14 octobre 2016

La Ferme - visite du quartier - Merci au trio d'Historimiennes

Cette visite du quartier de la Ferme a été organisée le 8 octobre 2016 par un trio de guides dévouées : Nicole, Micheline et Monique. Le temps ensoleillé a placé sous d’heureux auspices la promenade des Historimiens présents. Certains ont d’ailleurs au fur et à mesure enrichi la visite de leurs anecdotes et souvenirs. 
Nicole commença par la présentation de ce quartier en pleine mutation sans interruption depuis deux siècles. Tout d’abord, l’avenue de Verdun reprend le cheminement de la voie romaine Paris-Dreux juste au-dessus de la ligne des crues de la Seine. Ce fut longtemps le seul axe du quartier. L’avenue de Verdun prit ce nom de 1916 à 1936, fut appelée ensuite rue Barbusse avant de retrouver son nom originel après la guerre. L’avenue de Verdun ne commence qu’au numéro 83 car ses premiers numéros entre le carrefour de Weiden et la place Blum ont été rattachés à l’avenue Victor Cresson. D’autre part, Nicole insiste sur le rôle majeur du Comptoir Central de Crédit fondé au XIXe s. par Corentin Bonnard. Celui-ci achète de nombreux terrains ainsi que l’île Saint-Germain. Il veut faire un lotissement de villas-jardins et perce de nombreuses rues dans le quartier. Son projet est repris par son gendre Édouard Naud (qui fut maire d’Issy de 1871 à 1878) mais les difficultés s’accumulent. Il y a en effet de nombreuses cheminées d’usines crachant de la fumée sans parler d’un risque d’inondation. Les rues sont progressivement cédées à la municipalité jusqu’en 1928. En 1893, les Moulineaux fusionnent avec Issy pour former la commune d’Issy-les-Moulineaux.

Les Arches. © XDR
Micheline prend la parole pour présenter les Arches dont elle préside l’association. Ces Arches (ci-contre) se trouvent sous une voie ferrée (ligne de RER) conçue sur le modèle de l’architecte Hennebique il y a 150 ans. Ce parti pris de construire une voie sur arcades présentait un triple avantage : des piliers sur un sous-sol fragile d’argile et de sable (lit majeur de la Seine), une pente douce compte tenu de la dénivellation et enfin l ‘opportunité de ne pas acheter beaucoup de terrain sauf pour l’emplacement des piliers. Cette ligne fut la première électrifiée en 1900 car il y avait ailleurs de nombreux tunnels favorisant les incendies provoqués par les escarbilles de charbon des locomotives à vapeur. En 1996, la SNCF consolide les piliers et la Ville décide d’aménager les espaces libres entre les piliers, d’où le nom des Arches. Vingt-sept ateliers d’artistes ont été créés de toute pièce ainsi que des équipements sportifs et culturels. « C’est le seul endroit sous une voie ferrée avec des trains qui circulent au-dessus ».

Nicole présente la place Léon Blum créée en 1890 lors du percement de la rue Aristide Briand par le Comptoir Central de Crédit. Elle va accueillir une gare de la ligne 15 et est en plein bouleversement avec le déplacement des réseaux d’eau, électricité etc. Certains bâtiments ont été détruits et d’autres sont condamnés pour laisser place à une gare triangulaire avec des quais à 30 mètres de profondeur et en surface à des bureaux, des appartements et des équipements collectifs livrés en 2020/22 selon les prévisions.

Le pont du chemin de fer électrique, route des Moulineaux.
Sous le pont, c'est la fin de l'avenue Victor Cresson et, devant la place Léon Blum
Carte postale début XXe s. Coll. particulière.
Au 24 de la rue Aristide Briand, une peinture murale de Catherine Feff met en valeur l’entrée du collège Victor Hugo ancien groupe scolaire Paul Bert, rénové et agrandi depuis quelques années. La partie ancienne construite par l’architecte E. Delaire date de 1904. La rue croise la rue Paul Bert dont l’ancien marché couvert a disparu au profit de bâtiments contemporains. L’entreprise Gévelot commençait dans cette rue et s’étendait jusqu’à la rue du Docteur Lombrd (surnommé le « médecin des pauvres » au XIXe s.). La disparition de Gévelot a laissé place à trois ZAC : celle du Colombier , la ZAC Sainte-Lucie et celle de la Ferme.

Le cours Saint-Vincent est percé au milieu du terrain des anciennes usines Gévelot. À mi-chemin du cours, une allée accueillante donne accès aux immeubles résidentiels de la Villa Haussmann. Juste en face, le Cube, centre de création numérique, est créé en 2001 ainsi que d’autres équipements collectifs. Du même côté, le centre commercial de la ZAC Sainte-Lucie présente un long mur aveugle car il devait longer une autoroute à 4 voies ( projet abandonné à la grande joie des riverains ).

