31 mai 2011

1er juin 1961, catastrophe de Clamart et d'Issy

Sauveteurs dans les ruines. ©XDR

C'est dans le quartier des Épinettes, à la limite de Clamart, en bordure de la rue Courbarien, qu'a lieu la catastrophe. Plusieurs maisons et des immeubles, le stade, six rues s'effondrent en quelques instants. Le bilan est effroyable : 21 morts, une cinquantaine de blessés, 200 sinistrés. Que s'est-il passé ce jeudi 1er juin 1961 ?
Des pluies diluviennes ont eu raison des fondations de ces habitations, construites en partie sur d'anciens puits et d'anciennes carrières de craie, utilisée principalement pour la fabrication de la chaux de Meudon. L'exploitation a cessé vers 1925, remplacée par la culture des champignons,  laissant le sous-sol troué comme du gruyère. L'eau a ruisselé, s'est infiltrée provoquant l'affaissement, d'un coup, d'une superficie de six hectares, sur une hauteur de 2 à 4 mètres. Un phénomène bien connu des exploitants de carrières.

Une petite Isséenne, Liliane se souvient.

Liliane en 1961.
Liliane aujourd'hui.
"C'était un jeudi, jour de marché. Il était environ midi et j'étais au catéchisme. Nous avons entendu un grand bruit, comme une explosion. Je suis rentrée chez moi en courant, Sentier des Épinettes. Ma mère était chez nous. Elle avait également entendu ce grondement, qui avait ouvert les portes d'une armoire. Je me suis rendue avec mes parents sur le lieu de la catastrophe et nous avons trouvé un triste spectacle : un stade et une rue complètement défoncés. ”



Le Figaro publie le lendemain le texte adressé par le président de la République, Charles de Gaulle, aux maires de Clamart et d'Issy :
"Ma pensée émue va vers les habitants de votre cité si durement éprouvés par le sinistre qui vient d'atteindre votre commune. Je vous demande de les assurer de ma profonde sympathie. Je vous fais remettre à titre de contribution personnelle la somme de 20 000 NF, dont vous userez pour l'attribution des secours d'extrême urgence aux familles les plus nécessiteuses.…”. C'était il y a tout juste 50 ans.
P.C.B.

Une video rappelle ce tragique fait divers
http://clamart.cyberkata.org/html/film.html




29 mai 2011

Une tour Eiffel-bis

Elle se trouve au 1er étage du 42 rue Renan
La plus petite tour isséenne est la réplique métallique de sa grande sœur parisienne, élevée en 1889, pour l'Exposition universelle de Paris. Elle date de 1892 et ne dépasse guère les deux mètres de haut. C'était l'enseigne - explicite - d’un magasin qui s’appelait « A la tour Eiffel ». L’immeuble est orné d’une porte au linteau décoré d’un sous-verre portant l’inscription :« 42 Mayer 42 ». Il s’agit du numéro doublé de la rue Mayer, le nom du maire isséen de 1894 à 1902 puis de 1908 à 1911. Nous ne sommes pas loin de l’emplacement de l’ancienne mairie qui était près de Corentin Celton. 
A noter qu’un magasin de mode maintient encore la tradition des nouveautés. Quant à Eiffel, c’est le pseudonyme choisi par Gustave Bonickausen ! Texte et cliché P. Maestracci

