monet, des Picasso, des Degas, des Renoir, mais aussi des Gauguin, des Toulouse-Lautrec, des Bonnard, des Denis… et des Matisse. Une salle lui est même uniquement consacré.

Fruits et Bronze, Henri Matisse. © PCB
Et là, à gauche en entrant dans cette salle Matisse, une première huile sur toile de 95 cm de côté, intitulée Fruits et Bronze (ci-contre). La légende indique : "Issy-les-Moulineaux, 1910. Collection Ivan Morozov. commandée le 12 mai 1909." 
La toile est aujourd'hui conservée au Musée des beaux-arts Pouchkine, à Moscou.

Et puis, juste à côté, voici Nature morte à la Danse (ci-dessous), également commandée à Matisse le 12 mai 1909. On peut y découvrir, à l'arrière plan, le tableau la Danse, une œuvre peinte à la même époque, destinée à un autre collectionneur russe, Serguei Chtchoukine (1854-1936). On peut admirer les deux toiles, celle de la Danse et celle de la Nature morte à la Danse, au Musée de l'Ermitage, à Saint-Petersbourg.       

Nature morte à la Danse, Henri Matisse. © PCB

A cette date, 1909, Henri Matisse vient de s'installer à Issy-les-Moulineaux. Il loue une jolie propriété (ci-dessous), route de Clamart (actuel 92, avenue du Général-de-Gaulle). Il y aménage un atelier dans lequel il va peindre de nombreuses toiles. Il y restera jusqu'en 1917.    PCB

L'entrée de la propriété d'Henri Matisse,
au n°92, avenue du Général de Gaulle, Issy-les-Moulineaux. © PCB

Pour en savoir plus sur Henri Matisse à Issy-les-Moulineaux : 

7 mars 2022

Les "Sorcières de la nuit"…  Farman, Efimov et Polikarpov

Marina Raskova (1912-1943) 
Comment ne pas célébrer en ce 8 mars, journée internationale de la femme, ces régiments féminins soviétiques d'aviatrices, créés par une certaine Marina Raskova (ci-contrequi, pendant la Seconde guerre mondiale, combattirent les Allemands qui avaient envahi leur pays. Comment, cependant, ne pas avoir une pensée pour cette guerre actuelle qui met à feu et à sang l'Ukraine. 

Remontons le temps. L'un de ces régiments soviétiques, le 588e, n'attaque que de nuit et utilise de vieux appareils, des Polikarpov sans protection extérieure, ni radio, parachute, radar ou mitrailleuse. Ces pilotes - elles volent par deux - furent surnommées par les Allemands "les sorcières de la nuit" car, pour ne pas se faire repérer, elles coupaient le moteur, éteignaient leurs lampes de poche et larguaient leurs deux bombes sur la cible : la seule chose qu'entendaient les Allemands, c'était le bruit du vent dans les ailes… comme celui de l'air sur un balai de sorcière ! 

"Sorcières de la nuit" devant un Polikarpov. © XDR
N. Polikarpov. 
Ces biplans Polikarpov (à droite) portent le nom de leur constructeur, Nikolaï Polikarpov (1892-1944), ingénieur en aéronautique, responsable des plans et études dans l'usine d'aviation Dux à Moscou (ci-dessus). Ce sont les tout premiers avions soviétiques, sortis des usines en 1928, sous la désignation U-2, devenue Po-2 en 1944, peu de temps après la mort de son inventeur.


Jusqu’alors, les Soviétiques produisaient dans leurs différentes usines des avions français, des Blériot, des Nieuport, des Farman, des Voisin. Une industrialisation qui datait de la Première guerre mondiale… grâce à un autre Russe, Mikhail Efimov, (1881-1919), originaire d’Odessa. 

M. Efimov.
Tout jeune, Mikhail Efimov (à gauche)) regardait avec enthousiasme les grandes manifestations aéronautiques qui réunissaient des pilotes étrangers, français le plus souvent. D’ailleurs, c’est à Odessa qu’est créé en 1908 l’un des premiers aéroclubs de Russie. 
Henri Farman.
Grand sportif (champion de vélo et de moto), Mikhail Efimov vise plus haut - c’est le cas de le dire ! Il se rend alors en France, à l’automne 1909, suivre une formation aérienne auprès d’Henri Farman (à droite), l’un des deux frères habitués du terrain d'aviation d’Issy. C’est sur ce champ de manœuvre que, le 13 janvier 1908, Henri Farman (1874-1958) réussit le premier kilomètre en circuit fermé de l’histoire de l’aviation, grâce à deux de ses inventions : les ailerons et le gouvernail articulé.

