12 juin 2016

Rue Renan, l'axe le plus ancien d'Issy-les-Moulineaux

Vue de la rue Renan au début du XXe siècle. Le bâtiment à gauche sur la place Vaillant-Couturier existe encore. La rue est parcourue par des voitures à chevaux et des tramways. On aperçoit Paris au loin car le boulevard périphérique n’en barre pas encore l’horizon comme de nos jours..

Son nom lui a été donné à la fin du XIXe siècle en hommage au philosophe Ernest Renan qui étudia au Grand Séminaire de Paris installé dans la commune. Cette rue est une petite portion d’une voie romaine entre Paris et Dreux, située juste au-dessus du lit inondable de la Seine. C’est pourquoi elle se trouve dans le prolongement de la rue de Vaugirard qui va du quartier Latin à la Porte de Versailles.
Elle est l’entrée principale sur la ville en venant de Paris jusqu’à la place Paul Vaillant-Couturier avec la station de métro Corentin Celton sur la ligne 12 du métro depuis 1934. La rue Renan ne mesure plus que 600 mètres car l’autre moitié porte le nom du général Leclerc (à découvrir dans le prochain article).

Du Moyen Âge au XVIIIe
Dans le sous-sol à l’entrée de la ville, on a retrouvé les vestiges d’un cimetière mérovingien. La future rue qui n’est qu’un chemin à travers champs dessert progressivement à partir du XVIIe et surtout du XVIIIe siècle. un couvent de Bénédictines (aux numéros 8 et 10) et de riches propriétés. C’est devenu un axe entre la capitale et Versailles.
En 1840, la coupure avec Paris est symbolisée par la ceinture de fortifications larges de 140 mètres et précédées d’une zone de 250 mètres de large. Cette bande fut non aedificandi (non constructible) jusque dans les années 1920 et concernait une frange du territoire isséen.

XIXe-XXe siècles
Manufacture de Tabacs en 1904.
L’industrialisation devient visible le long de la rue aux XIXe et XXe siècles. L’imprimerie Le Petit Moniteur (puis Chaix-Desfossés) s’installe à l’emplacement de l’ancien couvent et disparaît dans les années 1970. La Manufacture des Tabacs (ci-contre) sur l’actuelle Esplanade de la Manufacture fonctionne de 1904 à 1978. Sa réhabilitation a laissé place à des appartements et des bureaux. Ses pavillons d'entrée, conservés, servent de crèche et la cour est convertie en esplanade où se trouve un restaurant réputé. Après la Guerre 1939/45, l’entreprise Javel La Croix a des bureaux du 3 au 7. Ses bâtiments occupés ensuite par un cabinet d’experts-comptables doivent être démolis prochainement pour être remplacés par un hôtel. La proximité du Parc des Expositions explique la densité des restaurants et hôtels au début de la rue Renan. Seul, le nom du passage de l’Industrie à la fin de la rue Renan rappelle la présence d’usines disparues.

L'architecture du XXe siècle
La diversité architecturale des immeubles de chaque côté de la rue permet d’en suivre l’évolution au cours d’un siècle. Il y a de très beaux immeubles classiques en pierre de taille comme ceux construits par l’architecte E. Delaire à la Belle Époque (numéros 19, 19 bis, 36 et 36 bis) ainsi que des immeubles Art déco des années Trente (numéros 1, 6 bis -en bas-, et 29). Au numéro 1, se trouve aussi un bel immeuble Art déco (architecte M Pottier ECP, 1935). Un autre immeuble du même style est au 29. C’est une ancienne entreprise de déménagement de 1933 remplacée par un garage et de nos jours par un centre sportif. L’accès au fond de la cour se fait par un porche sous un immeuble de deux étages.

Immeuble Art Déco de 1931. Il y a un bow-window à l'angle et en façade. Les fleurs sculptées sont typiques de la période. Les architectes sont R. Delaire et P. Prunier DPLG.

Au 6 bis, bel ensemble résidentiel
de 1901,  de l'architecte E. Delaire.

L'architecte E. Delaire a beaucoup œuvré dans la commune. Chaque entrée d’immeuble se signale par un porche imposant surmonté d’un avant-corps de faible profondeur sur quatre étages. A noter les balcons soutenus par de solides consoles à volutes. Le deuxième étage est « l’étage noble » avec des balcons séparés, à la différence des balcons filants du 4e étage, comme on peut le voir ci-contre, au n°6 bis.
Des services publics sont implantés au n° 27 pour le collège Matisse et juste en face, la nouvelle aile de l’hôpital. En revanche, la place Vaillant-Couturier n’a plus la mairie qui y resta de 1857 à 1895. Une station de métro apparut en 1934 ; le nom originel Les Petits-Ménages est devenu en 1945 Corentin Celton comme l’établissement hospitalier proche. L’ancienne morgue en briques de l’hôpital à l’intersection avec la rue Séverine est promise à la démolition.
Une curiosité depuis 1892 est toujours visible au n° 42. Il s’agit d’une tour Eiffel en réduction. C’était l’emblème éponyme d’un magasin de confection. P. Maestracci. 

Illustrations : cartes postales anciennes (collections particulières) et photographies (P. Maestracci)

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