29 mai 2020

Issy- rue Jules Guesde

Continuons nos escapades en ce week-end de Pentecôte en compagnie de notre Historimienne Pascale. Partons dans les Hauts d'Issy.
Jules Guesde © XDR

La rue Jules Guesde, ancienne rue de Chevreuse, qui commence place de l’Église (Saint-Étienne) mène sur les hauteurs vers l’avenue du Général de Gaulle et la commune voisine de Vanves.
On a donné à cette rue le nom de Jules Guesde (1845-1922), journaliste et homme politique de la Troisième République (ci-contre). Après un séjour à l’étranger, à la suite de l’échec de la Commune, Jules Guesde de retour devient le rédacteur en chef du journal L’Égalité. Il est élu député de Lille en 1893 et réélu deux fois ensuite. Proche du marxisme et de la notion de « lutte des classes », il accepte pourtant de devenir ministre d’État de 1914 à 1916 au nom de la Défense nationale.

Immeuble au n°2 rue Jules Guesde.
La rue Jules Guesde est bordée de bâtiments aux destinations variées :

- immeuble d'habitation au n°2 (ci-dessus), qui a fait l'objet d'un article sur notre site http://www.historim.fr/2014/01/allegories-dans-les-hauts-dissy-les.html

- la façade du Trésor public au n°4 (ci-dessous), dont l'entrée se situe 1 rue d'Alembert. Cette architecture de béton est caractéristique de la fin des Trente Glorieuses mais vieillit assez mal. Le bâtiment fut construit à l’emplacement des bains public qui eux-mêmes étaient édifiés sur le vieux cimetière isséen, ce dernier étant remplacé par le cimetière actuel après le sanglant épisode de la Commune de Paris. 

Le Trésor public au n°4 rue Jules Guesde.
- la résidence Jules Guesde au n° 5 ;
- le Séminaire polonais au n°11, avec sa statue d'une Vierge à l'enfant, dont Historim a consacré un article http://www.historim.fr/2011/02/le-pere-grzywaczewski-et-le-seminaire.html

Le Séminaire polonais, au n°11 rue Jules Guesde.
- mais aussi le gymnase du même nom au n° 15 et au n°20 un Foyer éducatif … à découvrir prochainement.
Texte et photos P. Maestracci

26 mai 2020

Les animaux d'Issy… non confinés

Pendant la période de confinement, certains animaux ont été plus visibles et audibles. Les chiens permettaient à leurs maîtres de faire le tour du quartier plusieurs fois par jour. Les oiseaux chantaient sans craindre la concurrence bruyante du trafic automobile et les poissons évoluaient tranquillement dans la Seine. Il ne faudrait pas oublier les plus petits : mouches et moucherons, guêpes, fourmis etc. Quant aux rats, ils ont toujours fui les chantiers en cours mais ne risquent pas encore de sortir des égouts en pleine journée comme ils le font parfois les nuits d’été. Si quatre cabinets vétérinaires isséens soignent nos compagnons à quatre pattes, d’autres animaux ne sont là que pour se faire admirer en restant sagement au même endroit.

Le renard… et les raisins.

Il y a en effet plusieurs sculptures éparpillées dans la ville. Vous avez des fourmis dans les jambes ? Alors c'est le moment. Voici quelques exemples, dans un ordre chronologique, que l’on a pu découvrir dans la série "Nez en l’air" sur le site, et qui seront ravis de vous revoir !


Datant du début du XXe siècle, un immeuble Belle époque, place de la République, illustre une fable de La Fontaine : Le renard et les raisins. « Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats » (ci-contre).


De la même période date la fontaine de la place de la Fontaine créée par l’architecte Delaire en 1914. Celui-ci avait prévu une tête de dauphin pour l’écoulement de l’eau du ruisseau passant par Vanves. Lors de la rénovation, la tête du cétacé a été remplacée par une tête de lion, certes roi des animaux. (ci-dessous).

La fontaine avant…
… et après !


















