29 juin 2012

La Croix-Rouge d'Issy-les-Moulineaux

Place de Mairie, juin 2012. © A. Bétry
Comme chaque année, la Croix-Rouge française est autorisée à quêter sur la voie publique et à présenter ses actions. Il y a quelques jours, la délégation de notre ville, constituée d’une soixantaine de bénévoles, est venue à notre rencontre. La forme la plus connue de la Croix-Rouge, c’est le secourisme, mais c’est aussi l’action sociale. 

© A. Bétry.

Au niveau national, le secourisme en chiffres, c’est :
1 personne secourue toutes les 3 minutes – 62 000 blessés secourus chaque année – 10 000 secouristes bénévoles – 50 000 postes de secours par an.
L’action sociale, moins perceptible, c’est : 38 000 bénévoles et salariés – 55 millions de repas distribués – 20 000 tonnes de textiles collectées (vestiaires/boutiques) – 135 équipes mobiles - 2 800 places d’hébergement - une présence Croix rouge française dans 75% des établissements pénitentiaires – plus d’un million de personnes accompagnées.




L’histoire de la Croix Rouge
Sa fondation remonte à la bataille de Solferino, en Italie. Le 24 juin 1859, à Solferino, les armées française et piémontaise remportent une importante victoire militaire, qui met fin à la guerre menée contre l’Autriche pour l’indépendance de la Lombardie, préliminaire à la création d’une Italie unifiée.
La bataille marque l’opinion publique internationale car de très nombreux combattants des deux camps ont été laissés sans soins sur le champ de bataille : 16 000 morts du côté français et près de 22 000 du côté autrichien. 

© CICR.
Un homme témoin de ces combats, le Suisse Henri Dunant publie en 1862 Un souvenir de Solférino. Edité en dix-sept langues, l’émouvant témoignage connaît un retentissant succès en Suisse et à l’étranger. Henri Dunant propose alors la création d’une organisation permanente chargée de porter secours aux blessés de guerre : ce sera la Croix-Rouge.
Le 22 août 1864, à Genève, le gouvernement helvétique convoque une conférence diplomatique, et une première convention, en dix articles, est mise au point. De nombreuses sociétés nationales naîtront sous le même emblème, et Genève devient le siège du CICR, Comité international de la Croix-Rouge.
Si vous voulez lutter contre la précarité, accompagner durablement les personnes fragiles, en dehors de toute politique ou confession, rendez-vous sur le stand de la Croix Rouge, au prochain Forum des associations de la rentrée. A.B.

Pour en savoir plus :
Pour prendre contact :

26 juin 2012

Ile Saint-Germain : souvenirs de Françoise Mansier-Pigout

Les parents de Françoise, Jean (dit Maxime) et Thérèse Mansier, dont la maison, dans les Yvelines, a été bombardée pendant la Seconde guerre, s’installent vers 1948 dans l’Île Saint-Germain, au 4 rue J.-P. Timbaud (actuel Boulevard des Iles) près du Pont de Billancourt, dans la commune d'Issy-les-Moulineaux. Lui, menuisier-ébéniste, devient caviste, et elle, comptable, devient, épicière !
La famille Mansier dans leur épicerie. Coll. privée.

Dans cette cave-épicerie (ci-dessus),  le vin, d’abord contenu dans d’énormes cuves, est embouteillé sur place par les soins de Maxime puis dégusté, au comptoir improvisé, sur les casiers en bois des bouteilles,  alignés au fond de la boutique. Ancien rugbyman,  Maxime écrivait chaque jour sur un tableau les divers résultats sportifs, très regardé et commenté, surtout pendant le tour de France.
La clientèle était « de quartier » mais aussi et surtout fréquentée par les ouvriers des usines voisines (Renault et autres).
Maxime devait être présent aux horaires de changement d’équipe des ouvriers qui partaient ou revenaient de l’usine à 5 heures du matin. C’était un lieu de rencontres, apprécié des « clients-amis » avec de plus, en fin d’année, l’installation d’un banc de quelques bourriches d’huitres pour la dégustation. Un rideau en tissu confectionné par Thérèse séparait l’épicerie à l’entrée où étaient proposés à la vente bonbons , conserves et vins choisis par Maxime. Et la partie cave – buvette en arrière–boutique.