25 mai 2011

La Clairon, une comédienne se retire à Issy

© XDR
Son visage ne vous dit peut-être rien. Il s'agit de Claire Josèphe Hippolyte Léris, dite Mademoiselle Clairon ou " La Clairon ".
Elle naît le 25 janvier 1723 à Condé-sur-l'Escaut, dans le Nord. Fille naturelle de Marie-Claire Piecq, simple bâtelière, et de François Joseph Désiré Léris, sergent au régiment de Mailly. Elle est très tôt attirée par le théâtre et mène une vie tumultueuse tant professionnelle que sentimentale.
Dès l'âge de 13 ans, en 1736, ayant quitté le Nord pour Paris, elle débute à la Comédie italienne de M. Thomassin. Puis, en 1737, elle rejoint la troupe théâtrale de M. de La Noue à Rouen et joue en province (Caen, Le Havre, Lille). En 1741, à 19 ans, elle rencontre Alexandre Le Riche de la Popelinière qui la fait entrer à l'Opéra. Mais, après quatre mois, déçue par le théâtre "charité", elle quitte l'Opéra pour entrer à la Comédie française (les Comédiens du Roi) où elle s'impose rapidement, à 21 ans, dans le rôle de Phèdre. Son caractère autoritaire, capricieux et volage lui attire autant d'amis que d'ennemis. Elle se fait appeler Claire Hippolyte Léris de La Tude et prend le pseudonyme de Clairon, en souvenir de sa mère, dont c'était le sobriquet. En 1765, elle est emprisonnée au Fort l'Évêque, pendant cinq jours, pour avoir refusé de jouer le Siège de Calais (afin d'obtenir l'exclusion d'un collègue comédien).
La même année, sa santé précaire l'oblige à mettre fin à sa carrière, à l'âge de 44 ans . Elle part se reposer à Ferney, chez Voltaire. En 1773, le comte de Valbelle, avec qui elle a  une liaison pendant dix-neuf ans la quitte. C'est alors que le jeune margrave d'Ansbach-Bayreuth, amoureux fou d'elle, l'emmène dans sa principauté où elle reste jusqu'en 1786. Puis elle revient vivre à Paris chez sa fille adoptive Marie-Pauline Ménard, veuve de la Riandrie.
 
Le livre titré Moi la Clairon, de la comédienne Edwige Feuillère, paru en 1974 chez Albin Michel, nous apprend que le 2 mai 1786, un acte est signé chez un notaire parisien, au nom d'Auguste Christian Frédéric, margrave d'Ansbach et de Claire Josèphe Léris Clairon de La Tude, pour acheter une propriété au sieur Grognard à Issy. Lui-même l'avait acquise de M. le duc d'Orléans qui morcelait son domaine d'Issy. Elle y passera de nombreux printemps.
La description qui en est faite donne une image de la vie à Issy, en cette fin du XVIIIe siècle : "A flanc de coteau, cachée par les arbres de l'ancien parc princier, la maison d'Issy était belle… sa longue façade de pierre avec ses huit grandes portes fenêtres ouvrent sur une terrasse… des fenêtres du premier étage, on devinait la plaine de Vaugirard et Paris ;… les vignerons de la région remplissaient nos barriques d'un vin léger et fruité. Des fermes proches, les petits commis apportaient chaque jour les œufs, le lait, les volailles, les légumes.… La bourgade d'Issy comptait un peu plus d'un millier d'âmes, deux cents feux, sans les résidents d'"agrément" qui y possédaient quelques belles maisons. Le cardinal de Fleury s'y était installé dans une demeure contiguë au séminaire. Un excellent chirurgien, Bernard Dossat, un notaire royal, onze vignerons, deux épiciers, un boulanger, un marchand de bois et quelques artisans aux services desquels on pouvait recourir. Parfois, les débordements de la Seine inondaient les prairies… mais dès que le fleuve rentrait dans son lit, les bouchers de Paris qui avaient droit de pacage y ramenaient leurs moutons. » Mais où se trouvait cette maison ? Si vous le savez, dites-le nous.
La Clairon décède le 29 janvier 1803, à l'âge de 80 ans, et est enterrée au cimetière de Vaugirard. En 1837, suite à un arrêt préfectoral de la Seine, sa dépouille est transférée au cimetière du Père Lachaise. Sa tombe est surmontée d'une pierre ainsi gravée : "Ici repose le corps de Claire Hippolyte Lévis Clairon de La Tude, née le 25 janvier 1723, décédée le 9 Pluviôse an II, le 29 janvier 1803. Elle traça avec autant de vérité que de modestie les règles de l'art dramatique, dont elle sera à jamais le modèle. »
Denis Hussenot

