17 octobre 2025

Silence, on tourne !

 La dernière fois que le Séminaire d’Issy-les-Moulineaux a accueilli une grosse équipe sur plusieurs jours, c’était pour le tournage de Paris Police 1900, une série télévisée de Canal+ diffusée en 2021.


Quels sont ces camions siglés TSF alignés sur le parking du Séminaire ?

En cette fin d’août, TSF, prestataire des moyens techniques de tournage, a investi le Séminaire afin d’y tourner des plans pour une superproduction qui sortira en 2026 à la fin des vacances d’été.

Pendant ces trois jours, vont œuvrer les techniciens et cela dans la plus grande confidentialité pour les scènes d’intérieur. Un seul élément sera visible de la rue, à savoir un énorme projecteur situé en haut d’une nacelle qui éclairait le clocheton  Pour les scènes nocturnes, celui-ci sera déplacé sur la terrasse qui abrite les archives de l’Eglise de France pour éclairer les chambres des étudiants, celles-ci étant libres car ils ne sont pas encore rentrés. A part cela, rien d’autre de visible. Ainsi se termine la première partie du  tournage

Le 25 septembre, pour 48 heures, retour de l’équipe pour des scènes essentiellement nocturnes mais, cette fois-ci, sur l’arrière du bâtiment, non visible de la rue sauf l’immense clarté. Cela a duré jusqu’aux alentours de 1 h du matin. Le 27, les techniciens rangeaient leur matériel et s’en était fini du tournage. Apparemment, c’était aussi le clap de fin pour la superproduction.

Quand est-il de ce tournage, il s’agit du Fantôme de l’Opéra, un grand classique du genre d’après le roman de Gaston Leroux avec  Eva Cassel, Julien de Saint-Jean, Romain Duris et Alexandre Castagnetti à la réalisation. Un film dans le registre des Trois Mousquetaires et du Comte de Monte Cristo. Ici, le Séminaire a servi de décors pour certaines scènes et, certainement, de raccords. Quant à la venue d’un ou des interprètes, je ne le pense pas.

Michel Julien

12 octobre 2025

Philippe Fabian dans son atelier

Les Historimiens sont chaleureusement accueillis par l’artiste dans son atelier aux Arches, boulevard Garibaldi. La visite commence par un hommage à Micheline Meyniel disparue cette année et qui fit paraître son témoignage sur le site en janvier 2021. Elle soutint aussi l’artiste quand son précédent atelier fut détruit par le feu avec tout son matériel.


Philippe Fabian explique comment il travaille : « J’ai la chance de pouvoir travailler tous les jours, c’est un fil que je tire. » Il prend des photos chaque jour mais n’en garde qu’une. Dans certains cas, il laisse l’objectif ouvert 15 minutes pour obtenir 440 clichés mettant en valeur un mouvement. Le résultat est imprimé sur toile ou sur une feuille d’aluminium ; son motif est ensuite recouvert d’encre, d’acrylique, de « jus coloré », voire de sable. Il faut « rendre visibles  les ondes qui nous traversent, la Voie lactée [et créer] un réseau qui se greffe sur le réel. »

L’inspiration peut venir d’un livre ou de la nature. Dans certains cas, la réalisation peut durer plusieurs mois ou plusieurs années jusqu’à ce que Philippe Fabian soit satisfait du résultat.
Les œuvres sont réalisées sous différentes formes : livre ouvert (avec une page par jour), boîte bleue dans un cadre, superposition de photos dont certaines transparentes etc. Certaines œuvres sont uniques alors que d’autres font partie d’une série telle Autres rivages.


Elles sont vendues à des collectionneurs isséens mais pas seulement, des entreprises ou la DRAC qui achète aussi des vidéos. Elles sont présentées dans des galeries coréennes, parisiennes comme Enseigne des Oudin (4 rue Martel, 75010 Paris) en octobre. Philippe Fabian a aussi honoré une commande de la Manufacture des Gobelins ; son travail sera reproduit sur un carton pour une tapisserie de haute lice.


Un grand merci à l’artiste qui nous a expliqué avec une passion communicante son travail de tous les jours pour un magnifique résultat.

P. Maestracci


Séries Un autre rivage et Paysages infinis

     Le paysage, lieu de contemplation,

                  rêve de lumière


  Les séries Un autre rivage et Paysages infinis, au croisement de la photographie et de la peinture, questionnent l’idée du paysage et de sa perception, de ce qui met en mouvement notre imaginaire par l’intermédiaire de nos sens.

