30 juin 2015

3 juillet 1815 : la fin des Cent-Jours tout près d’Issy


Combats de Rocquencourt, début juillet. L’avant-garde prussienne poursuivie depuis Vélizy par Exelmans et ses cavaliers y est défaite. C’est l’ultime victoire française qui n’a pu empêcher la capitulation le 3 juillet

Après la défaite française le 18 juin à Waterloo - dont vous avez peut-être suivie la grande reconstitution cette année du bicentenaire -, Napoléon 1er revient à Paris où il abdique le 22 juin au palais de l’Élysée. Il se réfugie à Malmaison pour se recueillir dans le souvenir de Joséphine mais doit partir car les Prussiens du maréchal Blücher (1742-1819) arrivent vers la capitale en la contournant par l’ouest. L’Empereur prend alors le chemin définitif de l’exil vers Sainte-Hélène.

La situation politique est très confuse car Louis XVIII n’est pas encore de retour et il faut défendre Paris contre les armées ennemies tout en négociant une fois de plus. Davout (à droite), ministre de la Guerre depuis le 20 mars 1815, organise la résistance militaire. Louis Nicolas Davout (1770-1823) duc d’Auerstaedt et prince d’Eckmühl, général de division pendant la campagne d’Égypte, maréchal en 1804, s’illustre particulièrement par sa résistance face aux Russes en 1813 et 1814 à Hambourg. Ministre de la Guerre pendant les Cent-Jours, il tombe en disgrâce le 14 juillet 1815. Pourtant, il rentre à la Chambre des Pairs en 1819.

Davout envoie donc Exelmans (à gauche) à l’ouest pour tenir tête aux ennemis. Rémi-Joseph Exelmans (1775-1852) participe aux guerres de l’Empire et devient général après Eylau. Fait prisonnier par les Britanniques en Espagne, il s’évade et il revient en France en 1812. Il prend part aux campagnes en 1813 et 1814. Pair de France pendant les Cent-Jours, il combat les Prussiens de Blücher dans les environs de Versailles où les combats font rage ; des hussards prussiens chassés de Vélizy sont battus à Rocquencourt par les Français. Mais la guerre se rapproche d’Issy tant dans les bois de Meudon qu’au Bas-Meudon jouxtant le quartier de la Ferme. La situation est intenable et la capitulation française est signée au château de Saint-Cloud, siège de l’état-major de Blücher. Le village d’Issy est d’ailleurs occupé par les Prussiens jusqu’à la fin de l’année. Exelmans accède à la dignité de maréchal en 1851 et meurt l’année suivante à la suite d’une chute de cheval.

Le second traité de Paris en novembre est léonin pour la France : retour aux frontières de 1791 avec la perte de la Sarre, de Landau en Rhénanie et de la Savoie sans compter l’occupation de places fortes (jusqu’en 1818) et le versement de lourdes indemnités pour dommages de guerre.
Sur le plan intérieur, c’est la seconde Restauration. Le 6 juillet à minuit,Talleyrand et Fouché rejoignent Louis XVIII à Saint-Denis ; « le vice appuyé sur le bras du crime » selon la célèbre formule de Châteaubriand. Ils font allégeance au roi qui peut revenir dans la capitale. C’est également la « Terreur blanche » des règlements de compte visant républicains et bonapartistes ainsi que l’élection de la « Chambre introuvable » ultra (plus royaliste que le roi).         P. Maestracci

Ph. XDR




NOTEZ DÈS AUJOURD'HUI DANS VOS AGENDAS

Le dimanche 20 septembre, au Musée français de la Carte à jouer, Alain Pigeard (à gauche), historien, écrivain et conférencier, président du Souvenir napoléonien, viendra vous raconter les derniers jours de cette bataille, notamment la journée du 3 juillet 1815, à Issy, prise d'assaut la veille par la 1re brigade du général prussien von Steinmetz.