20 mai 2011

21 mai 1911, décès accidentel de Maurice Berteaux à Issy

Depuis quelques années déjà, le champ de manœuvre d'Issy (voir rubrique Quartiers - Val de Seine) sert de camp d'entraînement aux premiers avionneurs français. Les plus grands s'entraînent et pulvérisent les records : Farman, Delagrange, les frères Voisin, Blériot.
En mai 1911, le journal Le Petit Parisien décide d'organiser une grande première, la course Paris-Madrid, dotée d'un prix de 100 000 francs. Trois étapes sont prévues pour franchir les 1200 kilomètres qui séparent les deux capitales européennes. Une dizaine de concurrents se sont inscrits dont Roland Garros qui, deux ans plus tard, deviendra célèbre en réussissant la première traversée de la Méditerranée.
Dimanche 21 mai, 6 heures du matin. Maurice Berteaux, le ministre de la Guerre, et quelques officiels se pressent sur le terrain. La foule est immense - certains parleront de 200 000 spectateurs. Le service d'ordre est débordé.

Le monoplan de Train, après l'accident. © Atlante
 Le cinquième concurrent se présente au départ : il s'agit de Louis-Émile Train sur un monoplan de son invention. Il est le seul à pouvoir transporter un passager. Alors qu'il s'élance pour décoller, les officiels se sont rapprochés et un peloton de cuirassiers, chargé du maintien de l'ordre, a fait mouvement sur la piste. Le monoplan s'est envolé mais peine à prendre de l'altitude et s'écrase, fauchant Maurice Berteaux et Ernest Monis, président du Conseil. Si ce dernier, sérieusement blessé, se rétablira, le ministre de la Guerre, touché à la tête, un bras sectionné par l'hélice, meurt peu après. Il sera enterré avec les honneurs.

Les funérailles du ministre Maurice Berteaux. © Atlante

Le lendemain, cependant, la course repart. Et le 25 mai, Jules Védrines sur Morane-Saulnier A, atteint l'aéroport de Getafe à 15 kilomètres environ de Madrid.
La France a perdu son ministre de la Guerre, trois ans avant le début de la Première Guerre mondiale.




Du 17 au 22 juin 2011, le Green Air Challenge réorganise la course mythique, avec un départ non pas d'Issy-les-Moulineaux, mais de La Ferté-Alais, avec trois étapes : Cognac, Tarbes, Burgos, et l'arrivée à Madrid. Les aéronefs doivent être sans émission ou à faible émission de CO2. C'est la règle ! PCB

18 mai 2011

Le château des Conti à Issy, détruit pendant la Commune

Entrée du château. A dr., le Pavillon des bains (disparu) ; à g., le pavillon qui subsiste,
actuel Musée. La porte correspond à la rue Berthelot. © coll. particulière.
C'est en 1699, que François Louis de Bourbon Conti achète à Issy  un très beau château construit peu avant par l'architecte Pierre Bullet. Il reste dans la famille jusqu'en 1776. Le domaine souffrit considérablement des combats de la Commune du printemps 1871 (voir rubrique Commune). L'édifice est incendié, le parc dessiné par Le Nôtre est saccagé et occupé par l’armée versaillaise lors des combats menés pour la prise du Fort d’Issy, tenu par les Fédérés.


Mai 1871 - (et non 1870 - comme l'indique la légende) -
le château est en ruines. Seul le péristyle et ses quatre colonnes
est reconnaissable. On distingue
le C des Conti sur la grille. Coll. particulière


Le parc est rapidement loti ; il n’en reste qu’un vestige : le bassin du parc Henri Barbusse. 
Le château, qui a brûlé comme ceux de Saint-Cloud et des Tuileries, n’a gardé que des murs menaçants de s'écrouler, car toitures et planchers n’ont pas résisté au feu. Pourtant, les ruines ne sont complètement démolies que vers 1910 pour laisser place à la rue Berthelot.
De l’entrée monumentale, il ne reste à Issy que le pavillon de gauche qui appartient au Musée français de la carte à jouer et abrite la Galerie d’histoire de la ville. Le bâtiment des Officiers, à gauche dans la cour, a disparu, remplacé par la partie moderne du musée. 

