29 septembre 2016

1686-1687 - la fistule de Louis XIV et les Moulineaux

Louis XIV représenté avec
la cuirasse du chef de guerre.
Le problème médical
Depuis janvier 1686, Louis XIV (ci-contre) a un lancinant problème de santé. Un abcès s’est formé près de l’anus. Le corps médical est évidemment consulté. Le premier chirurgien du roi qui a succédé à son propre père depuis dix ans ans est Félix de Tassy. Celui-ci suggère de percer l’abcès mais se heurte à un refus, compte tenu du risque encouru. En mai, l’abcès se transforme en fistule anale. Il s’agit d’une sorte de canal communiquant avec le rectum par lequel peuvent s’échapper soit un suintement continuel, soit des fèces ou des gaz intestinaux !
Malgré différents remèdes comme des cataplasmes ou des essais cliniques sur des malades, le roi doit accepter l’opération risquée proposée par son premier chirurgien. Celui-ci s’entraîne sur des malades à Paris et à Versailles et perfectionne un bistouri « à la royale » muni d’une lame très étroite et effilée (photo en bas).

Château de Versailles. © XDR

L'opération du Roi-Soleil
L’opération a eu en grand secret le matin du 18 novembre 1686 dans la chambre du roi à Versailles, située au premier étage dans l'axe du château, donnant sur la cour de marbre (ci-contre). Médecins, chirurgiens et apothicaires royaux sont présents ainsi que Madame de Maintenon, le confesseur du roi et Louvois ministre de la Guerre. L’opération se fait à vif, sans anesthésie ; le roi est ensuite saigné comme c’est l’usage. Cela fait irrésistiblement penser au "Malade imaginaire" de Molière ! Deux interventions supplémentaires ont lieu en décembre. Le Roi-Soleil subit ces opérations sans se plaindre malgré l’effroyable douleur. Enfin guéri en janvier 1687, il assiste à un Te Deum à Notre-Dame de Paris à la fin du mois. Pour les détails chirurgicaux, se reporter au livre passionnant de Pascal Torres, Les secrets de Versailles, Paris, Vuibert, 2015

La récompense du chirurgien
Félix de Tassy (ci-dessous, avec ses instruments) reçoit en récompense de cette opération risquée mais réussie la terre des Moulineaux estimée à 50 000 écus ainsi qu’une somme équivalente. D’Aquin, premier médecin du roi, ne touche que le tiers de cette somme (100 000 livres). Son rôle s’est borné à approuver l’opération et à y assister sans prendre les risques encourus par Félix de Tassy en cas d’échec. Pourtant à l’époque, un chirurgien jouissait d’une moindre considération qu’un médecin !

Félix de Tassy. © XDR
Félix de Tassy meurt en 1703, dans sa maison des Moulineaux, douze ans avant son royal patient alors que d’Aquin perd la confiance du roi dès 1693.

Et l'hymne britannique !
La légende veut que lors d’une visite royale à Saint-Cyr en septembre 1696, les demoiselles jeunes filles aient chanté un hymne pour la santé du roi qui souffrait alors terriblement. En janvier suivant, un psaume « Seigneur, Sauve le Roi ! » fut chanté à Notre-Dame. Haendel sen serait inspiré des paroles pour l’hymne britannique God save the King. Pascale Maestracci

26 septembre 2016

Monique et "Mémère Guillaume"

Monique tient tout particulièrement à rendre hommage à une figure légendaire de son quartier Saint-Étienne sans oublier ses enfants. Laissons-là raconter.

Madame Guillaume était affectueusement appelée « mémère Guillaume » par les habitants du quartier Saint-Étienne (l'église ci-dessous) tant elle était populaire en raison de ses qualités d’accueil et de générosité.

L'aide au retour des déportées
Elle habitait 11 rue de l’Abbé Grégoire et louait une petite blanchisserie avenue Jean Jaurès pour exercer son métier. Là, elle « recevait les jeunes gens comme une mère » et elle aidait les personnes âgées du quartier. De plus, elle a organisé plusieurs visites aux hommes  revenus de déportation qui étaient soignés à l’hôpital Bichat (Paris 8e). Monique et sa mère infirmière l’accompagnaient après le travail et revenaient vers minuit. Elles apportaient dans un panier « des douceurs, de l’eau de riz. On leur donnait notre présence, une présence de jeunesse ». Les déportés installés dans un dortoir « nous appelaient de lit en lit, nous donnaient la main… Souvent, on les voyait le soir et le lendemain, ils étaient partis [décédés] ». C’est ainsi que Monique évoque ses visites ; elle se rappelle aussi qu’il n’y avait qu’une seule seringue hypodermique par salle !

