29 décembre 2023

Belle et heureuse année 2024

2023 se termine… 2024, l'année des Jeux Olympiques, arrive à grands pas. Mais pas que… Historim vous prépare des visites privées et des conférences, mais aussi des articles sur le sport, pourquoi pas ?

En attendant, voici quelques haïkus à méditer, peut-être si il y a un rayon de soleil dans le jardin japonais Ichikawa du Fort (ci-dessous).

Jardin Ichikawa du Fort d'Issy. © PCB

Le printemps est-il venu ?
La vieille année est-elle partie ?
Avant-dernier jour (Matsuo Bashô, 1662)

D'une coupe de saké épicé du nouvel an
Jusqu'à une autre coupe
Premier plaisir de l'année (Chiyo Ni, 1703-1775)

Batifolent les grues
Jusque dans le ciel
Premier soleil de l'année (Chiyo Ni, 1703-1775)

Premier matin de l'année
Un vent de jadis
Souffle dans les pins (Onitsura Masaoka (1867-1902)

Et pour terminer, en vous souhaitant plein de bonnes choses pour cette nouvelle année, un haïku de Shou Ito (1859-1943).                                                             PCB

Premier rêve de l'an
Je le garde pour moi
Et j'en souris tout seul


23 décembre 2023

À lire - Des cartes à jouer isséennes mises à l'honneur

Historim se met en mode vacances… avec, en cette fin d'année, des livres à l'honneur plutôt que des nez en l'air ! À commencer par cet ouvrage : Les cartes à jouer du savoir. Détournements savants au XVIIIe siècle, Sous la direction de Jean-François Bert et Jérôme Lamy (Éditions Schwabe Verlag, 2023), qui met en valeur des cartes dites « à dos détournés ».

Le premier chapitre (Les cartes à jouer à l’époque moderne, un objet paradoxal) est rédigé par Gwenael Beuchet, que certains d'entre vous connaissent bien puisqu'il est attaché de conservation au Patrimoine du Musée Français de la Carte à Jouer. 
Les cartes de fabrication française avec leur format adapté ont un dos blanc rigide (avec 3 papiers superposés) qui peut servir à l’écriture ou au dessin..
Le musée conserve plus de 4 000 cartes « à dos détournés » dont l’usage est extrêmement varié, « fiche bibliographique,  étiquette de prix, carnet de croquis, carte de visite ou de réclame, billet, herbier, support pédagogique… »

L’auteur a choisi quelques exemples hors du commun. Le « bureau typographique » entré dans les collections en 1990 date de 1789. C’est un jeu pédagogique conçu pour apprendre aux enfants à « manipuler [des] lettres, chiffres et signes de ponctuation » grâce à 1 357 cartes.

Le musée s’enrichit ensuite d’un « sac de procès » dont l’étiquette cousue sur le sac est une carte à jouer, un « coffret de changeur » avec deux cartes à l’intérieur du couvercle, un fichier bibliographique et vingt-cinq dessins d’un artiste anonyme du début du XIXe siècle.

Ce livre présenté par les deux auteurs au Musée, en novembre 2023, outre le plaisir de le lire et d’admirer les photographies, suscite l’envie d’une future exposition sur ce thème au musée. Alors, affaire à suivre. 
P. Maestracci

20 décembre 2023

L'avion de chasse de Gustave Eiffel

Gustave Eiffel, dont on célèbre cette année le centième anniversaire de la mort (le 27 décembre), est un personnage bien connu d'Issy-les-Moulineaux. On y admire la petite tour Eiffel, classée Monument historique, au 42 rue Ernest-Renan ; on y découvre aussi la magnifique Halle Biltoki, dite Eiffel, qui abrite, au pied des bureaux d'Orange, un magasin gourmand. 

Gustave Eiffel à sa table de travail, en 1913. © XDR
Et puis, comment ne pas évoquer le célèbre champ de manœuvres, transféré du Champ de Mars à Issy, à l'occasion de la construction de la Tour Eiffel, à Paris. Devenu terrain d'aviation, il transforme Issy-les-Moulineaux en berceau de l'aviation… 

Dessins de l'avion L.E. d'Eiffel.
Gustave Eiffel, inventeur hors norme, s'intéresse très tôt à l'aviation, dès 1902 lorsqu'il adhère à l'Aéro-Club de France… un côté méconnu du personnage, révélé dans le numéro de novembre 2023 d'Historia, dont le dossier lui est consacré. Ainsi, en 1917, il dessine (ci-contre) le premier avion de chasse monoplan, dénommé l'Avion L.E. (Laboratoire Eiffel). C'est une invention révolutionnaire, un monoplan à ailes basses qui devrait pulvériser les records de vitesse et d'altitude. Le 16 mai 1917, il en dépose officiellement le brevet d'invention.
Le prototype (ci-dessous) est prêt en mars 1918 et fait son premier essai sur le terrain de Villacoublay. Le deuxième essai, le 27 mars, s'avère catastrophique : l'appareil se brise à l'atterrissage et le pilote est tué. 