Un passage voûté en pierre et un abreuvoir aux dauphins, adossé à un mur qui a disparu, sont les seuls vestiges des communs. Ils se trouvent dans une copropriété qui doit les entretenir.  

Le péristyle, surmonté du fronton triangulaire, du château d'Issy,
a été remonté par Rodin dans sa propriété de Meudon. © P. Maestracci


Une partie du château est achetée par Auguste Rodin, dont le mouleur Paul Cruet, proche collaborateur de l'artiste entre 1908 et 1917,  habitait près du château. Le sculpteur fait remonter dans sa Villa des Brillants, à Meudon, le péristyle de la façade originelle sur le jardin avec le fronton triangulaire qui était autrefois au-dessus du premier étage. P. Maestracci

15 mai 2011

Robert Jacques fait de la Résistance à Issy-les-Moulineaux

Robert Jacques, membre éminent
de l'Association Cyber Senior. Ph. Maestracci.

Fringant jeune homme de 90 ans et Isséen depuis sa naissance ; passionné d’aviation, de sport, de bricolage,
de photographie (dont il présida le club de 1984 à 1991),
Robert Jacques est maintenant un cybersénior résolu.

Il est né le 1er janvier 1921 (comme Alain Mimoun qu’il a rencontré) dans la demeure de ses grands-parents maternels, 7 rue J-J Rousseau (actuelle rue du Gouverneur-Général Ėboué). En 1938, il entre sur concours au ministère de la Guerre et travaille au fort d’Issy avant de se retrouver, pendant la guerre, au ministère de la Production Industrielle, rue de Grenelle. Il est agent de liaison de la Défense passive lors de la « drôle de guerre » en 1939/40. Avec quelques amis, il participe aux activités de la Résistance en envoyant par exemple des messages codés à Londres ou à des résistants en France.
Cette période est marquée par la faim, « la trouille des bombardements, des occupants », le froid intense de l’hiver 42. En 1940, deux bombes allemandes à sifflet (un sifflet sur chacune des trois ailettes de la bombe avait été installé pour terroriser les populations) tombent sur le fort d’Issy. Une autre fait éclater une canalisation d’eau rue du Fort où le mur du café de Lemarié (ancien champion cycliste) est aspergé de boue En 1943, des fusées alliées éclairantes orange pour les bombardements de nuit à basse altitude sont larguées par des avions anglais Wellington sur les usines Renault de Billancourt.
Souvenirs aussi des difficultés de ravitaillement. Robert Jacques évoque le maraîcher Cambusat dont les jardins près du Séminaire sentaient le fumier de cheval et qui insistait pour vendre ses rutabagas. Il se souvient encore avec émotion des trois sardines grillées, seul ingrédient du repas de « gala » organisé pour son vingtième anniversaire.


