28 décembre 2015

Jeu - Un arbre aux éventails dorés

Encore quelques jours de vacances et de beau temps. Alors n'hésitez pas et partez à la recherche de cet étrange arbre aux éventails dorés. 
Réponse le 1er janvier, 18 h


Ph. P. Maestracci

26 décembre 2015

Réponse - un coquillage à Issy

Voilà, voilà… Vous avez trouvé où se trouve accroché ce bien joli coquillage !


Cette superbe plaque de terre émaillée orne une maison de la place des Tilleuls, sur la façade, au-dessus de la porte d'entrée.

La maison au coquillage. © A. Bétry
Le bleu foncé évoque les mers chaudes en harmonie avec le thème de coquillages disposés à la manière d’un plateau de fruits de mer. Le coquillage central de forme conique est la reproduction d’une espèce tropicale, comparable à celle que l’on peut trouver dans les couches sédimentaires du Bassin parisien formées au fond de mer depuis longtemps disparues. Les coquilles saint-jacques qui l’entourent nous sont bien plus familières.

La décoration d’une façade avec des plaques de grès émaillé est typique de l’Art nouveau fin XIXe-début XXe siècle. Le turquoise est alors la couleur la plus fréquente. La mode du grès émaillé commence avec les Expositions universelles à Paris en 1878 et surtout 1889 pour orner les bâtiments publics avant que ce ne soit la mode pour les immeubles et les maisons particulières. Il y a deux fabricants réputés : la plus connue est l’entreprise Müller à Ivry et la plus proche de notre commune, Gentil & Bourdet à Boulogne-Billancourt.

Le décor émaillé est le plus souvent de taille modeste, répété et disposé en ligne. Dans le cas présent, l’originalité est qu’il s’agit d’un motif unique et assez grand (environ 40 centimètres de côté).

La place des Tilleuls à mi-pente tient son nom des arbres qui l’abritent, comme le montre cette carte postale (ci-dessous). Ils ont depuis bien poussé. La maison au coquillage est toute proche. P. Maestracci



23 décembre 2015

Jeu - Un coquillage à Issy

Il fait toujours aussi doux… alors continuez à découvrir notre commune pendant ces vacances qui viennent tout juste de débuter ! Où se trouve-donc ce coquillage ? 

Une petite indication : dans les Hauts d'Issy - et levez le nez… Réponse le 26 décembre, 18 h. Après le passage du Père Noël…



© A.Bétry

19 décembre 2015

Réponse - Un bien bel olivier


L'olivier du Square Macerata.
Alors, vous avez trouvé… 

Cet olivier majestueux est planté avec ses compagnons dans le square de Macerata. Celui-ci jouxte les terrains de sport du stade Charpentier du côté de la rue du Gouverneur Général Éboué face à la Médiathèque du Centre Ville. Il a été planté sur environ 600 mètres carrés et inauguré en 2007 pour les 25 ans de jumelage de la commune avec la ville italienne de Macerata (dans les Marches), hommage à la flore méditerranéenne. Buissons de lavande, cyprès élancés et vénérables oliviers qui proviennent d’oliveraies ibériques, qui auraient pu disparaître car trop vieux pour produire des fruits, s’ils n’avaient été achetés pour embellir ce square et des ronds-points isséens. Les arbres du square sont liés à la mythologie grecque. 

Les cyprès du Square.

L’olivier est l’arbre de la déesse Athéna. Les Athéniens sommés de choisir leur divinité tutélaire ont préféré celle qui leur offrit cet arbre très utile plutôt que Poséidon/Neptune qui, de son trident, fit jaillir une source d’eau salée sur l’Acropole d’Athènes. Le cyprès a également une origine mythique. Cyparissos était un jeune homme désespéré d’avoir tué son cerf et recherchant le trépas. Le dieu Apollon le transforma en arbre « pleurant »éternellement. Le cyprès dont le bois est incorruptible est souvent planté dans les cimetières.
Plaque à l'entrée du Square, ornée de dessins
représentant la flore méditerranéenne. Photos P. Maestracci.

La ville de Macearata peut s’enorgueillir d’un enfant célèbre, révéré tout particulièrement en Chine à l’égal de Marco Polo. Il s’agit du missionnaire jésuite et savant, Matteo Ricci (né en 1552 à Macerata-mort en 1610 à Pékin), ci-dessous. Il est envoyé par ses supérieurs aux Indes puis à Macao avant d’arriver en Chine en 1598. Ses connaissances scientifiques en chimie et astronomie le font apprécier des mandarins et lui permettent d’approcher l’empereur Wanli de la dynastie Ming à Pékin en 1601. Matteo Ricci parle chinois, s’habille comme un lettré confucéen tout en essayant de faire connaître le catholicisme. Il meurt et est enterré à Pékin en 1610. Depuis 2013, est engagé un procès en béatification au Vatican.

Matteo Ricci. Ph. XDR
Matteo Ricci est l’auteur de la mappemonde Ricci, planisphère sur lequel l’Empire du Milieu est légèrement excentré contrairement aux 5 points cardinaux chinois dont le centre, le 5e, est occupé par la Chine (surnom donné par les découvreurs européens à cause du 1er empereur Qin). À ce titre, un cratère lunaire porte son nom depuis 1935.
Il rédige le premier dictionnaire chinois, traduit en latin quatre livres confucéens sur les mœurs chinoises (Tetrabiblion sinense de moribus). La parution de ses mémoires, De christiana expeditione apud Sinas suscepta (Défense de la campagne chrétienne en Chine) est posthume et assumée, dix ans après la mort de Ricci en 1616, par le père Nicolas Trigault, il y a quatre siècles. P. Maestracci


Pour en savoir plus sur Macerata :

15 décembre 2015

Jeu - Un bien bel olivier

C'est le moment de programmer quelques sorties "Nez en l'Air" pour occuper les enfants pendant les prochaines vacances de fin d'année. A commencer par la recherche de ce très beau spécimen d'olivier.

