8 décembre 2025

Le CNET et l’âge d’or de l’espace

Conférence de Pierre Baland du 27 novembre 2025 
au Musée Français de la Carte à Jouer 

L’objet de la conférence était de présenter l’implication du CNET dans les programmes spatiaux pendant l’âge d’or de l’astronautique. Cet âge est conventionnellement défini comme les douze années allant de Spoutnik au premier homme sur la Lune, 1957-69, époque de progrès fulgurants sur fond de rivalité politique USA-URSS. En France, le général de Gaulle revenu au pouvoir mi-1958 juge immédiatement qu’il faut que la France participe à cette course si elle ne veut pas tomber en dépendance des deux Grands pour les futures applications de l’espace. Il crée à cette fin le Comité de la Recherche Spatiale, plus tard remplacé par le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES), pour le conseiller et conduire au nom de l’Etat les programmes spatiaux de la France. Or espace et télécommunications sont liés. 
Au CNET installé depuis 1951 rue du Général Leclerc à Issy-les-Moulineaux, son directeur Pierre Marzin comprend qu’une importante partie se joue et qu’il faut que le CNET s’y implique de tout son poids. Il ne part pas de zéro : il fournissait déjà les télétransmissions de (petites) fusées-sondes qu’expérimentait le gouvernement français depuis une dizaine d’années. Il était même maître d’œuvre du dernier programme de ce type. Alors que de Gaulle s’apprête à lancer le programme de lanceur orbital Diamant, une circonstance va aider la France et le CNET à s’engager dans l’espace : de Spoutnik à Gagarine (et au delà), l’URSS ne cesse de damer le pion aux Etats-Unis. Ceux-ci se cherchent donc des alliés – par exemple des coopérants étrangers. 




De Gaulle et Marzin saisissent immédiatement l’occasion. A leur initiative sont lancés dès 1959 trois programmes successifs conjoints avec les Américains. Ils conduisent, en 1960 sur antenne CNET installée au Fort d’Issy, à la première réception au monde d’ondes hertziennes transocéaniques, en 1962 au centre CNET de Pleumeur-Bodou (Côtes-du-Nord) aux premières réceptions d’émissions TV venant des Etats-Unis (dont l’impact médiatique sera considérable), et en 1965, au lancement du premier satellite scientifique français FR-1, réalisé sous co-maîtrise d’œuvre CNET. Suit dans les années 1960 la réalisation du radiotélescope CNET dit de « St-Santin » d’observation de l’espace proche qui conduira quelques années plus tard à la création de l’organisation spatiale internationale EISCAT. 



De Gaulle se rapprochant de l’URSS à partir de 1966, le CNET participe enfin aux premiers satellites occidentaux jamais lancés par cette dernière, « Roseau » (abandonné pour raisons budgétaires) puis « SRET ». 
 1969, année de l’arrivée de l’homme sur la Lune et aussi du départ du général de Gaulle, marque la fin d’une époque. Les avancées en télécommunications spatiales auxquelles a puissamment contribué le CNET transpirent désormais vers l’industrie. Devenue mature, elle a désormais moins besoin de ses services. 
Dans les années 1970-80, le CNET reste néanmoins équipementier de plusieurs programmes de satellites européens de télécommunications. Il est aussi l’interlocuteur technique français des opérateurs étrangers de satellites comme Intelsat et participe à la création de l’opérateur français EUTELSAT, initialement abrité dans ses locaux et toujours présent à Issy, boulevard Galliéni. Puis son rôle spatial se réduit. 
En 2005, le CNET est intégré à France Telecom R&D puis à Orange Labs en 2007. Son siège isséen a depuis disparu et est remplacé depuis 2022 par l’écoquartier Cœur de Ville. La conférence était agrémentée de nombreuses photos d’époque et s’est conclu sur un échange fructueux avec l’auditoire dont d’anciens cadres du CNET. 
Un grand merci à l’équipe du Musée Français de la Carte à Jouer qui nous accueille chaque fois avec enthousiasme et efficacité.
Pascale Maestracci
Photos Michel Julien


Aucun commentaire: