29 mai 2022

Peugeot à Issy - 1917-1937

Après avoir évoqué sur notre site les usines de voitures Voisin, les entreprises Citroën, voici Peugeot la marque au Lion, installé sur notre commune de 1917 à 1937.

En 1917, Peugeot achète une usine à Issy (ancienne biscuiterie Guillout) dont l’adresse est au 7, avenue de la République. Le lieu choisi n’est pas dû au hasard, la proximité du champ de manœuvres et des avionneurs en est le principal attrait. Peugeot, comme nombre de constructeurs, travaille pour l’effort de guerre. Il fabrique un moteur de 200 ch (huit cylindres en V) mais il est vite abandonné car non compétitif, trop coûteux et de production peu élevée. 
La société entre dans le « Groupement français des constructeurs du moteur Hispano-Suiza ». Elle continuera à fabriquer des moteurs mais sous licence. Elle assure une partie du montage des moteurs 200 HP Hispano-Suiza (huit cylindres en V) fabriqués à l’usine de Beaulieu dans le Doubs avec une production de 500 moteurs durant trois mois, de juin à août 1918. En 1918, 1 500 à 1 800 personnes y travaillaient.

Les usines Peugeot - vue prise d'un avion Caudron. 

La guerre finie, se pose la question du devenir de l’usine et de ses ouvriers. Puis vient le moteur sans soupapes.
En novembre 1921, chez Voisin, qui est à quelques rues, une défection va arranger les affaires de l’usine. Le pilote ingénieur Ernest Artault et l’ingénieur Louis Dufresne partis avec les plans de la Voisin C3 muni d’un moteur sans soupapes sont 
« récupérés » par Robert Peugeot qui leur confie la création d’une gamme de voitures de luxe dotées du fameux moteur. Celui-ci avait été breveté par l’Américain Charles Yale Knight mais perfectionné par l’ingénieur Dufresne. 

Les usines Peugeot en 1921.
De cette association va naître, en février 1923, la Peugeot 174 (ci-dessous) avec un moteur de 75 ch pour une puissance fiscale de 18 CV et une vitesse maximale de 100 km/h. Elle sera produite à 810 unités entre 1923 et 1930.

Peugeot 174, de 1924.

En 1925, sort la Peugeot 176 moins puissante, 55 ch pour 14 CV fiscaux et qui sera produite à 1 512 unités entre 1925 et 1928.
Pour terminer la gamme, en 1928, sort la Peugeot 184 (ci-dessous), moteur 6 cylindres, 80 ch pour 22 CV fiscaux et une vitesse maximale de 110 km/h. 31 véhicules sortiront de l’usine jusqu’en 1929. D’après le catalogue, elle est considérée comme la reine des voitures de luxe.

Peugeot 184, coupé chauffeur, de 1928.

Dans l’ensemble, de l’usine ne sortaient que des châssis nus. Ceux-ci, suivant les options, étaient habillés par des carrossiers suivant les desiderata des clients.
En 1930, pour une question de rentabilité, l’usine réduisit sa production. Le coût de la main-d’œuvre étant nettement plus élevé que celui du Doubs. A Issy, un ouvrier était payé 6,24 F/h contre 3,60 F/h à Sochaux. Ceci amena, inéluctablement, à la fermeture de l’usine en 1937.

Une dizaine d’années plus tard, le CNET venait s’implanter… Mais, entre ces deux dates, la Seconde guerre mondiale éclate. Le site passera sous contrôle allemand, puis américain, avec une production tout à fait originale qui fera l'objet d'un article ces jours prochains. A suivre donc. Michel Julien.


PS. Grâce à Quelle Histoire et l'Aventure Peugeot, les enfants de 6 à 10 ans peuvent découvrir la très riche histoire de cette entreprise familiale exceptionnelle. Histoire de Peugeot en vente sur   https://boutique-peugeot.laventurepeugeotcitroends.fr/enfant/186722-quelle-histoire-peugeot.html

25 mai 2022

Le premier facteur aérien - Issy, 25 mai 1919

C'est avant la naissance de l'aéropostale (1927) que la première lettre de l'histoire prend l'avion. Et ce depuis le champ de manœuvres d'Issy-les-Moulineaux. C'est le dimanche 25 mai 1919.