A vous de jouer ! Où se trouve-t-il ? Réponse le 19 au soir.


Ph. P. Maestracci

12 décembre 2015

1427 - les vignes issséennes menacées

Alors que l'on fêtait la semaine dernière l'arrivée du "beaujolais nouveau", que le mois dernier, comme tous les ans, les enfants des écoles primaires vendangeaient (ci-dessous), ce petit article nous replonge dans le village d'Issy médiéval, en pleine tourmente.

Vendanges isséennes, 2015. © A. Bétry
Le début du XVe siècle est pour la France et les Français une sombre période. La situation politique est aussi confuse que dramatique en pleine Guerre de Cent ans et une occupation anglaise. Et avec une interminable guerre civile qui oppose Bourguignons et Armagnacs alliés des Orléans. Tout ceci en raison de la folie de Charles VI (de 1392 à sa mort en 1422). Tous sont des proches parents du roi et se battent avec acharnement sans compter les ambitions françaises d’Henry V de Lancastre. La cavalerie française est massacrée à Azincourt en 1415. Cette victoire anglaise est analysée par le vainqueur Henry V : « Je ne crois pas que je l’ai méritée. Je crois plutôt que Dieu a voulu punir les Français ». No comment.

Le village d’Issy n’échappe pas à la tourmente et est cité à deux reprises dans Le Journal d’un bourgeois de Paris sous le règne de Charles VI. On ignore le nom de ce « bourgeois » probablement en réalité homme d’Église. Il est un précieux témoin de la vie à Paris pour la première moitié du siècle. Partisan des Bourguignons, il se rallie au nouveau roi Charles VII en 1435, lors du traité d’Arras par lequel Charles VII et le duc de Bourgogne font la paix.

En raison de l’insécurité dans une banlieue hors des murailles parisiennes, il écrit qu’à Issy « nul n’osoit vendanger » ; en automne donc. Or, le terroir isséen est amplement occupé par un vignoble qui constitue à l’époque la principale ressource pour ses habitants. Les vignes poussent sur les coteaux dominant la plaine de Vaugirard. De plus, l’auteur anonyme explique que les Isséens participent à une procession de 500 à 600 personnes, peut-être à l’ancienne église Saint Étienne (l’actuelle est largement postérieure) ou dans un autre lieu de culte. Ils prient Dieu  d’avoir « pitié de la grant eaue et pour la froidure qu’il faisoit car à ce jour n’eust-on point trouvé une vigne en fleur ». Les calamités naturelles sont celle de la crue (grant eaue) de la Seine qui occupe son lit inondable et le froid printanier retardant la floraison. Le printemps rigoureux est impitoyable pour des paysans qui ont tout à craindre d’hommes affamés ou de soldats en maraude sans compter que les moissons estivales ne sont jamais assurées. Calamité supplémentaire, cela laisse présager des vendanges fortement compromises.

Charles VII. © XDR
Charles VII (à droite), fils du roi fou Charles VI et d'Isabeau de Bavière, n’est alors que le « roi de Bourges ». En effet, il est déchu de ses droits par le traité de Troyes de 1420 car sa mère privilégie son gendre Henri V, roi d’Angleterre. En 1427, Issy comme toute l’Île de France et la Normandie sont sous autorité anglaise. La France est alors partagée en trois parties inégales, l’anglaise, la bourguignonne et la plus petite autour du « roi de Bourges ». P. Maestracci




8 décembre 2015

Association Juste pour son sourire

Isabelle Debliqui dirige l'association.

Cette association a été créée en 2006 par une Isséenne Isabelle Debliqui (ci-contre) avec deux amies. Elle en fut l’inspiratrice en témoignage d’amour maternel pour sa fille. Le but est d’apporter du bonheur et du soutien aux handicapés moteur grâce à des activités originales. C’est pour afficher cette ambition que fut choisi le nom de l’association. La présidente de l’association est Dominique Van der Waren dont le témoignage est paru en octobre dernier sur notre site (http://www.historim.fr/2015/10/dominique-van-der-waren-cinq.html).


Le contexte
Le point de départ fut inspiré par la loi sur le handicap en 2005 complétant celle de 1975 sur l’invalidité. Deux points sont essentiels. Il s’agit de regrouper dans les Maisons Départementales du Handicap deux structures : la Cotorep pour les adultes et la CDES (Commission Départementale de l’Education Spécialisée) pour les enfants. La volonté était d’accorder aux enfants et adultes les mêmes droits et allocations Handicap. Malgré la parution des décrets d ‘application au Journal Officiel, il fallut attendre trois ans pour la concrétisation des projets pour les enfants et l’adaptation des logiciels spécifiques.

La création
Juste Pour Son Sourire naît en 2006 pour « faire avancer les droits des personnes handicapées ». Il faut savoir que les frais à engager sont fort lourds, des milliers d’euros pour un fauteuil électrique, l’adaptation d’un véhicule contenant un fauteuil roulant et nettement plus pour l’adaptation du logement. Or, il faut « prévoir en amont » lors de la constitution du dossier intitulé Projet de vie. Ce titre  semble inadapté aux familles concernées. En effet, celles-ci « doivent surmonter le choc » du terrible diagnostic. De plus, l’aide de l’association pour remplir les innombrables cases de ce dossier est fondamentale pour les personnes confrontées au handicap. Des réponses découle la décision pour établir un niveau de 1 à 6 proportionnel à l’aide financière. Ce dossier doit être renouvelé tous les 2-3 ans en anticipant les délais de l’administration réduits à 6/8 mois depuis 2008.
Isabelle Debliqui qui a dû renoncer à travailler pour s’occuper de sa fille a eu « une formation sur le tas ». L’association (cotisation de 40 euros / an) ne comptait que deux familles à l’origine et maintenant une cinquantaine. D’abord consacrée aux enfants, elle s’est ouverte aux adultes.

