31 octobre 2016

Matisse, Chtchoukine à la Fondation Vuitton

Une idée pour terminer en beauté les congés d'automne, 
visiter à la Fondation Vuitton la collection incroyable des tableaux 
du mécène russe Sergueï Chtchoukine

Sergueï Chtchoukine. © XDR
Quel rapport avec Issy-les-Moulineaux ? Nos fidèles Historimiens et internautes le savent bien… Lorsque Henri Matisse habitait Issy, de 1909 à 1917, il a peint et vendu plusieurs tableaux au collectionneur russe Sergueï Chtchoukine (ci-dessus), dont l'Atelier rose (ci-dessous) que vous pourrez admirer.

L'Atelier rose, Henri Matisse. Musée de l'Ermitage, Saint-Petersbourg. ©XDR.
C'est l'atelier de la maison isséenne, située au n°92 avenue du Général de Gaulle, que Matisse peint ici. Il n'en reste rien aujourd'hui sauf deux toiles (l'Atelier rose et l'Atelier rouge) et cette description d'une journaliste américaine : "Cette bâtisse rectangulaire de bonne dimension était peinte en blanc à l'intérieur et à l'extérieur, avec de grandes fenêtres (dans la toiture et sur le côté), d'où la chaleur et la sensation de plein air. C'était un local de travail vaste et simple, où murs et chevalets étaient occupés par de grandes toiles extraordinaires aux couleurs vives", raconte Clara MacChesney, du New York Times le 9 mars 1913. PCB

Pour en savoir plus :
http://www.historim.fr/2011/03/matisse-huit-ans-de-creations-issy.html
Pour se rendre à l'exposition :
http://www.fondationlouisvuitton.fr

28 octobre 2016

Harkis : hommage du 25 septembre 2016

Traditionnels dépôts de gerbes, lecture du texte du président de République (extraits ci-dessous) ponctuèrent cette cérémonie dédiée aux Harkis, qui se déroula devant le Monument aux morts d'Issy, le 25 septembre 2016. L’évocation de cette page douloureuse de notre histoire et la fin tragique de bon nombre de Français musulmans est certainement, pour les jeunes, un fait qui mériterait de plus amples explications. 

Recueillement devant le Monument aux Morts, Issy, 25 septembre 2016. © A. Bétry

Voici quelques extraits du discours de François Hollande, lu à cette occasion par le Préfet..

"… Comme chaque 25 septembre, la France honore les harkis et se souvient. Cette date est inscrite dans le calendrier des journées nationales de la République depuis que Jacques Chirac, président, en avait décidé en mars 2003…
Pendant la guerre d'Algérie, pour contrôler un territoire de plus de deux millions de kilomètres carrés qu'elle ne pouvait pas soumettre, l'armée française a recruté des supplétifs parmi la population. Plus de 200 000 hommes ont alors servi sous l'uniforme français ; ils étaient des moghaznis, des tirailleurs, des spahis, des membres des forces régulières, des groupes mobiles de sécurité, des groupes d'autodéfense, des sections administratives spécialisées, nous les avons tous en mémoire sous le nom de harkis
Lorsque le cessez-le-feu a été signé le 19 mars 1962 à la suite des accords d'Evian, ces harkis, c'est-à-dire vous, aviez confiance en la France parce que vous vous étiez battus pour elle et vous n'imaginiez pas qu'elle puisse vous abandonner. C'est pourtant ce qui s'est produit… "

Seuls 20 000 harkis furent rapatriés en France, où ils furent souvent parqués dans des camps précaires. Aujourd'hui, leur population, regroupant les musulmans rapatriés et leurs descendants, est évaluée à 400 000 personnes environ.


Les chanteurs de la chorale, Pierre Soubelet, préfet  des Hauts-de-Seine
et André Santini, député-maire d'Issy. © A. Bétry 

Un grand moment d’émotion clôtura la cérémonie. Sous la direction de Mme Catherine Lobet, en charge des CHAM (Classe à Horaires Aménagés Musique)   la chorale du collège Henri Matisse interpréta deux couplets de la Marseillaise. Sous les applaudissements inhabituels de la nombreuse assistance, ce choix fut le moment apprécié de cette célébration. L’unité vestimentaire, les voix et la maîtrise de l’ensemble ont démontré le sérieux et le travail fournis par les cadres du collège et l’engagement de ses élèves : la surprise ne demande qu’à se répéter. A.B.

M. le Préfet, M. le Maire et la chef de chœur du collège Henri Matisse. © A. Bétry
Pour en savoir plus :
http://www.historim.fr/2012/09/1987-2012-le-bachaga-et-les-harkis.html

27 octobre 2016

Réponse - la lanterne

© PCB
Alors vous avez trouvé… Cette lanterne se trouve dans le jardin japonais d'Ichikava, au Fort d'Issy.

Jardin d'Ichikava. © PCB. 
Un jardin traditionnel où il fait bon vivre, dédié au repos, à la méditation et à la contemplation de la nature. Avec deux éléments importants : la pierre, symbole de l'éternité ; et l'eau, qui représente la fuite du temps. Les lanternes - il y en a quatre types différents dans le jardin - servaient à rassurer les esprits faibles à la tombée de la nuit. Celle-ci est la Yukimi, introduite au Japon pendant la période Edo (1615-1867), la plus populaire au Japon.

