14 février 2022

Saint Fiacre et Auguste Hude, maire d'Issy de 1884 à 1888

Saint Fiacre dans l'église Saint-Étienne à Issy. © PCB

Saint Fiacre
est né vers 590 en Irlande, et mort en 620 (ou en 670) à Meaux (dans l’actuelle Seine-et-Marne) où il avait fondé un monastère. Il est le patron des maraîchers, des jardiniers et des horticulteurs et c’est à ce titre qu’Issy-les-Moulineaux est concerné.
Sa fête est le 30 août, son attribut la pelle… comme on peut le voir sur ce tableau de l'église Saint-Étienne (ci-contre), donné par la confrérie de Saint-Fiacre.
Auguste Hude par Degouy, 1885.

 




Mi-festive, mi-religieuse, cette confrérie, créée en 1644, devient très populaire auprès des maraîchers. Malgré la Révolution française de 1789, qui interdit les regroupements religieux, la confrérie ne disparaît pas et renaît avec le Consulat, notamment à Issy, terre agricole aux portes de Paris

En 1884, Auguste Hude (ci-contre), négociant en vins, propriétaire de la Grande Distillerie Nouvelle, 7 Grande Rue, à Issy (ci-dessous), devient maire d’Issy - il faudra attendre 1893 pour que la ville devienne Issy-les-Moulineaux.


Auguste Hude est élu l’année suivante député de la Seine. Candidat du parti radical-socialiste, il milite pour la séparation des Églises et de l’État, la suppression du budget des cultes et lutte contre le cléricalisme.
 
C’est alors que son mandat de maire est perturbé par un fait qui fait couler beaucoup d’encre dans la presse, notamment dans la Croix (ci-dessous). Il est question d’une invitation officielle de la Confrérie de Saint-Fiacre d’Issy, dans laquelle M. Hude apparaît comme « membre honoraire », à une messe solennelle en l’honneur de saint Fiacre le jeudi 30 août 1886 en l’église Saint-Étienne d’Issy à onze heures très précises.
Le journaliste termine son article par ces mots : « Pauvre M. Hude, convaincu de dévotion à Saint-Fiacre, que va-t-il devenir ? », lui qui était anticlérical.
Eh bien Auguste Hude restera à la mairie et à la chambre des députés jusqu’à sa mort, le 23 décembre 1888, des suites d’une grave maladie, à tout juste 37 ans. 
 
Les obsèques civiles sont célébrées à Issy, en présence de sa veuve, son frère, sa sœur, sa mère et sa belle-mère. Une nouvelle fois les journalistes sont présents. La Presse en publie le 1er janvier 1889 un compte-rendu détaillé. Auguste Hude est enterré au cimetière d’Issy, écrit le journaliste, « à cent pas de la grande porte d’entrée et à droite ». Les discours insistent sur son intelligence, son esprit critique. La cérémonie se termine par « Vive la République ! ». 

Tombe d'Auguste Hude, cimetière d'Issy. © PCB



Le tableau de saint Fiacre, pelle à la main, pommes de terre et autres légumes à ses pieds, décore toujours l’église Saint-Étienne (en haut). 
La tombe d'Auguste Hude (ci-contre) se trouve toujours au cimetière d'Issy, à gauche dans l'allée centrale, un peu cachée derrière un cyprès ! 
Sur la plaque, l'on peut lire : " Député de la Seine, ancien maire d'Issy, décédé le 23 décembre 1888, dans sa 38e année. Regrets". 
Il faudra attendre le 9 décembre 1905, et la loi de séparation des Églises et de l'État, pour que les idées d'Auguste Hude se concrétisent.  PCB
 

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