La rue Jean-Pierre Timbaud dans l'île Saint-Germain.
Aux numéros pairs de la rue (côté occidental donc) s’alignaient de nombreux commerces : un café, une boulangerie, une droguerie, un cours des halles, un restaurant, une charcuterie, un café, une mercerie ensuite transformée en logement et une pharmacie qui avait le téléphone, privilège rare à l’époque.
Au numéro 2, un magasin de cycles « Motobecane » était tenu par un passionné du vélo qui organisait des fêtes pour accueillir les champions du Tour de France , Françoise se rappelle particulièrement de l’événement « Jacques Anquetil ». Du côté impair de la rue, s’étendait un terrain militaire jusqu’au pont d’Issy. L’entrée en était évidemment strictement contrôlée. Juste en face de l’épicerie-cave familiale, derrière la maison de l’armurier, un hangar, particulièrement protégé, servait de banc d’épreuves des armes à feu ; il était courant d’y entendre des détonations.
Maxime ravitaillait les militaires en boissons qu’il livrait sur son triporteur en rentrant dans le périmètre militaire grâce à un laissez-passer. Françoise parle avec enthousiasme de son île dans les années Cinquante et s’insurge encore contre la mauvaise réputation, injustifiée selon elle, de ce qu’elle appelle un village à l’ambiance familiale. De nombreuses communautés y cohabitaient : familles chinoises, russes, arméniennes. Et l'on y trouvait des jardins ouvriers, beaucoup plus étendus alors, une mûrisserie de bananes, une fumerie d’opium !

D’autres souvenirs reviennent au fur et à mesure.
Une grosse fanfare parcourait les rues de la ville lors des fêtes nationales ou municipales avant de rallier la cave-épicerie ; les musiciens  se désaltéraient dans la cave de Maxime et jouaient quelques morceaux tout spécialement pour la jeune Françoise. En hiver, le bout de l’île avec les jardins-ouvriers était inondé et il était nécessaire d’y aller en barque …à défaut de gondole ! C’était la promenade du dimanche.
Françoise a habité chez ses parents jusqu’à son mariage en 1964 et tous les amis, commerçants ou pas, se sont réunis dans la salle du café voisin pour fêter cet évènement et apporter leurs cadeaux ! Mais l’aspect du quartier changea progressivement avec :  le départ du campement militaire, l’arrivée des grandes épiceries libre-service, le nombre croissant de voitures… Les commerces dépérissaient puis disparaissaient définitivement.
Thérèse et Maxime sont arrivés péniblement à l’âge de la retraite avec un commerce sans client, la menace de travaux gigantesques et d’expulsions se précisaient et les commerces étaient devenus invendables. Ils se sont retirés en 1974 en emportant simplement quelques « bonnes bouteilles » conservées précieusement et dégustées ensuite dans la petite maison de famille dans l’Oise.
Ils sont revenus à Issy-les-Moulineaux pour finir leurs jours dans la Résidence Etienne Dolet près de Françoise (toujours Isséenne), de son mari et de leurs 2 petits-enfants. Dont la passion du théâtre leur a permis de créer une troupe.
Un récit à suivre dans un prochain jour. P. Maestracci.



23 juin 2012

Naissance du Parti Socialiste, 11-13 juillet 1969

Après la longue période électorale que vient de vivre la France et à la veille des vacances d'été, revenons sur le célèbre Congrès d'Issy-les-Moulineaux, tenu en plein mois de juillet 1969 à la suite du congrès d'Alfortville, qui marque la création du Parti Socialiste, le PS, et la disparition de la SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière), fondée en 1905. Un tournant dans l'histoire de la gauche française !

C'est en raison de la déroute de la gauche aux élections présidentielles du 1er juin 1969, dont aucun candidat n'est présent au deuxième tour, le 15 juin, que se tient dans la foulée ce congrès. En effet, pas moins de cinq personnalités de gauche se sont affrontées au premier tour : représentants du Parti communiste, de la Ligue communiste, de la SFIO, du Parti socialiste unifié, plus un radical socialiste indépendant ! Georges Pompidou devient président de la République, l'emportant sur Alain Poher. La gauche réagit immédiatement en se réunissant à Issy-les-Moulineaux, dans la salle des fêtes, le PACI.
La séance s'ouvre le 11 juillet en matinée, par un discours du président Robert de Pontillon, responsable des Hauts-de-Seine. Parmi les personnalités présentes : Jean-Pierre Chevènement, Guy Mollet, Jean Poperen, Georges Sarres, André Moroy, Alain Savary… Le nouveau Parti, tout en étant favorable à l'union de la gauche n'est pas encore prêt à une union de programme avec le Parti communiste.

