16 décembre 2018

Les maronites d'Issy accueillent Historim

Rose et Mgr Gemayel. © A. Bétry

Nous voici ce samedi matin 15 décembre 2018 par un petit froid piquant, réunis devant  l'église Saint-Sauveur d'Issy, une chapelle reconsacrée le 27 janvier 2018. Des échafaudages masquent le porche mais les travaux extérieurs sont déjà bien avancés. Nous sommes reçus par le Père Touma, en France depuis deux mois seulement, Rose et son amie Sanaa, auxquels viendra se joindre Monseigneur Maroun-Nasser Gemayel. L'accueil est on ne peu plus chaleureux, une chaleur qui réchauffe les corps… et les esprits.


Quel est donc ce bâtiment ? 
Notre Historimienne Pascale nous raconte son histoire. La chapelle (rebaptisée église) Saint-Sauveur fut construite sous Napoléon III, en 1863, dans la cour d'honneur de l'hôpital-maison de retraite des Petits-Ménages (rebaptisé Corentin- Celton), agrémenté par un beau jardin, celui des 1000 roses.
L'église qui dans les mois à venir va être totalement restaurée, a la forme d'une basilique, avec son abside et son transept.

Porche de l'église Saint-Sauveur.
© A. Bétry


Déconsacrée en 2004 pour être transformée en espace culturel, la chapelle a été rachetée à l’AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris) pour le compte de l’éparchie maronite, grâce à un
généreux donateur.

L'église dans le jardin des 1000 roses.
© A. Bétry
Reconsacrée au cours d'une cérémonie qui réunit plus de 600 personnes, le samedi 27 janvier 2018, elle accueille aujourd'hui les fidèles les samedis à 18h et les dimanches, à 11h et 18h. La messe du soir est une tradition maronite, venue d'Antioche, liée à leur métier d'agriculteurs. Lever tôt, travaillant dans les champs, la liturgie se faisait de préférence en soirée.


Mais quelle est donc cette église maronite ?
Notre Historimien Denis nous a préparé un petit historique.

Saint Maroun, fêté le 9 février.
© XDR
Aux IV-Ve siècles, vit dans les montagnes de Syrie, dans la région de Brad (province d'Homs), un moine ermite, chrétien syriaque, du nom de Maroun (340-410). Sa conduite et ses miracles le rendent célèbre et attirent de nombreux disciples. Ceux-ci forment le noyau initial de l’église maronite. Près du lieu de sa mort, est édifié un grand monastère qui deviendra un centre spirituel et sera suivi de nombreux autres monastères dans la région. Maroun, ou Maron, signifie en syriaque " le petit maître". Saint Maroun est fêté le 9 février.

Puis, au VIIe siècle, un autre moine du nom de Jean Maron devient le premier patriarche d'Antioche (actuelle Turquie),. Chassés de Syrie par les musulmans, la communauté maronite se réfugie au Liban, dans les montagnes "qu'un cheval arabe ne pourra jamais atteindre". 
Mgr Gemayel se propose de nous accompagner en pèlerinage sur ces lieux saints libanais, un voyage à envisager sérieusement. Affaire à suivre.
En 1182,  au temps des croisades, le patriarche d’Antioche et quelque 40 000 membres de la communauté acceptent de se rattacher à Rome et de reconnaître la primauté du Pape, le chef suprême. 
Aujourd’hui, l’église maronite compte 23 diocèses (ou éparchies) : 9 au Liban, 3 en Syrie, les autres dans le monde entier dont 1 en France, accueillant dans plusieurs paroisses 80 000 fidèles environ. Elle est centralisée à l’éparchie de Notre-Dame du Liban de Paris, rue d’Ulm, dans le Ve arrondissement : l’éparque (ou évêque) en est Monseigneur Maroun-Nasser Gemayel, notre hôte.   

10h30 - Revenons au temps présent.
Une jolie crèche se trouve au pied de l'autel. Des rangées de chaises de toutes les couleurs sont rangées dans toute l'église. Rose nous explique que, faute de moyens, les fidèles ont amené chacun un siège de chez eux…

De dr.  à g., Rose, le Père Touma, Mgr Gemayel au micro, devant la crèche, au pied de l'autel, et Sanaa. © A. Bétry
Chacun des membres d'Historim pose des questions sur la liturgie, les rites pratiqués chez les maronites. Le père Touma nous explique que sa tenue noire a été bénie lorsqu'il est devenu prêtre. Que l'église Saint-Sauveur rassemble les maronites d'Issy-les-Moulineaux, du XVe arrondissement, de Clamart, Châtillon, Vanves, Malakoff, Montrouge.

Mgr Gemayel. © A. Bétry

Mgr Gemayel (ci-contre) nous raconte, avec enthousiasme, que la messe est plus longue que chez les catholiques, parce que l'on y chante plus ; que la langue utilisée est le syriaque (l'araméen, la langue de Jésus christianisée) ; que les textes lus proviennent du Nouveau Testament, sauf pendant la semaine pascale où sont rajoutées 4 lectures de l'Ancien Testament ; que le baiser de paix a lieu avant la consécration.

Puis vient la question du mariage des prêtres. Si chez les catholiques, le prêtre doit rester célibataire, Monseigneur nous apprend que l'église maronite l'autorise. Elle compte même des évêques mariés, mais ils doivent être veufs

Mgr Gemayel à l'harmonica. © A. Bétry
Monseigneur insiste sur les relations entre la France et le Liban, mentionnant que "les maronites sont les Français d'Orient, partageant les mêmes valeurs que les Français d'Occident, la même mission de paix". Concernant l'implantation des maronites à Issy-les-Moulineaux, il évoque des projets d'école, de catéchèse… 

12h - Avant de se quitter
Pour clore cette matinée inoubliable, Monseigneur prend son harmonica (ci-contre), le père Touma l'harmonium et l'on chante en choeur le "Gloria in Excelsis Deo", avant de se régaler… et se réchauffer autour d'un bon café et de délicieuses spécialités libanaises, cuisinées par Rose.


Un grand, grand merci à tous de nous avoir fait découvrir votre histoire et votre communauté. PCB
PS Ne ratez pas la conférence de Mgr Gemayel sur l'histoire des maronites, le mardi 15 janvier 2019, de 19h à 22h, à l'église Saint-Sauveur.




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