Mikhail Efimov devient ainsi le premier pilote de l’aviation russe (ci-dessous).  Et, très vite, dès le 21 mars 1910, il se montre lors de démonstrations publiques à bord d’un Farman dans le ciel d’Odessa.  


Mikhail Efimov, premier pilote de l'aviation russe. © XDR

Une école de pilotage est formée, gérée par Efimov et son ami Polikarpov, tout comme l’usine Dux, à Moscou, dont sortent des appareils français sous licence, Nieuport et Farman… Avant, qu'en 1928, ne soit construit le premier biplan soviétique, le Polikarpov, célébré grâce au régiment des "Sorcières de la nuit" en cette journée de la femme. PCB

Pour en savoir plus 


- sur Facebook un document très complet  https-//www.facebook.com/groups/


- les Sorcières de la nuit, un petit livre aux éditions Quelle Histoire


 - la chanson du groupe suédois Sabaton :

Sabaton Night Witches - YouTube



Sans oublier une exposition plus générale, intitulée Apprivoiser le souffle du vent : femmes aviatrices, qui se déroule du 8 mars au dimanche 17 avril 2022, à la médiathèque des Chartreux, 2, rue du Clos-Munier, Issy-les-Moulineaux.

3 mars 2022

Saint-Ex et le Petit Prince à l'honneur

Le Petit Prince, aquarelle de Saint-Exupéry. 

Pour la première fois, le manuscrit du Petit Prince, qu'Antoine de Saint-Exupéry écrivit à New York en 1942, quitte les États-Unis. Il sera exposé, avec un certain nombre de dessins, de poèmes, de photos, au Musée des Arts décoratifs, à Paris, du 17 février au 26 juin 2022. L'occasion pour Historim de rappeler les liens qui unissent cet aviateur-écrivain à Issy-les-Moulineaux.

Antoine à 11 ans. © XDR
Antoine (à droite) naît à Lyon, le 29 juin 1900. A l'âge de 12 ans, il reçoit son baptême de l'air sur le terrain d'Ambérieu, non loin de sa ville natale. 
Et qui est le pilote ? Jules Védrines…

Jules Védrines. © XDR
Jules Védrines (à gauche), un habitué du terrain d'aviation d'Issy qui, l'année précédente, a remporté la célèbre course Paris-Madrid. Et qui, au lendemain la Première Guerre mondiale, le 19 janvier 1919, décolle d'Issy pour… se poser sur le toit des Galeries Lafayette ! 
À noter qu'Historim organise avec Thierry Matra, auteur de Jules Védrines : 500 000 kilomètres en aéroplane (éd. Les Établissements) une conférence sur cet aviateur le samedi 11 juin, 15 h, au Musée français de la carte à jouer, à Issy-les-Moulineaux.

Antoine devient un pilote expérimenté, transporte le courrier jusqu'en Amérique du Sud, via l'Afrique, se met à écrire (Courrier Sud, 1929 ; Vol de nuit, 1931) et continue à tenter de nouveaux exploits. En février 1938, il s'envole de New York pour un raid vers la Terre de Feu à bord… d'un Caudron, sorti bien sûr des usines installées par les frères Caudron, à Issy (ci-dessous), en 1914.

Usine Caudron à Issy-les-Moulineaux.  © XDR

Le raid se terminera par un accident : Antoine restera plusieurs jours dans le coma. Mais cela ne l'arrêtera pas. 
Aquarelle de Saint-Exupéry
Il s'installe aux États-Unis en 1940 dans le but de pousser les Américains à entrer en guerre. C'est là, à New York, qu'il écrit son célèbre Petit Prince, illustré de ses propres aquarelles (ci-contre) et publié en 1943. 
Il disparaît le 31 juillet 1944 en Méditerranée. Il sera déclaré « mort pour la France ». Son livre sera publié en France en 1946. Et son avion sera retrouvé au large de Marseille le 3 septembre 2003. 



Le Petit Prince est revenu, chante Gilbert Bécaud,
… et c'est bien vrai puisque l'on peut aujourd'hui admirer l'original du manuscrit au Musée des Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli à Paris ! PCB