C’est un travail énorme accompli dans un local exigu de deux pièces où sont casés les bureaux mais aussi les armoires contenant les dossiers confidentiels qui permettent d’épauler les familles dans les multiples démarches dans des domaines variés. Le public y est reçu au 8 rue de l’Est à Boulogne-Billancourt. Ce travail intense est également rendu possible grâce à des bénévoles accompagnant les enfants pendant les animations ou se consacrant chaque semaine aux ingrates tâches administratives.



Sabrina Leprohon. En arrière-plan, photo du premier voyage au parc animalier
de Planète sauvage, à Port-Saint-Pères, en 2010.

Les actions
En 2008, l’association a reçu l’Isséen d’Or pour son action. À la suite de cette reconnaissance officielle, l’association bénéficia d’un don conséquent d’un élu et décida d’organiser un voyage l’année suivante. C’est toujours une lourde tâche car le voyage doit « être ludique et culturel » et ne doit pas dépasser 4 à 5 heures pour des enfants en fauteuil roulant. Le choix se porta sur le Parc animalier Planète sauvage à Port Saint-Père [où le futur général Kléber fut victorieux en septembre 1793] près de Nantes. Le voyage dura 3 jours et le groupe fut logé sous des tentes au sein du parc près de l’abreuvoir des animaux.

D’autres voyages ont suivi à Bruxelles, au Puy-du-Fou en Vendée, à Handiski dans les Vosges, au Parc des Félins à Nesle (Seine-et-Marne) etc. Pour la fin d’année 2015, des courses sont prévues avec des « joelettes » (traîneaux sur roues pour les enfants) tant à Boulogne-Billancourt que pour la célèbre Corrida de Noël isséenne. Au programme une sortie au Repaire des Pirates à Villecresnes dans le Val-de-Marne ainsi qu’un spectacle. Deux sorties culturelles sont également prévues en décembre.

Sabrina prépare la prochaine visite.
Pour toutes ces activités, la recherche de financement est primordiale Des actions de collecte de fonds sont organisées grâce à l’appui de grandes surfaces en décembre mais aussi à l’argent donné par d’autres associations isséennes comme ALC, CIB, ALIM, OMS ou des particuliers généreux. Tout aussi déterminantes sont les subventions des communes d’Issy-les-Moulineaux et de Boulogne-Billancourt, ainsi que celles du Conseil Départemental et de la région Île de France. En outre, Juste Pour Son Sourire reçoit l’aide efficace des Missions Handicap isséenne et boulonnaise.

Pour 2016, des projets nouveaux comme l’aide à la recherche sont en cours de réflexion sans jamais négliger pour autant les aspirations d’enfants devenant majeurs… P. Maestracci.


Pour se renseigner :
01 45 29 24 41 ou contact@justepoursonsourire.fr

3 décembre 2015

1915 - Evacuation de 4 000 Arméniens

Nous avons consacré en 2012 une conférence et plusieurs articles aux Arméniens  - le génocide en Turquie, leur installation dans notre commune dès 1923, leurs coutumes, leur langue, leur religion, qu'ils ont réussi à maintenir http://www.historim.fr/2012/12/conference-et-visite-les-armeniens-dissy.html
Découvrons maintenant comment la Marine française a réussi en septembre 1915 à les sauver. 

Du 5 au 13 septembre 1915, 4 000 Arméniens réfugiés dans le massif montagneux du Djebel Moussa (pointe nord de la baie d’Antioche) sont évacués par la Marine française. Ces populations appartiennent aux villages de Vakif, Razer, Youroun- Oulouk, Kabousi, Kabakli, Hadji Hababeh, Bithias, Eukus-Keupru, répartis sur une surface d'environ 15 kilomètres carrés.
Les insurgés occupent une partie des crêtes du Djebel Moussa et ont pu conserver, par une vallée, la libre communication avec la mer. Mais ils sont entièrement cernés du côté de la terre ; leurs munitions et leurs vivres s'épuisent rapidement.

Débarquement des réfugiés arméniens sauvés le 13 septembre 1915.
Le 5 septembre, ils aperçoivent le Guichen, en croisière sur la côte nord de Syrie et réussissent à attirer l'attention du commandant de ce bâtiment qui prend aussitôt contact avec eux. Il entre en relations avec le jeune chef Pierre Dimlakian, qui le met au courant de la situation grave, sinon désespérée, dans laquelle il se trouve avec ses compagnons. Au cours d'une des missions, la baleinière est attaquée, elle riposte vigoureusement, tandis que le Guichen disperse à coups de canon plusieurs groupements ennemis.

Le 6 septembre, la Jeanne d’Arc (ci-dessous) et le Desaix arrivent sur les lieux.