L'avion de chasse L.E. © XDR

C'est ainsi que se termine l'histoire aéronautique de Gustave Eiffel… mais non ses inventions révolutionnaires qui seront dans les années à venir repris par de grands constructeurs d'avions. PCB

17 décembre 2023

Le Domaine de la Reine Margot - une visite royale, 15 décembre 2023

Richard Fontana. © PCB 
Une quinzaine d'Historimiens ont rendez-vous en cette fin de matinée dans cet hôtel 5 étoiles, situé dans les Hauts d'Issy. Ils vont visiter cet endroit historique en compagnie de Richard Fontana (ci-contre), attaché commercial et événementiel du Domaine de la Reine Margot. 

La reine Margot n'est autre que Marguerite de Valois (1553-1615), la première épouse du roi Henri IV, installée à Issy en 1606. D'ailleurs, on peut admirer son portrait tout au fond de la salle de réception (ci-contre). Marguerite habitait dans une très grande propriété, composée de deux domaines ; le premier qui s'étendait de l'actuel Séminaire Saint-Sulpice à l'église Saint-Étienne, englobant l'actuel parc Saint-Jean-Paul II…où nous sommes ! et le deuxième, surnommé le Petit-Olympe, le futur château des Conti.

L'hôtel est composé de deux édifices : l'ancienne Solitude, la maison de retraite des séminaristes Saint-Sulpice, classée monument historique, entièrement restaurée et aménagée ; et le nouveau bâtiment, œuvre de l'agence d'architecture, Wilmotte et Associés (ci-dessous).

L'ancienne Solitude. © PCB

Le nouveau bâtiment. © PCB

Chambre avec terrasse. © PCB
Nous sommes reçus dans la salle de réception, au rez-de-chaussée du nouvel édifice. Direction au sous-sol vers le spa, la salle de massage et la piscine… Tout est en bois, calme, appelle à la déconnexion. Tout comme les chambres, au nombre de 83. Nous avons la chance d'en découvrir une, au 3e étage avec terrasse donnant sur Paris et la tour Eiffel (ci-contre) !

La chapelle-bar à rhums. © PCB

Puis, nous traversons le jardin vers les bâtiments historiques, notamment la chapelle, désacralisée bien sûr, transformée en bar à rhums (ci-contre), meublé de confortables canapés. Statues et vitraux ont été conservés… mais certains Historimiens sont un peu choqués de cette nouvelle attribution !

Après avoir descendu quelques marches, nous voici dans la salle à manger (ci-dessous) de ce restaurant gastronomique tenu par le chef Jean-Philippe Pérol. Là encore, la reine Margot est présente, puisque le restaurant s'appelle "le Marguerite 1606"… 1606 étant la date à laquelle elle arrive à Issy ! 

La salle à manger. © PCB



Certains regardent les menus, font même des réservations, discutent avec le personnel, tout à notre écoute. Richard nous explique que le verger et le potager, dans le jardin en contre-bas dans lequel on peut se promener, fourniront les cuisines ! Ainsi se termine cette visite tout à fait exceptionnelle.

Un grand merci à notre guide Richard et à tout le personnel du Domaine. Une seconde visite privée aura lieu en janvier… PCB

Et toujours cette impression de plénitude ! © PCB

14 décembre 2023

Issy-les-Moulineaux fait la fête les 16 et 17 décembre 2023

C'est bientôt Noël… "Il est grand temps de rallumer les étoiles", écrivait Guillaume Apollinaire, dans le prologue des Mamelles de Tirésias. En pleine guerre de 1914, alors qu'il est là dans les tranchées, il entend un capitaine crier ces paroles…Aujourd'hui, en 2023, Issy-les-Moulineaux rallume aussi ses étoiles.


