10 août 2013

La Révolution française à Issy - épisode 5

Continuons notre promenade dans le Répertoire de  M. Tuetey. Nous voici en pleine délibération du Comité de Salut public au sujet de la Société populaire d'Issy-l'Union. 


Ces clubs politiques, à l'image  du club des Jacobins de Paris, apparaissent en province comme à Paris dès avril 1789. On y discute des affaires locales. A partir de 1793, elles sont épurées de leurs membres les plus modérés et deviennent, avec la prise du pouvoir par les Montagnards en juin, obligatoires. Elles assurent avec les municipalités et les comités de surveillance la bonne application des lois et dénoncent les contre-révolutionnaires. Non sans discussion, comme on va le voir avec l'exemple suivant.

Le Comité de Salut public est créé par la Convention nationale le 6 avril 1793 pour contrôler
"et prendre dans les circonstances urgentes des mesures de défense générale extérieure et intérieure". À partir de juillet, il est aux mains des Montagnards et de Robespierre. © XDR


Le 8 frimaire an II (28 novembre 1793), le Comité de Salut public reçoit des plaintes "apportées par par le Comité de surveillance d'Issy-l'Union contre le sieur Kolberger, qui avait troublé la Société populaire, réunie le 3, et contre le citoyen Lamy, épicier qui s’était répandu en invectives contre le sieur Boulanger, secrétaire-greffier de la municipalité d’Issy-l’Union, lesquels citoyens sont réclamés par la société populaire d’Issy, venue en masse, qui proteste de leur patriotisme et demande leur élargissement, démarche prise en considération par le Comité du département. "
Après délibération, le Comité de Salut public envoie deux de ses membres pour "électriser les habitants". Le 13 frimaire an II (3 décembre 1793), donc quelques jours après la plainte, les deux émissaires, les citoyens Franchet et Chéry présentent au Comité les conclusions de leur enquête. 

"D’après ce rapport, les commissaires en question s’étant présentés à la société populaire et ayant pris connaissance de la liste des membres du Comité de surveillance, ont déclaré que tous devaient passer au scrutin épuratoire et que devaient en être exclus tous prêtres, nobles ou même agents de nobles ; au sujet de la composition de la société populaire, les commissaires ont déclaré qu'il fallait rejeter tous ceux qui, par leurs discours et actions, avaient favorisé les contre-révolutionnaires, les royalistes et les fédéralistes, et avaient encouragé les patriotes à terrasser l’aristocratie ; les commissaires se louent beaucoup de l’accueil qui leur a été fait et disent qu’ils ont été accompagnés jusqu’à Paris avec des flambeaux et embrassés fraternellement. A la suite de ce rapport, le citoyen Boulanger, secrétaire greffier de la municipalité d'Issy-l'Union, ayant délivré des certificats à des contre-révolutionnaires, est mandé au Comité…"


La devise républicaine en 1793. © XDR
Au fil des mois, Issy-l'Union continue à se manifester auprès du Comité de Salut public, alors que la France plonge dans la Terreur et qu'en mars 1794 tous les pouvoirs se trouvent concentrés entre les seules mains du Comité. Les habitants, imitant en cela les Parisiens, prennent l'habitude de peindre sur leurs maisons la devise ci-dessus. Les dernières paroles "ou la mort" seront effacées après la chute de Robespierre, car trop liées à la Terreur. PCB. À suivre.


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