   La peinture sur le tirage photographique au moyen de touches qui évoquent la multitude des pixels de la photographie d’origine explore la frontière entre le réel et l'abstraction au travers de la représentation de souvenirs-sensations.


  Ces paysages, perception de la lumière mais aussi du temps dans un paysage-songe insaisissable, reflètent plusieurs états d’une réalité mouvante, à la fois projection d’un lieu géographique précis à un moment donné, et en même temps un lieu de contemplation, représentation métaphorique de la lumière et du temps en mouvement.


    Il s’agit là de prolonger et de mettre en image un sentiment de déjà-vu qui me parle d’une réalité où se rencontrent des perceptions d’instantanéité et de réminiscence, rêve d’un univers où le rayonnement lumineux ne serait plus un simple phénomène physique, mais une expérience plus immersive.

Philippe Fabian

 

Pour le retrouver :
06 84 77 98 65
www.philippe.fabian.com
 https://vimeo.com/philippefabian 

 


 







7 octobre 2025

Île Saint-Germain, suite du 27 septembre

Après la visite printanière qu’il a animée avec enthousiasme, Charles nous emmène cette fois-ci dans la partie en aval de l’île.
Au croisement de l’avenue du Bas-Meudon et de l’allée de Billancourt se trouve le stade qui s’appelait autrefois le stade des Apprentis d’Auteuil. Il était entouré d’un haut mur en briques et était interdit aux jeunes du quartier. De l’autre côté de l’avenue, il y avait un foyer de travailleurs se partageant des chambres à quatre ou six. Ce foyer, déplacé un peu plus loin est remplacé par la Maison de Quartier des Îles. Toujours au croisement, le dernier café tenu par des Auvergnats avec une salle de bal et repris par des Algériens a disparu au profit d’une maison très récente.
L’allée du Hameau Normand qui débouche sur l’avenue se termine avec une belle propriété le long de la Seine.
Aux numéros 62-66 de l’avenue, se trouve maintenant le foyer de travailleurs. Une mûrisserie de bananes était aux numéros 79-81 ; le camion qui les apportait  devait remporter les trop mûres mais en réalité, le chauffeur les déposait sur le trottoir et elles étaient récupérées par les gamins du quartier.
Tout en bas de l’île, une allée donne accès aux Jardins partagés. Une vingtaine de jardiniers y entretiennent leur lot. Le loyer est payé aux Rivières et Voies navigables de France. Merci au jardinier Arthur pour ces renseignements.
Au 105 de la rue Pierre-Poli, une vaste propriété était dotée d’une guinguette. 
Dans cette rue, étaient installés des ateliers de charbonniers ou de ferrailleurs. Pierre Poli, résistant, habitait au 84 de la rue qui porte maintenant son nom et qui fut recouverte de macadam à cette occasion. 
Le retour se fait par la promenade Constant Pape qui se trouve sur l'îlot Chabanne rattaché à l'île.
Son nom rend Hommage à un peintre des bords de Seine. Encore un grand merci à Charles qui évoque toujours avec la même passion son quartier d’enfance.

   P. Maestracci


Rue Pierre-Poli

29 septembre 2025

Île Saint-Germain, jardins partagés


En nous rendant vers les jardins de l’île, but de notre promenade, notre guide accompagnateur, Charles, retrouve un ancien camarade d’école qu’il n’a pas revu depuis soixante ans. Isséens tous les deux, ils ont été élevés sur l’île qui avait à leur époque une toute autre physionomie. Les habitations dites maisons d’architecte ont remplacé les quartiers pauvres de l’île. Les populations, arméniennes, italiennes, maghrébines, portugaises, immigrées pour la plupart, étaient employées aux usines Renault et concentrées dans cet îlot de verdure devenu aujourd’hui résidence pour gens aisés. Les anciennes maisons vétustes sont remplacées dès qu’une parcelle de terrain se libère.



Et dans l’une d’elles, vestige des temps anciens, réside cet ancien camarade de classe, un des probables derniers Arméniens de l’île, heureux de vivre parmi tous ces gens d’époque plus récente.

 


Notre promenade se poursuit vers un autre site également improbable : des jardins partagés en bout d’île Saint-Germain. Les locataires y élèvent abeilles et cultivent arbres fruitiers, fleurs, légumes. Des moments certainement propices à la diversité aujourd’hui tellement revendiquée !