Ph. XDR
Alain Savary, compagnon de la Libération, député, ancien secrétaire général adjoint de la SFIO, ministre dans le gouvernement Guy Mollet, fondateur du Parti socialiste autonome, membre dirigeant du Parti socialiste unifié, créateur de l'Union des clubs pour le renouveau de la gauche, est élu le 17 juillet suivant Premier secrétaire du tout nouveau Parti socialiste, par 31 voix contre 29 à Pierre Mauroy ! François Mitterrand déclare à cette occasion : "Si les décisions d'Issy-Moulineaux avaient été prises à Alfortville, tout eût été changé... je ne me dresse pas contre les hommes, mais contre ce qu'ils ont eu la maladresse de décider à Alfortville... donc je les retrouverai". Deux ans plus tard, au congrès d'Epinay, ce sera chose faite : il devient à son tour Premier sécrétaire du parti. Qui adopte l'emblème du poing et de la rose, conçu à la fin de l'année 1969 par l'illustrateur Marc Bonnet.  PCB

Pour revoir quelques grands moments  :
http://www.ina.fr/politique/partis-politiques/video/I05231309/congres-socialiste-d-issy-les-moulineaux.fr.html

20 juin 2012

Les Jeux olympiques à Issy-les-Moulineaux

Alors que Londres vient d'accueillir les JO, souvenons-nous qu'en 1924 Paris organise pour la deuxième fois (la première était en 1900) les Jeux olympiques d'été, du 4 mai au 27 juillet.


Ce sont les dernières olympiades du baron Pierre de Coubertin, initiateur en 1894 de la renaissance des Jeux antiques d'Olympie. 44 Nations sont représentées ; 3089 athlètes concourent, dont 135 femmes ; 17 sports sont au programme. Pour la première fois, la devise : plus vite, plus haut, plus fort, est consacrée ainsi que le lever des trois drapeaux à la clôture des Jeux - devenu un rituel traditionnel : le drapeau du Comité olympique, celui de pays hôte et celui du prochain pays choisi.

Les épreuves de tir aux armes de chasse ont lieu à Versailles (pour le tir sur cerf courant) et à Issy-les-Moulineaux (pour le tir aux pigeons). Si en 1900, à Paris, le tir était effectué sur des pigeons vivants, il n'en est plus ainsi et, en 1924, il s'agit bien de pigeons d'argile. La compétition se déroule du 21 au 29 juin. Quatre nations sont engagées. La médaille d'or individuelle de tir aux pigeons revient à Gyula Halasy, un sportif hongrois ; la médaille d'or par équipe aux Américains, l'argent aux Canadiens et le bronze aux Finlandais.
Il ne reste rien aujourd'hui du stade où se déroulèrent les épreuves de tir à Issy, enseveli lors de la catastrophe du 1er  juin 1961 (voir Histoire-dates). PCB

17 juin 2012

Odile Gentil-Guéry, une tradition isséenne bien ancrée


Odile aujourd'hui, devant sa bibliothèque.
coll. familiale.
SON ENFANCE

Les parents d'Odile, originaires de Normandie, étaient venus s’installer près des oncle et tante d’Odile qui étaient marchands de couleurs à l’angle des rues Danton et Chérioux. Odile est née dans la clinique du docteur Guyon avenue Pasteur (comme d’ailleurs, deux de ses enfants plusieurs années après).
Ils habitaient dans les immeubles « russes » des 3 et 3bis (maintenant 3bis &5) de la rue Chérioux, dans le quartier Centre-Ville. Des Russes blancs qui avaient fui la Révolution d’Octobre avaient fait construire cet ensemble d’immeubles. Il y régnait une ambiance cosmopolite : noblesse russe dont les femmes très pomponnées arboraient leur renard en fourrure, des Arméniens qui travaillaient sur des machines à coudre et des surjeteuses dans leurs appartements, des Polonais et même une famille chinoise.
Quatre cages d’escaliers desservaient les immeubles et une chapelle orthodoxe se trouvait dans l’une d’elles. Le pope vêtu de noir conduisait la procession de Pâques (russe selon le calendrier julien) dans tous les escaliers. Lors du décès d’un résident, le catafalque était dressé un jour ou deux dans le hall tendu de noir, ce qui impressionnait les enfants.
Sur la rue était ouverte une épicerie russe tenue par Mme Hélène et M. Alexandre, où l’on trouvait des malossols et du chou fermenté. Au milieu de la rue, la Laiterie Parisienne recevait du lait en vrac dans une cuve. Les familles venaient s’y ravitailler avec leur pot au lait. Á l’extrémité de la rue Chérioux dont les trottoirs étaient en terre battue, il y avait des jardins ouvriers.

