7 février 2012

Madame de Sévigné et les Conti à Issy

Timbre émis en 1950.
De 1671 à 1696,  Mme de Sévigné a adressé pas moins de 764 lettres à sa fille, Mme de Grignan : un témoignage savoureux - mais pas toujours bien objectif - de son époque. Fréquentant une société parisienne lettrée, notamment dans l'hôtel de Mme de Rambouillet, rue Saint-Thomas du Louvre, (englobé aujourd'hui dans le Louvre), elle se lie d'amitié avec des personnalités telles que François de La Rochefoucauld, le cardinal de Retz, Mme de La Fayette (auteur de la princesse de Clèves), et la princesse de Conti, qui n'est pas encore propriétaire du fameux château d'Issy. C'est dans sa Chambre bleue que Catherine de Vivonne, marquise de Rambouillet, reçoit. Une nouvelle philosophie de vie y naît : la préciosité, en réaction à la vulgarité et à la grossièreté de la cour de Versailles.
A l'inverse de Mme de La Fayette qui quitte rarement son salon, Mme de Sévigné a besoin de se ressourcer dans la nature, comme l'indique cette lettre du vendredi 15 mai 1671, écrite à sa fille, de chez M. de La Rochefoucauld :

Le jardin antérieur, Issy champêtre. © A. Bétry
«  Nous avons été nous promener  chez Faverole, à Issy, où les rossignols, l’épine blanche, les lilas, les fontaines et le beau temps nous ont donné tous les plaisirs innocents qu’on peut avoir ; c’est un lieu où je vous ai vue, cela nourrit fort la tendresse. Nous y vîmes une fois un chat qui voulut arracher les deux yeux de madame de La Fayette, et pensa bien en passer son envie, si vous vous en souvenez. »


Le 3 février 1672, elle raconte les derniers moments de son amie la princesse de Conti, victime d'une crise d'apoplexie : « Madame la princesse de Conti mourut à quatre heures du matin, sans aucune connaissance. Elle appelait quelquefois Cécile, une femme de chambre, et disait : "Mon Dieu!" On croyait que son esprit allait revenir, mais elle n'en disait pas davantage. 
Elle expira en faisant un grand cri, et au milieu d'une convulsion qui lui fit imprimer ses doigts dans les bras d'une femme qui la tenait. La désolation de sa chambre ne se peut représenter. Monsieur le duc, MM. les princes de Conti, Madame de Longueville pleuraient de tout leur cœur. Madame de Gesvres avait pris le parti des évanouissements ; Mlle de Brissac de crier les hauts cris et de se jeter sur la Place : il fallut les chasser. Enfin, la douleur est universelle. Le roi a paru touché, et a fait son panégyrique en disant qu'elle était plus considérable par sa vertu que par la grandeur de sa fortune. Elle laisse, par son testament, l'éducation de ses enfants à Mme de Longueville… ».

L'entrée du château, avant sa destruction en 1870-71.
Parmi ces enfants, François-Louis de Bourbon-Conti, dit le Grand Conti qui, le 4 février 1699, « achète à Issy une belle maison toute meublée, avec un parc magnifique, pour 140 000 livres ». Depuis lors, le château porte le nom de la famille. PCB                                                 





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