20 juin 2018

Journée de l'archéologie à Issy - visite du cimetière avec Historim

Dans le cadre des Journées Nationales de l’Archéologie consacrées à la Grande Guerre, Historim a proposé une visite des monuments et sépultures militaires au cimetière rue de l’Égalité, complétée par une exposition à la médiathèque du Temps des Cerises.

En ce samedi 16 juin 2018, le groupe était composé d’une quinzaine de personnes ainsi que Mme Helary-Olivier, maire-adjointe chargée des Affaires militaires qui nous a fait l’honneur et le plaisir de sa présence. Notre Historimienne Pascale présenta rapidement le cimetière - le quatrième de la commune - inauguré en 1864 sur un terrain appelé La Plante-Marande et agrandi à plusieurs reprises.

Monument aux morts de 14-18, au cimetière communal d'Issy.
© P. Maestracci
Puis, ce fut la visite proprement dite qui débuta Allée Cassiopée par le monument aux Morts de 1914-1918, l’œuvre du sculpteur Fernand Dubois en 1924 (ci-dessus). Une héros/soldat mort repose sous un suaire. Une pleureuse, sa veuve, est submergée par la douleur. Le Monument fut érigé par souscription publique. Au dos, une citation de Louis Pasteur exalte la vie.

Tombeau d'Auguste Gervais, maire d'Issy de 1903 à 1908. © J.G. Parmentier
Un peu plus loin, à l’angle de la division 14, se dresse le tombeau d’Auguste Gervais (ci-dessus). Cet homme politique important fut maire de la commune de 1903 à 1908. Membre de la commission de l’Armée, il meurt en 1917 lors d’un accident automobile, de retour d’une tournée d’inspection sur le front.

Tombe de M. et Mme Astoul.
© J.G. Parmentier


Non loin, à l’angle de la division 13, la stèle de la tombe de M. et Mme Astoul évoque la mémoire de leur fils Louis Astoul mort au Chemin des Dames en 1917 (ci-contre). 

Puis, près du Carré militaire, sont évoqués les dix-huit Isséens mobilisés en 1914 (cf site d’Historim 11 juin 2018). Leur âge variait de 16 à 45 ans. Le tiers d’entre eux est mort à la guerre entre 1914 et 1917.

Le Carré militaire 
Il se trouve en face de la division 24 dans un angle du cimetière (à droite de l’entrée).
Le monument aux Militaires morts pour la France est composé d’une stèle de haute taille et d’un caveau collectif. Les listes de noms sont classées de la guerre de 14/18 à celle de l’Extrême-Orient. Le nombre de morts enterrés là s’explique par les décès des soldats dans les hôpitaux militaires proches car les morts sur les champs de bataille sont enterrés près des zones de combat ou ils ont disparu (670 000 environ dont on retrouve parfois les corps de nos jours). Lors de la Grande Guerre, les hôpitaux militaires étaient les Petits-Ménages (maintenant hôpital Corentin Celton), Saint-Nicolas réquisitionné aussi où fut testée, pour la première fois, l’ambrine pour les brûlures (merci à Jean-Gilles qui nous a donné le nom et la composition de ce médicament). L’hôpital militaire Percy à Clamart est aussi tout proche du cimetière. 
Pour en savoir plus sur les hôpitaux militaires, retrouvez-nous sur le site en novembre prochain.



On compte 507 corps enterrés, des hommes mais aussi quelques infirmières. Les 183 noms de militaires morts dans les hôpitaux de 1914 à 1918 montrent un nombre croissant de décès dont la moitié environ en 1918 et 1919. Dès 1917, le nombre de soldats venus de l’Empire (AEF-AOF, Algérie, Indochine etc.) est de plus en plus important. 62% des militaires sont nés en métropole et 38% viennent de l’Empire. Autour du monument, il y a de nombreuses tombes individuelles signalées par des croix mais aussi par le croissant musulman.


Témoignage de Paul
Lors d’un décès d’un soldat, le maire était chargé d’annoncer l’atroce nouvelle à la famille. Paul, un Isséen qui porte le nom de son grand-père mort dans la Somme le 9 novembre 1916, a accepté la communication du texte suivant : « Monsieur le Maire, J’ai la tristesse de venir vous demander de bien vouloir vous charger d’une douloureuse mission. L’un de nos canonniers appartenant à votre commune est mort glorieusement à son poste de combat le 9 novembre à 11 heures du matin. Je vous serais reconnaissant de bien vouloir prévenir sa famille, en particulier sa femme, Madame Petetin Paul avec tous les ménagements possibles. Paul PETETIN était l’un de nos meilleurs canonniers. Je suis tout attristé, Monsieur le Maire, de vous confier cette mission, mais dans la certitude que vous l’accomplirez avec douceur et habileté. Je vous remercie de tout cœur ! Signé : Lieutenant Beriot. ». L’autre grand-père de Paul , soldat sur le front d’Orient est mort pour la France le 10 ou 11 novembre 1918 ; il fut enterré au cimetière militaire français à Belgrade.

Pour rendre hommage à tous les militaires qui ont péri lors des guerres suivantes, a été cité le nom de René Parrain qui repose dans le caveau collectif. Cet Isséen s’est engagé et est mort en 1948 en Indochine peu de temps avant de pouvoir rentrer. Sa famille vient encore se recueillir devant le monument funéraire.

Exposition au Temps des Cerises
La visite du groupe s’est poursuivie au Fort à la médiathèque du Temps des Cerises où est présentée jusqu’au 13 juillet, une exposition sur la guerre de 1914-1918. Des panneaux montrent les résultats des fouilles archéologiques. Des vitrines présentent des objets selon plusieurs thèmes : les armes, la vie quotidienne, l’artisanat, les moyens de communication etc. 

Casque Adrian. © XDR
Un Historimien a expliqué ce qu’était le casque français Adrian (ci-contre). Plusieurs objets ont été prêtés par des Historimiens. Une visière en cuivre placée sur un képi fut portée par le beau-père d’Éliane lors du Défilé de la Victoire le 14 juillet 1919. Un cendrier fait à partir d’un obus est gravé pour montrer un canon de 75 et ses servants. Des croix de guerre sont placées dans une autre vitrine. Enfin plusieurs cartes postales furent adressées à une commerçante, sorte de « une marraine de guerre » Madame Lefèvre, 79 rue Renan (Centre administratif Municipal de nos jours).

Un grand merci à ceux qui ont prêté des souvenirs de famille ainsi qu’à Madame Lydia Boutier et à son mari Maurice Boutier pour leur précieuse documentation sur les tombes du cimetière communal. 
Merci aussi à l’association Le Souvenir Français qui perpétue le souvenir des morts et entretient les tomes. Sa branche isséenne est fort active  http://www.souvenirfrancais-issy.com . Le nom de l’association a été donné à la place près du cimetière. P. Maestracci


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