26 février 2016

Odette, Isséenne depuis plusieurs décennies

Origines
Odette, toujours souriante. Ph. P. Maestracci
Issue d’une famille parisienne, Odette (ci-contre) porte, outre les prénoms de ses grands-mères, celui choisi par son parrain. Sa famille a habité le 16e arrondissement où elle est née, puis les 6e et 1er arrondissements. Elle est baptisée et fait sa communion à l’église Saint-Roch. Elle fréquente l’école Sainte-Marie près de l’église Notre-Dame des Champs puis le cours Sainte- Geneviève, 35 rue Saint-Roch.
Andrée, sa maman « formidable », a reçu une éducation soignée avec cours de piano et de broderie. Elle se marie et a deux enfants, Odette et Maurice. Devant travailler, elle devient employée de bureau à la Standard Oil ( S O ou Esso) rue de la Tour des Dames (9e arrondissement) avant une mutation à Lyon. L’oncle d’Odette, quant à lui, était dessinateur et travailla aux catalogues du Bon Marché, célèbre magasin du 6e.
Odette commence à travailler à la librairie Carusse, à Lyon, puis au comité de Ravitaillement à Villeurbanne pour la région de Bourg-en- Bresse. Ce comité dépendait du bureau des statistiques (nom officieux du ministère de la Guerre).

Arrivée à Issy-les-Moulineaux en pleine guerre
Odette et sa famille arrivent en juin 1943 dans un appartement de l’ensemble Matrat-Voisembert. Il y avait des logements disponibles dans cette « zone rouge », placée sous la menace des bombardements alliés en raison de la proximité des usines Renault à Billancourt, à quelques kilomètres seulement à vol d’oiseau. Il y avait eu un bombardement allemand en juin 1940 avec une bombe qui tomba dans la cage d’ascenseur de l’immeuble au 7 rue Matrat. Une bâche de protection restera en place jusqu’en 1951, date à laquelle il y eut des réparations lors de la mise en vente d’appartements.


Tickets de rationnement J3
(pour les adolescents). Août 1944.
Un pain, conservé
depuis août 1944.
Lors des alertes, les résidents descendaient se réfugier au 2e sous-sol où avaient été aménagées des alvéoles formées de pierres en guise de protection. Celles-ci existent toujours mais ont été regroupées dans un coin du sous-sol ! Il était possible d’aller d’un immeuble à l’autre lors du couvre-feu en passant par les parkings. Odette se souvient qu’un berger allemand en aboyant donnait l’alerte avant toute sirène. Il vivait dans un pavillon (disparu) à l’angle de la rue Renan et du square Fournier. Il pressentait l’arrivée des bombardiers et s’exprimait bruyamment. Les canons de DCA installés dans les terrains de sport à l’emplacement du grand hall du Parc des Expositions faisaient trembler le haut des immeubles Matrat-Voisembert. Régulièrement, les soldats allemands patrouillaient avec des chiens rue du Quatre-Septembre, à l’intérieur du Parc des Expositions qu’ils avaient bien entendu réquisitionné.Le froid était intense dans les appartements et Odette partait à vélo chercher du bois dans la forêt de Meudon pour les petits poêles installés sur les passerelles joignant les appartements. La cuisine se faisait en plein air et en bavardant. « C’était vraiment sympa ». Les tickets de rationnement (ci-dessus à gauche), indispensables pendant l'Occupation, restent en vigueur jusqu'en 1949.


Brassard d'Odette et fascicule
de la Crois-Rouge.
Odette rejoint les équipes d’urgence de la Croix-Rouge (ci-contre, son brassard) dont le local se situait 17 rue du Général Leclerc. Elle participe aux opérations humanitaires lors de la Libération pendant l’été 1944 tant dans le quartier isséen de la Ferme qu’à Paris. Il y eut un effroyable bombardement allié sur le quartier de la Chapelle dans le 18e arrondissement. Le « sol a ondulé » comme s’en souvient Odette. Des jeunes sont montés sur les toits en terrasse des immeubles Matrat-Voisembert ; malgré la distance, l’incendie était visible à l’autre bout de la capitale. L’équipe isséenne de la Croix-Rouge fut chargée de déblayer les décombres du quartier meurtri.
Odette a accompagné également des proches reconnaître les corps des victimes suppliciées par les Allemands à la morgue de l’hôpital des Petits-Ménages (actuel Corentin Celton), rue Séverine. En effet, les Allemands occupant les Services techniques des constructions navales (et son bassin des carènes, construit par Perret),  près de la place Balard dans le 15e, y avaient créé un centre de torture. Odette parle des « gens fusillés et jetés dans la Seine ». Dans une salle, elle a vu des poteaux coupés ou cisaillés par les balles utilisées lors des exécutions. Des bandeaux pleins de sang jonchaient le sol. Un courant électrique traversait le corps de victimes assises sur des bancs. La trace de mains des suppliciés était incrustée sur les murs comme « un tableau immense ».