François Durafour. © XDR
Un jeune pilote suisse du nom de François Durafour, ci-contre (1888-1967), breveté en 1910, décolle d'Issy, à bord d'un biplan Caudron, pour l'aéroport Saint-Georges de Genève, à 500 kilomètres de là. Ce n'est pas un débutant, loin de là. Le 21 mai 1913, il a effectué le premier vol de nuit sans escale Ambérieu-Lyon ! Et rejoint pendant la guerre la Troupe d'Aviation suisse. La paix revenue, il s'engage dans l'aviation civile. Et c'est ainsi qu'on le retrouve à Issy le 25 mai 1919.

A bord, non pas des sacs de courrier, mais une unique lettre, celle de M. Dunand, ministre de la Confédération suisse à Paris. Après un vol de 4 heures et 25 minutes, la lettre arrivera à bon port. Dans la foulée, il crée une compagnie aérienne, Air Transport, entre Paris et Genève. 
Deux ans, plus tard, le 30 juillet 1921, toujours sur un Caudron, le pilote suisse réussit la prouesse de se poser dans le massif du Mont Blanc, sur le dôme du Goûter, à 4 304 mètres d'altitude (ci-dessous). 

Durafour, sur le dôme du Goûter, 30 juillet 1921. © XDR
Naturalisé français en 1939, il crée l'aéroport d'Annemasse en Haute-Savoie et racontera souvent à la télévision ou à la radio ses premiers exploits d'aviateur. Il recevra de nombreuses distinctions dont la Légion d'honneur en 1952. Et dire qu'il a foulé le champ de manœuvres d'Issy ! PCB

PS. Avant lui, un autre pilote Jules Védrines, que vous retrouverez au Musée français de la carte à jouer le samedi 11 juin 2022, avait joué au facteur… il ne s'agissait pas d'une lettre mais d'un quotidien le Journal qu'il livra en août 1911 à Deauville !

20 mai 2022

Parcours Belle-Époque en Centre Ville d'Issy

Vous étiez nombreux (28) en ce beau samedi matin 14 mai à partir en excursion dans les rues d'Issy, en compagnie de Pascale, à la découverte des immeubles Belle-Epoque de la ville et leurs décorations de courbes végétales et d'arabesques.


Au lendemain des combats de la Commune de 1871, Issy-les-Moulineaux est en ruines. Des immeubles, des bâtiments administratifs, des édifices religieux ont beaucoup souffert.

Avenue Jean-Jaurès.
 

Il va falloir reconstruire. Ce sera la Belle-Epoque, puis l'Art nouveau, avec des architectes tels Hector Guimard (1867-1942), Emile Delaire (1866-1923) et la famille Pujalon, Joseph le père et les fils Jean et Maurice.


La promenade débute par deux immeubles qui se font face, à l'angle de l'avenue Jean-Jaurès. L'un construit par Delaire (ci-dessous), l'autre par Pujalon (ci-contre). 



Avenue Jean-Jaurès.

Chaque fenêtre est décorée, chaque balcon aussi.

Sur le trottoir d'en face, l'on fait un petit arrêt devant l'Hôtel de Ville. 




Puis nous voilà au 31, rue  Kléber, avec ce magnifique immeuble décoré du Renard et des raisins, le plus beau de la ville selon Pascale (ci-dessous). 

Immeuble du 31 rue Kléber.

Un petit peu plus loin, à l'angle de la rue Kléber et de la rue Hoche, une maison particulière perdue dans la végétation, tout en pierres meulières (ci-dessous)… 

Pierres meulières.


La visite nous conduit ensuite dans le haut de l'avenue Jean-Jaurès, d'où l'on peut apercevoir les bâtiments de l'ancienne maison de retraite Lasserre, transformés aujourd'hui en immeubles d'habitation (ci-dessous).


Appartements Lasserre.


Direction maintenant rue du général Leclerc avec un passage au Séminaire Saint-Sulpice, construit après 1871, dans un style plus classique. 


Bow-window, bld Voltaire.



Un peu plus loin, là encore quelques beaux immeubles, puis juste à droite boulevard Voltaire, le premier bow-window (ci-contre) de la ville, cette fenêtre en saillie devenue une caractéristique de l'Art nouveau

59, rue Ernest-Renan.
La promenade se termine rue Ernest-Renan avec quelques 
bâtiments mêlant la brique, à la pierre, décorés de céramiques. 

Plaque au 59, rue Ernest-Renan





Avec une grande nouveauté : l'ascenseur qui permet de desservir les étages supérieurs et cela grâce l'électricité qui se généralise, comme le montre cette petite plaque apposée à droite de la porte d'entrée du n° 59 (ci-contre).