Un jardin calme et reposant qui mérite vraiment le détour. PCB






23 octobre 2016

Jeu - la lanterne

Un petit nez en l'air pour les vacances d'automne … Savez-vous où se trouve 
cette bien jolie lanterne ?
Réponse - le 27 octobre 18h

© PCB

19 octobre 2016

Monique, figure du quartier Saint-Etienne

Sa famille
Monique vit dans le quartier Saint-Étienne (photo ci-dessous) depuis sa naissance.
Place de l'Église. Vue du début du XXe siècle. Coll. particulière.
Elle est la petite-nièce de M. Chardonneret, mécène qui fit don de sa précieuse collection de cartes à jouer au musée isséen devenu Musée Français de la Carte à Jouer, rue Auguste Gervais. Son grand-père est né à Paris en 1870. Son père « hirondelle » travaillait à la Préfecture de Police pour le préfet Chiappe. Sa grand-mère paternelle Marie-Louise et sa mère Henriette étaient toutes deux infirmières. La grand-mère d’abord infirmière des hôpitaux était ensuite devenue « accoucheuse chez les dames ». Elle vint ensuite s’occuper de ses petites-filles et garder des enfants « pour gagner des sous ». Sa mère travaillait à la Manufacture des Tabacs, rue Renan. Monique est la deuxième d’un trio de filles.

Le Front Populaire
Sa sœur aînée travaillait au Moniteur, rue Renan où il y eut la grève en 1936, à l’époque du Front Populaire. Pendant l’occupation de l’usine, les paniers de nourriture étaient hissés avec des cordes pour le ravitaillement. Il y eut aussi des bagarres avec les Croix de Feu aux opinions politiques antagonistes. Lors des premiers congés payés (photo ci-dessous) (15 jours en 1936), Monique évoque « le gosse avec une épuisette, le père avec sa casquette…Ils allaient voir la mer pour la première fois ». 

Premiers congés payés. © XDR
La SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière) louait un terrain avec une cabane impasse Cloquet, un « coupe-gorge ». Le Dr Alessandri, membre de la SFIO, était conseiller général de la Seine. Il fut maire de la commune en 1939-40 jusqu’à l’arrivée des soldats allemands.

Scolarité 

École de filles, rue du Fort. Monique y fut élève dans les années 1930.
Coll. particulière

Monique a fréquenté un certain nombre d’écoles isséennes, d’abord chez « des sœurs défroquées », avenue Jean Jaurès (bâtiment qui fut longtemps le siège du commissariat). Elle alla ensuite à l’école rue du Fort (photo ci-contre), puis à l’école de la Source, rue Tariel. À partir de 1939, elle fit partie des réfugiés envoyés en province avant de revenir en octobre 1940 et d’aller à l’école Voltaire B (devenue l’Espace Savary, rue du Général Leclerc). Comme il n’y avait pas de chauffage, les filles allaient à l’école le matin et les garçons l’après-midi. Ceux-ci laissaient « des petits mots d’amour » pour les écolières qui les retrouvaient le lendemain matin. À noter que l’école Voltaire A, sur la place Vaillant-Couturier, était alors fermée. Monique remporte deux prix d’excellence et réussit le certificat d’études. Ensuite, elle prend des cours chez Pigier à l’angle de la rue Branly ; elle y apprend la sténo, la dactylographie et l’anglais avant de devoir travailler à 15 ans.


La Seconde guerre mondiale
En 1939-40, elle est réfugiée en province, d’abord dans un collège d’Angers puis à Brissac (Maine-et-Loire) avant de revenir dans la commune.
Monique se souvient : « À 5 heures du matin, je me levai pour aller chercher du lait pour ma petite sœur ». Les enfants avaient droit à du lait, des gâteaux vitaminés et à une pastille de vitamines.
Sa mère et sa grand-mère gardaient des enfants parmi lesquels André, deux ans, à qui Monique a appris à marcher. Le père d’André « arrive un beau jour avec une petite valise » ; lui et sa femme venaient d’être arrêtés car ils étaient des juifs russes. Le père avait réussi à s’échapper et à prévenir la famille d’accueil de son fils. Il avait mis des bijoux dans « un petit sachet » pour les frais d’éducation d’André. De plus, il avait placé des « papiers dangereux » dans une petite valise. Il fallait les détruire, ce qui fut fait discrètement en les déchirant et en les jetant dans les égouts. André, petit garçon de santé fragile, resta deux ans dans sa famille adoptive jusqu’à ce que ses parents reviennent le chercher. Son père était venu voir son fils plusieurs fois en cachette et sa mère, revenue de déportation « a récupéré son petit ». Celle-ci avait un numéro tatoué comme tous les prisonniers sélectionnés pour le travail dans les camps nazis. Les bijoux intacts furent rendus à la famille qui a remboursé les frais de garde. Le contact fut ensuite rompu. Un autre garçon de 12 ans, Freddy, « un érudit » fut également hébergé dans la famille de Monique ; il écrivit un poème pour la mère de celle-ci. 

26 août 1944. Le Général de Gaulle avec, à sa gauche,
Alexandre Parodi, à sa droite, André Le Troquer,
commissaire aux territoires libérés. © AFP.
En août 1944 lors de la Libération, Monique participe à l’élaboration d’une barricade devant l’église Saint-Étienne, en allant chercher avec son amie Mimi du sable dans une brouette. « Je me suis même blessée, égratignée à la jambe ». Elle vit un tank [de la 2ème DB] descendre la rue Diderot puis les Américains « qui jetaient du chewing-gum ». Son plus beau souvenir est celui du drapeau français flottant sur le clocher de Saint-Étienne, hissé par Marcel, fils du patron du bureau de tabac (remplacé par une pharmacie à l’angle de l’impasse Cloquet). « Tout le monde pleurait » ; les cloches sonnaient à toute volée pour la libération de Paris. « C’est incroyable. La France délivrée ! ». Le 26 août, Monique part du quartier Convention avec sa sœur qui emmenait ses jumeaux en compagnie de sa belle-mère. Elles virent le général de Gaulle descendre les Champs-Élysées « avec Le Troquer au premier rang (photo-ci-contre). On a entendu les premiers coups de feu ; on a fait du plat ventre ». Elles traversèrent la Seine pour rentrer par la rue de Vaugirard où il y avait des tireurs sur les toits. Leur mère, très inquiète après avoir écouté la radio, la retrouva avec soulagement dans la rue Minard.

Au travail
Monique commence à travailler en pleine guerre à l’âge de 15 ans à la SNCASO (Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud-Ouest) qui occupait des locaux prêtés par le ministère de l’Air, Porte de Versailles. Elle travaille ensuite à la Préfecture de la Seine, rue Tronchet dans le 8e arrondissement. Elle y est dactylo et se trouve dans le bureau de l’Enseignement avec deux secrétaires. C’est ainsi qu’elle fait la connaissance de Ginette Mathiot (célèbre pour ses livres de cuisine) et des inspecteurs de l’Éducation Nationale. On est alors au tout début de la méthode de lecture globale ! Monique réussit ensuite un concours pour rentrer au Crédit Foncier au standard. Après-guerre, elle devient monitrice pendant ses congés dans des colonies de vacances tandis que sa mère y travaillait comme infirmière. Cela permettait d’offrir deux mois de vacances à la petite dernière.

Bénévole
Son emploi du temps au Crédit Foncier lui permet d’avoir des activités bénévoles à la Croix-Rouge et à l’hôpital Saint-Michel.
Dans la commune, elle est membre pendant trente ans de l’ILE (Issy Loisirs Entraide) qui organise des voyages, des fêtes, prépare des paquets, des cartes pour Les Papillons blancs (enfants trisomiques) et fait appel au CAT (Centre d’Aide par le Travail) impasse Saint-Lucie.
Depuis plus de dix ans, elle est membre du CCA (Conseil Communal des Aînés) ; elle s’est occupée de la « sécurité routière ».

Un grand merci à Monique pour son témoignage très émouvant ainsi qu’à une autre Monique qui m’a accompagnée. P. Maestracci

14 octobre 2016

La Ferme - visite du quartier - Merci au trio d'Historimiennes

Cette visite du quartier de la Ferme a été organisée le 8 octobre 2016 par un trio de guides dévouées : Nicole, Micheline et Monique. Le temps ensoleillé a placé sous d’heureux auspices la promenade des Historimiens présents. Certains ont d’ailleurs au fur et à mesure enrichi la visite de leurs anecdotes et souvenirs. 
Nicole commença par la présentation de ce quartier en pleine mutation sans interruption depuis deux siècles. Tout d’abord, l’avenue de Verdun reprend le cheminement de la voie romaine Paris-Dreux juste au-dessus de la ligne des crues de la Seine. Ce fut longtemps le seul axe du quartier. L’avenue de Verdun prit ce nom de 1916 à 1936, fut appelée ensuite rue Barbusse avant de retrouver son nom originel après la guerre. L’avenue de Verdun ne commence qu’au numéro 83 car ses premiers numéros entre le carrefour de Weiden et la place Blum ont été rattachés à l’avenue Victor Cresson. D’autre part, Nicole insiste sur le rôle majeur du Comptoir Central de Crédit fondé au XIXe s. par Corentin Bonnard. Celui-ci achète de nombreux terrains ainsi que l’île Saint-Germain. Il veut faire un lotissement de villas-jardins et perce de nombreuses rues dans le quartier. Son projet est repris par son gendre Édouard Naud (qui fut maire d’Issy de 1871 à 1878) mais les difficultés s’accumulent. Il y a en effet de nombreuses cheminées d’usines crachant de la fumée sans parler d’un risque d’inondation. Les rues sont progressivement cédées à la municipalité jusqu’en 1928. En 1893, les Moulineaux fusionnent avec Issy pour former la commune d’Issy-les-Moulineaux.