Marché de Noël à Issy. © XDR
Le Marché de Noël (ci-contre) se tiendra comme tous les ans sur l'Esplanade de l'Hôtel de Ville, les 16 et 17 décembre… L'Association des créateurs d'Issy et d'ailleurs (ACIA), les producteurs du pays de Lot et l'association d'Issy Mairie commerces vous attendent dans une superbe ambiance. 
Un passage indispensable pour préparer le réveillon autour de savoureux produits régionaux. Mais aussi, découvrir des objets faits main (décoration, maroquinerie, jouets, etc) par la quarantaine de créateurs réunis ici. 
Les enfants seront à la fête : le Père Noël a prévu d'être là… il y aura même des promenades à dos de poneys pour les plus petits ! 

La traditionnelle Corrida de Noël, en compagnie des Pères Noël, des Lutins, des Bonhommes de neige, envahira les rues de la ville, le 17 décembre dès 8h45. Un rendez-vous ludique que les familles isséennes ne manqueraient pour rien au monde. Venez nombreux les applaudir.  

Une corrida qui revient chaque année… © A. Bétry

C'est le moment aussi de décorer vos intérieurs et vos jardins. Parfois, c'est la nature qui transforme d'une certaine façon les fruits - ici des kakis - en boules de Noël, à la grande joie du chat Tipex (ci-dessous). Bonnes fêtes à tous. PCB. 

Tipex au milieu des kakis. © A. Bétry

10 décembre 2023

Issy-les-Moulineaux Architecture - Épisode 5 : les maisons de caractère

Nous avons déjà consacré quelques articles à la diversité architecturale de notre ville. : épisode 1 (la brique), épisode 2 (la meulière), épisode 3 (les Courbes), épisode 4 (les maisons particulières)… et voici l'épisode 5 qui met en lumière des demeures, variées et souvent originales, édifiées depuis la fin du XIXe siècle.
Voici quelques exemples d’un choix forcément arbitraire.

Des maisons en meulière de la Belle Epoque offrent quelques points communs : façade directement sur la rue, un seul étage, un toit peu élevé, un encadrement des portes et fenêtres en pierre ou en briques.

Maison du 4, rue du Sergent-Blandan.
La maison située au 4, rue du Sergent-Blandan (ci-dessus) dispose d’ouvertures légèrement cintrées, un décor en céramique au premier étage et une petite sculpture en terre cuite de la Sainte Famille au-dessus de l’entrée, sur la droite de la photo.
La maison du 4, rue Michelet (ci-dessous) est l’ancienne crèche de la Manufacture des Tabacs (1904), comme le signalent les agrafes métalliques formant les lettres M et T, au-dessus de la porte d'entrée.

Maison du 4, rue Michelet.

D’autres demeures ont un style reconnaissable comme celle du 21, boulevard Voltaire (ci-dessous) de style Louis XIII : des murs en briques rouges et des encadrements en pierre de taille comme les hôtels particuliers de la place des Vosges à Paris. Un balcon protégé par un garde-corps en fer forgé surplombe la porte vitrée. Sur le toit, la fenêtre centrale au décor classique est encadré par deux angelots. Elle est surmontée d’un arc avec armoiries et initiale B du nom du propriétaire.

Maison du 21, boulevard Voltaire.

Les façades de certaines maisons sont en briques claires ou repeintes. Celle du 79, avenue Victor-Cresson date de la Belle Époque avec un décor en céramique turquoise. C’est un exemple de « façading » car seuls les murs latéraux et la façade ont été conservés (ci-dessous) afin de s’intégrer à un nouvel ensemble immobilier en cours de construction. 
Vue de côté.

La maison du 79, avenue Victor-Cresson.













Une autre maison en briques claires est originale par son fronton décoré d’un oculus mis en valeur par une structure en bois arrondi. Elle se situe au 24, rue Pierre-Brossolette (ci-dessous).

Maison du 24, rue Pierre-Brossolette.

Deux maisons sont étonnantes. La villa Louis (ci-dessous à gauche) 58, allée du Hameau Normand est flanquée d’une tourelle évoquant un colombier dont les fenêtres du premier étage offrent une vue à 360 degrés.
 
La Villa Louis.
Celles de la villa perchée à l’angle des rues Gabriel-Péri et d’Alembert (ci-dessous) permettaient de voir la vallée de la Seine. La villa est composée d’un avant-corps sur deux étages tandis que le balcon se trouve au troisème. La vue est maintenant masquée par des immeubles construits postérieurement…

Angle des rues Gabriel-Péri et d'Alembert. 








