29 décembre 2016

Santini, Alexis - décembre 1956

Le 22 décembre 1956, il y a donc soixante ans, deux jeunes alpinistes, Jean Vincendon,  24 ans, étudiant parisien expérimenté à Fontainebleau, et François Henry, Bruxellois de 23 ans sans grande expérience, hormis les Ardennes, décident de passer Noël en altitude dans le massif du Mont Blanc. Mais ils se trouvent  bloqués par le froid et la neige. Dans la vallée de Chamonix, la nouvelle se propage mais personne ne bouge, ce genre de course en haute altitude ne se pratiquant pas l’hiver ; de plus l’itinéraire et la destination des deux garçons sont inconnus. Secrètement, ils ont préparé cette course afin qu’à leur retour, ils puissent être les premiers à avoir fait la Brenva, le but de leur expédition, en hiver ! Mais s’aventurer l’hiver en montagne, en milieu hostile, ne s’improvise pas ou, du moins, se prépare. 
Le célèbre Walter Bonatti croise la route des deux égarés, et passe une soirée avec eux. Le guide italien leur propose de suivre la trace de sa cordée, et prendre le chemin du retour. Malgré ses recommandations, les jeunes aventuriers décident de poursuivre leur expédition et braver les mauvaises conditions météo. Le temps presse. Dans la vallée, on s'organise. Des reconnaissances sont faites en hélicoptère. 

Reportage paru dans le Paris Match du 12 janvier 1957. A gauche, le commandant Santini dont le visage et les mains sont atteints de gelures. A droite, l'évacuation des deux pilotes en Alouette. Coll. Alain Bétry.

Finalement, le 31 décembre, une cordée de guides volontaires décide de rejoindre les deux naufragés pendant qu'un hélicoptère militaire Sikorsky tente de se poser près d'eux. 
Et c'est un nouveau drame. L’engin se crashe près des deux naufragés (ci-dessus). A son bord, deux pilotes dont le commandant Alexis Santini, et deux alpinistes secouristes : Honoré Bonnet et Charles Germain. Ils sont indemnes mais commotionnés. Ils sont rejoints par la cordée. Tous se trouvent, à leur tour, bloqués en altitude. Trois nuits de froid durant lesquelles la nouvelle équipe transporte les deux jeunes gens, agonisants, dans la carlingue de l’hélicoptère, à l'abri du vent, puis gagne tant bien que mal le refuge Vallot en attendant une météo meilleure. La température ambiante atteint les – 30°. 
Enfin, le 3 janvier, deux Alouette réussissent à se poser et évacuer en priorité les deux pilotes du Sikorsky ; puis les guides de Chamonix. Les corps des deux jeunes, quant à eux, seront récupérés en mars 1957.

De nombreuses personnes ont participé au péril de leurs vies, à cette tentative de sauvetage. Parmi eux :
- Louis Piraly et Jacques Petetin, pilotes de la première reconnaissance, comme observateurs.
- André Blanc et Alexis Santini, les pilotes du Sikorsky S58 crashé. Très choqué et blessé, le premier subira plusieurs mois d’hospitalisation.
- Gilbert Chappaz, Honoré Bonnet, Jean Minster, Bernard Romand, Charles Germain et Jean-Marie Novel, guides déposés par Jacques Petetin, pilote d’un second Sikorsky S55.

La carcasse du Sikorsky. Reportage René Vital/Paris Match. Coll. Alain Bétry.
Pour information, le capitaine Alexis Santini est l’oncle de notre député-maire actuel André Santini, depuis plus de trente ans. Valérie André, son épouse présente lors de ce sauvetage alpin, médecin militaire et pilote d’hélicoptère, titulaire de nombreuses "evasan" en Indochine puis en Algérie, est la première femme devenue général de l’Armée française. AB.

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