La mort de son fils Sylvain
Mémère Guillaume fut la première à ériger une barricade en face de l’église puis dans toutes les rues menant au Fort d’Issy occupé par les Allemands. Ceux-ci, coincés par les barricades, se sont dégagés en force.
Madame Guillaume déjà fort éprouvée par la mort de son mari en 1939 perdit son fils en 1944. Membre du PCF, Sylvain Guillaume était résistant « mais ne se cachait pas assez ». Il fut affecté « à la récupération des armes à la centrale électrique de Malakoff. Sur place, il fut « touché par une balle » et son frère adoptif « l’a soulevé et s’est sauvé en le portant sur le dos ». Tous deux furent rattrapés mais si le sauveur put à nouveau s’échapper, Sylvain fut « arrêté par les flics ». Sa mère et sa sœur Alice furent arrêtées le matin même et vinrent reconnaître le corps rue Séverine à la morgue de l’hôpital des Petits-Ménages (Corentin Celton). 
Madame Guillaume insista pour soulever le drap protégeant la dépouille de son fils et constata qu’il avait été battu. « Il était plein de coups » comme en témoigne encore sa sœur Alice. Le jour de l’enterrement, Alice fut mise à l’abri par des résistants qui l’ont « embarquée ». Ensuite, les copains et copines de Sylvain ont donné son prénom à leur premier fils tout comme Alice dont le fils et le neveu sont aussi prénommés Sylvain en souvenir de son sacrifice.

© A. Bétry

Une plaque commémorative à la mémoire de Sylvain Guillaume fut posée sur le mur à l’emplacement de la blanchisserie de sa mère, 26 avenue Jean Jaurès (ci-contre). Pendant longtemps, Guy Ducoloné, député communiste, et sa femme vinrent y déposer des fleurs. Les commerçants du quartier participaient au bouquet. Tout comme aujourd'hui encore, en mai. Son nom est gravé en lettres d'or au milieu des FFI (Forces françaises de l'Intérieur) et des FFL (Forces françaises libres) sur le Monument aux morts d'Issy.
Souvenirs heureux
Alice Guillaume a gardé malgré tout des souvenirs heureux de son ancien quartier. « Les gens de la place de l’Église étaient solidaires ». Les enfants jouaient sur le parvis. Lors des baptêmes, ils récupéraient les dragées ou des sous lorsque la famille sortait de l’église. Dans le cas contraire, les enfants criaient « Fauchés, fauchés ! ». Les chenapans plaçaient de gros cailloux dans les bénitiers afin que ceux qui y plongeaient les doigts s’écrient « aie ! ». Alice se souvient aussi des « descentes sur les planches » de la rue du Moulin-de-Pierre qui se terminaient devant la Chapelle rose !
Un remerciement à Alice Guillaume qui a complété cet émouvant témoignage sur sa mère et sur son frère mort pour son engagement en faveur de la Liberté. Elle rend hommage aussi à Valentin, l’infirmier qui l’assista lors de la mort de son cher mari et qui est « son petit-fils de cœur » en veillant sur elle avec grande affection.

Merci à Monique pour cette évocation d’une mère et de ses enfants et merci à l’autre Monique qui a participé à l’entretien. P.Maestracci

23 septembre 2016

La Demoiselle d'Issy - le 18 septembre 2016

Comme promis, voici quelques compléments aux deux articles précédents concernant cette inoubliable Journée du Patrimoine du 18 septembre 2016.

Une conférence avait été organisée au Musée , en présence de M. le Maire André Santini, sur les débuts de l'aviation à Issy, avec l'historien Georges Pagé, le général Jean-Pierre Faure et M. Farman, l'arrière-petit-neveu d'Henri Farman, celui qui réalisa le première kilomètre en circuit fermé, le 26 octobre 1907. Un diaporama permettait de suivre les exposés de chacun. Mais, auparavant, les responsables d'Aérorétro leur avaient présenté leur fameuse "Demoiselle" (ci-dessous).

Présentation de la "Demoiselle". © A. Bétry
Puis, au 82 rue Henri Farman, juste en face de l'héliport (ci-dessous), M. le Maire, entouré de conseillers de quartier,  de membres de l'association, de Christophe Provost, maire-adjoint à la Culture, et de la présidente d'Historim, inaugurait la borne "Hélicoptères" de l'itinéraire La Mémoire du Champ d'aviation, un circuit en 8 étapes autour de l'ancien terrain d'aviation.