Pendant les années Trente, un groupe sculpté Le Repos du soir présente une famille paysanne en sabots avec le fidèle chien à leurs pieds. Cet ensemble placé devant la Résidence Lasserre a déménagé en même temps et se trouve présentement à l’angle de la rue Séverine et de l’allée de la Chapelle Saint-Sauveur.

Le chien du Repos du soir.
Dans le quartier des Hauts d’Issy, une sculpture métallique d’oiseaux orne l’entrée du Collège de la Paix (ci-dessous), 66 avenue du même nom. Il s’agit évidemment de colombes, symboles de la Paix, d’autant plus appréciées après la Seconde Guerre mondiale. Le collège doit d’ailleurs être transféré dans de nouveaux locaux en construction près de l’entrée principale de l’écoquartier, rue du Fort. Il doit accueillir ensuite les écoliers des Épinettes dont les bâtiments doivent être refaits.

Les oiseaux du collège de la Paix.
Enfin, il faut aller admirer le superbe Merle moqueur (ci-dessous) de Christian Renonciat, installé sur une place de l’écoquartier du Fort depuis 2015, juste en face du centre culturel Le Temps des Cerises.

Le Merle moqueur
N.B. Dans la seconde moitié du XXe siècle, une « canisette » (ci-dessous)  fut installée pour le confort des toutous à l’intersection des rues Séverine et Courteline. N’ayant eu guère le succès escompté pour épargner les trottoirs et les souliers des passants, elle a assez rapidement disparu… mais cela méritait d'être signalé !

La "canisette" disparue.
Bonne promenade animalière ! Texte et photographies, P. Maestracci

24 mai 2020

Réponse - E.S. ou S.E. ? Des lettres bien énigmatiques

Vous avez trouvé ce que représentent ces deux lettres. 
En fait il s'agit d'un S et d'un E.


Ce monogramme assez grand est sculpté sur la porte en bois latérale de l’église Saint-Étienne (ci-dessous) qui date du XVIIe siècle. 

Porte latérale du flanc sud de l'église.


Cette porte se trouve au sud sur le cours de la Reine Margot. Le parvis (dérivé du mot Paradis) à l’ouest est situé sur un trottoir en pente, place de l’Église. Il faut gravir des marches en deux temps pour accéder au parvis puis à la porte de l’église donnant sur le narthex. Une ouverture latérale a donc été aménagée sur le flanc sud avec une rampe d’accès pour les personnes se déplaçant en fauteuil roulant.







Vue de l’église Saint-Etienne (ci-dessous) au début du cours de la reine Margot. La rampe d’accès pour fauteuils roulants mène à la porte percée dans la deuxième travée, entre deux contreforts.


Photos et texte P. Maestracci.

21 mai 2020

Jeu - E.S. ou S.E. ? Des lettres bien énigmatiques

Partons le "nez en l'air", à la découverte de notre commune, en ce long week-end de l'Ascension. Un peu de liberté, de fraîcheur, de curiosité ! Promis, ce monogramme se trouve dans Issy-les-Moulineaux… à moins de 100 kilomètres ! Mais où ?

© P. Maestracci

Réponse le 24 mai, 18 h.

19 mai 2020

Michel Piccoli à Issy-les-Moulineaux

Le 12 mai 2020, Michel Piccoli (1925-2020), un grand comédien qui a marqué le cinéma français, s'est éteint. Il a tourné avec les plus grands metteurs en scène qui l’ont mis, admirablement, en valeur, particulièrement Claude Sautet et Costa-Gavras.
Révélé par le Mépris (1963) de Jean-Luc Godard, il a enchaîné, par la suite, nombre de films, avec une apothéose au cours des années soixante-dix et quatre-vingt.

Pourquoi parle-t-on, dans ces colonnes, de cet immense acteur ?

Michel Piccoli dans la 404 (extrait du film Max et les ferrailleurs).
Il est venu, en 1970, tourner une petite scène du film Max et les ferrailleurs dans un bistrot de la rue Rouget-de-Lisle. Dans cette courte séquence (1 minute), juste à la fin du film, il était accompagné de Romy Schneider (ci-dessous) qui le regardait partir, dans une 404 (ci-dessus), encadré par deux personnes. Par la durée de la séquence et ses divers plans, il était impossible de situer le lieu de tournage et, encore moins, de savoir que c’était un bistrot. Ce sont les mystères du cinéma.

Romy Schneider le regarde partir (extrait du film Max et les ferrailleurs)
A cette époque (1970), les bistrots, étaient au nombre de quatre. Le plus connu, au coin des rues Jules Ferry et Rouget-de-Lisle, était le Café de l’Aviation (ci-dessous) où se retrouvaient les ouvriers qui embauchaient et débauchaient de la Blanchisserie de Grenelle toute proche.

Le Café de l'Aviation, à Issy-les-Moulineaux,
avant sa démolition. © M. Julien
Dans cette manière de faire, beaucoup de séquences « anonymes » furent tournées à Issy pour différents films. La proximité des studios de Boulogne y était pour beaucoup. Michel Julien.

18 mai 2020

Issy - Histoire de la rue Vaudétard

Reprenons la découverte des rues de notre commune avec notre Historimienne Pascale. Nous voici, cette fois, dans la rue Vaudétard, dans le quartier les Varennes. Cette rue du Centre-Ville relie le boulevard Gambetta à la courte rue Voltaire. Longue de 420 mètres, elle a subi de nombreuses transformations au cours des siècles.

Historique
En 1807, elle n’est constituée que d’un modeste tronçon entre la rue Minard (rue de la Glaisière à l’époque) et la rue du Général Leclerc (Grande-Rue) puis au XIXe siècle, par un autre tronçon, au-delà de cette Grande-Rue.
Ce n’est qu’au XXe siècle que la rue fut prolongée d’un côté en direction du boulevard Gambetta, sur le tracé de la limite de l’ancienne propriété des Vaudétard et, de l’autre, vers la rue Voltaire avec un tracé sinueux. Lors de la restructuration des locaux de l’établissement scolaire Saint-Nicolas à la fin du XXe siècle, la rue fut élargie grâce à la démolition d’une maison dont l’entrée se situait rue du Général Leclerc. 

Le nom
L’origine du nom Vaudétard rappelle celui de la plus ancienne famille isséenne connue. Les Vaudétard étaient au Moyen Âge les vassaux de l’abbaye Saint-Magloire (rue Saint-Denis à Paris) pour laquelle ils géraient plusieurs fiefs dont le sous-fief du Bois-Vert mais aussi le fief indépendant de Villepreux. En 1538, faute d’héritier mâle, la famille doit rétrocéder ses fiefs isséens à l’abbaye. Leur propriété (entre les rues Vaudétard, Général Leclerc, Victor Hugo et Guynemer) revint à la famille de La Haye (vous savez chez qui fut donnée la Pastorale d'Issy en 1659, celle qu'Historim a "ressuscitée" et que vous pouvez écouter sur le site).  Ensuite, elle appartint au général Menou puis à l’établissement scolaire La Salle-Saint Nicolas au XIXe siècle.

Établissement La Salle-Saint-Nicolas, côté rue Minard.
Aujourd'hui
La rue Vaudétard est surtout bordée d’immeubles résidentiels construits à partir des années 1970 sauf l’Hôtel Moderne plus ancien à deux étages et promis à la démolition comme le restaurant au rez-de-chaussée. Par ailleurs, on y trouve deux établissements religieux et un centre pour l’enfance

Le premier est l'Établissement La Salle-Saint-Nicolas (n°6 et n°8)
L’ensemble date de la fin du XXe siècle (ci-contre). Au-delà de la grille, la cour est encadrée, à gauche, par un préau vitré et, à droite, par l’Auditorium dont on aperçoit la forme arrondie (entrée séparée au n°6 de la rue). L’Auditorium est relié aux bâtiments scolaires à l’arrière-plan par un préau avec des colonnettes Eiffel récupérées lors de la destruction des vieux bâtiments. La grue au loin se trouve sur le chantier imposant du Cœur de Ville. 

Le deuxième édifice religieux est le Séminaire Saint-Sulpice, entre les rues du Général Leclerc et Minard, le long de la plus ancienne portion de la rue Vaudétard.