Robert, son épouse et deux amies devant
l'église Saint-Etienne. 1er mai 1945, il neige !
Coll. Jacques.
Événement heureux de cette période. Il connaît une jeune voisine Paulette, sœur d’un ami d’enfance dont les parents tiennent une épicerie devant l’église Saint-Ėtienne. Paulette a fait son apprentissage de couturière à Issy-les-Moulineaux avant de travailler comme première main dans un atelier de haute couture près des Champs-Elysées. Ils se marient le 28 novembre 1942 et habitent 2 rue Jules Guesde, dans l’appartement laissé par les parents. Paulette est un fin cordon-bleu pour son gourmand de mari ; pendant la guerre, elle prépare des pâtés sans viande (voir la recette à la fin de l'article) et des rutabagas. Après la guerre, elle prendra sa revanche grâce au triomphal gâteau au chocolat sans farine, mais plein de beurre, adoré par la famille.
En 1943, Robert Jacques, réfractaire au STO (Service du Travail Obligatoire) imposé par l’occupant dispose alors d’une fausse carte d’identité avec un lieu de naissance invérifiable et qu’il cachait derrière un trumeau de l’appartement. Il échappe de peu à une rafle à la sortie du métro Convention grâce à un fonctionnaire de police français qui lui dit : « Barre-toi de là ! C’est pas le moment de rester là ! », ce qui l’incite à reprendre le métro au plus vite avec sa femme. Ensuite, il échappe à la Gestapo venue enquêter sur son compte et celui de ses parents. En effet, ceux-ci hébergeaient un jeune homme, Claude Drouet qui travaillait chez Ragonot à Malakoff où il sabotait des gyroscopes fabriqués par l’entreprise et destinés aux V1 allemands. Claude Drouet est arrêté, emmené à la Kommandantur de Montrouge très vite relâché avant de rejoindre l’armée de De Lattre de Tassigny. La famille Jacques est consignée quinze jours à la suite de son arrestation. De retour pour voir ses amis isséens, il part peu après aux États-Unis.

Autre souvenir désagréable : Robert Jacques se trouve rue du Moulin de Pierre lorsqu’il entend déboucher dans le virage un véhicule Torpédo avec de jeunes nazis assis sur les ailes avant de la voiture ; l’un d’eux le met en joue mais sans tirer car il reste immobile. Heureusement, la voiture continue son chemin ; plus de peur que de mal. Il se souvient également d’un surveillant, M. Dillé, qui aurait fourni des voitures de son ministère à de faux miliciens mais vrais résistants, ce qui provoqua sa déportation vers l’Allemagne. Ces résistants ont abattu le 28 juin 1944 Philippe Henriot, ministre de l’Information et de la Propagande du gouvernement Laval.
Fin août 1944, Robert Jacques se rend au stand de tir au bout du terrain d’aviation, près de la Porte de Sèvres (à peu près à l’emplacement du Boulevard périphérique). Trois poteaux d’exécution sont encore là, plantés, déchiquetés à l’emplacement du cœur ; les parois recouvertes d’amiante de ce stand ont gardé l’empreinte en creux de mains brûlées des suppliciés. Deux cercueils assez hauts pouvaient contenir chacun deux corps. Il voit aussi les femmes tondues rue Prudent-Jassedé qui était dans l’axe de la rue Hoche (Centre administratif)

26 août 1944, Robert et son épouse sont venus à vélo assister au défilé du général de Gaulle, au Champs-Elysées, mais une fusillade a éclaté entre des miliciens et des chars de la 2eDB de Leclerc, place de la Concorde. Il est 15 heures, ce samedi. Au premier plan, des civils sont couchés derrière des barbelés. Au fond, l'Hôtel de la Marine. Coll. Jacques.

La paix revenue, malgré un travail fort prenant, Robert Jacques arrive à satisfaire quelques unes de ses passions : il fréquente l’Aéro-club Gaston Caudron à Chavenay près des Clayes-sous-Bois dans les Yvelines. Et surtout, il s'adonne à la photographie, 132 avenue de Verdun, chez le photographe professionnel Servas à l’origine du club isséen de photographie. Robert Jacques en devient adhérent puis président en 1984. A cette date, le club prend son nom actuel de ZOOM92130. Il préside le club jusqu’en 1991 et est depuis son président d’honneur. Toujours passionné et disposant de milliers de diapositives qu’il compte numériser lui-même, Robert Jacques a aussi exposé et expose encore ses superbes photographies. Les thèmes en sont variés : paysages, natures mortes , nus féminins et « tutti quanti ». Robert Jacques est très attaché aux siens : sa femme malheureusement décédée en octobre 2008, sa fille et son gendre , ses deux petits-enfants et leurs conjoints, ses trois arrière-petits-enfants qui l’enchantent et dont il parle avec enthousiasme et attendrissement.
Pascale Maestracci, avec l'aide de Nicole Rousset
 
