19 janvier 2014

Conférence - les patois d'Ile de France

Herbé Luxardo était très en verve ce jeudi 14 janvier à la Résidence du Parc devant un public conquis. Qui, très vite, se remémorait le parler de leurs parents alsaciens, ou des grands-parents bretons.

© Alain Bétry
Hervé Luxardo. © Alain Bétry
Notre conférencier débuta par une citation de la harangue des gens d'Issy à l'archevêque de Paris rédigée entre 1728 et 1743. Où l'on découvre que le patois isséen était celui du Hurepoix, région située dans le sud-ouest de l'Ile-de-France, dont la capitale était Dourdan.

Hervé nous donne quelques exemples, parfois très imagés.
câlin = bois de chauffage : et oui, on se câline pour se réchauffer !
draguer = faire attendre : pas besoin d'explication !
pinter = boire : passer dans le langage argotique ; mais à l'origine il s'agit de boire une pinte, une unité de mesure parisienne équivalent à 952,146 millilitres. 
faire cul blanc = faire cul sec : bizarre !
passer le rameau = passer le balai : dans les campagnes, une branche suffisait pour balayer…
rentrer au tabernacle - rentrer à la maison : pas très surprenant lorsque l'on sait l'emprise de la religion sous l'Ancien Régime.

Il nous explique aussi que les sons se sont modifiés et, donc, qu'un certain nombre de mots qui étaient en ouè se sont transformés en oi : exemples - le roué est devenu le roi - même si Louis-Philippe continuait à se dire "rouè" ; la foué est devenue la foi ; voué, voix. Mais d'autres mots ont résisté : on continue de dire harnais,  monnaie et  français. En revanche si Rennais (les habitants de Rennes) a survécu, on parle des Lillois (habitants de Lille) !!!!
Des mots ou se sont transformés en o, par exemple : la pourte est devenue la porte. Mais on continue de prononcer : douleur, moulin ou pourceau.

Bref, toutes ces exemples étaient fort amusants. Il faut savoir que c'est sous Louis XIV que les gens de la cour commencent à changer le langage, à le codifier pour en faire le bon français. Les patois devenant un mauvais langage.

L'abbé Grégoire (1750-1831), à gauche, à qui l'on a donné le nom d'une rue dans les hauts d'Issy,  mène une enquête en 1790 concluant que sur 28 millions de Français (à l'époque), 3,5 millions seulement parlent le français. Il fait abolir pendant la Terreur de 1794 tous les patois, après avoir déclaré  que "le français est la langue de la liberté" ;  à l'inverse, "le patois est accessible au fanatisme". Hervé insiste sur le fait que l'Ile-de-France conservait encore différents patois dans les années 1980. Ils disparurent en même temps que l'urbanisation de cette région.
    
Dernière chose avant de se quitter, la traduction du petit texte publié au bas de l'affichette annonçant la conférence :
J'espère que vous ne serez pas acalanché et que j'allons vous voir à la conférence. Le temps est un peu allumé, ne soyez pas améchantis. A revoir… qui signifie :
J'espère que vous ne serez pas mort et que je vais vous voir à la conférence. Le temps est un peu chaud, ne soyez pas énervés. Au revoir…
PCB

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