Chapelle du Séminaire Saint-Sulpice.
La chapelle (ci-dessus) fut reconstruite en 1898 sur le modèle de la chapelle royale de Versailles après les ravages dus aux combats de la Commune de Paris. Au premier plan, un mur ancien en pierre rétrécit considérablement le trottoir gauche. Il protège un jardin à l’arrière d’un immeuble d’habitation dont l’entrée donne sur la rue de Vanves. 

Centre Marie Marvingt.
Le centre de la petite enfance Marie Marvingt (n°19) est le troisième établissement de cette rue Minard.

Ce centre (à droite) est composé d’une crèche et d’une école maternelle. C’est un bâtiment en béton à la structure asymétrique avec deux entrées. Il remplace la plus ancienne école isséenne construite dès 1850 près de la première mairie de 1857 (actuel parvis Corentin Celton) ainsi qu’une crèche qui existait tout près au début du XXe siècle. Rappelons que Marie Marvingt (1875-1963), surnommée "la fiancée du danger", fut une grande sportive et, surtout, une pionnière de l’aviation avec un premier vol en 1915.

Texte et photos P. Maestracci

14 mai 2020

"La Tireuse de cartes" au Musée d'Issy

Ça y est… on peut ressortir de chez soi et, depuis mercredi 13 mai 2020, le Musée français de la carte à jouer, 16 rue Auguste Gervais, à Issy, a rouvert ses portes aux horaires habituels. Sous certaines conditions bien sûr : visite individuelle, gel désinfectant à l'entrée, parcours fléché… et port du masque recommandé.
Vous pourrez y admirer de visu - au moins jusqu'au 7 juin - les chefs-d'œuvre de l'exposition Cartomancie que l'on vous a déjà présentés en visite virtuelle (http://www.historim.fr/2020/04/la-cartomancie-visite-virtuelle-de.html).

Arrêtons-nous sur le tableau qui se trouve à l'entrée, cette étonnante Tireuse de cartes (ci-dessous). Il s'agit d'une huile sur bois d'après le peintre et graveur hollandais Lucas van Leyden - ou Lucas de Leyde -  (1494-1533). Cette œuvre a quitté les collections du Musée d'art de Nantes pour notre Musée isséen, le temps de l'exposition… mais pas que puisqu'elle y restera en dépôt pour au moins trois ans.

La Tireuse de cartes (école flamande, fin XVIe-début XVIIe siècle). 
Dans le premier Catalogue des tableaux et statues du musée de la ville de Nantes, daté de 1833, le tableau qui ne porte alors aucun titre, est d'abord attribué à Van Eyck puis à l'école flamande. En 1876, on lui donne un nom : La Demande en mariage ; en 1913, il devient La Devineresse, et enfin, après 1930, La Tireuse de cartes.
Cette interprétation (tardive) s'est probablement imposée parce que la scène ne montre pas clairement une partie de cartes et que la cartomancie - "la divinisation par les cartes" - à cette époque fait partie de l'environnement culturel. Cependant, il faut noter, qu'à l'heure actuelle, l'on ne connaît pas de représentation sur ce sujet antérieure à la deuxième moitié du XVIIIe siècle…
Alors pas une minute à perdre… Direction le Musée français de la carte à jouer http://www.museecarteajouer.com/infos-pratiques/

Un grand merci à Gwenaël Beuchet, commissaire de l'exposition, pour ces explications.
PCB

10 mai 2020

Issy : fête au château des Conti

11 mai 2020, premier jour de déconfinement… progressif. Allons célébrer cela au château des Conti (ci-dessous), chez Marie-Thérèse de Bourbon Condé, la veuve du Grand Conti, mort en 1709. Ce ne sera ni la première ni la dernière fête donnée dans cette magnifique propriété.

Le château de Conti et son domaine.
Coll. du Musée français de la carte à jouer, Issy. © A. Bétry

La duchesse de Berry. © XDR
Ce 29 juillet 1716,  Marie-Thérèse reçoit donc la duchesse de Berry (1695-1719), née Marie-Louise Elisabeth d’Orléans, fille de Philippe d’Orléans, futur régent de Louis XV. C'est un drôle de personnage (ci-contre). Elle épouse le 5 juillet 1710 Charles de France, duc de Berry, un mariage complètement raté. Le couple dépense sans compter. La duchesse qui aime se faire appeler « Mademoiselle », multiplie les grossesses et, malheureusement, les fausses-couches…puis, veuve en 1714, collectionne les amants.