La Jeanne d'Arc.
L'amiral Dartige du Fournet rend compte et commence l’évacuation des femmes, des enfants et des vieillards par chaloupes, les bâtiments situés au large ne pouvant aborder la côte. Le d’Estrée et l’Amiral Charner sont dépêchés sur le site ainsi que la Foudre qui, de Port-Saïd rejoint Rasel-Mina. Le Desaix et l'Amiral Charner dans le nord, le Guichen et le d'Estrées dans le sud, se tiennent prêts à repousser toute attaque des troupes turques. La mer est houleuse et des vagues, atteignant deux mètres, déferlent sur la plage qui est inaccessible aux plus petites embarcations. On peut craindre un instant que l'opération puisse être remise.
La mer se calme et à midi la Foudre fait route sur Port-Saïd avec 1 042 réfugiés, ; à 14 heures le d'Estrées part à son tour avec 459 personnes. Le Guichen embarque avant la nuit 1 320 réfugiés. Ce bâtiment reçoit l'ordre de rester au mouillage pendant la nuit pour exercer la surveillance de la vallée et de la plage.

En route vers Port Saïd.
Le 13 septembre, les trois bâtiments continuent l'évacuation par très beau temps, faible ressac ; le Guichen est d'abord complété et fait route, à 16 nœuds, sur Port-Saïd avec 1 941 Arméniens.

L'Amiral Charner rallie Port-Saïd dès la fin de l'opération, tandis que le Desaix continue sa croisière devant Ras el-Mina où les réfugiés et les blessés qu'il a recueillis sont transbordés le 14 sur le porte-avions Ann mis à la disposition de la 3e escadre par l'autorité britannique.

L'opération d'évacuation d'une population arménienne de plus de 4 000 personnes, a pu être effectuée malgré les difficultés dues au temps dans la journée du dimanche 12 et dans la matinée du lundi 13. Ce succès est dû à l'efficacité des tirs de bombardement exécutés par le Desaix et le Guichen qui ont fortement agi sur le moral des troupes turques, à l'entrain et au zèle remarquable de tout le personnel, aux dispositions judicieuses prises par le commandant du Desaix. A.B.

[Extraits du rapport du Contre-Amiral Darrieus, commandant par intérim la 2e Division, 3e Escadre de la Méditerranée].

30 novembre 2015

A lire : le Petit Quizz de la Grande Guerre

Pour terminer ce mois de novembre consacré à la Grande Guerre aérienne à Issy-les-Moulineaux, voici encore un livre, très original.



Grégoire Thonnat : l'auteur, professionnel de la communication, collectionneur et passionné d'histoire, a imaginé cette petite collection "le petit Quizz", aux éditions Pierre de Taillac.

Le petit Quizz de la Grande Guerre : 100 questions-réponses, une chronologie, une bibliographie, une rubrique "sites à visiter"… bref un livre tout petit format, plein de curiosités.

Parmi les 100 questions, un certain nombre se rapporte à la guerre aérienne. Par exemple :
- "Roland Garros, René Fonck, Jules Védrines, Alfred Heurtaux et Georges Guynemer, les as de l'aviation française, on un point commun, lequel ? "
- "Quand a lieu le premier combat aérien ?"
Alors ? Vous avez trouvé… PCB

Pour en savoir plus :

27 novembre 2015

La SFAN, constructeur d'avions à Issy

Nous terminons notre série d’articles sur les quatre constructeurs d’avions installés à Issy-les-Moulineaux, qui ont marqué à la fois l’histoire mondiale de l’aviation et l’histoire de notre ville. Si Nieuport, Voisin et Caudron se sont implanté avant ou au début de la Grande Guerre, le quatrième constructeur Isséen n’est arrivé qu’en 1935 mais nous avons souhaité l’évoquer malgré tout car il a marqué, lui aussi, l’histoire de l’aviation, mais cette fois « l’aviation populaire », comme on disait à l’époque.

L’installation de la SFAN à Issy

Louis Chasserio, ingénieur et ancien directeur des fabrications chez Nieuport, crée en 1935 la SFAN (société française d’aviation nouvelle) dont l’objet est la conception et la construction d’avions légers. Pour cela, la société débute avec la licence d’un petit motoplaneur conçu par la British Aircraft Corporation.

Les ateliers SFAN, dans les Hauts d'Issy. © XDR
Les ateliers sont installés dans les hauts d’Issy, 132 avenue de Clamart (aujourd’hui avenue du général de Gaulle), dans une immeuble alors récent où coexistent des logements et l’atelier de l’éditeur-imprimeur à vocation religieuse « Je sers ». Cet éditeur étant en difficultés financières, le local se trouve donc libre pour la SFAN (ci-dessus). L’immeuble est certes éloigné du terrain d’aviation mais le loyer est sans doute plus abordable et, surtout, il n’est pas utile d’avoir un immense atelier pour construire des petits avions de tourisme, faciles à transporter démontés – comme un planeur – sur le terrain d’essai (en l’espèce, à Moisselles et à Guyancourt).

Premier vol à Moisselles, juillet 1935. © XDR
En mars 1935, la société recrute un jeune ingénieur de 23 ans, également pilote, Jean Blazy (à gauche sur la photo - sa biographie a été publiée dans Le Point d’Appui d’avril 2011), qui va réviser complètement les plans de la licence et permettre ainsi la construction rapide de cette « avionnette » monoplace, baptisée SFAN 1, dotée d’un moteur de 25ch mais volant quand même à 90 km/h en croisière. Le premier vol se déroule à Moisselles, près d’Enghien, dès juillet 1935 (ci-dessus). Deux vols de longue distance vont rapidement placer l’avion sous les feux de l’actualité, d’abord un vol Le Bourget - Turin en septembre 1935 par le Capitaine Joseph Thoret, dit « Thoret-Mont Blanc », as de la guerre de 14 et spécialiste du vol en montagne, puis un second vol à deux avions, avec Thoret et Blazy, entre Moisselles et Sion en Suisse.
Une vingtaine d’exemplaires du SFAN 1 vont être construits dans les locaux d’Issy, qui s’avèrent adaptés et bien éclairés grâce aux grandes baies vitrées de l’ancienne imprimerie (ci-dessous).