Les Arches. © XDR
Micheline prend la parole pour présenter les Arches dont elle préside l’association. Ces Arches (ci-contre) se trouvent sous une voie ferrée (ligne de RER) conçue sur le modèle de l’architecte Hennebique il y a 150 ans. Ce parti pris de construire une voie sur arcades présentait un triple avantage : des piliers sur un sous-sol fragile d’argile et de sable (lit majeur de la Seine), une pente douce compte tenu de la dénivellation et enfin l ‘opportunité de ne pas acheter beaucoup de terrain sauf pour l’emplacement des piliers. Cette ligne fut la première électrifiée en 1900 car il y avait ailleurs de nombreux tunnels favorisant les incendies provoqués par les escarbilles de charbon des locomotives à vapeur. En 1996, la SNCF consolide les piliers et la Ville décide d’aménager les espaces libres entre les piliers, d’où le nom des Arches. Vingt-sept ateliers d’artistes ont été créés de toute pièce ainsi que des équipements sportifs et culturels. « C’est le seul endroit sous une voie ferrée avec des trains qui circulent au-dessus ».

Nicole présente la place Léon Blum créée en 1890 lors du percement de la rue Aristide Briand par le Comptoir Central de Crédit. Elle va accueillir une gare de la ligne 15 et est en plein bouleversement avec le déplacement des réseaux d’eau, électricité etc. Certains bâtiments ont été détruits et d’autres sont condamnés pour laisser place à une gare triangulaire avec des quais à 30 mètres de profondeur et en surface à des bureaux, des appartements et des équipements collectifs livrés en 2020/22 selon les prévisions.

Le pont du chemin de fer électrique, route des Moulineaux.
Sous le pont, c'est la fin de l'avenue Victor Cresson et, devant la place Léon Blum
Carte postale début XXe s. Coll. particulière.
Au 24 de la rue Aristide Briand, une peinture murale de Catherine Feff met en valeur l’entrée du collège Victor Hugo ancien groupe scolaire Paul Bert, rénové et agrandi depuis quelques années. La partie ancienne construite par l’architecte E. Delaire date de 1904. La rue croise la rue Paul Bert dont l’ancien marché couvert a disparu au profit de bâtiments contemporains. L’entreprise Gévelot commençait dans cette rue et s’étendait jusqu’à la rue du Docteur Lombrd (surnommé le « médecin des pauvres » au XIXe s.). La disparition de Gévelot a laissé place à trois ZAC : celle du Colombier , la ZAC Sainte-Lucie et celle de la Ferme.

Le cours Saint-Vincent est percé au milieu du terrain des anciennes usines Gévelot. À mi-chemin du cours, une allée accueillante donne accès aux immeubles résidentiels de la Villa Haussmann. Juste en face, le Cube, centre de création numérique, est créé en 2001 ainsi que d’autres équipements collectifs. Du même côté, le centre commercial de la ZAC Sainte-Lucie présente un long mur aveugle car il devait longer une autoroute à 4 voies ( projet abandonné à la grande joie des riverains ).

La rue Aristide Briand débouche sur la place Gévelot face à la gare des Moulineaux. Ce bâtiment est de style caractéristique avec ses 2 étages surmontés d’un toit à la Mansart. La gare se trouvait sur la ligne Champ de Mars-Puteaux. Elle devait être une gare de marchandises mais trop peu d’usines s’y trouvaient raccordées ; cela explique pourquoi elle fut surtout une gare de voyageurs. Elle a été transformée en pépinière d’entreprises tandis que sur l’ancienne voie ferroviaire circule le T2.

Ancienne brasserie des Moulineaux
Le coteau au-dessus de l’avenue de Verdun fut autrefois couvert de vignes fournissant un vin , le « guinguet. », d’où le nom de guinguette. Puis on exploita les carrières d’argile, de craie et de calcaire en creusant des galeries et des puits d’accès. Les carrières fournissaient « le blanc de Meudon ». De 1820 à 1930, huit fours à chaux tout au long de l’avenue dégageaient du gaz carbonique ! De nos jours au 113 bis, il y a à nouveau les vignes des caves Legrand produisant un vin de qualité. Chaque année, une classe isséenne de CM2 vient faire les vendanges. Au numéro 131, les bâtiments d’un hôpital de jour pour la psychiatrie dépendant de l’hôpital Corentin Celton sont en partie murés. Un peu plus loin, occupant les locaux de l’ancienne brasserie des Moulineaux (ci-dessus) construite par l’architecte Delaire, les serres municipales fleurissent les villes d’Issy-les-Moulineaux et de Vanves. Les jardiniers nettoient les vignes des caves Legrand avant l’arrivée des élèves vendangeurs. Tout près de la brasserie, il y avait un tonnelier.
Le chemin des Vignes est l’un des plus anciens sentiers de la commune. On y voit notre guide Nicole (ci-contre). Il a été aménagé en escalier en 1950 avec plus de 200 marches dont les dernières sont les plus dures en raison de la forte pente. Les habitants du quartier des Épinettes le constatent chaque jour. L’allée du Panorama surmonte de quelques mètres la ligne du RER ; elle longe des jardins ainsi qu’un poulailler. L’allée de l’Union donne accès au sensationnel Jardin botanique qui surmonte les Serres municipales (ci-dessous). Outre les aménagements habituels d’un beau parc, il y a des jardins partagés avec piments, tomates et autres productions !