A.Bétry







27 septembre 2025

Parmentier Antoine-Auguste 1737-1813

Agronome, pharmacien, natif de Montdidier en Picardie, Antoine-Auguste Parmentier s’enrôle dans les services de santé des armées de Louis XV. La France est en guerre contre les Prussiens. 
Fait prisonnier et nourri uniquement de bouillie de tubercules appelés « pomme de terre » 
il découvre les valeurs nutritives de ce nouveau végétal. 

A son retour de captivité il s’attelle à vouloir éradiquer les maux de l’époque : émeutes et ruine du royaume.      

« Mes recherches n’ont d’autre but que le progrès de l’art et le bien général. La nourriture du peuple est ma sollicitude ; mon vœu, c’est d’en améliorer la qualité et d’en diminuer le prix. »      

Professeur au Collège de pharmacie et à l’Ecole de boulangerie, un Traité sur la culture et les usages des pommes de terre connaît à l’époque un grand succès. 

Le roi complimente son auteur, Parmentier : 

« La France vous remerciera un jour d’avoir trouvé le pain des pauvres ».      

Parmentier, en 1772, est apothicaire major des armées françaises sous le règne de Louis XIV.          

Parce qu’intéressés par les mesures d’hygiène et de secours aux pauvres, les comités révolutionnaires se penchent sur ce nouveau tubercule.          

Si bien que Parmentier est reconnu bienfaiteur de l’humanité, et Premier pharmacien des armées en 1800. Auteur du Formulaire pharmaceutique des hôpitaux militaires, il compte parmi les fondateurs du Service de santé des armées avec Percy, Coste, Larrey et Heurteloup.

Sépulture d'Antoine-Auguste Parmentier
au cimetière du Père Lachaise

La production de la pomme de terre en Chine est de 

94 362 175 tonnes par an.

L’Inde arrive en deuxième rang   et le troisième est l’Ukraine avec 21 356 320 tonnes par an.

La France se situe au huitième rang avec 8 987 220 tonnes par an, soit une production par habitant de 133,546 kg et une consommation annuelle de 47 kg par habitant.


Une rue d'Issy-les-Moulineaux, entre les rues Séverine et Foucher-Lepelletier, porte le nom de cet illustre personnage. 

A. Bétry

21 septembre 2025

Grégoire Miret, une vie d'artiste

La première rencontre a lieu dans l’atelier de dessin et peinture pour adultes sous la direction rigoureuse mais bienveillante de Grégoire Miret. Celui-ci est entré dans la chorale de l’association Musique et Variations avant de créer ce cours pour adultes. 


Adolescence et formation


Grégoire Miret réussit le BEPC avec mention mais privilégie l’entrée aux Beaux-Arts plutôt que d’aller au lycée en seconde. En effet, depuis l’enfance, dit-il : « je dessinais avec facilité et échangeais une caricature du proviseur contre un devoir de maths. » Son père lui donne un an pour réussir sous peine de devoir aller au lycée. Grégoire Miret est accepté aux Beaux-Arts à Caen puis à Clermont-Ferrand l’année suivante. L’école est abritée dans la Halle aux Grains tout près de la préfecture du Puy-de-Dôme. En deux ans, il réussit le CAFAS (Certificat d’Aptitude à la Formation Artistique), ce qui lui permet de passer le concours d’entrée aux Beaux-Arts à Paris. Il « monte à Paris en 1re classe » et choisit l’atelier de Chapelin-Midy. 
Celui-ci venait une fois par mois vérifier le travail de ses étudiants. En parallèle, Grégoire Miret, passionné de dessin animé, s’inscrit à l’Ecole des Métiers d’Art (futur musée Picasso) installée rue de Thorigny dans le IIIe arrondissement. Il n’y reste qu’un trimestre car il refuse de suivre tous les cours, certains ne lui apportaient rien.
Il loge alors dans une chambre de bonne dans un immeuble du boulevard Malesherbes.

Dans son bureau

Arrivée dans la commune


Il y est venu par hasard. Un chauffeur, qui l’avait pris en auto-stop en Normandie, lui a proposé une colocation avenue Bourgain. Grégoire Miret y vit et y travaille une année car, dit-il : « c’était pratique pour moi.» Depuis, il est resté Isséen et ne se lasse pas d’admirer l’ouest parisien depuis les hauteurs de la ville.