25 juin 2015

Le patrimoine industriel d'Issy

Deux Isséens nous proposent une vidéo sur les grandes entreprises industrielles installées au siècle dernier dans notre commune - du texte, quelques photos… mais pas de musique d'accompagnement pour des raisons de droits !



Découvrez donc l'histoire de quelques établissements qu'Historim vous a déjà fait découvrir et, parfois même, visiter - comme la Manufacture dont un certain nombre d'Historimiens ont eu du mal à se remettre !

- Gévelot
- Lefranc-Ripolin
- SEV-Marchal
- Blanchisserie de Grenelle
- la TIRU
- Manufacture de Tabacs
-  Compagnie des Lampes électriques
- Centrale électrique

Merci à MH et BH

20 juin 2015

L'Hermione à Yorktown

Vous allez me dire… que vient faire l'Hermione à Issy-les-Moulineaux. Et pourtant, souvenez-vous de l'article sur Rochambeau, l'Isséen de la Révolution américaine :
 http://www.historim.fr/2015/01/guy-de-rochambeau-lisseen-fils-de-la.html#uds-search-results


L'Hermione à Yorktown, sur la côte Ouest américaine, début juin 2015. Ph. US Navy
Et bien ce magnifique voilier sur lequel partit La Fayette, reconstitué à Rochefort, est arrivé aux États-Unis. Elle a accosté à Yorktown (ci-dessus),  là où Rochambeau s'est illustré avec Washington et La Fayette qui avait armé la Frégate de la Liberté, en 1780.
Pour suivre son itinéraire : http://www.hermione.com/voyage/localiser-l-hermione/

Merci à notre Historimien Jean-Claude Malterre pour ces informations.

17 juin 2015

Les oiseaux de l'Île Saint-Germain

Martin pêcheur. © D. Joye
Le parc de l'île Saint-Germain, vous connaissez ? Peut-être avez vous l'habitude d'y faire votre jogging ou de vous y promener en famille. Vous avez sûrement apprécié le charme des 22 hectares de ce parc, et le contraste savamment entretenu entre jardins fleuris et espaces sauvages. Historim avait consacré tout l'été 2011 à la découverte botanique de cet ancien terrain militaire (du jardin des lavandes au jardin antérieur, en passant par le jardin clos -http://www.historim.fr/2011/07/ile-st-germain-les-jardins-clos.html).

C'est à une autre découverte que vous convie Denis Joye. La création du parc de l’île Saint-Germain en 1980 a permis de préserver, tout près de chez vous, un magnifique écrin de biodiversité. Savez vous que la gestion différenciée du parc, vous donne la possibilité d'observer près d’une soixantaine d’espèces d'oiseaux sur l'année.

Bouvreuil-pivoine. © D. Joye
Si vous souhaitez écouter le chant de la grive musicienne, observer la gracieuse bergeronnette des ruisseaux, admirer les couleurs exceptionnelles du bouvreuil pivoine ou du martin-pêcheur, je vous propose de m'accompagner. Agissant bénévolement pour la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux), j'organise un samedi par mois, une visite gratuite du parc. Si vous souhaitez participer, il vous suffit de vous inscrire. Vous trouverez le calendrier des visites et toutes les informations utiles sur : 
Faites vite avant l'été, deux dates encore : 20 juin et 11 juillet ! Denis Joye