Vue panoramique du Jardin botanique.

La sortie débouche sur le Chemin des Montquartiers percé en 1985. Le nom vient des Maux(mauvais)quartiers qui était aussi le nom précédent du boulevard Rodin. Le chemin passe sous les arches du RER pour revenir à l’avenue de Verdun. Nous sommes alors tout près de l’ancienne Ferme exploitée pour l’ordre des Chartreux par des tenanciers dont la famille Marie de 1666 à 1762. Il y avait des prairies, des vignes et un moulin. La propriété appartenant au clergé fut confisquée comme bien national en 1790 et vendue. Le maréchal d’Empire Berthier en fut propriétaire de 1803 à 1808 puis après 1814. Le Comptoir Central de Crédit en fit l’acquisition en 1857. Jusque dans les années Soixante, des Isséens allaient chercher leur lait et leur beurre à la ferme dont les vaches passaient au milieu des voitures. Cette ferme a donné son nom à ce quartier qui a tant changé.


Dans la petite rue de la Brasserie, il y eut des ateliers puis un hangar abritant un garage et un supermarché.

La rue Jean-Pierre Timbaud est l’ancienne rue Gévelot. Sur la gauche, il y avait une Poste et au 54 un cinéma dans un bâtiment des années Trente, remplacé par un garage Peugeot avant son transfert avenue de Verdun. Une plaque énigmatique (ci-contre) se trouve sur la façade de l’immeuble à l’angle des rues Timbaud et Paul Besnard.

La rue du Viaduc menant à la rue du Docteur Lombard permet d’admirer l’ancienne et majestueuse porte de l’entreprise Gévelot qui était autrefois place Gévelot en face de la gare. La porte donne accès au Parc de la Résistance où une emboutisseuse de cartouches Gévelot est exposée (ci-dessous). 

L'emboutisseuse de cartouches Gévelot.
Les Historimiens présents ont beaucoup apprécié la balade et ses commentaires ont chaleureusement remercié Nicole, Micheline et Monique qui les ont guidés le long d’un itinéraire riche en découvertes. P. Maestracci

11 octobre 2016

Georges Pagé et les débuts de l'aviation à Issy


Pour clore notre rétrospective des Journées du patrimoine 2016 sur le thème : "Issy-les-Moulieaux, berceau de l'aviation", l'historien Georges Pagé (ci-contre) a fait un petit résumé de sa conférence, donnée en compagnie du général Jean-Pierre Faure, pour ceux qui n'étaient pas présents. Un grand merci à lui.


Le premier avion qui ait décollé sur le terrain d'Issy fut celui de Trajan Vuia le 7 octobre 1906, Vuia d'origine roumaine, a fait le premier vol mécanique après Clément Ader en Europe, son vol du 7 octobre était à peine à 1 mètre du sol et sur une longueur d'environ 12 mètres.

Santos Dumont
Le 12 juin 1907, il tente à Issy quelques vols avec la "Demoiselle" [vous avez eu la chance d'en admirer l'une des deux répliques au Musée français de la carte à jouer, ci-dessous], le petit monoplan s'élève, mais pour regagner le sol aussitôt. Santos Dumont venait de mettre au monde un outil ravissant et terrible. Il avait ligoté, sur un long bambou, deux ailes rigides avec une queue cruciforme, il roulait au sol sur deux roues pleines, Santos Dumont était assis sur une selle de vélo.L'aéroplane de six mètres d'envergure et six mètres de long avec un moteur de deux cylindres. La cellule complète pesait 25 kilos, le moteur 25 kg Santos Dumont 50 kg soit un poids total de 100 kilos.

L'engin roulait au sol comme une flèche; trop bien sans doute! jamais Santos ne put se rendre maître de cette plume.  Le 19 juin 1907, à Issy, Santos Dumont effectue plusieurs vols de 500 mètres de long à une hauteur de 10 à 15 mètres, mais le soir vers 8 heures, au cours d'un essai, le monoplan se cabre et tombe, Santos Dumont est légèrement blessé.

Henri Farman.
Le 18 août 1907, on peut lire dans la presse : "Henri Farman va faire les premiers essais d'un nouvel aéroplane à moteur construit d'après ses plans par les frères Voisin." Il comporte une cellule centrale de 10 mètres de long, sur 2 mètres de large il est formé de 2 plans distants l'un et l'autre de 2m50 et équipé d'un moteur de 50 chevaux.
Trois jours plus tard, le 22 aout 1907, le moteur mal réglé donnait à peine un quart de sa force, impossible de décoller. Selon les caprices du moteur il réalisait quatre à dix essais par jour, après quarante cinq jours d'expérience, il se passa quelque chose d'extraordinaire, Henri Farman, pour la quatrième fois de la journée terminait un essai infructueux, le moteur tournait pourtant bien...
Il recommence pour la cinquième fois.
Farman s'écrie:
- Mais bon Dieu ! ça ne décollera donc jamais !
Oh ! Magie, l'appareil décolle, vite Farman rattrape les commandes, cabre l'avion qui se pose et roule, il coupe les gaz ayant volé à 1 mètre du sol pendant trente mètres. Malgré ce succès, il reste un grand problème - l'angle de l'appareil face au vent.
S'il le cabrait de trop, le moteur calait, il état donc incapable de tirer au sol contre le vent, les plans de l'avion freinaient tout.
Les jours suivants les vols furent plus faciles, il avait trouvé la solution, il cabrait moins l'appareil.
Le 26 octobre il vole, 350 mètres, les essais suivants , 410 mètres puis victoire 771 mètres en 52 secondes, record officiel, premier record du monde, en ligne droite.