Plusieurs maisons, vues de la place du 8-Mai-1945, illustrent la diversité architecturale (ci-dessous). A gauche, une demeure est vue de côté avec un  mur latéral à colombage bien visible et un conduit de cheminée en briques rouges pour résister au feu. Au centre de l’image, c’est une maison de style composite avec un appareillage de pierres disposées en opus incertum au rez-de-chaussée et des briques au-dessus. Le conduit de cheminée est monumental et finit avec le monogramme P et F, initiales du propriétaire. Les murs de la demeure de droite sont aussi en opus incertum.

Maisons de la place du 8-Mai-1945. 

Terminons cette nouvelle promenade dans Issy-les-Moulineaux par ces quelques mots de l'architecte Le Corbusier : "l'architecture, c'est une tournure d'esprit, et non un métier".

Texte et photographies : P. Maestracci

6 décembre 2023

Charlotte Engels, une artiste luxembourgeoise à Issy

Charlotte Engels (1920-1993). © XDR
A l'occasion des trente ans de la mort de Charlotte Engels (ci-contre) à Issy-les-Moulineaux, découvrons cette artiste luxembourgeoise inconnue de beaucoup d'entre nous.

La jeune Charlotte naît à Luxembourg le 21 février 1920. En 1945, elle s'installe à Paris, suit les cours de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, puis ceux de l'École des Monuments Historiques.Elle déménage à Issy-les-Moulineaux, dans un pavillon-atelier situé au 19, rue Jules-Guesde… L'atelier a aujourd'hui disparu, remplacé par un immeuble d'habitation.

L'artiste réalise quelques peintures - dont certaines se trouvent dans les archives du Musée français de la carte à jouer, comme "Figures géométriques comme vitraux" (ci-dessous).

"Figures géométriques comme vitraux",  Ch. Engels. 

Mais elle se spécialise très vite dans la sculpture. Les débuts sont difficiles mais elle sort de l'anonymat grâce à un buste en bronze du Père Teilhard de Chardin, commandé en 1957 par la Fondation Teilhard et qui se trouve au Museum national d'histoire naturelle à Paris…  le Musée d'Issy en conservant le plâtre (ci-dessous) !
Teilhard  de Chardin.
 
Grâce à ce buste qui lui vaut un Grand Prix de Sculpture, elle va travailler plus de vingt ans en collaboration avec la Monnaie de Paris, réalisant pas moins de 18 médailles de personnages illustres. C'est ce qu'elle préfère. 

Le Musée, là encore, en possède quelques exemplaires, tel notamment cette médaille du général de Gaulle, célébrant, en 1970, l'anniversaire de l'Appel du 18 juin de 1940 (ci-dessous). Ses recherches sur le personnage sont impressionnantes : elle se plonge dans son histoire, regarde avec attention ses représentations, lit ses écrits (si il y en a).
Habitante pendant de longues années d'Issy-les-Moulineaux, elle va faire une médaille en l'honneur de sa ville d'adoption, portant les insignes de la ville (ci-dessous).
La ville d'Issy-les-Moulineaux, Ch. Engels

Charles de Gaulle, Ch. Engels.



C'est aussi à Issy-les-Moulineaux, que l'on peut découvrir l'une de ses œuvres, "Héros morts pour la Libération", installée à l'origine place Jules Gévelot et transférée, en 1992, dans le parc de la Résistance. Il s'agit d'un superbe bas-relief en bronze, salué tous les ans par les anciens combattants, comme ici le 30 août 2015 par Robert Deprez, ancien de la 2e DB (ci-dessous).

Héros morts pour la Libération, Charlotte Engels. © A. Bétry.
 
Charlotte Engels meurt le 28 octobre 1993, à Issy-les-Moulineaux, où elle est enterrée. Sa tombe se situe dans la parcelle 27 du cimetière, le long du mur ouest (ci-dessous). PCB                                                 

© PCB

© PCB.

 



 



2 décembre 2023

Nina Métayer, nommée Isséenne d'or

Mercredi 29 novembre 2023, Monsieur André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux et ancien ministre, a remis l’Isséen d’or à Madame Nina Métayer lors d’une cérémonie chaleureuse aux halles Biltoki (ci-dessous). Ce prix récompense tous les ans une personnalité qui contribue au dynamisme de la ville.

