27 mars 2013

Fénelon signe les 34 articles d'Issy - 1695

C'était le 10 mars 1695, au séminaire de Saint-Sulpice. Après plus d'un an de discussions, Fénelon acceptait de signer ces 34 articles. Notre historimien Denis revient plus en détails (un article est déjà paru dans la rubrique Histoire-Dates: http://www.historim.fr/2012/01/bossuet-fenelon-et-les-conferences.html) sur cet épisode. Fort intéressant !

Fénelon. © Quercy.net
Au cours du XVIIe siècle, à partir de 1680, la théologie prend une grande importance en France et est sujette à des querelles au sein des cercles spirituels. C’est ainsi que Bossuet et Fénelon s’opposent au sujet du quiétisme. Cette doctrine selon laquelle la perfection chrétienne réside dans la passivité de la contemplation [il suffisait de se mettre en état d’oraison (de prière) pour atteindre, en toute quiétude et sans avoir à se soucier des rites ni des œuvres de charité, à une communion totale avec Dieu], est introduite en France par Mme Guyon, jeune veuve mystique un peu exaltée. Soutenue par Fénelon, qui s’en inspirera pour écrire son livre Les Explications des maximes des saints, cette doctrine est combattue par Bossuet qui y voit une menace pour l’église. 

© Alain Bétry
Le cloître du Séminaire Saint-Sulpice d'Issy-les-Moulineaux. © A. Bétry

C’est ainsi que des entretiens réunissant Jacques Bénigme Bossuet, évêque de Meaux, Louis-Antoine de Noailles, évêque de Chaalons (avant d’être archevêque de Paris) et Louis Tronson, supérieur général de la compagnie de Saint-Sulpice, se déroulent au séminaire d’Issy (ci-dessus), où réside le plus souvent Louis Tronson, en raison de son invalidité. Fénelon n’y est convié que pour les dernières réunions qui aboutissent, le 10 mars 1695, à la signature des 34 articles d’Issy mettant fin à la querelle.

Ce n’est pas sans mal qu’un accord est trouvé, comme l’explique lui-même Fénelon : « Il est donc vrai que les conférences furent faites sans moi à Issy ; il est vrai aussi qu’on me proposa les articles tout dressés. On m’en donna d’abord que trente ; le douzième, le treizième (à gauche), le trente-troisième et le trente-quatrième (ci-dessous) n’y étaient pas encore. Le lendemain, je déclarai par une lettre aux deux prélats que je les signerai par déférence, contre ma persuasion, mais que si on voulait ajouter certaines choses, je serais prêt à signer de mon sang ! … Je demandais qu’on établît plus clairement l’amour désintéressé et qu’on n’autorisât point l’oraison passive sans la définir.… Au bout de deux jours, on me communiqua l’addition de quatre articles qu’on mit avec les trente. Dès ce moment, je déclarai que j’étais prêt à signer de mon sang ».

L’original de ces 34 articles d’Issy, intitulés Articles sur les états d’oraison se trouve aux archives du séminaire Saint-Sulpice, à Paris. Voici les premier et dernier articles :
Article 1 : « Tout chrétien, en tout état quoique non à tout moment, est obligé de conserver l’exercice de la foi, de l’espérance et de la charité, et d’en produire des actions comme de trois vertus distinguées ».

34e article avec les signatures. © D. Hussenot


Article 34 (à gauche) : « Au surplus, il est certain que les commençants et les parfaits doivent être conduits par des règles différentes, et que les derniers entendent plus hautement et plus à fond les vérités chrétiennes.
Délibéré à Issy, le 10e de mars 1695
Signé : Benigme de Meaux
           Louis Antoine de Chaalons
           François de Fénelon, nommé à l’archevêché de Cambray
           Louis Tronson. »

Denis Hussenot

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