Travail et famille
La paix revenue, Odette travaille dans un service officiel de statistiques dans un hôtel particulier, rue de Monceau dans le 7e. Elle passe ensuite au ministère du Ravitaillement dans un bureau dédié à la tomate puis dans un autre consacré au café. Dans ce service, là encore dans un hôtel particulier rue Roquépine, elle s’occupait du standard téléphonique et de l’accueil des professionnels parmi lesquels le représentant de Lefèvre-Utile (biscuits Lu de Nantes) et le torréfacteur Vandamme qui fabriquait aussi des gâteaux..

Odette rencontre Roger qui était comptable chez ESSO. Les bureaux se trouvaient alors avenue des Champs-Élysées à l’angle de la rue Balzac avant leur transfert en 1969 à la Défense où ce fut la première tour (démolie et remplacée de nos jours).
À propos de son mariage, Odette a ces phrases merveilleuses : « j’ai eu beaucoup de chance » et « on a beaucoup ri ». Le couple a deux filles, devenues médecins. L’aînée, mère de 4 garçons et grand-mère de 3 petits-enfants est toujours isséenne et vit non loin de sa maman. La cadette qui a une fille et 2 garçons vit en province. Quand elles étaient petites, Odette les promenait dans un petit jardin porte de Versailles, seul espace vert dans le quartier. Les deux filles allèrent au Petit cours Marmagnant, en contrebas de la rue du Quatre-Septembre, entre les rues Eugène Baudouin et de l’Université. Les cours étaient centrés sur « l’orthographe, la dictée et le calcul ». Cela n’empêchait pas les enfants de jouer aux « gendarmes et aux voleurs » dans la cour de récréation ! Par la suite, ses filles ne purent aller au lycée Michelet encore réservé aux garçons et fréquentèrent le lycée Camille Sée dans le 15e. P. Maestracci
Photos collection familiale. A suivre le 4 mars, 18 h.

22 février 2016

Paul Drezet et la MJC - Souvenirs, souvenirs…

Dès sa création en 1966, j’ai été membre de la MJC (Maison des Jeunes et de la Culture) et j’ai poursuivi cet engagement jusqu’à la fin des années 1990. J’y ai été membre élu du Conseil d'administration pendant seize (ou dix-sept ans). J’ai donc connu les locaux de l’avenue du Général Leclerc, puis ceux de l’avenue Jean Jaurès (ancien bâtiment à vocation religieuse) enfin ceux qu’elle occupe actuellement, au 31 Boulevard Gambetta (ci-dessous).

Le bâtiment , inauguré en 2006, aest l'œuvre de l'architecte Jean-Michel Wilmotte.
Plusieurs souvenirs personnels marquants sont stockés dans ma (petite) mémoire centrale.

1° Le premier directeur, Michel Arbonier, m’avait chargé de l’aider dans le suivi des comptes de notre association. À chaque Assemblée générale, j’exposais le rapport financier (casquette « trésorier ») et donnais mon avis sur la régularité et la sincérité des comptes( casquette mode « commissaire aux comptes » ) ! La MJC, se structurant en arrivant dans ses locaux actuels, a recruté un comptable qui m’appelait au secours, quasiment tous les quinze jours car il constatait une « dérive » des dépenses !

J’ai participé à l’organisation d’un tournoi de judo pour enfants et adolescents (il y avait une activité judo qui marchait bien à la MJC), dont l’idée revenait à l’un des professeurs de judo de la maison. Ce tournoi qui a eu lieu au gymnase du stade Jean Bouin a réuni plus de 200 judokas venant de clubs de la région et d’autres, une bonne vingtaine d’un quartier de Marseille venus en autocar avec leurs entraîneurs et autres accompagnateurs. Le tournoi s’est terminé par des spectaculaires démonstrations de sports de combat par des sportifs de haut niveau. Tout le monde avait beaucoup aimé cette manifestation.