SES PARENTS

Sa mère Geneviève travailla comme secrétaire dans les bureaux parisiens de Singer, rue Trudaine. Après son mariage, elle s’occupa avec dévouement de ses trois filles qu’elle emmenait au square Henri Barbusse, à la bibliothèque « tous les jeudis », jours de fermeture des écoles. Odile se remémore le carnet de lecture rose où étaient notés les emprunts. Membre actif de la paroisse Notre-Dame des Pauvres, elle fit partie des parents d’élèves de l’école Jules Ferry dont elle tint la coopérative.
Son père Marcel est resté marqué par son service militaire de deux ans avant-guerre suivi de chômage ; il est mobilisé puis est fait prisonnier sur la ligne Maginot. Il passe cinq années de captivité au Stalag XIII B (camp allemand de soldats prisonniers) à Weiden en Bavière. Eprouvé par le travail inhumain imposé, il est reconnu Pensionné de Guerre. Après sa libération, il revient et travaille comme employé de bureau à la SNCF au Magasin Général à Nanterre (emplacement de la faculté Paris-X). Ses journées sont longues avec les trajets (12 heures par jour), samedis compris pendant plusieurs années.
Engagé comme son épouse dans la paroisse Notre-Dame des Pauvres, il est élu conseiller municipal de 1965 à 1995 sous trois maires : MM. Leca, Menand et Santini. Il est membre des commissions de sécurité et des appels d’offres mais, ce qui lui plaît particulièrement, ce sont les relations directes avec ses concitoyens.

SA SCOLARITÉ et SES LOISIRS 

Odile, comme plus tard ses trois enfants, alla à l’école Jules Ferry qui était mixte en maternelle puis séparée en filles/garçons en primaire. Le quartier était alors très pauvre. À la suite de l’appel de l’abbé Pierre pendant l’hiver 1954, fut construite l’église Notre-Dame des Pauvres décorée des vitraux de Léon Zack. Elle se souvient de sa fille, Irène Zack, qui sculptait une Vierge sans face dessinée et car elle désirait « que chacun puisse Lui mettre un visage ». 