Henri Farman, premier kilomètre en circuit fermé, 13 janvier 1908, à Issy.
Coll. Musée français de la carte à jouer

Le succès en ligne droite, la conquête du record du monde à Issy valait, à nos amis la gloire sous la forme la moins discrète, une foule sans cesse renouvelée se massait en rangs serrés autour du terrain d'aviation. Il y avait jusqu'à cinq cent mille personnes certains jours. Éléments importants à surveiller, dans le pilotage en 1907 : le gouvernail arrière, le gouvernail de profondeur, l'avance, l'allumage et la manette de carburation. Après le record du monde de distance, la question était de savoir si un avion pouvait virer, en général tout le monde répondait par la négative.
Farman, était un inventeur né, il définit en quelques semaines les grandes lignes sur lesquelles l'aviation va s'appuyer. De façon définitive, personne ne trouvera plus simple, donc mieux. C'est Henri Farman sur le terrain d'Issy qui a inventé les ailerons et le gouvernail articulé. Les ailerons, sont les moyens d'incliner au commandement l'appareil en augmentant sur une aile l'effort de l'air. 

Avec cette invention, Farman le 13 janvier 1908 (photo ci-dessus) avec son appareil plus lourd que l'air a parcouru un circuit aérien d'environ 1500 mètres et est revenu prendre la terre à l'endroit exact d'où il était parti, une minute 20 secondes auparavant. Premier circuit, premier record du monde en circuit fermé.

Louis Blériot 
En 1909, Louis Blériot effectue son entraînement pour la traversée de la Manche en grande partie à Issy.
                        Paris Madrid.

Le 21 mai 1911, départ du Paris Madrid à Issy Les Moulineaux, le terrain d'aviation était devenu le rendez-vous de tout le "gratin" parisien. Des centaines de voitures étaient parquées tout autour du terrain.Pour cet événement, il était bon de bon ton de s'y montrer. Dès le début de la course d'aéroplanes Paris-Madrid, organisée par le journal le" Petit Parisien" celle-ci a malheureusement été attristée par une catastrophe épouvantable . Le constructeur pilote Émile Train, a construit un avion entièrement métallique qui ressemble à l'avion "Demoiselle". Il vole sur son monoplan; ayant atteint la hauteur d'environ 70 mètres, le moteur s'arrête en essayant de rejoindre le terrain en vol plané et pour éviter des cavaliers, il se crashe sur un groupe de personnalités dont le ministre de la guerre, qui est tué.

Roland Garros.
Le premier vol de Roland Garros a eu lieu à Issy en mai 1910.
D'après ses Mémoires, [que vous avez pu découvrir avec le spectacle donné à la fin de la conférence]
"Il s'installe dans l'appareil, pour s'accoutumer à la position, et répéter les mouvements de pilotage.
La main gauche manœœuvrait le volant du gouvernail; la droite le levier de profondeur, celui du gauchissement était fixé au dos du pilote, par une ceinture compliquée de bretelles, le pied droit commandait un accélérateur, il était assis sur un simple cuir tendu à 10 centimètres du sol. "
Au décollage il percute l'avion de M. Audemars, pilote qui avait déjà pas mal d'expérience. Avec un autre appareil les jours suivants il fait plusieurs envols d'une minute au maximum. Il est breveté à Issy sur " Demoiselle" le 19 juillet 1910 (brevet n° 147). L'épreuve du brevet, consistait à faire trois circuits fermés, sans contact avec le sol, d'au moins cinq kilomètres chacun. 

Roland Garros à Issy, en 1910. © XDR
Un dimanche de mars 1915, sur le terrain d'Issy, devant le commandant Barrès, directeur de l'aéronautique des armées du général Joffre, entouré des constructeurs d'avion de l'époque: Farman, Saulnier, Morane, Nieuport, Blériot, Roland Garros fait son premier essai du tir à travers l'hélice. Après avoir pris de la hauteur avec son avion, il tire trois cents cartouches, Garros venait à Issy de doter l'armée française d'une arme redoutable.

Après de nombreuses questions du public, et l'intervention de Monsieur Farman, petit neveu de Henry Farman, sur des points très intéressants concernant son oncle, la conférence prenait fin.


  




8 octobre 2016

Expositions - Futur d'Issy ou… Rétrographie!

Deux expositions méritent que l'on en fasse l'écho : l' une axée vers le Futur d'Issy, l'autre tournée vers le passé avec Rétrographie. À découvrir !

1. L’association Réflexe Photo vous invite, au centre « Le temps des Cerises » (dans le Fort), à un voyage dans le temps avec une exposition sur le thème du futur, vous proposant de découvrir notre ville sous un autre angle, telle que vous ne l’avez jamais vue… telle qu’elle sera peut-être demain ! J.P.