Un véritable spectacle tout au long de la rue, comme vous pouvez le voir sur ces dernières photos. A noter sur la dernière prise de vue les initiales IM inscrites sur la façade… pour Issy-les-Moulineaux.

Rue Ernest-Renan.

Rue Ernest- Renan.

Un grand merci à Pascale pour ce magnifique parcours-découverte dans les rues de notre commune. Texte et photos PCB.

15 mai 2022

Edouard Leclerc à Issy-les-Moulineaux - 17 novembre 1959

Les Leclerc, père et fils. © Le Télégramme

Michel-Edouard Leclerc est depuis quelques semaines sur tous les réseaux sociaux, les télévisions, les radios pour promouvoir ses magasins Leclerc et sa politique de baisses des prix, afin de lutter contre l'inflation. Une campagne médiatique qui rappelle celle de son père Edouard, notamment lors de l'ouverture du premier magasin Leclerc en région parisienne. C'était à Issy-les-Moulineaux en 1959. Historim l'a déjà évoqué : http://www.historim.fr/2013/10/intermarche-fete-son-anniversaire.html Mais ce que l'on ne vous avait pas dit, c'est que cette inauguration fut plus que houleuse.

Le 17 novembre 1959, Édouard Leclerc ouvre donc ce magasin (qui deviendra Intermarché en 1973), au 110, boulevard Gallieni, dans un ancien atelier de mécanique, tout juste restauré. Dans les rayons, des produits d'entretien, d'alimentation, de parfumerie y sont vendus "directement aux consommateurs à prix de gros ".

André Fontanié. 

Dans la matinée, Édouard Leclerc a tenu une conférence de presse dans le café-tabac de la Poste (ci-dessous), une institution familiale isséenne, installé juste à côté au 116, boulevard Gallieni. 
Le Café appartient à la famille Fontanié depuis bien longtemps. Le patriarche André (ci-contre) s'y est installé après la Première Guerre mondiale avec son épouse Madeleine. Leur fille Huguette y est née le 1er septembre 1930.  


Le café-tabac de la Poste, boulevard Gallieni, Issy.

Le 17 novembre 1959, une centaine de journalistes (ci-dessous) ont donc été conviés chez les Fontanié pour une conférence de presse qui va se transformer en véritable joute oratoire. Les uns défendent la politique des magasins Leclerc pour un meilleur pourvoir d'achat des travailleurs ; les autres se battent pour la survie des petites épiceries. 

Inauguration du Leclerc d'Issy. © AFP
Maurice Vignaux, président du Syndicat de l'Épicerie française, aurait même ses mots terribles : "Leclerc est un valet des grands trusts commerciaux, un loup caché dans un agneau. On s'en débarrassera quand il aura fait son office "… l'avenir lui donnera tort.

Suzanne et Louis tiennent le buffet du Café-Tabac, ce 17 novembre 1959. 

Un véritable pugilat… qui se terminera autour d'un buffet (ci-dessuset d'une consommation d'huitres de Riec-sur-Belon, apportées directement de Bretagne par l'ostréiculteur Louis le Floch, "l'article d'appel du nouveau centre distributeur, vendu moitié moins cher qu'ailleurs" ! Quant à Madeleine Fontanié, elle n'aura qu'une seule peur ce jour-là… "que les banquettes se brisent sous le poids des journalistes qui s'y tenaient debout" ! PCB

PS. Un grand merci à Daniel Grolleau-Foricheur, fils d'Huguette, petit-fils d'André et de Madeleine Fontanié pour ces documents et ces informations.
Citations extraites des Archives du journal le Monde
Le Café-Tabac de la Poste est devenu aujourd'hui une pharmacie. 

11 mai 2022

Victor Prouvé - exposition au Musée français de la carte à jouer d'Issy

On a déjà évoqué à plusieurs reprises sur notre site Victor Prouvé, cet artiste nancéien (1858-1943) qui décora l'hôtel de ville d'Issy de sa grande toile baptisée la Vie, restaurée à la fin de l'année 2019. Tout en s'adonnant à la peinture et au dessin, Victor Prouvé découvre aussi la sculpture et la gravure sur bois ou sur métal.

    Étude pour la Vie, Victor Prouvé.

