27 mai 2015

27 mai 1615 - mort de la "reine d'Issy"


Marguerite de Valois en 1600 par Rubens. ©XDR

Marguerite de Valois, elle-même, n’hésitait pas à se donner ce surnom ironique, elle, la dernière des Valois-Angoulême et ex-femme de Henri IV. Alors qu’elle avait des biens en province (Agenais, Rouergue, Auvergne), elle avait acheté deux propriétés isséennes à Jean de La Haye qui l’avait hébergée lors de la peste en septembre 1606. 

Le premier terrain, d’environ 8 hectares, s’étendait en deux morceaux de part et d’autre de la rue de la Glaisère (Minard). La reine fit creuser entre les deux un tunnel qui existe toujours. L’entrée de sa demeure s’ouvrait sur l’actuelle rue du Général Leclerc. L’autre domaine, surnommé Petit-Olympe par un poète courtisan, correspondait à la parcelle dite de Villepreux, donnant sur la rue du Château (Auguste Gervais). À la même époque, elle achète à Paris un vaste terrain (6e et 7èe arrondissements) sur la rive gauche en face du Louvre où elle fut consignée longtemps auparavant sur ordre de ses frères, belle revanche ! Elle y fait construire un palais dont l’entrée est 6 rue de Seine et la chapelle des Louanges avec rotonde dans le jardin,. Les Parisiens peuvent s’y promener. Près de sa résidence, la reine Marguerite, fort pieuse, fonde (au 14 rue Bonaparte) le monastère des Petits-Augustins dont l’église est consacré à Jacob. Une rue proche en perpétue le souvenir.


Propriété du Pré-aux-Clercs vers 1615 (extrait du plan de
Mérian). On voit nettement la rotonde de la chapelle des
Louanges où fut déposé le cœur de Marguerite et les allées
du parc (futures rues de Lille, Verneuil et Université).
Marguerite de Valois meurt le 27 mai 1615 dans son palais du Pré-aux-Clercs (ci-contre). Son cœur est déposé dans la chapelle des Louanges tandis que son corps l’est dans l’église des Petits-Augustins. Ce n’est qu’un an plus tard qu’a lieu un enterrement intime et nocturne à la basilique Saint-Denis dans la chapelle des Valois. Le corps a disparu comme tant d’autres à la Révolution.
À sa mort, Marguerite de Valois laisse une dette énorme de 1,315 millions de Livres. Son héritier, le roi Louis XIII est obligé de vendre pour résorber le passif. Le palais et le parc du Pré-aux-Clercs sont vendus pour 315 000 livres à un groupe de six financiers. Ceux-ci vendent trois parcelles et se partagent le reste. Rapidement, il ne reste rien de ce domaine sur lequel on peut trouver des immeubles mais aussi de l’est vers l’ouest : l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts (ancien monastère des Petits-Augustins), la Caisse des Dépôts et Consignations, le musée d’Orsay et le Palais de la Légion d’Honneur. Le tracé des allées du parc de la reine est celui des rues de Lille, de Verneuil et de l’Université de nos jours !

Le parc du Grand Séminaire Saint-Sulpice,
l'une des deux propriétés isséennes de Marguerite A. Bétry

Quant aux propriétés isséennes, elles sont vendues après la mort de leur royale propriétaire en 1617 et 1678. La plus grande, rue Renan, est léguée à Olier, prêtre sulpicien qui la transforme en séminaire. La Compagnie de Saint-Sulpice (ci-dessus) en est toujours propriétaire mais les bâtiments ont été reconstruits à la fin du XIXe siècle. Il ne reste du XVIe siècle que le tunnel sous la rue Minard et un nymphée dans le jardin. 

Maquette du château des Conti, Galerie d'histoire de la ville. © A. Bétry
Le Petit-Olympe, rue Auguste Gervais, est acheté en 1699 par le prince de Conti qui fait construire un nouveau château (ci-dessus), dont il reste quelques vestiges au Musée français de la carte à jouer, et aménager les jardins dont le parc Barbusse est une survivance.

À Paris, le nom de Marguerite de Valois n’a pas été donné à une rue ou une place, contrairement à sa grand-tante, sœur de François 1er. Hélas, pas non plus à Issy-les-Moulineaux dont elle fut pourtant l’Isséenne la plus royale ! Un oubli qu'Historim compte bien faire… oublier ! P. Maestracci

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