20 décembre 2019

Le commissaire Maigret face à un témoin isséen !

Un peu de lecture pendant ces vacances de Noël 
et un ou deux nez en l'air à venir… 


Dans son bureau mythique du 36 quai des Orfèvres, le célèbre commissaire Jules Maigret rencontre Armand Lecoq d’Arneville. Il se présente suite à la diffusion dans la presse d’un portrait d’un homme qui s’est suicidé à Brême en Allemagne ; il affirme qu’il s’agit de son frère. Le témoin, interrogé sur sa profession, répond : « Pour le moment, je suis garçon de bureau dans une usine d’Issy-les-Moulineaux… Nous habitons Grenelle, ma femme et moi… ». 

Cet épisode se trouve dans le roman policier de Georges Simenon, Le pendu de Saint-Pholien, (à gauche) écrit en 1933 et publié en 1956 (Bibliothèque Simenon, Librairie Arthème Fayard).

Il n’est guère surprenant que Simenon ait pensé à la commune pour le métier du témoin tant le choix était large ! Dans les années Trente, Issy-les-Moulineaux est une ville essentiellement consacrée à l’industrie. La première de toutes date de 1820, c’est l’entreprise de munitions Gévelot aux Moulineaux. Le développement se fait ensuite autour du champ de manœuvre le long de la Seine et de la capitale au XIXe et au XXe siècles. Il y eut la Manufacture de Tabacs, la construction aéronautique (Caudron, Frères Voisin etc.), une centrale thermique fournissant l’électricité d’une partie de Paris, l’imprimerie du Petit Moniteur, l’usine Ripolin pour les vernis et peintures etc. Toutes ces usines ont disparu progressivement après-guerre ; il n’en reste que quelques témoignages comme la Manufacture de Tabacs transformée en logements. Tous ces quartiers industriels polluants ont été métamorphosés depuis dont certains en éco-quartiers le long de la Seine.

Quant au quartier de Grenelle où réside le témoin, il s’agit d’un ancien territoire isséen annexé en 1860 lors de l’agrandissement de Paris sous le Second Empire. C’est l’actuel quinzième arrondissement.

L'imposante  silhouette du Palais de Justice où se trouvaient les locaux de la Police, au n°36, se distingue avec sa haute tour, à l’aplomb d’une arche du Pont-Neuf.  Une grande partie des institutions judiciaires et policières du Palais de Justice a été déplacée depuis peu dans le 17e arrondissement.

Les locaux de la police judiciaire, 36 Quai des Orfèvres, 1935.
P. Maestracci

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