Première année d'école à Jules Ferry. Photographie dédicacée à ses grands-parents.
Collection familiale.
Après l’école, Odile fréquenta boulevard Gambetta le collège Voltaire (bâtiment devenu école Voltaire B puis démoli) ; en classe de 3e, elle participe à l’un des tout premiers voyages à Weiden où son père avait été prisonnier. C’est dans le cadre du jumelage d’Issy avec une ville de RFA car la commune est l’une des premières en France à le faire avec une ville allemande. Elle poursuit ses études à Paris car le proche lycée Michelet proche n’était pas mixte. En parallèle, elle passe son BAFA et devient monitrice à la colonie de vacances à Montroc près de Chamonix qui a laissé tant de souvenirs à de nombreux Isséen.
Le Mois Paroissial de Saint-Etienne
(nov.déc. 1933). Dessin de l'église.
Coll. familiale.
En famille, ses parents encouragent leurs filles à discuter de tout dans « un débat permanent » mais aussi à profiter de loisirs culturels. La famille apprécie les billets « à prix décents » du Théâtre Municipal (futur PACI) avenue Victor Cresson dont le directeur, ancien chanteur de l’Opéra de Paris, proposait de la danse et des opéras.  Un ciné-club est créé à Notre-Dame des Pauvres à l’initiative de MM. Colle et Froidevaux. Chaque mois, le film projeté était suivi d’une discussion. Cela favorisa par la suite le ciné-club de la Maison des Jeunes rue Renan ( Centre administratif ) où Odile s’occupait du secrétariat et de l’accueil le soir. Un journal Issy Ciné-Club paraissait chaque mois. Le ciné-club cessa ses activités en 1969.
Trois cinémas étaient ouverts. Le Casino, 9 avenue Victor Cresson, avait des billets à 1 franc pour les grands classiques que ce soit des westerns ou les films de Fernandel et de Bourvil. Il devenait Art & Essai une fois par semaine. L’Alhambra, 6 avenue Jean Jaurès, avait une splendide salle à l’ancienne avec des baignoires (et leurs chaises) au pourtour, un spectacle à l’entracte ; ses coulisses donnaient sur la rue Auguste Gervais. Faute d’avoir pu être aménagé, il a malheureusement disparu. Enfin, un petit cinéma était proche du collège Voltaire, 10-12 boulevard Gambetta. 
Dans sa vie active, Odile travailla à la Compagnie Générale Transatlantique (CGT) rue Auber, dans le quartier de l’Opéra. Après une interruption de plusieurs années, elle reprend un travail de secrétariat et d’accueil à la Paroisse Saint-Étienne, de 1988 à 2008, année de sa retraite. 
Odile se marie avec Christophe Guéry, lui aussi Isséen. Le couple a trois enfants dont deux nés à Issy ; l’une d’entre eux vit toujours dans la commune. Ils vont à l’école Jules Ferry, puis au collège Matisse rue Renan et au lycée Michelet à Vanves. Odile fait partie de l’association des parents selon la tradition maternelle. Elle anime des ateliers de travaux manuels et accompagne les sorties scolaires. Elle est impliquée dans la paroisse Notre-Dame des Pauvres et à l’aumônerie de l’enseignement public.
 Grand-mère dévouée et ravie, elle fréquente l’Espace Icare, boulevard Gambetta pour des cours de peinture et de dessin ; elle est membre du CA. Elle pratique le Tai Chi dans l’association Taichido. Par ailleurs, elle fait partie du conseil de Vie sociale du Foyer Sainte-Lucie où vit désormais son père. P. Maestracci.

14 juin 2012

La Seine à Issy-les-Moulineaux

La Seine, artère vitale de la capitale est à ce titre le nom éponyme de deux départements (celui de Paris et celui des Hauts-de-Seine créé en 1964). Il est possible d’en retrouver l’aspect qu’elle offrait dans la première moitié du XXe siècle grâce à un texte tiré d’un livre de lecture destiné à des écoliers… et à des cartes postales. L’ouvrage intitulé La leçon de la vie est écrit par Justin Boex (J-H Rosny jeune) et publié par La Bibliothèque d’Éducation, pendant l’entre deux-guerres. C’est un « livre de lecture courante pour Cours Moyen et Supérieur » qui narre les aventures d’enfants sur les cours d’eau et les canaux français. Certains passages sont illustrés (ci-dessous).

Les trois enfants regardent la rive gauche et la gare d’Orsay qui n'est pas encore un musée. On peut voir devant des tas de sable (ou de charbon ?). À l’arrière-plan à gauche, le Pont Royal séparé par des arbres du Pavillon de Flore, à l’extrémité du Louvre. Un peu plus loin se détache la coupole de l’Institut.
Le chapitre XXV est consacré à "Paris" ; le chapitre XXVII à "La sortie de Paris". Il décrit ce que l’on peut voir à partir d’un remorqueur ou d’une péniche : 
« …Cependant, les berges du fleuve se déplaçaient sous ses yeux. On voyait les collines lointaines onduler sur le ciel. Des maisons de campagne s’apercevaient, avec des jardins en pente, des terrasses…. 
« Les environs de Paris sont parmi les endroits les plus industriels du monde. Grâce aux moyens de transport, on y fait venir le charbon et les matières premières : métaux, bois, cuir, suif, sable, papier, que de nombreux ouvriers changent en produits manufacturés tels que des outils, des voitures, des chaussures, des bougies, du verre, des livres… On trouve ici beaucoup d’industries de luxe pour les habitants riches de Paris, fabrication de parfums, de pianos, et surtout des industries nouvelles, automobiles, aéroplanes… Ah ! il faut travailler pour répondre aux besoins, aux caprices de la grande ville. »
Difficile de ne pas penser aux constructeurs automobiles comme Citroën dans le 15e arrondissement ou Renault solidement implanté à Boulogne-Billancourt mais également aux constructeurs d’avions massés autour du Champ de manœuvres d'Issy-les-Moulineaux (actuel Héliport).