Nina Métayer et Monsieur le Maire, 29 novembre 2023.
En octobre, Nina Métayer a été sacrée «  Meilleure pâtissière du monde 2023  » par l’Union internationale des boulangers et pâtissiers. Elle est la première femme à recevoir cette distinction !
Pour répondre à l’allocution élogieuse d’André Santini, elle a résumé sa carrière et son engagement pour la recherche de la perfection. Elle a aussi formidablement présenté et remercié « sa jeune équipe » qui travaille avec talent dans ses laboratoires et sur le stand au milieu des halles Biltoki.

Il y a quelques mois, en juin, un groupe d’Historimiens eut le privilège et le grand plaisir de visiter ses laboratoires, sa délicatisserie, chemin des Montquartiers (http://www.historim.fr/2023/06/la-delicatisserie-de-nina-metayer-issy.html). 

Texte et photographie J.-M. Maestracci

29 novembre 2023

Le CNET, une conférence à succès… "télécommunicative"

Jean-Michel au micro. © M. Julien
Vous étiez nombreux, très nombreux, en ce samedi 25 novembre, à suivre dans la salle Matisse du Musée français de la carte à jouer (ci-contre), la conférence de notre Historimien Jean-Michel Maestracci (ci-dessous) sur cette entreprise, le CNET, qui occupa de 1945 à 2015 l'emplacement de l'actuel quartier Cœur de Ville.


Quelques dates-clés
J.M. Maestracci.
© Alain Bétry
Jusqu’en 1945, nous rappelle Jean-Michel, le réseau téléphonique français était en grande partie manuel grâce à des opératrices. 
Après la guerre, ce centre de recherche isséen a été consacré aux télécommunications dans tous les domaines des télécoms terrestres et spatiales : recherche fondamentale, tests, règles d’exploitation et de maintenance etc. Deux techniques sont retenues pour moderniser le réseau : commutation électronique spatiale et commutation temporelle. Sur une seule liaison téléphonique, il est possible de faire passer 30 communications simultanées en commutation temporelle.
En 1960 dans le cadre de la décentralisation, monsieur Pierre Marzin, directeur du CNET et natif de Lannion (Côtes-d’Armor) décide de créer un établissement dans sa ville natale. Ce centre breton joue un rôle majeur dans la commutation temporelle ;  une industrie des télécoms se développe ensuite dans le Trégor.

Minitel. © Alain Bétry
Quant au CNET isséen, qui nous intéresse tout particulièrement, il est à l’origine de trois projets majeurs. Tout d’abord, le réseau du Minitel (Médium Interactif par Numérisation) est déployé dès 1982 (ci-contre) ; certains services sont gratuits comme le 3615 et d’autres payants. Il est clos en 2014. 
Ensuite le Be-Bop A Lula, commercialisé en 1993, était un téléphone portable fonctionnant dans un rayon de 300 mètres autour de bornes uniquement pour des appels. Il fut déployé dans le centre de Paris et quelques villes en province quelques années seulement. 
Enfin à partir de 1982, le projet Marathon se consacre au réseau mobile GSM déployé par la suite sous le nom d’Itinéris (c’est la 2G) en 1992. Cela devient possible grâce à l’invention de la carte SIM (Subscriber Interface Module), le passage d’une borne à l’autre et le repérage de l’« appelé ». Cela permet le passage à la 3 G puis à la 4 G et maintenant à la 5 G ! 

L'entrée du site et le jardin de l'Innovation, rue du Général-Leclerc.
Aquarelle de Michel Lazillière, artiste isséen. Merci à lui.

Le site ferme en 2015 et est transféré à Orange Labs à Châtillon (voir l'article paru sur le site d'Historim http://www.historim.fr/2017/01/orange-quitte-issy-les-moulineaux-en.html). Il est à noter que depuis peu, le siège social d’Orange s’est installé dans le quartier Val-de-Seine et, après des travaux monumentaux (ci-dessous), le quartier Cœur de Ville, a été inauguré en 2022.

