31 août 2017

La mémoire de l’impasse Wagner, à Issy-les-Moulineaux

Finies les vacances, vive la rentrée… et les 
témoignages d'Isséens, comme celui que nous évoquons ici à travers cet entretien


Deux habitantes de l’impasse Wagner (donnant rue Pierre Brossolette), Véronique L et Valérie S ayant emménagé l’une et l’autre au tournant du siècle (janvier 2000) dans deux maisons situées en vis-à-vis, ont rédigé en 2005 un livret de 30 pages sur l’impasse, son passé, ses habitants d’alors afin de préserver la mémoire de ce quartier populaire à la fois pour les nouveaux habitants et pour les générations futures. Cet article a été déposé au musée d’Issy où il peut être consulté. 
Historim applaudit une telle démarche de sauvegarde du patrimoine social et culturel Isséen et a souhaité approfondir les conditions dans lesquelles cette recherche a été effectuée, à titre de "bonne pratique" susceptible de donner des idées à nos lecteurs. 

Historim : Comment est née cette idée d’écrire sur le passé de votre rue et sur ses habitants ? Y avait-il une urgence ? 

Valérie et moi venions de Paris et avons été charmées par le mode de vie encore très villageois de cette petite impasse calme et presque familiale. L’impasse était encore habitée par nombre d’"anciens" qui en furent les fondateurs et constructeurs. 

Jardins des maisons  de l'impasse.
J’ai moi-même acheté ma maison à l’un des premiers habitants, considéré par tous comme l’âme du quartier et qui venait de décéder à l’âge de 90 ans. J’y ai fait nombre de travaux car la maison remontait aux années 1930 et avait été construite à la main et, quel qu’en soit le charme, elle méritait d’être sérieusement revue et corrigée… Mais j’ai senti que tous les voisins m’avaient à l’œil et surveillaient de très près les transformations que je faisais car j’habitais "la maison de Monsieur Franck" et me devais de respecter la mémoire des lieux. Valérie et moi avons réalisé que ce que nous faisions nous-mêmes dans nos maisons respectives allait être le lot de tout le quartier et nous avons décidé d’en faire un état des lieux et de fixer par écrit son histoire avant qu’il ne se transforme complètement.

L'impasse Wagner.
Historim : Devant un tel projet, par quel bout commencer : l’information des voisins, les interviews, la recherche d’archives, de cartes postales, etc.. ? Quel plan d’action avez-vous élaboré ? Quel délai vous donniez-vous ? 

Nous nous donnions de six mois à un an, le temps de faire le tour de toutes les maisons et d’en comprendre l’implantation et comment on y vivait. Ayant déjà tissé des liens amicaux avec le voisinage, nous avons donc été trouver chaque maisonnée pour présenter notre projet et leur demander s’ils pouvaient et aimeraient y participer. Leur accueil a été, à une exception près, extrêmement enthousiaste, car chacun semblait heureux de faire revivre une certaine époque dont il voyait bien qu’elle touchait à sa fin. Il n’y avait pas d’archives publiques, seulement quelques archives familiales conservées par l’un ou l’autre, donc nous avons procédé par rencontres et entretiens approfondis. 

Historim : Combien d’entretiens avez-vous réalisés ? Y a-t-il eu des difficultés, récurrentes ou ponctuelles ?


Nous avons réalisé une douzaine d’entretiens, certaines personnes étant revues plusieurs fois au fur et à mesure de l’avancement de nos travaux et de notre questionnement. Nous n’avons rencontré aucune difficulté particulière car les "anciens" se connaissaient tous assez bien et pour plusieurs d’entre eux avaient même des liens familiaux. Ils avaient plein de souvenirs et d’anecdotes à nous confier et cela leur permettait de faire revivre toute une époque très conviviale même si elle avait été rude et difficile matériellement. Et puis aussi de dire des choses qui partiraient en même temps qu’eux et qui étaient leur vie.

Geneviève, Huguette, Simone et Jeannette.

Historim : Avec votre voisine, comment s’est passée la co-écriture ?

Nous avons décidé du plan de l’article, du planning de notre enquête ensemble et nous avons effectué les entretiens le plus souvent à deux, en prenant des notes à la main. Étant habituée à écrire de par mon métier, je me suis chargée de la rédaction avec toujours le regard et l’intervention de Valérie, car nous avons tout fait en parfaite entente, accord et harmonie. Cela nous intéressait et amusait beaucoup et cela a resserré les liens entre nous et avec tout le voisinage. Repas de quartier chaque année en juin (avec même les premières années la présence d’André Santini), une gazette, bavardages dans la ruelle, petits coups de main à droite et à gauche, partage des produits des potagers, etc. La vie de village avait repris un peu comme "au bon vieux temps" et ce fut une période très chaleureuse et active.

La gazette.
Repas de quartier.

Historim : Avez-vous abordé le volet architectural de la rue, fait des photos ? 

Oui bien sûr. Parler des maisons et de leur construction était une partie centrale de notre projet car chacun avait soit construit la sienne, soit en connaissait l’histoire et parlait de ses propres aménagements. Tout était très précis et argumenté car l’histoire de l’impasse remonte aux années trente et les souvenirs des anciens étaient encore très présents.