Elle mène grand train au Palais du Luxembourg, n’hésitant pas à faire la fête, comme le relate Le Nouveau Mercure Galant, d’août 1716. Ce mensuel fondé (ci-contre) par Jean Donneau de Visé en 1672 devient Mercure de France en 1724 et sera publié jusqu’en… 1965 !

« Le 29 du mois passé, Mme la duchesse de Berri se rendit à 7 heures du soir à la belle maison de la princesse de Conty, à Issy [Le château acheté par feu son mari en 1699]. A son arrivée, les eaux fraîches et les glaces lui furent servies… Elle se promena dans des calèches magnifiques sur les terrasses du jardin [dont faisait partie l’actuel parc Henri Barbusse, dessiné par André Le Notre, jardinier de Louis XIV] ; de là elle alla au Pavillon d’où elle passa dans une superbe grotte où elle entendit fraîchement et commodément un concert qui fut particulièrement exécuté par nos plus savants musiciens…

« A 10 heures on servit le souper… je ne trouve point dans la liste des grands cuisiniers de l’ancien temps, d’homme qui ait excellé dans cet art comme le savant Borniche, contrôleur de la bouche de Mme la princesse de Conty : il fit servir ce soir-là à Mme la duchesse de Berri le plus splendide et le plus délicat repas qu’on puisse imaginer. [Dommage que le menu ne soit pas parvenu jusqu’à nous !]

Marie-Thérèse, veuve du Grand Conti. ©XDR
« A minuit on commença à tirer un feu d’artifice magnifique qu’on avait construit dans la plaine… Ainsi finit cette fête au grand contentement de l’auguste princesse à qui elle fut donnée et au gré de Mme la princesse de Conty (ci-contre) dont la magnificence surpassa tout ce qu’on avait jusqu’à présent vu de plus éclatant dans ce genre » [Il va falloir attendre pour le feu d'artifice !].

Ainsi se termine l'article ; malheureusement il n'est pas signé. On ne sait donc pas quel heureux "journaliste" était présent ce soir-là… PCB.


7 mai 2020

Épidémies… et puis vaccins ?

Les épidémies se sont succédé dans l'Histoire : la peste noire de 1342-1357, les pestes de 1606 et de 1720, le choléra en 1832, la grippe espagnole en 1918-19… et chaque fois le confinement ou la quarantaine, la recherche d'un vaccin… et même l'attestation obligatoire de circulation (ci-dessous).



1720… la peste, venue de Marseille - d'ailleurs on parle lors de cette épidémie de "la peste de Marseille - sévit dans toute la Provence et fera en quelques mois
100 000 morts dans la région. On met alors en place un système de confinement et d'attestation pour circuler comme le montre ce document. Il permet à un certain Alexandre Coulomb de quitter son domicile de Remoulins - où "il n'y a aucun soupçon de mal contagieux" pour se rendre à Blauzac (les deux communes se situent dans le Gard).


Et les vaccins ? 
Alors que la recherche d’un vaccin contre le Covid-19 est lancée dans le monde entier, revenons sur l'histoire des vaccins. Le mot vaccin provient du mot vaccinus qui signifie « de la vache » (vacca) » en latin. Le premier vaccin fut découvert par Édouard Jenner (1749-1826), médecin britannique (ci-dessous).

Celui-ci avait remarqué que les personnes infectées par le cow-pox (en anglais vache-maladie contagieuse) n’attrapaient jamais la redoutable et souvent mortelle variole. Il commença ses essais dès 1796 en inoculant le cow-pox à certains patients, ce qui provoquait l’apparition de pustules sur la peau. D’abord purulentes, elles séchaient ensuite avant de tomber. Jenner écrit un ouvrage de référence : Enquête sur les causes et les effets de la vaccine de la variole, publié en 1798. En France, la première vaccination est pratiquée en 1800. 
Pratiquement un siècle après Jenner, Pasteur met au point le vaccin contre la rage après avoir trouvé celui contre la maladie du charbon en 1881.

1902, Issy-les-Moulineaux
En 1902, à Issy-les-Moulineaux, la vaccination contre la variole est proposée gratuitement.
166 Isséens en bénéficient dont 113 pour la première fois.

Vaccination gratuite contre la variole en 1902

                              Hommes                                  Femmes                      Total
1ère fois                  51                                              62                             113
Renouvellement     27                                               26                               53

Le corps médical de la commune est alors composé de six médecins, autant de pharmaciens et quatre sages-femmes.
Vivement que l'on trouve un vaccin contre le Covid 19… mais les résultats sont attendus au mieux en 2021, disent les scientifiques. Alors, en attendant, pensez aux gestes barrières. P. Maestracci


4 mai 2020

Printemps de la sculpture 2020 à Issy

Notre Historimien Florian devait, dans le cadre du Printemps de la sculpture, donner une conférence le 26 avril 2020 au Musée français de la carte à jouer sur le thème : Monuments et sculptures commémoratives à Issy. Eh bien, cette conférence, vous pouvez la découvrir en virtuel sur la page Facebook du Musée français de la carte à jour. Mais Historim a voulu aller plus loin. Et c'est une interview que Florian nous donne en exclusivité.


Historim : Qu’est ce que le Printemps de la sculpture ?
Florian : C’est une manifestation née l’an dernier à l’initiative du Département, qui a pour but d’emmener le public le plus large à la découverte de la richesse du patrimoine sculpté de l’ouest francilien, notamment dans la vallée de la culture des Hauts-de-Seine.
L’occasion nous est ainsi donnée à tous de parcourir l’histoire de l’art, de l’antique au plus contemporain, sous un angle peu souvent abordé, celui de la sculpture, à travers ses différentes facettes : le secret des techniques, l’éventail des commandes publiques, les ateliers d’artistes, les trésors cachés …

H. : Combien y a-t-il de monuments commémoratifs dans notre ville et comment as tu récupéré les documents ?
F. : Notre ville est exceptionnellement riche en monuments commémoratifs puisque l’on peut évaluer leur nombre à près d’une trentaine, tout type confondus : monuments aux morts, monuments dédiés à un « Grand Homme » et monuments liés à un événement ou un fait historique. D’une manière générale, la sculpture publique est très bien représentée à Issy-les-Moulineaux où de nombreuses œuvres viennent décorer l’espace public.

Place du 11 novembre. © A. Bétry
Particulièrement intéressé par le sujet, je les avais repérées depuis longtemps. Et j’avais déjà bien entamé les recherches. J’étais en train de les finaliser quand le confinement est venu mettre un point d’arrêt à mes investigations. J’ai pu compléter et préciser mes connaissances en allant consulter des sites Internet – dont celui d’Historim bien sûr !
En fait, dans ce projet, ce sont moins les informations qui, au final, m’ont manqué que les illustrations : les photos dont je disposais mi-mars n’étaient que des photos documentaires prises avec mon téléphone portable. La conférence étant programmée pour la fin avril, je préférais attendre le milieu de ce mois – où la végétation est plus propice - pour faire une vraie campagne avec un appareil photographique

H. : Comment et où as-tu tourné ?
F. : Chez moi, bien sûr. Mais je n’avais à fournir que les photos et la bande-son, le montage étant confié à des professionnels.
Pour l’enregistrement, j’ai utilisé le micro qui se trouve sur les écouteurs des téléphones portables. C’est ce que font la plupart des intervenants interviewés à la télévision… J’ai également téléchargé le logiciel (gratuit) Audacity. Il est d’un usage assez convivial. Je n’en ai pas moins dû m’y reprendre à plusieurs fois avant de le maîtriser suffisamment. Le résultat est satisfaisant, même s’il n’est pas aussi bon qu’un travail de professionnel.
Une des difficultés était aussi d’être dans un silence total pour ne pas avoir de bruit parasite en fond sonore. Même en période de confinement, cela ne va pas de soi.

