24 avril 2014

D'une mairie à l'autre… place Voltaire à Issy

 Les communes sont créées au début la Révolution française avant même les départements en 1790. Le premier maire isséen fut le marchand Jean-Baptiste Gogue. Issy dans le département de la Seine, district de Bourg-la-Reine, est d’abord chef-lieu de canton avant de dépendre de Sceaux puis de Vanves en 1893. Cette année-là, la ville de Paris achète des terrains pour le champ de manœuvres (futur terrain d’aviation et Héliport de nos jours) ; cela ampute notablement le territoire municipal.
La place Voltaire (carte postale n°1) occupe une position stratégique à l’intersection de deux routes importantes : la Grande-Rue entre Paris et Versailles ; et l’axe de Clamart/Vanves/Boulogne. Voici pourquoi la mairie est installée sur cette place (carte postale n°2). Ce bâtiment est utilisé jusqu’à la construction de l’Hôtel de Ville actuel inauguré en 1895.

La place Voltaire. Carte postale, 1907. Coll. privée.

Carte postale n°1.
La vue est prise en direction de Paris. La place Voltaire est ombragée et cernée de rues sur les quatre côtés. Au premier plan, un piéton discute avec un cycliste. Derrière eux, l’immeuble de trois étages existe toujours ainsi que le café-restaurant. Sur la gauche, on distingue un mur puis une porte ; c’est l’entrée de l’école Voltaire qui porte le même nom que la place. Au XIXee siècle, la municipalité a fréquemment donné le nom des philosophes des Lumières et de la Révolution pour des rues et des places. En voici un exemple.
À droite de l’image, on voit la rue Renan parcourue par des voitures à chevaux mais également des tramways dont les caténaires sont visibles. Deux lignes empruntaient la rue qui débouchait Porte de Versailles. La première exploitée dès 1878 allait de Vanves à Saint-Philippe-du Roule; l’autre venait de Boulogne. Elles sont arrêtées avec l’apparition du métro dans la commune.
Le timbre est de 5 centimes. On distingue le nom du département la Seine dont dépend Issy-les-Moulineaux jusqu’à la Cinquième République.

Place Voltaire et ancienne mairie. Carte postale 1909, coll. privée.

Carte postale n°2.
La mairie (de face) est un petit bâtiment élégant en pierre à un étage surmonté d’un toit pentu, de deux étroites cheminées et d’un clocheton dont les trois cloches se détachent nettement. Le rez-de-chaussée et l’étage sont percés de cinq baies arrondies de style classique ; au centre, l’entrée est protégée par un porche assorti. L’horloge sur la façade donne l’heure ; il est presque 13 heures.
Derrière, se profile le long bâtiment de l’Hospice des Petits-Ménages installé depuis 1863 rue du Vivier (rue Guynemer). Une chaufferie est visible grâce à sa cheminée en briques. Un peu à droite, on aperçoit l’école Voltaire pour les garçons. Il y a 4 classes de l’enseignement primaire et un peu moins de 300 élèves de 6 à 13 ans ! Une partie de ceux-ci posent pour la photographie sur la place ; ils portent une grande cape cachant les culottes courtes, des godillots et certains une coiffure difficile à distinguer (casquette ou béret ? ).
Le café est bien visible avec de grandes bâches relevées qui protègent les consommateurs en terrasse. On peut encore lire sur l’enseigne aux formes sinueuses : « [©afé] français 2 billards ».
Le timbre est de 10 centimes ; 100% de hausse en 2 ans …

Au cours du XXe siècle, il y eut plusieurs changements d’appellation et d’aménagements. La ligne Nord-Sud (future ligne 12 du métro), créée en 1900, est prolongée en 1934 vers la mairie d’Issy-les-Moulineaux avec cette première station qui prend le nom de Petits-Ménages. Peu après, la place Voltaire était renommée place Paul Vaillant-Couturier.
Destruction de l'école Voltaire. © Fallourd
En 1945, le nom de Corentin Celton qui travaillait aux Petits-Ménages est donné à la station de métro pour honorer la mémoire de ce résistant exécuté fin 1943. La place est complètement transformée avec la destruction (à droite) de la mairie et de l’école Voltaire transférée rue Champeau. Une place piétonnière est créée, bordée par des immeubles d’habitation et les nouveaux bâtiments d’un hôpital Corentin-Celton complètement métamorphosé et ouvert sur la ville au début du XXIe siècle. P. Maestracci

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