En 1983/84, la MJC a eu besoin de recruter une personne pour l’accueil. La direction a reçu plusieurs candidatures et m’a demandé mon avis. J’ai proposé de recruter Philippe Renaud qui a très bien réussi et qui a dépassé nos plus folles espérances. En effet, il m’a proposé d’organiser chaque vendredi soir puis un samedi sur deux à partir de 1986, des concerts de musique rock, avec deux groupes à chaque fois, le public en départageant l’un des deux qui était invité à revenir le vendredi suivant. Je passe sur le pouvoir de conviction que j’ai dû inventer pour faire admettre le projet au Conseil d’Administration, auprès des voisins et à la Mairie (mais je retiens avoir apprécié le soutien des deux représentants de la municipalité, Madame Hélène Decaux et Monsieur Richard Calmel). Ce fut une réussite ! 


Ce « spectacle-concert participatif » appelé Farenheit a connu les honneurs de la presse (l'une des affiches ci-dessus). Il fallait retenir souvent sa place, y compris à la FNAC à Paris ! Entre 1984 et 1993, il y a eu environ 500 groupes de rock qui sont venus ; chaque année, 5 000 spectateurs étaient présents. EN 1988, le 100 ème concert s’est déroulé au Zénith, avec 7 000 personnes, 10 groupes de rock et le soutien du Ministre de la Culture, Jack Lang ! Beaucoup de groupes de rock s’y sont fait connaître : La Mano Negra, Les Garçons Bouchers, Les Innocents, Chihuahau, Les Portemanteaux, Les Hillbillies etc. Philippe est devenu l’agent de certains d’entre eux. 
La réussite de ce projet montre que cela correspondait à un vrai besoin. Les différents directeurs de la MJC et le Conseil d’Administration l’ont soutenu et ont été convaincus. Cette réussite, outre les représentants de la Mairie cités, doit beaucoup à Claude Rejon, longtemps vice-présidente de la maison sans qui rien ne se serait passé de cette si belle façon ! Bien sûr, au départ, il y avait Philippe et son projet, entre nous, quand même surprenant quand je l’ai entendu pour la première fois !
http://www.historim.fr/2015/06/lextraordinaire-aventure-de-fahrenheit.html


Enfin, je n’ai pas été d’accord sur le changement de nom de la MJC : quand la question est venue en Conseil d’Administration, j’ai proposé un autre nom… Mais Icare qui s’était élevé et qui avait voulu côtoyer le Soleil, est tombé ! Le logo (ci-contre) est formé des deux lettrines E et I suggérées par une ligne sinueuse pour les deux initiales de l’Espace Icare. Il est apposé sur l’affiche extérieure rappelant les nombreuses activités proposées. Le gâteau dessiné au-dessous symbolise les festivités prévues cette année!
Je suis cependant heureux de constater que notre Espace a choisi l’envol vers la Sagesse ! Paul Drezet


L’Espace Icare est l’ancienne MJC dont Paul Drezet évoque les souvenirs marquants. Le nom d’Icare rappelle irrésistiblement le fils de Dédale, ingénieux auteur du labyrinthe du palais du roi Minos en Crète. Père et fils s’en sont évadés dans les airs, grâce à des ailes faites de plumes collées à la cire. C’est à rapprocher évidemment  du tout proche terrain d’aviation, devenu l’Héliport de Paris. Si Icare s’est trop rapproché du Soleil, ce qui a fait fondre la cire des ailes et a provoqué sa chute et sa noyade, l’Espace Icare, lui, fête cette année ses 50 ans d’existence et poursuit son envol.  Depuis 2009, il gère aussi l’Espace Manufacture et y présente de très belles expositions de photographies.
Sous la direction de Jean-Philippe Brun, cinquante événements sont programmés de février à juin pour célébrer ce demi-centenaire. Á l’intérieur, le hall d’accueil avec le bureau d’information sert également de galerie d’exposition à des artistes variés et talentueux. À droite, un renfoncement avec des sièges et un bar permet une halte appréciée en particulier par les familles attendant les enfants qui pratiquent une activité à l’Espace Icare. Juste à gauche de l’entrée, un accès vers la salle de spectacle bien insonorisée au sous-sol. Toute la musique peut s’y déployer sans mesure ni gêne pour le voisinage. (Photos de  P. Maestracci).


Pour en savoir plus : 01 40 93 44 50 ou www.espace-icare.com

17 février 2016

La Mémoire du champ d'aviation d'Issy-les-Moulineaux

Comme nous vous l'avons annoncé au Forum en septembre dernier, comme nous l'avons évoqué lors de la conférence de Jacques Primault sur le premiers grands avionneurs (Nieuport, Caudron, Voisin) en novembre, le grand projet d'Historim pour l'année 2016 a pour thème : 

la Mémoire du champ d'aviation d'Issy-les-Moulineaux.