Florian Goutagneux.
© A. Bétry
H. : Tes impressions sur cette nouvelle façon de donner une conférence ?
F. : Je vais être honnête : c’est un peu frustrant. Ce qui est agréable dans une conférence, c’est l’interaction avec le public, qui manifeste toujours des réactions au fil de l’exposé, suivant ses intérêts. De même, le jeu des questions-réponses à la fin donne lieu à un échange vraiment plaisant et enrichissant.
Dans le cas présent, la prestation est assez différente : une conférence est destinée à être écoutée - alors qu’ici les « auditeurs » deviennent des « spectateurs » qui vont d’abord être captés par des images. Mais dans les circonstances actuelles, ce mode opératoire s’imposait. Il est même particulièrement adapté au confinement et est susceptible de toucher un public plus large qu’une conférence traditionnelle.

Retrouvons vite Florian sur la page Facebook du Musée français de la carte à jouer.
https://www.facebook.com/museefrancaiscarteajouer/videos/235908430981836/?type=2&theater

Un grand merci à lui. PCB

1 mai 2020

Maître Jean-Luc Leguay - un Isséen de lumière. Épisode 2

Danseur, chorégraphe, directeur artistique… Mais aussi : enlumineur, comme vous allez le découvrir. Au cours des années 1979-80, Jean-Luc Leguay ressent la futilité de sa vie et de son art. Le monde de la danse, il le connait dans tous ces recoins et sa réussite ne lui apporte plus cet élan vital dont il a besoin pour avancer. Il a réussi et après…. Il est persuadé qu’il doit renouveler sa créativité. Il essaie de combler ce vide en devenant un « rat de bibliothèque ».

Jean-Luc Leguay.  © P. Maestracci
Une nouvelle voie
De passage à Turin, il se rend à l’imposante bibliothèque royale de la ville et demande à un vieux bibliothécaire d’avoir accès à quelques anciens testaments illustrant la danse extatique de David. Là, il consulte un vieux manuscrit médiéval de l’Ancien Testament avec des parchemins enluminés. Il ressent quelque chose qu’il ne connait pas ; il est littéralement enthousiasmé, porté par une envie qui avait disparu, enfin il perçoit un nouveau chemin, une nouvelle voie, un appel. Il se fait une promesse : « Si je trouve un maître enlumineur, je renonce à tout, tout de suite ». Sa quête insatiable le porte mais il obtient toujours la même réponse : « le métier d’enlumineur n’existe plus sous sa forme traditionnelle ».

Maître Enlumineur
En février 1980, un vieil ermite orthodoxe lui indique les coordonnées d’une personne qui habite dans le sud de l’Italie près de Naples. Il décide de s’y rendre ; le trajet est long mais plein d’espoir. Il rencontre un moine ermite franciscain qui va devenir son « Maître de lumière ». L’apprentissage va durer dix ans ; durant cette période, il continue ses activités de chorégraphe et d’impresario qui lui laissent une certaine liberté. Il va mener une vie d’ascèse et exercer les plus humbles travaux. Il recevra plusieurs initiations et sera consacré Maitre Enlumineur sous le nom d’Héraclius par son Maître.
En 1990, son Maitre décède. Il monte sa dernière chorégraphie Le chant de la terre, qu’il dédie à sa grand-mère isséenne, qui vient de mourir et qui a toujours été proche de lui.

"Passeur de lumière"
Il commence à peindre des enluminures pour des collectionneurs. En 1994, ayant échappé à un grave accident, il passe six mois dans un centre de rééducation. Il médite et envisage de publier afin de partager, transmettre la voie de l’enluminure et ainsi ouvrir les chemins de l’image de lumière. Cette idée de transmission le taraude de plus en plus ; il est un « passeur de lumière » ; il ne doit pas oublier qu’il a un devoir envers les maitres du passé (il est le dernier détenteur du savoir de l’école italienne d’enluminure) et envers les maitres de demain. 
Il envisage, s’il ne trouve pas un élève, une autre forme de transmission : la création d’un centre d’éveil où il pourra enseigner la sagesse du corps, la création des couleurs, la géométrie sacrée… ces écoles existaient au Moyen-âge ; alors, pourquoi pas !