Les cartes postales anciennes, que l'on peur retrouver aujourd'hui, privilégient les quais isséens et sont présentées au fil du courant afin de comparer la description ci-dessus avec les photographies. 

Le Port et le Quai d’Issy. Vue des 15e et 16e arrondissements de Paris sans, bien évidemment, les ponts plus récents du Garigliano et du Boulevard Périphérique. Le Quai du Président Roosevelt n’est qu’une simple rue longeant un port qui n’est guère digne de ce nom vu l’aménagement plus que rudimentaire. Collection privée.
Le Port d’Issy n’est guère aménagé même si l’on peut y compter plusieurs bateaux de toutes tailles. Des stocks de planches bien empilées occupent le premier plan ; dans le texte, le bois y est mentionné. De l’autre côté de la rue ( futur quai du président Roosevelt ), un assemblage hétéroclite de maisons, immeubles, usines et cheminées. Au loin, se profile la Tour Eiffel. Le viaduc d’Auteuil dont il est question en légende servait pour la Petite Ceinture ; il a maintenant disparu et est remplacé par le pont du Garigliano légèrement en aval. 

Le Petit Bras de la Seine vu du Nouveau Pont. Il s’agit
du pont d’Issy et de la route devenue par la suite le quai
de la Bataille de Stalingrad. Collection privée.
Le Petit bras de la Seine est vu du Pont d’Issy ; il permet d’admirer des berges encore verdoyantes même si quelques masures sont visibles en contrebas de l’actuel quai de Stalingrad ; quelques barques de pêcheurs assurent un brin de pittoresque. Même hétérogénéité déjà constatée des constructions de l’autre côté de la rue. Au loin, les arches d’un tracé ferroviaire encore en usage pour le RER. Le pont métallique de la place Léon Blum est encore nettement apparent.

la Seine pris de Bellevue, au premier plan le funiculaire
Bois et jardins ont largement disparu. 
Les établissement industriels ont eux-mêmes été rasés pour un nouvel 
aménagement en cours. Tout se transforme ! Collection privée.
Le Panorama sur la Seine, dernière carte postale, permet de prendre de la hauteur et de se retourner vers le paysage urbanisé avec Meudon au premier plan, Boulogne-Billancourt à gauche et les îles Seguin et Saint-Germain. Il est à noter que les espaces boisés sont encore importants sur les hauteurs et sur les berges.







Texte : P. Maestracci 

10 juin 2012

Le photographe Atget et le château d'Issy


Le Musée Carnavalet, 23 rue de Sévigné à Paris, expose depuis le 26 avril et jusqu'au 29 juillet, 230 clichés du célèbre photographe Eugène Atget (1857-1927), une rétrospective qui réunit des photos connues, d'autres totalement inédites du Paris d'antan. L'artiste utilisa toute sa vie des plaques en verre au gélatino-bromure et un papier brillant albuminé, alors même que ces procédés avaient disparu à l'aube de la Première Guerre mondiale. C'est Bérénice Abbott, l'assistante de Man Ray le photographe des artistes de Montparnasse, qui découvre son œuvre. Elle dira de lui : "On se souviendra de lui comme d'un historien de l'urbanisme, d'un véritable romantique, d'un amoureux de Paris, d'un Balzac de la caméra"

C'est l'occasion de découvrir (non pas à l'exposition mais ici même sur notre site, photos ci-dessous) que Atget photographia sous tous ses angles les vestiges du château des Conti (voir rubrique Patrimoine), en 1901. Ses photos sont conservées à la Bibliothèque nationale.



L'entrée du château avec le pavillon Nord.


Le château. La partie de gauche subsiste aujourd'hui et fait partie de
la Galerie d'histoire de la ville (Musée de la carte à jouer).
Une rue d'Issy porte son nom depuis 1996. Elle se situe dans le quartier Val de Seine/les Arches, entre la rue de la Galiote et la rue du Passeur de Boulogne. Un coup de chapeau à celui qui sauva de l'oubli le château. PCB

Pour en savoir plus sur le château, ses plans et ses vues disparues :
http://chateauissy.wifeo.com/






7 juin 2012

Réclames d'antan dans le quartier Corentin-Celton.

Continuons notre petit parcours à travers les publicités du Bulletin paroissial Bavardages de 1933 (collection privée).

RUE RENAN 

7 bis : Aux mille Friandises. La confiserie a disparu mais un commerce occupe toujours l’emplacement.