Vie professionnelle jusqu’en 2002


Il continue sur sa lancée en devenant intervalliste. Il s’agit d’ajouter les images intermédiaires (de 10 à 24 par seconde) pour montrer un mouvement, par exemple celui d’un bras. Il est nécessaire de dessiner les contours sur un celluloïd puis de peindre sur l’envers à la gouache mêlée de fiel de bœuf. De nos jours, les intevallistes ont été supplantés par des robots !
Grégoire Miret monte trois entreprises (MDP, Ex-Aequo et Socrate et Associés) pour « promouvoir des produits de consommation » alimentaires (chocolat, alcool), « la bagnole » et la parfumerie. Il commence par le conditionnement des produits (emballage, étiquettes, modes d’emploi) avant de s’attaquer aux outils de promotion et des réseaux de vente puis de s’occuper de la formation de spécialistes pour l’automobile. « Dans mon métier, je ne faisais que ce que je voulais. »

 
Retour aux sources


Grégoire Miret chante dans l’association Musique et Variations avant d’y créer un atelier de dessin et peinture pour adultes, plusieurs fois par semaine. Il préside l’association Les Amis de Vanves qui propose dans des locaux municipaux, une étude d’après le modèle vivant. En outre, il assure des cours à Clamart pour Solidarité Loisirs. Afin d’inspirer ses élèves, il se rend dans « toutes les expositions utiles. »
Laissons-le conclure : « Je suis dans mon univers. »


Texte et photographie : P. Maestracci






19 septembre 2025

Journée du Patrimoine 2025


Puis même adresse à 16 heures
16 rue Auguste Gervais - 92130 Issy-les-Moulineaux

Une animation variétés musicales avec Sarah, Aurélien et Gérard 
en Hommage à Patricia, notre présidente




 

15 septembre 2025

L'abbé Grégoire 1750-1831

Un article paru dans Historia de septembre 2025 titré L’antisémitisme en France évoque l’actualité compliquée de notre pays et aussi la personne de l’abbé Grégoire dont une rue d’Issy-les-Moulineaux porte le nom.




Une copieuse biographie s’ouvre à nous. De grandes signatures comme Robert Badinter, Françoise Hildesheimer, Mona Ozouf, Jean Dubray et bien d’autres nous montrent l’intérêt présenté par cet abbé Grégoire.

A l’occasion de la célébration du bicentenaire de la Révolution française, le 12 décembre 1989, l’abbé Grégoire est panthéonisé. Sous la présidence de François Mitterrand, en même temps que Monge et Condorcet, les cendres de Grégoire sont transférées au Panthéon. L’hommage est rendu par Jack Lang, ministre de la Culture.


Personnage influant sous la Révolution française, 

l’événement fut fortement contesté.

Les Juifs lui pardonnent d’avoir voulu les émanciper pour pouvoir mieux les convertir à la foi chrétienne.

A 80 ans l’abbé Grégoire meurt à Paris, une messe de funérailles est célébrée rue de Sèvres dans l’église de l’Abbaye-aux-Bois réquisitionnée par le roi Louis-Philippe, l’église catholique lui ayant refusé les obsèques catholiques. Un deal lui avait été proposé : renoncement prêté à la Constitution civile du clergé ; refus de l’intéressé, d’où rejet de l’assistance d’un prêtre de l’archevêché.



De son vivant Grégoire mène une vie politique très engagée : député, sénateur. Il s’oppose à la proclamation de l’Empire et même à la création de la nouvelle noblesse d’empire et au divorce de Napoléon Ier et de Joséphine.

Contre l’esclavage rétabli par Napoléon, il s’oppose. Mais d’autres libéraux partagent ses positions. Protéger les biens de la Nation est aussi son combat en pleine Révolution française, comme la basilique de Saint-Denis et bien d’autres qu’il considère comme monuments et objets nationaux.

Grégoire contribue à la création de l’Institut de France, du Conservatoire national des arts et métiers en 1794. L’Instruction publique est aussi l’une de ses nombreuses préoccupations et le 13 août 1790 il favorise l’usage du français, sa volonté consistant à vouloir défendre la langue française et lutter pour l’émancipation des minorités.

Il participe à la rédaction de la déclaration des Droits de l’homme et du citoyen en 1789.

« Si l'homme a des droits, il faut parler de celui dont il les tient et qui lui imprime des devoirs. Il faut montrer à l'homme le cercle qu'il peut parcourir et les barrières qui peuvent et doivent l'arrêter ». 