Atelier des ailes, usine SFAN. Issy. © XDR
Atelier de fuselages, usine SFAN, Issy. © XDR
Atelier des ailes, usine SFAN. Issy. © XDR

La série se développe

1936, c’est bien sûr le Front Populaire mais c’est aussi le début de « l’aviation populaire ». Chacun rêve de piloter (voire de construire) son propre avion, sûr et peu cher. La SFAN, avec son avionnette, répond parfaitement à cette attente. Améliorant leur premier modèle, Chasserio et Blazy développent le SFAN 2, aux ailes repliables, qui rencontre un succès commercial …avec cette fois 25 exemplaires vendus (ci-dessous à droite). La société emploie alors près d’une centaine de personnes.

Le SFAN 2. © XDR
Profitant de ce succès, sont développées ensuite une version hydravion en septembre 1936, le SFAN 3, puis une version biplace avec double commande, le SFAN 4, proposée en avril 1936 aux écoles de pilotage (8 auraient été construits (ci-dessous) et, enfin, une version « de luxe », le SFAN 5, avec cockpit fermé.
Le SFAN 4. © XDR.
Mais la décision de l’État de ne pas verser les aides prévues aux constructeurs d’avions de petite puissance (moins de 200 ch), leur permettant ainsi de vendre moins cher leur production, a pour résultat, à la SFAN, de faire perdre 9000 francs par avion, puisque le prix de vente était baissé de 21 000 à 12 000 francs. 

S. Deutsche de la Meurthe.
L’activité de la société doit être fortement réduite, d’autant que Suzanne Deutsche de la Meurthe (à droite), qui apportait son soutien financier à la société, décède en novembre 1937. La SFAN réussit cependant à poursuivre ses activités grâce à des marchés d’État et la production sous licence d’avions d’autres constructeurs.

La Deuxième guerre mondiale

En 1939, un avion biplace d’observation d’artillerie, à décollage et atterrissage courts, le SFAN 11, est en construction sur programme d’État (ci-dessous). Il fait son premier vol le 13 janvier 1940 mais va disparaître dans la tourmente, emporté en Allemagne par l’occupant. 

Le SFAN 11. © XDR.

En 1939, la SFAN reçoit également une commande de Morane 230, dans le cadre du programme de guerre. La production requise de 50 exemplaires par mois ne pouvant être exécutée dans les ateliers d’Issy, la société loue alors des locaux rue Camille Desmoulins, près des établissements Nieuport, ainsi que des ateliers à Nevers.
En pratique, la SFAN cesse ses activités à Issy en juin 1940, employant alors près de 650 personnes. Au total, une cinquantaine de machines de sa création (hors Morane 230) aura été construite. Les locaux de Nevers semblent avoir été réquisitionnés par l’occupant.

Souvenirs

Que reste-t-il à Issy les Moulineaux de cette belle aventure ? Si l’ancienne usine a été aménagée en logements, fort heureusement, les grilles sur la rue ont été conservées avec les lettres SFAN (ci-contre)


Le Musée régional de l’air d’Angers conserve les 2 seuls exemplaires survivants, un SFAN 2 et un SFAN 4. Son président, Christian Ravel, a d’ailleurs donné une conférence sur ces avions au Musée de la carte à jouer en mai 2013. Un livre est en préparation. Un site mérite le détour :
http://www.musee-aviation-angers.fr

Jacques Primault
Nos vifs remerciements à Mme Madeleine Blazy, fille de Jean Blazy, résidant toujours à Issy ; à M. Connétable, ancien de Nord-Aviation et collectionneur spécialiste d’aviation ; et au service documentation du musée de l’air (source : « Préservation patrimoine aéronautique » bulletin n° 64-octobre 1999).

25 novembre 2015

A lire : Baron rouge et cigogne blanche

Après la stratégie de la guerre aérienne et les différents types d'avions, place aux As, ces pilotes d'exception qui prirent part à la Grande Guerre.



Patrick de Gmeline, l'auteur, est un des grands spécialistes de l'histoire militaire.

Baron rouge et cigogne blanche (Presses de la Cité, 2011) : Voici l'histoire des deux plus grands As de la Grande Guerre. L'Allemand, Manfred von Richtofen, surnommé le Baron rouge, tué au combat en 1918, qui comptabilise 80 victoires. Le Français, René Fonck, la Cigogne blanche, mort en 1953, qui sur son Caudron G4, totalise 75 victoires homologuées, mais qui aurait… selon les estimations actuelles descendu 142 appareils ennemis ! A lire et relire… PCB

22 novembre 2015

Les frères Caudron à Issy

Troisième volet de notre série sur les constructeurs d’avions implantés sur le terrain d’Issy, pour commémorer le centenaire de la Grande Guerre. 

Les frères


René Caudron. © XD

Gaston, né en 1882 (ci-dessous), et René Caudron né en 1884 (à droite), sont fils d'agriculteurs implantés à Romiotte dans la Somme. Très tôt intéressés par l'aviation, ils construisent d’abord un planeur dans la ferme familiale puis ouvrent ensuite une école de pilotage au Crotoy. En parallèle, ils implantent un atelier de construction dans la commune toute proche de Rue. Pour être plus complets, ils apprennent à piloter, René obtenant le brevet n°180 le 9 août 1910 puis Gaston le brevet n°434, le 3 mars 1911.