La rue Aristide Briand débouche sur la place Gévelot face à la gare des Moulineaux. Ce bâtiment est de style caractéristique avec ses 2 étages surmontés d’un toit à la Mansart. La gare se trouvait sur la ligne Champ de Mars-Puteaux. Elle devait être une gare de marchandises mais trop peu d’usines s’y trouvaient raccordées ; cela explique pourquoi elle fut surtout une gare de voyageurs. Elle a été transformée en pépinière d’entreprises tandis que sur l’ancienne voie ferroviaire circule le T2.

Ancienne brasserie des Moulineaux
Le coteau au-dessus de l’avenue de Verdun fut autrefois couvert de vignes fournissant un vin , le « guinguet. », d’où le nom de guinguette. Puis on exploita les carrières d’argile, de craie et de calcaire en creusant des galeries et des puits d’accès. Les carrières fournissaient « le blanc de Meudon ». De 1820 à 1930, huit fours à chaux tout au long de l’avenue dégageaient du gaz carbonique ! De nos jours au 113 bis, il y a à nouveau les vignes des caves Legrand produisant un vin de qualité. Chaque année, une classe isséenne de CM2 vient faire les vendanges. Au numéro 131, les bâtiments d’un hôpital de jour pour la psychiatrie dépendant de l’hôpital Corentin Celton sont en partie murés. Un peu plus loin, occupant les locaux de l’ancienne brasserie des Moulineaux (ci-dessus) construite par l’architecte Delaire, les serres municipales fleurissent les villes d’Issy-les-Moulineaux et de Vanves. Les jardiniers nettoient les vignes des caves Legrand avant l’arrivée des élèves vendangeurs. Tout près de la brasserie, il y avait un tonnelier.
Le chemin des Vignes est l’un des plus anciens sentiers de la commune. On y voit notre guide Nicole (ci-contre). Il a été aménagé en escalier en 1950 avec plus de 200 marches dont les dernières sont les plus dures en raison de la forte pente. Les habitants du quartier des Épinettes le constatent chaque jour. L’allée du Panorama surmonte de quelques mètres la ligne du RER ; elle longe des jardins ainsi qu’un poulailler. L’allée de l’Union donne accès au sensationnel Jardin botanique qui surmonte les Serres municipales (ci-dessous). Outre les aménagements habituels d’un beau parc, il y a des jardins partagés avec piments, tomates et autres productions !

Vue panoramique du Jardin botanique.

La sortie débouche sur le Chemin des Montquartiers percé en 1985. Le nom vient des Maux(mauvais)quartiers qui était aussi le nom précédent du boulevard Rodin. Le chemin passe sous les arches du RER pour revenir à l’avenue de Verdun. Nous sommes alors tout près de l’ancienne Ferme exploitée pour l’ordre des Chartreux par des tenanciers dont la famille Marie de 1666 à 1762. Il y avait des prairies, des vignes et un moulin. La propriété appartenant au clergé fut confisquée comme bien national en 1790 et vendue. Le maréchal d’Empire Berthier en fut propriétaire de 1803 à 1808 puis après 1814. Le Comptoir Central de Crédit en fit l’acquisition en 1857. Jusque dans les années Soixante, des Isséens allaient chercher leur lait et leur beurre à la ferme dont les vaches passaient au milieu des voitures. Cette ferme a donné son nom à ce quartier qui a tant changé.


Dans la petite rue de la Brasserie, il y eut des ateliers puis un hangar abritant un garage et un supermarché.

La rue Jean-Pierre Timbaud est l’ancienne rue Gévelot. Sur la gauche, il y avait une Poste et au 54 un cinéma dans un bâtiment des années Trente, remplacé par un garage Peugeot avant son transfert avenue de Verdun. Une plaque énigmatique (ci-contre) se trouve sur la façade de l’immeuble à l’angle des rues Timbaud et Paul Besnard.

La rue du Viaduc menant à la rue du Docteur Lombard permet d’admirer l’ancienne et majestueuse porte de l’entreprise Gévelot qui était autrefois place Gévelot en face de la gare. La porte donne accès au Parc de la Résistance où une emboutisseuse de cartouches Gévelot est exposée (ci-dessous). 

L'emboutisseuse de cartouches Gévelot.
Les Historimiens présents ont beaucoup apprécié la balade et ses commentaires ont chaleureusement remercié Nicole, Micheline et Monique qui les ont guidés le long d’un itinéraire riche en découvertes. P. Maestracci

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