D’où son intérêt pour les Juifs de sa région, la Lorraine. En 1789, la France compte 27 millions d’habitants, mais seulement 35 000 à 40 000 Juifs dont   

7 000 en Lorraine, région d’origine de l’abbé Grégoire où les Juifs étaient tolérés.

Ceux-ci mettront du temps à faire valoir l’attribution à leur émancipation et à leurs droits. L’abbé Grégoire, comme Mirabeau et Malesherbes, contribua largement à protéger les Juifs.

L’inhumation au Panthéon, c’est la façon choisie par l’Etat français d’honorer l’abbé Grégoire. 

                                     « Aux Grands Hommes, la patrie reconnaissante »

A. Bétry


8 septembre 2025

d'Estienne d'Orves : le 29 août 1941

Le 29 août 1941, au Mont-Valérien le capitaine de vaisseau Honoré d’Estienne d’Orves et ses camarades du réseau Nemrod sont fusillés.



Mais qui est cet illustre personnage dont on rencontre le nom dans de nombreuses villes de France ?

Né quarante ans plus tôt, en 1901, issu d’une famille catholique « traditionaliste », cousin germain de Louise de Vilmorin, il est aussi cousin d’Antoine de Saint-Exupéry.

A sa sortie de Polytechnique, Honoré choisit la Royale, notre marine nationale, et s’en suit la formation embarquée sur le croiseur Jeanne d’Arc, navire école. En octobre 1929, il épouse Eliane et en mai 1932 s’interrompt la navigation pour la préparation à l’Ecole de guerre.

C’est l’époque où la famille s’installe à Issy-les-Moulineaux : naissent Marguerite en juillet 1930, Monique en décembre 1931 et Rose en 1934. Marc arrivera le 8 novembre 1937, après le Front populaire de 1936, et la sortie de l’Ecole de Guerre. L’appel du large amène notre officier dans les eaux chaudes de Méditerranée aux côtés des Britanniques stationnés et bloqués dans la baie d’Alexandrie. 

Le 3 septembre 1939, la France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne.

Le 17 juin 40, Pétain marmonne, le 18 De Gaulle claironne. Après 19 ans de bons et loyaux services, d’Estienne d’Orves, toujours bloqué à Alexandrie, plie ses lignes et rejoint Londres. Non sans mal car il est déserteur et désormais passible de la justice militaire.

Parvenu à destination, il est le 13e dans la liste des FNFL (Forces navales françaises libres). Son nom de code est Chateauvieux, et comme tous les militaires arrivant à Londres, il gagne un rang ; de lieutenant de vaisseau, il devient capitaine de vaisseau le 30 septembre 1940.


Nommé chef du 2e Bureau de l’état-major de la France libre le 10 octobre, il se trouve aux côtés d’un autre polytechnicien : André Dewavrin plus connu sous le nom de Passy.

Rapidement Chateauvieux se met en tête, malgré les avis contraires de bon nombre de ses amis Passy, Maurice Schumann et René Cassin, de créer un réseau de contacts et, de lui-même, mener une activité d’agent en France occupée. Egalement, malgré l’avis de l’amiral Muselier, commandant les FNFL. De Gaulle lui donne le feu vert.

A bord de la Marie-Louise, bateau de pêche, le patron du 2e Bureau et son radio équipé d’un poste portatif de 30 kg rejoignent Plogoff le 21 décembre 1940.

L’équipe s’installe à Nantes. Du 6 au 19 janvier, Chateauvieux prend des contacts sur Paris. Gaessler, son radio, choisi parce qu’il parle allemand, trouvant intéressant de raconter sa vie à l’occupant, provoque leur arrestation dans la nuit du 21 au 22 janvier.


 


Incarcération à Berlin, puis retour à Fresnes, puis six mois de négociations qui s’achèvent le jour où le résistant communiste Pierre Georges, connu sous le nom de colonel Fabien abat à Paris à la station de métro Barbès un officier allemand. Résultat de l’opération : cent otages dont Honoré d’Estienne d’Orves sont fusillés pour cet acte isolé de résistance.



Honoré d’Estienne d’Orves, titulaire de la Croix de Libération est Compagnon de la Libération. 1038 hommes et femmes furent nommés Compagnons par le général De Gaulle qui créa cet ordre le 16 novembre 1940. Cinq communes françaises, dix-huit unités militaires sont également titulaires de l'Ordre de la Libération.