Gaston Caudron. © XDR
L’école de pilotage à Issy…

En 1911, ils ouvrent une seconde école de pilotage à Issy-les-Moulineaux, dans l’un des nombreux hangars-ateliers qui entourent le terrain. Cette école est complétée, en 1912, par un atelier situé à l’intersection des rues Rouget-de-Lisle et Camille Desmoulins, où ils emploieront jusqu’à 13 ouvriers avant la guerre. En 1913, leur école, jusque-là civile, forme également des militaires.


… puis l’implantation d’une usine en 1914

Début août 1914, les deux frères et la plupart des personnels de Rue sont mobilisés. Il ne reste plus que 16 personnes, des jeunes et des retraités. Mais le front se rapprochant, ils reçoivent fin août l’ordre de démonter tout le matériel et de le charger sur des wagons. Après deux jours et deux nuits de voyage, ils arrivent comme prévu à Issy, avant d’être dirigés sur… Lyon-Montplaisir ! Après six jours de voyage, les ouvriers retrouvent Gaston qui, ayant obtenu un sursis, est en cours d’installation d’ateliers dans une ancienne usine automobile Baron-Vialle. Mais on s’aperçoit rapidement que cette usine manque de surface et ne peut répondre à la demande. 


L'usine d'Issy, côté terrain. © XDR

L'usine d'Issy, côté rue. © XDR

C’est pourquoi, le 1er novembre 1914, René est rappelé par le ministère pour construire une autre usine à Issy. La construction prend plusieurs mois, avec une usine principale, située aux n° 52 à 70 rue Jean-Jacques Rousseau (la façade terrain ci-dessus ; la façade rue ci-contre), aujourd’hui rue Guynemer (occupée plus tard par Thomson CSF) et une annexe aux n° 56-58 Boulevard Galliéni (occupée plus tard par Aérazur).

A compter de 1915, cette usine, dirigée par René, se limite au montage des appareils et de leurs éléments. Les toiles ne sont pas vernies à Issy. L’usine sort trois G3 par jour, parfois jusqu’à six (ci-dessous). Les pilotes Chanteloup et Poulet, bien connus à l’époque pour leurs prouesses d’avant-guerre, assurent les vols d’essai.

Monomoteur d'observation G3 Caudron. © XDR
Mais le 12 décembre 1915, Gaston se tue sur l'aérodrome de Lyon-Bron, au cours d'un vol de présentation du bimoteur R4, bien que le ministère ait demandé aux constructeurs de ne pas voler.
Gaston avait à cœur de faire les essais lui-même voire de livrer les avions dans les formations, pour les présenter en vol aux pilotes.
Désormais, René assure seul la direction de la société. Les deux usines d’Issy vont occuper 9000 m2 et employer jusqu’à 1300 ouvriers (ci-dessous).

Les ateliers de l'usine d'Issy pendant la guerre. © XDR

Les ajusteurs, usine d'Issy. © XDR

Les usines de Lyon et d’Issy vont produire près de 4 000 appareils, dont les célèbres G3, monomoteur d’observation du champ de bataille, les bimoteurs d’observation et de bombardement G4/R4 à partir de 1915 (2 versions : la G développée Gaston et la R par René - ci-dessous), ainsi que les C23 de bombardement à la fin de la guerre. Comme d’autres grands constructeurs, leurs avions sont également construits sous licence par d’autres sociétés, mais sans que René Caudron ne réclame de redevance, par patriotisme.

L'après-guerre

En 1918, comme dans toute l’industrie militaire, la fin de la guerre entraîne une diminution brutale des commandes de l’État. René Caudron essaye de conserver ses ouvriers en se diversifiant, notamment dans la construction de tombereaux, pour écouler son important stock de bois. Mais il doit se résoudre à baisser ses effectifs des deux tiers au début des années 1920 et à fermer l’usine de Lyon pour mieux poursuivre son action, cette fois dans l’aviation de transport et de tourisme, puis dans les avions de course avec Renault.

[La société est nationalisée en 1945 et rattachée à la SCAN. En 1950, la SCAN quitte Issy et vend les usines à la société Sadir-Carpentier, intégrée à CSF en 1957, devenant Thomson-CSF en 1968. Les locaux sont fermés à la fin des années 80. René Caudron décède le 27 septembre 1959 à Saint-Cloud]. Jacques Primault.

Bimoteur d'observation et de bombardement G4/R4 Caudron.  Peinture de Paul Lengellé. © XDR

Mes remerciements à Karine Bellard, du musée de Rue (Somme) : http://aama.museeairespace.fr/amismuseeair/pages/musee_des_freres_caudron.html

Ce texte sur les frères Caudron complète un premier article que nous avions diffusé en 2012 :

19 novembre 2015

Conférence - Du champ d'aviation aux usines aéronautiques

Denis Butaye, au micro. Derrière lui, à gauche : Jacques Primault ; à droite : Denis Hussenot, notre trésorier.
© R. Barrière 

La grande salle du Musée français de la carte à jouer - un grand merci à Denis Butaye, son directeur (ci-dessus) - était pleine en ce mercredi 18 novembre en fin d'après-midi pour écouter notre conférencier Jacques Primault (ci-dessous) raconter comment Issy-les-Moulineaux, notre commune, est devenue le "berceau de l'aviation", comment de grandes familles (les frères Nieuport, les frères Voisin et les frères Caudron) sont venues installer leurs ateliers, puis leurs usines d'avions à la veille de la Grande Guerre, et le rôle qu'ils ont joué dans les tout débuts de la guerre aérienne.