Recette de guerre : le pâté Paulette ou le pâté sans viande :
Délayer 50 grammes de levure de boulanger dans un verre d’eau tiède.
Hacher un oignon et le faire blondir dans 40 grammes de beurre. Ajouter la levure délayée, 50 grammes de biscottes pilées, un œuf battu, du sel, du poivre, de l’ail haché fin, du persil. Laisser cuire ¼ heure à feu doux en tournant toujours. Mettre dans un moule et laisser refroidir.
Inutile de préciser que, pendant la guerre, il est difficile de se procurer des ingrédients tels que beurre, biscotte ou pain, voire un œuf.

14 mai 2011

Les Hauts d'Issy

Les Hauts d'Issy regroupent trois quartiers très différents : les Hauts-d'Issy proprement dits, le Fort et les Épinettes.

Historiquement parlant, le premier les Hauts d'Issy, situé au-dessus de la mairie, est le plus ancien quartier de la commune. C'est vers le VIe siècle, en effet, que se crée autour d'une petite église carolingienne - qui deviendra l'église Saint-Étienne (voir Patrimoine) un village, à mi-hauteur de la colline : un endroit sûr, loin des crues de la Seine et proche de nombreuses sources. Aujourd'hui, maisons et jardins sont conservés et donnent à ce lieu, malgré la présence de quelques immeubles, un petit air de campagne. C'est là que s'installe le peintre Matisse (voir Histoire-Personnages).

Au XIXe siècle, le fort d'Issy est édifié à un endroit stratégique dominant Paris. Il fait partie de la ceinture de forteresses et de remparts qui enserre la capitale à partir de 1840 (voir Patrimoine).

Quant au troisième, situé plus à l'Ouest, à la limite de Clamart, les Épinettes, c'est dans les années 1930 qu'il prend toute sa personnalité avec l'arrivée massive d'Arméniens qui ont survécu au génocide perpétré par la Turquie à partir de 1915.

© A. Bétry
"J'ai toujours aimé les Arméniens parce qu'ils sont le peuple de la bonne espérance parmi les populations actives, honnêtes et littéraires de l'Orient". Ces mots d'Alphonse de Lamartine, extraits de Souvenirs, impressions, pensées et paysage pendant un voyage en Orient (1832-1833), sont inscrits sur le Monument au génocide, rue de la Défense.


Épiceries, centres communautaires, églises (avenue Bourgain) se sont très vite construits. Et pour marquer d'avantage cette implantation, la rue du Plateau est rebaptisée rue Erevan (capitale culturelle de l'Arménie) en 1975 ; et l'ancien emplacement du marché du fort prend le nom de place Etchmiadzine (ville jumelée et capitale spirituelle des Arméniens) en 2004. Notons que l'épinette est un instrument de musique, proche du clavecin.
Le quartier fut marqué par un terrible fait divers en 1961 : l'effondrement, à la limite de Clamart, le long de la rue Antoine Courbarien d'une quarantaine de maisons, de plusieurs immeubles, du terrain de sport (ancien tir aux pigeons), dû à des pluies torrentielles. On dénombra la mort de 22 personnes (voir Histoire-Dates). PCB

11 mai 2011

Maurice Berteaux, une histoire de la IIIe République

Le 12 mai, 18h30, au Musée français de la carte à jouer, conférence de Pierre Arrivetz, Président de l’association Chatou Notre Ville, sur ce ministre de la Guerre, qui connut une fin tragique à Issy-les-Moulineaux, le 21 mai 1911.

Rendez-vous aussi sur notre site Historim.fr le 20 mai pour savoir dans quelles conditions, Maurice Berteaux trouva la mort sur le terrain d'aviation d'Issy, au départ de la course Paris-Madrid.

9 mai 2011

La guerre de 1870 et la Commune de Paris - chronique n°8

Avec cette dernière chronique illustrée se termine notre histoire de la guerre de 1870 et de la Commune de Paris de 1871. Nous sommes le 9 mai, date de la chute du fort d'Issy (voir Patrimoine). Les combats se déroulent dès lors dans Paris, jusqu'au 24 mai.