Il n'existe aujourd'hui que deux supports rappelant l'histoire aéronautique de notre commune :

- un monument dédié au 1er km fermé par Henry Farman, en 1908 (ci-dessous).


- une plaque commémorative de l'aviateur roumain Trajan Vuia (ci-dessous).

© Michel Julien
Cette histoire est souvent méconnue des Isséens. D'où ce projet, partagé par le Musée français de la carte à jouer (qui devrait mettre en valeur leur patrimoine aéronautique) et les deux comités de quartiers concernés. Il s'agirait, dans un premier temps, d'implanter 4, 6 ou 8 panneaux d'information historique (avec photos et textes en français et en anglais) autour de l'ancien terrain d'aviation.
Affaire à suivre - nous vous tiendrons au courant, bien entendu. PCB

En attendant, pour ceux qui n'étaient pas à la conférence du mois de novembre, une vidéo qui vous raconte tout. Un grand merci à René qui a enregistré et fait le montage !

13 février 2016

Didier… l'Espace d'Hommes

Vous avez été nombreux à nous demander d'ouvrir une rubrique sur les plus anciens commerces de notre ville. Notre historimien Denis y travaille. 
Et voici son premier article !



1964. La famille Naouri (Jean-Pierre, son épouse institutrice et leurs enfants) arrive d’Algérie. Jean-Pierre a toujours « baigné dans le textile ! Son père était tailleur à Bône (aujourd’hui Anaba, à une centaine de kilomètres d’Alger) et lui-même a travaillé dansune société belge de vente de couvertures, toujours en Algérie.
En 1965, Jean-Pierre achète le fonds de commerce situé au 37 rue Ernest Renan (ci-dessus), dans le quartier Les Varennes, à Issy-les-Moulineaux, alors occupé par une quincaillerie et composée d’un petit magasin, d’un hangar (servant de réserve) et d’une « cabane » dans une courette. Écoutant son « gêne textile » et profitant de la grande mode, à l’époque, du prêt à porter, il ouvre un magasin de vêtements pour hommes et femmes, qu’il nomme « Didier », prénom de son fils.
Après avoir habité » Suresnes, la famille Naouri s’installe en 1967 au 5 Bld Voltaire, tout proche du magasin, devenant définitivement isséenne. Les affaires marchent alors très bien, permettant dans les années 1970-73 des agrandissements des locaux.

En 1990, leur fille Pascale (à droite) succède à son père et assure la gérance du magasin. D’importants travaux de décoration sont entrepris, modernisant et embellissant le magasin (seuls les rideaux bleus des cabines d’essayage resteront d’origine !!!) Mais, à partir de 1992, la très forte concurrence des grandes surfaces rend les affaires plus difficiles. Le déclin progressif des détaillants « multimarques » s’accentue, conduisant en 1999 à la fermeture du rayon féminin pour ne conserver que « l’espace d’hommes ». 
Le 12 décembre 2006, à midi, un incendie d’origine accidentelle, mobilisant de nombreux pompiers et ameutant tout le quartier, détruit une grande partie du magasin. Il faudra six mois de travaux pour lui rendre son aspect initial et relancer le commerce.
En 2015, le cinquantième anniversaire du magasin est célébré en présence de Monsieur le Maire André Santini, faisant de l’Espace d’hommes l’un des plus anciens commerces de la ville. Denis Hussenot

Pour suivre le quotidien de la boutique :

9 février 2016

Le stand de tir d'Issy-les-Moulineaux

Triste souvenir que ce stand de tir - dit stand de tir Balard - installé sur le champ de manœuvre d'Issy-les-Moulineaux, créé en 1938 pour l'entraînement des policiers parisiens. Il y avait deux stands : l'un de 200 m, l'autre de 50 m.

A la Libération en août 1944, le stand de 50 m, occupé pendant la guerre par les nazis, est "redécouvert", par le commissaire de police Henri Danty et le photographe Roger Schall. Le rapport du commissaire  est on ne peut plus clair :
" - 3 poteaux d’exécution criblés de balles, dont l’un est presque sectionné par les balles, sur lesquels sont accrochés des bandeaux et des cordages (destinés aux suppliciés) ;
- 6 poteaux rasés, sectionnés par les balles et 6 poteaux neufs, rangés le long du mur
- un mur recouvert d’amiante qui portait des centaines de traces de mains,
- des cercueils contenant chacun plusieurs corps…
 - des fours, dont on peut imaginer qu’ils pouvaient servir pour brûler les corps des martyrs, qui n’ont jamais été retrouvé."
Le photographe prend quelques clichés, dont celui-ci :


Le premier massacre eut lieu le 6 juillet 1942. 143 personnes y furent torturées et, ou, fusillées. 
Le stand de tir d'Issy-les-Moulineaux est détruit le 24 juin 1964, pour cause de travaux. Une plaque commémorative, portant les noms des 143 victimes (ci-dessous), se trouve 6 avenue de la porte de Sèvres, dans le 15e arrondissement, témoin de ces horreurs. PCB.