Les maisons de l'impasse.
Nous avons pris des photos depuis certaines terrasses pour avoir une vue d’ensemble des maisons et de leurs jardins mais cela restait assez difficile car le terrain initial qui appartenait à Monsieur Wagner, un "glaiseux" [c'est-à-dire un exploitant de carrières de glaise], avait été partagé en lanières longitudinales avec les maisons sur le devant et, à l’arrière, les jardins potagers assortis de toutes sortes de dépendances, ateliers, et abris de jardin. Et les maisons en question sont de petites maisons avec un ou deux étages maximum, assorties d’ajouts au fil du temps, le tout à la bonne franquette et plutôt de guingois. Ce qui en fait, mais on peut dire aujourd’hui en "faisait" le charme. 

 
Vue panoramique.
Historim : Un an après le lancement, comment avez-vous procédé au "rendu" de l’étude à vos voisins ?

Nous avons fait plusieurs tirages de photos et photocopies du livret que nous avons distribué à celles et ceux que cela pouvait intéresser. Mais il faut préciser que parmi les personnes interrogées, nombre ne lisaient pas ou plus, leur seul mode de communication étant l’oralité et…le sourire.
En revanche, j’ai informé le Musée français de la Carte à Jouer de notre travail et l’un des conservateurs, Florian Goutagneux, a exprimé son intérêt. Un exemplaire s’y trouve donc. Le titre que nous lui avons donné est : Il était une fois…l’impasse Wagner.

Historim : Onze ans sont passés depuis ce travail et de nouveaux habitants se sont installés dans votre petite rue. Avez-vous continué à distribuer votre livret à ces nouveaux arrivants ?

Mon amie Valérie a quitté le quartier il y a plusieurs années, emportant avec elle notre tandem et notre dynamisme à deux. En effet, ce serait une très bonne idée de le faire connaître aux nouveaux arrivants et de le leur envoyer par mail puisque c’est maintenant le mode de communication de tous, même au fin fond de notre impasse. Ah, si nos anciens savaient cela, ils diraient, ils chanteraient…

Des photos comme témoignages.
Historim : Y aurait-il lieu d’actualiser ce travail, notamment sur le volet architectural avec les modifications effectuées par ces nouveaux arrivants ?

Ah oui certainement car, en dix ans, l’impasse s’est totalement modifiée. Les anciens sont tous décédés, leurs maisons revendues et pour la plupart complètement transformées. Y sont ajoutées des surélévations, des vérandas, des toitures arrondies, etc… Depuis plusieurs années, l’impasse est en chantier permanent, certaines maisons deviennent même de petits immeubles, et de la jeune arrivante que j’étais il a quinze ans, je suis devenue, au même titre que mon prédécesseur, la doyenne ou presque. A défaut d’en être l’âme….
Interview réalisé par JP- merci à véronique L

26 août 2017

Dernière escale - les armoiries d'Issy-les-Moulineaux

Neuvième et dernière escale

Issy-les-Moulineaux 



Après un été marqué par des escales d'un bout à l'autre de la Terre, mais toujours en relation avec Issy-les-Moulineaux, terminons notre voyage par l'explication des armoiries de notre commune (ci-dessous).

Une sorte de X majuscule sépare l’avion en haut des trois moulins à vent. De part et d’autre se trouvent à droite, les traditionnelles feuilles de chêne pour la force et à gauche les lauriers de la victoire. La couronne crénelée évoque le Fort d’Issy qui faisait partie des fortifications de Thiers en 1840-1844. Il est transformé depuis quelques années en éco-quartier.
La devise Habeo semper alas suit l’ordre des mots en français. Habeo du verbe latin habeo, es, ere signifie : je possède, j’ai ; semper : à jamais, toujours ; et alas : des ailes (pour un avion, mais pour une armée, voire pour les voiles d’un navire). En résumé : « J’ai des ailes à jamais » !


Armoiries de la ville sur le Monument aux morts, à l'angle
de l'avenue de la République et de la rue Hoche.

Historique
Ces armoiries datent de la Seconde Guerre mondiale. Leur création est imposée par le préfet de la Seine relevant de l’État de Vichy mais, en réalité, sous contrôle des autorités allemandes. Les communes qui n’avaient pas d’armoiries doivent s’en doter avec des éléments caractéristiques de leur histoire. C’est ainsi que Vanves, par exemple, adopte le battoir des lavandières qui rinçaient le linge dans le ru ou ruisseau de Vanves (qui aboutit à l’isséenne place de la Fontaine).