Les victimes vont se compter par milliers, les exécutions et les déportations aussi. Les destructions matérielles resteront marquées dans les mémoires. L'église Saint-Etienne et son cimetière (qui n'existe plus), le séminaire, le couvent des Oiseaux, l'hospice des vieillards des Petits-Ménages (hôpital Corentin Celton) et le château des Conti, transformés en forteresses furent bientôt réduits en cendres.

Ce tombeau (à gauche) se trouvait dans l’ancien cimetière (à l’intersection des rues d’Alembert et Jules Guesde) ; il a été endommagé lors des combats de 1870- 1871. Par la suite, il a été déplacé et se trouve dans l’actuel cimetière isséen. Ce monument (à droite) a été érigé à la mémoire des gardes nationaux morts et qui ont été identifiés. 


 Ces informations m’ont été fournies par Monsieur Gandolfo, conservateur du cimetière que je remercie pour sa disponibilité et ses irremplaçables connaissances.  Texte et photos P. Maestracci

5 mai 2011

8 mai, honneur au Régiment de Marche du Tchad

Chaque année, pour le 8 mai 1945, la France célèbre la fin de la 2e Guerre mondiale. La ville d’Issy-les-Moulineaux, marraine d’une des plus prestigieuses unités de nos armées, le RMT, donne à cette journée un faste tout particulier. 

La cravate du drapeau du RMT porte la Croix de la Libération, attribuée le 12 juin 1945,
et la Croix de Guerre 1939-1945 avec 4 palmes. Photo prise à Issy en 2009.
 Petit historique de ce régiment légendaire.
Le 26 août 1940, le Régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST) est la seule unité à rejoindre au complet la France Libre. Le 1er mars 1941, sous les ordres du colonel Leclerc, le RTST s’empare, en Libye, de l’oasis de Koufra tenue par les Italiens. C'est là qu'il fait son célèbre serment de Koufra : il s'engage à ne jamais déposer les armes avant que le drapeau français ne flotte sur Strasbourg. Héritier du RTST, le RMT créé en 1943 intègre la 2e DB (Division blindée) commandée par le légendaire Philippe de Hauteclocque, devenu général Leclerc. Comme le montre son drapeau (ci-dessus), le RMT a participé à toutes les campagnes et les combats conduits par son général, « cet homme qui peut être souvent si tyrannique est d’une bonté, d’une humanité, d’une élévation d’esprit qui dépasse toutes limites », témoigne son aide de camp le capitaine Christian Girard (in Leclerc, de Guy Perrier). A propos de sa 2e DB, le général dit : « Si certains de ceux qui m’ont connu me voyaient, moi un calotin, à la tête de ces rouges ! » Car la 2e DB est composée d’hommes d’horizons plus que divers. La 7e compagnie commandée par Dronne est presque totalement espagnole « la nueve ». L’objectif : assurer l’amalgame de ces diversités malgré les frictions entre gaullistes et légalistes.

La libération de la France
Les marsouins de Leclerc débarquent à Utah-Beach en Normandie, le 1er août 1944. Le RMT joue un rôle primordial dans les libérations d’Alençon, le 10 août. Le 24 août, vers 19h 30, au carrefour d’Antony, à 11 km de Paris, Leclerc, pressé d’atteindre Paris donne l’ordre au capitaine Dronne : « Filez immédiatement sur Paris, ne vous laissez pas arrêter, allez vite, arrivez ce soir. Prenez ce que vous voudrez, passez où vous voudrez. » A la tête de 130 hommes de la « nueve », Dronne arrive place de l’Hôtel de Ville à 21h 22. Le 25 août, place de l’Hôtel de Ville, c’est le fameux : « Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré… ! » de De Gaulle.