Et voici que le Musée français de la carte à jouer (16,  rue Auguste-Gervais, Issy), avec la participation du musée de l'École-de-Nancy, organise une exposition sur ce peintre aux talents multiples, intitulée "le maître de l'Art Nouveau à Issy". Tout un programme !

Vase aux roses, Frères Mougin.
C'est donc une soixantaine de toiles et de dessins que l'on pourra admirer jusqu'au 14 août, en provenance du musée d'Orsay, du Petit Palais et, bien sûr, du musée de Nancy. Une section de l'exposition est consacrée uniquement à son chef-d'œuvre la Vie, qui en fait le grand peintre décorateur de son temps. 


Mais il y a une autre facette de l'artiste que l'on découvre : le dessinateur de décor de vases notamment avec deux très beaux exemples.
À commencer par ce Vase aux roses des frères Mougin (ci-contre), avec cette gracieuse silhouette féminine représentée sur trois côtés.

Pitié ou Charité, Émile Gallé.


Sans oublier ce vase d'Émile Gallé, Pitié ou Charitédont la décoration a été dessinée par Victor Prouvé (ci-contre). Ce petit chef-d'œuvre fut conçu pour l'Exposition universelle de 1900, à Paris, dont le thème est : "Bilan d'un siècle", axé principalement sur la Belle Époque et l'Art nouveau. 




6 mai 2022

Issy - Histoire de la rue Maximilien-Robespierre

Le nom du révolutionnaire Maximilien (de) Robespierre, qui est né le 6 mai 1758 (10 thermidor an IV), a été choisi pour désigner la rue qui longe le parc Henri-Barbusse (ci-dessous), dans le prolongement de la rue Émile-Zola, reliant du bas vers le haut les rues Lasserre et Pierre-Brossolette (quartier des Épinettes-Fort-Hauts d'Issy). 
Ce parc, inauguré le 5 juillet 1936, se situe dans les jardins de l'ancien domaine des Conti. Il fut nommé en l'honneur de l'écrivain, journaliste, homme politique Henri Barbusse (1873-1935) dont le roman sur les combats de la Première Guerre mondiale, le Feu, paru en 1916, fut récompensé par le prix Goncourt. 

Entrée du parc Henri-Barbusse.

Robespierre. Musée Carnavalet
Robespierre (ci-contre), avocat de formation, est élu député de l’Artois aux États-Généraux en 1789 puis devient membre de l’Assemblée nationale constituante. Il réclame alors l’abolition de la peine de mort puis, par la suite, s’oppose à la déclaration de guerre à l’Autriche. 

Élu député de Paris à la Convention, il vote la mort de Louis XVI. Membre du Comité de Salut Public et chef des Jacobins, il fait exécuter, en pleine Terreur, des opposants politiques pourtant républicains comme lui. Après son discours menaçant du 8 thermidor, il est arrêté le 9 et guillotiné le 10 juillet 1794 sur ordre des Thermidoriens. Pour l’anecdote, sa chute sauve Joséphine de Beauharnais qui était emprisonnée et veuve depuis peu… 


La rue Maximilien Robespierre, à Issy.
Face au parc Henri-Barbusse, des immeubles et quelques maisons se dressent sur le côté impair de la rue (ci-dessus). Texte et photos P. Maestracci.

4 mai 2022

Réponse - Une bien belle pomme de pin


Alors ? Cette jolie petite pomme de pin, vous l'avez repérée… D'ailleurs, elles sont deux. Elles se font face à l'entrée de la Maison Suisse de Retraite, 23, revenue Jean-Jaurès (ci-dessous). Sur cette photo, on ne voit que la pomme de pin de droite, qui sert d'observatoire à un bel oiseau.
Comme la plaque l'indique sur la droite, il s'agit d'un bâtiment classé Monument historique depuis 1996. En effet, le corps de logis et les terrasses extérieurs datent du XVIIIe siècle ; le reste a été rajouté, ou remanié, au XIXe siècle.

Entrée de la Maison Suisse de Retraite, avenue Jean-Jaurès,
à Issy-les-Moulineaux. ©PCB
















La propriété fut achetée en 1845 par les Pères du Sacré-Cœur de Picpus, puis en 1887 par les Sœurs de Saint Thomas de Villeneuve qui en font une structure médicale. Aujourd'hui, il s'agit de l'EHPAD Suisse Repotel, une structure privée pour personnes âgées, avec une chapelle et de beaux jardins. PCB