Etre en recherche, signée Helvétius.
© P. Maestracci
En 1997, il achève les enluminures de Perceval le Gallois de Chrétien de Troyes ; ce livre est publié aux éditions Ipomée-Albin Michel ; il sera réédité la même année et en 1998. Ensuite, il publiera :
-  Le Livre de l’Apocalypse, (éditions Albin Michel – Ipomée) en 1999,
-  La Divine Comédie enluminée, (éditions Albin Michel – Ipomée) en 2003
-  Le Maître de Lumière (éditions Albin Michel) en 2004, réédité en 2009 chez Dervy
-  Le Tracé du Maître, (éditions Dervy), en 2009
-  Mutus Liber initiation, (éditions Dervy), en 2010
-  Dante, clefs pour un voyage intérieur, (éditions Signatura), en 2012
-  La Divine Comédie Enluminée, (éditions Dervy), en 2013
- Illuminator, Le Septième Palais, (éditions Dervy), en 2014
-  Rituels Inconnus, (éditions Dervy), en 2017
-  L’Apocalypse Enluminée, (éditions Dervy), en 2018
- Illuminator 2, Le Roi Caché, (éditions Dervy), en avril 2020

Eleven Beatus.

Il est à noter qu’une enluminure appelée Eleven Beatus, ayant pour thème les attentats du 11 septembre, est exposée, dans le hall d’entrée de la banque Raymond James à New-York, au Rockefeller Center ; une copie est exposée à la Médiathèque du centre ville d’Issy-les-Moulineaux.

Il participe à de nombreuses émissions de télévision et de radios (journal de 13 heures de TF1, journal de France 3, Télévision Suisse Romande, France Inter, France Culture et Radio Notre-Dame,…). Conjointement, il donne de nombreuses conférences, organise des expositions en France (Espace Boullée et Médiathèque du centre ville à Issy-les-Moulineaux,… ) et à l’étranger ; il réalise une Master Class au Canada. Le 25 mai 2000, il est fait Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres, par Catherine Tasca, Ministre de la Culture et de la Communication.
Depuis octobre 2015, il transmet son savoir à l’école Georges Méliès d’Orly, à travers une Master Class d’Enluminure.

L'École d'enluminure isséenne
Il y a deux ans, suite à une exposition à Issy-les-Moulineaux, il informe Monsieur Santini, Maire d’Issy-les-Moulineaux, et Madame Liadze, Maire-adjointe en charge de la Culture, qu’il a un projet : créer une école d’enluminure dans cette ville où il réside depuis de nombreuses années et qu’il apprécie énormément.

Le 24 septembre 2019, au Musée Français de la Carte à Jouer à Issy-les-Moulineaux, la première École des Traditions de l’Image de Lumière en France est inaugurée sous le nom de C.I.T.I.L. « Centre International des Traditions de l’Image de Lumière ») en présence de Monsieur Santini et de Madame Liadze. Cette école, ouverte à tous, permet de découvrir l’histoire et les techniques de ce travail d’orfèvre ; la formation, dispensée sur trois ans, permettra aux élèves d’effectuer un voyage au cœur des cultures et des civilisations fondées sur des savoirs anciens où se croisent les mythes fondateurs et notre propre lecture de cet espace sacré représenté par l’image traditionnelle et multiséculaire. Les matières abordées sont nombreuses : géométrie, architecture, lettre ornée, dessin, ornementation, symbolique dans la gestuelle, pigments et application de l’or.

Jamais, il n’arrête ; dans ses projets, création de cours spécifiques dédiés : aux enfants, à partir de 14 ans, aux handicapés, aux services psychiatriques de certains hôpitaux.
Nous terminerons par sa définition du mot enluminure : « l’enluminure c’est l’illumination, par la lumière, d’un texte ce qui permet de trouver le sens caché de celui-ci ; c’est un support de méditation qui permet de réfléchir au sens de la vie et de résoudre les difficultés : soyons acteur et non spectateur ». La lumière… toujours la lumière !
Micheline Meyniel
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