2 février 2016

L'avenue Victor Cresson


L’avenue Victor Cresson longue d’un kilomètre est un segment de l’ancienne Grande Rue. Celle-ci, à la limite du lit inondable de la Seine, reprend l’itinéraire de l’antique voie romaine menant de Lutèce à Dreux. Dans le prolongement des rues Renan et Général Leclerc, c’était le début de l’avenue de Verdun (ci-dessus) depuis la Grande Guerre jusqu’en 1945. 

Cette année-là, le nom de Victor Cresson remplaça celui de Verdun en hommage au maire de la commune de 1935 à 1939 qui habitait avant-guerre au n°33. Une plaque (ci-contre) rappelle que Victor Cresson, déporté par l’occupant allemand pour raison politique, mourut en déportation, "victime de la barbarie". Il est à noter que sur les quarante maires précédant André Santini, actuel député-maire, seuls neuf maires (22,5%) ont eu l’honneur de laisser leur nom à une rue ou une place. Victor Cresson est le seul maire dont le nom se trouve sur un axe majeur.

L’avenue Victor Cresson commence près de l’Hôtel de Ville avec la place du maréchal de Lattre de Tassigny, héros de la Seconde Guerre mondiale et débouche, un kilomètre plus loin sur la place Léon Blum, chef de la SFIO, président du Conseil pendant le Front Populaire puis emprisonné sous le régime de Vichy, accusé au procès de Riom puis déporté en 1943.

De part en d’autre de cette avenue, on peut étudier une grande diversité architecturale des bâtiments reflétant plus d’un siècle de construction. Impossible d’être exhaustif mais en voici quelques exemples. Au 25, l’ancienne Salle des Fêtes (ci-contre) inaugurée en 1932 présente une façade Art déco ; l’architecte en est Chappey, grand prix de Rome. C’est l’actuel PACI (Palais des Congrès d’Issy) depuis sa restauration en 1988.

Presqu’en en face au 22, le nouvel Hôtel de Police est repérable à sa façade verte. Au 26, c’est le bureau de Poste principal. De part et d’autre de l’avenue, se font face les bureaux de deux anciennes dynasties d’architectes exerçant depuis le début du XXe siècle dans la commune. Au 27, le cabinet Delaire occupe le rez-de-chaussée d’un immeuble moderne alors qu’au 24 la grande maison en meulière est l’ancienne résidence des architectes Puijalon. C’est de nos jours le cabinet NCG, administrateur de biens. 
Non loin au 27 bis, le dispensaire est installé dans un élégant bâtiment en meulière décoré de médaillons allégoriques sculptés ; il date des années Trente. C’est l’actuel Centre Municipal de Santé ainsi que le siège régional de l’association Étincelle. Le long du trottoir depuis 1993, le sommet d’un muret est décoré d’empreintes des mains des présentateurs de la météorologie ; il est surnommé le boulevard du Temps.

Un certain nombre de bâtiments ont été démolis ces dernières années, une poissonnerie (ci-dessous à gauche- la dernière de la ville - à l'angle de l'avenue et de la rue Danton ; et le CEAP - Centre d'études et d'Arts plastiques, au n°41 (ci-dessous à droite) remplacé par le tout récent "Cœur de ville", un ensemble de logements mixtes.










Au-delà de la place de Weiden, s’alignent surtout des immeubles résidentiels dont au 49, un superbe exemple en pierre de taille de la Belle Époque (Montannet et Randanne, 1905). Au 55, c’est l’un des accès de l’église évangélique arménienne. Au 73, un pavillon en brique à 2 étages évoque le style anglo-normand avec des décors émaillés turquoise sous forme d’une grande plaque décorative et de listels. Au 80, un vieil immeuble de deux étages est un ancien hôtel comme en témoignent deux plaques gravées aux caractères peu lisibles : Mado hôtel. Électricité. Chauffage central.


L’avenue Victor Cresson débouche sur la place Léon Blum où les premiers travaux pour la future station de la ligne 15 ont déjà commencé. P. Maestracci (texte et photos)