Pour mémoire :
Churchill reconnaît De Gaulle et les Forces françaises libres le 27 juin 1940.
Les Français, hommes ou femmes, ayant rejoint l’Angleterre sont :
7 000 en août 1940 - 50 000 fin 1941 – 70 000, dont 15 000 en Lybie, en juillet 1942.
La liste des FFL a été clôturée le 1er août 1943, après la fusion des Forces françaises libres avec l’Armée d’Afrique le 31 juillet 1943 et par décret du 22 octobre 1943.

A. Bétry
Biblio : Honoré d’Estienne d’Orves, de Etienne de Montety – Tempus

 

20 juillet 2025

L’Isséane

L’Isséane est  une unité de valorisation énergétique qui dépend du SYCTOM (Syndicat Central de Traitement des Ordures Ménagères) créé en 1984 et qui est une agence métropolitaine de déchets ménagers. Le SYCTOM  ne collecte pas les déchets mais en assure le  traitement pour les 82 communes franciliennes qui en font partie. Il emploie 600 collaborateurs répartis sur plusieurs sites dont l’isséenne Isséane. Il traite 3,2 millions de tonnes de déchets par an (environ 465 kg/habitant) dont les deux tiers sont des plastiques, des papiers et des cartons... Ils sont triés pour en recycler le maximum et en incinérer le moins possible.


Isséane, usine végétalisée en bordure de Seine, 99, quai du
Président-Roosevelt. Entrée des bureaux et du public.
L’usine située aux 47-103, quai du Président-Roosevelt date de 2007. Elle remplace l’ancienne TIRU (Traitement Industriel des Résidus Urbains) qui était quai de la Bataille-de-Stalingrad et dont l’une de ses cheminées fut rongée par le soufre. La TIRU fut dépolluée en 2008-2010 ; son terrain est maintenant occupé par des bureaux.

L’Isséane a des dimensions majestueuses : 280 mètres de long, 60 de large et 35 de haut. Elle reçoit 250 bennes par jour, tous les jours de l’année et 24/24 heures. Le personnel comprend 82 personnes.


Vue en plongée sur les profondeurs des lieux.
Des salles d’exposition pour le public permettent de comprendre les opérations d’incinération dans deux unités parallèles. Cela commence au pont-bascule pour peser les camions-bennes qui déversent ensuite les déchets dans une fosse qui peut en contenir de 50 à 60 000 tonnes. Un grappin récupère et hache les déchets qui sont triés par des machines avec un contrôle humain et transportés vers un four à 1000 °C. Un « parcours » traite la fumée pour que les cheminées ne rejettent que de la vapeur et un autre pour le mâchefer récupéré et envoyé en Allemagne par péniches ; il est incorporé à du goudron. La combustion permet de produire de l’électricité pour le réseau électrique RTE et du chauffage pour la CPCU (Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain). Il ne reste que peu de cendres envoyées dans des lieux de stockage franciliens.

Pour le bon fonctionnement du recyclage et de l’incinération, plusieurs règles sont rappelées régulièrement : ne pas jeter des sacs poubelles, séparer nettement les déchets selon leur nature, aplatir les cartons mais ne pas les déchiqueter, ne pas écraser les bouteilles en plastique et leur laisser le bouchon etc.

 

Merci à Issy Tourisme International qui propose des visites de l’Isséane et du centre de tri à Balard (Paris XVe), ainsi qu’à l’enthousiaste et convaincant médiateur scientifique qui assure la visite des lieux.

Texte et photographies : P. Maestracci

 


14 juillet 2025

Cathy Martin-Nezondet, créatrice isséenne, autoentrepreneur

Cathy dans son stand du Marché des Créateurs
qui s’est tenu les 24 et 25 mai 2025 avenue de la République.
 

Cathy Martin-Nezondet, a créé son autoentreprise car elle est passionnée par « la couture utile et pratique pour toute la famille. »


Après une carrière d’ingénieur à l’étranger au Canada et en Belgique, elle s’installe avec sa famille dans le quartier des Épinettes. Elle est pendant cinq ans la présidente de la halte-garderie du même nom et est à l’initiative d’Aquabulle qui l’a remplacée.