Bergeronnette. © D. Joye

15 juin 2015

Maximilien Luce peint Issy

La Seine au pont d'Issy, Maximilien Luce (1920). œil. Château de Sceaux, Ph. Pascal Lemaître
Maximilien Luce (1858-1941), peintre et graveur, pointilliste à ses débuts, expose dès 1889.
Militant libertaire, ayant assisté au drame de la Commune en 1871, ses activités politiques lui valent d'être incarcéré à la prison Mazas à Paris quelques mois en 1894. Il en profite pour faire toute une série de tableaux sur la vie carcérale. De 1890 à 1914, il écrit dans des journaux anarchistes, comme le Père Peinard. Il disait : "Qu'il vienne donc une révolution, j'espère, si je ne suis pas un lâche, que j'en serais, et ma foi, je crois que j'aurais du bonheur à me faire casser la gueule pour cette idée à laquelle je crois".
Il aime peindre des des scènes ouvrières ; pendant la Grande Guerre, il s'exprime contre les horreurs des combats.
Élu président de la Société des artistes indépendants, en 1935, il milite contre le fascisme et démissionne en 1940 pour protester contre la politique antijuive de Vichy.
Installé dans la petite commune de Rolleboise en Ile de France depuis 1917, c'est là qu'il s'éteint en 1941 et repose avec son épouse.  PCB.

11 juin 2015

Le Foyer des Jeunes travailleurs de la Plaine (FJT)

Précision 
Le FJT de la Plaine est, juridiquement, une association, qui s'appelle « Association les jeunes de la Plaine/// Résidence FJT. Adresse : 6, rue Charlot, Issy-les-Moulineaux.

L’histoire de la construction du Foyer des Jeunes Travailleurs 
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, pendant les Trente Glorieuses, la France a devant elle une immense tâche de reconstruction. D'ailleurs, un ministère porte ce nom, montrant ainsi la volonté politique qui prévalait à l'époque : cette reconstruction touche aussi bien les chemins de fer et les routes que les logements, les ports, etc. En même temps, les entreprises ont besoin de main d'oeuvre : une partie est venue de l'étranger - essentiellement des pays du Maghreb - et l'autre des campagnes françaises, ce que l'on a appelé« l'exode rural » à partir des années 50.
La Région parisienne où les entreprises étaient nombreuses avaient besoin de travailleurs mais les logements manquaient, ce qui a favorisé l’apparition de « logements » précaires : les bidonvilles (comme par exemple celui de Nanterre). L'abbé Pierre, en 1954, dénonce les conditions inhumaines de ces logements et lance l'action que tout le monde connaît.

À Issy-les-Moulineaux, proche des usines Renault (Boulogne-Billancourt) et de Citroën (Paris 15ème ), le problème était patent : il y avait besoin de logements pour ces travailleurs.  Il y eut, d'abord, l'initiative de quelques familles qui vont créer une association familiale dont l'une des tâches a été d'organiser un camp de vacances pour les familles et les enfants du quartier de la Plaine, au cap Ferret, le camp de l'Arbousier. Cette initiative, soutenue par le père François du Plessis, est prolongée par la construction, derrière l'église Notre-Dames des Pauvres, d'un bâtiment (29 Boulevard Galliéni) et d'un autre, 6 rue Charlot (ci-dessous) destiné aux locaux paroissiaux et, au-dessus, à des logements pour une quarantaine de jeunes garçons qui venaient trouver à Paris une formation et un emploi.

Entrée de la résidence, 6 rue Charlot. La mosaïque, avec ses traits noirs
et ses a-plats colorés évoquent certains tableaux de Mondrian. Ph. P. Maestracci
Mais ce ne fut pas seulement un immeuble d'habitation : sous l'impulsion de jeunes qui crééent une association (« les Jeunes de la Plaine ») et d'un directeur-animateur (Maurice Humeau), une vie originale s'organise, le projet de vie de chacun s'élabore au contact des adultes du Conseil d'administration de l'association et de celui des autres jeunes du Foyer ainsi que lors des activités culturelles, sportives, sorties, soirées organisées pour eux et avec eux.
Cette « âme » du foyer est toujours là : les responsables actuels du foyer, les permanents et les jeunes eux-mêmes en sont très conscients ; les anciens du FJT se retrouvent dans certaines occasions ; certains sont membres du Conseil d'Administration où ils siègent avec des jeunes résidents (maintenant il n'y a pas que des garçons car la mixité est de règle).