Jacques Primault, le conférencier. © R. Barrière

Appuyé par de nombreux documents (photos, cartes postales, plans) qui rendaient ses propos très attrayants, Jacques - l'auteur de tous les articles publiés sur le site ce mois-ci, donna quelques chiffres très intéressants :
- surface du champ de manœuvres, utilisé par les aviateurs, à l'époque : 63 hectares. Surface de l'héliport aujourd'hui : 6 hectares.
- nombre d'avions Caudron sortis des usines d'Issy pendant la Grande Guerre : 3 à 6 avirons par jour.
- nombre d'avions Voisin sortis des usines pendant la Grande Guerre : 3000 pendant les cinq ans de guerre.
- première victoire française : un avion Voisin, du côté de Reims le 9 octobre 1914.

Un grand merci encore à tous ceux qui nous donnent la possibilité de découvrir ainsi l'histoire de notre commune. PCB

La grande salle du Musée français de la carte à jouer. © R. Barrière




18 novembre 2015

A lire : Avions de la Première Guerre mondiale

Alors que la conférence de Jacques Primault vient de se terminer au Musée français de la carte à jouer, sous des applaudissements bien nourris, continuons à visiter la bibliothèque idéale de l'amateur éclairé des livres d'aviation de la Grande Guerre.



Jack Herris, l'auteur, ancien pilote de l'US Navy, historien spécialisé dans l'aviation de la Première Guerre mondiale, a publié plusieurs ouvrages sur le sujet.

Les avions de la Grande Guerre (éditions de l'Acropole, 2014) :  le livre offre un panorama complet de l'évolution des différents appareils tout au long du conflit : avions de chasse, appareils de reconnaissance, bombardiers de jour ou de nuit, sans oublier les célèbres zeppelins. Tous les avions de l'époque sont présentés, accompagnés de leurs caractéristiques techniques et individuelles, de résumés de leurs exploits, et des noms de leurs pilotes. On y retrouve les plus illustres pilotes, Fonck, Guynemer, les frères Manfred, ou encore le fameux Baron Rouge. PCB

16 novembre 2015

Conférence sur l'aviation à Issy - 1907-1918

Nous vous attendons nombreux le mercredi 18 novembre, à 18h30, 
au Musée français de la Carte à jouer. Notez bien la date dans vos agendas !



Jacques Primault sera notre conférencier. 
Le temps d'une soirée il nous fera revivre : 

- le champ de manœuvres implanté en milieu urbain,
- les premières baraques ateliers
- les grandes usines Nieuport, Voisin et Caudron, qui vont tourner à plein régime durant la Grande Guerre
- les  avions de ces trois constructeurs isséens durant la Grande Guerre…






13 novembre 2015

Gabriel et Charles Voisin à Issy

Second article de notre série, la saga des frères Voisin.

Gabriel (à gauche) ; Charles (à droite). © XDR
Gabriel Voisin, né le 5 février 1880 à Belleville-sur-Saône, fait preuve dès son plus jeune âge d'une ingéniosité et d'un sens aigu de la mécanique (photo1 à gauche). Son frère Charles naît le 12 juillet 1882 à Lyon. A l'Exposition de 1900, « l'Avion » de Clément Ader est, pour Gabriel, une véritable révélation.

La société à Boulogne mais les premiers vols à Issy

Le 8 avril 1904 à Berck-Plage, Gabriel Voisin réussit des vols de 10 à 25 secondes sur un planeur qui lui est confié. Il construit ensuite son propre planeur et projette de le tester le 26 mars 1905, à Issy-les-Moulineaux. Avant son vol, un essai avec lest et sans pilote, tracté par une automobile, lui est demandé. Le planeur décolle puis se brise en plein vol. Il vient d’échapper à la mort (photo ci-dessous).

Décollage du planeur, tiré par une automobile. © XDR

Sans attendre, Gabriel lance la construction d’un nouvel aéronef monté sur deux flotteurs pour effectuer, cette fois, les essais sur la Seine afin de diminuer les risques pour le pilote. Le 8 juin 1905, tiré par le canot automobile La Rapière de Tellier, le planeur piloté par Gabriel s'envole du pont de Sèvres et effectue un vol remorqué entre 16 et 20 m d'altitude avant de se poser, à 600 m de là, près du pont de Billancourt. Après ce succès, une collaboration débute avec Blériot, dans des ateliers installés rue de la Ferme à Boulogne, mais elle sera de courte durée. 


Charles rejoint Gabriel et les deux frères créent alors la société « Les Frères Voisin-Appareils d'aviation » (ci-dessus). En mai 1907, un jeune homme aisé qui s'est fait un nom dans le sport, Henry Farman, se présente aux frères Voisin et signe avec eux, le 1er juin, un contrat en bonne et due forme pour un avion de leur fabrication équipé d'un moteur Antoinette de 50 ch et payable 12 000 francs après réussite d'un vol de réception : « Cet appareil doit faire 1 kilomètre en ligne droite; au cas contraire, M. Farman ne devra rien à M. Voisin. ». Son intention est de concourir pour le fameux prix de 50.000 francs-or offert par deux mécènes français Archdeacon et Deutsch de la Meurthe. 

Farman, le 13 janvier  1908. © XDR
Le 13 janvier 1908 au matin, un peu après 8 heures, « Monsieur Henry » décolle en quelques mètres le Voisin-Farman n° 1 bis, franchit la ligne de départ devant les contrôleurs officiels (ci-contre), vire 544 m plus loin, à la balise, avec une maîtrise absolue, et atterrit à l'emplacement même qu'il a quitté 1 mn 28 s plus tôt. Le Grand Prix est gagné et la nouvelle se répand instantanément dans Paris.
En mai 1908, ils déménagent et s'établissent au 34 quai du Point-du-Jour, toujours à Boulogne. Comme les autres constructeurs, ils utilisent un hangar-atelier au bord du terrain d’Issy. En décembre 1910, le Voisin « Militaire », biplan aux ailes non cellulaires cette fois, vole pour la première fois à Issy.