Ce qui a déclenché son activité créatrice, est le fait qu’elle n’a pas trouvé dans le commerce un protège-parapluie pour sa fille qui va au collège de la Paix. Ainsi, elle s’est lancée dans son entreprise car pour elle c'est une évidence. Elle affirme : « j’ai toujours créé pour moi et mes proches. » Peu de temps après, elle invente pour son père une bouillotte cervicale en tissu contenant des grains de riz et que l’on réchauffe au micro-ondes. Cela peut soulager le cou mais également une épaule qui fait souffrir.

Son entreprise dont le nom est Paris-Bisca offre toute une série de produits originaux ; certains sont réalisés à la demande de sa clientèle comme un étui à lunettes en tissu que l’on peut fermer grâce à un bouton-pression.

Les produits sont écoulés lors des marchés des Créateurs comme ceux d’Issy-les-Moulineaux, des ventes caritatives ou privées.

Quelques exemples parmi d’autres : une trousse de toilette en tissu léger aux dimensions adaptées à une valise-cabine ou la serviette de bain 2 en 1 pour les enfants de 0 à 4 ans. Hors du commun, le jeu Memory avec des petits carrés de tissus recyclés avec un tissu uni d’un côté et un tissu avec des dessins de l’autre. Il faut retourner brièvement quelques carrés afin de mémoriser leur emplacement.

Outre cette activité et ses actions bénévoles, Cathy anime des ateliers créatifs pour des enfants de l’École alsacienne.  
Pour entrer en contact avec elle : Compte Instagram@parisbisca.
ACIA  (Association des Créateurs d’Issy et d’Ailleurs), ACIA@marchédescréateurs.issy.com
Le cadre derrière elle propose des protège-parapluie à l’origine de son activité marchande. 
Texte et photographie :
P. Maestracci

 

7 juillet 2025

Café de la Poste d'Issy-les-Moulineaux

 L’histoire du café de la Poste d'Issy-les-Moulineaux, à partir de documents que nous avons collectés, remonte à trois générations et, à partir de documents d’époque, nous allons essayer de vous conter les moments majeurs de cet établissement aujourd’hui disparu.



" Le six mai 1949, a comparu Monsieur André Marcel Fontanié (né le 12 juin 1902) débitant, demeurant à Issy-les-Moulineaux 116 boulevard Gallieni, époux de Madame Louise Madeleine Pelletier…

Madame Marguerite Vergnol…, veuve de Monsieur Marin vend à Monsieur et Madame Fontanié-Pelletier un immeuble sis à Issy-les-Moulineaux 116 boulevard Gallieni comprenant : une salle de bar avec comptoir, une salle de café, une cuisine ; au sous-sol, une salle de billard, water-closet et cabine téléphonique, cave.

Au premier étage : deux chambres personnelles, deux chambres d’hôtel, cabinets séparés par un couloir. La dite vente consentie aux conditions ordinaires et d’usage, et moyennant le prix principal de un million de francs, payables comptant le jour de la signature de l’acte authentique, en l’étude du notaire soussigné, sur lequel Monsieur Fontanié comparant a versé à la venderesse dès le sept avril mil neuf cent quarante neuf une somme de cinquante mille francs."


Le commerce était déjà tenu précédemment par les grands parents Fontanié : le grand père François Joseph Charles Fontanié, né le 19 janvier 1853 et marié à Marie Rocagel.

 

Entre les deux générations une fille, Huguette Fontanié épouse un Monsieur Grolleau Marcelin Daniel, limonadier né le  19 mai 1928. Ils ont un fils, Daniel Groleau né le 23 novembre 1960 et la famille réside à son tour 116 boulevard Gallieni au café de la Poste.


















Café de la Poste en 1957


Extrait du registre des arrêtés du maire
Arrêté portant concession sur la voie publique pour l’installation d’une terrasse, d’un étalage.
 
Article Ier
Monsieur Fontanié domicilié à Issy-les-Moulineaux 116 bd Gallieni, est autorisé à aménager une terrasse – un étalage sur le trottoir devant la devanture de sa boutique de café sise à Issy-les-Moulineaux, boulevard Gallieni, angle avenue Victor Cresson.
Article II
En conséquence, il est concédé à Monsieur Fontanié un emplacement dépendant du domaine public et défini comme suit, pour lui permettre de mettre en place des installations volantes qui devront répondre aux impératifs de l’arrêté municipal du 19 décembre 1959 susvisé.