Vue du chantier le 27 mai 2020. © M. Julien 

L'après-conférence
A la fin de la conférence, les participants échangent entre eux, posent des questions, se souviennent.
Un intervenant rappelle « le rôle majeur joué par le CNET dans le début de l’exploration spatiale en France. Dès la fin des années 1950, le CNET se lance dans l’étude de la haute atmosphère à partir de fusées sonde dont il réalise la charge utile. Très logiquement, ce sont les équipes du CNET qui définiront les objectifs scientifiques et assureront la réalisation technique de la charge utile du premier satellite scientifique Français, FR1, dédié à l’étude de la propagation des ondes de très basse fréquence dans l’ionosphère, qui sera lancé le 6 décembre 1965. »

Philippe Binet, ancien cadre de France Télécom/Orange, a évoqué « la contribution importante d’ingénieurs du CNET dans le développement des télécommunications, par satellite (OTS, ECS, MAROTS, Télécom 1 et 2, etc.) »

Les participants à l'écoute. © M. Julien.
Il est rappelé qu’un petit groupe d’ingénieurs européens avaient été hébergés dans des préfabriqués sur le toit du CNET – faute de bureaux disponibles. Ils ont été, côté technique, à l’origine de la création en 1977 de l’organisation intergouvernementale européenne, 
EUTELSAT (EUropean TELecommuications SATellite organization) dont les premiers bureaux furent ouverts dans la tour Montparnasse en août 1978. Devenue société anonyme française à vocation mondiale en 2001, Eutelsat a déménagé rue Balard, avant de revenir à Issy, 32, boulevard Gallieni. Eutelsat dispose actuellement de près de 36 satellites géostationnaires et de 234 satellites à orbite basse, suite à son acquisition du géant anglais One Web en septembre dernier. »  

Un témoignage complémentaire est intéressant, celui de Jeannine Roca sur du matériel conçu pour des personnes ayant des problèmes d’audition. « Il y a une quinzaine d’années, [elle] se souvient d’avoir participé à une étude. Il s’agissait de tester différents modèles et de répondre à un questionnaire sur leur usage. J’avais été impressionnée par l’entrée puis par les bureaux. Pas de rémunération pour le temps passé mais des bons d’achat. »
Un grand merci à tous. J.-M. Maestracci

PS. Un petit clin d'œil pour terminer à l'heure où le "chat", c'est-à-dire la discussion instantanée en ligne a envahi les moyens de communication virtuels et autres smartphones ! PCB 

Quand Ginger le chat "chat" ! © Alain Bétry.

27 novembre 2023

Bulletin d'adhésion Historim

Vous voulez rejoindre l'association Historim, vous voulez participer à ses visites privées, ses conférences, n'hésitez pas à vous faire connaître en renvoyant ce bulletin ou en laissant vos commentaires. Venez nombreux. 

20 novembre 2023

Histoire de rues - la rue Pierre-Antoine-Berryer, à Issy

La rue Pierre-Antoine-Berryer. A droite, les locaux de l'EFB. 

C’est une petite rue calme (ci-dessus), longue d’une centaine de mètres entre le boulevard Gallieni et l’allée en contrebas de la ligne du T2, dans le quartier Val-de- Seine. Son nom est lié à l’existence, depuis 2013, de l’EFB (École de Formation professionnelle des Barreaux), installée au numéro 1. Ses bâtiments, inaugurés en 2013 et découverts par nos Historimiens au cours d'une visite privée (http://www.historim.fr/2013/03/lecole-des-barreaux-issy-les-moulineaux.html), ont été conçus par l’agence d’architecture Wilmotte et Associés. Ils se trouvent dans une rue rendant hommage à un illustre avocat du XIXe siècle.
 
Pierre Antoine Berryer (1790-1868) est le fils de l’avocat du maréchal Ney qui, 
en 1815, ne put toutefois sauver son client. Il suit la tradition paternelle en devenant lui-même avocat. Il fait acquitter Cambronne. En 1854, il devient bâtonnier de l’ordre des avocats. 

Pierre Antoine Berryer. © XDR
Libéral, il prône la liberté de la presse : en 1860, il défend les typographes de Marseille qui lui offrent en remerciement un exemplaire unique des Oraisons funèbres de Bossuet. En 1876, il fait éditer ses plaidoyers. Il fait aussi carrière dans la politique : élu député en 1830 et 1848, il fait partie du Corps législatif en 1863 sous le Second Empire.
L'EFB, 1 rue Pierre-Antoine-Berryer.






Berryer (ci-dessus) est membre de l’Académie française en 1857. Cette même année, son cousin Eugène Delacroix lui écrit en 1857 : « Cher cousin, la chose s’est passée le mieux du monde, seize voix au premier tour et vingt-deux au second … ». Delacroix vient d’être reçu à l’Académie des Beaux-Arts après plusieurs tentatives !
Sa statue orne la Salle des Pas-Perdus au Palais de Justice dans l’île de la Cité.