L’installation à Issy

Suite aux inondations de l'hiver 1909-1910 et aux détériorations qui en résultent dans leurs locaux, les deux frères décident de quitter Boulogne. Gabriel repère un grand terrain à Issy qui correspond parfaitement à son programme, au 36 boulevard Gambetta (aujourd’hui 6 bd des Frères Voisin), en bordure sud du champ de manœuvres. Il loue (avec promesse de vente) puis achète la moitié du terrain alors disponible pour construire l’établissement principal, l’atelier de forge et le dépôt d’hydrocarbures. (ci-dessous) Les travaux de construction avancent rapidement, malgré la défection de Charles, qui a abandonné la société en 1910, alors en plein essor, pour voyager en compagnie de la baronne de Laroche, première femme aviatrice en France le 8 mars 1910.

Les ouvriers à l'entrée des ateliers isséens. © XDR
Grâce à ce rapprochement géographique, il n'est plus besoin de déplacements longs et coûteux – avec notamment le passage acrobatique du muret d’enceinte (ci-dessous) - pour procéder aux essais en vol et aux livraisons : une fois le boulevard traversé, l'avion est sur le terrain, prêt à décoller. C'est dans ces conditions particulièrement propices que sont conçus et améliorés les Voisin « Militaire », dans le but de capter un marché dont l'enjeu se chiffre par dizaines d'appareils. Sur la lancée, Gabriel achète d’ailleurs en février 1912 la seconde partie du terrain devenue disponible.

Le passage acrobatique du muret. © XDR
Malgré le décès de Charles le 26 septembre 1912 dans un accident d'automobile, Gabriel développe l’entreprise avec les premières commandes du Voisin Militaire (35 exemplaires). Il acquiert en 1913 un nouveau terrain, cette fois en bordure est du champ de manœuvres, au 46 rue Jean-Jacques Rousseau (devenue rue Guynemer), entre la rue et le champ de manœuvres (zone des HLM de la Ville de Paris). Il y construit ce qui va devenir l’usine « annexe » avec la chaudronnerie. Les avions construits peuvent désormais accéder directement à l’aire d’essai et d’envol.

En 1913, Voisin entreprend des essais d'armement sur plusieurs prototypes dont le fameux Voisin Canon (canon de marine Hotchkiss de 37 mm pesant 100 kg et placé tout à l'avant de la nacelle centrale, ci-dessous). Le prototype est abandonné afin de consacrer la totalité des moyens de production à la série.

Le fameux Voisin Canon… jamais exploité. © XDR

La guerre

En août 1914, deux escadrilles, la V.14 et la V.21 soit 12 appareils (sur un total de vingt-six escadrilles, 132 appareils), sont équipées du bombardier Voisin, dans ses dérivés L.11 puis type III. En octobre 1914, le Voisin III est choisi pour équiper toutes les formations, compte tenu de sa robustesse et de sa puissance. Pour faire face aux demandes françaises et étrangères (Grande Bretagne, Belgique, Russie), cet avion est également construit sous licence par Breguet, Esnault-Pelterie et Nieuport). Les marchés s’accélérant, les alignements de bombardiers sont bien visibles à Issy (ci-dessous), avant d’être ensuite répartis et affectés dans les escadrilles.

Alignements de bombardiers sur le terrain d'Issy - 1914. © XDR
La première victoire aérienne française est obtenue par le pilote Frantz et le mécanicien Quenault (à droite)le 5 octobre 1914, sur cet avion, armé d’une mitrailleuse d'infanterie Hotchkiss de 8 mm, en abattant un Aviatik dans la région de Reims. 
Frantz et Quenault. © XDR
En 1915, l’usine emploie 797 personnes. Mais, fin 1915, cet avion d’observation et de bombardement, lors des grandes expéditions sur l’Allemagne, est désormais surclassé par la chasse allemande. Il passe alors au bombardement de nuit. Durant les hostilités, Gabriel Voisin produit dix-huit modèles différents d'avions. Beaucoup servent sous les cocardes de plusieurs pays alliés : Grande-Bretagne, Belgique, Italie et Russie.
En France, plus de trois mille Voisin de types divers sont construits en quatre ans pour l'Aviation militaire et l'aéronautique de la Marine nationale. Un millier d'ouvriers travaillent alors dans les usines (ci-dessous).

Dans les ateliers Voisin d'Issy. © XDR
Voisin développe aussi des bombardiers lourds, triplans, mais qui ne seront pas sélectionnés par les armées ou arriveront trop tard (ci-dessous).

Le triplan Voisin de 1915. © XDR
Dès avant l'armistice, alors que ses usines tournent à plein, Gabriel Voisin, déçu par les atermoiements de l'administration sur ses derniers projets, décide d'abandonner la construction aéronautique sitôt la guerre terminée. II envisage la construction de maisons préfabriquées économiques et confortables, destinées aux régions du Nord et de l'Est dévastées par la guerre. Mais il se heurte à l'hostilité des entrepreneurs du bâtiment et abandonne ce projet. Sans se décourager, il se lance ensuite dans la construction en série d'une voiture légère. La production est rapidement organisée et, dès novembre 1918, le premier châssis sort de son usine d'Issy-les-Moulineaux. Vingt sept mille deux cents véhicules suivront. C’est le début d’une aventure industrielle qui va rendre la marque Voisin mondialement connue.
Gabriel Voisin s'est éteint le 25 décembre 1973 à l’âge de 93 ans, à Ozenay (Saône). Jacques Primault

Vous pouvez retrouver sur notre site : 
- la baronne de La Roche