6 septembre 2020

Cerfs-volistes d'Issy-les-Moulineaux

Cet été, vous avez peut-être vu sur les plages des enfants - ou même des plus grands - le nez en l’air en train de suivre, au grès des vents, l’évolution de leurs cerfs-volants. Mais en connaissez-vous l'histoire ?

© XDR
Aux temps anciens
Il semble que le cerf-volant ait vu le jour en Asie, et ce, au moins deux siècles avant notre ère. Des écrits chinois racontent son utilisation militaire en 210 ans av. J.-C.
Le cerf-volant arrive en Europe par les routes de la soie et des épices. Au XVIIe siècle, il apparaît pour la première fois dans un livre anglais. En France, au XVIIIe siècle son vol est interdit la nuit, car des chenapans s’amusent à enfermer toutes sortes d’animaux dans une cage accrochée au cerf-volant, troublant ainsi la quiétude des Parisiens.

Au temps des frères Voisin
C’est à la fin du XIXe siècle que le cerf-volant fait véritablement ses débuts dans notre pays. Et pas avec n’importe qui, avec les frères Voisin (ci-dessous), bien connus des Isséens. 

Les frères Voisin : Gabriel (à g.) et Charles (à dr.).
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Gabriel Voisin, raconte dans son livre Mes 10 000 cerfs-volants : « Au temps de notre première enfance [sur les rives de la Saône] nous avons, mon frère et moi, construit des cerfs-volants. Charles me propose la mise en chantier d'un cerf-volant de 5 mètres de côté. Cette construction nous demanda trois longues semaines. » Finalement ce seront des avions qui sortiront des usines isséennes, puis des automobiles. Mais ça c’est une autre histoire que vous allez découvrir lors des Journées du patrimoine le dimanche 20 septembre 2020 au Musée français de la carte à jouer.

Une médaille olympique
C’est avec un certain Joseph-Louis Lecornu (ci-dessous), 1864-1931, que la France découvre le cerf-volant en tant que sport de compétition. 

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Lors des Jeux Olympiques de 1900 qui se déroulent à Paris (ci-contre), en même temps que l’exposition universelle, Joseph remporte la médaille olympique de cerfs-volants, dans la catégorie « Grands appareils »… une discipline inscrite comme sport de démonstration !


Les années passent. En 1907, les frères Frantzen fondent « l’Union des cerfs-volantistes de France » qui réunit 25 sociétés. Trois ans plus tard, Joseph Lecornu, encore lui, crée « la Ligue française du Cerf-volant ». Il faut savoir non seulement voler mais aussi construire son propre matériel. Une fois passé différentes épreuves, on obtient son diplôme de pilote. Plusieurs disciplines sont reconnues, la photographie aérienne, le cerf-volant porte-amarre pour le secours en mer, le cerf-volant météorologique, et bien sûr l’ascension humaine par cerf-volant…)

Sur le terrain d'Issy
Les membres de l’Union des cerfs-volantistes de France prennent l’habitude de venir s’entraîner sur le Champ de manœuvres d’Issy-les-Moulineaux et d’y faire des essais d’ascension humaine. 

Le café Pinguet, 18 rue Camille Desmoulins, non loin du champ de
manœuvres d'Issy. © XDR
Après l’entraînement, ils se rendent au café Pinguet [aujourd’hui disparu], situé au 18 rue Camille Desmoulins (à droite sur la photo ci-dessus) où ils peuvent prendre un bon café mais aussi stocker leur matériel dans un bâtiment se trouvant à l’arrière du café, baptisé « Hangar Maillot, en hommage au cerf-volantiste Paul Maillot qui à la fin du XIXe siècle va construire un appareil de 72 m2 de toile.

Cerfs-volants de l'Armée. © XDR

Les militaires s’intéressent de près à ce nouvel objet volant qui pourrait servir à l’observation. Par décret du 6 octobre 1911, le ministère de la Guerre accorde un terrain d’exercices à l’armée sur le champ de manœuvres d’Issy-les-Moulineaux. 
Et pendant la Première guerre mondiale, ce sont 13 compagnies d’aérostiers qui agissent - en ballons ou en cerfs-volants - sur les fronts d'Alsace, de Champagne, d'Artois, de Belgique et, bien sûr, à Verdun. Perchés dans une nacelle, au-dessous de leurs cerfs-volants, les soldats permettent ainsi la surveillance aérienne et le réglage des tirs d’artillerie (ci-contre).



Aujourd’hui plus de cerfs-volants dans le ciel isséen, au-dessus de l’héliport Issy-Paris… dommage ! PCB

P.S. Un grand merci à Dominique Cotard, président de l’Association sportive du cerf-volant soissonnais pour son aide dans la rédaction de cet article. On peut se procurer son livre Les aérostiers cerfe-volistes auprès du club http://cerfvolantsoissons.free.fr
A noter dans vos agendas, deux rendez-vous à Issy-les-Moulineaux :
- Exposition  Les cerfs-volants du monde, le Temps des cerises du 2 avril au 30 mai 2021
- La fête du vent, la Kaze No Matsuri, place du Belvédère, le 11 avril 2021, de 15h à 18h.

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