Le FJT en dates
Le FJT qui a fêté ses 50 ans, ce qui est remarquable, a évolué depuis sa création.
En 1963, il comptait 44 lits : des chambres à 3 avec 2 lavabos, 1 salle à manger collective avec une cuisine (il y avait une personne pour cuisiner), 1 salle de séjour avec cheminée et banquettes, 1 salle de travail pour les cours du soir, 1 salle-bibliothèque, 1 bureau. Les jeunes garçons de 1963 ont entre 17 et 20 ans et travaillent 45 heures par semaine (dont près de 64% en usine, 20% dans le bâtiment, etc. ). Ils viennent de la campagne, d'autres des Antilles, d'Algérie et du Portugal (très peu d'Ile-de-France). Les objectifs du Foyer sont d'accueillir, héberger, conseiller et accompagner.

En 2009, les résidents sont informés de la fermeture programmée du foyer qui doit se mettre aux normes en vigueur et se transformer. Il reste fermé pendant plus d'une année à partir de juillet 2010 jusqu’en 2011.

Le nouveau FJT est conçu comme une résidence partagée. Sa capacité est de 24 jeunes en chambres individuelles. Celles sont organisées en « unités » qui, chacune regroupent environ 5 chambres . Chacune de ces unités dispose d'une salle à manger équipée. Chaque chambre comporte une salle de bain avec douche et toilettes.  Le jeune résident doit pouvoir construire les conditions d'accès à son autonomie économique et sociale ; il apprend à habiter , vivre et construire ensemble. C'est un lieu de transition entre la fin de l'adolescence (16/18 ans) et le début de l'âge adulte (18/25ans) qui se fait de façon collective et « intergénérationnelle ».

Des projets pour demain
Plusieurs projets de résidence sont en voie de construction ou d'achèvement et seront gérés par le FJT de la Rue Charlot.
+ La Résidence FJT du 220 avenue de Verdun à Issy-les-Moulineaux : 20 studios essentiellement pour des jeunes majeurs de 18/25 ans et quelques jeunes en couple. Elle a ouvert à l'été 2014.
+ La Résidence FJT du 28 rue de Lorraine ( Paris, XIXe) : une vingtaine de chambre pour jeunes de 18/25 ans engagés dans un projet professionnel. L'ouverture est prévue fin 2015.
+ La Résidence FJT, rue du Dr. Arnaudet, à Meudon : 50 chambres pour des jeunes entrant dans la vie active entre 16 ans (apprentissage) et 25 ans.


Gouvernance
L'association qui gère le FJT a un président (Mr. J.P. Fondère) assisté d'un CA. Mme Bernard est directrice permanente du FJT.
L'activité d'accueil et d'accompagnement des jeunes est soutenue par la CAF du département et le Conseil Départemental des Hauts-de-Seine.
L'action de l'Association est soutenue par la Ville d'Issy-les-Moulineaux.
Paul Druzet

Pour en savoir plus :

8 juin 2015

Andrée, ange gardien du quartier Corentin Celton

Andrée, juillet 1995, à la veille de la retraite.
Coll. familiale
La Seconde Guerre mondiale
Andrée est d’origine normande. Elle habitait la ferme familiale avec son père et ses sœurs dans un petit village près de Vire dans le Calvados. Elle a connu la Libération pendant l’été 44 car Arromanches se trouve à environ 60 kilomètres. « Cela mitraillait… on a été pas mal mitraillé » se souvient-elle. Une cousine et sa fille ont péri lors des combats. Une autre a eu la jambe arrachée ; Andrée qui admirait son courage, faisait 20 kilomètres en vélo pour aller la voir. Quatorze jeunes qui faisaient les foins furent tuées lors d’un raid de la RAF (Royal Air Force). Durant cette période, Andrée et sa famille trouvèrent refuge avec une quarantaine de personnes dans la ferme de cousins. Un chemin creux, recouvert chaque soir de branches fraîches pour le camouflage, servait de tranchée et surtout d’abri. Parmi ces réfugiés, une femme cachait depuis des mois un aviateur américain. Tout à coup : « Les Américains sont là ! » et tout le monde se précipite. « Comme dans une opérette, ils avaient une belle tenue, ils étaient contents et balançaient du chewing-gum ».

