29 septembre 2025

Île Saint-Germain, jardins partagés


En nous rendant vers les jardins de l’île, but de notre promenade, notre guide accompagnateur, Charles, retrouve un ancien camarade d’école qu’il n’a pas revu depuis soixante ans. Isséens tous les deux, ils ont été élevés sur l’île qui avait à leur époque une toute autre physionomie. Les habitations dites maisons d’architecte ont remplacé les quartiers pauvres de l’île. Les populations, arméniennes, italiennes, maghrébines, portugaises, immigrées pour la plupart, étaient employées aux usines Renault et concentrées dans cet îlot de verdure devenu aujourd’hui résidence pour gens aisés. Les anciennes maisons vétustes sont remplacées dès qu’une parcelle de terrain se libère.



Et dans l’une d’elles, vestige des temps anciens, réside cet ancien camarade de classe, un des probables derniers Arméniens de l’île, heureux de vivre parmi tous ces gens d’époque plus récente.

 


Notre promenade se poursuit vers un autre site également improbable : des jardins partagés en bout d’île Saint-Germain. Les locataires y élèvent abeilles et cultivent arbres fruitiers, fleurs, légumes. Des moments certainement propices à la diversité aujourd’hui tellement revendiquée !

A.Bétry







27 septembre 2025

Parmentier Antoine-Auguste 1737-1813

Agronome, pharmacien, natif de Montdidier en Picardie, Antoine-Auguste Parmentier s’enrôle dans les services de santé des armées de Louis XV. La France est en guerre contre les Prussiens. 
Fait prisonnier et nourri uniquement de bouillie de tubercules appelés « pomme de terre » 
il découvre les valeurs nutritives de ce nouveau végétal. 

A son retour de captivité il s’attelle à vouloir éradiquer les maux de l’époque : émeutes et ruine du royaume.      

« Mes recherches n’ont d’autre but que le progrès de l’art et le bien général. La nourriture du peuple est ma sollicitude ; mon vœu, c’est d’en améliorer la qualité et d’en diminuer le prix. »      

Professeur au Collège de pharmacie et à l’Ecole de boulangerie, un Traité sur la culture et les usages des pommes de terre connaît à l’époque un grand succès. 

Le roi complimente son auteur, Parmentier : 

« La France vous remerciera un jour d’avoir trouvé le pain des pauvres ».      

Parmentier, en 1772, est apothicaire major des armées françaises sous le règne de Louis XIV.          

Parce qu’intéressés par les mesures d’hygiène et de secours aux pauvres, les comités révolutionnaires se penchent sur ce nouveau tubercule.          

Si bien que Parmentier est reconnu bienfaiteur de l’humanité, et Premier pharmacien des armées en 1800. Auteur du Formulaire pharmaceutique des hôpitaux militaires, il compte parmi les fondateurs du Service de santé des armées avec Percy, Coste, Larrey et Heurteloup.

Sépulture d'Antoine-Auguste Parmentier
au cimetière du Père Lachaise

La production de la pomme de terre en Chine est de 

94 362 175 tonnes par an.

L’Inde arrive en deuxième rang   et le troisième est l’Ukraine avec 21 356 320 tonnes par an.

La France se situe au huitième rang avec 8 987 220 tonnes par an, soit une production par habitant de 133,546 kg et une consommation annuelle de 47 kg par habitant.


Une rue d'Issy-les-Moulineaux, entre les rues Séverine et Foucher-Lepelletier, porte le nom de cet illustre personnage. 

A. Bétry

21 septembre 2025

Grégoire Miret, une vie d'artiste

La première rencontre a lieu dans l’atelier de dessin et peinture pour adultes sous la direction rigoureuse mais bienveillante de Grégoire Miret. Celui-ci est entré dans la chorale de l’association Musique et Variations avant de créer ce cours pour adultes. 


Adolescence et formation


Grégoire Miret réussit le BEPC avec mention mais privilégie l’entrée aux Beaux-Arts plutôt que d’aller au lycée en seconde. En effet, depuis l’enfance, dit-il : « je dessinais avec facilité et échangeais une caricature du proviseur contre un devoir de maths. » Son père lui donne un an pour réussir sous peine de devoir aller au lycée. Grégoire Miret est accepté aux Beaux-Arts à Caen puis à Clermont-Ferrand l’année suivante. L’école est abritée dans la Halle aux Grains tout près de la préfecture du Puy-de-Dôme. En deux ans, il réussit le CAFAS (Certificat d’Aptitude à la Formation Artistique), ce qui lui permet de passer le concours d’entrée aux Beaux-Arts à Paris. Il « monte à Paris en 1re classe » et choisit l’atelier de Chapelin-Midy. 
Celui-ci venait une fois par mois vérifier le travail de ses étudiants. En parallèle, Grégoire Miret, passionné de dessin animé, s’inscrit à l’Ecole des Métiers d’Art (futur musée Picasso) installée rue de Thorigny dans le IIIe arrondissement. Il n’y reste qu’un trimestre car il refuse de suivre tous les cours, certains ne lui apportaient rien.
Il loge alors dans une chambre de bonne dans un immeuble du boulevard Malesherbes.