Au pied de la tour Accor, 82 rue Henri Farman. © A. Bétry

Retour au Musée, pour découvrir le spectacle "Roland Garros, entre aviation et vie de bohème", autour de la "Demoiselle", avec un public enthousiaste qui reprit en chœur les refrains, parfois coquins, des chansons d'époque, interprétées par Pascale Durand et Aurélien Noël, à l'accordéon (ci-dessous) ; spectacle donné un peu plus tard au PACI (article précédent). Au programme : 

"L'aviateur rigolo"
   Refrain
J' suis aviateur
Et grâce à mon petit moteur
C'est moi le champion d' la hauteur
De la longueur et d' la largeur
J' suis aviateur
Et je peux dire d'un air blagueur
Que sans être cambrioleur
Je monte-en-l'air, y a pas d'erreur

Pascale et Aurélien au Musée. © A. Bétry

La famille Pigout, de la Compagnie du Masque, en costume d'époque (ci-dessous), évoquait les souvenirs de Roland Garros, prenant possession de sa "Demoiselle" sur le terrain d'Issy et tentant avec plus ou moins de succès de décoller.

18 septembre 2016 : la Compagnie du Masque et la "Demoiselle". © A. Bétry
27 avril 1910 : Roland Garros à bord de la "Demoiselle"
© Musée de l'Air.

"Je pris possession de mon appareil sur le terrain d'Issy [raconte Roland Garros]… Je m'installai dans l'appareil pour m'accoutumer à la position… On était assis sur un simple cuir tendu à 10 cm du sol et de la tête on touchait les ailes" - une position bien visible sur la photo ci-dessus.
Garros continue : "Ce n'est qu'au cinquième essai que, brusquement, je compris… Alors je réussis à voler et, surtout, à me poser sans casse". C'était le 27 avril 1910 (photo ci-dessus).

Le 19 septembre, la fête est finie. La "Demoiselle" repart, non pas par les airs, mais dans un gros camion… et ses ailes démontées (ci-dessous) ! Encore un grand merci à tous ! PCB

Sortie du Musée. © A. Bétry

Un demi-tour au milieu de la chaussée. © A. Bétry

21 septembre 2016

Roland Garros, au PACI d'Issy, avec Historim

Le spectacle, présenté pour les Journées du Patrimoine 2016 au Musée Français de la Carte à Jouer devant la réplique de la Demoiselle (ci-dessous), a été repris en fin d’après-midi au PACI, avenue Victor Cresson.

Le rez-de-chaussée de ce superbe bâtiment Art déco s’est transformé en salle de spectacle pour une bonne vingtaine de spectateurs ravis. 

Pascale Durand, Aurélien Noël et les membres de l'association Aérorétro
devant la réplique de la Demoiselle, Musée français de la carte à jouer, Issy.
© P. Maestracci
Il faut dire que les trois membres de la Compagnie du Masque ont évoqué avec réalisme l’aviateur Roland Garros au travers de ses Mémoires avec, ponctuellement, un petit accord musical. Tout autant talentueux, la chanteuse Pascale Durand  et l’accordéoniste Aurélien Noël ont fait reprendre au public conquis les refrains malicieux des chansons de la Belle Époque. Comédiens, chanteuse et musicien en harmonie ont fait de cette célébration du Patrimoine un moment délicieux ; un grand merci à eux ! 
P. Maestracci

Spectacle au PACI. © P. Maestracci
Les comédiens de la Compagnie du Masque, au PACI.  © P. Maestracci

Pour en savoir plus sur le PACI
http://www.historim.fr/2011/12/le-paci-dissy.html

19 septembre 2016

Un beau succès pour les Journées du patrimoine

Formidables… Vous avez été formidables… 

Merci à tous et, en particulier, à Denis et Pascale, nos fidèles Historimiens ; la famille Pigout de la Compagnie du Masque ; Pascale et Aurélien qui nous ont fait chanter au son de l'accordéon ; nos conférenciers, Georges Pagé et le général Jean-Pierre Faure ; Denis et Florian, sans oublier Brigitte, du Musée français de la carte à jouer ; les responsables des conseils de quartier du Val de Seine-Les Arches et du Centre Ville-Corentin Celton-Les Varennes ; sans oublier Yvon et ses deux compères,  accompagnateurs de la Demoiselle de l'association Aérorétro !

Réplique de la Demoiselle de Santos Dumont. ©PCB
Dans les jours qui viennent, nous vous donnerons plus de compte-rendus, plus de photos… pour ceux qui, par malheur, n'ont pu être présents. En attendant, voici quelques clichés de la réplique grandeur nature de la Demoiselle de Santos Dumont, installée comme une "reine" sur le parvis extérieur du Musée. PCB.