Les premières années à Issy
Elle quitte l’école à 14 ans pour gagner sa vie. Elle ne veut pas rester dans la ferme familiale ni s’occuper des vaches laitières. Elle lit une petite annonce dans un journal et trouve une place de femme de chambre dans une famille parisienne vivant près du Louvre. Elle allait aux Halles de Baltard faire son marché. Elle vient habiter Issy-les-Moulineaux en 1952. « Tentée par le commerce », elle travaille avec sa copine Josette, au magasin d’alimentation Félix Potin (disparu) au début du boulevard Voltaire. Une partie de la clientèle était fournie par les vieilles dames des Petits-Ménages (maison de retraite devenue l’hôpital Corentin Celton). ). L’épouse d’un policier, la voyant gérer avec savoir-faire la file de clientes devant sa caisse lui lance : « Vous devriez mettre un habit de gendarme avec vos petites grands-mères. Vous savez qu’il y a des femmes dans la police ? ».
Sur recommandation d’une dame en vacances dans son village, elle devient serveuse dans une brasserie place Victor Hugo (Paris, XVIe). Puis Andrée choisit d’élever ses enfants mais, en 1968, elle envoie sa candidature au commissariat de Boulogne-Billancourt. Elle est ensuite convoquée à la Préfecture de Police à Paris, suit une formation au CAPU (Centre de Formation des Personnels en Uniforme) dans le bois de Vincennes pendant deux mois. Un ancien mannequin qui avait défilé pour Dior et Nina Ricci fait partie des recrues. Andrée déclare en conclusion que « ça m’a plu ». Le 21 septembre 1969, elle est rattachée au commissariat d’ Issy-les-Moulineaux qui se trouvait encore avenue Jean Jaurès. Elle évoque « de bons souvenirs …une ambiance formidable ».

"Madame Sifflet" à Corentin Celton
Affectée à la protection du collège Matisse 27 rue Renan, c’est « l’arrivée de la dame en bleu pour 26 ans et 42 jours » qui a « un souvenir formidable de ce quartier » Corentin Celton qu’elle connaît bien. À l’emplacement d’un immeuble plus récent près du passage de l’industrie, se trouvaient plusieurs magasins : du 31 au 33, une boucherie chevaline, l’épicerie Le Comptoir Français, la boulangerie Souesme (dont la devanture est conservée au Musée Français de la Carte à Jouer), une libraire et la bijouterie Dubois. De l’autre côté de la rue au 42, le magasin de bricolage a laissé place à une banque.
Le premier jour de sa prise de fonction, Andrée trouve « rigolo » d’aller au milieu de la rue Renan encore à l’époque à double sens pour faire traverser les piétons. C’est sous le contrôle d’un officier de police venu en vélo de Boulogne-Billancourt. Le lendemain lorsqu’elle lève brusquement le bras pour arrêter la circulation, un automobiliste qui se croit malin s’écrie : « Il ne nous manquait plus que ça ! Tu ferais mieux d’aller raccommoder tes chaussettes ! ». En revanche, les gendarmes mobiles qui passaient en car vers la porte de Versailles la saluaient en passant, ce qui faisait rire un médecin respecté du quartier quand il traversait pour aller chercher sa baguette de pain. Une autre anecdote concerne le surnom de « Madame Sifflet » que lui donnait un SDF du quartier lorsqu’il s’inquiétait de ne pas la voir.
Après la sortie des collégiens, Andrée allait assurer la circulation au croisement de l’axe boulevards Gambetta et Voltaire croisant les rues Renan et général Leclerc. « Jamais un accident », c’est sa fierté. Elle n’allait à Paris que pour les besoins du service, visites médicales et uniformes à récupérer.
Elle fut la protectrice des enfants et des plus grands du quartier, rassurés par sa présence et réconfortés par son sourire, son autorité et son humour. Si certains garnements en hiver lui ont lancé des boules de neige avec un caillou caché, d’autres « ses fidèles » venaient bavarder « de chose et d’autre » à la sortie des cours. Les contacts furent « très bien » avec les deux principales successives, la secrétaire et certains professeurs du collège Matisse ainsi qu’avec le personnel de l’école maternelle Renan.