Dans son bureau

Arrivée dans la commune


Il y est venu par hasard. Un chauffeur, qui l’avait pris en auto-stop en Normandie, lui a proposé une colocation avenue Bourgain. Grégoire Miret y vit et y travaille une année car, dit-il : « c’était pratique pour moi.» Depuis, il est resté Isséen et ne se lasse pas d’admirer l’ouest parisien depuis les hauteurs de la ville.


Vie professionnelle jusqu’en 2002


Il continue sur sa lancée en devenant intervalliste. Il s’agit d’ajouter les images intermédiaires (de 10 à 24 par seconde) pour montrer un mouvement, par exemple celui d’un bras. Il est nécessaire de dessiner les contours sur un celluloïd puis de peindre sur l’envers à la gouache mêlée de fiel de bœuf. De nos jours, les intevallistes ont été supplantés par des robots !
Grégoire Miret monte trois entreprises (MDP, Ex-Aequo et Socrate et Associés) pour « promouvoir des produits de consommation » alimentaires (chocolat, alcool), « la bagnole » et la parfumerie. Il commence par le conditionnement des produits (emballage, étiquettes, modes d’emploi) avant de s’attaquer aux outils de promotion et des réseaux de vente puis de s’occuper de la formation de spécialistes pour l’automobile. « Dans mon métier, je ne faisais que ce que je voulais. »

 
Retour aux sources


Grégoire Miret chante dans l’association Musique et Variations avant d’y créer un atelier de dessin et peinture pour adultes, plusieurs fois par semaine. Il préside l’association Les Amis de Vanves qui propose dans des locaux municipaux, une étude d’après le modèle vivant. En outre, il assure des cours à Clamart pour Solidarité Loisirs. Afin d’inspirer ses élèves, il se rend dans « toutes les expositions utiles. »
Laissons-le conclure : « Je suis dans mon univers. »


Texte et photographie : P. Maestracci






19 septembre 2025

Journée du Patrimoine 2025


Puis même adresse à 16 heures
16 rue Auguste Gervais - 92130 Issy-les-Moulineaux

Une animation variétés musicales avec Sarah, Aurélien et Gérard 
en Hommage à Patricia, notre présidente




 

15 septembre 2025

L'abbé Grégoire 1750-1831

Un article paru dans Historia de septembre 2025 titré L’antisémitisme en France évoque l’actualité compliquée de notre pays et aussi la personne de l’abbé Grégoire dont une rue d’Issy-les-Moulineaux porte le nom.




Une copieuse biographie s’ouvre à nous. De grandes signatures comme Robert Badinter, Françoise Hildesheimer, Mona Ozouf, Jean Dubray et bien d’autres nous montrent l’intérêt présenté par cet abbé Grégoire.

A l’occasion de la célébration du bicentenaire de la Révolution française, le 12 décembre 1989, l’abbé Grégoire est panthéonisé. Sous la présidence de François Mitterrand, en même temps que Monge et Condorcet, les cendres de Grégoire sont transférées au Panthéon. L’hommage est rendu par Jack Lang, ministre de la Culture.


Personnage influant sous la Révolution française, 

l’événement fut fortement contesté.

Les Juifs lui pardonnent d’avoir voulu les émanciper pour pouvoir mieux les convertir à la foi chrétienne.

A 80 ans l’abbé Grégoire meurt à Paris, une messe de funérailles est célébrée rue de Sèvres dans l’église de l’Abbaye-aux-Bois réquisitionnée par le roi Louis-Philippe, l’église catholique lui ayant refusé les obsèques catholiques. Un deal lui avait été proposé : renoncement prêté à la Constitution civile du clergé ; refus de l’intéressé, d’où rejet de l’assistance d’un prêtre de l’archevêché.



De son vivant Grégoire mène une vie politique très engagée : député, sénateur. Il s’oppose à la proclamation de l’Empire et même à la création de la nouvelle noblesse d’empire et au divorce de Napoléon Ier et de Joséphine.

Contre l’esclavage rétabli par Napoléon, il s’oppose. Mais d’autres libéraux partagent ses positions. Protéger les biens de la Nation est aussi son combat en pleine Révolution française, comme la basilique de Saint-Denis et bien d’autres qu’il considère comme monuments et objets nationaux.

Grégoire contribue à la création de l’Institut de France, du Conservatoire national des arts et métiers en 1794. L’Instruction publique est aussi l’une de ses nombreuses préoccupations et le 13 août 1790 il favorise l’usage du français, sa volonté consistant à vouloir défendre la langue française et lutter pour l’émancipation des minorités.

Il participe à la rédaction de la déclaration des Droits de l’homme et du citoyen en 1789.

« Si l'homme a des droits, il faut parler de celui dont il les tient et qui lui imprime des devoirs. Il faut montrer à l'homme le cercle qu'il peut parcourir et les barrières qui peuvent et doivent l'arrêter ». 


