3 décembre 2015

1915 - Evacuation de 4 000 Arméniens

Nous avons consacré en 2012 une conférence et plusieurs articles aux Arméniens  - le génocide en Turquie, leur installation dans notre commune dès 1923, leurs coutumes, leur langue, leur religion, qu'ils ont réussi à maintenir http://www.historim.fr/2012/12/conference-et-visite-les-armeniens-dissy.html
Découvrons maintenant comment la Marine française a réussi en septembre 1915 à les sauver. 

Du 5 au 13 septembre 1915, 4 000 Arméniens réfugiés dans le massif montagneux du Djebel Moussa (pointe nord de la baie d’Antioche) sont évacués par la Marine française. Ces populations appartiennent aux villages de Vakif, Razer, Youroun- Oulouk, Kabousi, Kabakli, Hadji Hababeh, Bithias, Eukus-Keupru, répartis sur une surface d'environ 15 kilomètres carrés.
Les insurgés occupent une partie des crêtes du Djebel Moussa et ont pu conserver, par une vallée, la libre communication avec la mer. Mais ils sont entièrement cernés du côté de la terre ; leurs munitions et leurs vivres s'épuisent rapidement.

Débarquement des réfugiés arméniens sauvés le 13 septembre 1915.
Le 5 septembre, ils aperçoivent le Guichen, en croisière sur la côte nord de Syrie et réussissent à attirer l'attention du commandant de ce bâtiment qui prend aussitôt contact avec eux. Il entre en relations avec le jeune chef Pierre Dimlakian, qui le met au courant de la situation grave, sinon désespérée, dans laquelle il se trouve avec ses compagnons. Au cours d'une des missions, la baleinière est attaquée, elle riposte vigoureusement, tandis que le Guichen disperse à coups de canon plusieurs groupements ennemis.

Le 6 septembre, la Jeanne d’Arc (ci-dessous) et le Desaix arrivent sur les lieux.

La Jeanne d'Arc.
L'amiral Dartige du Fournet rend compte et commence l’évacuation des femmes, des enfants et des vieillards par chaloupes, les bâtiments situés au large ne pouvant aborder la côte. Le d’Estrée et l’Amiral Charner sont dépêchés sur le site ainsi que la Foudre qui, de Port-Saïd rejoint Rasel-Mina. Le Desaix et l'Amiral Charner dans le nord, le Guichen et le d'Estrées dans le sud, se tiennent prêts à repousser toute attaque des troupes turques. La mer est houleuse et des vagues, atteignant deux mètres, déferlent sur la plage qui est inaccessible aux plus petites embarcations. On peut craindre un instant que l'opération puisse être remise.
La mer se calme et à midi la Foudre fait route sur Port-Saïd avec 1 042 réfugiés, ; à 14 heures le d'Estrées part à son tour avec 459 personnes. Le Guichen embarque avant la nuit 1 320 réfugiés. Ce bâtiment reçoit l'ordre de rester au mouillage pendant la nuit pour exercer la surveillance de la vallée et de la plage.

En route vers Port Saïd.
Le 13 septembre, les trois bâtiments continuent l'évacuation par très beau temps, faible ressac ; le Guichen est d'abord complété et fait route, à 16 nœuds, sur Port-Saïd avec 1 941 Arméniens.

L'Amiral Charner rallie Port-Saïd dès la fin de l'opération, tandis que le Desaix continue sa croisière devant Ras el-Mina où les réfugiés et les blessés qu'il a recueillis sont transbordés le 14 sur le porte-avions Ann mis à la disposition de la 3e escadre par l'autorité britannique.

L'opération d'évacuation d'une population arménienne de plus de 4 000 personnes, a pu être effectuée malgré les difficultés dues au temps dans la journée du dimanche 12 et dans la matinée du lundi 13. Ce succès est dû à l'efficacité des tirs de bombardement exécutés par le Desaix et le Guichen qui ont fortement agi sur le moral des troupes turques, à l'entrain et au zèle remarquable de tout le personnel, aux dispositions judicieuses prises par le commandant du Desaix. A.B.

[Extraits du rapport du Contre-Amiral Darrieus, commandant par intérim la 2e Division, 3e Escadre de la Méditerranée].

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