La retraite
Lors de son départ en retraite, il y eut une petite réunion amicale avec fleurs et cadeaux. Andrée fut remplacée quelque temps par des policiers. Puis ce fut la mise en service de feux tricolores, certes prompts à interrompre le flux des voitures mais sans une petite phrase ni un sourire pour la traversée de la rue Renan désormais à sens unique.
« La chance que j’ai eue, c’est de travailler dans le quartier… Issy, c’est mon port d’attache. ». Ces déclarations serviront efficacement de conclusion. P. Maestracci


4 juin 2015

L'extraordinaire aventure de FAHRENHEIT-MJC

J'ai été, dès sa création en 1965/1966, membre de la MJC et y suis resté jusque vers la fin des années 90. J'ai été membre élu du CA pendant 17 ans (ou 16, je ne me souviens plus). J'ai suivi la MJC dans ses différentes adresses : avenue Général Leclerc dans un bâtiment qui se situait à la place du Monoprix puis avenue Jean-Jaurès dans un bâtiment qui, bien avant d'être un petit immeuble d'habitations, fut successivement un bâtiment religieux, le commissariat de police et la MJC.



Brève histoire de FAHRENHEIT.

En 1983/84, la MJC a eu besoin de recruter une hôtesse d'accueil. La direction a reçu plusieurs personnes avant de me demander un avis sur certains, dont Philippe Renaud. J'ai soutenu sa candidature et, sans difficulté, il a été embauché. Philippe a fait l'unanimité des adhérents, des animateurs, de la direction et des administrateurs : particulièrement sympathique, ouvert, ne comptant pas ses heures, plein d'idées, bon bricoleur,  bref celui qu'il fallait à la MJC. Celui qui arrivait à se fâcher avec lui n'avait pas sa place à la Maison !

Un jour, il me demande de le rencontrer un bon moment pour m'exposer son projet. On a discuté une longue soirée : il souhaitait monter une série de concerts de rock dans la salle de spectacle de la MJC : chaque vendredi, 2 groupes de rock viendraient et joueraient une mi-temps chacun. A la fin, le public voterait pour les départager et le groupe « vainqueur » reviendrait la semaine d'après. Philippe voulait me convaincre : ces groupes n'avaient pas de salle, ni à Issy, ni ailleurs pour se faire connaître sur une scène et notre salle n'était pas occupée tous les soirs alors qu'il y avait une demande des jeunes pour ce genre de concerts. J'ai été vite convaincu de l'intérêt du projet et nous avons « peaufiné » l'aspect financier en particulier de celui-ci et l'argumentaire que je devais développer devant le CA.

Inutile de dire qu'à la première réunion du CA, j'ai eu du mal à convaincre : qu'allait dire la municipalité, même si les représentants de celle-ci, membres du CA, n'ont pas été les plus réservés ?
Qu'allaient dire les voisins, notamment les plus proches : la salle était-elle bien insonorisée ? La sécurité était-elle assurée avant le soirée, pendant et après ? Fallait-il des assurances particulières pour ce genre de spectacle et de spectateurs bruyants et certainement violents, etc  Mais le projet a été retenu finalement et la Mairie nous a fait confiance (et il nous faut remercier Madame Hélène Decaux pour son action dans cette aventure ainsi que Monsieur Richard Calmel).