© PCB
© PCB



11 septembre 2016

Après le Forum, les Journées du Patrimoine

Quel beau succès, le Forum ! Nous avons "engrangé" les adhésions, "fait notre provision" de  nouveaux projets, discuté, écouté et beaucoup sympathisé.

Place maintenant aux Journées du Patrimoine avec un programme des plus alléchants. Un certain nombre d'entre vous l'ont déjà en mains, mais pour ceux qui ont sauté la case Forum, voici ce qu'Historim, associé au Musée français de la carte à jouer, vous a concocté.



7 septembre 2016

Forum des Associations - Issy-les-Moulineaux

Historim y sera, toujours au même emplacement. 
Nous vous y attendons nombreux.



Adresse : 
Palais des Sports Robert Charpentier
6 boulevard des Frères Voisin



Dates :
vendredi 9 septembre, de 13 h à 20 h
samedi 10 septembre, de 10 h à 18 h



2 septembre 2016

Place Léon Blum - une place en devenir

La place se situe à une intersection de cinq voies : avenue Victor Cresson, avenue de Verdun, avenue Pasteur, boulevard Garibaldi et rue Aristide Briand ; et se trouve à cheval sur trois quartiers : Centre Ville, Hauts d'Issy et Val de Seine. Elle est surplombée par la voie aérienne du RER-B dont un arrêt (Issy-Gare) est tout proche. Bientôt, une nouvelle station de la future ligne 15 surgira sur cette place.

LE PASSÉ


Son nom lui a été donné après-guerre pour rendre hommage à un homme politique (ci-contre), membre éminent de la SFIO. Léon Blum ( 1872-1950) fut deux fois chef du Gouvernement sous le Front Populaire en 1936/37 et quelques semaines de 1946 à 1947 au tout début de la IVe République. Pendant la guerre, il fut emprisonné sur ordre de Pétain, jugé au procès de Riom puis déporté en Allemagne.
Route des Moulineaux et perspective du Viaduc. Début XXe s.

La place Léon Blum est située sur l’axe majeur isséen qui part de la porte de Versailles vers Meudon, Sèvres, Versailles etc. Elle devint encore plus importante au XIXe siècle en raison de la proximité des usines d’armement Gévelot puis de la ligne de chemin de fer (actuel RER). Les poutrelles métalliques entrecroisées (ci-dessus) ont disparu au profit d’un pont contemporain. La belle maison à droite existe toujours avenue Victor Cresson. A gauche, la vue sur le viaduc est dégagée.
Depuis plusieurs années, on a construit sous les arcades un ensemble baptisé les Arches avec ateliers d’artistes, locaux culturels et sportifs ( mur d’escalade) le long du boulevard Garibaldi. La performance fut d’y rendre inaudible le passage des rames du RER !

Viaduc du chemin de fer électrique.

Il y eut au cours du XXe siècle des bâtiments disparates sur le terrain entre le boulevard Garibaldi et la rue Briand (ci-contre). Il fallut loger les ouvriers travaillant dans les usines proches. Les enfants dans les années 1950 appelaient cet endroit « le Maroc » ou « le  Texas » ! De nos jours, il y a un grand ensemble HLM


Un quartier animé
L'avenue Verdun et la gare d'Issy en 1918.

On peut remarquer la sortie des classes avec de nombreux écoliers en pèlerine (ci-contre). On distingue les rails des tramways ainsi qu’un cabriolet tiré par des chevaux à droite de l’image.
L’accès à la gare du RER-B sur la hauteur existe toujours et son nom est plus qu’évocateur.



LE PRÉSENT
Une élégante arche métallique (ci-dessous) légèrement cintrée forme le pont du RER. Au travers de l’arcade sur la droite, on distingue des immeubles en brique qui donnent sur le boulevard Garibaldi. 

Place Léon Blum vue de l'avenue Victor Cresson. 

L'AVENIR
Des travaux importants ont commencé depuis 2015 (ci-dessous) pour l’aménagement du quartier en liaison avec la gare ultramoderne de la ligne de métro  (ligne 15) dont le premier tronçon ouest-est partira du Pont de Sèvres pour rejoindre les villes de Noisy et Champs. L’autre station sur le territoire de la commune sera en hauteur pour desservir le Fort ainsi que Vanves et Clamart. Ces aménagements sont l’œuvre de la Société du Grand Paris. Texte et photos P. Maestracci

Attention travaux ! Déplacement rue Briand des réseaux souterrains.
Immeuble entre l'avenue de Verdun et la rue Aristide Briand, condamné.