20 mars 2021

"L'année terrible" de Victor Hugo - mars 1871

 Victor Hugo, dont on a célébré pendant les Journées du patrimoine de 2019 le séjour à Issy dans la maison de son amoureuse Adèle Foucher (http://www.historim.fr/2019/04/adele-foucher-et-victor-hugo-visite.html), se manifeste pendant cette année 1870-1871 - en tant qu'homme politique mais aussi en tant qu'auteur.

Victor Hugo, © Nadar.


Souvenez-vous, le 8 mars 1871, il démissionne de son poste de député à l'Assemblée nationale pour soutenir Garibaldi. Il quitte Paris pour Bruxelles lorsque la Commune s'organise. Il émet de telles critiques contre le gouvernement que la Belgique le chasse. Il se réfugie alors du 1er juin au 23 septembre dans le Grand Duché du Luxembourg. C'est là qu'il écrit son recueil de poèmes intitulé l'Année terrible (publié en 1872), le titre donné d'ailleurs à l'exposition artistique organisée au Musée français de la carte à jouer (à partir du 26 mai)


Voici, un extrait de l'Année terrible, du mois de mars, intitulé la Lutte

Hélas ! c'est l'ignorance en colère. Il faut plaindre 
Ceux que le grand rayon du vrai ne peut atteindre. 
D'ailleurs, qu'importe, ami ! l'honneur est avec nous. 
Oui, plains ces insulteurs acceptant à genoux 
Devant l'histoire, avec ton dédain et le mien.
Ils traiteraient Jésus comme un bohémien ;
Saint Paul leur semblerait un hideux démocrate ; 
Ils diraient : Quel affreux jongleur que ce Socrate. 
Leur œil myope a peur de l'aube. Ils sont ainsi. 
Est−ce leur faute ? Non. A Naples, à Rome, ici, 
Toujours, partout, il est tout simple que des êtres 
Te jalousent soldats et te maudissent prêtres, 
Étant, les uns vaincus, les autres démasqués. 
Les glaçons que j'ai vus cet hiver, de nos quais, 
Pêle−mêle passer, nous jetant un froid sombre,
Mais fuyant et fondant rapidement dans l'ombre, 
N'étaient pas plus haineux et n'étaient pas plus vains. 
Toi qui jadis, pareil aux combattants divins, 
Venais seul, sans armée et délivrais des villes,
Laisse hurler sur toi le flot des clameurs viles. 
Qu'est−ce que cela fait ? Viens, donnons−nous la main.
Et moi le vieux Français, toi l'antique Romain, 
Sortons. C'est un lieu triste où l'on est mal à l'aise
Et regagnons chacun notre haute falaise
Où si l'on est tué, du moins c'est par la mer ;
Allons chercher l'insulte auguste de l'éclair,
La fureur jamais basse et la grande amertume,
Le vrai gouffre, et quittons la bave pour l'écume. 

Ce mois de mars 1871 est terrible pour Victor Hugo dont le fils Charles meurt le 13 mars d'une apoplexie foudroyante. Il est enterré le 18 mars au cimetière du Père-Lachaise alors que Paris est en pleine insurrection. La bataille d'Issy commence, à découvrir sur notre site à partir du 24 mars. Quant à Victor Hugo, on le retrouve le 20 avrilPCB

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