10 juin 2013

Gallieni : un boulevard à Issy-les-Moulineaux

Remarque préalable : n’en déplaise à ceux qui écrivent les noms propres sur des cartes ou des plaques de rues, le nom de Gallieni s’écrit sans accent. Si l’on excepte le quai le long de la Seine, le boulevard Gallieni est la plus longue artère isséenne à ne pas changer de nom tout au long d’1,5 kilomètre entre le carrefour de Weiden et la limite de Paris (quartier Centre Ville).

Angle avenue de Verdun ( actuelle Victor-Cresson) et boulevard Gallieni. Carte postale. Coll. privée.
L’immeuble majestueux de 1903, au décor sculpté d’inspiration Louis XV, est l’œuvre de l’architecte Alfred Laurent. Cet immeuble se trouve à l’angle de l’avenue Victor Cresson au numéro 40 et du boulevard Gallieni au 85. Un peu plus loin sur l’avenue Cresson, on distingue entre les immeubles des palissades ; derrière l’une d’entre elles se trouve un dépôt de charbon de l’entreprise Chaulet. À droite du carrefour, une vespasienne jouxte un espace boisé qui est maintenant le square de Weiden.

A l'origine
Axe nord/sud, il s’est d’abord appelé boulevard du Point-du-Jour. C’est le nom originel d’une route qu’empruntent les courtisans allant faire leur cour à Louis XIV à Versailles ; il fallait arriver à temps pour le petit ou le grand Lever du Roi-Soleil ! 

Au XIXe siècle
Ensuite, une Porte de ce nom est percée dans les fortifications de 1840 cernant Paris sur la rive droite de la Seine. C’est encore le nom d’une place à Boulogne-Billancourt. Le boulevard isséen se situe sur l’autre rive, plus à l’est, et orienté vers la Porte du Bas-Meudon réservée à une ligne ferroviaire (tracé commun du Tram et du RER). Le 21 mai 1871, les Communards de la Porte du Point-du-Jour se rendent aux soldats versaillais qui entrent ainsi dans Paris, prélude de la Semaine sanglante et de la fin de la Commune (voir la Commune de Paris). Un petit immeuble au numéro 77 garde entre deux étages un bandeau peint en beige avec des lettres en relief indiquant Hôtel du Point-du-Jour. 

Joseph-Simon Gallieni. ©XDR
Le boulevard prend  le nom de Gallieni. Joseph-Simon Gallieni (1849-1916) a eu une belle carrière militaire (à gauche). Bien qu’atteint par la limite d’âge en 1913, il devient gouverneur de Paris en août 1914 lors de la guerre de mouvement (bataille de la Marne, symbolisée par l’envoi des fameux taxis), puis ministre de la Guerre d’octobre 1915 à mars 1916, au moment où commence « l’Enfer de Verdun ». Il meurt deux mois après sans jamais connaître ni l’issue de cette bataille ni évidemment la fin de la Grande Guerre. La dignité de maréchal lui est octroyée à titre posthume.


Vue prise vers Paris. Le croisement autrefois appelé
 Carrefour de l’Abreuvoir est le Rond-point
du Pt Schuman.  Coll. Privée

A gauche de la carte postale, le début de la rue Rouget de Lisle ; à droite, l'amorce du boulevard des Frères Voisin. L’immeuble à l’angle gauche n’a pas disparu. Derrière lui, on distingue des bâtiments consacrés à l’industrie. À droite, des baraquements et deux cheminées du Champ de manœuvre sur lequel en 1908 l’avion de Farman a parcouru pour la première fois un kilomètre en circuit fermé. Plus que la distance, c’est le fait de virer sur l’aile et de pouvoir revenir qui fut un exploit de renommée mondiale ! 


Au XXe siècle
Il y a une grande diversité de part et d’autre du boulevard du Point-du-Jour. Au début du XXe siècle, la zone la plus proche de Paris est consacrée à l’industrie en raison de la proximité du champ de manœuvres de l’Armée et les débuts de l’aviation ; le boulevard croise celui des frères Voisin, avionneurs et constructeurs d’automobiles (voir Conférences/Visites), et la rue Rouget de Lisle où sont les Blanchisseries de Grenelle installées sur un puits artésien (voir Industries). En revanche près de la Grande-Rue (devenue avenue Victor Cresson), sont construits des immeubles résidentiels.
En janvier-février 1910, la Seine envahit la plaine isséenne et remonte le boulevard jusqu’à une partie légèrement plus haute au niveau des rues Chérioux et des Peupliers (voir Histoire-Dates). P. Maestracci

Vue du boulevard Gallieni depuis le carrefour de Weiden, vers le nord. Carte postale de l'après-guerre. Coll. privée.
Le petit bâtiment à gauche était occupé au rez-de-chaussée par un bar-tabac et une auto-école à l’étage. De nos jours, ils sont remplacés par une pharmacie.

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