Explication
Quant à Issy-les-Moulineaux, il faut associer Issy et Les Moulineaux qui ont fusionné en 1893. Le choix se porte sur le dessin d’un petit avion du début du siècle, référence au champ de manœuvre sur lequel, en 1908, Farman réussit le premier kilomètre en circuit fermé. Ce terrain d’aviation (et actuel Héliport) était entouré par les usines des constructeurs d’avions tels les frères Voisin ou Caudron. Pour les Moulineaux, sont dessinés trois petits moulins à vent. En réalité, un ruisseau dont la source se situe dans les bois de Meudon, passait par le Val Fleury et actionnait les roues à aubes de plusieurs moulins, avant de se jeter dans la Seine !
Le choix de moulins à vent est peut-être une référence involontaire au courageux meunier Debray qui défendit son moulin à Montmartre face aux cosaques en mars 1814. Ceux-ci le tuèrent et le découpèrent en morceaux accrochés aux ailes de son moulin. Debray et sa famille reposent au cimetière Saint-Pierre de Montmartre.

Dérivés


Le logo de la commune (à gauche).

Un carré aux lignes vertes pour la commune et des arcs de cercle bleus symbolisant la Seine et l’île Saint-Germain à l’ouest.







Le logo d’Historim (à droite)

Un avion et un moulin à vent. Historim signifie : Histoire et Recherche sur Issy-les-Moulineaux. L'association et son logo sont nés en 2010.

Texte et photographie P. Maestracci.



19 août 2017

Futian, ville jumelle

Huitième escale
Futian, district de Shenzhen (Chine)

Nous voici partis pour cette nouvelle escale, en Chine cette semaine, à Futian, l'un des huit districts de la ville de Shenzhen, située en face de l'île de Hong Kong. Rappelons que Hong Kong, colonie britannique depuis 1882, fut rétrocédée à la Chine en 1997.

Signature de l'accord, à Issy-les-Moulineaux, 22 avril 2013. © XDR

C'est le 22 avril 2013 qu'un protocole d'accord fut signé entre nos deux villes (ci-dessus). Shenzhen a acquis depuis plusieurs années une réputation internationale grâce à son dynamisme économique. Ce centre industriel majeur abrite les entreprises high-tech chinoises les plus connues comme Huawei, BYD, Konka, G’Five ou TLC Corporation (1re chaîne de télévision chinoise) ainsi que de nombreuses sociétés étrangères.

La ville de Schenzhen offre aux touristes des parcs d'attractions, des musées d'art et compte les bâtiments les plus modernes au monde (ci-dessous). C'est l'agglomération la plus riche et l'une des plus modernes de Chine. De quoi faire rêver… PCB

Centre des affaires, Schenzhen,
plus de 400 mètres de hauteur. © XDR

12 août 2017

Issy-les-Moulineaux primé "Villes de Miel"

Septième escale
 7e Assises de la Biodiversité, Ajaccio, 5-7 juillet



Les abeilles sont en danger, menacées par les pesticides ! La production de miel chute tous les ans : 33 000 tonnes en France, en 1995 ; plus que 9 000 tonnes en 2016. Des chiffres terribles.

© XDR
Mais un certain nombre de villes et leurs "éco-maires" ont décidé de produire du miel dans leurs communes, comme à Issy-les-Moulineaux où des ruches ont été installées notamment dans l'île Saint-Germain. Pour récompenser ces commues, un concours national "Villes de miel" est organisé depuis 2016, dans le cadre des Assisses de la Biodiversité qui, cette année, se tenaient à Ajaccio.

Et soyons fiers ! Issy-les-Moulineaux est arrivé en deuxième position, juste après le village de Zévacco (Corse-du-Sud). Des dégustations à l'aveugle ont lieu. Puis le jury découvre les actions pédagogiques et écologiques menées par chaque commune. Et vote.

Vous pouvez acheter ce fameux miel isséen à l'Office du tourisme, 62 rue du Général Leclerc (entrée sur l'esplanade). Faites un détour, vous verrez qu'il mérite bien son deuxième prix. PCB

Les ruches de l'île Saint-Germain. © A.Bétry
Pour en savoir plus : 
http://www.historim.fr/2011/08/ile-st-germain-les-jardins-imprevus.html

5 août 2017

Ichikawa, Japon - ville jumelle

Sixième escale

Ichikawa, Japon

Parc d'Ichikawa. ©XDR
Le 22 octobre 2012, les maires d'Issy-les-Moulineaux et d'Ichikawa ont signé un accord de partenariat entre leurs deux communes dans l'objectif de développer échanges artistiques, culturels et services numériques.
Ichikawa se situe à une vingtaine de kilomètres de Tokyo. La ville a été créée en 1934 par la fusion de plusieurs bourgs. Aujourd'hui, elle compte plus de 450 000 habitants.
Elle est réputée pour son spectaculaire feu d'artifice, tiré sur les deux rives du fleuve Edogawa, tous les ans le premier samedi d'août. 14 000 fusées sont tirées, 450 000 spectateurs font le déplacement.

Qui dit Japon, dit jardin japonais… une coutume ancestrale qui a fait son apparition dans l'éco-quartier du fort d'Issy, grâce aux concepteurs Hirokazu Yuasa et Kinzo Hirakawa, venus d'Ichikawa. On y trouve les traditionnels graviers, eau, tonnelle, pierres et les lanternes. Un jardin qui appelle au repos et à la méditation… PCB

Jardin japonais Ichikawa, au Fort d'Issy. © PCB