116 avenue Gallieni ; café tabac de la Poste sous la gérance de la famille Fontanié
Tabac de la poste devenu une pharmacie après la famille Fontanié - juin 2025

A.Bétry



1 juillet 2025

Fluide Glacial, naissance de l’humour débridé

Marcel Gotlib, de son vrai nom Marcel Mordekhaï Gottlieb, est une figure majeure de la bande dessinée française. Né le 14 juillet 1934 à Paris et décédé le 4 décembre 2016, il a profondément marqué l’histoire du 9e art par son humour décapant, son style inimitable et sa capacité à briser les codes traditionnels de la BD franco-belge.
En 1972, un ami de Gotlib, Mandryka lui propose de fonder leur propre journal après un refus de Goscinny, directeur de Pilote. Avec Claire Bretécher, L’Echo des Savanes paraît trimestriellement jusqu’au numéro 11, quand Gotlib pour des problèmes de gestion décide de montrer son propre journal.






Avril 1975, rue Claude-Matrat, dans un petit appartement naît Fluide Glacial, un magazine de bande dessinée humoristique qui deviendra culte. Gotlib, accompagné d’Alexis, Claudie Mérovée et de Jacques Diament lance leur premier mensuel en  noir et blanc. Leur ambition ? Créer un espace de totale liberté pour les auteurs, loin des contraintes éditoriales traditionnelles. 



Cinq numéros seront créés à cette adresse.
Le choix du nom, Fluide Glacial sonne comme une provocation. Il se distingue dès son premier numéro par son ton décalé, absurde, souvent irrévérencieux. Le magazine accueille rapidement des plumes et des crayons de renom comme GoossensEdikaFranquin ou Claire Bretécher. Gotlib y signe ses fameuses séries délirantes, comme le "Professeur Burp" ou les parodies des récits classiques..
Cinquante ans plus tard, le magazine continue de paraître chaque mois, fidèle à son esprit satirique et anticonformiste. Et tout a commencé ici, à Issy-les-Moulineaux, avec une poignée de passionnés bien décidés à faire rire… différemment.
Michel Julien
















26 juin 2025

Issy-les-Moulineaux, quartier Corentin Celton - Les Varennes

Ce quartier tient son nom de Corentin Celton, fusillé pour fait de résistance et d’un lieu-dit. Il est limitrophe de Paris XVe, de Vanves et du quatier Centre Ville.
La visite commence rue Claude Matrat, ensemble résidentiel des années 30 où vécut le général Glavany jusqu’en 2017.
La rue Renan suit le tracé de l’ancienne voie romaine Paris-Dreux, dans le prolongement de la rue de Vaugirard. Plusieurs immeubles au début de la rue datent de la Belle Époque ou des années 1920/30 lors de la démolition des fortifications de Paris. Plus loin, un passage couvert donne accès au parc et à l’école des Varennes qui ont remplacé une imprimerie qui datait du XIXe siècle, et qui fonctionna jusque dans les années 1960/70. Autre usine, la Manufacture des Tabacs a cessé son activité en 1978 mais ses bâtiments ont été conservés et réhabilités.

Arrêt devant le périphérique et la tour parisienne Triangle
de 180 mètres de hauteur en construction.


Rue Séverine, l’actuelle église Saint-Benoît se trouve sur un cimetière mérovingien sur lequel se sont succédés des établissements religieux au cours des siècles. De l’autre côté de la rue, des logements ont remplacé une ancienne partie de l’hôpital.
L’ancien jardin de celui-ci a été ouvert au public et se trouve entre la chapelle Saint-Sauveur et l’ancienne entrée de l’hôpital rue Guynemer.
Dans la rue Guynemer, ont été construites des usines d’aviation puis les bureaux de SEV Marchal et Thomson CSF ; il s’agit depuis quelques années de ceux de la Poste et de Nestlé.
La visite continue vers l’hôpital Corentin Celton (ex-Petits-Ménages) complètement rénové avec son parvis éponyme et la place Paul Vaillant-Couturier.
Rue Renan, la tour Eiffel de 1892 est au numéro 42.
Rue du Général Leclerc, le bâtiment municipal Savary, ex-école communale, abrite des bureaux et des salles.
La visite s’achève place de la Fontaine où passait le ru (ruisseau) de Vanves.
 
Merci aux Historimiens qui ont enrichi la visite de leurs judicieuses remarques : Brigitte, Françoise, Rania, Michel et Pierre etc. ainsi que Norbert pour son texte sur Thomson CSF. 
P. Maestracci - photo M. Julien