10 novembre 2014

Journal de Pierre Brengou - Dardanelles suite (Grande Guerre- saison 1)

 A. Bétry
Vous avez déjà fait connaissance de ce poilu dont les petites-nièces sont Isséennes et conservent précieusement le journal et les cartes postales de leur aïeul. Continuons à le découvrir. Il est toujours aux Dardanelles.

2 novembre 1915 : « Repos tout le jour. On a eu le temps de se nettoyer et de se livrer au sport de la chasse dans son linge car ce n’est pas ce qui les poux et les puces qui manquent aux Dardanelles ».
De l’humour pour évoquer la misère physiologique des soldats dans les tranchées.

Le Miroir, 15 novembre 1914.
3 novembre : Survol du camp par un avion allemand un Taube (pluriel Tauben) qui tire quelques coups et combat contre « un biplan allié ». Les 2 avions sont sous un tir croisé sans résultat pour l’artillerie des deux belligérants. Les Tauben  (photo ci-contre extraite du Miroir du 15 novembre 1914) sont des monoplans engagés au côté des Ottomans. Dès 1914, il fallait montrer au public, et surtout aux aviateurs, à quoi ressemblent les avions ennemis et ne pas abattre les avions alliés !



6 novembre : Pierre Brengou reçoit un colis de sa sœur contenant des vêtements, du chocolat, du saucisson et des noix. Le comité La Fayette lui envoie aussi des vêtements mais aussi un couteau et du papier hygiénique. Ce sont des cadeaux aussi pratiques que fort appréciés.

10 novembre : «… Après 2h de marche pénible à travers la terre mouillée et les boyaux en zig-zag on arrive en 1ère ligne, ma comp [compagnie] passant les 4 ers jours en 1ère ligne…On voit entre les 2 lignes une quantité de cadavres du 176ème tombés là en tirailleurs à une attaque, il y a plus de 2 mois. On a remplacé les créneaux en fer par des créneaux en bois très visibles des tranchées turques…Ma section divisée par équipes va planter des piquets pour fil de fer en avant de la 1ère tranchée. Je suis de l’équipe de 23h à minuit. On est 4 hommes de l’escouade et le caporal, on plante 8 piquets on y reste une petite demie heure à se promener au milieu des macchabées et sous les balles . Aucune équipe n’a rien eu ».

Voici  un extrait du journal, couvrant les journées du 5 au 10 novembre 1915. Coll. privée

12 novembre : « On bombarde violemment les tranchées turques avec des crapouillots ». 
Ce sont des mortiers de tranchée ; leur nom viendrait de crapaud. « En revanche, ils nous envoient quelques zim boum et manches à balai. On leur envoie des crapouillots et des grenades ».

15 novembre : « Fusillade du côté des Anglais…Les Anglais ont attaqué et pris 2 tranchées turques ». Il y eut ensuite une contre–attaque.

15 novembre : « Les Turcs ont attaqué les Anglais mais ils sont tous restés sur le carreau, fauchés par les tirailleurs et fusils anglais ».

29 novembre : « Quelle mauvaise nuit. Froid très vif avec vent du nord. L’eau est gelée dans les bidons. Les Sénégalais sont évacués par cinquantaines pour membres gelés ». Pierre Brengou est dans une unité coloniale avec des Sénégalais et des Français. Les premiers sont de faction dans la journée et les seconds les relèvent la nuit. P. Maestracci

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