À noter que l'EFB (ci-contre) expose, au rez-de-chaussée, les costumes officiels de la Justice. À propos, pourquoi parle-t-on de
barreau ? Il s'agissait, à l'origine, de la barre de fer - ou d'une barrière en bois - qui séparait l'endroit où se trouvaient les plaideurs de celui des juges. 
Texte et illustrations : P. Maestracci


16 novembre 2023

Le CNET, conférence le samedi 25 novembre, 15 h, au Musée d'Issy

 

Conférence 
de Jean-Michel Maestracci


L’histoire du Centre National d’Études et des Télécommunications

Le CNET

Samedi 25 novembre, 15 h

Musée français de la carte à jouer, 

16 rue Auguste Gervais, Issy-les-Moulineaux

 
Le conférencier va nous faire revivre les grands moments de ce laboratoire de renommée mondiale, installé à l’emplacement du nouveau quartier Cœur de Ville, de 1945 à 2015.  

Le CNET a donné naissance au téléphone numérique, au Minitel, à Internet, au téléphone portable et bien d’autres choses encore que vous pourrez découvrir. 

 

Conférence ouverte à tous. Venez nombreux… on vous attend !

 

12 novembre 2023

Denyse Collin saute en parachute sur Issy - 13 novembre 1923

Le terrain d’aviation d’Issy-les-Moulineaux a été le lieu de nombreuses « premières » dans le domaine aérien, avec des pilotes intrépides et des machines aussi variées que des dirigeables, des avions, des planeurs, des hélicoptères ou des parachutes. 

Denyse Collin après son saut sur Issy
© XDR.
S’agissant de parachutes, nous avons déjà évoqué le fabricant Jean Ors, implanté à Issy. Mais on sait moins que ce fabricant a bénéficié d’une belle publicité avec le saut en parachute de Denyse Collin à Issy, avec un parachute Ors (ci-contre). C'était il y a tout juste 100 ans !

On sait peu de choses de Denyse Collin. Infirmière major pendant la Grande Guerre, décorée de la Croix de guerre avec palme, elle est, après la guerre, parmi les premières femmes à pratiquer le parachutisme en meeting, notamment à la fête de Vincennes-aviation, au début des années 20. 

Parachute dorsal Ors. © XDR
En 1923, elle accepte de tester, au-dessus du terrain d’aviation d’Issy, le dernier modèle de parachute mis au point par Jean Ors (ci-contre).

A Villacoublay, en ce début d’après-midi du 13 novembre 1923, elle monte dans un Morane-Saulnier Parasol, équipée de son parachute dorsal. L’avion décolle (ci-dessous), piloté par Alfred Fronval, chef-pilote chez Morane-Saulnier, atteint rapidement, à 180 km/h, l’altitude requise - 350 mètres - et prend la direction d’Issy-les-Moulineaux. Le terrain est rapidement en vue, le ciel est d’un beau bleu hivernal, avec un peu de vent d’ouest. L’avion fait deux tours de terrain, car il faut bien repérer à quel moment sauter pour atterrir dans la zone, qui n’est pas très grande vu d’en-haut.

Alfred Fronval et son avion. © XDR

Le journal Les Ailes nous raconte la suite : « Nous voyons "quelque chose" abandonner l’avion et très rapidement, presque instantanément, ce "quelque chose" se transformer en un parachute. Celui-ci, bien déployé, descend lentement Mlle Collin sans heurt ni secousse, tandis que Fronval regagne Villacoublay, après avoir exécuté quelques-unes de ses plus savantes évolutions. Le parachute se rapproche du terrain. Entraîné par le vent, ne va-t-il pas en dépasser les limites ? Non, Mlle Collin franchit le mur du Service technique de l’aéronautique et s’en vint doucement, tout doucement, toucher terre dans la cour même du STAé, aux pieds d’un sympathique officier. On s’empresse autour d’elle qui, toute souriante, nous restitue ses impressions : "Délicieux….comme toujours !" ».

Reconstitution du saut au-dessus d'Issy-les-Moulineaux. © XDR

Le Petit Journal Illustré (N° 1718) se fait l’écho de l’exploit, avec une illustration laissée à l’imagination du dessinateur (ci-dessous) peu au fait des conditions du saut. Mais, l’essentiel est d’en parler ! Jacques Primault