Il est vrai que nous avons eu des discussions franches avec des voisins plus ou moins éloignés : bruits à la sortie de la maison, canettes de bière sur les trottoirs, etc. Le commissariat de police faisait effectuer un tour de patrouille régulièrement, mais je n'ai pas souvenance d'incidents graves.

Fahrenheit, en temps qu'association indépendante et liée à la MJC est donc née en 1984, créée par Philippe Renaud. Son but était de lutter contre les intolérances : « Fahrenheit n'est pas un lieu de consommation culturelle et reste une association ». C'est un espace de vie et un lieu de rencontre. D'ailleurs, il organisa, dans le foyer de la Maison un vidéo rock suivi d'un Concert dans la salle.

Fahrenheit s'impose rapidement comme étant une scène originale, sympathique et vivante.
La presse (la Tribune régionaleLibérationFrance soirle ParisienTéléramaLes Nouvelles de Versailles) en parle régulièrement. Voici quelques titres relevés : « Fahrenheit fait un tabac! », « Issy se taille la part du lion dans le spectacle rock », etc ; Fahrenheit présente l'avant-première de la sélection rock de l'Ile-de-France au Printemps de Bourges dès 1986. On prend sa place d'entrée soit en arrivant (s'il reste de la place!), soit on la réserve à l'avance dans une FNAC !
Lors de l'AG de la MJC du 18 mars 1986, on comptait 1300 adhérents à la MJC, dont l'âge moyen était de 25 ans, avec une nette majorité de femmes. Il y avait 40 activités réparties sur 150 heures par semaine. Le bilan de Fahrenheit est évoqué et satisfait tout le monde.

Quel bilan pour Fahrenheit ?

En octobre 1986, la formule change un peu : il y a un concert tous les 15 jours, le mercredi avec une première partie vidéo-bar suivie d'un concert de rock. La programmation se fait sur 2 ou 3 mois et des groupes étrangers viennent à la MJC (en provenance de Londres, des USA, etc). Des échanges avec une salle de concerts de Lyon se sont mis en place et FAHRENHEIT assure la coordination des « Découvertes du Printemps de Bourges ».
Entre 1984 et 1993, environ 500 groupes de rock se sont produits. Chaque année, 5 000 spectateurs ont assisté aux 200 concerts.



En 1988, le 100e concert se déroule au Zénith : 7 000 spectateurs, 10 groupes de rock avec le soutien de Jack Lang.
En 1989, a lieu le premier concert en France du groupe Nirvana…
En 1993, FAHRENHEIT réserve l'Élysée-Montmartre à Paris afin de présenter, pour la première fois à Paris un groupe basque, bien connu au-delà des Pyrénées, Negu Goniek.

Les groupes qui sont venus à la MJC, dont certains plusieurs fois, sont la Mano Negra, Les Garçons bouchers, Les Innocents, Sue et les Salamandres, Chihuahua, Les Portes-Manteaux, Les Hillbillies (groupe de Londres), etc. Phillippe Renaud a été, par la suite et pendant plusieurs années, le représentant, l'agent, de ces groupes.

La réussite de ce projet doit beaucoup aux responsables de la MJC : j'ai cité les représentants de la Mairie ; j'y ajoute la Direction de la Maison (Annie, Hélène, François, Michel, etc) ainsi que la Vice-présidente, Claude, sans qui rien ne se serait passé de cette belle façon.
Je n'ai plus de nouvelles actuelles : mais je crois savoir que Fahrenheit n'existe plus ! La MJC Espace Icare, poursuit son partenariat avec le Clavim, l'Entrepôt et Opus 33 pour constituer un réseau musical isséen dynamique : cette année, un total de 19 concerts sont proposés ; cela se professionnalise : les temps changent, comme le chantait Bob Dylan ! Paul Drezet