XDR
Du 1er au 28 octobre - Entrée libre. Tout public.
Le Temps des Cerises, 90-98 Promenade du Verger - le Fort
Vernissage le jeudi 13 octobre à 19h30.

2. Onze panneaux (ci-dessous) ont été accrochés aux grilles du Séminaire rue du Général Leclerc lors des Journées du Patrimoine. Ils offrent à tout passant une superbe juxtaposition de photographies de 1900 à 2016 dont le thème est la ville d’Issy-les-Moulineaux. Il s’agit de mettre en valeur « le double esprit de mémoire et de citoyenneté … se « projeter dans l’Issy d’hier et d’en saisir les traces aujourd’hui ». Tous les quartiers sont à l’honneur ; les changements opérés au cours des décennies sont spectaculaires particulièrement grâce aux photographies aériennes.
Cette exposition de plein air est conçue par le Comité Local de la Jeunesse, le CLAVIM avec le support du Musée Français de la Carte à Jouer et le soutien des Conseils de Quartier, sans oublier évidemment la Ville. P. Maestracci


Sur les grilles du Séminaire, avant d'autres accrochages à Issy.



Après deux semaines d’exposition, les panneaux ont quitté le Centre Ville pour un autre  quartier de la commune. Ouvrez l'œil !



6 octobre 2016

La Ferme - visite privée

© A. Bétry




Pour les membres d'Historim uniquement, voici la première visite privée de la rentrée… le quartier de la Ferme que l'on a déjà évoqué sur notre site (à lire avant de partir : http://www.historim.fr/search?q=quartier+de+la+ferme)

Rendez-vous le 8 octobre à 14h30 , place Léon Blum
sur le Chemin d'accès à la gare du RER, 
avec Nicole, Micheline et Monique.


2 octobre 2016

Le Tir aux pigeons d' Issy-les-Moulineaux


 Nous avons déjà évoqué dans un précédent article le Tir aux pigeons d’Issy-les-Moulineaux http://www.historim.fr/2011/03/simone-et-robert-trellu-issy-dans-les.html. Alors que la chasse vient de s'ouvrir en Ile de France, revenons sur ce site malheureusement aujourd'hui disparu


Un tireur à Issy. © XDR

Ce Tir aux pigeons a été créé fin XIXe-tout début XXe dans les Hauts d’Issy, encore campagnards à l’époque, par la maison Gastinne-Renette, célèbre armurier parisien. La société française baignait alors dans une ambiance de préparation militaire, perceptible dans la presse, à l’école ou dans les sociétés sportives. Dans ce contexte, le tir de chasse (ou tir sportif) était à la mode et les pratiquants de la haute bourgeoisie se rencontraient dans des lieux agréables et accueillants, sur la côte mais aussi en région parisienne, notamment à Boulogne (Cercle du Bois) et à Issy.

Le tir à Issy
Le Tir aux pigeons occupait un vaste terrain situé entre la rue d’Erevan (anciennement rue du Plateau) et la rue de l’Egalité. L’entrée donnait sur la rue d’Erevan (aujourd’hui, zone du marché) et les tirs se pratiquaient dans le sens sud-nord (de la rue de l’égalité vers une zone boisée en contrebas, le long du boulevard Rodin). Bien sûr, de hautes palissades en bois protégeaient le voisinage, de plus en plus important avec la vague de construction lancée après la Première Guerre mondiale. Le gestionnaire du lieu était un certain M. Sego.

Carte de 1900. Le Tir se trouve à gauche du Fort (ovale)
L'entrée, rue Erevan.  Aquarelle de J.-B. Merlino
Les palissades. Aquarelle de J.-B. Merlino

Le tir de chasse aux pigeons vivants
Reste d’une pratique de « chasse » sur gibier, le tir était à l’origine pratiqué sur des pigeons vivants. 

Tir aux pigeons vivants. Aquarelle de J.-B. Merlino.
« Une compétition fut organisée pendant les Jeux olympiques de Paris en 1900. La série de tirs était interrompue dès que le tireur avait manqué son deuxième pigeon. Près de 300 pigeons furent utilisés pour cette compétition dont les résultats ne sont pas inclus dans la liste officielle des résultats olympiques du CIO ». L'historien Andrew Strunk rapporte dans un article l'état du champ de tir à la fin de l'épreuve, dans une vision où « les oiseaux estropiés se tordaient sur le sol, le sang et les plumes tourbillonnaient en l'air et les femmes assises à côté sous leurs ombrelles étaient en pleurs. » Le tireur belge Léon de Lunden remporta l'épreuve avec 21 pigeons tués. 