D’où son intérêt pour les Juifs de sa région, la Lorraine. En 1789, la France compte 27 millions d’habitants, mais seulement 35 000 à 40 000 Juifs dont   

7 000 en Lorraine, région d’origine de l’abbé Grégoire où les Juifs étaient tolérés.

Ceux-ci mettront du temps à faire valoir l’attribution à leur émancipation et à leurs droits. L’abbé Grégoire, comme Mirabeau et Malesherbes, contribua largement à protéger les Juifs.

L’inhumation au Panthéon, c’est la façon choisie par l’Etat français d’honorer l’abbé Grégoire. 

                                     « Aux Grands Hommes, la patrie reconnaissante »

A. Bétry


8 septembre 2025

d'Estienne d'Orves : le 29 août 1941

Le 29 août 1941, au Mont-Valérien le capitaine de vaisseau Honoré d’Estienne d’Orves et ses camarades du réseau Nemrod sont fusillés.



Mais qui est cet illustre personnage dont on rencontre le nom dans de nombreuses villes de France ?

Né quarante ans plus tôt, en 1901, issu d’une famille catholique « traditionaliste », cousin germain de Louise de Vilmorin, il est aussi cousin d’Antoine de Saint-Exupéry.

A sa sortie de Polytechnique, Honoré choisit la Royale, notre marine nationale, et s’en suit la formation embarquée sur le croiseur Jeanne d’Arc, navire école. En octobre 1929, il épouse Eliane et en mai 1932 s’interrompt la navigation pour la préparation à l’Ecole de guerre.

C’est l’époque où la famille s’installe à Issy-les-Moulineaux : naissent Marguerite en juillet 1930, Monique en décembre 1931 et Rose en 1934. Marc arrivera le 8 novembre 1937, après le Front populaire de 1936, et la sortie de l’Ecole de Guerre. L’appel du large amène notre officier dans les eaux chaudes de Méditerranée aux côtés des Britanniques stationnés et bloqués dans la baie d’Alexandrie. 

Le 3 septembre 1939, la France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne.

Le 17 juin 40, Pétain marmonne, le 18 De Gaulle claironne. Après 19 ans de bons et loyaux services, d’Estienne d’Orves, toujours bloqué à Alexandrie, plie ses lignes et rejoint Londres. Non sans mal car il est déserteur et désormais passible de la justice militaire.

Parvenu à destination, il est le 13e dans la liste des FNFL (Forces navales françaises libres). Son nom de code est Chateauvieux, et comme tous les militaires arrivant à Londres, il gagne un rang ; de lieutenant de vaisseau, il devient capitaine de vaisseau le 30 septembre 1940.


Nommé chef du 2e Bureau de l’état-major de la France libre le 10 octobre, il se trouve aux côtés d’un autre polytechnicien : André Dewavrin plus connu sous le nom de Passy.

Rapidement Chateauvieux se met en tête, malgré les avis contraires de bon nombre de ses amis Passy, Maurice Schumann et René Cassin, de créer un réseau de contacts et, de lui-même, mener une activité d’agent en France occupée. Egalement, malgré l’avis de l’amiral Muselier, commandant les FNFL. De Gaulle lui donne le feu vert.

A bord de la Marie-Louise, bateau de pêche, le patron du 2e Bureau et son radio équipé d’un poste portatif de 30 kg rejoignent Plogoff le 21 décembre 1940.

L’équipe s’installe à Nantes. Du 6 au 19 janvier, Chateauvieux prend des contacts sur Paris. Gaessler, son radio, choisi parce qu’il parle allemand, trouvant intéressant de raconter sa vie à l’occupant, provoque leur arrestation dans la nuit du 21 au 22 janvier.


 


Incarcération à Berlin, puis retour à Fresnes, puis six mois de négociations qui s’achèvent le jour où le résistant communiste Pierre Georges, connu sous le nom de colonel Fabien abat à Paris à la station de métro Barbès un officier allemand. Résultat de l’opération : cent otages dont Honoré d’Estienne d’Orves sont fusillés pour cet acte isolé de résistance.



Honoré d’Estienne d’Orves, titulaire de la Croix de Libération est Compagnon de la Libération. 1038 hommes et femmes furent nommés Compagnons par le général De Gaulle qui créa cet ordre le 16 novembre 1940. Cinq communes françaises, dix-huit unités militaires sont également titulaires de l'Ordre de la Libération.

Pour mémoire :
Churchill reconnaît De Gaulle et les Forces françaises libres le 27 juin 1940.
Les Français, hommes ou femmes, ayant rejoint l’Angleterre sont :
7 000 en août 1940 - 50 000 fin 1941 – 70 000, dont 15 000 en Lybie, en juillet 1942.
La liste des FFL a été clôturée le 1er août 1943, après la fusion des Forces françaises libres avec l’Armée d’Afrique le 31 juillet 1943 et par décret du 22 octobre 1943.

A. Bétry
Biblio : Honoré d’Estienne d’Orves, de Etienne de Montety – Tempus