Libération de Strasbourg.
Monument Leclerc, à Strasbourg.
Le 23 novembre 1944, place Kléber, à Strasbourg, Leclerc proclame la victoire : « Habitants de Strasbourg, pendant cette lutte gigantesque de quatre années menée derrière le général de Gaulle, la flèche de votre cathédrale a été notre obsession. Nous avons juré d’y arborer à nouveau les couleurs nationales. C’est chose faite ».


 Fin novembre, la 2e DB de Leclerc et la 5e DB de Vernejoul cernent Colmar et attendent l’ordre du général de Lattre, devenu patron de la 1re Armée, de s'emparer de Colmar. Mais il leur faudra attendre  le 2 février 1945 seulement, après la dure bataille d’Alsace, au cours de laquelle les villes sont prises, perdues puis reprises, au prix de nombreuses victimes dans la population et dans les deux camps, que Colmar est enfin libérée. Puis c’est, enfin, sur la côte Ouest la réduction de la poche de Royan, du 15 au 17 avril. La division de Leclerc peut dès lors foncer en Allemagne, sur Salzbourg car le général  veut être le premier - avant les Américains - à Berchtesgaden. Le 5 mai 1945 le drapeau tricolore flotte sur le Berghof, le nid d’aigle d’Hitler.

Michel de Hauteclocque,
fils du général Leclerc,
le 8 mai 2008 à Issy.
Issy-les-Moulineaux et ses unités filleules.
Notre ville est la marraine de plusieurs unités militaires. Les voici présentées.
- Le régiment de Marche du Tchad, depuis 1995, basé à Colmar-Meyenheim, unité ayant été projetée par le passé dans les Balkans, au Tchad, en république de Côte d’Ivoire, en Afghanistan, au Liban - et dont on vient de rappeler les heures de gloire pendant la Deuxième Guerre mondiale ; 
- Le chasseur de mines tripartite « Andromède », depuis 1985, basé à Brest (voir rubrique Actualités) ;
- L’escadron d’hélicoptères 03.067 « Parisis », depuis 1990, stationné sur la base aérienne de Vélizy-Villacoublay ;
- Le 2e Régiment d’Infanterie de la Garde Républicaine, depuis 2000, ayant ses quartiers à Paris.

Texte et photos A. Bétry

3 mai 2011

Lissagaray et la chute du fort d'Issy

Lissagaray. ©XDR
Prosper-Olivier Lissagaray (1838-1901), pendant toute la Commune, use autant de la plume que du fusil. Il crée dès le 18 mars 1871 l'Action, un journal dans lequel il défend les communards et condamne le gouvernement.  Puis, c'est autour du Tribun du peuple de sortir sans interruption du 17 mai au 24 mai. Il réussit à s'enfuir à l'étranger et cinq ans plus tard, en 1876, il publie son Histoire de la Commune de 1871, le premier ouvrage de témoignages sorti sur ces terribles événements.
Voici ce qu'il écrit sur les combats dans Issy et la chute du fort qu'il défendit jusqu'au bout, armes à la main. Nous sommes le 1er mai : "l'orgueilleuse redoute n'était plus un fort, à peine une position forte, un fouillis de terre et de moellons fouettés par les obus. Les casemates défoncées laissaient voir la campagne ; les poudrières se découvraient ; la moitié du bastion 3 était dans le fossé ; on pouvait monter à la brèche en voiture. Une dizaine de pièces au plus répondaient à l'averse des soixante bouches à feu versaillaises ; la fusillade des tranchées ennemies visant les embrasures, tuait presque tous les  artilleurs. Le 3, les Versaillais renouvelèrent leur sommation, ils reçurent le mot de Cambronne. Le chef d'état-major laissé par Eudes avait filé. Le fort resta aux mains vaillantes de deux hommes, l'ingénieur Rist et Julien, commandant du 141e bataillon - XIe arrondissement. A eux et aux fédérés qu'ils surent retenir, revient l'honneur de cette défense extraordinaire".
Le fort résista jusqu'au 9 mai.
Lissagaray défendit les barricades de Paris jusqu'au 24 mai. P.C.B.