3 avril 2011

Louise Michel, soldat aux Moulineaux

Louise Michel (1830-1905), une jeune fille espiègle, cultivée, altruiste, devient institutrice dans les années 1850. Dès les premiers jours de l'année 1869, elle adhère  à la "Société démocratique de moralisation, ayant pour but d'aider les ouvrières à vivre par le travail dans le devoir ou à y rentrer". Tout un programme !

Louise en garde du 61e bataillon.© XDR
Le 22 janvier 1871, elle fait le coup de feu place de l'Hôtel de ville et le 18 mars monte "à l'assaut des buttes" Montmartre. Pendant toute la période de la Commune, à la fois garde au 61e bataillon, ambulancière, propagandiste, elle se dépense sans compter. Arrêtée, condamnée en décembre 1871, elle est déportée en Nouvelle-Calédonie. Elle y reste jusqu'en 1880. Lorsqu'elle revient en France, elle se réclame du mouvement anarchiste - jusqu'à sa mort.
En 1898, elle achève la rédaction de ses Souvenirs : "Écrire ce livre, dit-elle, c'est revivre les jours terribles où la liberté nous frôlant de son aile s'envola de l'abattoir ; c'est rouvrir la fosse sanglante où, sous le dôme tragique de l'incendie, s'endormit la Commune, belle pour ses noces avec la mort, les noces rouges du martyre."

Elle raconte son action dans les rues des Moulineaux, à partir du 3 avril, en ces termes. "J'étais souvent avec les ambulancières venues nous retrouver au fort d'Issy, mais plus souvent encore avec mes camarades des compagnies de marche ; ayant commencé avec eux, j'y restais et je crois que je n'étais pas un mauvais soldat. La note du Journal officiel de la Commune à propos des Moulineaux au 3 avril - numéro du 10 avril 71 - était exacte : Dans les rangs du 61e bataillon combattait une femme énergique, elle a tué plusieurs gendarmes et gardiens de la paix."

Elle continue : "Le fort est magnifique, une forteresse spectrale, mordue en haut par les Prussiens et à qui cette brèche va bien. J'y passe une bonne partie du temps avec les artilleurs… Voici les femmes avec leur drapeau rouge percé de balles qui saluent les fédérés ; elles établissent une ambulance au fort, d'où les blessés sont dirigés sur celles de Paris, mieux agencées… Moi, je m'en vais à la gare de Clamart, battue en brèche toutes les nuits par l'artillerie versaillaise. On va au fort d'Issy par une petite montée entre des haies, le chemin est tout fleuri de violettes qu'écrasent les obus. Tout proche est le moulin de pierre…"(voir le fort d'Issy dans Patrimoine).

Ainsi s'exprime Louise Michel dans un style brillant. La Vierge rouge, comme on la surnomma, abandonna le fusil pour la plume : on lui doit des poèmes, des romans, des mémoires et des essais politiques. P.C.B.

Pour découvrir des photos de Louise Michel :
http://enjolras.free.fr/album1.html 

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