La baronne de Castex, Issy. © XDR
La presse donne, dans les pages sportives, les résultats des concours organisés à Issy par les sociétés de tir . « Tir aux Pigeons. Société Le Biset- Voici les résultats des dernières réunions au stand d'Issy : 1re poule (un pigeon handicap). 1. comte Zamoyski et docteur Doyen, 10 sur 10 ; 2e poule (un pigeon 27 mètres). 1. M. E. Labiche et docteur Doyen, 7 sur 7. »
«Tir aux pigeons. La Société Le Faisceau  (Faisceau des combattants, Faisceau des corporations, Faisceau universitaire) s'est réunie au tir aux pigeons Gastinne-Renette, à Issy-les-Moulineaux. Résultats : Prix 3 pigeons, 25 et 28 m. 1. M. Armengaud, 3 sur 4 ; 2. Ex-aequo, MM. René Gastinne et Serrière, 2 sur 4. Les poules ont été gagnées par MM. Armengaud, E. Lefranc, Rousseau et Serrière. » (Le Figaro 1921)
Les femmes ne sont pas en reste dans ce genre de compétition, comme le montre cette photo de la baronne de Castex, prise à Issy (ci-dessus).
Quant aux enfants du quartier; ils sont souvent embauchés pour faire envoler les pigeons récalcitrants et ramasser ensuite les pigeons morts ou blessés qui tombent dans la zone. 

Les pigeons d’argile
Avec le temps, le tir se pratique sur pigeons d’argile, notamment aux Jeux olympiques de 1924, qui sont à nouveau organisés à Paris. Les épreuves de tir aux armes de chasse – inscrits pour la dernière fois au programme des J.O. - ont lieu à Versailles (pour le tir sur cerf courant) et à Issy-les-Moulineaux (pour le tir aux pigeons). Voir :  http://www.historim.fr/2012/06/21-29-juin-1924-les-jeux-olympiques.html

La presse se fait l’écho de la préparation de l’équipe de France : « La Fondation nationale de tir aux armes de chasse (25 bis, rue Decamps, Paris-XVI) prie les tireurs français pratiquant le tir sur pigeons d’argile de vouloir bien s'inscrire chez M. Gastinne-Renette, 38, avenue Emmanuel-III, pour prendre part aux trois réunions d'entraînement olympique qui se tiendront au stand d'Issy-les-Moulineaux, les lundi 12 mai et lundi 2 juin 1924, à 14 h. 30.
Après ces deux réunions d'entraînement olympique, il sera fait un classement des meilleurs tireurs, pour participer à l'épreuve éliminatoire du lundi 21 juin, à la suite de laquelle sera constituée l'équipe française chargée de représenter la France aux Jeux olympiques dans la compétition sur pigeons d'argile, qui se tiendra à Issy-les-Moulineaux, du 3 au 10 juillet 1924. »

Témoignages d’enfants du quartier
Jean-Baptiste Merlino (ci-contre), qui habitait rue de la Défense, se rappelle que, malgré la clôture du terrain, les plombs de chasse retombaient au-delà, dans les rues avoisinantes et dans la partie boisée descendant jusqu’au boulevard Rodin. Dans les années 1950, les enfants pénétraient par des ouvertures ménagées dans la palissade et les garçons ramassaient souvent des morceaux de pigeons d’argile et des douilles. Janik Manessian, dont le père était boucher au croisement du boulevard Rodin et de la rue de Défense, s’en souvient bien.


Le Tir aux pigeons était un club « chic » et les enfants étaient ravis de voir passer de belles voitures dans le quartier. Quelle surprise pour M Merlino de voir un jour passer Jean Gabin (à gauche) ! Les voitures se garaient à l’intérieur et les tireurs se retrouvaient dans le petit bâtiment d’accueil construit le long de la rue de l’Égalité. Les enfants restaient massés à la porte pour ne rien rater de tout ce manège.

La disparition du Tir aux pigeons
L’effondrement en 1961 de la zone située juste derrière le stand de tir, où se trouvait un stade et des habitations, entraîne la fermeture de l’établissement. http://www.historim.fr/2011/05/1er-juin-1961-catastrophe-de-clamart-et.html

L'effondrement du quartier en 1961.  © XDR
Peu à peu, le site devient un terrain vague où jouent les enfants du quartier, bien qu’il soit interdit d’accès. Une ZAC est alors en projet. Nicole Essayan, avec d’autres filles, profite de cette zone sauvage pour y cueillir des fleurs. Au milieu des années 1960, un enfant y perd la vie, en chutant dans l’un des puits d’aération des galeries souterraines.
Car toute la zone était située au dessus d’un vaste réseau de galeries souterraines, creusées au XIXe siècle pour récupérer la craie (le fameux blanc de Meudon). Elles allaient jusqu’à l’orphelinat de Meudon et, parait-il, jusqu’à Versailles. Elles furent ensuite affectées à de nombreux usages : comme champignonnières le plus souvent, mais aussi comme galeries de mûrissement de bananes ou de stockage de vin, de bière, voire comme dépôt de munitions par les Allemands durant la guerre. http://www.historim.fr/2013/01/les-crayeres-dissy-les-moulineaux.html  Ces galeries étaient bien connues dans le quartier. Elles servirent aussi d’abri durant la Deuxième guerre mondiale. On y entrait au bas du boulevard Rodin, près de la gare d’Issy.

La construction des premières tours au début des années 1970 fait définitivement disparaître les derniers vestiges du Tir aux pigeons. Jacques Primault
Tous mes remerciements à Jean-Baptiste Merlino, Janik Manessian et Nicole Essayan