Au n° 35 : la Fumisterie Rougemont  a été remplacée aujourd'hui par une épicerie.



Au numéro suivant, au 36, juste en face : A la Maison Bleue, magasin de nouveautés et de layette. Il a disparu.




Juste à côté, le 36 bis : Au Vieux Chêne, maison Picard. Ce magasin de meubles a fait place à un marchand de chaussures.



A suivre… P. Maestracci



3 juin 2012

L'aviation dans la Galerie d'histoire de la ville d'Issy



Au début du XXe siècle, Issy-les-Moulineaux fut le berceau de l’aviation. C’est sur le champ de manœuvre militaire d’Issy, transformé en terrain d’aviation, que les pionniers font leurs premières tentatives pour faire décoller leurs drôles de machines, avant d’entreprendre de véritables raids aériens.

La salle Aviation de la Galerie d'histoire de la ville. © A. Bétry. Coll. Musée de la carte à jouer
La Galerie d’histoire de la ville (Musée de la carte à jouer) regorge d'informations sur cette immense aventure. Historim a exploré les archives du Centre de documentation du musée pour retrouver des articles de presse de l’époque, des photographies, des affiches originales, des cartes postales  et même des objets illustrant les événements qui se sont déroulé sur notre commune.

Maquette d'un aéroplane. © A. Bétry
Coll. Musée de la carte à jouer.
Parmi les dates majeures de cette épopée aérienne dont Bernard Marck, journaliste, historien de l'aviation, nous a donné un bref aperçu (voir Conférences, on retiendra :

Le 25 mars 1905, le planeur d’Ernest Archdeacon, remorqué par une voiture Renault, s’élève d’une dizaine de mètres… avant de se fracasser au sol !

Le 18 août 1906, le Roumain Trajan Vuia élève sa machine à 2,50 m sur une distance de 24 mètres… avant de chuter !

Le 11 juillet 1907,  Louis Blériot réussit le premier vol avec passager, sur son monoplan : il s’élève à 2 m et parcourt 25 à 30 mètres. Au cours des deux années suivantes Blériot effectuera de très nombreux essais dont 32 se termineront par des chutes !


Henry Farman, l'homme des records. © A. Bétry.
Coll. Musée de la carte à jouer. 
Le 26 octobre 1907, Henry Farman monte son appareil à 6 m. de haut et franchit 771 mètres. L'année suivante, le 13 janvier, il réussit sur son biplan des frères Voisin à boucler officiellement le premier kilomètre en circuit fermé.

Le 31 octobre 1907, Léon Delagrange procède aux premiers essais de son biplan Voisin Delagrange (les frères Gabriel et Charles Voisin, installés alors à Billancourt, deviennent les premiers constructeurs d’avions en série au monde).

Au cours de l’année 1909, de nombreux aviateurs utiliseront le terrain d’Issy pour leurs tentatives, tandis que Louis Blériot acquiert la célébrité en réussissant le 25 juillet 1909 la première traversée de la Manche. Les années 1910-1911, outre l’installation à Issy des frères Voisin, sont surtout marquées par l’organisation des premières courses aériennes : circuit de l’Est en six étapes ; Paris-Bordeaux, Paris-Bruxelles-Paris ; Paris-Pau en trois étapes… et surtout les 21, 23 et 25 mai 1911, la célèbre « Course d’aéroplanes Paris-Madrid ». Son départ d’Issy fut marqué par un grave accident (la chute de l’appareil d’Emile Train) provoquant la mort du ministre de la Guerre Maurice Berteaux (voir notre rubrique aviation). La presse de l’époque (La Vie au grand air, le Petit journal…) consacreront à ce drame de nombreuses pages. Jules Védrines sera le seul à parvenir à Madrid ! Une épopée que vous pourrez suivre sur notre site pendant tout l'été.

Durant les années 1914-1918, le terrain d’Issy devient base d’essais et de livraison pour les usines Voisin, Nieuport puis Caudron. En 1919, il ne figurera plus sur la liste des aérodromes autorisés.
Il faudra attendre le 3 mars 1957 pour voir le terrain d’Issy devenir l’héliport international de Paris-Issy.
Ainsi, grâce aux riches archives du musée, peut-on reconstituer l’extravagante histoire des « fous volants ». Denis Hussenot.


Coll. Musée de la carte à jouer.